Paris a pris ses quartiers d'été et même ses quartiers de gaieté, Saint Germain des Prés ressemblerait presque à ce qu'il a été à voir ses terrasses de café pleines et ses jolies femmes habillées comme au temps du Tabou, la mode sans doute, en ces temps qui n'en connaissent plus, on s'attendrait presque à voir Maurice Ronet à la terrasse du Flore dans Le feu follet, mais le temps passe, les figures trépassent, on ne croise plus Blondin titubant et soliloquant, Jacques Laurent ne hante plus Lipp où la silhouette de Monsieur Cazes a disparu, les fameux harengs Bismarck sont toujours à la carte mais ils ne sont plus fumés, on ne fume plus.
Allumons une cigarette en descendant la rue Bonaparte qui nous mènera à la Seine, on s'arrêtera devant La porte étroite, sans doute la plus petite librairie de Paris bordée de deux armoires vitrines où se montrent toujours deux demi-douzaines de livres introuvables édités ou réédités dans les années 50 ou 60, aujourd'hui un superbe Ramuz Le village dans la montagne, rien qu'à voir la photo en noir et blanc de la couverture on a envie de le lire, je n'ai jamais lu Ramuz, il sera toujours temps, allons voir la Seine.
Les quais sont en fête, pas ceux d'en haut où passent les voitures, mais ceux d'en bas où passent les péniches, où assis quasi les pieds dans l'eau les convives des pique-niques boivent leur verre, les groupes sont nombreux, il y a de la place pour tout le monde, ça va du couple d'amoureux au groupe d'une vingtaine de personnes, ce n'est pas organisé par la mairie de Paris ou le ministère des loisirs imposés, non, ça ressemble encore à la liberté, à ce qu'il en reste sans mise en scène, et qui s'est réfugiée en bord de Seine.
Il y a des musiciens et qui jouent plutôt bien, l'un joue du saxo à la Mezz Mezzrow accompagné d'une fille qui chante, sa voix se reflète sur la Seine, un moment de grâce ineffable qui devient ineffaçable tellement c'est beau.
On a de la lecture pour le métro, à la librairie en face de Lipp on a trouvé L'ïle d'Ouranitsa d'Alexandre Papadiamantis, on ouvre le livre sur la présentation du traducteur : Faut-il laisser Alexandre Papadiamantis (1851-1911) reposer en paix dans ce cimetière marin de l'île de Skiathos où il voyait un coin de paradis ? (René Bouchet, éditions Cambourakis, Paris, 2013)
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L'île d'Ouranitsa - Editions Cambourakis
L'île d'Ouranitsa Ce recueil présente une quinzaine de nouvelles caractéristiques de l'art de Papadiamantis. On y retrouve ses thèmes de prédilection : une profonde conscience de la fragilité...
Le saint des lettres grecques modernes. (Times Literary Supplement)