Qui me donnera ces chants de psaumes, ces veilles, ces élans vers Dieu dans la prière et cette vie, pour ainsi dire,
immatérielle et incorporelle ?
Qui me donnera cette union de sentiments et d’âme avec des frères qui se divinisent et s’élèvent sous ta conduite ?
Qui me donnera cette émulation et cette ardeur pour la vertu, que nous avons confirmées par des règles et des lois ?
Qui me donnera ce zèle à étudier la parole divine et cette lumière que nous trouvions sous la direction de l’Esprit ?
Ou bien, pour ne parler que des choses secondaires et moins importantes, qui me rendra ces occupations journalières et ces travaux manuels ; ce bois à couper et ces pierres à casser ; ces arbres
à planter et à arroser ; ce platane — un platane plus précieux que celui de Xerxès —, sous lequel venait s’asseoir non pas un roi amolli, mais un moine contrit. Ce platane, c’est moi qui
l’ai planté, c’est Apollos — autrement dit, ton Excellence —, qui l’a arrosé, mais c’est Dieu qui l’a fait croître pour notre honneur et pour qu’il reste chez vous un souvenir de nos travaux, un
souvenir semblable à la verge fleurie d’Aaron, qui était conservée dans l’arche, ainsi que le dit l’Écriture et que nous le croyons.
Mais s’il est bien facile de former ces désirs, il ne l’est pas du tout de les réaliser ! Assiste-moi, du moins, inspire-moi la vertu, travaille avec moi et fais par tes prières que nous
conservions ce que nous avons déjà gagné au lieu de le voir se dissiper peu à peu, comme une ombre au déclin du jour. Car c’est toi que je respire plutôt que l’air, et ma seule vie c’est
d’être avec toi, soit réellement, soit, quand tu es absent, par le souvenir.
Grégoire de Nazianze
Lettre à Basile de Césarée
Grégoire de Nazianze, Poèmes et lettres, choisis et traduits avec introduction et notes par Paul Gallay
Patristique.org
Icon of St Gregory Nazianzen painted by the contemporary iconographer Aidan Hart