À Valdstena en Suède, l’an 1381, sainte Catherine, vierge. Fille de sainte Brigitte, mariée contre son gré, elle conserva la virginité avec l’accord de son époux et, quand celui-ci mourut, elle mena une vie de piété.
Pèlerine à Rome et en Terre sainte, elle ramena en Suède les restes de sa mère et les déposa au monastère de Valdstena, où elle-même revêtit l’habit des moniales. Martyrologe romain
Mort de sainte Catherine de Suède par une Religieuse de l'Adoration Perpétuelle :
La réputation de sainteté que Catherine s'était acquise à Rome l'accompagna dans son voyage de retour. Dans tous les lieux qu'elle traversa, elle fut comblée de témoignages de vénération, qui n'altérèrent en rien sa profonde humilité. Elle s'attristait des louanges, et se réjouissait des blâmes. Elle avait coutume de dire : "Ceux qui me louent entretiennent mon amour-propre et m'empêchent de tendre à la perfection ; ceux, au contraire qui me blâment me rendent attentive à mes fautes et me procurent l'occasion de m'exercer dans la vertu."
Elle se servit encore de l'influence qu'elle exerçait pour amener les âmes à Dieu et à la vertu, et le Seigneur l'honora d'un grand nombre de miracles qu'il fit à sa demande. Elle était très souffrante depuis son départ de Rome ; ses forces décroissaient sensiblement, au point qu'on lui conseilla de s'arrêter en route et de consulter un médecin. Elle n'en fit rien, car son âme brûlait du désir de rejoindre sa mère au ciel. Tandis que ses prières procuraient la guérison à une foule de malades, elle n'eut pas la pensée de réclamer son propre rétablissement ni même un soulagement à ses souffrances. Mais elle hâta son voyage, afin de mourir dans son cher couvent.
Malade et épuisée, elle franchit la frontière de la Prusse dans une voiture, dont le devant était occupé par un de ses serviteurs. Celui-ci s'endormit et fut précipité de son siège par une violente secousse ; il tomba sous les pieds des chevaux et les roues du véhicule lui brisèrent les côtes : on le crut mort. Catherine, émue de compassion, descendit en toute hâte de la voiture, se baissa vers lui avec une profonde charité, porta la main à la partie meurtrie et récita un Ave Maria. A peine eut-elle touché la plaie que les côtes rompues se remirent miraculeusement, et que toute douleur cessa sur-le champ. Le malheureux qui venait de voir la mort de si près, se trouva guéri tout à fait, et remercia Dieu et sa maîtresse du bienfait dont il avait été l'objet.
Catherine arriva, dans les dernières semaines de l'année 1380, au couvent de Wadstena, dont les Religieuses l'accueillirent avec des transports de joie. Peu après son retour, elle remit à l'Évêque Nicolas de Linkoeping la Bulle d'approbation de la sainte Règle, ainsi que les autres privilèges qu'elle avait obtenus, pour son couvent, du Pape Urbain VI. Le Prélat procéda, cette année-là même, à l'installation solennelle du nouvel Ordre. Il voulut également consacrer Catherine en qualité d'Abbesse générale ; mais celle-ci sentant arriver sa fin, refusa cette dignité : elle demeura toutefois la Mère et la Supérieure des Religieuses de Wadstena.
La force d'âme de Catherine grandissait dans la mesure du dépérissement de ses forces physiques. Elle n'interrompit aucun de ses exercices de piété et continua à recevoir fréquemment les Sacrements. Elle avait coutume de se confesser journellement, comme sa sainte mère ; elle se mit à le faire jusqu'à deux fois par jour, afin de conserver son âme dans une pureté parfaite.
Vers la fête de l'Annonciation de Marie, la maladie de Catherine prit tout à coup un caractère d'extrême gravité. Le 22 mars 1381, elle reçut l'Extrême-Onction ; mais l'état douloureux de son estomac ne lui permit pas de recevoir la sainte Communion. Elle pria alors son confesseur de vouloir bien lui montrer la divine Hostie, afin de pouvoir, en mourant, adorer une dernière fois son Seigneur et son Dieu. Le Père Magnus, Général de Wadstena, acquiesça sans difficulté à ce pieux désir, et Catherine adora le Très-Saint corps du Sauveur avec une piété inexprimable. Semblable à un Séraphin, elle était ravie d'amour et d'admiration, et les terreurs et les souffrances du combat suprême parurent lui être épargnées. Elle leva les yeux au ciel, pria toujours plus ardemment et s'endormit dans le Seigneur en adorant le très auguste sacrement de l'autel ; à son chevet se tenaient les Religieuses du monastère, qui demandaient à Dieu une heureuse mort pour leur Mère bien-aimée.
A cet instant de pieuses personnes distinguèrent dans le ciel des signes merveilleux, qui constatèrent la sainteté de Catherine. Au-dessus du couvent où reposait son corps, se montra une étoile brillante, qui sembla, deux jours après, durant les funérailles, se mouvoir comme pour prendre part à la cérémonie. Après le transport de la sainte dépouille à l'église, l'étoile s'arrêta au-dessus du temple durant la célébration de l'auguste sacrifice, et elle ne disparut qu'après l'inhumation.
Un grand nombre de Prélats, d'Archevêques, d'Évêques et d'Abbés de Suède, de Norvège et de Danemark assistèrent aux obsèques. L'Évêque de Linkœping y officia. On y vit également l'Évêque Tordo de Strengas, renommé par sa vertu et par sa science. En souvenir de l'estime et de l'amitié qu'il avait eues pour Catherine, il s'approcha d'elle, saisit sa main et se recommanda à son intercession. Il sentit alors que cette main retenait et serrait la sienne, comme une main amie. Pendant le séjour de la Sainte à Rome, l'Évêque y était venu pour obtenir sa confirmation du Saint-Siège et elle avait plaidé sa cause auprès des Cardinaux. Au dire même de l'Évêque, Catherine, par ce serrement de main, entendit rappeler à ce Prélat que, vivante, elle l'avait exhorté à ne jamais oublier qu'il s'était voué à Dieu, et qu'elle s'en était portée garante devant le Pape, et que morte, elle l'engageait à demeurer toujours fidèle à ce voeu.
Ceux qui prièrent sur le tombeau de sainte Catherine obtinrent beaucoup de bienfaits signalés de Celui qui est admirable dans ses Saints. A raison de ces nombreux prodiges, le Pape Innocent VIII autorisa, en 1487, l'Ordre de Sainte-Brigitte à honorer sainte Catherine de Suède comme la seconde fondatrice de cet institut et à célébrer solennellement sa fête.
A la mort de la fille de Brigitte, une des Religieuses les plus âgées du couvent de Wadstena remplit les fonctions de Supérieure jusqu'en 1388 où Ingegried, fille de Marthe et petite-fille de Brigitte, prit la charge de première Abbesse des deux communautés du monastère.
Vie de Sainte Brigitte de Suède par une Religieuse de l'Adoration Perpétuelle extrait du Chapitre XXXVIII. Institution solennelle de l'Ordre du Très-Saint Sauveur. Mort de sainte Catherine de Suède. Accomplissement des prophéties de sainte Brigitte sur la reine de Naples. Mort d'Urbain VI.— Boniface IX.