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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 19:00

C'est ainsi qu'une hagiographie mystérieuse venait compléter celle que produit l'étude des monuments, et développer à sa manière les études céciliennes, en attendant que le jour de la justice fût arrivé.


La nécessité où nous sommes d'abréger, nous empêche d'analyser ici ce qu'a fait la poésie en l'honneur de Cécile. L'école de Port-Royal, dont l'influence a été si grande pour amener la scission de l'élément littéraire et de l'élément chrétien, était venue à bout de ses fins, et l'axiome de son législateur Boileau faisait loi sur tout le Parnasse français. Depuis la seconde moitié du dix-septième siècle, le christianisme fut mis hors de la poésie. Qui ne connaît le jugement de Fénelon sur l'art du moyen âge ? Qui peut ignorer les actes de vandalisme accomplis dans nos cathédrales à cette même période, au nom du goût classique ? La refonte totale de la liturgie ne s'accomplit-elle pas aussi, sans que les auteurs et les admirateurs de cette œuvre barbare se soient doutés le moins du monde qu'ils sacrifiaient le répertoire de la poésie et de la mélodie chrétiennes, formé par quinze siècles entiers ? Quant à Tillemont et Baillet, auxquels il faut, hélas ! adjoindre le pacifique Godescard, empoisonné sans s'en apercevoir par l'esprit de son temps, se doutaient-ils que leurs attaques contre sainte Cécile se dirigeaient sur la poésie chrétienne, et savaient-ils même qu'il y eût une poésie chrétienne ? On n'en avait pas jugé ainsi dans le passé, et à la suite de ces nobles et gracieuses préfaces des Sacramentaires léonien, gélasien, gallican, mozarabe, des strophes inspirées de la liturgie grecque, où les grandeurs de la vierge romaine sont exposées avec tant de charme, le génie chrétien dans les siècles mêmes du moyen âge s'exerça, plus ou moins heureusement, à les célébrer à son tour. Jusqu'au dix-septième siècle, Cécile aura ses chantres dévoués.

 

Dès le septième, l'église gothique d'Espagne débutait par une hymne pleine de vie et d'onction. Au huitième, saint Adhelme de Scherburn, en Angleterre, dans son gracieux poème de Laude Virginitatis, après avoir chanté les grandeurs de la Mère de Dieu, ouvrait par Cécile le chœur des vierges qui la suivent. Au dixième, l'un des premiers historiens de la nation française, Flodoard, chanoine de Reims, consacrait sa rude poésie à chanter la découverte du corps de Cécile par Paschal. Le pieux Aelrède, abbé cistercien de Rievall, en Angleterre, préludait par ses strophes cadencées à la longue série des Séquences que contiennent les missels des différentes églises de l'Europe, en l'honneur de Cécile, aux quatorzième et quinzième siècles.

 

Le seizième siècle vit commencer la série des compositions plus étendues. Il  débuta par l'œuvre du célèbre poète latin Spagnuolo, dit le Mantouan,  qui consacra à  Cécile sa septième Parthénie, dédiée à Isabelle, duchesse de Mantoue. Ange Sangrini, abbé du Mont-Cassin, chanta à son tour avec autant de grâce que d'abondance, dans l'œuvre qu'il intitula Epithalame, les grandeurs de l'illustre martyre. Un autre bénédictin italien, Théophile Folengo, composa un poème tragique de sainte Cécile, que son célèbre confrère Maur Chiaula mit en musique. Dès l'année 1600, au lendemain de la découverte du corps de la martyre par Sfondrate, un pieux dominicain,  Sébastien Castelletti, donnait à Rome un poème en cinq livres qu'il intitulait : Della triunfatrice Caecilia, virgine e martire, et méritait pour cette oeuvre, de la part du Tasse, un sonnet rempli d'éloges. Le même sujet tentait, en 1606, le professeur de la maîtrise de Notre-Dame de Paris, Nicolas Soret, et il publiait La Céciliade, ou le Martyre sanglant de sainte Cécile, patronne des musiciens, avec la musique.

 

L'Italie revenait à la charge en 1637, par une composition dramatique et musicale, intitulée : La Santa Cecilia, destinée à embellir les fêtes du mariage de Ladislas IV, roi de Pologne, et de Cécile Renée d'Autriche ; la musique était de Virgilio Paccitelli. En 1644, une romaine, Marguerite Costa, célébrait en quatre chants les combats et les victoires de l'héroïne chrétienne, et inscrivait en tête de ce livre  : Cecilia martire, poema sacro. Parmi ces oeuvres poétiques, celle de Nicolas Soret ne se recommande pas par un talent capable d'immortaliser son auteur ; mais on peut dire que Castelletti et Marguerite Costa, dans leur enthousiasme pour Cécile, ont produit un grand nombre d'octaves dignes du sujet. Nous ne rappelons d'ailleurs ces monuments de la piété envers la vierge   romaine  que   comme  un  indice  de  la flamme poétique qu'entretenaient dans les cœurs, avant l'invasion du naturalisme, son nom et sa mémoire. Il n'est pas jusqu'à l'Angleterre protestante qui,  par une heureuse inconséquence, ayant conservé la fête de sainte Cécile, ne la célèbre chaque année avec enthousiasme.  Autrefois, le roi avait son poète d'office, qui devait fournir tous les ans, le 22 novembre,  une ode à la louange de la grande martyre. Les Anglais estiment   particulièrement   celle   que   composa Dryden. Congrève, Addison, Pope, ont payé ce tribut national à la reine de l'harmonie. Quand on visite à Londres le palais de Westminster, on est ému de rencontrer dans la salle consacrée à la mémoire des poètes anglais une fresque représentant sainte Cécile, avec la pose et les attributs qu'on pourrait lui donner dans une église catholique ; c'est l'hommage que l'Angleterre a voulu rendre à Dryden.

 

Il nous faut maintenant rentrer dans Rome, et nous reposer près du tombeau de Cécile que nous y avons laissée au lendemain de son splendide triomphe. La dévotion envers elle, ranimée par l'heureux succès des recherches de Sfondrate, se maintenait dans  la population  romaine,  et était partagée par les étrangers. Pierre Polet, né à Noyon, écuyer apostolique, entreprit en 1611, d'élever dans l'église de Saint-Louis des Français un monument à sainte Cécile. Il sut y déployer une générosité princière, et témoigna de sa dévotion envers la martyre par le choix de l'artiste et par l'importance de lœuvre qu'il lui donna à exécuter.  Ce fut Dominique Zampieri, dit le Dominiquin, qu'il appela pour décorer avec son pinceau une chapelle tout entière de notre église nationale.  Cet artiste,  chez lequel se retrouve  si   souvent  l'inspiration   chrétienne,   se montra particulièrement affectionné à sainte Cécile. Outre les fresques dont nous allons parler, on ne compte pas moins de six de ses tableaux dont, elle est le sujet unique, et qui se conservent dans les collections publiques ou particulières.

 

Sainte Cécile devant Almachius

Sainte Cécile devant Almachius, par Dominique Zampieri dit le Dominiquin, Chapelle Sainte Cécile de de Saint-Louis des Français 

 

Les peintures à Saint-Louis des Français embrassent la vie entière de la vierge : l'ange du Seigneur couronnant les deux époux ; Cécile distribuant aux pauvres ses richesses, après le martyre de Valérien ;  les fureurs d'Almachius sur son tribunal, et l'attitude noble et imposante de Cécile qui refuse l'encens aux idoles ; enfin et surtout l'entrevue d'Urbain et de la martyre expirante : cette salle du bain inondée d'un sang généreux que de pieuses  femmes s'empressent de recueillir, ces pauvres assistant aux derniers moments de leur fidèle protectrice, l'émotion des traits du saint évêque à la vue d'un si sublime sacrifice ; Cécile défaillante, et rappelant un reste de vie pour disposer de celte maison qu'elle va quitter en peu d'instants pour le ciel; tout cet ensemble,  complété par un plafond sur lequel le Dominiquin a peint sainte Cécile enlevée au ciel par les anges, fait de cette chapelle un monument splendide à la gloire de la vierge romaine.

 

Pierre Polet fit peindre par Guido Reni,  et placer au retable de l'autel,  une copie remarquable de la sainte Cécile de Bologne. Ainsi rien ne manqua a la magnificence de cette œuvre due à la générosité d'un particulier, et dans laquelle on aime à voir un  hommage de la  France à sainte Cécile, et comme le complément de l’insigne et triomphante cathédrale d'Alby.

 

Après le Dominiquin, dont le pinceau fut toujours empressé de traiter les sujets de sainteté que depuis nul autre artiste n'a mieux saisis et mieux rendus, vient la suite nombreuse des peintres qui, dans le cours du dix-septième siècle, consacrèrent leurs  efforts  à  représenter sainte Cécile.  La plupart en ont fait simplement une musicienne ; mais en s'éloignant toujours plus de la manière dont Raphaël avait conçu ce sujet. Quelques-uns, Murillo, par exemple, ont encore cherché à représenter la scène de la mort de Cécile ; mais on peut dire que la plupart de ces toiles, y compris celles que produisit en moindre nombre le dix-huitième siècle, ne sont plus généralement qu'une série descendante d' œuvres sans caractère, annonçant que le sujet s'épuisait à mesure que les générations d'artistes se succédaient, et que le souffle du seizième siècle cessait de  se faire  sentir.

 

On  aime cependant à voir l'idéal de notre héroïne cherché, sinon toujours atteint, par des artistes tels que Guido Reni, Paul Véronèse, Garofalo, Procaccini, Guerchin, Tempesta, Salimbeni, et même Carlo Dolci ; mais on ne peut s'empêcher de protester avec indignation contre l'audace avec laquelle si souvent, au dix-septième et au dix-huitième siècles, l'ordre fut donné aux artistes de représenter, avec les attributs de Cécile, tant de femmes dont le portrait eût pu parfaitement se passer de ces accessoires usurpés. Ce genre d'hommage, rempli d'inconvenance, a été réclamé de toutes les écoles, et les musées espagnols n'en sont pas plus exempts que ceux des autres pays. Pour la France, on peut placer en tête de ces oeuvres qui peignent, mieux que tout le reste, l'abaissement du respect envers les convenances religieuses, la sainte Cécile de Mignard,  qui  lègue  à  la postérité l'effigie d'une femme célèbre,  mais ne fera jamais remonter la pensée jusqu'à l'héroïne chrétienne du deuxième siècle. En face de ces portraits frauduleux, on se rappelle le fameux livre d'Heures de Bussy-Rabutin, dans lequel certaines dames arrivées à une facile célébrité figuraient en miniature, ayant chacune au-dessous le nom d'une sainte du calendrier.

 

Mais il nous faut reprendre les annales de la vierge romaine, et gagner bientôt le dix-neuvième siècle,  qui devait offrir à Cécile un triomphe aussi nouveau qu'inattendu.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 409 à 415)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 04:01

Le 9 juin, mémoire de saint Ephrem, diacre et docteur de l’Église. Il exerça d’abord à Nisibe, sa patrie, la charge de prédication et d’enseignement de la doctrine sacrée, puis, après l’invasion de Nisibe par les Perses, il se réfugia à Édesse en Syrie avec ses disciples, il y posa les fondations d’une école de théologie, accomplissant son ministère par sa parole et ses écrits, remarquable par sa vie austère et son érudition, à tel point qu’il mérita d’être appelé, pour les hymnes de toute beauté qu’il composa, la cithare du Saint Esprit. Il mourut en 373. Martyrologe romain

 

The death of St Ephraim of Syria, with St Gregory of Nycea reading the funeral service

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 19:00

C'est ainsi que le jansénisme parvint à modifier en France l'opinion religieuse, et, dans l'ordre des questions dont nous parlons, il ne resta bientôt plus chez nous d'autre  hagiographie que celle que permettait Tillemont.

 

 Cependant, pour faire pénétrer jusqu'au sein des familles chrétiennes les résultats produits par les Mémoires du très partial écrivain, une  Vie des saints, proprement dite, était nécessaire, et le trop fameux Adrien Baillet se présenta pour l'écrire. Les Actes de sainte Cécile en particulier y  furent traités  avec  le dernier mépris ;  mais l'ouvrage de Baillet étant volumineux, un autre janséniste du dix-huitième siècle,  Mesengui, se chargea de présenter une Vie des saints abrégée, et destinée à instruire les fidèles de France sur les gestes des serviteurs de Dieu. Ils y apprirent qu'il n'y avait rien de certain sur la plupart des martyrs les plus célèbres, et spécialement que l'on ne savait rien d'historique sur sainte Cécile.

 

C'était le  moment où  un  si  grand   nombre d'églises en  France entreprirent le renouvellement des livres liturgiques. Quant aux légendes des saints dans ces nouveaux livres, Tillemont et Baillet furent les seuls oracles sous l'inspiration desquels la malheureuse innovation s'accomplit. Le Bréviaire Parisien de 1736 offrit le modèle de la légende du 22 novembre pour la fête de sainte Cécile, et cette composition s'introduisit successivement dans les diocèses, qui renonçaient tour à tour aux prières antiques. Tout ce qui concerne la personne de la sainte martyre y est complètement passé sous silence. On y dit seulement quelques mots sur la découverte de son corps par Sfondrate, mais selon la relation mutilée et infidèle de Baillet. Il va sans dire que toutes les antiennes et tous les répons de l'office grégorien de sainte Cécile, introduits en France par Pépin et Charlemagne, furent honteusement effacés, et leurs gracieuses cantilènes interdits pour jamais dans nos églises. Du moins, on l'espérait ainsi.

 

Le scandale causé par l'audace de Tillemont el de Baillet à l'égard des Actes des saints, et propagé par les  recueils  hagiographiques qui en furent la suite, donna l'idée à un chanoine de Saint-Honoré,  à Paris,  nommé  Godescard,  de traduire en français un corps de Vie des saints composé par Alban Butler, catholique anglais dont l'esprit lui sembla moins frondeur que celui des jansénistes français. Dans ce livre qui n'es pas dépourvu d'érudition, l'auteur prit à tâche de répéter, comme jugement sur les Actes de sainte Cécile, la conclusion que Tillemont avait tirée à la suite de ses arguments ineptes, que nous avons ailleurs discutés l'un après l'autre dans le plus grand détail. (Histoire de sainte Cécile, 2° édit. 1853.) Mais ce qui démontre par-dessus tout l'inconcevable légèreté  avec laquelle la notice de Godescard a été rédigée,  c'est de voir ensuit l'auteur formuler cette assertion : "Nous apprenons des Actes de sainte Cécile, qu'en chantant les louanges du Seigneur elle joignait souvent la musique instrumentale à la musique vocale".  Il demeure donc démontré que le respectable chanoine, avant de composer l'article de sainte Cécile et de prononcer sur la valeur des Actes, ne s'était pas même donné la peine de les lire, puisqu'ils ne contiennent pas un seul mot duquel on puisse déduire ce qu'il avance.

 

Le rétrécissement que subit à cette époque la piété française, et dont un si grand nombre de livres religieux du dix-huitième siècle portent la trace, a laissé son empreinte dans les jugements et les appréciations de Godescard ; nous donnerons ici un échantillon. C'est à propos du saint martyr Polyeucte, dont les Actes ont fourni à Corneille la matière d'un des premiers chefs-d'oeuvre littéraires que le christianisme ait inspirés. Voici comment s'exprime le nouvel hagiographe : "Corneille a fait du martyre de saint Polyeucte le sujet d'une de ses tragédies ; et l'on peut dire que c'est un chef-d'oeuvre dans le genre dramatique. Mais cela n'a pas empêché les personnes pieuses d'être choquées de la liberté que le poète s'est donnée de faire monter les saints sur le théâtre, d'altérer la vérité de l'histoire, de corrompre les vertus chrétiennes, et de mêler la tendresse de l'amour humain à l'héroïsme de l'amour divin." (Godescard, Vie des Pères et des Martyrs, 13 février.)

 

Voilà jusqu'où avait conduit les catholiques de France l'épuration de la liturgie et de la vie des saints : à un système où il devenait illicite de mettre en scène les Actes des saints, sans qu'on se doutât que la catholique Espagne avait son Calderon et son Lope de Véga. Il valait mieux, apparemment, chercher à émouvoir les hommes par les scènes plus que profanes dont notre théâtre est souillé. Le goût littéraire de l'hagiographe parisien se révoltait des efforts qu'avait eu à faire Corneille pour monter sa pièce, en créant quelques personnages outre ceux que mentionnent les Actes de saint Polyeucte qui ne sont pas d'une grande étendue. Il eût dû se rappeler aussi que Racine n'avait pas trouvé non plus le drame d'Athalie tout complet dans le quatrième livre des Rois ; mais cette absence de toute idée littéraire dans le vénérable chanoine n'est rien auprès de la déclaration de principes qu'il ajoute. Corneille a voulu rendre la lutte sublime qui se déclare dans l'âme de Polyeucte entre l'affection conjugale et la fidélité à Dieu. Il a montré le martyr triomphant d'un sentiment sacré, mais inférieur, pour suivre le devoir auquel tout doit être sacrifié, et Godescard appelle ceci "corrompre les vertus chrétiennes". Il fait un crime à Polyeucte d'avoir uni l'amour pour son épouse, prescrit par la loi de Dieu, à cet autre amour supérieur qui doit triompher du premier, lorsque Dieu l'exige. Il voit du scandale à mettre sous les yeux une si noble victoire, et il ne s'aperçoit pas qu'il renverse à la fois toute l'économie du christianisme. Telle tendait à devenir la France chrétienne au dix-huitième siècle, en proie à une spiritualité  fausse,   héritée  en  partie de Port-Royal, et en partie d'une autre école du dix-septième siècle ; et l'on voyait ainsi un homme grave qui avait employé de longues veilles à compiler sa volumineuse Vie des saints, mais qui jamais ne s'était demandé comment il se faisait que la France, où. tout était si bien réglé en fait de principes de spiritualité, ne produisait plus de saints au dix-huitième siècle. En retour, Voltaire et son école avançaient à pas de géant dans la guerre contre le christianisme, et franchement ceux qui l'entendaient à la manière de Godescard étaient peu armés pour le défendre. Mais il nous faut revenir à sainte Cécile.

 

Croirait-on que cet esprit de vertige alla jusqu'à vouloir ravir à l'innocente vierge l'hommage délicat que la chrétienté lui a décerné en la proclamant patronne de la musique ? Ce fut l'abbé Lebeuf, le lourd compositeur de tout le plain-chant de la nouvelle liturgie parisienne, qui se présenta pour enlever à Cécile le diadème de l'harmonie. Dans un mémoire inséré au Mercure de France (janvier 1732), il s'imposa la tâche très facile de démontrer que rien ne prouve dans les monuments relatifs à sainte Cécile que cette illustre martyre ait fait usage des instruments de musique. Nous n'insisterons pas sur le ton de supériorité avec lequel le symphoniste parisien critique et censure ce qui s'est fait avant lui ; heureusement le bon sens chrétien a maintenu ce que l'abbé Lebeuf eût voulu anéantir, et, malgré sa prétention de "renvoyer sainte Cécile aux monastères de filles avec les Agnès, les Luce et les Agathe", la vierge romaine n'en est pas moins demeurée en possession d'une de ses plus  nobles prérogatives.  Son  étrange ennemi n'a pas été plus heureux, lorsqu'il a voulu assagir l'époque première du patronage qu'il poursuit avec une si violente ardeur. Selon lui, sainte Cécile n'eût été en jouissance de cet honneur "que depuis cent ou six-vingts ans", ce qui donnerait le commencement du dix-septième siècle. Mais on comprend aisément que Lebeuf ait pu dérouler son existence, être appelant de la bulle Unigenitus, et garnir de grosses notes le nouveau Graduel et le nouveau Missel de Paris, sans s'être jamais douté que Raphaël peignait en 1513 la sainte Cécile de Bologne.

 

Un autre excès dans lequel est tombé en ces dernières   années  un  homme  fort  respectable, M. l'abbé Thiesson, chanoine de Troyes, a été de prétendre dans une histoire de sainte Cécile, trop évidemment calquée sur la nôtre, que la vierge romaine, quoique les Actes n'en disent pas un mot, a été une instrumentiste des plus distinguées. La naïveté qui règne d'un bout à l'autre de ce volume, l'intention que fait paraître l'auteur de se donner pour un dilettante de premier ordre, son peu d'habitude d'écrire, ses recherches qui ne vont jamais au delà de ce qu'on a dit avant lui, ne sont pas de nature à faire avancer les questions. On apprend seulement dans son livre que sainte Cécile "était une charmante jeune personne".

 

Les tristes détails dans  lesquels  nous  avons été contraint d'entrer sur les outrages que sainte Cécile a eu à subir durant plus d'un siècle de la part d'une  fausse hagiographie,  nous  font un devoir de consacrer ici quelques lignes à montrer en retour à nos lecteurs l'illustre vierge recevant les plus fervents hommages de la part des saints qui, depuis elle, ont brillé dans l'Eglise, ou les honorant eux-mêmes des traits délicats de sa prédilection.

 

Au septième siècle, l'apôtre des Frisons,  saint Willibrod,  était appelé à Rome pour y recevoir la consécration épiscopale des mains du pape saint Sergius, et c'était dans la basilique de Cécile que s'accomplissait cette auguste fonction à l'égard du fondateur de tant d'églises   chez   les   infidèles.

 

Au   huitième,   la grande abbesse d'Almenéches, sainte Opportune, montait au ciel à la suite d'une vision dans laquelle Cécile s'était fait voir à elle.

 

Au onzième, saint Pierre Damien signalait les récentes apparitions de la grande martyre dans sa basilique.

 

Au douzième, le bienheureux Frédéric, qui fut abbé de Mariengart, dans l'ordre de Prémontré, recevait les conseils de la vierge romaine sur les oeuvres   saintes   qu'il   devait  entreprendre.

 

Au treizième,  saint Dominique voyait descendre la Mère de Dieu dans le dortoir où reposaient ses disciples, et Cécile accompagnait la reine du ciel dans cette maternelle visite. Marie apparaissait-elle au bienheureux Réginald pour lui  révéler sa vocation à l'ordre des frères prêcheurs, Cécile assistait encore la reine des anges. Le ciel envoyait-il à saint Pierre de Vérone quelques-uns de ses plus glorieux hôtes pour le consoler dans de cruelles épreuves, le futur martyr voyait arriver près de lui, dans le splendide éclat de sa félicité, Cécile accompagnée d'Agnès et de Catherine. Le souvenir de la vierge romaine était familier à sainte Catherine de Sienne, et la maintenait dans les luttes du grand combat spirituel. La bienheureuse  Oringa,  vierge  florentine,   déjouait sans effort toutes les embûches tendues à sa vertu, et l'enfer, interrogé par un séducteur lassé de tant de vaines poursuites, répondait que la servante de Dieu était sous la garde du même ange qui protégea la virginité de Cécile.

 

La prophétesse romaine du quinzième siècle, sainte Françoise, avait choisi dans Rome pour le lieu de sa prédilection la basilique de Sainte-Cécile, située non loin du palais Ponziani qu'elle habitait.  C'est là que,  souvent ravie au-dessus des sens, elle entendait et voyait les secrets célestes ; c'est là qu'elle voulut ensevelir les deux aimables enfants que le ciel lui redemanda si promptement.

 

Au seizième siècle,  nous voyons sainte Catherine de Ricci,  dominicaine,  recevoir de sainte Cécile les marques les plus touchantes de familiarité, et la bienheureuse Hélène Duglioli, dotant la peinture chrétienne d'un de ses principaux chefs-d'oeuvre, en déterminant Raphaël à peindre la sainte Cécile de Bologne. Nous venons de voir saint Philippe Néri, ne voulant prendre possession de la Vallicella que sous les auspices de la vierge romaine.

 

Au dix-septième siècle, la vénérable Agnès de Jésus, prieure des dominicaines de Langeac, fut souvent honorée de la visite de Cécile,  et les entretiens que la vierge glorifiée eut avec la vierge militante respirent encore la tendresse et la vigueur que présente dans tout son caractère la fille des Caecilii, telle que la dépeignent ses Actes.

 

C'est ainsi qu'une hagiographie mystérieuse venait compléter celle que produit l'étude des monuments, et développer à sa manière les études céciliennes, en attendant que le jour de la justice fût arrivé.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 400 à 408)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 04:00

Près de Soissons, en 564, saint Médard, évêque du Vermandois. Quand la cité de Saint-Quentin fut ruinée, il transféra son siège dans la ville fortifiée de Noyon, d’où il mit tout son soin à détourner le peuple des superstitions païennes pour le tourner vers la doctrine du Christ. Martyrologe romain

 

Saint Médard de Noyon-copie-1

Saint-Médard Couronnant La Première Rosière, Chapelle de la Vierge de l’église Saint-Médard à Paris 

 

L’usage depuis l’antiquité était de couronner la jeune fille la plus vertueuse, la plus pieuse, la plus modeste et qui avait en outre une conduite irréprochable tant pour elle que pour sa famille.

Selon la tradition la sœur de Médard aurait été couronnée la première à ce pieux concours de vertu.

 

On possède une description de cette fête grâce à une lettre insérée dans l’année littéraire de 1766 :

" Le 8 juin jour de la Saint Médard, ou le dimanche le plus rapproché de ce jour, la rosière vêtue de blanc, frisée, poudrée, les cheveux flottants en boucles sur ses épaules, accompagnée de sa famille et de 12 filles aussi vêtues de blanc, avec un large ruban bleu en baudrier, se rend au château de Salency au son des instruments. Le seigneur et tout un cortège la mènent à la paroisse, où elle entend les Vêpres sur un prie-Dieu placée au milieu du chœur.
Les Vêpres finies, le clergé sort avec le peuple pour aller à la chapelle de Saint Médard. C’est là que le curé bénit la couronne et la pose sur la tête de la Rosière qui est à genoux.

On ne saurait croire combien cet établissement a suscité à Salency l’émulation des mœurs et de la sagesse. Quoique les habitants de ce village soit au nombre d’environ cinq cents, on assure qu’il n’y a pas un seul exemple de crime commis par un naturel du lieu, pas même d’un vice grossier, encore moins d’une faiblesse de la part du sexe."

Saint Médard — Diocèse de Beauvais, Noyon et Senlis

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 19:00

Cécile avait donc reparu aux regards des chrétiens de Rome et de l'Eglise tout entière, au moment où le seizième siècle s'allait fondre dans le dix-septième.

 

En quel état retrouvait-elle cette société européenne que, huit siècles auparavant, lorsqu'elle apparut à Paschal, elle trouvait régie dans la foi et dans l'unité par la sainte Eglise, se préparant à traverser la grande crise qui devait, au onzième siècle, restituer l'ordre, la lumière et la paix par l'intervention de Grégoire VII et de ses successeurs, sauveurs du droit public et privé ?

 

A ce moment, la société chrétienne apparaissait dissoute par la rupture de tant de peuples et de gouvernements avec Rome ; le système d'équilibre politique avait remplacé la fraternité des nations dans le Christ et dans son Eglise, un avenir inconnu s'ouvrait aux pays dont le droit public avait changé, et cette foi chrétienne dont Cécile avait vu pour ainsi dire les débuts, et à laquelle elle avait donné tant de gages, courait des risques dans les contrées même qui avaient pu se garantir de l'invasion protestante. La terre attend un second et dernier avènement du Fils de Dieu, et il a dit lui-même qu 'à peine trouverait-il encore de la foi dans la race humaine (LUC, XVIII,  8),  lorsqu'il reviendra visiter son  oeuvre et rendre justice aux vivants et aux morts sur les débris du monde. Est-ce un nuage que nous traversons depuis trois siècles, pour revoir ensuite la lumière ? Le soleil des vérités réserve-t-il encore aux générations futures quelques-uns de ses rayons ? C'est le secret du Ciel. L'Eglise, patrie universelle des âmes, n'a qu'une seule chose à faire : continuer sa mission, qui consiste à recueillir avec un soin maternel ses élus dans toutes les races, et à les conduire au Christ au milieu de tous les dévouements et de toutes les épreuves.

 

La diminution des vérités sur la terre, ce terrible fléau qu'annonce le Roi-Prophète (Psalm. XI), a été le caractère des trois siècles dont nous parlons ; et dans cet appauvrissement successif, on peut dire que la suspension du tendre et respectueux intérêt que les chrétiens portaient aux saints dès l'âge de Cécile, a été l'un des signes de la décadence qui s'est fait sentir. La prétendue réforme avait fait une guerre acharnée au culte des saints, brisé leurs images, profané et brûlé leurs reliques. L'esprit qui l'inspirait s'efforça, au dix-septième siècle, de pénétrer dans les contrées qui étaient demeurées fidèles au symbole catholique ; mais, cette fois, il s'y prit avec plus de précautions.

 

La secte janséniste dans laquelle se concentra cette nouvelle attaque résolut de ne pas rompre extérieurement avec l’Eglise, mais de dissoudre sans bruit les assises sur lesquelles elle repose. Ainsi elle confessa toujours, quelquefois même avec éclat, le dogme de la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie ; mais elle sut rendre ce dogme inutile quant à la pratique, en exagérant au delà de toute mesure les conditions auxquelles le chrétien pouvait oser s'en approcher. Elle maintint le sacrement de pénitence pour la rémission des péchés commis après le baptême ; mais elle n'accorda l'absolution au pécheur qu'à des conditions qui exigeaient qu'il y eût déjà, sans le secours du sacrement, entre Dieu et lui une réconciliation dont ce sacrement est le moyen ordinaire.

 

Le jansénisme proclama sur tous les tons la puissance de la grâce divine, mais à la condition d'anéantir devant elle la liberté humaine, et il enseigna que, sans cette grâce, l'homme n'était capable que du mal. Il anéantit la constitution de l'Eglise, en faisant du pape le premier entre les pairs ; prêcha une morale stoïque que l'Evangile ne pénétrait plus du principe d'humilité, et, au lieu de reconnaître que la nature doit être corrigée et réformée par la grâce, il la réputa mauvaise en elle-même par suite du péché d'origine, auquel il attribua l'extinction totale du bon principe dans l'homme.

 

En appliquant ce travail sourd aux points fondamentaux de la croyance et de la morale, le jansénisme dirigea ses théories à la destruction de la piété populaire qui n'est que l'expression pratique du dogme lui-même. Le culte de la Sainte Vierge et des saints fut le point de mire de ses attaques ; non qu'il osât, en principe, en nier la légitimité ; mais il s'attacha à le miner, en répandant la méfiance et le mépris sur les croyances chères au peuple fidèle. Les Actes des martyrs et les Vies des saints devinrent l'objet de ses poursuites, et bientôt, sous prétexte des droits de la critique, un système de doute fut appliqué à la plupart de ces pieux récits  qui  montraient l'Evangile en action. Tout fut contesté dans les Vies des saints, et bientôt on en vint à poser en problème jusqu'à leur existence même. C'était le meilleur moyen d'en finir avec leur culte, et d'amener peu à peu les chrétiens au déisme pur, en anéantissant cette nuée de témoins (Hebr., XII, I) qui nous démontrent que le Christ, Fils de Dieu, a paru sur la terre, puisque nous voyons sa gloire et sa divinité dans la succession non interrompue de ses élus qui doit le manifester jusqu'au dernier jour du monde.

 

Dans cette conspiration contre l'élément de la sainteté dans l'Eglise, les droits de la science furent donc mis en avant ; mais nous commençons à voir aujourd'hui que la vraie science a plus d'une reprise à faire sur ces hommes dont le joug fut si facilement accepté. Au reste, le principe d'où prétendaient partir les novateurs n'était rien moins qu'une découverte. Avant eux, les catholiques qui se livraient aux études hagiographiques n'ignoraient pas que, parmi les Actes des martyrs en particulier, il en est qui sont sans valeur historique ; mais on savait aussi que d'autres Actes, sans être irréprochables, renferment certains détails dérivés de traditions véridiques ; que d'autres contiennent des fragments antérieurs à la rédaction définitive ; que d'autres ont été rédigés sur des mémoires très sérieux et n'offrent rien de défectueux, sinon certains raccords que les copistes postérieurs se sont permis parfois, en insérant, comme complément, des particularités secondaires relatives à la chronologie, à la topographie, aux formes dans lesquelles s'exerçait l'autorité, au style des interlocuteurs qu'ils trouvaient trop simple et qu'ils ont altéré par quelques maladroites additions ; qu'enfin il en est qui sont venus jusqu'à nous, sans avoir rien perdu de leur rédaction première.

 

Pour arriver à l'appréciation de tant de sources diverses, un travail  assidu et impartial  est la première de toutes les conditions. II serait par trop facile de terminer toute la question par un dédain superbe,  en disant que,  sauf quelques-uns, tous les récits des Actes des martyrs sont des fables, et doivent être regardés comme des monuments de la crédulité du moyen âge.

 

Scientifiquement, il n'est plus possible de procéder ainsi. Que resterait-il debout dans l'antiquité profane elle-même,  si  l'on  traitait de cette façon tant d'auteurs et tant de témoignages, qui, sans doute, ont eu besoin d'être contrôlés et rectifiés, mais ne nous en rapportent pas moins, sur les temps anciens, les plus précieux renseignements ? Dans la conspiration que nous signalons, la passion et l'esprit de système se montrèrent sans quartier ; et bientôt, si l'on osait tenir pour les anciens récits, on put être assuré de passer pour un homme sans valeur.

 

Le Nain de Tillemont, dont la vaste érudition est d'ailleurs incontestable, fut celui qui, au dix-septième siècle, employa cette manoeuvre avec le plus d'audace et de succès. Ce docteur de Port-Royal s'attacha à renverser un nombre immense de monuments historiques, parmi lesquels se trouvaient naturellement les Actes de sainte Cécile, et allégua contre ceux-ci en particulier des fins de non-recevoir qui les eussent anéantis, si la vérité n'avait pas droit de se faire jour tôt ou tard à travers les nuages amassés par la passion.

 

Dans sa guerre contre les Actes des martyrs, le docte janséniste oublia trop souvent un principe de critique qu'il avait posé lui-même. Il convient quelque part que, "dans les plus méchants auteurs, il y a des endroits tirés de bons originaux et qui portent un caractère de vérité auquel il est comme impossible de ne pas se rendre" (Histoire des Empereurs, t. II. Notes sur Trajan.) A ce compte, il ne faudrait pas aller si vite dans le déblayement des monuments anciens. Quant aux Actes de sainte Cécile, on avait là devant soi un document grave, important, accepté par la plus haute autorité, sanctionné par les siècles, et s'encadrant parfaitement avec les événements de l'époque à laquelle se rattache le récit. Il plaît à Tillemont de n'y voir qu'un tissu de fables, et il se rassure en alléguant que l'auteur "n'a pas reçu l'amour de la vérité". (Mémoires, t. III.) Conformément aux doctrines de Port-Royal, que l'ardent janséniste énonce ici avec une rare naïveté, un historien se montre véridique ou mensonger dans ses écrits, non pas selon son libre arbitre, mais selon qu'il a reçu ou non l'amour de la vérité. Ce serait du moins une raison d'être indulgent envers les faussaires et les imposteurs historiques, et de ne pas les repousser avec trop de dédain, en attendant que l'amour de la vérité descendant en eux vienne les rendre sincères et fidèles  sans  leur participation. Quant à nous, cependant, qui suivons la foi catholique et croyons l'homme doué d'une responsabilité personnelle, nous avons peine à reconnaître ici dans Tillemont cet amour de la vérité qu'il refuse au rédacteur des Actes de sainte Cécile.  Si désormais  la valeur d'un  monument  historique  ne peut plus être jugée que d'après la touche que son auteur a reçue d'en haut, ce n'est plus au nom de la critique qu'il faudra procéder ; il suffira de constater le degré d'inspiration qui a conduit la plume de l'historien. C'est ainsi que l'esprit de la secte dirigeait Tillemont dans la guerre acharnée  qu'il  faisait aux anciens  monuments du christianisme.

 

Un critique digne de ce nom commencerait par laisser de côté les questions de la prédestination et de la grâce, lorsqu'il s'agit tout simplement de savoir si l'on peut s'en rapporter aux récits d'un auteur. Il rechercherait si cet auteur a été à même de connaître sur les lieux les événements qu'il raconte, s'il n'aurait pas eu des mémoires antérieurs, si son travail a obtenu ce contrôle de l'autorité qui ne garantit pas toujours une œuvre jusque dans ses moindres détails, mais rend du moins témoignage de la haute estime qu'elle inspire ; si des hommes d'un grand savoir ont reconnu la valeur du document en question ; s'il est possible de faire cadrer le fond et les détails des récits avec les moeurs du temps et les conditions des personnes auxquelles on les rapporte ; enfin s'il n'aurait pas en sa faveur certaines découvertes archéologiques, qui nous transmettent sans passion les faits de l'antiquité et nous mettent en rapport avec les temps, les lieux et les personnes, que les textes écrits ne suffisent pas toujours à nous faire connaître pleinement.

 

Tillemont a-t-il eu recours à ces moyens dans sa prétendue critique des Actes de sainte Cécile ? Il n'y a pas même songé ; il a abordé ce document avec un esprit prévenu, et il a prononcé sa sentence, en prenant uniquement pour motif les répugnances qu'il éprouvait. Ces Actes peuvent servir à éclairer les origines de l'église de Rome : par là même, ils ne devaient pas être en faveur à Port-Royal. Cette raison ne s'avoue pas ; mais il en est une autre que Tillemont croit devoir mettre en avant. Ces Actes, dit-il, contiennent des miracles, et,  pour cette raison,  ils ne peuvent être admis. Comment se fait-il alors que le même Tillemont admet d'autres récits qui renferment des faits plus miraculeux encore que ceux des Actes de sainte Cécile ? L'autorité des savants qui l'ont précédé et ont reconnu la nature pleinement historique de ce document, n'a aucune prise sur lui. Son célèbre contemporain, Papebrock, que l'on a souvent rangé parmi les hypercritiques, et qui proclame néanmoins dans les Acta Sanctorum la vérité et la valeur de nos Actes, qu'il qualifie antiquissima et sincerissima (Ephemerides Graeco-Moschae), n'est rien aux yeux de Tillemont. Rechercher dans les circonstances de temps et de lieu auxquelles se rapporte l'existence de Cécile, afin de savoir s'il serait possible d'y reconnaître l'encadrement du récit, est une étude préalable à laquelle il n'a pas songé, avant de prononcer la sentence ; quant aux ressources que fournit l'archéologie chrétienne pour contrôler les Actes des martyrs, il n'en a pas même l'idée. Tout, dans ses Mémoires, se décide au caprice, et quand il s'agit des Actes des saints, la cause est tranchée avant même d'avoir été instruite. Tillemont a eu cependant entre les mains les récits de la découverte du corps de Cécile par Paschal et par Sfondrate ; mais il n'y a rien vu, résolu qu'il était à ne tenir aucun compte des antiquités dans l'instruction d'une cause historique.

 

S'il avait reconnu quelque défectuosité dans les récits de notre historien, et nous convenons nous-même que celui-ci est tombé dans quelques innocentes méprises, comment le trop célèbre critique ne s'est-il pas souvenu des principes établis par Dom Mabillon dans sa Diplomatique, et qui depuis lors ont fait loi pour la science ? N'est-ce pas un axiome admis dans la critique, qu'un document, pour n'être connu que par une copie, ne perd pas pour cela sa valeur ? Bien plus, que quelques méprises du copiste ou quelques interpolations de sa part, n'ôtent pas toujours à une pièce ainsi altérée dans des détails secondaires sa qualité de document authentique, auquel on en peut encore référer, lorsque l'original lui-même a péri ?

 

Mais le système devait triompher, et sauf quelques  documents  privilégiés, retenus avec une prédilection pleine d'inconséquence, il était convenu que l'église romaine ne vivait que de fables sur tout son passé. La réputation de l'auteur, chez lequel la science est aussi réelle que l'esprit de parti est odieux, fit admettre comme décisifs tous les jugements arbitraires qu'il s'était permis de lancer.

 

Depuis longtemps déjà, en face des hommes de Port-Royal, la société française ne raisonnait plus, et ce joug que l'on s'était imposé à soi-même, adouci par le prestige de la mode, n'incommodait pas trop.

 

C'est ainsi que le jansénisme parvint à modifier en France l'opinion religieuse, et, dans l'ordre des questions dont nous parlons, il ne resta bientôt plus chez nous d'autre  hagiographie que celle que permettait Tillemont.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 390 à 399)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 04:00

À Paris, en 1889, la bienheureuse Marie-Thérèse de Soubiran La Louvière, vierge. Pour la plus grande gloire de Dieu, elle fonda la Société de Marie Auxiliatrice, mais chassée de son Institut, elle passa le reste de sa vie dans la plus grande humilité. Martyrologe romain    

Bienheureuse Marie Thérèse de Soubiran 

Née à Castelnaudary en 1834, Marie-Thérèse de Soubiran avait fondé la congrégation de Marie-Auxiliatrice dans un esprit ignacien "pour la plus grande gloire de Dieu". Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement et culte du Sacré-Cœur, fondation d’écoles populaires devaient constituer le programme de l’Institut, approuvé en 1869.

Mais la fondatrice allait être supplantée et chassée de sa Congrégation. Elle vint à Paris demander asile aux Sœurs de Notre-Dame-de-Charité-du-Refuge, rue Saint-Jacques (1874). Elle y vécut jusqu’à sa mort (1889), méconnue : "Maintenant, écrit-elle en 1879, dans l’oubli, l’inaction, la nullité la plus complète, je me passionnerai de Notre-Seigneur Lui-même."

Réhabilitée dès 1891, elle repose à Villepinte, diocèse de Saint-Denis, dans la chapelle du sanatorium de Marie-Auxiliatrice.

Bienheureuse Marie Thérèse de Soubiran - Diocèse de Paris

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 19:00

Sfondrate ne se borna pas à révéler la gloire de Cécile dans la célèbre basilique où elle repose; il  voulut donner aux autres  sanctuaires consacrés dans Rome à l'illustre vierge des marques de sa pieuse sollicitude.

 

 Il commença par la petite église  de Sainte-Cécile  de Domo,  au champ de Mars. Ce pieux monument, qui rappelle le lieu où la fille des Caecilii passa ses premières années, avait été placé sous la dépendance de la basilique de Saint-Laurent in Damaso ; plus tard, on l'avait rattaché à la basilique de Saint-Laurent in Lucina, à raison du voisinage. Mais le service divin s'y faisait avec négligence, et la piété de Sfondrate envers Cécile lui inspira d'y pourvoir d'une manière plus convenable. Il établit dans cette église deux religieux dominicains chargés de la desservir, et il subvint à leur entretien. Après la mort du cardinal, Paul V tint à honneur de sanctionner ses pieuses intentions par l'autorité apostolique, et il rendit un bref, en date du 23 janvier 1622, dans lequel, après avoir recommandé la piété de Sfondrate envers cette église qui s'élève sur un lieu sanctifié par l'habitation   de    Cécile,    le   pontife   supprime d'abord le titre de Saint-Blaise, qui s'était postérieurement attaché à ce sanctuaire ; ensuite il le soustrait à la juridiction de la basilique de Saint-Laurent in Lucina, et le soumet à perpétuité au cardinal de Sainte-Cécile.

 

L'église de Sainte-Cécile dite a Monte Giordano, et qui appartenait aussi à la basilique de Saint-Laurent in Damaso, était contiguë à la nouvelle et vaste maison que l'on bâtit pour les Pères de l'Oratoire, sous le nom de Sainte-Marie in Vallicella. Afin d'honorer la grande martyre, sous les auspices de laquelle il allait vivre désormais, saint Philippe Néri voulut attendre, pour prendre possession de cette résidence, le 22 novembre 1583, fête de sainte Cécile. Dans la suite, le petit sanctuaire, qui excitait tant d'intérêt chez le serviteur de Dieu, vint à menacer ruine. Sfondrate se fit un devoir de le relever, et vint poser la première pierre de la nouvelle construction, le 21 juin 1603.

 

Plus tard, en 1621, après la mort de Sfondrate, les pères de l'Oratoire, ayant voulu donner un développement aux bâtiments de leur maison, se mirent en instance auprès de Grégoire XV pour obtenir qu'il leur fût permis de démolir cette église, dont la présence mettait obstacle au plan que leur architecte avait conçu. Le pontife accorda la demande, à la condition que l'autel principal de la célèbre chapelle, dite de l'Oratoire, que l'on devait construire sur cet emplacement, serait dédié à sainte Cécile conjointement à saint Philippe Néri, et que sur le tableau qui devait être placé sur cet autel en l'honneur des deux saints, l'illustre vierge occuperait la droite. Cette disposition fut exécutée fidèlement. Le tableau est de Vanni, et représente dans sa partie supérieure l'Assomption de Notre-Dame. Chaque année, le 22 novembre, on célèbre dans cette chapelle la fête de sainte Cécile, comme fête patronale, avec un grand concours de fidèles.

 

Après avoir occupé l'évêché de Crémone, Sfondrate fut pourvu du siège suburbicaire d'Albano. Dès  lors,  il  ne pouvait plus,   selon  les  règles communes, conserver le titre simplement presbytéral  de  Sainte-Cécile ;  mais   Sfondrate  pouvait-il laisser à un autre la garde du dépôt que la vierge elle-même lui avait confié ? Il sollicita donc et obtint de Paul V, en retour de ses largesses envers la basilique transtibérine, la faveur de pouvoir conserver toute sa vie, en commende, son premier titre,  avec l'évêché qu'il avait dû accepter.

 

Il mourut à Tivoli, à l'âge de cinquante-sept ans, le 14 février 1618. La nouvelle en parvint aux moniales de Sainte-Cécile dans la matinée du jour suivant. Rien ne pourrait peindre la désolation dans laquelle les plongea cette mort inattendue ; la chronique manuscrite de l'abbaye en a conservé   l'impression   touchante : "Plusieurs soeurs, y est-il dit, tombèrent sans connaissance, et ce jour-là on ne dîna pas  : in quel giorno, non si pranzô."

 

Toujours fidèle à son amour pour Cécile,  Sfondrate avait fait son testament en faveur de sa chère basilique. Depuis dix-huit ans, il avait renoncé à son propre nom, et ne souffrait plus d'être appelé que le Cardinal de Sainte-Cécile.   On   verra   avec   intérêt   quelques traits du testament de ce prince de l'Eglise, dont le nom demeure à jamais uni à celui de Cécile dans les annales du christianisme :

" Premièrement, dit Paul-Emile Sfondrate, je recommande mon âme en toute soumission, humilité et affection entre les mains de Jésus-Christ, mon très bénin rédempteur, et en celle de sa très sainte et jamais assez louée Mère et Vierge Marie très pure et vraie avocate des pauvres pécheurs ; en celles des glorieux princes des apôtres Pierre et Paul, de ma glorieuse et très fidèle protectrice Cécile, très chérie, de sainte Agnès, ma particulière avocate, de sainte Marie-Magdeleine, sainte Thècle, saint Joseph, des saints Lucius, Urbain, Valérien, Tiburce et Maxime, et de tous mes autres saints de dévotion et protecteurs, afin que je sois rendu digne de la divine miséricorde et d'être en leur compagnie dans la vie éternelle.

" Ensuite je veux que mon corps soit enseveli dans l'église de ma chère sainte Cécile, dans le tombeau que j'ai fait faire, sous la Confession, devant l'autel de la sainte."

 

Suivent les dispositions relatives aux services religieux que le cardinal fonde pour son âme, et aux aumônes qui doivent être faites le jour de sa sépulture. Il réclame les obsèques les plus simples, avec douze torches seulement, puis il ajoute :

" J'institue légataire universelle mon église de sainte Cécile, au Trastevere, où repose son très saint corps. L'emploi de ce legs se fera en cette manière : on devra pourvoir, avant tout, à l'entretien de quatre-vingt-dix lampes, jour et nuit, et avec l'huile la plus pure. Quatre chapelains prêtres, dont l'un aura le titre de gardien du corps de sainte Cécile, desserviront la basilique, avec obligation de présence journalière ; ils seront assistés de deux clercs. Il y aura de plus un employé laïque chargé de l'entretien et de la propreté des marbres et des bronzes de la confession, et aussi d'allumer et de pourvoir les lampes. Défense est faite, tant aux chapelains qu'aux autres, de se mettre au service de qui que ce soit, même d'un cardinal."

 

Sfondrate abandonne à sa basilique toutes les reliques qu'il a recueillies et rassemblées dans le trésor. On n'en pourra jamais distraire la moindre parcelle, et chaque abbesse, en prenant possession de son office, fera serment d'observer fidèlement cette disposition. Le trésor fermera de trois clefs, dont l'une sera aux mains de l'abbesse, l'autre en celles de la doyenne, et l'autre en celles de la maîtresse des novices.

 

Ce testament, éternel monument de la piété du cardinal, porte la date du 6 août 1615.

 

Le corps de Sfondrate fut apporté de Tivoli à l'église de Sainte-Cécile, et on le déposa près de la grille de communion, afin que les soeurs pussent encore contempler les restes mortels de celui qui avait été leur protecteur et leur père. On ne jugea pas à propos de se conformer aux prescriptions de l'humble cardinal relativement à ses obsèques. L'abbesse et les moniales de Sainte-Cécile voulurent qu'elles fussent célébrées avec toute la pompe et la solennité possibles.

 

La sépulture d'un si grand homme ne pouvait être ailleurs qu'aux pieds de la grande martyre qu'il avait tant aimée. Il avait fait préparer d'avance son tombeau dans la crypte même où elle repose, et graver sur une table de porphyre l'inscription qu'il avait composée lui-même comme un dernier hommage à Cécile :

 

PAVLVS   TITVLI   S.   CAECILIAE   S.   R.   E.   PRESB.
CARD.   SFONDRATVS   MISERRIMVS   PECCATOR
ATQVE   EFVSDEM   VIRGINIS   HVMILIS   SERVVS
HIC   AD   EIVS   PEDES   HVMILITER   REQVIESCIT
VIXIT   ANNOS   LVII.   MENSES   X.   DIES   XXV.
OBIIT   ANNO   MDCXVIII.   MENSE   FEBR.   DIE   XIV.
ORATE   DEVM   PRO   EO.

 

" Paul Sfondrate, cardinal-prêtre de la sainte Eglise romaine, du titre de Sainte-Cécile, pauvre pécheur, et humble serviteur de cette très sainte vierge, repose ici humblement à ses pieds. Il vécut cinquante-sept ans, dix mois et vingt-cinq jours, et mourut le 14 février 1618. Priez Dieu pour lui."

 

Cette épitaphe si touchante et si simple, cachée à tous les yeux au fond d'une crypte, ne suffisait pas à raconter la gloire et les mérites de Sfondrate.   Les   exécuteurs   testamentaires   lui firent élever un riche cénotaphe, sous la nef latérale de droite, contre la sacristie, à l'endroit où s'ouvrait autrefois, sur la basilique, la chapelle des Ponziani. On y remarque le buste du cardinal, les mains jointes, et revêtu d'une mozette en marbre de couleur. A droite est la statue de sainte Cécile tenant à la main un petit orgue ; à gauche, celle de sainte Agnès avec l'agneau. A la partie supérieure du monument est un bas-relief sur lequel on voit Sfondrate présentant le corps de sainte Cécile au pape Clément VIII. Tous ces détails sont malheureusement d'une exécution trop médiocre. Le cénotaphe se complète par une  inscription  qui  apprend  à  la postérité ce que fut pour l'Eglise et pour Cécile le cardinal Paul-Emile Sfondrate.

 

Cécile avait donc reparu aux regards des chrétiens de Rome et de l'Eglise tout entière, au moment où le seizième siècle s'allait fondre dans le dix-septième.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 382 à 389)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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