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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 05:00

Le Christ a voulu amener à lui le monde entier et conduire à Dieu le Père tous les habitants de la terre. Il a voulu rétablir toutes choses dans un état meilleur et renouveler, pour ainsi dire, la face de la terre. Voilà pourquoi, bien qu'il soit le Seigneur de l'univers, "il a pris la condition de serviteur". Il a donc annoncé la bonne nouvelle aux pauvres, affirmant qu'il avait été envoyé dans ce but.

Les pauvres, ou plutôt les gens que nous pouvons considérer comme pauvres, sont ceux qui souffrent d'être privés de tout bien, ceux qui "n'ont pas d'espérance et sont sans Dieu dans le monde", comme dit l'Écriture. Ce sont, nous semble-t-il, les gens venus du paganisme et qui, enrichis de la foi dans le Christ, ont bénéficié de ce divin trésor : la proclamation qui apporte le salut. Par elle, ils sont devenus participants du Royaume des cieux et compagnons des saints, héritiers des réalités que l'homme ne peut comprendre ni exprimer "ce que, d'après l'apôtre Paul, l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment".

Et les descendants d'Israël eux aussi avaient le coeur brisé, ils étaient pauvres et comme prisonniers, et remplis de ténèbres. Le Christ est venu annoncer les bienfaits de son avènement précisément aux descendants d'Israël avant les autres, et proclamer en même temps l'année de grâce du Seigneur et le jour de la récompense.


Saint Cyrille d'Alexandrie (380-444)
évêque et docteur de l'Église


commentaire proposé par 'Evangile au quotidien




Christ Pantocrator par Elias Moskos

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 16:00

Sainte Bathilde
SAINTE BATHILDE au jardin du Luxembourg à Paris

Mère de trois rois, Bathilde, après avoir, dans une brillante régence, réglé les destinées des Francs, porté des lois sages, contenu l'indocilité des seigneurs, aboli l'esclavage, fait fleurir la religion, s'arrache à l'amour des peuples pour s'enfermer, durant les quinze dernières années de sa vie, dans sa chère Abbaye de Chelles. Comme les Rois Mages de l'Orient, elle aperçoit l'étoile qui l'appelle à Bethléhem ; et la contemplation du divin Enfant dans la crèche a plus de charmes pour elle, et remplit mieux son cœur, que la pompe des cours et les douceurs de ce palais qu'elle remplissait de l'éclat de sa piété et du mérite de ses saintes œuvres.


Fidèle jusqu'à la fin, dans la recherche du Dieu de Bethléhem, ce n'est pas pour être servie, mais pour servir, qu'elle vient chercher un asile dans le monastère qu'elle a fondé. Elle veut y être la dernière de toutes, et s'empresse à tous les offices dans lesquels paraît davantage l'humilité de son Sauveur. Ainsi se montre encore la force de notre
Emmanuel, qui dès son berceau séduit les cœurs, et attire les âmes jusqu'à leur faire oublier tout ce qui n'est pas lui.

Félicitons ces deux illustres veuves, Bathilde et Paule, d'être admises dans la compagnie des Vierges qui triomphent en ces jours du virginal enfantement. L'Emmanuel ne dédaigne pas l'épouse de l'homme, quand elle conserve pour lui son suprême amour ; et s'il est juste que les premiers honneurs de sa cour soient pour les Vierges qui l'ont aimé uniquement, il met sa félicité à remplir tout cœur qui soupire vers lui.

Prieuré Sainte Bathilde
Prieuré Sainte Bathilde à Vanves
Bénédictines de Sainte Bathilde

Nous prenons les Leçons de sainte Bathilde dans le Bréviaire de Paris de 1680 :
Bathilde naquit en Angleterre de la race des Saxons ; des pirates la vendirent à Archambaud, Maire du palais, qui lui confia l'emploi de présenter la coupe ; et après la mort de sa femme, il lui offrit sa main. Bathilde, pour éviter cette alliance, s'enfuit dans la retraite ; mais bientôt les excellentes qualités de son esprit et de son corps la firent épouser par Clovis II, sans qu'elle s'y attendît. Elle employa tout son zèle à lui recommander les pauvres et les Eglises : ce dont le Roi fut si charmé, qu'il lui donna pour l'aider dans ses œuvres de piété l'abbé Génésius, qui fut dans la suite évêque de Lyon. A la mort de Clovis, elle fut chargée de la tutelle de ses trois fils, Clotaire, Childéric et Thierry, dont le plus âgé avait à peine atteint sa cinquième année ; mais, aidée du conseil de Chrodobert, évêque de Paris, et de saint Ouen de Rouen, elle gouverna avec une rare sagesse le royaume et le palais. 

Elle fit un grand nombre de règlements excellents; sur les instances des Evêques, elle abolit les ordinations simoniaques ; elle défendit de vendre les chrétiens aux étrangers, et de les conduire hors du pays pour les vendre ; elle en racheta elle-même plusieurs de l'esclavage, à ses propres frais. Elle excita le zèle des évêques et des abbés à conserver ou à rétablir la discipline régulière dans les monastères de Saint-Denys, Saint-Germain, Saint-Pierre, Saint-Médard, Saint-Aignan, Saint-Martin et plusieurs autres. Elle bâtit un monastère à Gorbie sur la Somme, et celui de Chelles sur la Marne. Puis, laissant le gouvernement du royaume à Clotaire qui était déjà adulte, elle prit elle-même, dans ce dernier monastère, l'habit de la religion ; et là, sous l'obéissance de l'abbesse Bertille, elle parut un modèle de perfection et un sujet d'admiration. Elle y mourut en la cinquante-cinquième année de son âge.
 

Vous avez compris, ô Bathilde, que le souverain bien pour l'homme est dans l'amour et la
possession du Sauveur qui nous est né, et que nous ne le pouvons goûter qu'en nous associant à ses sentiments et à ses œuvres. C'est pourquoi, dès qu'il vous a été possible, vous avez brisé vos liens, vous avez pris les ailes de la colombe, et vous êtes enfuie dans la solitude, pour être plus près de lui. Qu'ils sont donc irrésistibles, les charmes du Dieu qui s'est caché sous les dehors de notre faiblesse ! Il attire à lui, jusque du sein des cours de la terre, les âmes généreuses ; et nulle force humaine ne les saurait retenir. Que de fois l'exemple donné par vous, ô sainte Reine, a été suivi dans le cours des siècles ! Qui pourrait compter les princesses, les reines, et jusqu'aux impératrices qui sont descendues du trône pour chercher l'Enfant divin ! Mais ce Sauveur qui appelle les grands de la terre, ne dédaigne pas les petits ; et les bergers de Bethléhem reçurent ses premières caresses.

Marie, la Reine de Bethléhem, chante dans son ineffable Cantique : Il a renversé de leurs trônes les puissants, et il a élevé les humbles. Obtenez-nous d'être humbles et simples, ô Bathilde ! afin que nous soyons admis avec vous dans cet heureux palais de notre commun Roi.

Souvenez-vous aussi de la France que vous avez gouvernée ; donnez-lui l'ordre et la paix. Remettez la piété en honneur dans notre patrie ; multipliez-y les asiles de la perfection chrétienne ; et puisque vous fûtes sainte au milieu du siècle et des affaires publiques, priez pour ceux que les liens du devoir attachent encore à ce monde ; faites-leur trouver au fond de leurs cœurs cette solitude où l'âme, dégagée des illusions, trouve et possède son Dieu dans la paix promise en ces jours aux hommes de bonne volonté.


D
OM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Bathilde-Kleid
habit monastique de Sainte Bathilde au musée de Chelles Kleid der Bathilde

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 05:00

Une troisième Vierge romaine, le front ceint de la couronne du martyre, vient partager les honneurs d'Agnès et d'Emérentienne, et offrir sa palme à l'Agneau. C'est Martine, dont le nom rappelle le dieu païen qui présidait aux combats, et dont le corps glorieux repose au pied du mont Capitolin, dans un ancien temple de Mars, devenu aujourd'hui la somptueuse Eglise de Sainte-Martine.
Chiesa dei Santi Luca e Martina-Roma
Chiesa dei Santi Luca e Martina-Roma

Le désir de se rendre digne de l'Epoux divin que son cœur avait choisi l'a rendue forte contre les tourments et la mort, et sa blanche robe a été aussi lavée dans son sang. L'Emmanuel est le Dieu fort, puissant dans les combats, mais comme le faux dieu Mars, il n'a pas besoin de fer pour vaincre. La douceur, la patience, l'innocence d'une vierge lui suffisent pour terrasser ses ennemis ; et Martine a vaincu d'une victoire plus durable que les plus grands capitaines de Rome.

Martine, Vierge romaine, de naissance illustre, était fille d'un père consulaire. Dès ses plus tendres années, elle perdit ses parents, et embrasée du feu de la piété chrétienne, elle distribua aux pauvres, avec une admirable libéralité, les richesses abondantes dont elle jouissait.

Sous l'empire d'Alexandre Sévère, on lui ordonna d'adorer les faux dieux ; mais elle repoussa ce crime horrible avec une noble liberté. C'est pourquoi on la frappa de verges à plusieurs reprises, on la déchira avec des crocs, des ongles de fer, des têts de pots cassés, on lui lacéra tous les membres avec des couteaux aigus ; puis elle fut enduite de graisse bouillante, enfin condamnée aux bêtes de l'amphithéâtre. Mais ayant été miraculeusement protégée contre elles, on la jeta sur un bûcher ardent, d'où elle sortit saine et sauve par un nouveau prodige.
 Quelques-uns de ses bourreaux, frappés de la nouveauté de ce miracle, et touchés de la grâce de Dieu, embrassèrent la foi de Jésus-Christ ; et, après plusieurs tourments, ils eurent la tête tranchée, et méritèrent ainsi la palme glorieuse du martyre.

Aux prières de la Sainte, il y eut des tremblements de terre ; des feux tombèrent du ciel au milieu des tonnerres, renversèrent les temples des faux dieux, et consumèrent leurs statues. Tantôt l'on voyait couler de ses blessures du lait avec du sang, et de son corps s'échappait une très brillante splendeur et une odeur très suave ; tantôt elle semblait élevée sur un trône royal, chantant les louanges de Dieu avec les Saints.
 

Chiesa Santi Luca e Martina-Roma
Eglise de Saint Luc et Sainte Martine à Rome bâtie sur les ruines du paganisme

Ces merveilles, et surtout la fermeté de la Vierge, exaspérèrent le juge, qui ordonna de lui trancher la tête. Aussitôt après, l'on entendit une voix d'en haut qui appelait au ciel la Vierge ; toute la ville trembla, et plusieurs adorateurs des idoles se convertirent à la foi de Jésus-Christ.

Martine souffrit sous le Pontificat de saint Urbain Ier ; et sous celui d'Urbain VIII, on trouva son corps dans une antique église, avec ceux des saints martyrs Concordius, Epiphane et leurs compagnons, près de la prison Mamertine, sur le penchant du mont Capitolin. On disposa cette église dans une forme plus digne, on la décora convenablement, et on y déposa le corps de la Sainte, avec une pompe solennelle, en présence d'un grand concours de peuple, et aux cris de joie de la ville entière.

à côté du Forum romain, vue du Capitole
San Luca et Santa Martina située à côté du Forum romain, vue du Capitole

Demandez pour nous, ô Martine, à l'Agneau votre Epoux, la force nécessaire pour enlever de notre cœur les idoles auxquelles il pourrait encore être tenté de sacrifier. Dans les attaques que les ennemis de notre salut dirigent contre nous, prêtez-nous l'appui de votre bras. Il a ébranlé les idoles au sein même de Rome païenne ; il ne sera pas moins puissant contre le monde qui cherche à nous envahir. Pour prix de vos victoires, vous brillez auprès du berceau de notre Rédempteur ; si, comme vous, nous savons combattre et vaincre, ce Dieu fort daignera nous accueillir aussi. Il est venu pour soumettre nos ennemis ; mais il exige que nous prenions part à la lutte.

Fortifiez-nous, ô Martine, afin que nous ne reculions jamais, et que notre confiance en Dieu soit toujours accompagnée de la défiance de nous-mêmes.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Santa Martina
Santa Martina di Pietro da Cortona

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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 10:00
L’Orchestre du Théâtre Mariinsky dirigé par le grand Valery Gergiev, interprète à la Salle Pleyel l' intégrale des six symphonies

Tchaikovsky : Symphony No.1 Mariinsky Theatre Orchestra Valery Gergiev
Salle Pleyel, Paris, lundi 25 janvier 2010




L’orchestre du théâtre Mariinsky continue sur sa lancée, un dernier concert à la salle Pleyel complétera la présentation de l’ensemble des symphonies de Tchaikovsky.  La 3e et la 6e (la fameuse “Pathétique”) restent à découvrir le vendredi.

Cet événement bénéficie de nombreux relais.
On peut suivre le concert en direct sur les sites de la Salle Pleyel et de la Cité de la musique (citedelamusique.fr), où elles seront ensuite disponibles pendant deux mois. On peut le voir sur la chaîne européenne Mezzo et la télévision russe Kultura et seront diffusés plus tard par France Télévisions. France Musique diffusera sur ses ondes les 9, 23 et 25 février la bande son, qui sera ensuite proposée à la ré-écoute sur le portail internet de Radio France. > extrait du blog Regards curieux


Gergiev
Valery Gergiev


Gergiev Valery
Gergiev à Pleyel sur YouTube
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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 05:00

St Thomas Inspired by the Dove of the Holy Ghost by SASSETT
Saint Thomas d'Aquin par Sassetta

Saluons aujourd'hui l'un des plus sublimes et des plus lumineux interprètes de la Vérité divine. L'Eglise l'a produit bien des siècles après l'âge des Apôtres, longtemps après que la parole des Ambroise, des Augustin, des Jérôme et des Grégoire, avait cessé de retentir ; mais Thomas a prouvé que le sein de la Mère commune était toujours fécond ; et celle-ci, dans sa joie de l'avoir mis au jour, l'a nommé le Docteur Angélique.

C'est donc parmi les chœurs des Anges que nos yeux doivent chercher Thomas ; homme par nature, sa noble et pure intelligence l'associe aux Chérubins du ciel ; de même que la tendresse ineffable de Bonaventure, son émule et son ami, a introduit ce merveilleux disciple de François dans les rangs des Séraphins. La gloire de Thomas d'Aquin est celle de l'humanité, dont il est un des plus grands génies ; celle de l'Eglise, dont ses écrits ont exposé la doctrine avec une lucidité et une précision qu'aucun Docteur n'avait encore atteintes ; celle du Christ lui-même, qui daigna de sa bouche divine féliciter cet homme si profond et si simple d'avoir expliqué dignement ses mystères aux hommes.

En ces jours qui doivent nous ramener à Dieu, le plus grand besoin de nos âmes est de le connaître, comme notre plus grand malheur a été de ne l'avoir pas assez
connu. Demandons à saint Thomas "cette lumière sans tache qui convertit les âmes, cette doctrine qui donne la sagesse même aux enfants, qui réjouit le cœur et éclaire les yeux". Nous verrons alors la vanité de tout ce qui est hors de Dieu, la justice de ses préceptes, la malice de nos infractions, la bonté infinie qui accueillera notre repentir.

Lisons maintenant quelques-uns des titres du Docteur Angélique à l'admiration et à la confiance des fidèles :
Admirable ornement du monde chrétien et lumière de l'Eglise, le bienheureux Thomas naquit de Landolphe, comte d'Aquin, et de Théodora de Naples, tous deux de noble extraction. Il montra, encore au berceau, quelle devait être l'ardeur de sa dévotion envers la Mère de Dieu ; car ayant trouvé un papier sur lequel on avait écrit la Salutation angélique, il le retint dans sa main fermée malgré les efforts de sa nourrice, et sa mère l'ayant arraché de force, il le redemanda par pleurs et par gestes, jusqu'à ce qu'on le lui rendît, ce qui étant fait, il l'avala.

Il fut confié à l'âge de cinq ans aux soins des moines Bénédictins du Mont-Cassin. De là, il fut envoyé à Naples pour faire ses études ; et, étant encore adolescent, il entra dans l'Ordre des Frères-Prêcheurs. Cette résolution ayant excité le mécontentement de sa mère et de ses frères, on le fit partir pour Paris. Durant le voyage, il fut enlevé par ses frères qui l'entraînèrent dans le château-fort de Saint-Jean. On s'y prit de diverses manières pour le détourner de sa sainte résolution, jusqu'à envoyer près de lui une femme de mauvaise vie, afin d'ébranler sa constance. Thomas la mit en fuite avec un tison. Après cette victoire le saint jeune homme, s'étant mis à genoux devant une croix, fut saisi d'un sommeil durant lequel il sentit ceindre ses reins par les Anges ; et, depuis ce temps, il fut exempt des révoltes de la chair. Ses sœurs étaient venues aussi au château dans l'intention de le détourner de son pieux dessein ; il leur persuada de mépriser les embarras du siècle, et d'embrasser les exercices d'une vie toute céleste.
 On l'aida à s'échapper du château par une fenêtre, et on le ramena à Naples. Ce fut de là que Frère Jean le Teutonique, Maître général de l'Ordre des Frères-Prêcheurs, le conduisit à Rome, puis à Paris, où il étudia la philosophie et la théologie sous Albert le  Grand.

Elevé au degré de Docteur dès l'âge de vingt-cinq ans, il expliqua publiquement, et avec une grande réputation, les écrits des philosophes et des théologiens. Jamais il ne se livra à la lecture ou à la composition sans avoir prié. Pour obtenir l'intelligence des passages difficiles de l'Ecriture sainte, il joignait le jeûne à la prière. Il avait même coutume de dire à Frère Réginald, son compagnon, que ce qu'il savait, il l'avait moins acquis par son étude et son travail qu'il ne l'avait reçu du Ciel. Un jour qu'il priait avec ardeur à Naples devant un crucifix, il entendit cette voix : "Tu as bien écrit de moi, Thomas : quelle récompense en désires-tu recevoir ?" A quoi il répondit : "Point d'autre que vous-même, Seigneur".

Il lisait assidument les traités des Pères, et il n'y avait pas de genre de livres qu'il n'eût étudié avec soin. Ses écrits sont d'une telle importance par leur nombre, leur variété et la facilité avec laquelle les choses difficiles y sont expliquées, que sa doctrine abondante et pure, merveilleusement conforme aux vérités révélées, est très propre à détruire les erreurs de tous les temps. Appelé à Rome par le Souverain Pontife Urbain IV, il composa par son ordre l'office de la fête du Corps du Seigneur. Il refusa les dignités qu'on lui offrit, même l'archevêché de Naples qui lui était proposé par Clément IV. Il prêchait constamment la parole de Dieu ; en s'acquittant de cette fonction, un des jours de l'Octave de Pâques, dans l'Eglise de Saint- Pierre, il guérit d'une perte de sang une femme qui toucha le bas de sa robe.

Comme il se rendait au Concile de Lyon par ordre du Bienheureux Grégoire X, il tomba malade dans l'abbaye de Fosse-Neuve, où, malgré son infirmité, il donna l'explication du Cantique des cantiques. Ce fut là qu'il mourut, âgé de cinquante ans, l'an du salut mil deux cent soixante-quatorze, aux nones de mars.

Après sa mort, il y eut des miracles, lesquels étant prouvés, Jean XXII le mit au nombre des Saints, en mil trois cent vingt-trois ; son corps fut ensuite transporté à Toulouse par l'ordre du Bienheureux Urbain V. Comparé aux esprits angéliques non moins pour son innocence que pour son génie, il a mérité le titre de Docteur Angélique, qui lui fut confirmé par l'autorité de saint Pie V. Enfin Léon XIII, agréant avec grande joie les prières et les vœux de presque tous les évêques du monde catholique : pour éloigner le fléau de tant de systèmes, philosophiques principalement, qui s'écartent de la vérité, pour le progrès des sciences et la commune utilité du genre humain, de l'avis de la Congrégation des Rites Sacrés, l'a par Lettres Apostoliques déclaré et institué céleste Patron de toutes les Ecoles Catholiques.



Gloire à vous, Thomas, lumière du monde ! vous avez reçu les rayons du Soleil de justice, et vous les avez rendus à la terre. Votre œil limpide a contemplé la vérité, et en vous s'est accomplie cette parole : Heureux ceux dont le cœur est pur ; car ils verront Dieu.

Vainqueur dans la lutte contre la chair, vous avez obtenu les délices de l'esprit ; et le Sauveur, ravi des charmes de votre âme angélique, vous a choisi pour célébrer dans l'Eglise le divin Sacrement de son amour. La science n'a point tari en vous la source de l'humilité ; la prière fut toujours votre secours dans la recherche de la vérité ; et après tant de travaux vous n'aspiriez qu'à une seule récompense, celle de posséder le Dieu que votre cœur aimait.


Votre carrière mortelle fut promptement interrompue, et vous laissâtes inachevé le chef-d'œuvre de votre angélique doctrine ; mais, ô Thomas, Docteur de vérité, vous pouvez luire encore sur l'Eglise de Dieu. Assistez-la dans les combats contre l'erreur.

Elle aime à s'appuyer sur vos enseignements, parce qu'elle sait que nul ne connut plus intimement que vous les secrets de son Epoux. En ces jours où les vérités sont diminuées parmi les enfants des hommes, fortifiez, éclairez la foi des croyants. Confondez l'audace de ces vains esprits qui croient savoir quelque chose, et qui profitent de l'affaissement général des
intelligences, pour usurper dans la nullité de leur savoir le rôle de docteurs. Les ténèbres s'épaississent autour de nous ; la confusion règne partout ; ramenez-nous à ces notions qui dans leur divine simplicité sont la vie de l'esprit et la joie du cœur.

Protégez l'Ordre illustre qui se glorifie de vous avoir produit ; fécondez-le de plus en plus ; car il est un des premiers auxiliaires de l'Eglise de Dieu.

N'oubliez pas que la France a eu l'honneur de vous posséder dans son sein, et que votre chaire s'est élevée dans sa capitale : obtenez pour elle des jours meilleurs.

La sainte Quarantaine doit voir les enfants de l'Eglise se disposer à rentrer en grâce avec le Seigneur leur Dieu ; révélez-nous, ô Thomas, cette souveraine Sainteté que nos péchés ont offensée ; faites-nous comprendre l'état d'une âme qui n'est plus en rapport avec la justice éternelle. Saisis d'une sainte horreur à la vue des taches qui nous couvrent, nous aspirerons à purifier nos cœurs dans le sang de l'Agneau immaculé, et à réparer nos fautes par les œuvres de la  pénitence.
 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



Triomphe de Saint Thomas d'Aquin par Francesco Traini

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27 janvier 2010 3 27 /01 /janvier /2010 05:00

Le jour rayonne d'une double gloire : marqué par le triomphe virginal d'Aurélia Pétronilla au premier âge de l'Eglise, il est embaumé par le parfum des lis qui ceignent le front d'Angèle de Mérici.

Le XVIe siècle, qui naguère offrait au Christ ressuscité la séraphique Madeleine de Pazzi, lui présente aujourd'hui ce nouveau tribut de la sainteté de l'Eglise. Angèle remplit toute la signification du beau nom qu'elle a reçu. Elle possède dans un corps mortel la pureté des esprits bienheureux, et elle imite leur vol agile, leur céleste énergie, par la vigueur de toutes les vertus. On voit cette héroïne de la grâce céleste abattre à ses pieds tout ce qui pourrait arrêter sa course. Elevée de bonne heure à la plus haute contemplation, une ardeur chevaleresque la pousse jusque sur les plages de l'Orient pour y suivre les traces de l'Epoux divin auquel elle s'est donnée. On la voit ensuite visiter la nouvelle Jérusalem, et répandre ses vœux devant la Confession de saint Pierre; après quoi, rentrée dans son repos, elle fonde un Ordre religieux qui est encore et qui sera toujours l'un des ornements et l'un des secours de la sainte Église.


Le spectacle d'Ursule entourée de sa légion de vierges a séduit le cœur d'Angèle ; il lui faut aussi une armée de filles vaillantes. La noble princesse
bretonne affronta les barbares ; Angèle, nouvelle Ursule, livrera bataille au monde et à ses séductions si redoutables pour des âmes encore neuves, et, comme trophée de ses victoires, elle peut montrer les innombrables générations d'adolescentes que son saint institut a sauvées depuis trois siècles, en les initiant à la pratique et à l'amour des vertus chrétiennes. 

La sainte Eglise nous donne en ces termes le récit abrégé des vertus et des actions de sainte Angèle : 
Angèle de Mérici naquit de parents pieux à Decenzano, petite ville du diocèse de Vérone, près du lac Benago, dans l'Etat de Venise. Dès son jeune âge, elle veilla avec la plus grande précaution sur le lis de la virginité, qu'elle avait résolu de conserver à jamais intact. Repoussant toutes les parures de son sexe, elle altéra la beauté de son visage et coupa ses cheveux, afin de ne plaire qu'au céleste Epoux des âmes.

Angela Merici
Sainte Angèle Merici

Etant encore dans la fleur de son adolescence, et ayant perdu ses parents, elle tenta de s'enfuir dans un désert, afin d'y mener une vie plus austère. Ayant été empêchée par un oncle de mettre ce dessein à exécution, elle sut pratiquer à la maison ce qu'il ne lui était pas permis de faire dans la solitude. Elle se revêtit du cilice, et prit fréquemment la discipline ; hors les cas de maladie elle s'interdit la viande, et n'usa de vin qu'aux fêtes de la Nativité et de la Résurrection du Seigneur ; il lui arrivait même de passer plusieurs jours sans prendre de nourriture. Vouée à une prière continuelle, elle prenait sur la terre nue un court sommeil. Le démon ayant voulu lui faire illusion sous la forme d'un ange de lumière, elle le reconnut aussitôt et le mit en fuite. Ayant enfin renoncé à la succession de son père, et embrassé la règle du tiers-ordre de saint François dont elle prit l'habit, elle joignit la pauvreté évangélique à la gloire de la virginité.
 

Fidèle à tous les devoirs de miséricorde envers le prochain, elle donnait aux pauvres tout ce qui lui restait de la nourriture qu'elle avait obtenue par l'aumône, et se livrait avec empressement au soin des malades. Elle laissa une haute renommée de sainteté dans un grand nombre de lieux qu'elle visitait, soit pour consoler les affligés, soit pour réconcilier des ennemis, soit pour retirer de grands pécheurs du bourbier des vices. Nourrie fréquemment du pain des anges, unique objet de ses désirs, l'ardeur de son transport pour Dieu était si grande, que souvent elle était ravie hors de ses sens.

Elle visita avec une piété profonde les saints lieux de la Palestine. Dans le cours de ce voyage, ayant perdu la vue en passant dans l'île de Candie, elle l'y recouvra au retour , après avoir échappe par le secours divin aux mains des barbares et au danger imminent d'un naufrage. Sous le pontificat de Clément VII elle se rendit à Rome, afin d'y vénérer la pierre fondamentale de l'Eglise et d'y gagner l'abondant pardon du jubilé. Le pape ayant eu avec elle un entretien, découvrit sa haute sainteté, parla d'elle avec les plus grands éloges, et ne lui permit de sortir de Rome qu'après avoir reconnu que le ciel l'appelait ailleurs.
 

De retour à Brescia, elle alla prendre sa demeure près de l'Eglise de Sainte-Afra. Ce fut là qu'elle institua, d'après l'ordre de Dieu qu'elle avait connu par une voix céleste et par une vision, une nouvelle société de vierges sous une discipline particulière, avec des règles qu'elle avait rédigées d'une manière toute sainte. Elle donna à cet institut le nom et le patronage de sainte Ursule, chef invincible de l'armée des vierges, et prédit , peu avant de mourir, qu'il durerait toujours.

Enfin, étant presque septuagénaire, comblée de mérites, elle s'envola au ciel le six des calendes de février de l'an mil cinq cent quarante. Son corps, que l'on garda trente jours avant de l'inhumer, demeura flexible et conserva les apparences de la vie. On le déposa dans l'Eglise de Sainte-Afra, parmi les autres reliques des saints qu'elle possède en grand nombre ; et plusieurs miracles commencèrent à se manifester à son tombeau. Le bruit s'en répandit non seulement à Brescia et à Decenzano, mais encore au loin, et l'on commença de bonne heure à donner le nom de Bienheureuse à Angèle et à placer son image sur les autels. Saint Charles Borromée lui-même, peu d'années après la mort d'Angèle, affirma en chaire à Brescia qu'elle était digne d'être inscrite par l'autorité du Saint-Siège au catalogue des saintes vierges. Clément XIII ratifia et confirma par un décret ce culte populaire approuvé déjà par plusieurs évêques, et encourage par de nombreux indults des Souverains Pontifes. Enfin, après de nouveaux miracles légitimement prouvés, Pie VII inscrivit Angèle sur la liste des saintes vierges, dans la solennelle canonisation qu'il accomplit dans la basilique vaticane le vingt-quatre mai mil huit cent sept.
 


Vous avez combattu les combats du Seigneur, ô Angèle, et votre vie si remplie d'œuvres saintes vous a mérité un repos glorieux dans l'éternel séjour. Un zèle insatiable pour le service de celui que vous aviez choisi pour Epoux, une ardente charité pour tous ceux qu'il a rachetés de son sang divin, forment le caractère de votre existence tout entière. Cet amour du prochain vous a rendue mère d'une famille innombrable ; car nul ne pourrait compter les jeunes enfants qui ont sucé à l'école de vos filles le lait de la saine doctrine et de la piété. Vous avez puissamment contribué, ô Angèle, au maintien de la famille chrétienne en préparant tant de mères et tant d'épouses pour leurs sublimes devoirs ; et combien d'institutions appelées au même but sont sorties de la vôtre pour la consolation de l'Eglise et l'avantage de la société ! Le Pontife suprême a ordonné que votre nom fût désormais fêté dans toute la catholicité.

En promulguant ce décret, il a déclaré qu'il voulait placer sous votre maternelle protection toute la jeunesse de votre sexe exposée aujourd'hui à tant de périls de la part des ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise. Ils ont formé le dessein d'arracher la foi du cœur des épouses et des mères, afin d'anéantir plus sûrement le christianisme, qu'une forte et douce influence a conservé jusqu'ici dans la famille. Déjouez ces noirs complots, ô Angèle ! Protégez votre sexe ; nourrissez en lui le sentiment de la dignité de la femme chrétienne, et la société peut encore être sauvée.


Sant' Angela Merici
Sant' Angela Merici

Nous nous adressons aussi à vous, ô épouse du Christ, pour obtenir votre aide dans le parcours de cette année liturgique, où nous retrouvons chaque jour vos traces. Votre ardeur à suivre les divins mystères qui se déroulent successivement à nos yeux vous entraîna au delà des mers. Vous vouliez voir Nazareth et Bethléhem, parcourir la Galilée et la Judée, rendre grâces dans le Cénacle, pleurer sur le Calvaire, adorer le Sépulcre glorieux. Daignez bénir notre marche timide dans ces sentiers que vos pas ont parcourus. Nous voulons vous suivre sur le mont des Oliviers, d'où notre Emmanuel est remonté dans les cieux ; il nous faut pénétrer une seconde fois dans le Cénacle, que le divin Esprit illumine de ses feux. Conduisez-nous sur vos pas, ô Angèle, vers ces lieux bénis dont l'attrait vous arracha à votre patrie, et vous lança à travers les hasards dans une lointaine et périlleuse pérégrination ; élevez nos âmes à la hauteur des augustes mystères qui couronnent le Temps pascal.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique 

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26 janvier 2010 2 26 /01 /janvier /2010 23:00

Qu'y a-t-il donc, mon âme ? pourquoi as-tu tant de crainte de venir à la mort de Paula ?

N'y a-t-il pas assez longtemps que j'allonge ce discours par l'appréhension d'arriver à ce qui le doit conclure ? comme si je pouvais retarder sa mort en n'en parlant point et en m'occupant toujours de ses louanges. J'ai navigué jusqu'ici avec un vent favorable, et mon vaisseau a fendu les ondes sans peine ; mais maintenant cette narration va rencontrer des écueils, et la mer qui s'enfle nous menace l'un et l'autre par l'impétuosité de ses flots d'un naufrage inévitable : elle de celui de son corps par la mort, et moi de celui de la plus grande consolation que j'eusse en ce monde ; en sorte que je suis contraint de dire : "Mon maître, sauvez-nous !  nous périssons", et ce verset du psaume : "Pourquoi vous endormez-vous, Seigneur ? levez-vous pour nous assister !" car qui pourrait sans verser des larmes dire que Paula s'en va mourir ?

Elle tomba dans une très grande maladie, ou, pour mieux dire, elle obtint ce qu'elle désirait, qui était de nous quitter pour s'unir parfaitement à Dieu. Ce fut alors que l'extrême amour qu'Eustochia avait toujours témoigné pour sa mère fut encore plus reconnu de tout le monde : elle ne bougeait d’auprès de son lit ; elle la rafraîchissait avec un éventail ; elle lui soutenait la tête ; elle lui donnait des oreillers pour l'appuyer ; elle lui frottait les pieds ; elle lui échauffait l'estomac avec ses mains ; elle lui accommodait des matelas ; elle préparait l'eau qu'elle devait boire, en sorte qu'elle ne fût ni trop chaude ni trop froide ; elle mettait sa nappe ; et enfin elle croyait que nul autre pouvait sans lui faire tort lui rendre le moindre petit service. Combien de courses fit-elle du lit de sa mère à la crèche de notre Sauveur ! et avec combien de prières, de  larmes et de soupirs le supplia-t-elle de ne la point priver d'une si chère compagnie, de ne point souffrir qu'elle vécût après sa mort, et de trouver bon qu'elles fussent toutes deux portées en terre dans un même cercueil !

Mais combien notre nature est-elle faible et fragile puisque, si la loi que nous avons en Jésus-Christ ne nous élevait vers le ciel et s'il n'avait rendu notre âme immortelle, nos corps seraient de même condition que ceux des bêtes ! On voit mourir d’une même sorte le juste et l’impie, le vertueux et le vicieux, le pudique et l’impudique, celui qui offre des sacrifices et celui qui n'en offre point, et l'homme de bien comme le méchant, le blasphémateur comme celui qui abhorre les serments ; et les hommes comme les bottes de paille seront tous réduits en cendre et en poussière.

Mais pourquoi m'arrêtai-je et fais-je ainsi durer encore davantage ma douleur en différant de la dire ? Cette femme si prudente sentait bien qu'elle n'avait plus qu'un moment à vivre et que, tout le reste de son corps étant déjà saisi du froid de la mort, son âme n'était plus retenue que par un peu de chaleur qui, se retirant dans sa poitrine sacrée, faisait que son coeur palpitait encore ; et néanmoins, comme si elle eût abandonné des étrangers afin d'aller voir ses proches, elle disait ces versets entre ses dents : "Seigneur, j'ai aimé la beauté de votre maison et le lieu où réside votre gloire. Dieu des vertus, que vos tabernacles sont aimables ! Mon âme les désire de telle sorte que l'ardeur qu'elle en a, fait qu'elle se pâme en les souhaitant, et j'ai mieux aimé être la moindre de tous en la maison de Dieu que de demeurer dans des palais avec les pécheurs". Lorsque je lui demandais pourquoi elle se taisait et ne voulait pas répondre, et si elle sentait quelque douleur, elle me dit en grec que nulle chose ne lui donnait peine, et qu'elle ne voyait rien que de calme et de tranquille. Elle se tut toujours depuis ; et, ayant fermé les yeux, comme méprisant déjà toutes les choses mortelles, elle répéta jusqu'au dernier soupir les mêmes versets, mais si bas qu'à peine les pouvions-nous entendre, et tenant le doigt tout contre sa bouche, elle faisait le signe de la croix sur ses lèvres.

Ayant perdu connaissance et étant à l’agonie, lorsque son âme fit le dernier effort pour se détacher de son corps elle changea en louanges de Dieu ce bruit, ce râlement avec lequel les hommes ont coutume de finir leur vie. Les évêques de Jérusalem et des autres villes, plusieurs prêtres et un nombre infini de diacres étaient présents, et des troupes de solitaires et de vierges consacrées à Dieu remplissaient tout son monastère. Aussitôt que cette sainte âme entendit la voix de son époux qui l'appelait et lui disait : "Levez-vous, ma bien-aimée, qui êtes si belle à mes yeux ; venez, ma colombe ; et hâtez-vous, car l'hiver est passé et toutes les pluies sont écoulées", elle lui répondit avec joie : "La campagne a été vue couverte de fleurs : le temps de la moisson est arrivé, et je crois voir les biens du Seigneur dans la terre des vivants".

On n'entendait point alors de cris ni de plaintes ainsi qu'on a coutume parmi les personnes attachées au siècle, mais des troupes tout entières faisaient retentir des psaumes en diverses langues.

Elle fut portée en terre par des évêques qui mirent son cercueil sur leurs épaules ; d'autres évêques allaient des devant avec des flambeaux et des cierges allumés, et d'autres conduisaient les troupes de ceux qui chantaient des psaumes. En cet état elle fut mise dans le milieu de l'église de la crèche de notre Sauveur.

Les habitants de toutes les villes de la Palestine vinrent en foule à ses funérailles ; il n'y eut point de cellule qui pût retenir les solitaires les plus cachés dans le désert, ni de sainte vierge qui pût demeurer dans sa petite chambrette, parce qu'ils eussent tous cru faire un sacrilège s'ils eussent manqué de rendre leurs devoirs à une femme si extraordinaire. Les veuves et les pauvres, ainsi qu'il est dit de Dorcas, montraient les habits qu'elle leur avait donnés, et tous les nécessiteux criaient qu'ils avaient perdu leur mère et leur nourrice. Mais ce qui est admirable, la pâleur de la mort n'avait point changé son visage, et il était si plein de majesté qu'on l'aurait plutôt crue endormie que morte. On récitait par ordre des psaumes en hébreu, en grec, en latin et en syriaque, non seulement durant trois jours et jusques à ce que son corps eut été enterré sous l'église, tout contre la crèche de notre Seigneur, mais aussi durant toute la semaine.

Tous ceux qui arrivaient considéraient ses funérailles comme les leurs propres, et la pleuraient comme ils se seraient pleurés eux-mêmes. Sa sainte fille Eustochia, qui se voyait comme sevrée de sa mère, selon le langage de l'Ecriture, ne pouvait souffrir qu'on la séparât d'avec elle : elle lui baisait les yeux, elle se collait à son visage, elle l’embrassait, et elle eût désiré d'être ensevelie avec sa mère.

Jésus-Christ sait que cette femme si excellente ne laissa pas un écu vaillant à sa fille, mais qu'au contraire, comme je l'ai déjà dit, elle la laissa chargée de beaucoup de dettes et d'un nombre infini de solitaires et de vierges qu'il lui était très difficile de nourrir, et qu'elle n'eût pu abandonner sans impiété. Qu'y a-t-il donc de plus admirable que de voir une personne d'une maison aussi illustre qu'était Paula, et qui avait été autrefois dans de si grandes richesses, avoir eu tant de vertu et tant de foi que de donner tout son bien, et de s'être ainsi trouvée quasi réduite à la dernière extrémité ? Que d'autres vantent l'argent qu'ils donnent aux églises et ces lampes d'or qu'ils consacrent à Dieu devant ses autels, nul n'a plus donné aux pauvres que celle qui ne s'est rien réservé pour elle-même. Maintenant, elle jouit de ces richesses et de ces biens que nul oeil n'a jamais vus, que nulle oreille n'a jamais entendus et que nul esprit humain n'a jamais pensés.

C'est donc nous-mêmes que nous plaignons ; et. il y aurait sujet d'estimer que nous envierions sa gloire si nous pleurions plus longtemps celle qui règne avec Dieu dans l'éternité.

Ne vous mettez en peine de rien, Eustochia : vous avez hérité d'une très grande et très riche succession, le Seigneur est votre partage ; et ce qui vous doit encore combler de joie, c'est que votre sainte mère a été couronnée par un long martyre ; car ce n'est pas seulement le sang que l'on verse pour la confession de la foi qui fait les martyrs, mais les services d'un amour pur et sans tache qu'une âme dévote rend à Dieu passent pour un martyre continuel. La couronne des premiers est composée de roses et violettes, et celle des derniers est faite de lys. C'est pourquoi il est écrit dans le Cantique des cantiques : "Celui que j'aime est blanc et vermeil", attribuant ainsi à ceux qui sont victorieux dans la paix les mêmes récompenses qu'à ceux qui le sont, dans la guerre. Votre excellente mère entendit comme Abraham Dieu qui lui disait : "Sors de ton pays, quitte tes parents et viens en la terre que je te montrerai"; elle l'entendit lui dire par Jérémie : "Fuis du milieu de Babylone et sauve ton âme". Aussi est-elle sortie de son pays, et jusqu'au jour de sa mort n'est point retournée dans la Chaldée. "Elle n'a point regretté les oignons ni les viandes de l'Égypte"; mais étant accompagnée de plusieurs troupes de vierges, elle est devenue citoyenne de la ville éternelle du Sauveur ; et, étant passée de la petite Bethléem dans le royaume céleste, elle a dit à la véritable Noémi : "Ton peuple est mon peuple, et ton Dieu est mon Dieu".

Étant touché de la même douleur qui vous afflige, j'ai dicté ceci en deux nuits, parce que toutes les fois que j'avais voulu travailler à cet ouvrage comme je vous l’avais promis, mes doigts étaient demeurés immobiles et la plume m'était tombée des mains, tant mon esprit languissant se trouvait sans aucune force ; mais ce discours, si négligé et sans ornement de langage, témoigne mieux qu'un plus éloquent quelle est mon extrême affliction.

Adieu, grande Paula, que je révère du plus profond de mon âme. Assistez-moi, je vous supplie, par vos prières dans l'extrémité de ma vieillesse : votre foi jointe à vos œuvres vous unit à Jésus-Christ ; et ainsi, lui étant présente, il vous accordera plutôt ce que vous lui demanderez.


VIE DE SAINTE PAULA, VEUVE
Chapitres XI, XII & XIII
Œuvres de Saint Jérôme 

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