Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à
Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc
Présentation du Christ au Temple
par Domenico Robusti
LA BÉNÉDICTION DES CIERGES
L'origine de cette cérémonie est assez difficile à assigner d'une manière précise. Selon Baronius, Thomassin, Baillet, etc., elle aurait été instituée, vers la fin du Ve siècle, par le Pape saint
Gélase, pour donner un sens chrétien aux restes de l'antique fête des Lupercales, dont le peuple de Rome avait encore retenu quelques usages superstitieux. Il est du moins certain que saint
Gélase abolit, à cette époque, les derniers vestiges de la fête des Lupercales qui, comme l'on sait,
était célébrée au mois de février, dans les siècles du paganisme. Innocent III, dans un de ses Sermons sur la fête de la Purification, enseigne que l'attribution de la cérémonie des Cierges au
deux février est due à la sagesse des Pontifes romains, lesquels auraient appliqué au culte de la sainte Vierge les restes d'un usage religieux des anciens Romains, qui allumaient des flambeaux
en mémoire des torches à la lueur desquelles Cérès avait, selon la fable, parcouru les sommets de l'Etna, cherchant sa fille Proserpine enlevée par Pluton ; mais on ne trouve pas de fête en
l'honneur de Cérès, au mois de février, sur le Calendrier des anciens Romains. Il nous semble donc plus exact d'adopter le sentiment de D. Hugues Ménard, Rocca, Henschenius et Benoît XIV, qui
tiennent que la fête antique connue en février sous le nom d'Amburbalia, et dans laquelle les païens parcouraient la ville en portant des flambeaux, a donné occasion aux Souverains Pontifes de
lui substituer un rite chrétien qu'ils ont uni à la célébration de la fête dans laquelle le Christ, Lumière du monde, est présenté au Temple par la Vierge-mère.
Le mystère de cette cérémonie a été fréquemment expliqué par les liturgistes depuis le VIIe siècle. Selon saint Ives de Chartres, dans son deuxième Sermon sur la fête d'aujourd'hui, la cire des
cierges, formée du suc des fleurs par les abeilles, que l'antiquité a toujours considérées comme un type de la virginité, signifie la chair virginale du divin Enfant, lequel n'a point altéré,
dans sa conception ni dans sa naissance, l'intégrité de Marie. Dans la flamme du cierge, le saint Evêque nous apprend à voir le symbole du Christ qui est venu illuminer nos ténèbres. Saint Anselme, dans ses narrations sur saint Luc, développant le même mystère, nous dit qu'il y a
trois choses à considérer dans le Cierge : la cire, la mèche et la flamme. La cire, dit-il, ouvrage de l'abeille virginale, est la chair du Christ ; la mèche, qui est intérieure, est l'âme ; la
flamme, qui brille en la partie supérieure, est la divinité.
LA PROCESSION DES CIERGES
Remplie d'allégresse, illuminée de ces feux mystérieux, entraînée, comme Siméon, par le mouvement de l'Esprit-Saint, la sainte Eglise se met en marche pour aller à la rencontre de l'Emmanuel.
C'est cette rencontre sublime que l'Eglise Grecque, dans sa Liturgie, désigne sous le nom d'Hypapante, et dont elle a fait l'appellation de la fête d'aujourd'hui. L'Eglise veut imiter la
merveilleuse procession qui eut lieu en ce moment même dans le Temple de Jérusalem, et que saint Bernard célèbre ainsi, dans son premier Sermon pour la Fête de la Purification de Notre-Dame
: "Aujourd'hui la Vierge-mère introduit le Seigneur du Temple dans le Temple du Seigneur ; Joseph présente au Seigneur, non un fils qui soit le sien, mais le Fils bien-aimé du Seigneur, dans
lequel il a mis ses complaisances. Le juste reconnaît Celui qu'il attendait ; la veuve-Anne l'exalte dans ses louanges. Ces quatre personnes ont célébré pour la première fois la Procession
d'aujourd'hui, qui, dans la suite, devait être solennisée dans l'allégresse de la terre entière, en tous lieux, et par toutes les nations. Ne nous étonnons pas que cette Procession ait été
si petite ; car Celui qu'on y recevait s'était fait petit. Aucun pécheur n'y parut : tous étaient justes, saints et parfaits."
Marchons néanmoins sur leurs traces. Allons au-devant de l'Epoux, comme les Vierges sages, portant dans nos mains des lampes allumées au feu de la charité. Souvenons-nous du conseil que nous
donne le Sauveur lui-même : "Que vos reins soient ceints comme ceux des voyageurs ; tenez dans vos mains des flambeaux allumés et soyez semblables à ceux qui attendent leur Seigneur."
Conduits par la foi, éclairés par l'amour, nous le rencontrerons, nous le reconnaîtrons, et il se donnera à nous.
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique