Le jeune Yoram aurait dû mourir trente fois, ce sont d’autres qui sont morts à sa place, sous ses yeux. La moitié des garçons avec qui il a fait ses classes perdent la vie en quelques semaines. Dans cet enfer où il n’a le temps ni de penser ni de dormir, apparaissent parfois d’incertains et fragiles contrepoints : son père, qui vit dans l’amour de Goethe, Bach et Beethoven, des regards échangés avec les rares jeunes filles qui croisent son chemin. "La nuit, je rêvais de filles, mais pas de filles nues parce que je ne savais pas comment il fallait rêver de filles nues, je n’en avais jamais vu."
1948 raconte la sauvagerie et le courage, l’inconscience et la chance. C’est un récit violent et brutal, et aussi un des plus complexes et subtils sur la guerre d’indépendance qui aboutit à la naissance de l’Etat d’Israël. Yoram Kaniuk montre des scènes d’une beauté atroce, il raconte des choses terribles et sauvages. Il évoque des vies à peine ébauchées et déjà saccagées, des corps massacrés dans la splendeur de la jeunesse, l’amitié et l’amour, le sacrifice et l’opportunisme, l’héroïsme et la lâcheté.
- extrait de l'article de Natalie Levisalles du cahier Livres de Libération du 5 décembre 2012 à lire sur le site
Yoram Kaniuk dans les années 50