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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 04:00

À Tours, en 545, sainte Clotilde, reine. Grâce à ses prières, son époux Clovis, roi des Francs, accueillit la foi du Christ. Après la mort du roi, elle se retira pieusement près de la basilique de Saint-Martin, ne voulant plus être considérée comme reine, mais comme servante de Dieu. Martyrologe romain

 

  Sainte Clotilde

Sainte Clotilde au Tombeau de Saint Martin par Carle van Loo

 

Sainte Clotilde dans l'Histoire des Francs de Saint Grégoire de Tours : 

Les Bourguignons avaient pour roi Gondeuch, de la race du roi persécuteur Athanaric, dont nous avons parlé plus haut. Il eut quatre fils, Gondebaud, Godégisile, Chilpéric et Godomar. Gondebaud égorgea son frère Chilpéric ; et, ayant attaché une pierre au cou de sa femme, il la noya. Il condamna à l’exil les deux filles de Chilpéric. La plus âgée, ayant pris l’habit, s’appelait Chrona, et la plus jeune Clotilde.

 

Clovis envoyant souvent des députés en Bourgogne, ceux-ci virent la jeune Clotilde. Témoins de sa beauté et de sa sagesse, et ayant appris qu’elle était du sang royal, ils dirent ces choses au roi Clovis. Celui-ci envoya aussitôt des députés à Gondebaud pour la lui demander en mariage. Gondebaud, craignant de le refuser, la remit entre les mains des députés qui, recevant la jeune fille, se hâtèrent de la mener au roi. Clovis, transporté de joie à sa vue, en fit sa femme. Il avait déjà d’une concubine un fils nommé Théodoric.

 

Clovis eut de la reine Clotilde un premier fils. La reine, voulant qu’il reçût le baptême, adressait sans cesse de pieux conseils au roi, disant : "Les dieux que vous adorez ne sont rien, puisqu’ils ne peuvent se secourir eux-mêmes ni secourir les autres ; car ils sont de pierre, de bois ou de quelque métal. Les noms que vous leur avez donnés sont des noms d’hommes et non de dieux, comme Saturne qui, dit-on, pour ne pas être chassé du trône par son fils, s’échappa par la fuite ; comme Jupiter lui-même, honteusement souillé de tous les vices, qui a déshonoré tant de maris, outragé les femmes de sa propre famille, et qui n’a pu s’abstenir de concubinage avec sa propre sœur, puisqu’elle disait : Je suis la sœur et la femme de Jupiter. Qu’ont jamais pu Mars et Mercure ? Ils possèdent plutôt la science de la magie qu’une puissance divine. Le Dieu qu’on doit adorer est celui qui, par sa parole, a tiré du néant le ciel et la terre, la mer et toutes les choses qui y sont contenues ; qui a fait briller le soleil, et a orné le ciel d’étoiles ; qui a rempli les eaux de poissons, la terre d’animaux, et les airs d’oiseaux ; à l’ordre duquel la terre se couvre de plantes, les arbres de fruits et les vignes de raisins ; dont la main a produit le genre humain ; qui a donné enfin à l’homme son ouvrage avec toutes les créatures pour lui obéir et le servir."

 

Ces paroles de la reine ne portaient nullement l’esprit du roi à la foi sainte, mais il disait : " C’est par l’ordre de nos dieux que toutes choses sont créées et produites ; il est clair que votre Dieu, ne peut rien ; bien plus, il est prouvé qu’il n’est pas de la race des dieux". Cependant la reine fidèle présenta son fils au baptême : elle fit décorer l’église de voiles et de tapisseries, pour que cette pompe attirât vers la foi catholique le roi que ses discours n’avaient pu toucher. L’enfant ayant été baptisé et appelé Ingomer, mourut dans la semaine même de son baptême. Le roi, aigri ,de cette perte, faisait à la reine de vifs reproches, lui disant : "Si l’enfant avait été consacré au nom de mes dieux, il vivrait encore ; mais, comme il a été baptisé au nom de votre Dieu, il n’a pu vivre". La reine lui répondit : "Je rends grâces au puissant Créateur de toutes choses, qui ne m’a pas jugée indigne de voir associé à son royaume l’enfant né de mon sein. Cette perte n’a pas affecté mon âme de douleur, parce que je sais que les enfants que Dieu retire du monde, quand ils sont encore dans les aubes, sont nourris de sa vue."

 

Elle engendra ensuite un second fils, qui reçut au baptême le nom de Chlodomir. Cet enfant étant tombé malade, le roi disait : "Il ne peut lui arriver autre chose que ce qui est arrivé à son frère, c’est-à-dire qu’il meure aussitôt après avoir été baptisé au nom de votre Christ". Mais le Seigneur accorda la santé de l’enfant aux prières de sa mère.

 

La reine ne cessait de supplier le roi de reconnaître le vrai Dieu et d’abandonner les idoles ; mais rien ne put l’y décider, jusqu’à ce qu’une guerre s’étant engagée avec les Allemands, il fut forcé, par la nécessité, de confesser ce qu’il avait jusque-là voulu nier. Il arriva que les deux armées se battant avec un grand acharnement, celle de Clovis commençait à être taillée en pièces ; ce que voyant, Clovis éleva les mains vers le ciel, et le cœur touché et fondant en larmes, il dit : "Jésus-Christ, que Clotilde affirme être Fils du Dieu vivant, qui, dit-on, donnes du secours à ceux qui sont en danger, et accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, j’invoque avec dévotion la gloire de ton secours : si tu m’accordes la victoire sur mes ennemis, et que je fasse l’épreuve de cette puissance dont le peuple, consacré à ton nom, dit avoir relu tant de preuves, je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom ; car j’ai invoqué mes dieux, et, comme je l’éprouve, ils se sont éloignés de mon secours ; ce qui me fait croire qu’ils ne possèdent aucun pouvoir, puisqu’ils ne secourent pas ceux qui les servent. Je t’invoque donc, je désire croire en toi ; seulement que j’échappe à mes ennemis". Comme il disait ces paroles, les Allemands, tournant le dos, commencèrent à se mettre en déroute ; et voyant que leur roi était mort, ils se rendirent à Clovis, en lui disant : "Nous te supplions de ne pas faire périr notre peuple, car nous sommes à toi". Clovis, ayant arrêté le carnage et soumis le peuple rentra en paix dans son royaume, et raconta à la reine comment il avait obtenu la victoire en invoquant le nom du Christ.

 

Alors la reine manda en secret saint Rémi, évêque de Reims, le priant de faire pénétrer dans le cœur du roi la parole du salut. Le pontife, ayant fait venir Clovis, commença à l’engager secrètement à croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et à abandonner ses idoles qui n’étaient d’aucun secours, ni pour elles-mêmes, ni pour les autres. Clovis lui dit : "Très saint père, je t’écouterai volontiers ; mais il reste une chose, c’est que le peuple qui m’obéit ne veut pas abandonner ses dieux ; j’irai à eux et je leur parlerai d’après tes paroles". Lorsqu’il eut assemblé ses sujets, avant qu’il eût parlé, et par l’intervention de la puissance de Dieu, tout le peuple s’écria unanimement : "Pieux roi, nous rejetons les dieux mortels, et nous sommes prêts à obéir au Dieu immortel que prêche saint Remi". On apporta cette nouvelle à l’évêque qui, transporté d’une grande joie, ordonna de préparer les fonts sacrés. On couvre de tapisseries peintes les portiques intérieurs de l’église, on les orne de voiles blancs ; on dispose les fonts baptismaux ; on répand des parfums, les cierges brillent de clarté, tout le temple est embaumé d’une odeur divine, et Dieu fit descendre sur les assistants une si grande grâce qu’ils se croyaient transportés au milieu des parfums du Paradis. Le roi pria le pontife de le baptiser le premier. Le nouveau Constantin s’avance vers le baptistère, pour s’y faire guérir de la vieille lèpre qui le souillait, et laver dans une eau nouvelle les taches hideuses de sa vie passée. Comme il s’avançait vers le baptême, le saint de Dieu lui dit de sa bouche éloquente : "Sicambre, abaisse humblement ton cou : adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré".

 

Saint Rémi était un évêque d’une grande science, et livré surtout à l’étude de la rhétorique ; il était si célèbre par sa sainteté qu’on égalait ses vertus à celles de saint Silvestre. Nous avons un livre de sa vie où il est dit qu’il ressuscita un mort.

 

Le roi, ayant donc reconnu la toute-puissance de Dieu dans la Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et oint du saint chrême avec le signe de la croix ; plus de trois mille hommes de son armée figent baptisés. On baptisa aussi sa soeur Alboflède, qui, quelque temps après, alla joindre le Seigneur. Comme le roi était affligé de cette perte, saint Rémy lui envoya, pour le consoler, une lettre qui commençait ainsi : "Je suis affligé autant qu’il faut de la cause de votre tristesse, la mort de votre soeur Alboflède, d’heureuse mémoire ; mais nous pouvons nous consoler, car elle est sortie de ce monde plus digne d’envie que de pleurs". L’autre soeur de Clovis, nommée Lantéchilde, qui était tombée dans l’hérésie des Ariens, se convertit ; et ayant confessé que le Fils et le Saint-Esprit étaient égaux au Père, elle fut rebaptisée.

 

Clovis mourut à Paris, où il fut enterré dans la basilique des saints apôtres, qu’il avait lui-même fait construire avec la reine Clotilde. La reine Clotilde, après la mort de son mari, vint à Tours, et là, s’établissant dans la basilique de Saint-Martin, elle y vécut jusqu’à la fin de ses jours, pleine de vertus et de bonté, et visitant rarement Paris. 

L'Histoire des rois francs

 

Gallimard, collection Folio histoire
Parution :  avril 2011

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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 04:00

" Le Pape Jean a laissé dans le souvenir de tous l'image d'un visage souriant et de deux bras ouverts pour embrasser le monde entier."

Jean Paul II

 

Giovanni XXIII

JEAN XXIII 


À Rome, près de saint Pierre, en 1963, le bienheureux Jean XXIII, pape. D’une humanité singulière, il mit tout en œuvre pour répandre en abondance la charité chrétienne, rechercher l’union fraternelle des peuples et, dans son souci principal de l’efficacité pastorale de l’Église du Christ dans le monde entier, il convoqua le second Concile œcuménique du Vatican. 

Martyrologe romain

 

Deux Pontifes qui ont marqué l'histoire des siècles derniers ont été proposés à la vénération des fidèles : Pie IX, qui guida la barque de Pierre parmi les violentes tempêtes pendant presque trente-deux ans ; Jean XXIII qui, au cours de son bref pontificat, a convoqué un Concile oecuménique d'une importance extraordinaire dans l'histoire de l'Eglise.

 

Parmi les dévots du nouveau bienheureux Pie IX se détache son successeur, le Pape Jean XXIII qui aurait désiré, comme il l'écrivit lui-même, le voir élevé aux honneurs des autels. Le Pape Jean unissait aux vertus chrétiennes une profonde connaissance de l'humanité dans ses lumières et ses ombres. La passion longuement cultivée pour l'histoire l'aidait en cela.

 

Angelo Giuseppe Roncalli acquit les traits fondamentaux de sa personnalité dans le milieu familial. " Le peu de choses que j'ai appris de vous à la maison, écrivait-il à ses parents, sont encore les plus précieuses et les plus importantes ; elles soutiennent et donnent vie et chaleur aux nombreuses choses que j'ai apprises par la suite". Plus il avançait dans la vie et dans la sainteté, plus il gagnait le cœur de tous par sa simplicité et sa sagesse.

 

Dans la célèbre Encyclique Pacem in terris, il proposa aux croyants et aux non-croyants l'Evangile comme voie pour atteindre le bien fondamental de la paix : en effet, il était convaincu que l'Esprit de Dieu fait entendre sa voix d'une façon ou d'une autre à chaque homme de bonne volonté.

 

Il ne se troubla pas face aux épreuves, mais sut toujours regarder avec optimisme les divers épisodes de l'existence. " Il suffit de prendre soin du présent : il n'est pas nécessaire d'utiliser l'imagination et la préoccupation pour la construction de l'avenir". C'est ce qu'il écrivait en 1961 dans le Journal de l'Âme.

 

Jean-Paul II

Audience aux pèlerins réunis pour la béatification de 5 serviteurs de Dieu (4 septembre 2000)    

 

JEAN XXIII

Beato Giovanni XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli)

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 04:00

Mémoire de saint Justin, martyr. Philosophe, quand il eut découvert la vraie sagesse dans la vérité du Christ, il la suivit entièrement, la montra dans son comportement, l’enseigna, la défendit par ses écrits et mit le sceau à son témoignage par sa mort à Rome, sous l’empereur Marc Aurèle, entre 163 et 167. Après avoir présenté à l’empereur son Apologie pour la religion chrétienne, il fut traduit devant le préfet Rusticus, se déclara chrétien et fut condamné à mort. Avec lui sont commémorés ses disciples : les saints martyrs Chariton, et Charite, Évelpiste et Hiéron, Pacon et Libérien, qui reçurent en même temps que lui la couronne de gloire.
Martyrologe romain

 

Catéchèse de Benoît XVI : 

Aujourd'hui, nous parlons de saint Justin, philosophe et martyr, le plus important des Pères apologistes du IIe siècle. Le terme "apologiste" désigne les antiques écrivains chrétiens qui se proposaient de défendre la nouvelle religion des lourdes accusations des païens et des Juifs, et de diffuser la doctrine chrétienne dans des termes adaptés à la culture de leur époque. Ainsi, chez les apologistes est présente une double sollicitude : celle, plus proprement apologétique, de défendre le christianisme naissant (apologhía en grec signifie précisément "défense"), et celle qui propose une sollicitude "missionnaire" qui a pour but d'exposer les contenus de la foi à travers un langage et des catégories de pensée compréhensibles par leurs contemporains.

 

Justin était né aux environs de l'an 100 près de l'antique Sichem, en Samarie, en Terre Sainte ; il chercha longuement la vérité, se rendant en pèlerinage dans les diverses écoles de la tradition philosophique grecque. Finalement, comme lui-même le raconte dans les premiers chapitres de son Dialogue avec Tryphon, un mystérieux personnage, un vieillard rencontré sur la plage de la mer, provoqua d'abord en lui une crise, en lui démontrant l'incapacité de l'homme à satisfaire par ses seules forces l'aspiration au divin. Puis il lui indiqua dans les anciens prophètes les personnes vers lesquelles se tourner pour trouver la voie de Dieu et la "véritable philosophie". En le quittant, le vieillard l'exhorta à la prière, afin que lui soient ouvertes les portes de la lumière.

 

Le récit reflète l'épisode crucial de la vie de Justin : au terme d'un long itinéraire philosophique de recherche de la vérité, il parvint à la foi chrétienne. Il fonda une école à Rome, où il initiait gratuitement les élèves à la nouvelle religion, considérée comme la véritable philosophie. En celle-ci, en effet, il avait trouvé la vérité et donc l'art de vivre de façon droite. Il fut dénoncé pour cette raison et fut décapité vers 165, sous le règne de Marc Aurèle, l'empereur philosophe auquel Justin lui-même avait adressé l'une de ses Apologies.

 

Ces deux œuvres, les deux Apologies et le Dialogue avec le juif Tryphon, sont les seules qui nous restent de lui. Dans celles-ci, Justin entend illustrer avant tout le projet divin de la création et du salut qui s'accomplit en Jésus Christ, le Logos, c'est-à-dire le Verbe éternel, la raison éternelle, la Raison créatrice. Chaque homme, en tant que créature rationnelle, participe au Logos, porte en lui le "germe" et peut accueillir les lumières de la vérité. Ainsi, le même Logos, qui s'est révélé comme dans une figure prophétique aux Juifs dans la Loi antique, s'est manifesté partiellement, comme dans des "germes de vérité", également dans la philosophie grecque. A présent, conclut Justin, étant donné que le christianisme est la manifestation historique et personnelle du Logos dans sa totalité, il en découle que "tout ce qui a été exprimé de beau par quiconque, nous appartient à nous chrétiens" (2 Apol. 13, 4).

 

De cette façon, Justin, tout en contestant les contradictions de la philosophie grecque, oriente de façon décidée vers le Logos toute vérité philosophique, en justifiant d'un point de vue rationnel la "prétention" de vérité et d'universalité de la religion chrétienne. Si l'Ancien Testament tend au Christ comme la figure oriente vers la réalité signifiée, la philosophie grecque vise elle aussi au Christ et à l'Evangile, comme la partie tend à s'unir au tout. Et il dit que ces deux réalités, l'Ancien Testament et la philosophie grecque, sont comme les deux voies qui mènent au Christ, au Logos. Voilà pourquoi la philosophie grecque ne peut s'opposer à la vérité évangélique, et les chrétiens peuvent  y  puiser  avec  confiance, comme à un bien propre. C'est pourquoi mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, définit Justin comme "pionnier d'une rencontre fructueuse avec la pensée philosophique, même marquée par un discernement prudent", car Justin, "tout en conservant même après sa conversion, une grande estime pour la philosophie grecque, affirmait avec force et clarté qu'il avait trouvé dans le christianisme "la seule philosophie sûre et profitable" (Dialogue, 8, 1), (Fides et ratio, n. 38).

 

Dans l'ensemble, la figure et l'œuvre de Justin marquent le choix décidé de l'Eglise antique pour la philosophie, la raison, plutôt que pour la religion des païens. Avec la religion païenne en effet, les premiers chrétiens refusèrent absolument tout compromis. Ils estimaient qu'elle était une idolâtrie, au risque d'être taxés "d'impiété et d'athéisme". Justin en particulier, notamment dans sa première Apologie, conduisit une critique implacable à l'égard de la religion païenne et de ses mythes, qu'il considérait comme des "fausses routes" diaboliques sur le chemin de la vérité. La philosophie représenta en revanche le domaine privilégié de la rencontre entre paganisme, judaïsme et christianisme précisément sur le plan de la critique contre la religion païenne et ses faux mythes. "Notre philosophie..." :  c'est ainsi, de la manière la plus explicite, qu'un autre apologiste contemporain de Justin, l'Evêque Méliton de Sardes en vint à définir la nouvelle religion (ap. Hist. Eccl. 4, 26, 7).

 

De fait, la religion païenne ne parcourait pas les voies du Logos mais s'obstinait sur celles du mythe, même si celui-ci était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance dans la vérité. C'est pourquoi le crépuscule de la religion païenne était inéluctable : il découlait comme une conséquence logique du détachement de la religion, réduite à un ensemble artificiel de cérémonies, de conventions et de coutumes, de la vérité de l'être. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent la prise de position nette de la foi chrétienne pour le Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C'était le choix pour la vérité de l'être, contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit le même choix des chrétiens avec la sentence lapidaire et toujours valable : Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem, cognominavit, le Christ a affirmé être la vérité, non la coutume" (De virgin. vle. 1, 1). On notera à ce propos que le terme consuetudo, ici employé par Tertullien en référence à la religion païenne, peut être traduit dans les langues modernes par les expressions "habitude culturelle", "mode du temps".

 

A une époque comme la nôtre, marquée par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion, tout comme dans le dialogue interreligieux, il s'agit là d'une leçon à ne pas oublier. Dans ce but, je vous repropose, et je conclus ainsi, les dernières paroles du mystérieux vieillard rencontré par le philosophe Justin au bord de la mer : "Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui accordent pas de comprendre" (Dial.  7, 3).

 

BENOÎT XVI

Audience Générale, 21 mars 2007 

 

Saint Justin

SAINT JUSTIN

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 15:00

L'Eglise n'accorde qu'un souvenir à cette illustre vierge dans l'Office d'aujourd'hui ; mais nous ne laisserons pas de lui rendre nos hommages. Au douze de ce mois nous avons fêté la noble Flavia Domitilla, décorée de la double palme de la virginité et du martyre ; Aurélia Pétronilla paraît avoir appartenu comme elle à la race impériale des Flaviens. Les plus antiques traditions nous la recommandent comme la fille spirituelle du Prince des Apôtres ; et si elle n'eut pas la fortune de répandre son sang pour la foi du Christ comme Domitilla, elle offrit à l'Epoux divin l'hommage suprême de la virginité.

 

De très anciens documents nous apprennent qu'ayant été demandée en mariage par un patricien de Rome du nom de Flaccus, elle réclama trois jours pour réfléchir à la proposition. Son refuge fut auprès du Seigneur auquel elle s'était vouée ; et Flaccus s'étant présenté le troisième jour, trouva le palais dans le deuil, avec tout l'appareil des solennelles funérailles que l'on préparait pour la jeune vierge qui s'était envolée comme la colombe aux approches de l'oiseleur.

 

Au VIIIe siècle, le pape saint Paul Ier retira des Catacombes le corps de sainte Pétronille, qui reposait au Cimetière de Domitilla, sur la voie Ardéatine. On le trouva renfermé dans un sarcophage de marbre, dont le couvercle était orné de dauphins aux quatre angles. Paul le déposa dans une petite église qu'il éleva près du flanc méridional de la basilique vaticane.

 

La France a professé longtemps une tendre vénération pour sainte Pétronille. Pépin le Bref fit transporter à Rome sa fille Gisèle qui venait de naître, demandant qu'elle reçût le baptême des mains du pape saint Paul Ier près du tombeau de la noble vierge. L'église bâtie par ce pontife fut longtemps appelée la Chapelle des rois de France. Louis XI la fit restaurer et la dota richement, et son fils Charles VIII lui donna de nouvelles marques de sa munificence. Cette église, où l'on remarquait de nombreuses sépultures françaises, fut détruite au XVIe siècle par suite des dispositions que nécessitait la construction de la nouvelle basilique de Saint-Pierre, et le corps de sainte Pétronille fut transféré sous l'un des autels de la partie occidentale de ce temple auguste. Il ne convenait pas que la dépouille mortelle de l'illustre vierge fût éloignée de la Confession du Prince des Apôtres qui l'avait initiée à la foi, et préparée pour les noces éternelles.

 

Nous associons votre triomphe à nos joies pascales, ô fille de Pierre ! nous vénérons à travers les siècles votre mémoire bénie. Vous avez dédaigné le monde avec ses délices et ses honneurs, et votre nom virginal se lit en tète des fastes de la sainte Eglise Romaine qui s'honore d'avoir été votre mère. Aidez-la maintenant de vos prières, et souvenez-vous aussi de la France, qui longtemps vous voua un culte fervent.

 

Protégez tous ceux qui vous implorent, et donnez-nous de célébrer avec un saint enthousiasme les solennités qui se multiplient en ces jours.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Mort de Sainte Pétronille par Pignoni

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 04:00

À Rouen, en 1431, sainte Jeanne d’Arc, vierge, appelée la pucelle d’Orléans, qui combattit avec force pour sa patrie, mais, livrée au pouvoir des ennemis et condamnée à mort par un tribunal ecclésiastique inique, malgré la simplicité de sa foi et son attachement à l’Église, elle mourut sur le bûcher à l’âge de dix-neuf ans.  
Martyrologe romain

 

1914 : Jeanne sauve une 2ème fois la France 

" A Jeanne d'Arc qui sauva deux fois la France. " Cette dédicace devait être apposée sur la façade de la basilique Sainte-Jeanne d'Arc construite à Paris, dans le 18ème arrondissement. Mais cette façade est restée inachevée, sans aucune inscription ni ornement.

 

Dans quelles circonstances Jeanne sauva-t-elle une deuxième fois la France et pourquoi cette église fut-elle bâtie en ce lieu et non pas ailleurs ? C'est toute une histoire. 

 

Le Vœu de 1914 

Il faut se reporter au début du mois de septembre 1914. Depuis près d'un mois, les combats font rage et, malgré tous les efforts, l'avancée allemande semble irrésistible. Le front se rapproche de plus en plus de Paris, transformé en camp retranché. Des dizaines de milliers de Parisiens fuient la ville, le général Gallieni fait miner les ponts sur la Seine pour retarder l'ennemi dans l'éventualité d'une bataille à travers la capitale. Le 2 septembre, le Gouvernement va se réfugier à Bordeaux. Le même jour, à Compiègne, les Allemands annoncent qu'ils seront à Paris le 4 septembre.

 

Le 4 septembre, les Allemands ne sont pas encore arrivés mais l'angoisse des Parisiens est à son comble. Ils ne savent pas que leur destin va basculer ce jour-là.

 

Ce 4 septembre, Mgr Odelin, vicaire général, célèbre la messe au Sacré-Cœur de Montmartre. Après la messe dans la chapelle des armées, dédiée à St Michel et à la bienheureuse Jeanne d'Arc, il fait vœu d'élever une église à Jeanne d'Arc, à Paris, si la capitale est épargnée. Il s'agit d'un vœu conditionnel fait au nom du cardinal absent. L'intention de Mgr Odelin est de soumettre ce vœu à l'approbation de l'archevêque de Paris, dès son retour de Rome où il est retenu par le conclave qui élit Benoît XV.

 

Or, le jour même où ce vœu est formulé, surviennent deux événements extraordinaires, imprévus et simultanés  :

- Au lieu de continuer à avancer droit sur Paris, vers une victoire presque assurée, le général von Klück se détourne de la capitale et oblique vers l'est, vers les bords de la Marne où il va se faire battre. Cette énorme erreur stratégique est encore mal expliquée.

 

- Le soir de ce 4 septembre, le général Gallieni ordonne à la 6ème armée la manœuvre hardie, l'offensive sur l'Ourcq, qui déclenche la bataille de la Marne. Dans la situation militaire où l'on se trouvait et dans l'état où était l'armée française, il paraissait impensable de pouvoir lancer une telle attaque. Le futur vaincu de la Marne, le général von Klück, a déclaré : "Que des hommes ayant reculé pendant quinze jours, que des hommes couchés par terre et à demi-morts de fatigue puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c'est une chose avec laquelle nous autres Allemands n'avions jamais appris à compter : c'est là une possibilité dont il n'a jamais été question dans nos écoles de guerre."

 

La bataille de la Marne commence le lendemain. Les combats sont acharnés et, le jour suivant, le 6 septembre, le général Joffre lance son fameux ordre du jour : "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l'ennemi. Une troupe qui ne pourra plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer."

 

Ce dimanche 6 septembre, les paroissiens de Saint-Denys de la Chapelle (Paris 18ème) célèbrent le 485ème anniversaire du passage de Jeanne d'Arc en ce lieu. L'abbé Margand, ancien vicaire de cette paroisse devenu curé de Sainte-Geneviève dans la Plaine Saint Denis, prêche après les Vêpres. Au cours de son sermon, il s'écrie : "De même qu'en 1870 on a fait vœu d'élever la Basilique du Sacré-Cœur, prenons l'engagement solennel d'élever en ce lieu une basilique à Jeanne d’Arc si Paris n'est pas touché par les armées allemandes". Alors, chose inouïe à l'époque, toute l'assistance explosa en applaudissements prolongés. Le Figaro du lendemain relata le fait, en ajoutant : "C'est un engagement d'honneur, Paris voudra le tenir". Ce 6 septembre, jour où le vœu est ainsi renouvelé, l'attaque menée par des soldats pourtant écrasés de fatigue s'avère payante : pour la première fois depuis un mois, la ruée allemande est stoppée.

 

Dans la nuit du 6 au 7 septembre, le commandant du camp retranché de Paris, le général Gallieni, envoie plus de 4000 hommes prendre part à la bataille. Des centaines de taxis parisiens, des omnibus et des voitures de maîtres sont réquisitionnés et, dans un long cortège, ils vont rejoindre la ligne de feu sur le front de la Marne.

 

Le 8 septembre, anniversaire du jour où Jeanne d'Arc attaqua Paris occupé par les Anglo-Bourguignons, le mot de passe transmis aux troupes est "Jeanne d'Arc" ! Ce mot, synonyme d'audace et de courage, galvanise davantage encore les énergies. Ce jour, l'ennemi se replie en direction de la Marne. La 6ème armée progresse de 15 km vers l'est, et le renversement de la situation apparut à tous une chose si merveilleuse et inespérée que l'on commença à parler du "Miracle de la Marne". Le succès s'amplifie les jours suivants, jusqu'au communiqué de Joffre du 13 septembre : "Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout l'ennemi est en retraite. Partout les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées surexcitées par le succès exécutent une poursuite sans exemple par son extension. Le gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée." La victoire de la Marne est acquise, mais la bataille continue sur un front de 180 km et la guerre est loin d'être gagnée.

 

Ce même dimanche 13 septembre 1914, le cardinal Amette présidait à Notre-Dame de Paris la procession des reliques des saints de France. Trente mille fidèles se pressaient dans la cathédrale, sur le parvis et dans les rues avoisinantes. Son Eminence invita ses diocésains à persévérer dans la prière pour le salut de la Patrie. 

 

L'adversaire essayait de se ressaisir et un retournement de la situation était toujours à craindre. A la fin de la cérémonie, l'Archevêque de Paris monta en chaire et il confirma explicitement le vœu : "Depuis le commencement de la guerre, plusieurs ont exprimé la pensée de promettre par vœu l'érection d'une église à Jeanne d'Arc, dans la capitale, pour obtenir la victoire. Nous avons devancé ce désir puisque depuis plusieurs années déjà, nous avons résolu de construire à Paris une église à Jeanne d’Arc. Eh bien, aujourd'hui, je fais vœu de poursuivre au plus tôt la construction de cette église et de la dédier à la bienheureuse Jeanne d'Arc, en ex-voto commémoratif pour le salut et le triomphe de la France."

 

La bataille de la Marne écarta la menace allemande sur la capitale et, durant les quatre années de guerre, Paris fut à l'abri des combats. Satisfaction avait donc été obtenue. Fut-ce grâce à une intervention surnaturelle ? En d'autres termes, doit-on voir une relation de cause à effet entre le vœu à Jeanne d'Arc et la protection de Paris ? L'Eglise a répondu par l'affirmative. Voici ce que déclarait le cardinal Feltin dans l'homélie qu'il prononça le 10 mai 1964, le jour de la consécration de la basilique résultant du vœu de 1914 :

" On put constater que, dans le même temps où se faisait cette promesse solennelle, pour des raisons qui nous sont inconnues, les plans de l'armée allemande se modifiaient et au lieu de poursuivre sa marche vers Paris, cette première armée s'orientait vers l'est. Sans doute espérait-elle envelopper toute notre armée française ; c'était ainsi un combat dans le Nord-est. Mais cette manœuvre a été le moment de stabilité : c'est le début de la bataille de la Marne. C'est là qu'a commencé ce que l'on a justement appelé le «miracle de la Marne». Car s'il est vrai que cette victoire ainsi remportée ait été présage de celle qui viendrait après quatre années de vie passées en tranchées, s'il est vrai que cette victoire, dis-je, est due à la valeur des chefs et à la vaillance des soldats, on peut bien constater qu'elle est aussi le résultat d'une protection particulière du Ciel, et pourquoi ne pas le dire, de sainte Jeanne d'Arc, puisque c'est depuis ce moment-là qu'il y a eu changement dans nos attitudes de guerre."

 

A quel endroit édifier l'église votive ? 

Le curé de Saint-Denys de la Chapelle, l'abbé Georges Derroite, souhaitait ardemment que la basilique dédiée à Jeanne d'Arc soit construite dans sa paroisse, près de l'église où Jeanne pria et communia en 1429. Mais, lorsque au début des années 20, le diocèse décida d'entreprendre la réalisation du vœu, le projet était de construire cette basilique près de la place Dupleix (15ème arrondissement), sur un terrain acquis à cet effet ; mais un beau jour de 1922, l'abbé Derroite eut la surprise d'apprendre que ce projet ne pourrait pas être mené à bien : la Ville de Paris venait de frapper ce terrain de servitude pour y ouvrir une nouvelle rue. Le diocèse devrait donc trouver un autre emplacement.

 

Pour notre curé, c'était un signe très clair : Jeanne d'Arc ne voulait pas être honorée dans le 15ème arrondissement, où elle n'est jamais allée. Elle ne voudrait pas plus d'une église ailleurs dans Paris puisque, de son vivant, elle n'a jamais pu entrer dans cette ville. Le seul emplacement convenable, c'était La Chapelle, ce village où elle a logé en 1429, lorsqu'elle lança un assaut infructueux contre la capitale, et où on la ramena, blessée par un tir anglais. La construction de la basilique à La Chapelle aurait aussi l'avantage de procurer au quartier une protection et des grâces particulières, par l'intercession de la sainte.

 

Le curé s'empressa de multiplier les démarches et d'intervenir auprès de l'archevêque qu'il parvint à convaincre. Le 1er décembre 1922, il rencontra le cardinal, Mgr Dubois, qui lui fit part de sa décision : la basilique sera édifiée à La Chapelle, à charge, pour le curé, de trouver un terrain. L'exploration des ressources du quartier allait commencer, quand il apprit que le terrain attenant à l'église Saint-Denys était mis en vente. C'était manifestement un nouveau signe car l'emplacement était idéal : la sainte voulait être honorée ici. Il imagina aussitôt l'édification d'une basilique remplaçant ou englobant la vieille petite église gardienne du souvenir de Jeanne d'Arc.

 

Le terrain devait être mis en vente aux enchères le 28 décembre 1922. Il ne fallait pas qu'il échappât à la paroisse. Pour mettre toutes les chances de son côté, l'abbé Derroitte fit le vœu de se rendre avec ses paroissiens en pèlerinage à Lourdes s'il parvenait à l'acheter. Pour solenniser ce vœu, il le mit par écrit et confia ce document à une personne qui devait le déposer à Lourdes, dans la grotte des apparitions, le 28 décembre, jour de la vente. L'abbé pouvait alors attendre sereinement ce jour fatidique.

 

Stupeur : au jour dit, la vente n'a pas lieu ! Mais notre curé n'est pas homme à se laisser abattre. "Le coup fut dur, écrit-il. Pourtant nous ne perdîmes pas courage, considérant comme impossible que la Sainte Vierge ait choisi le jour même de notre plus grande espérance pour nous désespérer". Il entreprend des négociations, qu'il qualifie de "laborieuses", avec les vendeurs du terrain et ils parviennent à un accord, sans passer par des enchères. La promesse de vente est signée le 11 février 1923. Or ce jour, et ce n'était pas un hasard pour le curé, est celui de la fête de Notre-Dame de Lourdes : il savait bien que Marie ne l'abandonnerait pas et n'abandonnerait pas Jeanne d'Arc qui voulait être honorée en ce lieu.

 

Le soir même, il écrit à ses paroissiens pour leur annoncer la nouvelle en laissant exploser sa joie : 

" Chers Paroissiens,

" C'est un fait accompli. Aujourd'hui, 11 février, fête de l'Apparition de la Sainte Vierge à Lourdes, nous sommes autorisés à vous annoncer que le vœu fait en notre nom le 28 décembre dernier à Lourdes même est réalisé, que Son Eminence le Cardinal Dubois, Archevêque de Paris, ému de l'état de l'église Saint-denys de la Chapelle, ayant considéré ses titres historiques à devenir le sanctuaire parisien de Sainte Jeanne d'Arc, touché de votre exceptionnelle dévotion envers la sainte héroïne de la Patrie, son Conseil consulté et tous les obstacles ayant disparu, a décidé que l'église Saint-Denys de la Chapelle serait restaurée sous le vocable de Sainte Jeanne d'Arc, et le serait par la piété du diocèse tout entier, en exécution du vœu fait par Monseigneur Amette en 1914, exécution qu'avait retardée la guerre et que rend plus que jamais pressante la Victoire. 

" Réjouissez-vous et publiez-en la nouvelle. Il n'est personne qui doive rester insensible à cet événement d'une portée matérielle et morale incalculable. Sainte-Jeanne est à nous ! La seconde patronne de la France, celle qui après Marie, veille sur les destinées de la Patrie, est à nous ! Sa protection souveraine nous est un gage certain de prospérité et de grandeur.

" Mais nous développerons ces pensées plus tard. Il n'y a de place à l'heure présente que pour la joie et l'action de grâces. Tous les Parisiens et même tous les Français doivent les partager.

" Il convenait divinement que la Patronne de la France eût une église dans la Capitale, que cette église témoignât de son final triomphe et de son entrée dans Paris sur les lieux même qui n'avaient gardé jusqu'alors que le triste souvenir de son échec, qu'il fût enfin le sanctuaire même où elle avait si saintement prié, communié, pris et repris courage. Demain tout le monde dira : c'est bien ainsi. Ce n'en est pas moins un vrai miracle.

" Que Dieu soit béni ! Vive la Chapelle ! Vive Sainte Jeanne d'Arc ! "

 

Le cardinal Dubois informe officiellement les Parisiens dans une Lettre Pastorale datée du 1er mai 1923, en justifiant le choix de ce lieu : "Ne vaut-il pas mieux choisir, pour consacrer religieusement la mémoire de la Pucelle, un des endroits jadis voisins de la ville et aujourd'hui enfermés dans ses murs, là où elle a passé, séjourné, prié, communié, souffert ? Tous les historiens sont d'accord pour dire que Saint-Denys de la Chapelle a eu l'insigne honneur de recevoir Jeanne d'Arc. En vérité, ce lieu est sacré, il mérite de devenir pour tous les Parisiens, pour tous les Français, un lieu de pèlerinage patriotique et religieux. Notre projet d'y élever une basilique favorisera ce pèlerinage. Il ne s'agit pas de démolir l'église actuelle de Saint-Denys de la Chapelle et de la remplacer par une autre église. Rien de ce qui rappelle le souvenir de Jeanne ne devra disparaÎtre: la nouvelle église, ex-voto de notre victoire, la conservera comme une relique."

 

Le curé de La Chapelle peut alors entreprendre son pèlerinage d'action de grâces à Lourdes. Il avait si bien sensibilisé ses paroissiens à l'importance de l'enjeu qu'ils furent nombreux à j'accompagner. Il leur écrit le 31 mai 1923 :

" Dans quelques jours nous serons à Lourdes, fidèles au vœu que nous avons fait d'y aller en pèlerinage, si nous avions le bonheur de voir notre rêve accompli. Il nous tarde de partir. Notre cœur, gonflé de reconnaissance, est impatient de remercier la Vierge Marie du miracle qu'elle a fait en notre faveur. Car c'est miracle qu'on ait décidé d'édifier, chez nous, sur les pauvres restes de notre église, la basilique de Sainte Jeanne d'Arc.

" Quel événement ! Quelle grâce ! Comme il convient de ne faire qu'un cœur, et le plus grand des cœurs pour exprimer notre gratitude ! 

" Nous, heureux pèlerins, nous ferons en sorte de l'exprimer avec effusion au nom de tous ; nous tâcherons, par elle, d'attirer sur la paroisse de nouveaux bienfaits et d'obtenir les miracles qui sont encore nécessaires pour mener à bonne fin l’œuvre immense qui reste à faire.

" Nous voudrions emmener toute la Paroisse. Force nous est de nous contenter d'une simple délégation. Du reste, elle sera fort convenable. Nous serons plus de quatre-vingt, groupés et marchant derrière la bannière de Jeanne d'Arc. Tous les âges et toutes les conditions seront représentés. Plusieurs malades nous accompagnent et parmi les malades les pauvres n'ont pas été oubliés. Espérons qu'ils seront guéris. 

" Quant à vous, chers Paroissiens, vous à qui le devoir impose le sacrifice de rester à Paris, croyez que vous ne serez pas oubliés. Nous emportons vos nécessités, vos requêtes, vos préoccupations de toutes sortes. Nous recommanderons à la Sainte Vierge vos familles, vos enfants, la santé et le bonheur de tous ceux que vous aimez. Nous avons grande confiance de revenir les mains pleines de bénédictions pour tous. Soyez, vous aussi, vous-mêmes, très unis à distance par la pensée et la prière."

 

Il va falloir maintenant financer et construire la basilique, en prenant modèle, écrit-il "sur la petite Bernadette qui, malgré sa faiblesse, n'a pas désespéré de couronner le rocher de Massabielle de la basilique qu'on y admire."

 

L'entreprise fut ardue et c'est seulement en 1964, cinquante ans après le vœu, que l'édifice put être consacré. Sa grande taille (1000 places assises) devait lui permettre d'accueillir des foules. Mais, aujourd'hui, un seul groupe y vient en pèlerinage : les membres de notre association, le jour de la fête nationale de Jeanne d'Arc. Mais ça, c'est une autre histoire...

 
Jacques FRANCOIS

Association Universelle des Amis de Jeanne d'Arc 

 

Basilique Sainte Jeanne d'Arc et Saint Denys de la Chapelle

La Basilique Sainte Jeanne d'Arc et l'église Saint Denys de La Chapelle à Paris XVIIIe

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 04:00

À Paris, en 576, saint Germain, évêque. D’abord abbé de Saint-Symphorien d’Autun, puis appelé au siège épiscopal de Paris, il conserva son mode de vie monastique en exerçant avec fruit sa tâche de pasteur, charitable envers les pauvres et veillant à la fondation du monastère de la Sainte-Croix, où il fut enterré et qui prit son nom, l'église et le monastère de Saint-Germain des Prés.
Martyrologe romain 

 

l'église Saint-Germain-des-Prés 

L'église et le monastère de Saint-Germain des Prés remontent, comme l'église cathédrale de Notre-Dame dans la Cité, et comme l'église collégiale de Saint-Germain-l'Auxerrois sur la rive droite, aux plus anciennes époques de la monarchie mérovingienne, c'est-à-dire à Childebert Ier et à Ultrogothe, sa femme, qui régnèrent à Paris de 511 à 538.

 

Childebert, revenant d'une expédition contre les Wisigoths, rapporta d'Espagne comme trophées de sa victoire la tunique de saint Vincent, une croix d'or et de pierreries conquises à Tolède, et des vases qui passaient pour avoir appartenu à Salomon. Par le conseil de saint Germain, évêque de Paris, il construisit, pour recevoir et garder les saintes reliques, une église et un monastère à l'extrémité occidentale des jardins dépendant du palais des Thermes. Le jour même de la mort de Childebert, en 558, saint Germain dédia la nouvelle église sous le titre de Sainte-Croix et de Saint-Vincent, et il y fut lui-même inhumé lorsqu'il mourut en 596.

 

Bientôt l'abbaye de Saint-Vincent ne porta plus d'autre nom que celui de Saint Germain, et devint la sépulture des rois, des princes et des reines de la dynastie mérovingienne. L'abbaye demeura longtemps isolée sur le versant méridional du petit Pré aux Clercs ; les hautes murailles élevées autour du couvent en 1239 par Simon, abbé de Saint-Germain, devinrent en 1368 de véritables fortifications par ordre de Charles V, qui, en guerre avec les Anglais, craignait une surprise de leur part contre les faubourgs de Paris ; en même temps fut creusé un petit canal large de huit à onze toises et profond de cinq toises, qui mettait les fossés de l'abbaye en communication avec la Seine. Ce canal, appelé la petite Seine ou la Noue, et qui séparait le petit Pré aux Clercs du grand, comblé vers le milieu du XVIe siècle, devint ensuite la rue des Petits-Augustins, puis la rue Bonaparte.

 

A la même époque, l'enceinte de l'abbaye, qui s'étendait sur la rue de l'Échaudé à l'est, la rue Sainte-Marguerite (Gozlin) au midi, la rue Saint-Benoît à l'ouest, et la rue Jacob au nord, fut démantelée, et les terrains qu'elle circonscrivait se couvrirent rapidement de constructions privées. Deux des anciennes portes par lesquelles on y pénétrait, celles de Sainte-Marguerite et de Saint-Benoît, subsistaient encore au XIXe siècle ; elles ont été emportées, ainsi que les rues d'Erfurt, de Childebert et Sainte-Marthe, qui dessinaient une sorte de cloître autour de la place Saint-Germain des Prés, par le percement de la rue de Rennes.

 

Il ne reste de l'abbaye et de ses dépendances que des fragments épars ; enfin, l'église elle-même, privée des sépultures mérovingiennes qui, après avoir été violées et dispersées, se trouvent aujourd'hui réunies dans les caveaux de l'abbaye de Saint-Denis, a été cruellement mutilée. Trois fois brûlée et ruinée par les Normands, elle fut rebâtie aux frais du roi Robert dans les premières années du XIe siècle (1001 à 1014), quoiqu'elle n'eût été achevée que longtemps après. Le pape Alexandre III en fit la dédicace le 21 août 1163 ; elle demeure, dans ses parties les plus anciennes, plus âgée d'environ deux siècles que Notre-Dame de Paris.

 

Le plan de ce vénérable sanctuaire est une croix latine dont les croisillons ou transepts sont extrêmement courts relativement à la longueur de la nef, 21 mètres sur 65 ; sa hauteur est de 19 mètres. La nef, accompagnée de bas côtés, se partage dans sa longueur en cinq travées ; elle a été refaite, depuis l'abbé Morard, son premier constructeur, sous Robert II, d'abord en 1644, puis de 1820 à 1824, et restaurée encore une fois sous Napoléon III ; les chapiteaux qui soutiennent les arcs latéraux de la nef ont été refaits pour la plupart sur le modèle des anciens, qui sont conservés, au nombre de douze, dans la grande salle du palais des Thermes.

 

Le choeur a gardé intact le style du XIIe siècle, époque de transition, où le cintre et l'ogive se trouvent en présence. Au-dessus du choeur règne une galerie dont les baies sont supportées par des colonnes presque toutes en marbres rares et les autres en pierres ; leurs chapiteaux sont admirés des connaisseurs ; ils représentent le plus étrange fouillis de têtes humaines, de lions, de harpies, de branches de feuillages et d'oiseaux. La nef, entre le porche d'entrée et le transept, n'est éclairée que par les hautes fenêtres percées dans le mur du midi, tandis que la muraille du nord est pleine, les jours, s'il en exista jamais de ce côté, étant bouchés par l'une des ailes non démolies de l'ancien cloître, qui s'applique exactement au côté gauche de l'église.

 

A l'intérieur de Saint-Germain des Prés, on voit, dans une chapelle de gauche le tombeau du roi de Pologne Jean-Casimir Sobieski, mort abbé de Saint-Germain des Prés en 1672 ; dans une chapelle de droite le tombeau d'Olivier et Louis de Castellan, tués au service de Louis XIV ; un peu plus loin, la chapelle des Douglas, princes d'Écosse. Une double plaque de marbre noir, érigée en 1819 par les soins de l'Académie française, renferme les épitaphes de Boileau, de Descartes, du P. Mabillon et du P. Montfaucon, dont les restes, recueillis par Alexandre Lenoir au Musée des Petits-Augustins, furent déposés à Saint-Germain des Prés après la suppression du musée.

 

Au cours de sa dernière restauration, l'église entière, depuis la voûte jusqu'aux murailles, a été peinte de diverses couleurs, sous la direction de l'architecte Baltard ; cette décoration polychrome s'applique même aux colonnes, dont les chapiteaux sont dorés. Tout autour du chœur et de la nef, Hippolyte Flandrin, le plus célèbre des élèves d'Ingres, a peint à la cire une suite de compositions tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament.

 

Cet artiste distingué, et pénétré de la foi chrétienne qui guidait ses pinceaux, mourut en 1864 avant d'avoir complété son oeuvre en peignant les croisillons du transept ; Alexandre Hesse et Sébastien Cornu ont achevé cette partie de la décoration générale. Un monument en marbre blanc, exécuté par le sculpteur Oudiné, surmonté du buste d'Hippolyte Flandrin, a été érigé par ses admirateurs et ses amis dans le bas côté septentrional, qui n'a ni fenêtres ni chapelles.

 

Saint-Germain des Prés ne possède plus un seul vitrail ancien ; les fenêtres sont garnies de verres légèrement teintés qui n'arrêtent pas la lumière ambiante. C'est une surprise toujours nouvelle, pour les visiteurs habitués à voir les vitraux des églises catholiques réfléchir les rayons colorés sur des murailles blanches et nues, d'apercevoir l'effet inverse dans l'église de Saint-Germain des Prés, où les fenêtres versent la lumière blanche sur des murailles colorées.

 

A l'extérieur, la vieille église s'annonce par un porche mesquin, construit au XVIIe siècle et surmonté d'une grosse tour carrée ; à son plus haut étage, deux baies cintrées du XIIe siècle, accompagnées de colonnes, s'ouvrent sur chacune de ses quatre faces et laissent échapper les vibrations de ses cloches sonores ; terminée par une haute flèche couverte en ardoises, la tour de Saint-Germain des Prés, avec ses arceaux romans, domine majestueusement cette région de Paris, qui est née et s'est développée sous son ombre. Un souvenir curieux s'y rattache : le 2 novembre 1589, Henri IV, assiégeant Paris, monta au sommet de la tour, accompagné d'un seul religieux, pour examiner la situation de la ville ; il fit ensuite le tour du cloître sans entrer dans l'église, et se retira sans dire un mot.

 

Dans les angles du choeur et du transept, on aperçoit à droite, du côté du boulevard Saint-Germain, et à gauche, du côté de la rue de l'Abbaye, deux masses carrées, s'arrêtant à la naissance de la voûte : c'est la base des deux autres tours, qui donnaient une physionomie originale à Saint Germain des Prés et l'avaient fait surnommer l'église aux trois clochers ; elles ont été détruites en 1822, sous Louis XVIII, "par économie", afin d'épargner les frais de leur restauration ; et si on les a laissées subsister dans leur partie inférieure, c'est qu'elles ont paru nécessaires comme appui de l'église.

 

Le côté nord de celle-ci est isolé par une rue dite de l'Abbaye, ouverte en l'an VIII à travers le magnifique cloître dont il ne subsiste plus que l'aile droite, appuyée à l'aile gauche de l'église. Au bout de la rue de l'Abbaye, derrière le choeur de l'église, s'élève le palais abbatial construit vers 1586 par le cardinal de Bourbon. On admire son imposante façade, en briques et pierres, décorée de refends, de pilastres et de frontons ; au sommet du pavillon de gauche, une femme assise tient un écusson aux armes du fondateur.

 

Le palais abbatial est habité depuis longtemps par l'industrie privée. Au droit du palais abbatial, une courte et large rue descend de la rue de l'Abbaye à la rue Jacob. Ouverte en 1699, elle porte le nom du cardinal de Furstenberg, qui fut abbé de Saint-Germain des Prés. Elle était encadrée originairement par les communs du palais ; la grande maison n° 6 en conserve la livrée architecturale, briques et pierres. Habitée par des artistes, et renfermant des ateliers spacieux, elle a vu mourir le grand peintre Eugène Delacroix (aujourd'hui -2011- musée Eugène Delacroix).

 

L'aile occidentale du cloître renfermait la bibliothèque de Saint-Germain des Prés, la plus considérable de Paris en ce temps-là, et qui était ouverte au public ; commencée par le P. du Breul, l'historien des Antiquités de Paris, elle avait reçu par dons testamentaires les bibliothèques du médecin Noël Vaillant, de l'abbé Baudran, de l'abbé Jean d'Estrées, de l'abbé Renaudot, du chancelier Séguier, du cardinal de Gesvres, du conseiller d'État de Harlay, et de M. de Coislin ; ensemble cent mille volumes imprimés et vingt mille manuscrits, qui ont été versés à la Bibliothèque nationale.

 

De l'autre côté du palais abbatial, en marge du boulevard Saint-Germain, sur la face occidentale de la place Gozlin, s'élevait la prison de l'Abbaye, témoin des massacres du 2 septembre 1792 ; avant la Révolution, elle était particulièrement affectée aux gardes françaises ; plus lard, elle reprit cette destination, généralisée aux soldats de toutes armes, jusqu'à l'époque où les anciens bâtiments du couvent du Bon-Pasteur, rue du Cherche-Midi, furent convertis en prison militaire. Devant la prison de l'Abbaye s'élevait le pilori, signe visible de la justice seigneuriale qui appartenait aux abbés sur tout le bourg Saint-Germain ; et devant le pilori s'ouvrait la rue de la Foire, devenue rue de Bissi, aujourd'hui rue Montfaucon.

 

La rue de Bissi semblait continuer la rue de Buci, de l'autre côté du boulevard Saint-Germain actuel, de là des confusions fréquentes. Au XVe siècle, la foire Saint-Germain tenait directement au petit jardin du presbytère de l'église Saint-Sulpice ; le marché en est aujourd'hui séparé par la rue Saint-Sulpice, ouverte dans sa partie orientale par le cardinal abbé de Bourbon dont elle porta longtemps le nom, tandis que la partie occidentale débouchant sur la place Saint-Sulpice s'appela rue de l'Aveugle, puis des Aveugles, en souvenir d'un riche aveugle qui possédait en 1595 plusieurs maisons en bordure de l'église, et que celle-ci racheta plus tard à ses héritiers.

 

Henri Gourdon De Genouillac, Paris à travers les siècles, Histoire nationale de Paris et des Parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu'à nos jours, 1879, Paris 

Paris à travers les siècles 

> lecture sur 'Open Library' 

 

métro Saint-Germain-des-Prés

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 04:00

Quatre cents ans étaient à peine écoulés, depuis le départ d'Eleuthère pour la patrie céleste, qu'un second apôtre de la grande île britannique s'élevait de ce monde, au même jour, vers la gloire éternelle. La rencontre de ces deux pontifes sur le cycle est particulièrement touchante, en même temps qu'elle nous révèle la prévoyance divine qui règle le départ de chacun de nous, en sorte que le jour et l'heure en sont fixés avec une sagesse admirable. Plus d'une fois nous avons reconnu avec évidence ces coïncidences merveilleuses qui forment un des principaux caractères du cycle liturgique. Aujourd'hui, quel admirable spectacle dans ce premier archevêque de Cantorbéry, saluant sur son lit de mort le jour où le saint pape à qui l'Angleterre doit la première prédication de l'Evangile, monta dans les cieux, et se réunissant à lui dans un même triomphe ! Mais aussi qui n'y reconnaîtrait un gage de la prédilection dont le ciel a favorisé cette contrée longtemps fidèle, et devenue depuis hostile à sa véritable gloire ?

 

L'œuvre de saint Eleuthère avait péri en grande partie dans l'invasion des Saxons et des Angles, et une nouvelle prédication de l'Evangile était devenue nécessaire. Rome y pourvut comme la première fois. Saint Grégoire le Grand conçut cette noble pensée ; il eût désiré assumer sur lui-même les fatigues de l'apostolat dans cette contrée redevenue infidèle ; un instinct divin lui révélait qu'il était destiné à devenir le père de ces insulaires, dont il avait vu quelques-uns exposés comme esclaves sur les marchés de Rome. Mais du moins il fallait à Grégoire des apôtres capables d'entreprendre ce labeur auquel il ne lui était pas donné de se livrer en personne. Il les trouva dans le cloître bénédictin, où lui-même avait abrité sa vie durant plusieurs années. Rome alors vit partir Augustin à la tête de quarante moines se dirigeant vers l'île des Bretons, sous l'étendard de la croix.

 

Ainsi la nouvelle race qui peuplait cette île recevait à son tour la foi par les mains d'un pape ; des moines étaient ses initiateurs à la doctrine du salut. La parole d'Augustin et de ses compagnons germa sur ce sol privilégié. Il lui fallut, sans doute, du temps pour s'étendre à l'île tout entière ; mais ni Rome, ni l'ordre monastique n'abandonnèrent l'œuvre commencée ; les débris de l'ancien christianisme breton finirent par s'unir aux nouvelles recrues, et l'Angleterre mérita d'être appelée longtemps l'île des saints.

 

Les gestes de l'apostolat d'Augustin dans cette île ravissent la pensée. Le débarquement des missionnaires romains qui s'avancent sur cette terre infidèle en chantant la Litanie ; l'accueil pacifique et même bienveillant que leur fait dès l'abord le roi Ethelbert ; l'influence de la reine Berthe, française et chrétienne, sur l'établissement de la foi chez les Saxons ; le baptême de dix mille néophytes dans les eaux d'un fleuve au jour de Noël, la fondation de l'Eglise primatiale de Cantorbéry, l'une des plus illustres de la chrétienté par la sainteté et la grandeur de ses évêques : toutes ces merveilles montrent dans l’évangélisation de l'Angleterre un des traits les plus marqués de la bienveillance céleste sur un peuple.

 

Le caractère d'Augustin, calme et plein de mansuétude, son attrait pour la contemplation au milieu de tant de labeurs, répandent un charme de plus sur ce magnifique épisode de l'histoire de l'Eglise ; mais on a le cœur serré quand on vient à songer qu'une nation prévenue de telles grâces est devenue infidèle à sa mission, et qu'elle a tourné contre Rome, sa mère, contre l'institut monastique auquel elle est tant redevable, toutes les fureurs d'une haine parricide et tous les efforts d'une politique sans entrailles.

 

Nous donnons ici le récit liturgique de la vie du saint apôtre : 

Augustin, moine du monastère de Latran à Rome, fut envoyé par Grégoire le Grand en Angleterre pour convertir à Jésus-Christ les peuples de cette contrée. Environ quarante moines de sa communauté l'accompagnaient. C'était en l'année cinq cent quatre-vingt dix-sept. Le très puissant Ethelbert, alors roi de Kent, ayant appris la cause de l'arrivée d'Augustin, l'invita à venir à Cantorbéry, métropole de son royaume, et lui accorda gracieusement la faculté d'y demeurer et de prêcher Jésus-Christ. Le saint construisit donc près de Cantorbéry un oratoire où il se fixa quelque temps et s'efforça d'imiter avec les siens la vie apostolique.

 

L'exemple de sa vie, la doctrine céleste qu'il prêchait et qu'il confirmait par beaucoup de miracles, adoucirent tellement le caractère de ces insulaires,qu'il amena la plupart d'entre eux à la loi chrétienne, et enfin le roi lui-même,qu'il régénéra dans la fontaine sacrée avec un nombre considérable des gens de sa suite. Berthe, l'épouse royale, qui était chrétienne, s'en réjouit grandement. Un jour de Noël, il administra le baptême à plus de dix mille personnes dans les eaux de la rivière d'York ; et l'on raconte que tous ceux de ces néophytes qui étaient atteints de quelque maladie, reçurent en cette circonstance la santé de leurs corps avec le salut de leurs âmes.

 

Ordonné évêque par le commandement de Grégoire, il établit son siège à Cantorbéry, dans l'Eglise du Sauveur qu'il avait bâtie, et il y plaça une partie des moines qui l'aidaient dans ses travaux. Il fonda ensuite dans les faubourgs le monastère de Saint-Pierre, qui plus tard fut appelé du nom d'Augustin lui même. Le même Grégoire lui accorda l'usage du pallium et les pouvoirs nécessaires pour établir la hiérarchie ecclésiastique en Angleterre, en même temps qu'il lui envoyait un nouveau renfort d'ouvriers, savoir Mellitus, Justus, Paulin et Rufinien.

 

Ayant réglé les affaires de cette Eglise, Augustin tint un concile avec les évêques et les docteurs des anciens Bretons, qui étaient depuis longtemps en désaccord avec l'Eglise Romaine dans la célébration de la Pâque et sur plusieurs autres rites. Mais comme ils refusaient de se rendre et à l'autorité du Siège Apostolique, et aux miracles qu'il faisait pour les ramener à la concorde, inspiré par un esprit prophétique, Augustin leur prédit les désastres qui les attendaient.

 

Enfin, après avoir accompli les plus grands travaux pour Jésus-Christ, illustré par ses miracles, ayant préposé Mellitus à l'Eglise de Londres, Justus à celle de Rochester, Laurent à la sienne, il passa au ciel le sept des calendes de juin, sous le règne d'Ethelbert.

 

On l'ensevelit au monastère de Saint-Pierre, qui devint par la suite le lieu de sépulture des archevêques de Cantorbéry et de plusieurs rois. Les peuples d'Angleterre lui rendirent un culte fervent ; et le Souverain Pontife Léon XIII a étendu son Office et sa Messe à toute l'Eglise.

 

 Vous êtes, ô Jésus ressuscité, la vie des peuples, comme vous êtes la vie de nos âmes. Vous appelez les nations à vous connaître, à vous aimer et à vous servir; car "elles vous ont été données en héritage" (Psalm. II.), et vous les possédez tour à tour. Votre amour vous inclina de bonne heure vers cette île de l'Occident que, du haut de la croix du Calvaire, votre regard divin considérait avec miséricorde. Dès le deuxième siècle, votre bonté dirigea vers elle les premiers envoyés de la parole ; et voici qu'à la fin du sixième, Augustin, votre apôtre, délégué par Grégoire, votre vicaire, vient au secours d'une nouvelle race païenne qui s'est rendue maîtresse de cette île appelée à de si hautes destinées.

 

Vous avez régné glorieusement sur cette région, ô Christ ! Vous lui avez donné des pontifes, des docteurs, des rois, des moines, des vierges, dont les vertus et les services ont porté au loin la renommée de l'Ile des saints ; et la grande part d'honneur dans une si noble conquête revient aujourd'hui à Augustin, votre disciple et votre héraut.

 

Votre empire a duré longtemps, ô Jésus, sur ce peuple dont la foi fut célèbre dans le monde entier ; mais, hélas ! des jours funestes sont venus, et l'Angleterre n'a plus voulu que vous régniez sur elle, et elle a contribué à égarer d'autres nations soumises à son influence. Elle vous a haï dans votre vicaire, elle a répudié la plus grande partie des vérités que vous avez enseignées aux hommes, elle a éteint la foi, pour y substituer une raison indépendante qui a produit dans son sein toutes les erreurs. Dans sa rage hérétique, elle a foulé aux pieds et brûlé les reliques des saints qui étaient sa gloire, elle a anéanti l'ordre monastique auquel elle devait le bienfait du christianisme, elle s'est baignée dans le sang des martyrs, encourageant l'apostasie et poursuivant comme le plus grand des crimes la fidélité à l'antique foi.

 

En retour, elle s'est livrée avec passion au culte de la matière, à l'orgueil de ses flottes et de ses colonies ; elle voudrait tenir le monde entier sous sa loi. Mais le Seigneur renversera un jour ce colosse de puissance et de richesse. La petite pierre détachée de la montagne l'atteindra à ses pieds d'argile, et les peuples seront étonnés du peu de solidité qu'avait cet empire géant qui s'était cru immortel. L'Angleterre n'appartient plus à votre empire, ô Jésus ! Elle s'en est séparée en rompant le lien de communion qui l'unit si longtemps à votre unique Eglise. Vous avez attendu son retour, et elle ne revient pas ; sa prospérité est le scandale des faibles, et c'est pour cela que sa chute, que l'on peut déjà prévoir, sera lamentable et sans retour.

 

En attendant cette épreuve terrible que votre justice fera subir à l'île coupable, votre miséricorde, ô Jésus, glane dans son sein des milliers d'âmes, heureuses de voir la lumière, et remplies pour la vérité qui leur apparaît, d'un amour d'autant plus ardent, qu'elles en avaient été plus longtemps privées. Vous vous créez un peuple nouveau au sein même de l'infidélité, et chaque année la moisson est abondante. Poursuivez votre œuvre miséricordieuse, afin qu'au jour suprême ces restes d'Israël proclament, au milieu des désastres de Babylone, l'immortelle vie de cette Eglise dont les nations qu'elle a nourries ne sauraient se séparer impunément.

 

Saint apôtre de l'Angleterre, Augustin, votre mission n'est donc pas terminée. Le Seigneur a résolu de compléter le nombre de ses élus, en glanant parmi l'ivraie qui couvre le champ que vos mains ont ensemencé. Venez en aide au labeur des nouveaux envoyés du Père de famille.

 

Par votre intercession, obtenez ces grâces qui éclairent les esprits et changent les cœurs.

 

Révélez à tant d'aveugles que l'Epouse de Jésus est "unique", comme il l'appelle lui-même ; que la foi de Grégoire et d'Augustin n'a pas cessé d'être la foi de l'Eglise catholique, et que trois siècles de possession ne sauraient créer un droit à l'hérésie sur une terre qu'elle n'a conquise que par la séduction et la violence, et qui garde toujours le sceau ineffaçable de la catholicité.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Tree of Jesse, Stained Glass Window, Cathedral, Canterbury, 1170s

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