Tandis que ces grands événements se passaient du côté du nord, le comte de Toulouse et ceux qui étaient avec lui vers la partie méridionale de la ville, animés d'un même zèle, poussaient leur attaque avec une égale impétuosité : ils étaient enfin parvenus à combler le fossé, après trois jours d'un travail consécutif ; leurs bras vigoureux avaient enfin dirigé une autre tour mobile jusqu'aux abords des murailles, en sorte que les assiégés qui occupaient les tours des remparts et les Croisés qui s'étaient établis dans leurs machines se trouvaient presque assez rapprochés pour pouvoir se frapper les uns les autres de leurs lances.
Ainsi sur tous les points, le peuple chrétien déployait la même ardeur et agissait avec une égale activité ; son zèle était d'autant plus animé en cet instant que c'était le jour même qu'avait désigne en confidence un fidèle serviteur du Christ, qui habitait sur la montagne des Oliviers ; il avait promis que la cité sainte serait prise dans le courant de cette journée.
On avait vu également dans le camp du comte de Toulouse le signal qui avait apparu sur la même montagne et le bouclier resplendissant qu'avait agité le soldat, et ce spectacle avait enflammé tous les courages, en donnant à tous les combattants l'espoir assuré de la victoire.
Dans l'une et l'autre armée, les Croisés poursuivaient à l'envi les mêmes succès, animés les uns et les autres d'un zèle semblable, par celui qui avait résolu de récompenser dignement le fidèle dévouement de ses serviteurs.
Enfin le jour était venu où ils devaient recueillir le fruit de tant de travaux et le prix de leurs glorieux services.
GUILLAUME DE TYR, HISTOIRE DES CROISADES, BnF - Gallica
Le Tombeau du Christ au Saint Sépulcre aujourd'hui