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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

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SALVE REGINA

1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 19:00

Après la communion, selon l'antique usage, il fallut procéder à la translation du corps de Cécile dans son tombeau.

 

Sfondrate descendit le premier les marches du presbyterium, et pénétra dans la crypte pour y attendre la vierge et le pontife. Clément préluda à la levée du saint corps par un triple encensement, après lequel quatre cardinaux-diacres, Odoard Farnèse, Antoine Facchinetti, Pierre Aldobrandini et Barthélémy Cesi, soulèvent de dessus l'autel l'arche de cyprèst et, précédés de la croix et des sept chandeliers d'or, la descendirent dans le souterrain de la Confession. Durant le transport, Clément appuyait pieusement sa main sur le cercueil de Cécile, comme pour prendre une part directe à la translation.

 

Le sacré collège entourait le pontife, et le choeur exécutait cette antienne :

O beata Concilia, quae Almachium superasti, Tiburtium et Valerianum ad martyrii coronam vocasti !

 

Le trajet était court de l'autel au lieu que Paschal avait marqué, huit siècles auparavant, pour le repos de Cécile, et dont elle allait reprendre possession. Clément, aidé du ministère des diacres, déposa le cercueil de la vierge dans la châsse d'argent. Il reçut ensuite, des mains de Sfondrate, une lame du même métal, sur laquelle était gravé le récit de cette dernière translation, et la plaça dans l'intérieur de la châsse. Enfin, après avoir encore encensé trois fois le précieux dépôt qu'il rendait à la tombe, le pontife se prosterna, et offrit, par d'abondantes larmes et par de ferventes prières, les adieux de l'Eglise à Cécile; puis il ferma la châsse de son riche couvercle. On plaça par-dessus le marbre qui devait clore le sarcophage, et Clément, l'ayant scellé de son sceau, remonta, précédé et suivi de son imposant cortège, vers l'autel, où il acheva les prières du sacrifice, et donna la bénédiction apostolique au peuple  qui  remplissait l'église, le portique, la place et les rues adjacentes. Le concours des fidèles continua jusqu'à la nuit, et chacun remarqua que le ciel, qui, les jours précédents, était couvert de nuages et fondait en pluies incessantes, n'avait jamais paru plus pur et plus serein. On eût dit un jour de printemps à l'entrée de l'hiver.

 

Nous avons déjà été à même de recueillir, sur les circonstances de la première invention du corps de Cécile, quelque abrégé que soit le rapport de saint Paschal, plusieurs traits confirmatifs de la vérité de nos Actes ; l'abondance de détails qui nous sont restés sur la seconde découverte, nous met à portée de signaler encore de nouveaux indices de la sincérité de l'écrivain du cinquième siècle.

 

D'abord, il est évident que la pose insolite du corps de la vierge dans son tombeau contraste avec celle qu'on a été à même de reconnaître dans tous les martyrs, dont les corps ont été découverts à Rome et partout ailleurs. Mais si l'on se rappelle le genre et les circonstances de la mort de Cécile, d'après le rapport des Actes, tout s'explique de soi-même. C'est bien là cette martyre expirant sur les dalles ou les mosaïque d'une salle de son palais, s'enveloppant de sa modestie comme d'un voile, et dérobant son visage aux regards des hommes qui s'empressent pour contempler la vierge immolée.

 

Le  cilice  constaté  sous  les  vêtements de la sainte par Sfondrate, vient ajouter une nouvelle preuve de l'exactitude du narrateur, jusque dans les faits d'une importance secondaire. Nous n'insistons pas sur la robe brochée d'or et sur les linges ensanglantés, détails certifiés déjà sur le diplôme de Paschal, et que nous avons relevés en leur temps.

 

Un nouveau fait vient encore à l'appui de nos Actes : c'est la stature même du corps de Cécile, que l'on reconnut, en 1099,  avoir été fort peu élevée.  Sans doute la  contraction générale produite par l'effort de la souffrance, le retrait de la poitrine,   le  rapprochement et la saillie des genoux, enfin la dessiccation des membres, ont dû  enlever quelque  chose  aux dimensions  du corps dans sa longueur ; mais il n'en faut pas moins reconnaître que la stature de Cécile, pendant sa vie,  n'a guère pu excéder la plus médiocre dans les personnes de son sexe. Cette observation  semble  confirmer deux  passages  des Actes : celui où il est raconté que Cécile s'adressant aux envoyés d'Almachius, qui étaient venus pour l'engager à sacrifier aux dieux, monta sur un marbre qui se trouvait près d'elle, afin de se faire entendre de tous ; et le début de l'interrogatoire  qui   contient  une  allusion, peu séante d'ailleurs, mais assez d'accord avec la vulgarité du juge,  lorsque,  l'épouse de Valérien  se présentant à sa barre, il débute par cette question : "Qui es-tu, jeune fille, puella ?"

 

Mais ce n'est pas seulement clans les faits relatifs à Cécile elle-même que les indices reconnus en 1599  se  réunissent pour attester la minutieuse fidélité des Actes. S'il y est raconté que Valérien et Tiburce eurent la tête tranchée, on trouve dans leur commun sépulcre deux corps décapités. Almachius, dans l'interrogatoire, hésite sur l'âge des deux frères ; quatorze siècles après, leurs ossements offrent encore une telle ressemblance, que l'on serait exposé à les confondre, si chacun des deux corps n'eût été enveloppé dans son linceul particulier. Les Actes racontent que Maxime ne fut pas décapité,  mais assommé avec des fouets garnis de balles de plomb ; on trouve, en 1599, la tête de ce  martyr encore  adhérente  au  tronc,  et son crâne fracassé, ses cheveux collés de sang attestent encore le genre du supplice par lequel le greffier d'Almachius remporta la couronne céleste.

 

Il nous reste à faire ressortir un dernier trait d'une plus haute importance encore, dans cette démonstration des Actes de sainte Cécile par les détails archéologiques. On n'a pas oublié cet oratoire ouvrant sur une des nefs latérales de la basilique, à droite en entrant, et désigné sous le nom de Bain de Sainte-Cécile. Ce sanctuaire, reconnu de temps immémorial pour un appendice de l'église elle-même, et honoré d'un autel particulier, était un monument du genre de martyre qu'avait souffert la sainte, d'après ses Actes, et il confirmait leur récit qui nous apprend que Cécile mourante consigna sa propre maison à Urbain afin qu'elle devînt plus tard une église chrétienne. Nous remarquons en effet qu'il ne s'agit pas ici d'un de ces bains établis auprès de quelques églises, à Rome et ailleurs, et qui servaient aux fidèles pour certaines lotions mystérieuses. C'est ici un véritable sudatorium pour les bains à vapeur, qui n'ont rien de commun avec ceux que les chrétiens des premiers siècles venaient prendre dans les thermes sacrés des églises. (PACIAUDI, De sacris christianorum Balneis.) D'autre part, il est certain que cette salle a reçu constamment l'hommage spécial de la piété des fidèles. Avec les Actes, tout s'explique, et ce fait extraordinaire n'est plus désormais que la confirmation de l'événement qu'il rappelle.

 

Il appartenait à Sfondrate de restituer à ce lieu vénérable son antique forme et ses honneurs. Pendant qu'il dirigeait les travaux de réparation et d'embellissement auxquels il voulait faire participer la basilique tout entière, il ordonna des fouilles sous le pavé de cette chapelle, et l'on vit bientôt qu'elle portait sur une voûte. Les abords ayant été sondés, on ne tarda pas à reconnaître l'hypocauste d'une salle de bains. Les nombreux soupiraux qui avaient été interceptés furent facilement ouverts, et l'on reconnut encore une des chaudières avec les restes des tuyaux de plomb par lesquels la vapeur montait dans le caldarium.

 

Sfondrate disposa l'ornementation de la chapelle de manière à rendre impossible désormais la destruction d'un souvenir si cher à sa piété. Il fit garnir de grilles en fer les ouvertures par lesquelles l'oeil du pèlerin pénètre jusque dans les ombres de l'hypocauste, et découvre la chaudière que le temps a épargnée. Il dégagea les tuyaux en terre cuite qui donnaient passage à la vapeur, ainsi qu'un autre tuyau en plomb qui s'élève comme les premiers au-dessus du niveau de la salle ; les uns et les autres furent protégés par des plaques de cuivre fixées à la muraille. Rien enfin ne manqua à la restitution de ce vénérable monument qui reparut ce qu'il avait été dans l'origine, un sudatorium dont les dimensions, très inférieures à celles que l'on remarque dans les anciens thermes destinés à l'usage public, étaient en rapport avec l'habitation particulière dont cette salle avait formé un appendice. Platner et Bunsen ne font aucune difficulté de reconnaître dans cette pièce l'antique salle de bain, lieu du martyre de Cécile. (Beschreibung der Stadt Rom., t. III, 3° part.)

 

En repassant toutes ces circonstances, reconnues et constatées tant de siècles après les événements auxquels elles se rapportent, n'est-il pas évident qu'elles forment à elles seules la plus imposante démonstration en faveur des Actes de sainte Cécile ? Quel est le récit d'un auteur ancien, eût-il été jusqu'alors considéré comme douteux, qui ne se trouvât confirmé à jamais par des découvertes archéologiques de cette importance ? Y aurait-il assez d'académiciens dans toutes les sociétés savantes de l'Europe pour proclamer la réhabilitation de l'écrivain, pour venger sa probité, contre la négligence et la préoccupation des siècles antérieurs ?

 

Nous donnerons maintenant une idée des travaux que Sfondrate fit exécuter dans sa chère basilique, pour la rendre plus digne encore de servir de demeure à l'auguste patronne.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages368 à 373)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 04:00

Mémoire de saint Justin, martyr. Philosophe, quand il eut découvert la vraie sagesse dans la vérité du Christ, il la suivit entièrement, la montra dans son comportement, l’enseigna, la défendit par ses écrits et mit le sceau à son témoignage par sa mort à Rome, sous l’empereur Marc Aurèle, entre 163 et 167. Après avoir présenté à l’empereur son Apologie pour la religion chrétienne, il fut traduit devant le préfet Rusticus, se déclara chrétien et fut condamné à mort. Avec lui sont commémorés ses disciples : les saints martyrs Chariton, et Charite, Évelpiste et Hiéron, Pacon et Libérien, qui reçurent en même temps que lui la couronne de gloire.
Martyrologe romain

 

Catéchèse de Benoît XVI : 

Aujourd'hui, nous parlons de saint Justin, philosophe et martyr, le plus important des Pères apologistes du IIe siècle. Le terme "apologiste" désigne les antiques écrivains chrétiens qui se proposaient de défendre la nouvelle religion des lourdes accusations des païens et des Juifs, et de diffuser la doctrine chrétienne dans des termes adaptés à la culture de leur époque. Ainsi, chez les apologistes est présente une double sollicitude : celle, plus proprement apologétique, de défendre le christianisme naissant (apologhía en grec signifie précisément "défense"), et celle qui propose une sollicitude "missionnaire" qui a pour but d'exposer les contenus de la foi à travers un langage et des catégories de pensée compréhensibles par leurs contemporains.

 

Justin était né aux environs de l'an 100 près de l'antique Sichem, en Samarie, en Terre Sainte ; il chercha longuement la vérité, se rendant en pèlerinage dans les diverses écoles de la tradition philosophique grecque. Finalement, comme lui-même le raconte dans les premiers chapitres de son Dialogue avec Tryphon, un mystérieux personnage, un vieillard rencontré sur la plage de la mer, provoqua d'abord en lui une crise, en lui démontrant l'incapacité de l'homme à satisfaire par ses seules forces l'aspiration au divin. Puis il lui indiqua dans les anciens prophètes les personnes vers lesquelles se tourner pour trouver la voie de Dieu et la "véritable philosophie". En le quittant, le vieillard l'exhorta à la prière, afin que lui soient ouvertes les portes de la lumière.

 

Le récit reflète l'épisode crucial de la vie de Justin : au terme d'un long itinéraire philosophique de recherche de la vérité, il parvint à la foi chrétienne. Il fonda une école à Rome, où il initiait gratuitement les élèves à la nouvelle religion, considérée comme la véritable philosophie. En celle-ci, en effet, il avait trouvé la vérité et donc l'art de vivre de façon droite. Il fut dénoncé pour cette raison et fut décapité vers 165, sous le règne de Marc Aurèle, l'empereur philosophe auquel Justin lui-même avait adressé l'une de ses Apologies.

 

Ces deux œuvres, les deux Apologies et le Dialogue avec le juif Tryphon, sont les seules qui nous restent de lui. Dans celles-ci, Justin entend illustrer avant tout le projet divin de la création et du salut qui s'accomplit en Jésus Christ, le Logos, c'est-à-dire le Verbe éternel, la raison éternelle, la Raison créatrice. Chaque homme, en tant que créature rationnelle, participe au Logos, porte en lui le "germe" et peut accueillir les lumières de la vérité. Ainsi, le même Logos, qui s'est révélé comme dans une figure prophétique aux Juifs dans la Loi antique, s'est manifesté partiellement, comme dans des "germes de vérité", également dans la philosophie grecque. A présent, conclut Justin, étant donné que le christianisme est la manifestation historique et personnelle du Logos dans sa totalité, il en découle que "tout ce qui a été exprimé de beau par quiconque, nous appartient à nous chrétiens" (2 Apol. 13, 4).

 

De cette façon, Justin, tout en contestant les contradictions de la philosophie grecque, oriente de façon décidée vers le Logos toute vérité philosophique, en justifiant d'un point de vue rationnel la "prétention" de vérité et d'universalité de la religion chrétienne. Si l'Ancien Testament tend au Christ comme la figure oriente vers la réalité signifiée, la philosophie grecque vise elle aussi au Christ et à l'Evangile, comme la partie tend à s'unir au tout. Et il dit que ces deux réalités, l'Ancien Testament et la philosophie grecque, sont comme les deux voies qui mènent au Christ, au Logos. Voilà pourquoi la philosophie grecque ne peut s'opposer à la vérité évangélique, et les chrétiens peuvent  y  puiser  avec  confiance, comme à un bien propre. C'est pourquoi mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, définit Justin comme "pionnier d'une rencontre fructueuse avec la pensée philosophique, même marquée par un discernement prudent", car Justin, "tout en conservant même après sa conversion, une grande estime pour la philosophie grecque, affirmait avec force et clarté qu'il avait trouvé dans le christianisme "la seule philosophie sûre et profitable" (Dialogue, 8, 1), (Fides et ratio, n. 38).

 

Dans l'ensemble, la figure et l'œuvre de Justin marquent le choix décidé de l'Eglise antique pour la philosophie, la raison, plutôt que pour la religion des païens. Avec la religion païenne en effet, les premiers chrétiens refusèrent absolument tout compromis. Ils estimaient qu'elle était une idolâtrie, au risque d'être taxés "d'impiété et d'athéisme". Justin en particulier, notamment dans sa première Apologie, conduisit une critique implacable à l'égard de la religion païenne et de ses mythes, qu'il considérait comme des "fausses routes" diaboliques sur le chemin de la vérité. La philosophie représenta en revanche le domaine privilégié de la rencontre entre paganisme, judaïsme et christianisme précisément sur le plan de la critique contre la religion païenne et ses faux mythes. "Notre philosophie..." :  c'est ainsi, de la manière la plus explicite, qu'un autre apologiste contemporain de Justin, l'Evêque Méliton de Sardes en vint à définir la nouvelle religion (ap. Hist. Eccl. 4, 26, 7).

 

De fait, la religion païenne ne parcourait pas les voies du Logos mais s'obstinait sur celles du mythe, même si celui-ci était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance dans la vérité. C'est pourquoi le crépuscule de la religion païenne était inéluctable : il découlait comme une conséquence logique du détachement de la religion, réduite à un ensemble artificiel de cérémonies, de conventions et de coutumes, de la vérité de l'être. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent la prise de position nette de la foi chrétienne pour le Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C'était le choix pour la vérité de l'être, contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit le même choix des chrétiens avec la sentence lapidaire et toujours valable : Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem, cognominavit, le Christ a affirmé être la vérité, non la coutume" (De virgin. vle. 1, 1). On notera à ce propos que le terme consuetudo, ici employé par Tertullien en référence à la religion païenne, peut être traduit dans les langues modernes par les expressions "habitude culturelle", "mode du temps".

 

A une époque comme la nôtre, marquée par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion, tout comme dans le dialogue interreligieux, il s'agit là d'une leçon à ne pas oublier. Dans ce but, je vous repropose, et je conclus ainsi, les dernières paroles du mystérieux vieillard rencontré par le philosophe Justin au bord de la mer : "Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui accordent pas de comprendre" (Dial.  7, 3).

 

BENOÎT XVI

Audience Générale, 21 mars 2007 

 

Saint Justin

SAINT JUSTIN

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 19:00

Tel fut ce jour-là l'hommage offert à la vierge par un si grand pontife.

 

Mais ce qui recommande par-dessus tout la modestie de Clément, c'est qu'il ne voulut pas, malgré les invitations qui lui furent, faites, soulever les tissus qui couvraient le corps de la vierge, ni le considérer à découvert, dans l'état où la mort et tant de siècles l'avaient réduit ; le sang épanché dans ce tombeau rappelait trop cette chaste rougeur, gardienne de la modestie virginale. Il pensa qu'il lui suffisait d'avoir reconnu les membres de Cécile, à travers les voiles qui les environnaient, et d'avoir lu les caractères gravés près du sépulcre et conservés par la protection divine ; en un mot, d'avoir trouvé toutes choses conformes à ce qui est écrit sur le diplôme de Paschal.

 

Le pontife ne pouvait se laisser passer en munificence par un cardinal, et il s'apprêtait à offrir à Cécile, dans la solennité de sa translation, un présent, digne d'elle et du siège apostolique. A peine avait-il reçu à Frascati le rapport de Sfondrate et de Baronius, qui étaient accourus lui rendre compte de l'heureuse découverte du tombeau de Cécile, qu'il comprit aussitôt que c'était à lui-même de signaler,  en cette occasion,  sa religion envers la vierge dont l'église romaine se glorifie d'être l'humble cliente. Il exprima d'abord l'intention de faire exécuter en or la châsse qui devait renfermer le corps de la martyre ; les deux cardinaux l'en dissuadèrent en lui représentant qu'un si riche objet pourrait tenter la cupidité. Clément s'arrêta donc à une châsse en argent, en forme de tombeau, d'une dimension suffisante pour recevoir l'arche de cyprès.

 

L'orfèvre chargé du travail fut en mesure de présenter son oeuvre au pontife avant le jour fixé pour la translation. Il avait employé 251 livres d'argent, et le prix qui lui fut compté pour le travail et la matière s'éleva à 4.380 écus d'or. Une étoffe de soie couleur de pourpre tapissait l'intérieur de la châsse, et des étoiles d'or semées sur les parois extérieures en faisaient comme un nouveau ciel, selon la poétique expression de Baronius, qui compare l'artiste dont la main avait exécuté ce beau travail à Béséléel, divinement inspiré dans la fabrication de l'arche d'alliance et du chandelier d'or.

 

Le dessin était du reste fort simple : quatre têtes de chérubins dorées occupaient les angles des parties supérieures et inférieures de la châsse. Les armes de Clément VIII, avec la tiare et les clefs, le tout richement doré, étaient relevées en bosse sur les flancs de ce vaste coffre d'argent hermétiquement fermé de toutes parts.

 

Le couvercle mobile qui complétait l'ensemble portait gravée cette inscription :

 

CORPVS   S.   CAECILIAE   VIRGINIS   ET   MARTYRIS

A   CLEMENTE   VIII.   PONT.   MAX.   INCLVSVM

ANNO   M.   D.   IC.   PONTIF.   VIII

 

A la vue de ce magnifique objet d'orfèvrerie, la pensée se reportait sur le sarcophage de Caecilia Metella, si élégant, si grandiose, mais vide, et laissé sans honneurs sous le portique d'un palais. L'opulente épouse de Crassus avait traversé le monde au milieu de toutes les joies qu'il offre à ceux qu'il favorise ; le monument que lui éleva son époux ornera durant de longs siècles encore l'antique voie Appienne ; mais le souvenir de Caecilia Metella ne fera jamais battre le coeur : nul ne s'est jamais inquiété du sort des ossements qui reposèrent dans son sépulcre, objet d'une froide et stérile curiosité ; tandis que la Cécile chrétienne, cherchée avec tant d'amour sous les voûtes funèbres des catacombes, saluée avec tant d'enthousiasme chaque fois que sa chaste et sainte dépouille reparaît aux yeux des fidèles, marche pour ainsi dire de triomphe en triomphe.

 

Telle est, encore une fois, la gloire incommunicable des saints. Mais, ici, les symboles du sépulcre parlent aussi leur langage, et nous montrent le contraste des deux Cécile. Le sarcophage de la première demeure exposé aux injures de l'air ; son ornementation ne dit rien à l'âme : deux têtes de cheval sortant du milieu des cannelures ondulées qui en sillonnent la masse ; à la partie supérieure, une frise sévère et gracieuse, surmontée d'un rinceau de feuillages où se jouent quelques animaux, rien qui exprime une espérance immortelle, ni même un sentiment; c'est le paganisme dans toute son élégante froideur.

 

Voyez, au contraire, le tombeau de la Cécile chrétienne. Si la tempête qui sévit encore sur l'Eglise pour un siècle et demi, oblige Urbain à déposer furtivement sous une humble arcature de la crypte à peine ébauchée des Caecilii le corps de la martyre, au neuvième siècle, Paschal lui prépare un sarcophage de marbre ; et il enfouit le précieux dépôt dans une crypte sous l'autel de la basilique ; il élève d'opulents trophées, afin d'avertir les peuples que, par delà cette somptueuse barrière, Cécile repose dans la paix.

 

Huit siècles après, Clément VIII ne veut plus que l'arche de cyprès soit reçue dans un tombeau de marbre ; l'or seul lui semble digne de protéger un si cher dépôt ; et si la prudence le fait renoncer à ce projet, il veut du moins que la fille chrétienne des Caecilii dorme son sommeil dans un sépulcre d'argent. Pour décorer ce lit de repos de la martyre du Christ, il ne fait point appel à de vains ornements ; tout est grave, tout imprime le respect, tout parle de l'immortalité.

 

Les anges dont Cécile est la soeur par la virginité ; les étoiles d'or qui se détachent des flancs du sarcophage étincelant et emportent la pensée au ciel ; la tiare et les clefs qui attestent l'humble et tendre respect du premier des mortels envers la vierge et la martyre : tels sont les emblèmes vivants qui décorent le dernier tombeau de Cécile et l'élèvent au-dessus du beau sarcophage de Caecilia Metella. Que l'artiste et l'archéologue admirent ce dernier comme l'un des plus remarquables monuments de l'art funéraire des anciens Romains, nous nous joindrons à eux ; mais nous dirons que le chrétien éprouve d'autres émotions à la pensée du lit de repos que la piété du pontife prépara aux membres inanimés de l'héroïne de Rome chrétienne.

 

Les dimensions de cette magnifique châsse ayant été prises sur le cercueil de cyprès qu'elle allait recevoir, le sarcophage préparé par Paschal se trouvait désormais trop étroit pour contenir l'un et l'autre. L'inépuisable générosité de Sfondrate avait préparé un nouveau sépulcre en marbre, à la même place qu'occupait l'ancien, et les mesures en avaient été prises exactement sur la châsse d'argent qu'on y devait déposer.

 

Quant aux deux sarcophages qui contenaient, l'un les corps des saints Tiburce, Valérien et Maxime, l'autre ceux de saint Urbain et de saint Lucius, ils étaient restés au même lieu, dans la Confession ; et les reliques qu'ils contenaient ne furent point changées de place, à l'exception des deux chefs dont nous avons parlé, et de quelques ossements que Sfondrate enleva à chacun de ces corps vénérables. Il retint aussi le coffre de bois fermant à clef dans lequel l'arche de cyprès avait reposé depuis le jour de l'invention jusqu'à celui de la translation, et l'envoya à Milan, au monastère de Saint-Paul, où deux de ses soeurs et plusieurs autres personnes de sa famille s'étaient consacrées à Dieu par la profession religieuse.

 

Enfin, le 22 novembre arriva avec toutes ses pompes. L'enthousiasme des Romains le salua avec des transports que rendait plus vifs encore la renommée des miracles que Cécile avait opérés sur plusieurs malades et infirmes, durant ces jours où elle avait semblé revivre et tenir Rome tout entière sous ses lois. Un édit papal fut publié, portant défense aux équipages et aux voitures de pénétrer dans la région transtibérine, durant toute la. matinée du jour de la translation, afin de prévenir les accidents que pouvait occasionner un si grand concours.

 

La basilique avait été parée avec une magnificence digne de la fête. Le corps de Cécile, toujours renfermé dans son arche de cyprès recouverte d'un tapis de drap d'or, reposait sur l'autel, dont on avait augmenté les dimensions. Les beaux marbres des colonnes du ciborium, les émaux des mosaïques de Paschal, réfléchissaient l'éclat de mille flambeaux.

 

Escorté du sacré collège et d'une cour brillante, à travers les flots d'un peuple immense, Clément VIII arriva aux portes de la maison de Cécile. Le pontife se rendit d'abord à la sacristie, où il procéda à la bénédiction de la châsse, qui fut ensuite portée dans la crypte, et placée ouverte dans le sarcophage de marbre qui posait sur le tombeau des saints Urbain et Lucius, étendus dans leur antique sépulture. Valérien, Tiburce et Maxime attendaient Cécile, qui bientôt allait venir reprendre sa place à leurs côtés, toute radieuse des nouveaux hommages que la foi des fidèles lui avaient prodigués.

 

Le pompeux cortège s'avança ensuite vers l'autel où l'Agneau divin devait être offert avec le corps immolé de la vierge. Après les prélats, marchaient quarante-deux cardinaux richement revêtus et ceints de la mitre. Dans cet auguste sénat, on remarquait Alexandre de Médicis, qui devait gouverner l'Eglise après Clément, sous le nom de Léon XI : Camille Borghèse, qui succéda à Léon, et fut Paul V ; César Baronius, l'historiographe de l'Eglise ; Robert Bellarmin, le vainqueur de l'hérésie. La France était représentée par d'Ossat, les lettres par Silvio Antoniani ; le zèle de la foi, la piété, la charité envers les pauvres, par un grand nombre de ces princes de l'Eglise, au milieu desquels tous les regards cherchaient Paul-Emile Sfondrate, auquel Rome et la chrétienté étaient redevables des joies de cette grande journée, et de l'éclat qu'elle devait répandre sur l'Eglise entière.

 

A la suite des cardinaux, Clément marchait revêtu du pluvial et la tiare en tête, sous un dais splendide, dont les lances étaient portées par les ambassadeurs de la république de Venise et du duc de Savoie, et par des princes romains. L'ambassadeur du roi de France soulevait le pluvial pendant la marche du pontife, lorsque, descendu de la sedia gestatoria, il se dirigea vers l'autel.

 

Le sacrifice fut célébré avec tous les rites usités lorsque le pape officie à Saint-Pierre. Le cardinal François Sforza et le cardinal Alexandre de Montalte, neveu de Sixte-Quint, remplirent les fonctions de diacres assistants, et le cardinal Pierre Aldobrandini, neveu de Clément VIII, celle de diacre de l'autel. Le pape ajouta à la collecte de sainte Cécile celle des sainte Tiburce, Valérien et Maxime.

 

Après la communion, selon l'antique usage, il fallut procéder à la translation du corps de Cécile dans son tombeau.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 360 à 367)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 15:00

L'Eglise n'accorde qu'un souvenir à cette illustre vierge dans l'Office d'aujourd'hui ; mais nous ne laisserons pas de lui rendre nos hommages. Au douze de ce mois nous avons fêté la noble Flavia Domitilla, décorée de la double palme de la virginité et du martyre ; Aurélia Pétronilla paraît avoir appartenu comme elle à la race impériale des Flaviens. Les plus antiques traditions nous la recommandent comme la fille spirituelle du Prince des Apôtres ; et si elle n'eut pas la fortune de répandre son sang pour la foi du Christ comme Domitilla, elle offrit à l'Epoux divin l'hommage suprême de la virginité.

 

De très anciens documents nous apprennent qu'ayant été demandée en mariage par un patricien de Rome du nom de Flaccus, elle réclama trois jours pour réfléchir à la proposition. Son refuge fut auprès du Seigneur auquel elle s'était vouée ; et Flaccus s'étant présenté le troisième jour, trouva le palais dans le deuil, avec tout l'appareil des solennelles funérailles que l'on préparait pour la jeune vierge qui s'était envolée comme la colombe aux approches de l'oiseleur.

 

Au VIIIe siècle, le pape saint Paul Ier retira des Catacombes le corps de sainte Pétronille, qui reposait au Cimetière de Domitilla, sur la voie Ardéatine. On le trouva renfermé dans un sarcophage de marbre, dont le couvercle était orné de dauphins aux quatre angles. Paul le déposa dans une petite église qu'il éleva près du flanc méridional de la basilique vaticane.

 

La France a professé longtemps une tendre vénération pour sainte Pétronille. Pépin le Bref fit transporter à Rome sa fille Gisèle qui venait de naître, demandant qu'elle reçût le baptême des mains du pape saint Paul Ier près du tombeau de la noble vierge. L'église bâtie par ce pontife fut longtemps appelée la Chapelle des rois de France. Louis XI la fit restaurer et la dota richement, et son fils Charles VIII lui donna de nouvelles marques de sa munificence. Cette église, où l'on remarquait de nombreuses sépultures françaises, fut détruite au XVIe siècle par suite des dispositions que nécessitait la construction de la nouvelle basilique de Saint-Pierre, et le corps de sainte Pétronille fut transféré sous l'un des autels de la partie occidentale de ce temple auguste. Il ne convenait pas que la dépouille mortelle de l'illustre vierge fût éloignée de la Confession du Prince des Apôtres qui l'avait initiée à la foi, et préparée pour les noces éternelles.

 

Nous associons votre triomphe à nos joies pascales, ô fille de Pierre ! nous vénérons à travers les siècles votre mémoire bénie. Vous avez dédaigné le monde avec ses délices et ses honneurs, et votre nom virginal se lit en tète des fastes de la sainte Eglise Romaine qui s'honore d'avoir été votre mère. Aidez-la maintenant de vos prières, et souvenez-vous aussi de la France, qui longtemps vous voua un culte fervent.

 

Protégez tous ceux qui vous implorent, et donnez-nous de célébrer avec un saint enthousiasme les solennités qui se multiplient en ces jours.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Mort de Sainte Pétronille par Pignoni

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 04:00

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc

 
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l'enfant tressaillit en elle.

 

Alors, Élisabeth fut remplie de l'Esprit Saint, et s'écria d'une voix forte :

" Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu'à moi ?
Car, lorsque j'ai entendu tes paroles de salutation, l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. "


Marie rendit grâce au Seigneur en disant :

" Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s'est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race à jamais. "

 


Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s'en retourna chez elle.

 

La Visitation par Gandolfi

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 19:00

Tels étaient aux jours de son immolation, tels furent au neuvième siècle, tels furent à la fin du seizième, tels seront, jusqu'à la fin des temps, les titres de Cécile à l'amour des enfants de l'Eglise.

 

 Les générations passées l'avaient aimée parce qu'elle leur frayait, par l'attrait de ses exemples, la voie qui mène à un monde meilleur ; et voici qu'aux derniers jours d'un siècle à jamais fatal par les tristes défections dont il fut le théâtre, la grande martyre apparaissait tout à coup comme pour raviver l'étincelle du feu sacré.

 

Comment la catholicité n'eût-elle pas répondu à l'appel de Cécile ? Quoi d'étonnant que le Père du peuple fidèle, de ce peuple si cruellement décimé par l'hérésie, tressaille d'allégresse et salue par les élans de son coeur l'heureuse et noble fille de l'Eglise romaine, toujours sa gloire et son appui ? Quoi d'étonnant que le pieux et docte Baronius dépose pour un moment cette plume immortelle qui avait raconté les mérites de Cécile, pour accourir à ce tombeau d'où elle semble se lever et dire au monde que l'Eglise du seizième siècle est encore l'Eglise de l'âge primitif, parce qu'elle est toujours l'Eglise de Jésus-Christ ? Quoi d'étonnant que l'opulent et généreux Sfondrate consacre désormais son zèle et ses richesses à orner le triomphe de Cécile, quand on songe que ces saintes profusions ont pour objet de glorifier et d'encourager dans les coeurs catholiques les vertus qui forment l'éternelle auréole de la vierge martyre !

 

Cette pompe, ces largesses, ces honneurs, ces transports d'un peuple tout entier, depuis le vieillard qui ceint la tiare jusqu'au plus humble des fidèles, ne rendraient pas à l'Eglise romaine cette moitié de l'Allemagne envahie par la révolte, ni l'Angleterre, ni la Suède, ni le Danemark, ni les cantons suisses, nations aliénées de leur mère commune par des siècles ; mais ils attesteraient, que, au sein même de cette crise affreuse, la sainteté, la pureté de la vie, l'héroïsme du dévouement étaient à Rome l'objet d'un culte aussi fervent que jamais, et le temps viendrait où ces peuples fatigués d'incertitude et d'incroyance se tourneraient vers la patrie universelle où l'idéal de la vertu ne saurait jamais s'éteindre, puisqu'on l'y place sur les autels.

 

Sfondrate, à son retour de Frascati, fit faire de nouvelles fouilles, dans le but de retrouver le tombeau des saints Urbain et Lucius. On ne tarda pas à le découvrir. Paschal l'avait placé sous le sarcophage qui contenait l'arche de cyprès où reposait Cécile. Les deux corps étaient étendus côte à côte, mais en sens contraire. La tête du premier était dans la direction de la droite de l'autel, tandis que celle du second se dirigeait à la gauche. Chacun d'eux était dans son linceul particulier. Ces précieuses reliques furent réservées pour accroître encore par leur présence la splendeur de la fête que Clément avait fixée au 22 novembre.

 

Mais, avant cette solennelle journée, la piété de Sfondrate songea à prendre les dispositions convenables pour associer la postérité catholique aux joies qu'il avait ressenties en contemplant l'épouse du Christ dans son repos mystérieux. Un jeune et habile sculpteur, Etienne Maderno, fut chargé d'éterniser par son gracieux ciseau l'attitude de Cécile dans le tombeau.

 

Le dessin fut levé avec une religieuse exactitude, et le brillant artiste de vingt-quatre ans, inspiré par un tel sujet, dota la statuaire chrétienne de ce chef-d'oeuvre de grâce et de modestie, qui est l'une des principales gloires de la basilique transtibérine. Cécile vient d'adresser à Urbain ses dernières paroles, les trois jours d'attente sont écoulés ; il est temps qu'elle s'élance vers le bien infini qu'elle a conquis. Par un suprême effort, elle s'isole de ceux qui l'entourent, en détournant sa tête. Son âme s'échappe et s'envole vers le Christ, laissant planer sur ce corps virginal une grâce et une pudicité que l'inspiration chrétienne de Maderno a sentie et que son ciseau a su exprimer. Il voulut rendre jusqu'à la pose des mains, qui attestait d'une manière si expressive la foi de Cécile mourante. Les trois premiers doigts de la main droite étaient étendus; ceux de la main gauche fermés, sauf l'index. Unité de la substance divine, trinité des personnes : telle est la foi de l'Eglise, tel était aussi le sens du geste symbolique qui témoignait, après tant de siècles, la croyance pour laquelle Cécile avait versé son sang.

 

Sainte Cécile 

 

Cette oeuvre merveilleuse fut achevée dès l'an 1600, afin d'être placée sans retard à la Confession de la martyre.

 

Malgré le désir qu'on pouvait légitimement éprouver de ravir à cette tombe merveilleuse quelque portion de son riche dépôt, la dévotion de Sfondrate était trop délicate, pour qu'il eût même la pensée de distraire la moindre partie d'un corps que la Providence divine avait conservé dans toute son intégrité durant un si grand nombre de siècles. Il voulut le réserver tout entier pour le jour où l'âme de Cécile, au son de la trompette angélique, doit venir reprendre possession de ces membres glorieux auxquels la virginité sembla avoir déjà conféré les arrhes de l'immortalité.

 

La vierge parut vouloir elle-même récompenser la pieuse réserve dont Sfondrate avait usé envers elle. Pour conserver du moins un souvenir   vivant  du   touchant   spectacle   qui   l'avait frappé à l'ouverture du tombeau, le cardinal avait cru pouvoir enlever une partie des voiles ensanglantés qui reposaient aux pieds de Cécile, dans le but de leur assurer la vénération qu'ils méritaient comme monuments de son martyre. Il distribua  à  la  plupart  des  cardinaux  résidant  à Rome des portions de ces linges sacrés, dans l'intention de retenir pour lui la dernière.  Or il arriva que sur le morceau échu à Sfondrate lui-même adhérait encore un éclat d'ossement détaché du crâne de Cécile, et collé à ce linge qui avait servi à essuyer les plaies de la vierge expirante. La grande scène de la salle du bain se retraçait tout entière à la pensée, quand on considérait ce  précieux gage envoyé par Cécile à son zélé serviteur. On se représentait cette tête auguste fracassée par les trois coups de la large épée du licteur ; la main tremblante de quelque amie de Cécile sondant avec les linges de si profondes blessures, et, si légère que fût la pression, enlevant des éclats d'os brisés, avec le sang même dont elle voulait dégager la plaie. Sfondrate garda toute sa vie comme un joyau inestimable ce touchant souvenir de la martyre, qui le lui avait légué au moment où le sépulcre allait se refermer encore une fois sur elle.

 

Avant ce moment suprême, il voulut aussi, comme dernière consolation, retenir quelque chose des vêtements de Cécile. Sans toucher à la tunique de soie qui recouvrait immédiatement le corps, il détacha un morceau de la robe tissue d'or. Ce fut sans doute dans cette circonstance qu'il osa, avec un respect profond, interroger Cécile elle-même sur les secrets de sa pénitence, et il attesta avoir senti sur la poitrine de la martyre, à travers ses vêtements, les noeuds du cilice qui, comme une forte armure, avait protégé les combats de la vierge, et partageait maintenant ses honneurs.

 

Nous avons dit que le chef de saint Tiburce avait été réservé par Paschal et placé dans une châsse spéciale, lors de la première invention, en 821. Sfondrate crut devoir imiter cet exemple, et avant de fermer le tombeau où reposaient les trois martyrs, il enleva la tête de l'époux de Cécile, pour la réunir à celle de son frère. Il fit de même pour le chef de Maxime, afin que le trésor de la basilique offrît du moins à la vénération ries fidèles la partie principale des trois corps qu'avaient sanctifiés l'époux, le frère et le disciple de Cécile.

 

Le cercueil de la vierge avait été, comme nous l'avons dit, déposé dans une salle située à l'extrémité supérieure de la nef gauche de l'église, d'où l'on pouvait l'apercevoir à travers une fenêtre grillée qui ouvrait sur la basilique. L'estrade et l'arche de cyprès furent revêtues de tentures de soie rehaussées de broderies d'or ; de riches candélabres, de nombreuses lampes, des fleurs d'or et d'argent, ajoutaient un nouveau degré de magnificence à cette décoration. On s'abstint de brûler des parfums près du saint corps, parce que, selon le rapport du témoin irrécusable auquel nous empruntons tous ces détails, une délicieuse odeur de rose et de lis émanait sans cesse du cercueil de la vierge, et embaumait le sanctuaire où il était déposé.

 

Dans les jours qui s'écoulèrent jusqu'à la translation, le concours des fidèles fut prodigieux. On se vit obligé de réclamer le secours des Suisses de la garde pontificale pour maintenir l'ordre, au milieu de ce débordement de la population romaine sur la région transtibérine. Plus d'une fois, Sfondrate, qui semblait avoir fixé sa demeure dans la maison de Cécile, faillit être écrasé par la foule.

 

Les princesses romaines et les jeunes patriciennes se distinguèrent par leur assiduité à venir rendre leurs hommages à celle qui avait vaincu toutes les séductions du monde ; mais rien ne pourrait rendre l'allégresse des religieuses du monastère de Sainte-Cécile, gardiennes d'un si cher dépôt, et qui ne savaient comment témoigner à la puissante patronne leur reconnaissance d'avoir été choisies pour être les heureux témoins de sa dernière manifestation. Les voeux, les chants, les larmes de tendresse, tous les empressements d'une cour assidue, rien ne pouvait satisfaire le besoin d'exprimer à Cécile le bonheur que leur causait sa présence au milieu d'elles.

 

La plupart des cardinaux vinrent apporter le tribut de leurs hommages à l'épouse du Christ, et Clément VIII, ayant enfin recouvré la santé, accourut de Frascati pour se prosterner à ses pieds. Nous laisserons Baronius raconter l'entrevue du pontife avec la fille des Metelli :

" Clément se rendit, accompagné des cardinaux, à l'église de Sainte-Cécile, pour visiter et vénérer les dépouilles sacrées de la vierge martyre. La planche mobile de la châsse de cyprès ayant été levée, le pontife vit et vénéra ce corps digne du respect des anges mêmes, et lui offrit un hommage plus précieux que l'or et les pierreries, des prières accompagnées de larmes qui marquaient l'offrande même de son coeur.

" Il célébra ensuite, en l'honneur de la martyre, le sacrifice non sanglant du corps de Jésus-Christ, se réservant d'accomplir des actes plus solennels de religion en la fête de sainte Cécile qui approchait."

 

Tel fut ce jour-là l'hommage offert à la vierge par un si grand pontife.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 353 à 359)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 04:00

À Rouen, en 1431, sainte Jeanne d’Arc, vierge, appelée la pucelle d’Orléans, qui combattit avec force pour sa patrie, mais, livrée au pouvoir des ennemis et condamnée à mort par un tribunal ecclésiastique inique, malgré la simplicité de sa foi et son attachement à l’Église, elle mourut sur le bûcher à l’âge de dix-neuf ans.  
Martyrologe romain

 

1914 : Jeanne sauve une 2ème fois la France 

" A Jeanne d'Arc qui sauva deux fois la France. " Cette dédicace devait être apposée sur la façade de la basilique Sainte-Jeanne d'Arc construite à Paris, dans le 18ème arrondissement. Mais cette façade est restée inachevée, sans aucune inscription ni ornement.

 

Dans quelles circonstances Jeanne sauva-t-elle une deuxième fois la France et pourquoi cette église fut-elle bâtie en ce lieu et non pas ailleurs ? C'est toute une histoire. 

 

Le Vœu de 1914 

Il faut se reporter au début du mois de septembre 1914. Depuis près d'un mois, les combats font rage et, malgré tous les efforts, l'avancée allemande semble irrésistible. Le front se rapproche de plus en plus de Paris, transformé en camp retranché. Des dizaines de milliers de Parisiens fuient la ville, le général Gallieni fait miner les ponts sur la Seine pour retarder l'ennemi dans l'éventualité d'une bataille à travers la capitale. Le 2 septembre, le Gouvernement va se réfugier à Bordeaux. Le même jour, à Compiègne, les Allemands annoncent qu'ils seront à Paris le 4 septembre.

 

Le 4 septembre, les Allemands ne sont pas encore arrivés mais l'angoisse des Parisiens est à son comble. Ils ne savent pas que leur destin va basculer ce jour-là.

 

Ce 4 septembre, Mgr Odelin, vicaire général, célèbre la messe au Sacré-Cœur de Montmartre. Après la messe dans la chapelle des armées, dédiée à St Michel et à la bienheureuse Jeanne d'Arc, il fait vœu d'élever une église à Jeanne d'Arc, à Paris, si la capitale est épargnée. Il s'agit d'un vœu conditionnel fait au nom du cardinal absent. L'intention de Mgr Odelin est de soumettre ce vœu à l'approbation de l'archevêque de Paris, dès son retour de Rome où il est retenu par le conclave qui élit Benoît XV.

 

Or, le jour même où ce vœu est formulé, surviennent deux événements extraordinaires, imprévus et simultanés  :

- Au lieu de continuer à avancer droit sur Paris, vers une victoire presque assurée, le général von Klück se détourne de la capitale et oblique vers l'est, vers les bords de la Marne où il va se faire battre. Cette énorme erreur stratégique est encore mal expliquée.

 

- Le soir de ce 4 septembre, le général Gallieni ordonne à la 6ème armée la manœuvre hardie, l'offensive sur l'Ourcq, qui déclenche la bataille de la Marne. Dans la situation militaire où l'on se trouvait et dans l'état où était l'armée française, il paraissait impensable de pouvoir lancer une telle attaque. Le futur vaincu de la Marne, le général von Klück, a déclaré : "Que des hommes ayant reculé pendant quinze jours, que des hommes couchés par terre et à demi-morts de fatigue puissent reprendre le fusil et attaquer au son du clairon, c'est une chose avec laquelle nous autres Allemands n'avions jamais appris à compter : c'est là une possibilité dont il n'a jamais été question dans nos écoles de guerre."

 

La bataille de la Marne commence le lendemain. Les combats sont acharnés et, le jour suivant, le 6 septembre, le général Joffre lance son fameux ordre du jour : "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l'ennemi. Une troupe qui ne pourra plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer."

 

Ce dimanche 6 septembre, les paroissiens de Saint-Denys de la Chapelle (Paris 18ème) célèbrent le 485ème anniversaire du passage de Jeanne d'Arc en ce lieu. L'abbé Margand, ancien vicaire de cette paroisse devenu curé de Sainte-Geneviève dans la Plaine Saint Denis, prêche après les Vêpres. Au cours de son sermon, il s'écrie : "De même qu'en 1870 on a fait vœu d'élever la Basilique du Sacré-Cœur, prenons l'engagement solennel d'élever en ce lieu une basilique à Jeanne d’Arc si Paris n'est pas touché par les armées allemandes". Alors, chose inouïe à l'époque, toute l'assistance explosa en applaudissements prolongés. Le Figaro du lendemain relata le fait, en ajoutant : "C'est un engagement d'honneur, Paris voudra le tenir". Ce 6 septembre, jour où le vœu est ainsi renouvelé, l'attaque menée par des soldats pourtant écrasés de fatigue s'avère payante : pour la première fois depuis un mois, la ruée allemande est stoppée.

 

Dans la nuit du 6 au 7 septembre, le commandant du camp retranché de Paris, le général Gallieni, envoie plus de 4000 hommes prendre part à la bataille. Des centaines de taxis parisiens, des omnibus et des voitures de maîtres sont réquisitionnés et, dans un long cortège, ils vont rejoindre la ligne de feu sur le front de la Marne.

 

Le 8 septembre, anniversaire du jour où Jeanne d'Arc attaqua Paris occupé par les Anglo-Bourguignons, le mot de passe transmis aux troupes est "Jeanne d'Arc" ! Ce mot, synonyme d'audace et de courage, galvanise davantage encore les énergies. Ce jour, l'ennemi se replie en direction de la Marne. La 6ème armée progresse de 15 km vers l'est, et le renversement de la situation apparut à tous une chose si merveilleuse et inespérée que l'on commença à parler du "Miracle de la Marne". Le succès s'amplifie les jours suivants, jusqu'au communiqué de Joffre du 13 septembre : "Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout l'ennemi est en retraite. Partout les Allemands abandonnent des prisonniers, des blessés, du matériel. Après les efforts héroïques dépensés par nos troupes pendant cette lutte formidable qui a duré du 5 au 12 septembre, toutes nos armées surexcitées par le succès exécutent une poursuite sans exemple par son extension. Le gouvernement de la République peut être fier de l'armée qu'il a préparée." La victoire de la Marne est acquise, mais la bataille continue sur un front de 180 km et la guerre est loin d'être gagnée.

 

Ce même dimanche 13 septembre 1914, le cardinal Amette présidait à Notre-Dame de Paris la procession des reliques des saints de France. Trente mille fidèles se pressaient dans la cathédrale, sur le parvis et dans les rues avoisinantes. Son Eminence invita ses diocésains à persévérer dans la prière pour le salut de la Patrie. 

 

L'adversaire essayait de se ressaisir et un retournement de la situation était toujours à craindre. A la fin de la cérémonie, l'Archevêque de Paris monta en chaire et il confirma explicitement le vœu : "Depuis le commencement de la guerre, plusieurs ont exprimé la pensée de promettre par vœu l'érection d'une église à Jeanne d'Arc, dans la capitale, pour obtenir la victoire. Nous avons devancé ce désir puisque depuis plusieurs années déjà, nous avons résolu de construire à Paris une église à Jeanne d’Arc. Eh bien, aujourd'hui, je fais vœu de poursuivre au plus tôt la construction de cette église et de la dédier à la bienheureuse Jeanne d'Arc, en ex-voto commémoratif pour le salut et le triomphe de la France."

 

La bataille de la Marne écarta la menace allemande sur la capitale et, durant les quatre années de guerre, Paris fut à l'abri des combats. Satisfaction avait donc été obtenue. Fut-ce grâce à une intervention surnaturelle ? En d'autres termes, doit-on voir une relation de cause à effet entre le vœu à Jeanne d'Arc et la protection de Paris ? L'Eglise a répondu par l'affirmative. Voici ce que déclarait le cardinal Feltin dans l'homélie qu'il prononça le 10 mai 1964, le jour de la consécration de la basilique résultant du vœu de 1914 :

" On put constater que, dans le même temps où se faisait cette promesse solennelle, pour des raisons qui nous sont inconnues, les plans de l'armée allemande se modifiaient et au lieu de poursuivre sa marche vers Paris, cette première armée s'orientait vers l'est. Sans doute espérait-elle envelopper toute notre armée française ; c'était ainsi un combat dans le Nord-est. Mais cette manœuvre a été le moment de stabilité : c'est le début de la bataille de la Marne. C'est là qu'a commencé ce que l'on a justement appelé le «miracle de la Marne». Car s'il est vrai que cette victoire ainsi remportée ait été présage de celle qui viendrait après quatre années de vie passées en tranchées, s'il est vrai que cette victoire, dis-je, est due à la valeur des chefs et à la vaillance des soldats, on peut bien constater qu'elle est aussi le résultat d'une protection particulière du Ciel, et pourquoi ne pas le dire, de sainte Jeanne d'Arc, puisque c'est depuis ce moment-là qu'il y a eu changement dans nos attitudes de guerre."

 

A quel endroit édifier l'église votive ? 

Le curé de Saint-Denys de la Chapelle, l'abbé Georges Derroite, souhaitait ardemment que la basilique dédiée à Jeanne d'Arc soit construite dans sa paroisse, près de l'église où Jeanne pria et communia en 1429. Mais, lorsque au début des années 20, le diocèse décida d'entreprendre la réalisation du vœu, le projet était de construire cette basilique près de la place Dupleix (15ème arrondissement), sur un terrain acquis à cet effet ; mais un beau jour de 1922, l'abbé Derroite eut la surprise d'apprendre que ce projet ne pourrait pas être mené à bien : la Ville de Paris venait de frapper ce terrain de servitude pour y ouvrir une nouvelle rue. Le diocèse devrait donc trouver un autre emplacement.

 

Pour notre curé, c'était un signe très clair : Jeanne d'Arc ne voulait pas être honorée dans le 15ème arrondissement, où elle n'est jamais allée. Elle ne voudrait pas plus d'une église ailleurs dans Paris puisque, de son vivant, elle n'a jamais pu entrer dans cette ville. Le seul emplacement convenable, c'était La Chapelle, ce village où elle a logé en 1429, lorsqu'elle lança un assaut infructueux contre la capitale, et où on la ramena, blessée par un tir anglais. La construction de la basilique à La Chapelle aurait aussi l'avantage de procurer au quartier une protection et des grâces particulières, par l'intercession de la sainte.

 

Le curé s'empressa de multiplier les démarches et d'intervenir auprès de l'archevêque qu'il parvint à convaincre. Le 1er décembre 1922, il rencontra le cardinal, Mgr Dubois, qui lui fit part de sa décision : la basilique sera édifiée à La Chapelle, à charge, pour le curé, de trouver un terrain. L'exploration des ressources du quartier allait commencer, quand il apprit que le terrain attenant à l'église Saint-Denys était mis en vente. C'était manifestement un nouveau signe car l'emplacement était idéal : la sainte voulait être honorée ici. Il imagina aussitôt l'édification d'une basilique remplaçant ou englobant la vieille petite église gardienne du souvenir de Jeanne d'Arc.

 

Le terrain devait être mis en vente aux enchères le 28 décembre 1922. Il ne fallait pas qu'il échappât à la paroisse. Pour mettre toutes les chances de son côté, l'abbé Derroitte fit le vœu de se rendre avec ses paroissiens en pèlerinage à Lourdes s'il parvenait à l'acheter. Pour solenniser ce vœu, il le mit par écrit et confia ce document à une personne qui devait le déposer à Lourdes, dans la grotte des apparitions, le 28 décembre, jour de la vente. L'abbé pouvait alors attendre sereinement ce jour fatidique.

 

Stupeur : au jour dit, la vente n'a pas lieu ! Mais notre curé n'est pas homme à se laisser abattre. "Le coup fut dur, écrit-il. Pourtant nous ne perdîmes pas courage, considérant comme impossible que la Sainte Vierge ait choisi le jour même de notre plus grande espérance pour nous désespérer". Il entreprend des négociations, qu'il qualifie de "laborieuses", avec les vendeurs du terrain et ils parviennent à un accord, sans passer par des enchères. La promesse de vente est signée le 11 février 1923. Or ce jour, et ce n'était pas un hasard pour le curé, est celui de la fête de Notre-Dame de Lourdes : il savait bien que Marie ne l'abandonnerait pas et n'abandonnerait pas Jeanne d'Arc qui voulait être honorée en ce lieu.

 

Le soir même, il écrit à ses paroissiens pour leur annoncer la nouvelle en laissant exploser sa joie : 

" Chers Paroissiens,

" C'est un fait accompli. Aujourd'hui, 11 février, fête de l'Apparition de la Sainte Vierge à Lourdes, nous sommes autorisés à vous annoncer que le vœu fait en notre nom le 28 décembre dernier à Lourdes même est réalisé, que Son Eminence le Cardinal Dubois, Archevêque de Paris, ému de l'état de l'église Saint-denys de la Chapelle, ayant considéré ses titres historiques à devenir le sanctuaire parisien de Sainte Jeanne d'Arc, touché de votre exceptionnelle dévotion envers la sainte héroïne de la Patrie, son Conseil consulté et tous les obstacles ayant disparu, a décidé que l'église Saint-Denys de la Chapelle serait restaurée sous le vocable de Sainte Jeanne d'Arc, et le serait par la piété du diocèse tout entier, en exécution du vœu fait par Monseigneur Amette en 1914, exécution qu'avait retardée la guerre et que rend plus que jamais pressante la Victoire. 

" Réjouissez-vous et publiez-en la nouvelle. Il n'est personne qui doive rester insensible à cet événement d'une portée matérielle et morale incalculable. Sainte-Jeanne est à nous ! La seconde patronne de la France, celle qui après Marie, veille sur les destinées de la Patrie, est à nous ! Sa protection souveraine nous est un gage certain de prospérité et de grandeur.

" Mais nous développerons ces pensées plus tard. Il n'y a de place à l'heure présente que pour la joie et l'action de grâces. Tous les Parisiens et même tous les Français doivent les partager.

" Il convenait divinement que la Patronne de la France eût une église dans la Capitale, que cette église témoignât de son final triomphe et de son entrée dans Paris sur les lieux même qui n'avaient gardé jusqu'alors que le triste souvenir de son échec, qu'il fût enfin le sanctuaire même où elle avait si saintement prié, communié, pris et repris courage. Demain tout le monde dira : c'est bien ainsi. Ce n'en est pas moins un vrai miracle.

" Que Dieu soit béni ! Vive la Chapelle ! Vive Sainte Jeanne d'Arc ! "

 

Le cardinal Dubois informe officiellement les Parisiens dans une Lettre Pastorale datée du 1er mai 1923, en justifiant le choix de ce lieu : "Ne vaut-il pas mieux choisir, pour consacrer religieusement la mémoire de la Pucelle, un des endroits jadis voisins de la ville et aujourd'hui enfermés dans ses murs, là où elle a passé, séjourné, prié, communié, souffert ? Tous les historiens sont d'accord pour dire que Saint-Denys de la Chapelle a eu l'insigne honneur de recevoir Jeanne d'Arc. En vérité, ce lieu est sacré, il mérite de devenir pour tous les Parisiens, pour tous les Français, un lieu de pèlerinage patriotique et religieux. Notre projet d'y élever une basilique favorisera ce pèlerinage. Il ne s'agit pas de démolir l'église actuelle de Saint-Denys de la Chapelle et de la remplacer par une autre église. Rien de ce qui rappelle le souvenir de Jeanne ne devra disparaÎtre: la nouvelle église, ex-voto de notre victoire, la conservera comme une relique."

 

Le curé de La Chapelle peut alors entreprendre son pèlerinage d'action de grâces à Lourdes. Il avait si bien sensibilisé ses paroissiens à l'importance de l'enjeu qu'ils furent nombreux à j'accompagner. Il leur écrit le 31 mai 1923 :

" Dans quelques jours nous serons à Lourdes, fidèles au vœu que nous avons fait d'y aller en pèlerinage, si nous avions le bonheur de voir notre rêve accompli. Il nous tarde de partir. Notre cœur, gonflé de reconnaissance, est impatient de remercier la Vierge Marie du miracle qu'elle a fait en notre faveur. Car c'est miracle qu'on ait décidé d'édifier, chez nous, sur les pauvres restes de notre église, la basilique de Sainte Jeanne d'Arc.

" Quel événement ! Quelle grâce ! Comme il convient de ne faire qu'un cœur, et le plus grand des cœurs pour exprimer notre gratitude ! 

" Nous, heureux pèlerins, nous ferons en sorte de l'exprimer avec effusion au nom de tous ; nous tâcherons, par elle, d'attirer sur la paroisse de nouveaux bienfaits et d'obtenir les miracles qui sont encore nécessaires pour mener à bonne fin l’œuvre immense qui reste à faire.

" Nous voudrions emmener toute la Paroisse. Force nous est de nous contenter d'une simple délégation. Du reste, elle sera fort convenable. Nous serons plus de quatre-vingt, groupés et marchant derrière la bannière de Jeanne d'Arc. Tous les âges et toutes les conditions seront représentés. Plusieurs malades nous accompagnent et parmi les malades les pauvres n'ont pas été oubliés. Espérons qu'ils seront guéris. 

" Quant à vous, chers Paroissiens, vous à qui le devoir impose le sacrifice de rester à Paris, croyez que vous ne serez pas oubliés. Nous emportons vos nécessités, vos requêtes, vos préoccupations de toutes sortes. Nous recommanderons à la Sainte Vierge vos familles, vos enfants, la santé et le bonheur de tous ceux que vous aimez. Nous avons grande confiance de revenir les mains pleines de bénédictions pour tous. Soyez, vous aussi, vous-mêmes, très unis à distance par la pensée et la prière."

 

Il va falloir maintenant financer et construire la basilique, en prenant modèle, écrit-il "sur la petite Bernadette qui, malgré sa faiblesse, n'a pas désespéré de couronner le rocher de Massabielle de la basilique qu'on y admire."

 

L'entreprise fut ardue et c'est seulement en 1964, cinquante ans après le vœu, que l'édifice put être consacré. Sa grande taille (1000 places assises) devait lui permettre d'accueillir des foules. Mais, aujourd'hui, un seul groupe y vient en pèlerinage : les membres de notre association, le jour de la fête nationale de Jeanne d'Arc. Mais ça, c'est une autre histoire...

 
Jacques FRANCOIS

Association Universelle des Amis de Jeanne d'Arc 

 

Basilique Sainte Jeanne d'Arc et Saint Denys de la Chapelle

La Basilique Sainte Jeanne d'Arc et l'église Saint Denys de La Chapelle à Paris XVIIIe

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