Voilà que la fuite du prophète Jonas loin de Dieu (Jon 1,3) se change en image prophétique, et ce qui est présenté comme un naufrage funeste devient le signe de la Résurrection du Seigneur. Le texte même de l'histoire de Jonas nous montre bien comment celui-ci réalise pleinement l'image du Sauveur. Il est écrit que Jonas "s'enfuit loin de la face de Dieu".
Le Seigneur n'a-t-il pas lui-même, pour prendre la condition et le visage de l'homme, fui la condition et l'aspect de la divinité ? Ainsi le dit l'apôtre Paul : "Lui, qui était de condition divine, n'a pas revendiqué son droit d'être l'égal de Dieu, mais il se dépouilla lui-même, prenant la condition de serviteur". Celui qui est Seigneur a revêtu la condition de Serviteur ; pour passer inaperçu dans le monde, pour être victorieux du démon, il s'est fui lui-même dans l'homme.
Dieu est partout : il est impossible de le fuir ; pour "s'enfuir loin de la face de Dieu", non dans un lieu mais en quelque sorte par l'aspect, le Christ s'est réfugié dans le visage de notre servitude totalement assumée.
Le texte poursuit : " Jonas descendit à Joppé pour s'enfuir à Tarsis". Celui qui descend, le voici : "Personne n'est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel" (Jn 3,13). Le Seigneur est descendu du ciel vers la terre, Dieu est descendu vers l'homme, la toute-puissance est descendue vers notre servitude. Mais Jonas qui descendait vers le navire a dû y monter pour voyager ; ainsi le Christ, descendu dans ce monde, est monté, par les vertus et les miracles, dans le navire de son Église.
Saint Pierre Chrysologue
Sermon 3
commentaire du jour de l'Evangile au Quotidien