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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 19:00

L'heure cependant était arrivée où Cécile allait reparaître et rentrer dans Rome.

 

 Un matin, Paschal (c'est lui-même qui le rapporte dans un de ses diplômes) assistait au service divin dans la basilique de Saint-Pierre, près de la Confession. Les clercs psalmodiaient mélodieusement l'office des Laudes matutinales, et le pontife écoutait avec délices l'harmonie des cantiques que l'Eglise fait monter vers le Seigneur au lever du jour. Un assoupissement produit par la fatigue des veilles saintes, vient le saisir sur le siège même où il présidait dans la majesté apostolique. Les chants sacrés ne résonnent plus à son oreille que comme un concert lointain ; mais son oeil fermé aux objets extérieurs est soudain frappé d'une apparition lumineuse. Une jeune dame de grande beauté et parée comme les épouses du Christ, est devant lui. Elle lance sur le pontife un regard pénétrant, et lui dit d'un ton ferme :

" Nous avons des actions de grâces à te rendre. Sur les simples récits du vulgaire, sur de faux bruits, as-tu donc abandonné les tentatives que tu faisais pour me retrouver ? Dans le cours de tes recherches, il y a cependant eu un instant où tu t'es rencontré si près de moi, que nous eussions pu discourir ensemble.

" — Mais, reprit le pontife vivement ému, qui es-tu donc, toi qui me parles avec tant de hardiesse ?

— Puisque tu veux savoir mon nom, dit le personnage céleste, je m'appelle Cécile, servante du Christ."

 

Paschal, qui savait que les apparitions ne sont pas toujours un indice de la volonté du ciel, repartit :

" Mais comment pourrions-nous le croire ? C'est un bruit répandu depuis longtemps que le corps de cette sainte martyre a été enlevé par les Lombards.

— En effet, dit Cécile, ils m'ont cherchée longtemps et avec insistance ; mais la faveur de ma puissante dame, la Mère de Dieu, toujours vierge, m'a protégée. Elle n'a pas permis que l'on m'emportât au loin, et je suis demeurée au lieu même où j'ai toujours reposé. Tu avais commencé des recherches, continue-les ; car il a plu au Dieu tout-puissant, pour l'amour et pour l'honneur duquel j'ai souffert, de me révéler à toi. Tu enlèveras donc mon corps avec les autres corps saints qui sont près de moi, et tu nous déposeras dans le titre que récemment tu as fait restaurer."

Après ces paroles, la vision disparut.

 

 Le pontife, frappé d'un si solennel avertissement, fit reprendre incontinent les fouilles. Il dut naturellement commencer par la grande crypte attenante à celle des papes, et s'assurer de ce qu'elle contenait. Il n'avait pas sondé la muraille, et l'état de délabrement dans lequel était toute la salle lui avait fait conclure que le corps de Cécile n'était pas en ce lieu. La place du sarcophage étant dissimulée aux regards par une heureuse précaution, Paschal jusqu'alors y avait été trompé comme les Lombards. On voit par les paroles de son récit qu'il s'appuya sur le texte des Actes pour se guider dans ses recherches, ayant conclu de cet écrit que Cécile devait avoir été ensevelie avec les pontifes. On y lit en effet que Cécile fut ensevelie par Urbain, inter collegas episcopos, le compilateur ayant ignoré que le corps de la martyre, déposé par Urbain dans le lieu où plus tard on établit la sépulture des papes, céda sa place, et fut transféré tout auprès. Sa méprise rend raison des incertitudes de Paschal et du peu de succès de ses premières recherches.

 

 La cloison étant enlevée, le sarcophage de Cécile apparut. Il n'avait rien souffert dans les dévastations qui avaient précédé. Cécile y reposait dans son arche de cyprès. Elle était encore revêtue de la robe aux cyclamens d'or avec laquelle Urbain l'avait ensevelie ; les linges qui avaient servi à essuyer ses blessures étaient roulés ensemble et déposés à ses pieds. Paschal atteste, dans son diplôme, avoir touché de ses propres mains ces restes augustes, omnia nostris manibus pertractantes.

 

 Nous trouvons ici une première preuve de la véracité des Actes jusque dans des détails minutieux, et en même temps une garantie de l'exactitude des mémoires sur lesquels leur rédacteur a travaillé. Le diplôme de Paschal, qui a toute la gravité d'un titre de fondation et n'est pas simplement un récit, nous apprend que le corps de Cécile était encore couvert d'une robe tissue d'or. Ce détail est d'une importance secondaire ; mais les Actes l'avaient déjà fourni. Paschal ne dit pas qu'il ait découvert près du corps l'ampoule pleine de sang que l'on a rencontrée si souvent aux tombeaux des martyrs ; ce sont des linges imbibés de sang qu'il a trouvés aux pieds de Cécile. La circonstance de ces linges est caractéristique dans les Actes. Ils attestent une blessure essuyée sur un corps sillonné par le glaive ; ils n'ont rien de commun avec les éponges dont on se servait pour recueillir à terre, après le supplice, le sang épanché des martyrs, qu'on exprimait ensuite sur le vase destiné à le recevoir. Ces linges avec lesquels les Actes disent que l'on avait étanché le sang qui coulait des plaies de la martyre (bibulis linteaminibus extergebant) étaient là, roulés avec précaution, et déposés comme un trophée aux pieds de Cécile.

 

Des indications recueillies au temps même du martyre ont pu seules mettre le rédacteur du cinquième siècle à même de formuler les détails si précis qu'il donne, et que le récit de Paschal vient confirmer six siècles après. On est en droit de conclure qu'il a eu entre les mains des mémoires antérieurs, et s'il s'est égaré quelquefois, c'est uniquement dans les rares circonstances où il a voulu suppléer par ses conjectures à des détails de temps et de lieu, qu'il ne trouvait pas exprimés sur les documents à l'aide desquels il traçait sa narration.

 

 Paschal atteste avoir trouvé le corps de Valérien non loin de celui de Cécile, et Cécile elle-même dans sa révélation au pontife lui parle des saints qui reposent près d'elle. On sait que les tombeaux des trois martyrs étaient primitivement sur la gauche de la voie Appienne. Pour expliquer leur présence autour du corps de Cécile, on est en droit de penser qu'à l'époque où la tombe de celle-ci fut dissimulée par crainte des Lombards, on aura pris des mesures pour soustraire leurs corps, trop exposés au cimetière de Prétextat, et pour les cacher dans la crypte de Cécile.

 

 Nous devons ajouter ici que la narration de Paschal dans son diplôme est confirmée de tout point par le Liber pontificalis, dans une notice officielle et contemporaine sur ce pontife.  Les faits   rapportés   dans   ces   deux   documents   se trouvent par là mis au-dessus de toute discussion.

 

 Cécile venait donc de renaître pour la ville sainte, et elle allait reprendre possession de ces lieux que sa présence avait honorés tant de siècles auparavant. Cette maison, témoin de ses vertus, arrosée de son sang, transmise par elle à l'église romaine, pour être un temple au Seigneur, elle allait la revoir fréquentée par le peuple chrétien, et gardant fidèlement la destination qu'elle-même lui avait donnée au moment de monter au ciel.

 

 Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis le jour où Paschal, dans une visite à la basilique, avait résolu de consacrer ses soins au renouvellement de ce sanctuaire. On était au 8 des ides de mai (8 mai) de l'année 822. Le pontife célébra solennellement la dédicace de l'église, restaurée par ses soins, et ce fut sans doute en ce même jour qu'il déposa les saintes reliques sous la Confession.

 

 Il avait fait préparer un sarcophage de marbre pour la vierge à laquelle étaient dus les premiers honneurs d'un si magnifique triomphe. Elle devait y reposer seule dans le coffre de cyprès qui contenait ses restes glorieux. Paschal respecta, comme l'avait fait Urbain, l'attitude de la vierge ; mais il fit garnir les parois intérieures du cercueil d'une étoffe de soie à franges, appelée Quadrapulum, et étendit sur tout le corps un tissu léger, aussi à franges, et formé de l'étoffe qu'on nommait Stauracin. Quand tout fut disposé, on scella une table de marbre sur le tombeau, qui ne devait revoir la lumière qu'après huit siècles.

 

 Un second sarcophage reçut les trois corps de Valérien, de Tiburce et de Maxime ; l'époux de Cécile fut placé entre les deux autres martyrs, et chacun d'eux fut enveloppé dans un linceul particulier. Avant de clore ce second sépulcre, Paschal enleva le chef de Tiburce, que le glaive avait détaché du tronc, et plaça cette pieuse relique du frère de Cécile dans une châsse d'argent du poids de 8 livres, voulant que les fidèles eussent constamment sous les yeux ce témoignage éloquent du courage de nos martyrs.

 

 Paschal avait préparé un troisième sarcophage, dans lequel il déposa les corps de saint Urbain et de saint Lucius, qu'il prit à Sainte-Praxède où il les avait d'abord déposés. Ils furent aussi enveloppés chacun d'un linceul particulier, et le pontife, ayant fermé ce troisième sépulcre, fit élever l'épais mur circulaire qui devait enclore le lieu où reposaient les martyrs.

 

Un marbre, portant une croix en mosaïque avec une inscription, fut placé dans l'intérieur du souterrain, près du tombeau, pour attester à la postérité la valeur du dépôt que Paschal avait enfoui sous ses ombres impénétrables. On y lisait gravés ces vers :

 

HANC   FIDEI  ZELO  PASCHALIS PRIMVS  AB IMO
ECCLESIAM RENOVANS DVM CORPORA SACRA REQVIRIT
ELEVAT INVENTVM  VENERANDAE  MARTYRIS ALMAE
CAECILIAE CORPVS HOC  ILLUD MARMORE CONDENS
LVCIVS   VRBANVS   HVIC   PONTIFICES   SOCIANTVR
VOSQVE DEI TESTES TIBVRTI  VALERIANE
MAXIME CVM DICTIS CONSORTIA DIGNA TENETIS
HOS  COLIT EGREGIOS DEVOTE ROMA  PATRONOS

 

Lorsque, par le zèle de la foi, Paschal rebâtissait cette église depuis les fondements, s'étant mis à la recherche des saintes reliques, il découvrit et leva le corps de l'auguste martyre Cécile ; c'est sous ce marbre qu'il l'a déposé. Les pontifes Lucius et Urbain sont avec elle, et vous aussi témoins de Dieu, Tiburce, Valérien, Maxime, vous y occupez une place digne de vous. Ici reposent ceux que Rome vénère comme ses puissants protecteurs.

 

L'autel principal de la basilique s'élevait au-dessus de l'enceinte des tombeaux ; on avait, selon l'usage, pratiqué dans sa masse une ouverture munie d'une grille mobile, et appelée fenestella. Dans l'intérieur et à travers les marbres, s'ouvrait un conduit vertical, au moyen duquel on faisait parvenir jusqu'à la tombe de Cécile les linges appelés brandea, que l'on remontait ensuite sanctifiés par ce contact sacré, pour être distribués comme de précieuses reliques.

 

La basilique que le pontife avait ornée et pourvue avec tant de munificence était disposée selon la forme que l'on gardait alors dans toutes les églises de Rome. Une cour environnée d'un portique, avec une fontaine au centre, précédait, l'édifice qui s'étendait sur trois nefs. A droite, en entrant dans l'église, mais en dehors du collatéral, on trouvait la salle de bain où Cécile rendit le dernier soupir, et dont nous parlerons plus tard. Au-dessus des colonnes de la grande nef, Paschal fit peindre la série des pontifes romains, depuis saint Pierre jusqu'à lui, en. la manière qu'on les voyait dans les basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul.

 

Entre l'abside et la grande nef s'élevait, selon la coutume, un arc triomphal couvert d'une mosaïque étincelante. Au centre brillait la Mère de Dieu sur un trône, tenant l'Enfant divin assis sur ses genoux ; deux anges debout l'accompagnaient, l'un à droite, l'autre à gauche. De chaque côté, cinq vierges, séparées chacune par un palmier, s'avançaient vers le trône du Fils et de la Mère, présentant chacune une couronne. Plus bas, à la naissance du cintre, les vingt-quatre vieillards de l'Apocalypse, douze à droite, et douze à gauche, élevaient leurs couronnes vers le Christ, à la gloire duquel cet arc de triomphe était consacré.

 

La mosaïque de l'abside ne fut exécutée qu'après la translation des saints martyrs, et Paschal voulut en faire le monument principal d'un événement si honorable pour la basilique. Conservée jusqu'à nos jours, elle a vu pâlir l'éclat de ses riches émaux, sans en être pour cela moins vénérable. Au centre paraît la figure du Christ, debout, revêtu d'un manteau tout éclatant d'or. De sa droite, il bénit à la manière grecque, et tient de la gauche le rouleau des Evangiles. Le mosaïste byzantin a représenté saint Pierre à la gauche du Sauveur, parce que la gauche était le côté d'honneur chez les Grecs. Le Prince des apôtres est couvert d'un manteau d'argent, et tient les deux clefs, symbole de la puissance. Après lui paraissent Valérien et Cécile : le premier revêtu aussi d'un manteau d'argent, et tenant dans ses mains une couronne dentelée ; la vierge, les cheveux ceints d'une bandelette, le cou orné d'un collier de perles à trois rangs. Le manteau et la robe de Cécile sont d'or, et elle tient une couronne formée de deux rangs de perles. Un palmier chargé de fruits est près d'elle, et arrête la scène de ce côté.

 

A la droite du Sauveur est saint Paul, enveloppé dans un manteau d'or, et portant le livre des Evangiles richement relié. Après lui paraît sainte Agathe, couronnée d'un diadème et revêtue d'une robe d'or, rehaussée d'une riche parure de perles. Elle appuie la main droite sur l'épaule de Paschal, qui est revêtu de la chasuble antique et du pallium, et qui tient dans ses mains un petit édifice  représentant l'église de Sainte-Cécile, dans la dédicace de laquelle il associa le nom de sainte Agathe à celui de la vierge romaine. Le nimbe de Paschal est carré, pour signifier qu'il était vivant encore. Un palmier chargé de fruits borne aussi la scène de ce côté ; mais un phénix pose sur une de ses branches supérieures, pour rappeler l'oiseau symbolique que Cécile fit graver sur la tombe de Maxime.

 

La bordure inférieure de la mosaïque offre l'Agneau de Dieu sous les pieds duquel coulent cinq fleuves, antiques symboles des fontaines vivifiantes qui émanent des plaies du Rédempteur. De chaque côté, six agneaux s'avancent vers l'Agneau divin. Au sommet de l'abside on aperçoit encore le monogramme de Paschal, et dans la partie inférieure de cet immense tableau, on lit toujours l'inscription en vers par laquelle il dédie à Cécile ce somptueux monument de l'art byzantin. Elle est ainsi conçue :

 

HAEC DOMVS AMPLA MICAT VARIIS FABRICATA METALLIS
OLIM QVAE FVERAT CONFRACTA SVB TEMPORE PRISCO
CONDIDIT IN MELIVS PASCHALIS PRAESVL OPIMVS
HANC AVLAM DOMINI FIRMANS FYNDAMINE  CLARO
AVREA GEMMATIS RESONANT HAEC DINDIMA TEMPLI
LAETVS  AMORE  DEI  HIC   CONIVNXIT   CORPORA  SANCTA
CAECILIAE ET SOCIIS RVTILAT HIC FLORE IVVENTVS
QVAE PRIDEM IN CRYPTIS PAVSABANT MEMBRA  BEATA
ROMA RESVLTAT OVANS SEMPER ORNATA  PER  AEVVM

 

Ce vaste temple, où brille aujourd'hui l'émail de tant de métaux précieux, tombait en ruine naguère sous les coups du temps. Le pontife Paschal, dans sa munificence, l'a relevé plus beau. Il a assis cette maison de Dieu sur les plus riches fondements ; mais le sanctuaire, tout éclatant d'or, étincelle du mélange harmonieux des pierres précieuses. C'est ainsi que, plein d'allégresse, Paschal a réuni, pour l'amour du Seigneur, les corps sacrés de Cécile et de ses compagnons. Cette famille, brillante de jeunesse, dont l'heureuse dépouille fut si longtemps cachée à tous les regards, sous l'ombre des cryptes, repose maintenant ici. Rome en tressaille de joie, et la gloire qui en rejaillit sur elle l'embellit à jamais.

 

Tels furent les témoignages de la piété de Paschal envers Cécile, et les splendeurs dont il orna sa basilique. Mais il ne lui suffisait pas d'avoir relevé la demeure de la martyre ; il voulut encore assurer d'une manière permanente le tribut d'hommages, qui, jour et nuit, monterait de ce saint lieu vers le Christ et sa fidèle épouse. Par ses largesses, un choeur de moines fut installé près de l'église, pour y chanter les louanges divines. Il fit bâtir le monastère au lieu appelé Colles jacentes, et le dota des biens d'un hospice que son prédécesseur saint Léon III avait fondé près de la basilique de Saint-Pierre, sur un emplacement occupé autrefois par la Naumachie dont nous avons parlé précédemment, et qui avait donné son nom à tout le quartier. Cet hospice n'avait pas prospéré longtemps, et était déjà abandonné.

 

L'éclat que répandit la découverte du corps de Cécile par Paschal, et le renouvellement de sa basilique dans la ville sainte où les pèlerins ne cessaient d'affluer du monde entier, ranima toujours plus dans la chrétienté le culte de la vierge romaine.

 

Son nom, inséré au Canon de la messe, rendait sa mémoire impérissable ; mais son apparition soudaine dans toute la majesté de son martyre sembla lui donner une nouvelle naissance.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 287 à 297)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 04:00

Un quatrième martyr vient s'adjoindre à ceux que nous avons déjà fêtés. C'est de Rome aussi qu'il monte pour aller partager la gloire du vainqueur de la mort. Les précédents furent moissonnés dans les premiers temps de notre foi ; celui-ci a combattu dans la grande persécution de Dioclétien, au moment où le paganisme livrait à l'Eglise le dernier assaut dans lequel il devait succomber lui-même.

 

Notre jeune héros ne comptait pas au delà de quatorze ans ; mais il n'en a pas moins cueilli la palme, et il orne à son tour la couronne de notre divin Ressuscité. Une basilique décorée d'un Titre cardinalice s'est élevée dès les premiers siècles sur le cimetière où fut déposé son corps, et l'Eglise lui consacre les lignes suivantes dans l'Office d'aujourd'hui : 

Pancrace, né en Phrygie de noble race, vint à Rome, âgé de quatorze ans, sous les empereurs Dioclétien et Maximien. Baptisé et instruit dans la foi chrétienne par le Pontife romain, il fut arrêté peu après. S'étant montré inébranlable dans son refus de sacrifier aux dieux, il remporta glorieusement la couronne du martyre. Une dame nommée Octavilla enleva son corps pendant la nuit, et l'ayant embaumé, elle l'ensevelit sur la Voie Aurélienne. 

 

La grâce divine qui vous appelait à la couronne du martyre alla vous chercher jusqu'au fond de la Phrygie, ô Pancrace, pour vous conduire dans la capitale de l'empire, au centre de tous les vices et de toutes les erreurs du paganisme.

 

Votre nom, confondu avec tant d'autres plus éclatants ou plus obscurs, ne semblait pas devoir laisser de trace dans la mémoire des hommes ; à quatorze ans, votre carrière était déjà terminée.

 

Aujourd'hui cependant, votre nom est prononcé par toute la terre avec l'accent de la vénération ; il retentit à l'autel dans les prières qui accompagnent le Sacrifice de l'Agneau.

 

D'où vous vient, ô jeune martyr, cette célébrité qui durera autant que le monde ? C'est qu'il était juste qu'ayant été associé à la mort sanglante de notre Christ, la gloire de son immortalité rejaillît jusque sur vous. Gloire soit donc à Lui qui honore ainsi ses compagnons d'armes ! et gloire à vous, ô martyr, qui avez mérité une telle couronne !

 

En retour de nos hommages, daignez, ô Pancrace, jeter un regard de protection sur nous. Parlez de nous à Jésus votre chef et le nôtre. Dans cette vallée d'exil, nous chantons l’Alleluia pour sa Résurrection qui nous a remplis d'espérances ; obtenez qu'un jour nous répétions avec vous au ciel ce même Alleluia, devenu éternel, et qui alors signifiera non plus l'espérance, mais la possession.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Polyptyque du Corps du Christ avec Saint Pancrace par Vivarini

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 19:00

Ce témoignage vient confirmer encore la distinction des deux Urbain, le premier celui des Actes de sainte Cécile, enseveli au cimetière de Prétextat, ce qui ne s'expliquerait pas s'il avait été souverain pontife ; le second, reposant près de Sixte dans la crypte papale, où son inscription tumulaire a été retrouvée de nos jours, et où le solennel Titulus de Sixte III indiquait expressément sa place.

 

 Les Itinéraires des pèlerins des septième et huitième siècles, que nous venons de citer, attestent qu'à l'époque où ils furent dressés, les catacombes gardaient encore les tombeaux des martyrs, et présentaient le même aspect qu'elles offraient lorsque saint Grégoire, à la fin du sixième siècle, y faisait prendre les huiles qu'il destinait à Théodelinde ; mais, dans la seconde partie du huitième siècle, on vit appliquer aux cimetières sacrés une mesure qui devait bientôt réduire Rome souterraine à ses souvenirs, en la dépouillant des trésors qui, dès le premier âge du christianisme, s'étaient accumulés dans son sein. Les corps des martyrs allaient quitter leurs sombres retraites, et venir chercher un asile dans la ville sainte.

 

 En l'année 761, le saint pape Paul Ier ouvrit un nombre considérable de tombeaux dans les cryptes et il distribua les ossements des martyrs entre les titres, les diaconies, les monastères et les autres églises. Le Liber pontificalis désigne en particulier l'église du monastère de Saint-Sylvestre, au champ de Mars, fondée par le pontife lui-même, comme ayant été plus favorisée que toutes les autres. Dans un diplôme relatif à ce monastère, et cité par Boldetti, Paul rend compte des motifs qui l'avaient porté à troubler ainsi ces cendres vénérées :

" Par le laps des siècles, dit-il, divers cimetières des saints martyrs et confesseurs du Christ avaient été négligés et dépérissaient. Vint ensuite l'invasion impie des Lombards qui les ruinèrent de fond en comble. Ces barbares étaient allés jusqu'à fouiller les sépultures des martyrs, et, au milieu de ces dévastations, ils avaient osé dérober plusieurs corps saints. A partir de cette époque désastreuse, ces lieux n'avaient pas été traités avec le même honneur, et la négligence des fidèles à leur endroit avait remplacé la piété antique. On était allé, faut-il le dire, jusqu'à en laisser l'entrée libre aux animaux, jusqu'à y parquer des troupeaux." (BOLDETTI, Osservazioni, lib. I, cap. XXII.)

 

 Une inscription placée sous le portique de l'église de Saint-Sylvestre in capite relate encore aujourd'hui les noms des martyrs dont les dépouilles sacrées furent placées, tant par les soins de Paul Ier que par ceux de Paschal Ier, l'un de ses successeurs, dans cette basilique. Ils sont établis sur une liste monumentale, dressée selon l'ordre du calendrier. Ce sont, pour les papes, Anteros, Melchiade, Lucius, Caïus, Zéphyrin et Denys. Le détail des autres nous entraînerait trop loin ; mais on voit déjà que la crypte papale avait cédé à la ville plusieurs de ses pontifes. Léon III, qui termina le huitième siècle, fit encore diverses constructions aux catacombes, principalement au cimetière de Calliste, dans le but de conserver des lieux si sacrés, et de maintenir un reste de la dévotion des Romains envers des sanctuaires que leurs pères avaient tant aimés.

 

 Paschal Ier qui monta sur le siège apostolique en 817, reconnut bientôt que le moment était venu de transférer d'une manière définitive la généralité des corps des martyrs dans la ville. L'état de délabrement des cryptes excusait jusqu'à un certain point l'indifférence des fidèles, et bientôt les saintes reliques n'auraient plus été en sûreté dans leurs corridors abandonnés. Dès la seconde année de son pontificat, il se mit en devoir de préparer des sépultures plus convenables dans les églises, et commença le cours de solennelles translations qui ont marqué son règne d'un caractère particulier.

 

Nous pouvons nous faire une idée de l'importance des levées qui eurent lieu à cette époque dans les cimetières par Paschal, en lisant la vaste inscription contemporaine exposée dans la basilique de Sainte-Praxède. On y mentionne deux mille trois cents corps de martyrs, déposés par le pontife tant sous l'autel principal que dans un autre lieu de la basilique situé à droite en entrant, dans l'oratoire de Saint-Jean-Baptiste, et enfin dans une chapelle de sainte Agnès qui faisait partie des bâtiments du monastère.

 

 Paschal énumère parmi les pontifes : Urbain, Etienne, Anteros, Melchiade, Fabien, Jules, Pontien, Sirice, Lucius, Sixte, Félix, Anastase et Célestin. On voit par cette liste qu'il reprit plusieurs corps des pontifes à Saint-Sylvestre in capite, et qu'il recueillit les autres dans divers cimetières où ils étaient ensevelis ; en sorte que la mesure qu'il avait prise s'étendit à Rome souterraine tout entière. Parmi les vierges qu'il énumère, il nomme Praxède et Pudentienne ; parmi les veuves, il cite Symphorose ; le nom de sainte Agnès ne se trouve pas ici, parce que cette illustre martyre resta dans sa basilique de la voie Nomentane construite sur son tombeau.

 

 Un jour de l'année 821, Paschal était allé faire ses prières dans la basilique de Sainte-Cécile. Il  fut frappé de l'état de délabrement dans lequel était tombé cet illustre sanctuaire. Ces murs vénérables, restaurés par saint Grégoire plus de deux siècles auparavant, avaient grandement souffert, et il était à craindre que, si l'on n'apportait un secours prompt et efficace, l'antique église avec ses grands souvenirs ne fût bientôt plus qu'un monceau de ruines. Paschal forma sur-le-champ la résolution de relever, depuis les fondements, une basilique si chère à la piété romaine, et de la rebâtir avec une magnificence plus grande encore que celle qui avait paru dans sa première construction.

 

Dès avant le pontificat de Paschal, on avait cherché le corps de sainte Cécile dans toutes les cryptes de la voie Appienne, et toujours inutilement. Les corps des papes avaient été levés de leur crypte solennelle ; comment expliquer qu'on eût laissé, sans l'apercevoir, la tombe de Cécile dans le cubiculum attenant à l'hypogée pontifical ? Il faut reconnaître ici que, depuis les dévastations des Lombards, on perdait de plus en plus la trace de ces lieux autrefois si vénérés. Le dernier des Itinéraires, qui est de la fin du huitième siècle, ne parle déjà plus du tombeau de sainte Cécile, à propos de la crypte des papes, comme l'avaient fait les trois autres ; preuve évidente que le sarcophage de la martyre ne frappait plus les regards. Comment donc Paschal a-t-il pu le découvrir dans la même salle, où les pèlerins antérieurs l'avaient vénéré ?

 

Tout s'expliquera aisément, quand on se souviendra qu'au milieu de leurs déprédations dans les cimetières, les Lombards avaient enlevé les reliques de plusieurs martyrs. Leur désir était surtout de ravir le corps de sainte Cécile, et ils le cherchèrent avec persévérance. Un tel zèle dans ces barbares devenus chrétiens rappelle celui dont fit preuve leur roi Luitprand, lorsqu'il eut la dévotion de racheter à prix d'or, des mains des Sarrasins, le corps de saint Augustin, qu'il fit transporter de Sardaigne à Pavie. Dans la prévision d'un enlèvement, il suffisait aux gardiens des catacombes d'établir une cloison qui fermât l'arc à fleur de terre sous lequel reposait le sarcophage. Dès lors, on pouvait entrer dans le cubiculum, le parcourir, et ne plus rien apercevoir que les tombes horizontales creusées et superposées aux parois de la salle. Un coup d'oeil sur le plan de cette salle (Roma sotterr., t. II, tav. V), fera comprendre comment cette précaution avait dû réussir.

 

Cette manière de sauver les tombeaux des martyrs dans les catacombes, a d'ailleurs été employée plus d'une fois. Nous citerons en particulier au cimetière de Prétextat, dans une vaste salle, un arcosolium entièrement dissimulé par une cloison. C'était le tombeau principal de ce cubiculum, et personne ne l'apercevait. Les ouvriers n'eurent pas plus tôt démoli, par les soins de M. de Rossi, ce mur dont on avait fini par soupçonner l'existence, que l'on vit apparaître un arcosolium biscôme, revêtu de plaques de marbre. La table qui le fermait était munie de deux anneaux de bronze, pour la faire glisser en avant ou la soulever. Deux corps étaient couchés dans le sépulcre, l'un vêtu d'un tissu d'or et l'autre de pourpre. Une découverte du même genre a eu lieu dans l'ambulacre du cimetière de Domitille. De telles précautions, prises à temps, ont dû être employées pour sauver de la rapacité ou des profanations des Lombards d'autres sépultures de martyrs ; il n'en faut pas davantage pour expliquer comment le tombeau de Cécile avait disparu aux regards,  sans cependant avoir étéviolé. La rareté toujours plus grande des visites en ces lieux dont l'abandon avait déjà commencé, aidait encore à accréditer la fausse tradition de l'enlèvement du sacré dépôt.

 

Paschal ne se découragea pas cependant, et, jaloux d'inaugurer la basilique restaurée, en plaçant l'illustre patronne sous son autel, il ordonna de recommencer les fouilles. Il descendit en personne dans les cryptes, mais aucune des tombes qu'il fit ouvrir ne rendit le corps de la vierge. Trop crédule envers la rumeur populaire, il renonça à pousser plus avant ses recherches.

 

L'heure cependant était arrivée où Cécile allait reparaître et rentrer dans Rome.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 279 à 286)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 04:00

Jésus disait à la foule des Juifs :

" Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif.

 

Mais je vous l'ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas.

 

Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ; et celui qui vient à moi, je ne vais pas le jeter dehors.

Car je ne suis pas descendu du ciel pour faire ma volonté, mais pour faire la volonté de celui qui m'a envoyé.

Or, la volonté de celui qui m'a envoyé, c'est que je ne perde aucun de ceux qu'il m'a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.

 

Car la volonté de mon Père, c'est que tout homme qui voit le Fils et croit en lui obtienne la vie éternelle ;

et moi, je le ressusciterai au dernier jour."

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

 

Laudario of the Compagnia di Sant'Agnese by Pacino di Bonaguida

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 19:00

Depuis, la crypte papale et celle de Cécile ont été dévastées ; les marbres et les lampes ont disparu ; Cécile est remontée en triomphe dans Rome ; la solitude et la désolation ont pesé de tout leur poids, durant de longs siècles, sur ces souterrains autrefois l'objet d'une si ardente vénération ; mais ce vase rempli par une main pieuse à la lampe qui veillait près d'un tombeau, existe encore aujourd'hui, attestant la religion des Romains du sixième siècle envers l'Epouse du Christ.

 

 Ce n'est pas tout encore. Une autre fiole du trésor de Monza conserve l'huile des lampes qui brûlaient près des tombeaux de l'époux et du frère de Cécile. Voici l'inscription :

 

SCI   SEVASTIAM.   SCS   EVTYCIVS.   SCS   QVIRINVS

SCS   VALERIANVS.   SCS   TIBVHTIVS.   S.   MAXI

MVS.   SCS   ORBANUS.   SCS   IANVARIVS.

 

On voit que celui qui a recueilli les huiles de cette fiole est parti de la basilique de Saint-Sébastien, où près de cet illustre martyr, reposait saint Eutychius,  dont le marbre damasien est encore en place. Revenant vers Rome, il est descendu au cimetière de Prétextat, et s'est arrêté au tombeau de saint Quirinus, que nous savons avoir été enseveli dans cette catacombe, sous le règne d'Hadrien. De là, il a continué de remplir sa fiole avec l'huile de la lampe qui brûlait devant les tombeaux des saints Valérien, Tiburce et Maxime. Le sépulcre de saint Urbain établi dans le voisinage a arrêté ses pas, et il a achevé de remplir sa fiole avec l'huile du tombeau de saint Januarius. Nous sommes donc encore au cimetière de Prétextat,  puisque  les  Actes  de  saint Urbain nous apprennent qu'il fut enseveli dans ce cimetière et non dans la crypte papale, comme il eût convenu s'il  eût été  souverain  pontife. Quant à saint Januarius, son tombeau récemment retrouvé atteste assez que le lieu de son repos fut en effet au cimetière de Prétextat. C'est ainsi que cette humble liste de l'abbé Jean se trouve devenir un véritable itinéraire des catacombes, et vient jeter une lumière inattendue sur des questions qui intéressent à la fois l'histoire et la topographie. C'est à ce document incontestable que nous sommes redevables, ainsi que nous l'avons dit ci-dessus, d'un solide argument en faveur de la première Chaire de saint Pierre, au cimetière Ostrianum.

 

 On peut dire que le flambeau de Rome souterraine, qui a brillé tout à coup dans ces derniers temps, et à l'aide duquel on a pu dès lors discerner et classer chaque région, était providentiellement conservé dans les Itinéraires,  où les pèlerins consignaient à la hâte ce qui les avait frappés dans chaque cimetière. Nous venons d'interroger le plus ancien de tous, la liste des huiles de   Monza,   rédigée   sans   autre   intention   que d'énumérer les pieuses Mémoires près desquelles avaient été cueillis des souvenirs destinés à être transmis à une reine par un pape. Dès le siècle suivant, nous nous trouvons en face de véritables Guides des Catacombes, dont la science jusqu'ici n'avait non plus fait aucun usage. Les bons pèlerins  qui  les ont tracés  ne  sont pas  toujours doctes, ils se méprennent quelquefois sur les détails secondaires. Ajoutons qu'ils ont passé par de très mauvais copistes ; mais leurs notes, dans l'état où nous les trouvons, n'en sont pas moins du plus haut prix.

 

Les deux plus anciens proviennent d'un manuscrit de la bibliothèque de Salzbourg, publié par Froben en 1777, dans son édition d'Alcuin. Ils se rapportent à la première moitié du septième siècle. Voici ce que nous rencontrons dans le premier. Le pèlerin, étant sorti de la basilique de Saint-Sébastien, reprend la voie Appienne, et se retourne vers Rome :

" Sur cette voie, dit-il, en te dirigeant vers le nord, tu descendras aux saints martyrs Tiburce, Valérien et Maxime. En ce même lieu, tu rencontreras une vaste grotte, et là tu trouveras saint Urbain évêque et confesseur, et dans un autre endroit Félicissime et Agapit, martyrs et diacres de Sixte, et dans un troisième endroit le martyr Cyriuus; enfin, dans un quatrième, le martyr Januarius."

 

Il était impossible de mieux décrire le cimetière de Prétextat, tel que la découverte du tombeau de saint Januarius nous l'a révélé. Les Actes de saint Urbain et ceux de saint Quirinus sont aussi parfaitement d'accord avec les données du pèlerin.

 

 Il continue : " Sur la même voie, tu iras à Sainte-Cécile, où est une multitude innombrable de martyrs. Le premier est Sixte, pape et martyr ; Denys, pape et martyr ; Julien, pape et martyr ; Flavien, martyr ; sainte Cécile, vierge et martyre ; quatre-vingts martyrs reposent au-dessous. A l'étage supérieur repose Geferinus (Zéphyrin), pape et confesseur. Eusèbe, pape et martyr, repose plus loin dans une grotte. Cornélius, pape et martyr, repose dans une autre grotte beaucoup plus éloignée. Puis tu arriveras à sainte Soteris, vierge et martyre."

Une addition marginale porte ces mots : " Sur la même voie, tu arriveras à la petite église, où saint Sixte a été décollé avec ses diacres ; son corps repose plus au nord."

 

 Sorti du cimetière de Prétextat, le pèlerin a donc pris la gauche de la voie Appienne, et s'est dirigé vers le cimetière de Calliste qu'il appelle Ad sanctam Caeciliam. Il est entré dans la crypte papale où Sixte II a les plus grands honneurs. L'énumération qu'il fait des pontifes est aussi courte qu'elle est inexacte. Il a lu l'épitaphe de saint Denys ; il s'est trompé à l'égard d'un martyr Julianus, dont il a fait mal à propos un pape ; au lieu de Fabianus, il a lu Flavianus. Le cubiculum de sainte Cécile a reçu sa visite. Il est allé de là à la crypte de saint Eusèbe qui, dit-il, est plus  éloignée,  ainsi  que  nous pouvons le constater depuis son heureuse découverte. Passant sous la voie Appio-Ardéatine, il a pénétré jusqu'au cimetière de Lucine, comme on peut encore le faire maintenant, et il a rencontré le tombeau de saint Cornélius. L'addition relative au lieu de la décollation de saint Sixte au cimetière de Prétextat n'est pas moins précieuse, ainsi que la remarque du pèlerin sur la translation du corps du saint martyr au cimetière de Calliste, dont l'entrée est en effet plus au nord que celle par où il avait pénétré au cimetière de Prétextat. Qui ne reconnaîtrait ici avec admiration la contre-épreuve des découvertes que nous avons vues s'opérer d'une façon si merveilleuse depuis vingt-cinq ans ?

 

 Un autre Itinéraire que Guillaume de Malmesbury a inséré dans son histoire d'Angleterre, sans y rien comprendre, se rapporte également au septième siècle. Le pèlerin s'exprime ainsi : 

" La onzième porte et la onzième voie sont appelées Appiennes. Là reposent saint Sébastien et saint Quirinus, et ont reposé les corps des apôtres. Plus près de Rome (à Prétextat), sont les martyrs Januarius, Urbain, Xénon (Zénon), Quirinus, Agapit, Félicissime. Dans une autre église, Tiburce, Valérien, Maxime. Non loin de là (à Calliste) est l'église de Sainte-Cécile, martyre. Là sont ensevelis Etienne, Sixte, Zefferinus, Eusèbe, Melchiade, Marcel, Eutychien, Denys, Anteros, Pontien, Lucius, pape ; Optatus, Julianus, Calocerus, Parthenius, Tharsitius, Policamus, martyrs. Là aussi est l'église de Saint-Cornelius et son corps. Dans une autre église, sainte Soteris."

 

 On voit que ce nouveau pèlerin, ainsi que le précédent, a débuté sur la voie Appienne par Saint-Sébastien, et il atteste aussi le séjour qu'y ont fait les corps des saints apôtres. Il est ensuite revenu sur Rome, passant par le cimetière de Prétextat, et il a trouvé là les mêmes martyrs qu'a énumérés son prédécesseur. Au cimetière de Calliste, outre sainte Cécile, il a reconnu les tombes d'un certain nombre de papes, mêlant mal à propos ceux qui reposaient dans la crypte cécilienne avec ceux qui avaient leur sépulture à part, tel que saint Eusèbe et saint Melchiade. Ces confusions sont pardonnables à un voyageur, qui les avait tous vus à peu de distance les uns des autres.

 

Le second manuscrit de Salzbourg, pareillement du septième siècle, commence par le cimetière de Calliste :

" Sur la voie Appienne, à l'orient de la ville, est l'église de Sainte-Suteris (Soteris), martyre, où elle repose avec un grand nombre de martyrs. Près d'elle, sur la même voie, est l'église de Saint-Sixte, pape, où il dort. Là dort aussi la vierge Cécile. Là saint Tarsicius et saint Geferinus reposent dans un même tombeau. Là saint Eusèbe et saint Colocerus (Calocerus), avec saint Parthenius, tous trois ensevelis à part ; huit cents martyrs reposent là. Non loin, au cimetière de Calliste, Cornélius et Cyprien dorment dans une église."

 

Le naïf pèlerin ayant vu la peinture de saint Cyprien qui accompagnait celle de saint Cornélius, en souvenir de l'amitié qui unit ces deux grands évêques, a cru que le corps de l'évêque de Carthage reposait près de celui du pontife de Rome. Sur le cimetière de Prétextat il continue ainsi :

" On trouve aussi sur la même voie l'église de plusieurs saints, savoir Januarius, qui fut l'aîné des sept fils de Félicité, Urbain, Agapit, Félicissisme, Cyrinus (Quirinus), Zenon, frère de Valentin ; Tiburce, Valérien et Maxime, ainsi que beaucoup de martyrs, reposent là. Et près de la même voie est l'église de Saint-Sébastien, martyr, où il dort, et où sont les sépultures des apôtres qui y ont reposé quarante ans."

 

Un autre Itinéraire publié par Mabillon dans ses Veterum analecta, tome IV, sur un manuscrit d'Einsiedeln, est du huitième siècle. Dans l'émunération des sépultures du cimetière de Calliste, il place formellement le pape Urbain près de Sixte, dans le voisinage du tombeau de sainte Soteris, dont on sait que la crypte était voisine de l'hypogée des papes.

 

Ce témoignage vient confirmer encore la distinction des deux Urbain, le premier celui des Actes de sainte Cécile, enseveli au cimetière de Prétextat, ce qui ne s'expliquerait pas s'il avait été souverain pontife ; le second, reposant près de Sixte dans la crypte papale, où son inscription tumulaire a été retrouvée de nos jours, et où le solennel Titulus de Sixte III indiquait expressément sa place.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 272 à 278)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 04:00

Le chroniqueur de La Croix avait vu juste ! Moins de deux semaines après la mort d’Ivan Merz survenue le 10 mai 1928, le quotidien publiait un portrait fort élogieux du jeune professeur croate. L’auteur concluait l’article de manière prémonitoire : "Cette mort prématurée, écrivait-il, a brisé de grands espoirs, mais il reste aux catholiques yougoslaves une consolation : c’est que M. Merz est mort comme un saint après avoir vécu comme un saint."

 

Ivan Merz que Jean-Paul II béatifie dimanche 22 juin 2003 à Banja Luka n’avait que 31 ans. Il était né le 16 décembre 1896 à Banja Luka, ville multiethnique et multireligieuse de l’ancienne Yougoslavie. Son père, allemand, était officier de la monarchie austro-hongroise, reconverti dans les chemins de fer. Sa mère, d’origine juive, était hongroise.

 

De retour à Vienne après la guerre, il reprend ses études de lettres, et obtient une bourse pour Paris où, de 1920 à 1922, il est inscrit à la Sorbonne et à l’Institut catholique. Il dévore les écrivains français, fréquente les milieux intellectuels de Paris auxquels il fait connaître la Croatie, s’engage dans les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul, s’intéresse aux initiatives œcuméniques et à l’Action catholique, plus particulièrement la 'Croisade eucharistique', l’ancêtre du 'Mouvement eucharistique des jeunes'.

 

Sa vie de prière est rythmée par la liturgie. Il mesure déjà toute la richesse de cette dernière, dont il fait d’ailleurs son sujet de thèse : L’Influence de la liturgie sur les écrivains français de Chateaubriand à nos jours, qu’il soutient brillamment à Zagreb en 1923. Pendant son séjour à Paris, il fait aussi son premier pèlerinage à Lourdes qui, confie-t-il à un ami, "a donné à ma foi rationnelle sa dimension affective."

 

" Grâce à la liturgie, écrit-il, tout catholique devient grand et universel, il laisse de côté ses intérêts personnels et commence à avoir les mêmes sentiments que l’Église. C’est sur la base de la liturgie que le chrétien s’éduque. On peut dire que la liturgie est une pédagogie au sens propre du terme, car, grâce à elle, un croyant peut vivre toutes les phases de la vie du Christ."

 

Depuis sa jeunesse, Ivan Merz souffre d’une inflammation chronique de la cavité maxillaire. Une opération s’impose. Il pressent qu’elle sera grave. Il rédige son testament et sa dernière profession de foi :

Je meurs en paix dans la foi catholique. Le Christ était ma vie. La mort m’est un gain. J’attends la miséricorde du Seigneur et la communion définitive au très saint Cœur de Jésus. J’ai touché le but dans la communion au Seigneur mon Dieu.

 

Il meurt le 10 mai 1928, il n’avait pas tout à fait 32 ans. " C’est un saint européen, témoigne Ivanka Jardin, professeur de croate à Paris, et vice-postulatrice de la cause. Par sa vaste culture, il était proche des mondes germanique, latin et slave. En même temps, c’était un grand patriote, très amoureux de la Croatie. Profondément attaché au Pape et à l’Église, il était ouvert aux questions du monde et conscient du rôle des laïcs. En ce sens, on peut dire qu’il a été un précurseur du Concile Vatican II."

 

> extrait de l'article de La Croix du 22 juin 2003 sur le site de l'Ambassade de Croatie 

 

Ivan Merz

IVAN MERZ

 

L'Année Liturgique et les autres écrits de DOM GUERANGER commencèrent à transformer la vie intérieure de nombreux écrivains, et le résultat en fut que quarante diocèses reprirent enfin la Liturgie romaine.

 

 Les romans de l'écrivain  BARBEY D'AUREVILLY annoncèrent les premiers le renouveau liturgique dans les lettres françaises. Non que ce critique eût le dessein arrêté de faire de l'apostolat liturgique, mais le rôle considérable que la Liturgie joue dans ses romans sataniques et les effets d'horreur qu'il en tire à la manière des romantiques (HUGO, Lucrèce Borgia) prouvent que l'importance de la liturgie ne lui a pas échappé comme à tant d'écrivains qui l'avaient précédé.

 

Le véritable renouveau liturgique annoncé par le roman A Rebours, de HUYSMANS (1884), par BLOY et par VERLAINE, atteignit cependant sa première apogée en 1895, avec la publication de En Route de HUYSMANS. La chapelle des Bénédictines de la rue Monsieur, décrite et célébrée par lui, devint le rendez-vous des artistes. On y vit d'abord COPPEE et BRUNETIERE, plus tard le hollandais De WALCHEREN et R. SALOME.

 

Cette emprise de l'esprit liturgique ne cessa pas jusqu'à nos jours et il semble qu'elle ait atteint son degré suprême pendant les années qui précédèrent la guerre mondiale. Cette seconde apogée a reçu son véritable cachet par les oeuvres lyriques de PAUL CLAUDEL et tout particulièrement par son recueil Corona Anni Dei Benignitatis.

 

IVAN MERZ

L'INFLUENCE DE LA LITURGIE SUR LES ÉCRIVAINS FRANÇAIS DE CHATEAUBRIAND A NOS JOURS

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9 mai 2011 1 09 /05 /mai /2011 19:00

Le vénérable rédacteur des Actes de la vierge romaine ne perdra donc rien de l'estime et de la reconnaissance qu'il mérite aux yeux de la postérité, pour les quelques taches qui se rencontrent dans son précieux récit. Il a eu le sort de beaucoup d'autres auteurs, qui, pour s'être mépris en quelque chose en se laissant aller à leur idée personnelle, n'ont en rien diminué l'étendue du service qu'ils rendaient : non ego paucis offendar maculis.

 

 Tandis que le préjugé relatif à la date du martyre de Cécile s'implantait, la beauté des Actes, désormais complétés de tous les détails qui montrent dans sa splendeur le plus brillant épisode de l'âge des persécutions, était reconnue de toutes parts. L'église romaine elle-même, si grave dans ses démonstrations, relevait le caractère de Cécile par de poétiques et touchants éloges, dans les mélodieuses Préfaces que contenaient à son honneur les Sacramentaires de saint Léon et de saint Gélase.

 

Le célèbre concile tenu à Rome en 404 et présidé par Gélase lui-même, nous apprend avec quelle réserve l'église mère et maîtresse procédait dans l'admission des Actes des Martyrs ; à peine en reconnaissait-elle quelques-uns ; mais en même temps, on est en droit de conclure que ceux de Cécile étaient de sa part l'objet de la plus haute estime, quand on la voit s'en inspirer jusque dans la composition des formules les plus solennelles du Sacrifice. Il n'est pas jusqu'à la fête des saints Tiburce, Valérien et Maxime, qui n'eût aussi son élégante Préface suggérée par la lecture des Actes. Cette impulsion, donnée de si haut, s'étendit aux autres églises de l'Occident, et nous voyons les Missels gallican et mozarabe s'enrichir tour à tour de nouvelles et pompeuses formules également inspirées par les nobles souvenirs que l'église romaine avait jugés dignes d'être rappelés jusqu'à l'autel.

 

Cécile n'était plus seulement la martyre dont on venait autrefois, à travers les périls, visiter le silencieux sarcophage dans les cryptes de la voie Appienne ; sa gloire et son culte étaient partout, et tout chrétien, dans la Gaule et dans la péninsule ibérique, rivalisait d'enthousiasme avec le romain envers la fille des Caecilii.

 

 La plus ancienne des oeuvres que l'on connaisse en l'honneur de Cécile se rapporte au sixième siècle. Elle existe encore aujourd'hui, sur les mosaïques de la basilique de Saint-Apollinaire à Ravenne, terminée vers 570 par les soins de l'archevêque Agnellus. Une suite de vingt-cinq martyrs s'avance vers le Christ pour lui faire hommage des couronnes qu'ils tiennent à la main, et parallèlement vingt-deux saintes se dirigent vers la Mère du Sauveur qui tient son divin Fils sur ses genoux. Le nom de chacune de ces vierges est écrit au-dessus de sa tête, et Cécile a sa place entre Lucie et Eulalie. Toutes ces figures sont en pied, et parées d'un costume riche et élégant. Selon le style des mosaïques byzantines, un arbre est placé entre chaque personnage, pour marquer que celles qu'on a voulu représenter habitent les jardins célestes, et toutes ces saintes tiennent une couronne à la main dans les plis de leur voile. Ciampini a donné le dessin, malheureusement trop  restreint,   de  cette  mosaïque. (Vetera monimenta, t. II.)

 

 Au cinquième siècle, la voie Appienne avait vu s'élever un nouveau sanctuaire au-dessus du cimetière de Prétextat. Il répondait à celui qui s'élevait sur la droite en l'honneur de Sixte et de Cécile, et il fut destiné à recevoir les sarcophages de Tiburce, de Valérien et de Maxime. L'inscription votive aux trois martyrs sur un marbre de vaste dimension, s'est conservée jusqu'aujourd'hui. Elle fut transportée au neuvième siècle à Rome, dans la basilique de Sainte-Cécile. Nous la donnons ici avec les incorrections qu'elle présente :

 

SANCTIS   MARTYRIBVS   TIBVRTIO

BALERIANO   ET   MAXIMO   QVORVM

NATALES   EST   XVIII   KALEDAS   MAIAS

 

Ce fut dès le sixième siècle que commença la série des épreuves lamentables dont les catacombes romaines n'ont pour ainsi dire cessé d'être l'objet après les deux siècles de gloire qui suivirent pour elles l'avènement de Constantin. La paix des martyrs fut tout à coup troublée par les barbares, et le bruit des armes retentit jusque sous les voûtes sacrées où reposaient les vainqueurs de Rome païenne. En 536, sous le pontificat de saint Silvère, Rome se vit assiégée un an entier par l'armée des Goths, sous la conduite de Vitigès. Non contents de ruiner les magnifiques aqueducs qui, se déroulant sur les voies Appienne, Latine et Tiburtine, portaient dans Rome, depuis tant de siècles, le tribut inépuisable de leurs eaux, ces barbares étaient descendus dans les cimetières, et leur main sacrilège s'était plu à renverser les décorations dont la piété des pontifes et des fidèles avait embelli les cryptes sacrées. Les inscriptions en l'honneur des martyrs, placées près de leurs tombeaux, éprouvèrent surtout les effets de cette rage aussi aveugle qu'impie.

 

 Le pape Jean III, qui gouverna l'Eglise jusqu'en 572, entreprit de restaurer ces dévastations, et de nos jours nous avons pu revoir, au tombeau du pape saint Eusèbe, l'inscription damasienne qui fut refaite alors pour remplacer l'ancienne, brisée par les Goths ; mais, hélas ! cette seconde inscription était dans le même état où Jean III avait trouvé la peinture. Les Lombards ne furent pas moins les dévastateurs de Rome souterraine que ne l'avaient été les Goths. Dans l'intervalle, grâce aux restaurations des pontifes, Rome souterraine retrouva quelque chose de son ancienne gloire ; la piété des fidèles n'était pas refroidie, et les pèlerins de la chrétienté tout entière n'auraient pas regardé comme complet leur voyage aux tombeaux des saints apôtres, s'ils n'eussent pieusement parcouru, comme ceux du quatrième et du cinquième siècle, l'immense série des cimetières, et vénéré les tombeaux des principaux martyrs qui reposaient encore pour quoique temps dans les cryptes. Les stations aux anniversaires avaient repris leur cours et certaines basiliques de la ville étaient chargées de pourvoir à l'entretien des cimetières qui leur étaient attribués. L'ornementation des sanctuaires, qui avait tant souffert, fut même restaurée, mais avec les ressources d'un art qui contrastait par trop cruellement avec les belles et classiques peintures heureusement restées intactes dans un grand nombre de salles.

 

 La fureur des barbares semble  s'être portée principalement sur les centres historiques, où ils reconnaissent les traces d'un culte plus solennel. C'est ainsi que la crypte de sainte Cécile, ayant souffert plus qu'une autre, parut avoir besoin que les artistes du temps fussent mis a contribution pour la décorer. Les fresques grossières que l'on y exécuta du sixième au neuvième siècle, ont reparu en  1854. La divine Providence avait conservé  cette oeuvre  d'un  pinceau trop inexpérimenté,  afin de désigner d'une manière irréfragable la tombe où avait reposé le corps de Cécile, depuis le jour où Calliste le transféra dans cette salle contiguë à la crypte papale. On y voit l'image d'une jeune femme parée à la mode byzantine, et tenant les bras étendus en orante ; ses pieds se perdent dans un parterre de roses. Une autre peinture placée au-dessous, et que nous rapportons au neuvième siècle, offre, à côté d'une tête de Christ, l'image d'un personnage revêtu de l'antique casula, et son nom est inscrit près de lui. Les lettres superposées, se lisant de haut en bas, forment cette inscription en capitales : S. VRBANUS.

 

On trouvera reproduite dans toute sa naïveté au tome II du grand ouvrage de M. de Rossi, cette fresque dont la découverte est venue tout d'un coup résoudre l'un des plus importants problèmes de Rome souterraine.

 

Au premier rang des soins pieux que l'on prodiguait encore aux tombeaux des martyrs sous le pontificat de saint Grégoire le Grand, et même après lui, était le maintien du luminaire. Des lampes innombrables étaient entretenues dans les centres historiques, ainsi que cela avait eu lieu dans des temps meilleurs. Les fidèles avaient grande dévotion à l'huile qui remplissait ces lampes, Dieu ayant souvent récompensé leur foi par des faveurs miraculeuses. Saint Grégoire le Grand, qui professait un intérêt paternel pour la reine des Lombards Théodelinde, voulut satisfaire sa piété par l'envoi de plusieurs fioles remplies de l'huile des lampes qui brûlaient ainsi dans les cimetières des martyrs. Afin que la piété de Théodelinde se représentât plus vivement les voies sacrées de Rome souterraine, toutes remplies des trophées de la victoire des soldats du Christ, il joignit à l'envoi des huiles saintes une indication topographique des divers tombeaux auprès desquels elles avaient été prises.

 

Cette liste précieuse, écrite sur un papyrus, et signée par un personnage nommé Jean, qui n'y prend pas d'autres qualifications que celles de pécheur et indigne, se conserve encore dans le trésor de l'église de Saint-Jean-Baptiste à Monza. On y  suit avec  un vif intérêt l'itinéraire des catacombes à la fin du sixième siècle. Une voie succède à l'autre et les noms des saints sont groupés selon la place qu'occupaient leurs tombeaux dans les diverses cryptes.  Outre la liste tracée sur le papyrus, le même ordre se retrouve sur les étiquettes spéciales attachées à chaque fiole, et qui  sont encore  aujourd'hui  conservées en grande partie,  soit adhérentes  aux vases,  soit détachées. L'huile qui remplissait la plupart de ces fioles était, pour l'ordinaire, empruntée aux lampes de plusieurs tombeaux.  Celle qui contient un souvenir de celui de sainte Cécile porte cette inscription :

 

SCA   SAPIENTIA.   SCA   SPES.   SCA   FIDES.   SCA
CARITAS.   SCA   CAECILIA.   SCS   TARSICIVS.
SCS   CORNILIVS.   ET  MULTA   MILLIA   SCORVM.

 

Voici d'abord les noms de quatre saintes martyres : sainte Sagesse, sainte Espérance, sainte Foi et sainte Charité ; la mère et les trois filles, qu'il ne faut pas confondre avec les quatre martyres qui portent les noms grecs de même signification. Celles-ci, ayant souffert sous Hadrien, reposèrent sur la voie Aurélia ; celles-là eurent leur sépulture sur la voie Appienne, entre les cryptes de sainte Soteris et de sainte Cécile. Après leurs noms paraît le nom de Cécile elle-même, suivi de celui de Tarsicius, que l'on sait avoir reposé non loin d'elle au cimetière de Calliste. Saint Cornélius est nommé ensuite, et l'on sait que son tombeau est à peu de distance, au cimetière de Lucine. Quant au grand nombre de martyrs indiqués ici collectivement, nous le retrouverons bientôt signalé sur d'autres documents.

 

Nous avons donc ici un monument de l'époque grégorienne relatif à Cécile. Cette humble fiole a traversé les siècles, et une partie de l'huile qu'elle contient fut extraite, au temps de saint Grégoire, d'une lampe qui brûlait près du tombeau de la vierge. Depuis, la crypte papale et celle de Cécile ont été dévastées ; les marbres et les lampes ont disparu ; Cécile est remontée en triomphe dans Rome ; la solitude et la désolation ont pesé de tout leur poids, durant de longs siècles, sur ces souterrains autrefois l'objet d'une si ardente vénération ; mais ce vase rempli par une main pieuse à la lampe qui veillait près d'un tombeau, existe encore aujourd'hui, attestant la religion des Romains du sixième siècle envers l'Epouse du Christ.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 264 à 271)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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