Le chroniqueur de La Croix avait vu juste ! Moins de deux semaines après la mort d’Ivan Merz survenue le 10 mai 1928, le quotidien publiait un portrait fort élogieux du jeune professeur croate. L’auteur concluait l’article de manière prémonitoire : "Cette mort prématurée, écrivait-il, a brisé de grands espoirs, mais il reste aux catholiques yougoslaves une consolation : c’est que M. Merz est mort comme un saint après avoir vécu comme un saint."
Ivan Merz que Jean-Paul II béatifie dimanche 22 juin 2003 à Banja Luka n’avait que 31 ans. Il était né le 16 décembre 1896 à Banja Luka, ville multiethnique et multireligieuse de l’ancienne Yougoslavie. Son père, allemand, était officier de la monarchie austro-hongroise, reconverti dans les chemins de fer. Sa mère, d’origine juive, était hongroise.
De retour à Vienne après la guerre, il reprend ses études de lettres, et obtient une bourse pour Paris où, de 1920 à 1922, il est inscrit à la Sorbonne et à l’Institut catholique. Il dévore les écrivains français, fréquente les milieux intellectuels de Paris auxquels il fait connaître la Croatie, s’engage dans les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul, s’intéresse aux initiatives œcuméniques et à l’Action catholique, plus particulièrement la 'Croisade eucharistique', l’ancêtre du 'Mouvement eucharistique des jeunes'.
Sa vie de prière est rythmée par la liturgie. Il mesure déjà toute la richesse de cette dernière, dont il fait d’ailleurs son sujet de thèse : L’Influence de la liturgie sur les écrivains français de Chateaubriand à nos jours, qu’il soutient brillamment à Zagreb en 1923. Pendant son séjour à Paris, il fait aussi son premier pèlerinage à Lourdes qui, confie-t-il à un ami, "a donné à ma foi rationnelle sa dimension affective."
" Grâce à la liturgie, écrit-il, tout catholique devient grand et universel, il laisse de côté ses intérêts personnels et commence à avoir les mêmes sentiments que l’Église. C’est sur la base de la liturgie que le chrétien s’éduque. On peut dire que la liturgie est une pédagogie au sens propre du terme, car, grâce à elle, un croyant peut vivre toutes les phases de la vie du Christ."
Depuis sa jeunesse, Ivan Merz souffre d’une inflammation chronique de la cavité maxillaire. Une opération s’impose. Il pressent qu’elle sera grave. Il rédige son testament et sa dernière profession de foi :
Je meurs en paix dans la foi catholique. Le Christ était ma vie. La mort m’est un gain. J’attends la miséricorde du Seigneur et la communion définitive au très saint Cœur de Jésus. J’ai touché le but dans la communion au Seigneur mon Dieu.
Il meurt le 10 mai 1928, il n’avait pas tout à fait 32 ans. " C’est un saint européen, témoigne Ivanka Jardin, professeur de croate à Paris, et vice-postulatrice de la cause. Par sa vaste culture, il était proche des mondes germanique, latin et slave. En même temps, c’était un grand patriote, très amoureux de la Croatie. Profondément attaché au Pape et à l’Église, il était ouvert aux questions du monde et conscient du rôle des laïcs. En ce sens, on peut dire qu’il a été un précurseur du Concile Vatican II."
> extrait de l'article de La Croix du 22 juin 2003 sur le site de l'Ambassade de Croatie
IVAN MERZ
L'Année Liturgique et les autres écrits de DOM GUERANGER commencèrent à transformer la vie intérieure de nombreux écrivains, et le résultat en fut que quarante diocèses reprirent enfin la Liturgie romaine.
Les romans de l'écrivain BARBEY D'AUREVILLY annoncèrent les premiers le renouveau liturgique dans les lettres françaises. Non que ce critique eût le dessein arrêté de faire de l'apostolat liturgique, mais le rôle considérable que la Liturgie joue dans ses romans sataniques et les effets d'horreur qu'il en tire à la manière des romantiques (HUGO, Lucrèce Borgia) prouvent que l'importance de la liturgie ne lui a pas échappé comme à tant d'écrivains qui l'avaient précédé.
Le véritable renouveau liturgique annoncé par le roman A Rebours, de HUYSMANS (1884), par BLOY et par VERLAINE, atteignit cependant sa première apogée en 1895, avec la publication de En Route de HUYSMANS. La chapelle des Bénédictines de la rue Monsieur, décrite et célébrée par lui, devint le rendez-vous des artistes. On y vit d'abord COPPEE et BRUNETIERE, plus tard le hollandais De WALCHEREN et R. SALOME.
Cette emprise de l'esprit liturgique ne cessa pas jusqu'à nos jours et il semble qu'elle ait atteint son degré suprême pendant les années qui précédèrent la guerre mondiale. Cette seconde apogée a reçu son véritable cachet par les oeuvres lyriques de PAUL CLAUDEL et tout particulièrement par son recueil Corona Anni Dei Benignitatis.
IVAN MERZ
L'INFLUENCE DE LA LITURGIE SUR LES ÉCRIVAINS FRANÇAIS DE CHATEAUBRIAND A NOS JOURS