- dans une vague, le bateau s'est cassé en deux
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- à l'intérieur, nous avons réuni le matériel de survie, clairement, nous ne savions pas trop jusqu'à quand le bateau allait flotter
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- un hélitreuillage par un hélicoptère de sauvetage britannique de type Sea King a été tenté. Ce dernier nous a demandé de mettre à l'eau un BIB (radeau de survie) afin qu'un plongeur puisse nous récupérer. C'est ce que nous avons fait mais Damien et moi n'avons jamais réussi à nous éloigner du bateau. C'était super dangereux car ça nous faisait taper vers l'étrave cassée. Finalement, nous avons été obligés de remonter à bord de Cheminées Poujoulat en laissant dans le radeau de sauvetage la quasi-totalité de notre eau, le bidon de survie, le téléphone, les fusées… en somme, à ce moment- là, nous avons grillé une grosse partie de nos cartouches
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- les sauveteurs nous ont proposé de nager pour tenter de nous récupérer directement dans l'eau. Malheureusement, cela n'a pas marché non plus, pire même, puisque j'ai eu énormément de mal à remonter sur le bateau ensuite
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- après ça, comme nous n'avions plus accès à la soute à voiles où était stocké notre deuxième BIB, cinq autres ont été largués par l'avion mais tous sont tombés trop loin de nous
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- puis, le cargo est arrivé et a manœuvré pour se mettre à nos côtés. Un filin nous a été lancé mais l'opération a manqué de nous faire écraser contre le cargo et pendant ce temps-là, Cheminées Poujoulat continuait à couler
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- l'équipage nous a balancé un nouveau filin alors que nous nous trouvions le long de la moitié arrière du cargo, debout sur le balcon arrière mais nous avons réussi à l'attraper et à bloquer le 60 pieds. Il nous a ensuite descendu une corde mais nous nous sommes faits arrachés et cognés violemment sur la casquette. Damien s'est fait stopper net mais moi j'ai fait 80 mètres dans l'eau, parfois en buvant la tasse, jusqu'à ce que je parvienne à récupérer le filet. Damien nageait à côté du cargo mais grâce à une bouée couronne dans laquelle il avait pu se mettre, il a pu attraper le filet à son tour et se tirer d'affaire. C'était vraiment hyper chaud car, comme je l'ai dit, il y avait beaucoup de mer et Cheminées Poujoulat, à ce moment là, était quasiment entièrement sous l'eau. Il ne restait plus qu'une petite partie du pont arrière qui dépassait à la surface et l'étrave qui pendait après les étais
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- l'équipage Philippin qui nous a porté secours en faisant preuve d'une incroyable maitrise transite actuellement vers les Pays-Bas où nous devrions arriver demain soir. Je tiens à le remercier chaleureusement ainsi que tous les hommes qui ont participé à cette opération d'envergure. Merci du fond du cœur...
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extraits de l'article du Télégramme : http://www.letelegramme.fr/sports/voile/sain-et-sauf-le-recit-du-sauvetage-par-bernard-stamm-24-12-2013-2350307.php