Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 19:00

L'histoire de Rome souterraine se continuait, tandis que la ville éternelle, retenant encore debout les monuments du passé qui devaient succomber sous les coups des barbares, se purifiait et s'embellissait sous une parure chrétienne.

 

 La délivrance de l'Eglise par Constantin enleva tout à coup les ombres sous lesquelles la Rome nouvelle s'était construite, et ses fastes qu'elle avait tenus cachés aux regards profanes parurent au grand jour. Le plus ancien document qui nous reste du calendrier chrétien de Rome est celui de l'année 364 dont nous avons eu déjà l'occasion de parler plusieurs fois. Tout incomplet qu'il est, il nous renseigne très utilement sur la manière dont étaient disposées, quant aux lieux et quant aux jours, les stations aux tombeaux des martyrs ; mais ce précieux monument est loin de retracer tous les anniversaires que célébraient en l'honneur des martyrs les chrétiens de Rome à cette époque. Non seulement sainte Cécile manque sur ce calendrier, mais on n'y trouve pas davantage les noms de la plupart des plus illustres martyrs de Rome, dont la mémoire cependant ne pouvait manquer d'être célébrée à jour fixe dans les cimetières. Ainsi on y cherche en vain les noms de saint Linus et de saint Cletus, ceux de pontifes aussi célèbres qu'Alexandre, Télesphore, Eleuthère, etc., ceux des saints Processus et Martinien, Nérée et Achillée, et de tant d'autres non moins illustres dans l'église romaine ; ceux enfin des vierges Flavia Domitilla, Praxède, Pudentienne, etc., et des saintes femmes Symphorose et Félicité.

 

 Pour avoir des détails complets sur les fêtes que les fidèles célébraient annuellement dans les cimetières, il faut recourir à l'ancien Martyrologe appelé Hieronymianum, parce que sa rédaction fut attribuée à saint Jérôme. Il n'existe plus nulle part dans sa teneur originale, ayant dû subir des additions journalières, selon les divers lieux où on le transcrivit ; mais les traces de la rédaction primitive peuvent encore être suivies sur un grand nombre de martyrologes anciens, en tête desquels il faut distinguer, parmi les imprimés, celui qu'a publié Fiorentini, et parmi les manuscrits, celui que M. de Rossi a découvert à la bibliothèque de Berne. D'après ces sources, la station en l'honneur de sainte Cécile avait lieu le 16 des calendes d'octobre, qui correspond au 16 septembre, et elle est indiquée par ces mots : Via Appia, Passio sanctae Caeciliae.

 

 On cessera d'être étonné que l'église romaine célèbre aujourd'hui la fête de l'illustre martyre au 22 novembre, qui est le 10 des calendes de décembre, si l'on consulte les manuscrits plus ou moins hiéronymiens des anciens martyrologes ; il suffit de remarquer les termes dans lesquels cette fête y est indiquée. On y lit simplement, ainsi que sur le martyrologe actuel : Romae, sanctae Caeciliae, virginis. Dans cette formule, rien n'annonce le jour de la mort de sainte Cécile. Selon le style des martyrologes, si ce jour était l'anniversaire du martyre, on lirait : Natalis, ou Passio, ou Depositio, qui sont les termes usités. Dès le lendemain, 23 novembre, la fête de saint Clément est ainsi formulée : Natalis sancti clementis, Papae. Au 14 avril, les saints Tiburce, Valérien et Maxime ont aussi le Natalis. Il faut donc qu'une raison particulière ait fait assigner dans Rome la fête de sainte Cécile au 22 novembre, au temps même où l'on célébrait encore sa passion sur la voie Appienne le 16 septembre. On sait que la maison de Cécile, consacrée par son sang et par la destination qu'elle lui avait donnée en mourant, comptait parmi les églises de Rome ; sa dédicace, accomplie un 22 novembre, aura motivé ce second anniversaire, qui a fini par demeurer le seul, lorsque la dévastation des cimetières contraignit de transférer le corps de la martyre dans la basilique construite sur le palais des Valerii. On voit, par les Sacramentaires Léonien et Gélasien, que la fête du 22 novembre était précédée d'une Vigile, qui avait à la Messe sa Préface et ses Oraisons propres ; distinction que l'église de Rome, dans la célébration de ses martyrs, n'a accordée qu'à saint Laurent. Ni saint Sébastien ni sainte Agnès n'en ont joui, et Dom Martène, dans son grand ouvrage, De antiquis Ecclesiae ritibus, montre que cette prérogative accordée à la fête de sainte Cécile a laissé sa trace jusqu'au neuvième siècle.

 

 Afin de témoigner sa vénération pour la basilique qui fut d'abord la demeure de Cécile et, qui était déjà Titre cardinalice au cinquième siècle, l'église de Rome choisit pour lecture de l'Ancien Testament, à la Messe du 22 novembre, un texte du livre de l’Ecclésiastique qui renfermait une allusion touchante à la destinée de ce sanctuaire. On lisait dès les premiers siècles, et on lit encore au Missel romain, ces touchantes paroles : "Seigneur mon Dieu, vous avez glorifié ma maison sur la terre ; c'est là que je vous ai adressé ma prière, au moment où la mort arrivait sur moi". Il est regrettable qu'à l'époque très tardive où l'on introduisit dans le Missel des Messes pour les Communs, cette lecture, qui ne se rapportait qu'à la fête du 22 novembre et à sainte Cécile, ait été rendue banale par son insertion dans ces mêmes Communs qui ne sont devenus nécessaires que par suite de l'accession continuelle de nouveaux saints au calendrier.

 

 Saint Jérôme atteste, au quatrième siècle, que nulle église n'était aussi démonstrative que celle de Rome dans le culte de ses martyrs (In Epist. ad Gal., lib.  Il),  et Prudence, dans un de ses poèmes, nous a donné une idée de l'enthousiasme du peuple fidèle en ces rencontres. A propos de la fête de saint Hippolyte, prêtre romain, il décrit le pieux concours des chrétiens aux cryptes des martyrs :

" Lorsque, dit-il, après avoir parcouru le cercle de ses mois, l'année se renouvelle, et ramène avec la fête du martyr le jour de son Natalis, quelles troupes innombrables de fidèles se pressent à l'envi ! Quels concerts immenses de voeux et de prières à la gloire de Dieu ! L'auguste cité envoie là ses enfants, quirites et patriciens, tous ensemble, poussés par un saint désir : tous, et les grands et la phalange plébéienne, confondus sous le bouclier de la foi qui précipite leurs pas.   Avec  non moins d'ardeur,  des bataillons d'Albains sortent des murs de leur ville, et déploient en longues lignes la blancheur de leurs toges. De tous côtés, sur toutes les routes, on entend les frémissements d'une joie bruyante ; c'est le Picenum et l'Etrurie qui arrivent. Avec eux accourt le Samnite sauvage et le Campanien de la superbe Capoue, et l'habitant de Nole ; tous, avec leurs épouses et leurs tendres enfants, sont heureux et s'empressent. A peine les vastes campagnes suffisent à l'ardeur joyeuse de la foule qui se multiplie ; même au milieu de la plaine, on voit des bandes trop compactes réduites à s'arrêter. La sainte caverne sans doute sera trop étroite pour ces troupes sans nombre, quelque large que soit son accès." (Peristephanon. Carmen S. Hippolyti.)

 

Pour ce qui est de la chambre sépulcrale de Cécile, il fallut en effet agrandir de bonne heure, en faveur des pieux visiteurs, le cubiculum que Calliste avait fait construire,  et cette nouvelle disposition entraîna la nécessité d'ouvrir un lucernaire pour donner un jour plus abondant à cette crypte devenue l'une des plus vastes que l'on rencontre dans les catacombes. La divine Providence avait donné de bonne heure à Rome, au quatrième siècle, un pontife qui avait hérité de l'amour des anciens papes martyrs pour les sacrés cimetières. Ce fut Damase, homme pieux et cultivé, qui voulut avoir saint Jérôme pour secrétaire. Sa mission sembla avoir été de reconnaître dans toute l'étendue des catacombes les principales Mémoires des martyrs, et de les constater par l'autorité apostolique aux yeux de la postérité. Mais il ne se borna pas à ces soins juridiques ; il voulut que chaque sépulture notable fût ornée d'un marbre, témoignage de vénération, ainsi que nous l'avons vu au tombeau de saint Januarius.

 

Pour d'autres tombeaux, sa piété ne se contenta pas de cette simple forme d'hommage. Il composa lui-même en vers hexamètres de longues épitaphes qui, en même temps qu'elles témoignent de son culte pour le martyr, ont plus d'une fois servi de documents pour l'histoire ; Naturellement il dut payer le tribut de sa veine poétique à la crypte papale.  Il l'orna de deux grandes inscriptions : l'une, en souvenir du martyre de Sixte II, et destinée à accompagner sa chaire  ensanglantée ;  l'autre  à  la  louange  des nombreux martyrs qui reposaient près de ce pontife sur la droite de la voie Appienne.  On ne saurait douter que la crypte voisine où dormait Cécile n'ait possédé aussi son marbre de Damase ; mais les dévastations dont cette salle fut l'objet lors des invasions barbares ne l'ont pas laissé arriver jusqu'à nous. A peine a-t-on pu trouver dans les décombres qui jonchaient la salle quelques fragments portant une ou deux lettres, que l'on pourrait peut-être rapporter à l'inscription damasienne de Cécile. On ne s'en étonnera pas, lorsqu'on saura que, pour rétablir la grande inscription de la crypte papale, il a fallu réunir au delà de cent fragments ; tant avait été féroce la barbarie qui sévit dès le sixième siècle contre les monuments aussi sacrés qu'inoffensifs de nos martyrs !

 

Nous regrettons d'être contraints à nous borner sur un sujet aussi intéressant que les travaux de Damase dans les cimetières ; il y a là tout un épisode de l'histoire de Rome souterraine, une transition de leur gloire ancienne à leur gloire nouvelle. Il était beau qu'un pape eût été chargé d'en haut d'initier les générations de la paix aux sublimes exemples qui avaient signalé la brillante et terrible époque de la lutte. Damase laissa un solennel monument de sa mission par l'inauguration d'un nouveau caractère épigraphique plein de grandeur et d'élégance, pour lequel il employa le calligraphe Furius Dionysius Philocalus, soupçonné d'abord par M. de Rossi d'avoir été l'exécuteur de cette splendide épigraphe, et désigné plus tard comme son auteur direct, dans la découverte de l'inscription de saint Eusèbe.

 

Les nombreux pèlerins que la piété attirait à Rome pour y visiter les tombeaux des saints apôtres, durant les siècles qui suivirent la paix de l'Eglise, auraient regardé leur pieux voyage comme incomplet, s'ils s'étaient bornés à vénérer les sanctuaires de la ville. Un attrait particulier les portait à se répandre dans les cimetières, afin d'y prier aux Mémoires des saints martyrs, qui par  leur  sang  avaient  obtenu  la  victoire   de l'Eglise.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 247 à 254)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

Partager cet article
Repost0
4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 04:00

Aux mines de Phéno en Palestine, vers 304, la passion des saints martyrs Silvain, évêque de Gaza, et trente-neuf compagnons. 

Condamnés aux mines dans la même persécution, et sur l’ordre du César Maximin Daïa, ils furent décapités tous ensemble. 

Martyrologe Romain
 

 

Vase of Flowers by Juan de Arellano

Partager cet article
Repost0
3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 19:00

Jusqu'ici Rome souterraine ne nous a plus rien transmis en fait de monuments funéraires des Caecilii.

 

 Les Pomponii chrétiens, si intimement liés aux cryptes de Lucine, ne pensèrent pas leur être infidèles en choisissant parfois leur sépulture hors de ce cimetière pour se rapprocher davantage de Cécile. Ainsi M. de Rossi a découvert parmi les inscriptions du cimetière de Calliste, se rapportant à la première partie du troisième siècle, celle d'un Pomponius Bassus, le mari sans doute d'Annia Faustina, et, ce qui est encore d'un plus grand prix, celle tant désirée d'un : 

ΠΟΜΠΩΝΙΟС

ΓPHKEINOC

 

Nous ne quittons qu'à regret ces augustes souterrains, où tant de noms historiques, et noms chrétiens en même temps, voudraient nous retenir encore. Au cimetière de Lucine, un Aemilius in pace ; un Saloninus, surnom d'une branche des Cornelii célèbre au troisième siècle ; une nouvelle Φαυστείνα,  et surtout une Iallia Clementina, fille de Iallius Bassus, dont la science archéologique vient de recouvrer la généalogie et qui nous reporte au deuxième siècle, auraient droit de nous arrêter. Au cimetière de Calliste, nous prenons congé avec un regret non moins vif des nombreux Aemilii et Aemiliae, des Aurelii, des Maximi, des Attici, des Valeriani, des Claudiani. Nous eussions aimé à approfondir ces épitaphes d'une Φελίκτας  Φαυστείνα, d'un Bufus, époux d'une Valeria, d'un Aelius Saturninus, et de tant d'autres qui montrent si éloquemment les riches conquêtes de l'Eglise dans l'aristocratie romaine, ainsi que la permanence au sein du christianisme, des alliances constatées par les monuments de l'ancienne Rome, entre les plus illustres familles de la république. Mais il nous faut bien plutôt demander pardon au lecteur de cette digression à laquelle la sépulture insolite du pape Cornélius a donné occasion, et reprendre le fil de notre narration malheureusement trop rapide.

 

 Lucius succéda à Cornélius sur la chaire de saint Pierre (253). Il fut moissonné par le glaive du martyre, et s'en vint reposer en la compagnie de ses prédécesseurs dans la crypte papale. Son marbre est aussi du nombre de ceux qu'a retrouvés M. de Rossi.

 

 Nous n'avons point conservé l'épitaphe d'Etienne qui succéda à Lucius (254), et fut comme lui déposé, après son martyre, dans l'hypogée des papes. Sixte II, successeur d'Etienne (257), a laissé une mémoire plus imposante que les autres pontifes qui sont venus, depuis Zéphyrin, reposer dans ce cimetière. Il eut la gloire de lui donner son nom, et c'est ainsi que cette région est si souvent appelée Ad sanctum Xystum, Ad sanctum Systam ou Sustum. La grandeur du martyre de Sixte avait ému les peuples, et un témoignage unique aux catacombes, celui d'une chaire de marbre teinte du sang pontifical, contribuait à maintenir ce sentiment d'admiration qu'attestent les nombreux graphites, tracés à l'entrée de la salle funéraire, et sur lesquels le nom de Sixte est si souvent répété avec l'accent de l'admiration et de la confiance.

 

 L'empereur Valérien avait compris que le centre de vie pour le christianisme, à Rome, était dans les cimetières, et, le premier des princes persécuteurs de l'Eglise, il avait fini par publier un édit qui en interdisait l'accès aux fidèles. Les catacombes, n'étant plus désormais inviolables, allaient courir les plus grands dangers de la part des païens, si une active prévoyance ne faisait prendre des mesures pour en rendre impossible l'envahissement. On trouva moyen de couper les escaliers, d'obstruer les voies dans tous les quartiers importants, et de mettre par là en sûreté les trésors sacrés qui s'étaient accumulés durant deux siècles entiers dans les sanctuaires de Rome souterraine. Pour pénétrer désormais dans les cimetières, il fallut d'autres itinéraires, et des guides auraient été nécessaires aux païens s'ils avaient tenté sérieusement d'y pénétrer. Cet état de choses dura, sauf de courts intervalles, jusqu'à la paix de l'Eglise, qui restitua à la fois aux chrétiens et les cimetières qu'ils avaient creusés sous le sol et les églises que, depuis la première moitié du troisième siècle, ils bâtissaient déjà au grand jour, particulièrement en Orient. Les édits qui interdisaient les réunions dans les cimetières ne portaient rien moins que la peine de mort contre les infracteurs ; mais certaines fonctions qu'avait à remplir le pontife l'obligeaient souvent d'enfreindre de telles prohibitions. La prudence exigeait par-dessus tout que la crypte papale fût mise hors d'atteinte ; elle fut donc interdite, au moins momentanément, par une soigneuse interception de l'entrée et des voies.

 

 Le cimetière de Prétextat n'était pas, comme celui de Calliste, désigné aux recherches des persécuteurs par un caractère officiel. Un jour du mois d'août 258, Sixte y présida une réunion qui devait laisser un souvenir ineffaçable dans la mémoire des fidèles. Il était assisté des diacres Félicissime et Agapit, et vaquait à une fonction sacrée dans une des salles principales de cet important cimetière. Tout à coup, le lieu de réunion est envahi par des soldats envoyés par le préfet de Rome. Sixte occupait la chaire de marbre, du haut de laquelle il adressait une allocution aux fidèles. Le spectacle si nouveau de ces hommes armés qui venaient mettre la main sur le pontife, saisit de terreur toute l'assemblée, mais sans arrêter l'élan de la foi de ces généreux fidèles. Ils offraient tous leur tête pour sauver celle de leur père. Sixte fut entraîné dans Rome, il comparut et fut condamné à recevoir la mort au lieu même où il avait bravé les édits de César. Comme on l'entraînait par la voie Appienne, son archidiacre Laurent lui reprocha de se rendre sans lui au lieu du sacrifice. — "Dans trois jours tu me suivras", lui répondit le saint pontife. L’escorte qui conduisait Sixte au supplice envahit le cimetière où on l'avait surpris, et ce fut sur la chaire même d'où il avait présidé la sainte assemblée qu'on lui trancha la tête. Cette chaire toute teinte du sang du martyr fut plus tard apportée dans la crypte papale ; elle était adossée, ainsi que nous l'avons dit, au premier tombeau de Cécile. Dès qu'il fut possible, on transféra le corps de Sixte auprès de ses prédécesseurs du troisième siècle ; mais les circonstances si glorieuses de son immolation le firent considérer comme le plus illustre de tous par le peuple fidèle.

 

Denys succéda à Sixte (259), et il vit l'Eglise jouir quelque temps d'une heureuse trêve par l'influence de Cornelia Salonina, femme de l'empereur Gallien, qui était chrétienne et parvint à arrêter la persécution. Nous avons signalé tout à l'heure la tombe d'un Saloninus, visible encore près du tombeau de saint Cornélius, au cimetière de Lucine. La sépulture de Denys eut lieu dans la crypte papale, ainsi que celle de son successeur Félix (269), comme en fait preuve l'inscription de Sixte III. Eutychien, qui succéda à Félix (275), vint reposer auprès d'eux, et son épitaphe est une de celles qu'a retrouvées M. de Rossi. Caïus, qui siégea ensuite (283), fut inhumé pareillement dans la crypte cécilienne ; mais ses deux successeurs Marcellin et Marcel furent ensevelis au cimetière de Priscille.

 

A cette époque figure une troisième Lucine, non moins zélée pour l'Eglise que les deux premières ; mais on ne voit pas que son nom soit lié avec le cimetière primitif de la voie Appienne. Un trait qui se rapporte à la persécution de Dioclétien, et que nous ne devons pas omettre dans la recherche que nous faisons des monuments chrétiens de cette voie, est la sépulture du grand martyr Sébastien près du puits au fond duquel avaient été cachés les corps des saints apôtres. C'est là aussi que la troisième Lucine fut inhumée, à la suite d'une vie toute consacrée au service de l'Eglise.

 

Au commencement du quatrième siècle, nous trouvons encore deux papes, saint Eusèbe et saint Melchiade, ensevelis au cimetière de Calliste ; mais leurs corps ne furent pas déposés dans la crypte papale, sans doute encore inaccessible par suite des mesures qu'on avait dû prendre pour en interdire l'entrée aux païens, durant les années orageuses de la persécution. Ils eurent chacun leur cubiculum particulier, et celui de saint Eusèbe, heureusement retrouvé, garde encore les traces de son élégante ornementation.

 

A la suite de ces vicissitudes, Rome souterraine et les cryptes de la voie Appienne en particulier entendirent proclamer la paix de l'Eglise. L'édit de Milan rendait la liberté à leurs sentiers et la sécurité à leurs sanctuaires. Par les ordres de Constantin, la croix paraissait au grand jour ; mais nul n'ignorait dans tout l'Empire, nul homme de bonne foi  ne pouvait disconvenir, qu'une telle victoire était due au courage et au sang des martyrs.

 

Le sol de la ville éternelle vit s'élever de splendides basiliques comme autant de trophées de la religion du Christ ; mais, durant de longs siècles encore, les catacombes demeurèrent en honneur. Les anniversaires des martyrs y ramenèrent constamment la population romaine ; et de nouveaux travaux, galeries, peintures, constructions, annoncèrent que l'histoire de Rome souterraine se continuait, tandis que la ville éternelle, retenant encore debout les monuments du passé qui devaient succomber sous les coups des barbares, se purifiait et s'embellissait sous une parure chrétienne.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 240 à 246)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

Partager cet article
Repost0
3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 04:00

Un saint Pape martyr vient en ce jour déposer sa couronne au pied de la Croix triomphante, par laquelle il a vaincu. C'est Alexandre, le cinquième successeur de Pierre.

 

Honorons ce témoin vénérable de notre foi, appelé à recevoir aujourd'hui les hommages de l'Eglise militante, au sein de la gloire dont il jouit depuis tant de siècles dans la compagnie de notre divin Ressuscité. La Passion de ce Maître souverain fut toujours présente ici-bas à sa pensée, et l'Eglise a conservé le souvenir de l'addition qu'il fit de quatre mots au Canon sacré, pour exprimer que Jésus avait institué l'auguste mystère de l'Eucharistie la veille même du jour où il devait souffrir.

 

 Une autre institution chère à la piété catholique est due au même Pontife. C'est par lui que l'Eglise a été mise en possession de cette eau sainte que les démons redoutent, et qui sanctifie tous les objets qu'elle touche. Le fidèle renouvellera donc aujourd'hui sa foi envers ce puissant élément de bénédiction que l'hérésie et l'impiété ont si souvent blasphémé, et dont l'usage pieux sert à discerner les enfants de l'Eglise de ceux qui ne le sont pas. L'eau, instrument de notre régénération, le sel, symbole d'immortalité, s'unissent sous la bénédiction de l'Eglise pour former ce Sacramental envers lequel notre confiance ne saurait être trop grande.

 

La vertu des Sacramentaux, comme celle des Sacrements, procède du sang de la Rédemption, dont les mérites sont appliqués à certains objets physiques par l'action du sacerdoce de la loi nouvelle. L'indifférence à l'endroit de ces moyens secondaires du salut serait aussi coupable qu'imprudente ; et cependant, à cette époque d'affaiblissement de la foi, rien n'est plus commun que cette indifférence. Il est des catholiques pour qui l'eau bénite est comme si elle n'existait pas ; ils ne réfléchissent jamais sur l'usage continuel qu'en fait l'Eglise, et se privent, de gaieté de cœur, du secours que Dieu a daigné mettre à leur portée pour fortifier leur faiblesse et purifier leurs âmes. Daigne le saint pontife Alexandre ranimer leur foi, et rendre à ces chrétiens dégénérés l'estime des choses surnaturelles que la bonté de Dieu avait prodiguées à leur intention !

 

L'Eglise a consacré ce court récit à la mémoire du saint Pape : 

 

Alexandre, natif de Rome , gouverna l'Eglise sous l'empire d'Adrien, et convertit au Christ une grande partie de la noblesse romaine.

 

Il ordonna que l'on offrirait seulement le pain et le vin dans le Sacrifice, et que l'on mêlerait de l'eau avec le vin, en mémoire du sang et de l'eau qui coulèrent du côté de Jésus-Christ.

 

Il ajouta au Canon de la Messe ces paroles : Qui pridie quam pateretur.

 

Il ordonna encore que l'on aurait toujours à l'Eglise de l'eau bénite, dans laquelle on aurait jeté du sel, et que l'on s'en servirait pour chasser les démons qui infesteraient les maisons.

 

Il siégea dix ans, cinq mois et vingt jours, et fut illustre par sa vie sainte et ses ordonnances salutaires.

 

Il fut couronné du martyre avec les prêtres Eventius et Théodule, et on l'ensevelit sur la voie Nomentane , à trois milles de Rome, au lieu même où il avait eu la tête tranchée.

 

Il créa en divers temps, au mois de décembre, six prêtres, deux diacres et cinq évêques pour divers lieux. Les corps de ces saints furent depuis transportés à Rome dans l'Eglise de Sainte-Sabine.

 

En ce même jour arriva la mort du bienheureux Juvénal, évêque de Narni, qui après avoir, par sa sainteté et sa doctrine, enfanté beaucoup de fidèles à Jésus-Christ dans cette ville, illustré par l'éclat des miracles, mourut paisiblement, et fut enseveli avec honneur au même lieu.

 

 Recevez, ô saint Pontife, les hommages du peuple chrétien. C'est par la voie de la Croix que vous êtes monté au ciel en ce jour ; il est juste que votre louange se mêle à celles que nous offrons à l'instrument sacré de notre délivrance.

 

Rendez-nous propice celui qui a donné son sang sur cet arbre de vie ; qu'il daigne accepter nos chants de triomphe pour sa résurrection, nos hymnes en l’honneur du bois libérateur.

 

Faites croître en nous la foi, ô saint Pontife, afin que nous arrivions à comprendre l'économie de la Rédemption, dans laquelle le Fils de Dieu a voulu se servir pour notre salut des éléments mêmes que l'ennemi avait souillés et dirigés à notre perte.

 

Chassez loin de nous ce mesquin rationalisme qui ose choisir dans l'Eglise ce qui convient à sa médiocre compréhension, et croit pouvoir dédaigner le reste.

 

Intercédez pour la sainte Eglise Romaine, ô saint Pontife ! Elle vous invoque aujourd'hui ; montrez-lui qu'elle est restée chère à votre cœur.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Exaltation de la Croix par Adam Elsheimer

Partager cet article
Repost0
2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 19:00

L'église romaine, après la mort de Zéphyrin, appela  Calliste  sur le  siège apostolique (215).

 

 Nous ne pouvons nous étendre sur les événements si pleins d'intérêt de son pontificat, ni sur les luttes qu'il eut à subir ; mais, dans cet ouvrage consacré en grande partie aux traditions de Rome souterraine, nous devons rappeler que c'est lui-même qui, dans un moment de péril, leva de leurs tombeaux les corps de saint Pierre et de saint Paul, et les transporta sur la voie Appienne, au lieu même où les avaient cachés les Orientaux, lorsqu'ils  voulurent  les  enlever  à   la   ville  de Rome.

 

Comme il s'agissait de prendre toutes les précautions pour soustraire ce trésor aux profanes, Calliste ne plaça point les dépouilles des saints apôtres dans quelque cubiculum apparent ; il fit fabriquer un puits, au fond duquel se trouve une chambre sépulcrale, où l'emplacement des deux sarcophages est encore visible aujourd'hui, par la disposition des dalles employées dans le carrelage de ce mystérieux réduit. Autour de ce monument s'ouvrirent bientôt des galeries et des cubicula, et cette région de Rome souterraine, située autour de l'espace qu'occupe la basilique de Saint-Sébastien,  fut enviée,  comme lieu de sépulture, par un grand nombre de fidèles qui désiraient reposer près  des  tombes  des  saints apôtres. Cette dévotion persista même après que leurs dépouilles sacrées eurent été rapportées dans les cryptes d'où elles avaient été tirées. Ce lieu fut appelé dans la plus haute antiquité Ad Catacumbas (Kata tumbas), c'est-à-dire près des tombes des Apôtres, et ce n'est qu'improprement que l'on a étendu beaucoup plus récemment l'appellation générale de catacombes aux cimetières de Rome.

 

 Tant de travaux sur la voie Appienne semblaient donner à Calliste un droit spécial de reposer dans le noble hypogée où l'attendait Zéphyrin.

 

 La divine Providence en avait autrement disposé. Sous le règne bienveillant d'Alexandre Sévère, il perdit la vie au quartier du Transtévère, dans une sédition des païens contre lui. La cause de cet attentat fut sans doute l'acquisition qu'il avait faite d'une ancienne taberna meritoria, située dans cette région, et qu'il consacra en église. C'est l'auguste basilique de Sainte-Marie trans Tiberim. La propriété en fut disputée à Calliste, et la cause référée à l'empereur, qui décida pour les chrétiens. (LAMPRIDIUS, in Alexandre Severo, cap. XIX.) La mort violente de Calliste semble une vengeance de ses adversaires, et elle eut lieu tout près de l'édifice que sa fermeté avait conservé à l'Eglise. Les séditieux précipitèrent le pontife dans un puits, que l'on voit encore dans l'église de Saint-Calliste, à quelques pas seulement de la basilique Transtibérine. La sédition ne permit pas, à ce qu'il paraît, de transporter le corps du martyr sur la voie Appienne, et on alla le déposer dans un cimetière déjà ouvert sur la voie Aurélia, où sa sépulture donna origine à un nouveau centre historique dans cette partie de Rome souterraine.

 

 Le successeur de Calliste fut Urbain (222), dont le pontificat s'écoula tout entier sous Alexandre Sévère. La ressemblance des noms l'a fait prendre pour l'évêque Urbain, qui figure dans la vie de Cécile ; nous expliquerons bientôt comment et à quelle époque la confusion eut lieu. L'Urbain dont il est question dans les Actes de la martyre reposait depuis cinquante ans déjà au cimetière de Prétextat, et l'on ne saurait assigner la raison pour laquelle on n'eût pas enseveli un pape dans la crypte des pontifes qui est en face de ce cimetière. Un monument précis vient confirmer cette conclusion. Dans l'hypogée papal, M. de Rossi a trouvé le fragment d'un bord de sarcophage, sur lequel on lit : ΟΥΡΒΑΝΟС (Roma sotterr., t. II, tav. II, 3.) Tout porte à croire que le trait arqué qui vient après le nom est le commencement de la première lettre du mot ΕΠΙ СΚΟΠOC. La forme même du fragment montre avec évidence qu'il a été détaché du couvercle d'un sarcophage. Les autres inscriptions de la crypte papale que l'on a retrouvées, ont servi à fermer les simples loculi qui sont en bien plus grand nombre dans la salle, ainsi qu'on peut le voir sur le plan général. Celui-ci, étant détaché d'un sarcophage, annonce une des premières sépultures faites dans l'hypogée, et pour lesquelles on aura employé les alvéoles ouvertes près du sol, dans lesquelles seules il était possible d'établir les sarcophages. Pour peu que l'on se rappelle qu'à la mort d'Urbain, Zéphyrin reposait encore seul dans la crypte papale, il est aisé de comprendre que le corps du successeur immédiat de Calliste ait été placé dans un sarcophage de préférence à un loculus. D'autres arguments viendront confirmer l'existence du tombeau du saint pontife en ce lieu, et non sur la gauche de la voie Appienne, où la présence d'un autre Urbain est aussi formellement constatée.

 

 Pontien succéda à Urbain (230). L'Empire changea de mains, et passa au pouvoir de Maximin dès le 18 mars 235. Une sentence impériale déporta le pontife des chrétiens, avec le prêtre Hippolyte, dans l'île de Bucina, où il souffrit d'indignes traitements qui lui valurent la couronne du martyre. De bonne heure il avait voulu pourvoir au gouvernement de l'église romaine, en abdiquant la papauté. Son corps demeura dans cette île de la Méditerranée jusqu'au pontificat de saint Fabien qui l'alla chercher, accompagné de ses prêtres, et le réunit aux autres papes qui dormaient déjà sous les voûtes de l'hypogée cécilien.

 

 Anteros (235), qui ne fit que passer sur le siège de Rome, eut la même sépulture. On a pu réunir les fragments de l'inscription de son loculus, et son nom Anteros s'y lit aisément. Il eut pour successeur Fabien (236), duquel le Liber pontificalis raconte qu'il fit faire de nombreuses constructions dans les cimetières. La crypte des pontifes dans laquelle il fut enseveli nous a rendu son inscription tumulaire, fracturée comme celles que nous avons citées jusqu'ici, mais non moins importante. Parmi ses constructions, il est permis de compter le petit édifice à trois absides qui s'élève au-dessus de la seconde area callistienne, et qui, par les pèlerins du quatrième siècle et des suivants, fut appelé la basilique de Sainte-Cécile et de Saint-Sixte, à cause du voisinage de leurs tombeaux, les plus célèbres de tous.

 

Le successeur de Fabien fut un Cornélius (251). Dans ce rapide parcours de l'histoire pontificale du troisième siècle, il nous est agréable de rencontrer ce grand nom. Une seconde Lucine apparaît aussi auprès de ce nouveau pontife, zélée comme la première pour la sépulture des martyrs, et exerçant des droits sur le cimetière qu'avait creusé la première Lucine. Nous ne faisons aucun doute qu'elle n'appartînt également aux Pomponii qui, comme nous l'avons dit plus haut, avaient des liens avec les Cornelii. Dans ce récit abrégé, où nous ne parlons des pontifes que dans leurs rapports avec les cimetières de la voie Appienne, nous ne devons pas cependant omettre l'acte important que Cornelius accomplit, à l'instigation de Lucine : ce fut de retirer du puits où les avait placés Calliste les corps des deux grands apôtres de Rome, qui avaient reposé plus de trente ans dans ce sombre asile. Cette translation s'opéra secrètement et à la faveur des ombres de la nuit. Lucine se chargea de faire replacer le corps de saint Paul dans son ancienne Confession, située près de la voie d'Ostie, sur le praedium de la première Lucine. Quant au corps de saint Pierre, Cornélius prit soin de le faire replacer dans l'antique crypte des Cornelii au Vatican, où l'attendaient ses successeurs du premier et du second siècle, et où, depuis lors, il est demeuré immobile dans toute la majesté apostolique : "près du lieu où il avait été crucifié", ainsi que le répète pour la seconde fois, à cette nouvelle occasion, le Liber pontificalis.

 

Saint Cyprien a célébré l'intrépidité avec laquelle Cornélius accepta et occupa la chaire pontificale, dans un moment où Decius était possédé d'une telle fureur contre l'Eglise, "qu'il eût préféré voir s'élever dans l'Empire un compétiteur, que de laisser remplacer dans Rome le pontife des chrétiens". (Epist. ad Antonian.) La carrière du saint pape ne pouvait se terminer que par le martyre, mais le crédit de Lucine était tel en ces lieux, qu'elle obtint que ce membre de la race des Cornelii ne serait pas enseveli dans la crypte ordinaire des pontifes : elle lui donna donc la sépulture au cimetière voisin, décoré d'un nom qui rappelait de si grands souvenirs.

 

Le seul fait de cette sépulture insolite pour un pape au troisième siècle, suffirait à attester le lien de parenté qui devait exister entre Cornélius et la noble héritière de Pomponia Graecina, et il confirme pleinement ce que nous avançons ici sans aucun doute sur l'origine du saint pontife. L'épitaphe tumulaire placée sur son monument particulier au cimetière de Lucine, était en langue latine. Il est permis de penser que, de même que Lucine avait voulu que Cornélius fût enseveli au milieu des siens, elle aura repoussé la langue grecque, lorsqu'il se sera agi de tracer l'épitaphe d'un pontife dont le nom seul rappelait ce que le Latium avait produit de plus illustre.

 

Le retour que nous venons de faire au cimetière de Lucine nous donne lieu de jeter un regard sur les marbres céciliens du troisième siècle qu'on y a retrouvés. La sépulture de Cécile dans une crypte nouvelle n'entraîna pas l'abandon de la catacombe de Lucine par les familles qui déjà y étaient représentées dans leurs membres chrétiens. Ainsi, vers la fin du deuxième siècle, on y ensevelit une Caeciliana Paulina, dont le marbre s'est retrouvé récemment. Au troisième siècle, c'est le tombeau d'un enfant qualifié de puer clarissimus, et nommé Q. Caecilius Maximus. La gens Valeria est une des rares familles, et la première, qui furent honorées par le peuple romain du surnom de Maximus. Il est peut-être permis de reconnaître ici une suite de l'alliance des Valcrii Maximi et des Caecilii dans la personne de Cécile et de Valérien. Avant cette époque, on ne rencontre pas sur les inscriptions le cognomen Maximus donné aux Crecilii. Au quatrième siècle, les Caecilii font défaut dans les cryptes de Lucine ; mais les premières années du cinquième nous donnent l'inscription d'une enfant qui ne vécut que quelques mois. Elle est appelée Pompeïa Octavia Attica Ceciliana, c. p. (clarissima puella). Les épitaphes du père et de la mère ont été presque en même temps découvertes par M. de Rossi, au cimetière de Calliste, l'un et l'autre ayant voulu reposer près de la grande martyre. Le père est appelé Octavius Caecilianus, v. c. et la mère Pompeïa Attica, c. f. (clarissima faemina) : l'enfant avait réuni les noms de l'un et de l'autre. On voit par d'autres monuments encore que les Caecilii se partagèrent entre les deux cimetières jusqu'à la fin. Les uns étaient attirés par les sépultures antérieures de la famille dans les cryptes de Lucine, les autres optaient pour le voisinage de Cécile. Parmi ces derniers, il faut compter une Caecilia Fausta du troisième siècle, dont l'inscription est encore entière à sa place.

 

Elle est ainsi conçue : 

SERGIVS   ALEXANDER

CAECILIE   FAVSTAE

CONIVGI   SVE   BENE

MERIENTI   FECIT.

 

Cette épitaphe, dont nous avons conservé l'orthographe fautive, montre la continuité de l'alliance entre les Sergii et les Caecilii. Nous avons déjà mentionné comme ayant eu sa sépulture, au même siècle, près du tombeau de Cécile, un Septimius Praetextatus Caecilianus. Le quatrième siècle nous donne, dans la même région, les inscriptions d'une Caeciliana, C. F., et d'une Caecilia, H. F. (honesta faemina).

 

Nous terminerons cette énumération des Caecilii chrétiens ensevelis dans ces cryptes, par un Caecilius Cornelianus retrouvé dans la seconde area callistienne, et qui se trouve réunir en sa personne les deux plus grands noms de notre histoire.

 

Jusqu'ici Rome souterraine ne nous a plus rien transmis en fait de monuments funéraires des Caecilii.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 232 à 239)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

Partager cet article
Repost0
2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 11:30

POLOGNE

A woman holds a flag with a photo of the late pope during a public viewing of the beatification ceremony of Pope John Paul II at the Lagiewniki God's Mercy Sanctuary in Krakow, Poland, Sunday, May 1, 2011 

 

Polish nun Sister Benedikta prepares candles prior to a public viewing of the beatification ceremony of Pope John Paul II at the Lagiewniki God's Mercy Sanctuary in Krakow, Poland, Sunday, May 1, 2011.  

 

People look at an exhibition of pictures of Late Pope John Paul II in the old town of Krakow May 1, 2011.

 

People stand in the rain while attending a public viewing of the beatification ceremony of Pope John Paul II outside the Lagiewniki God's Mercy Sanctuary in Krakow, Poland, Sunday, May 1, 2011.

 

People pray during a public viewing of the beatification ceremony of Pope John Paul II at the Lagiewniki God's Mercy Sanctuary in Krakow, Poland, Sunday, May 1, 2011.

 

People watch in Pope John Paul II's hometown, an open air viewing of the beatification ceremony of the late pope, in Wadowice, Poland, Sunday, May 1, 2011.

 

A girl watches in Pope John Paul II's hometown an open air viewing of the beatification ceremony of the late pope, in Wadowice, Poland, Sunday, May 1, 2011

 

CHILI

Archbishop of Valparaiso Gonzalo Duarte Garcia de Cortazar bows in front of an image of the late Pope during a prayer in the cathedral of Valparaiso city, about 121 km (75 miles) northwest of Santiago, May 1, 2011.  

 

MEXIQUE

Pilgrims stand in front of a photograph of the late Pope John Paul II inside the Basilica of the Virgin of Guadalupe in Mexico City May 1, 2011.

 

A woman prays during a mass as she waits for the beatification ceremony of late Pope John Paul II at the Basilica of Guadalupe in Mexico City, Saturday, April 30, 2011

 

Faithful gathered at the Virgin of Guadalupe Basilica to wait for the beatification ceremony of the late Pope John Paul II to be projected on two large screens in Mexico City, Sunday May 1, 2011.

 

ARGENTINE

People hold candles during a vigil honoring late Pope Juan Pablo II in Buenos Aires, Argentina, Sunday, May 1, 2011

 

People hold candles during a vigil honoring late Pope Juan Pablo II in Buenos Aires, Argentina, Sunday, May 1, 2011.

 

GUATEMALA

Faithful carry an image of late Pope John Paul II during an open-air Mass celebrating his beatification in Guatemala City, Sunday May 1, 2011.

 

A poster of late Pope John Paul II remains on a grass carpet on May 1, 2011 in Guatemala City during a march to celebrate his beatification.

 

Catholic faithfuls sit next to a poster of Pope John Paul II on May 1, 2011 in Guatemala City, during a march to celebrate his beatification.

 

PEROU

A group of priests bless a statue of the late Pope John Paul II during an open-air Mass celebrating his beatification, in Port of Callao, Peru, Sunday May 1, 2011  

 

Nuns participate chanting during a vigil in Lima early on May 1, 2011,  

 

PHILIPPINES  

A man touches a portrait of the late Pope John Paul with a relic, a piece of cloth taken from the cassock used shortly before he passed away in 2005, displayed for the devotees to venerate and kiss at the Quiapo Church in Manila on May 1, 2011

 

A woman kisses a portrait of the late Pope John Paul with a relic, a piece of cloth taken from the cassock used shortly before he passed away in 2005, displayed for the devotees to venerate and kiss at the Quiapo Church in Manila on May 1, 2011.

 

A faithful prays in front of the photo of Pope John Paul II, also displaying a piece of cloth taken from his cassock used shortly before he passed away in 2005, inside Quiapo Church in Manila May 1, 2011.  

 

The mother of a boy pushes his face towards a portrait of the late Pope John Paul displayed for the devotees to venerate and kiss at the Quiapo Church in Manila on May 1, 2011 

 

Vatican City, Vatican

Cardinals attend John Paul II Beatification Ceremony held by Pope Benedict XVI on May 1, 2011 in Vatican City, Vatican.

 

A woman with a dress featuring images of John Paul II walks in Saint Peter's Square during John Paul II Beatification Ceremony held by Pope Benedict XVI on May 1, 2011 in Vatican City, Vatican

 

Members of official delegations arrive for the beatification ceremony of late pope John Paul II on May 1, 2011 at St Peter's square at The Vatican. 

 

Bishops attend during the mass of late Pope John Paul II at the St. Peter's Basilica at the Vatican May 1, 2011.

 

Policemen stand on St Peter's square in front of the giant banner bearing John Paul's portrait displayed over the facade of St Peter's basilica during the ceremony of beatification for late pope John Paul II on May 1, 2011 at St Peter's square at The Vatican.

 

Italian Prime Minister Silvio Berlusconi attends John Paul II Beatification Ceremony held by Pope Benedict XVI on May 1, 2011 in Vatican City, Vatican.

 

Italian Prime Minister Silvio Berlusconi and Italian president Giorgio Napolitano greets an ecclesiast upon arrival for the beatification ceremony of late pope John Paul II on May 1, 2011 at St Peter's square at The Vatican.  

 

Italian Prime Minister Silvio Berlusconi chats with officials upon arrival for the beatification ceremony of late pope John Paul II on May 1, 2011 at St Peter's square at The Vatican.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photos : http://www.daylife.com/

Partager cet article
Repost0
2 mai 2011 1 02 /05 /mai /2011 04:00

Le cortège de notre divin Roi, qui s'accroît chaque jour d'une manière si brillante, se renforce aujourd'hui par l'arrivée de l'un des plus valeureux champions qui aient jamais combattu pour sa gloire.

 

Est-il un nom plus illustre que celui d'Athanase parmi les gardiens de la Parole de vérité que Jésus a confiée à la terre ? ce nom n'exprime-t-il pas à lui seul le courage indomptable dans la garde du dépôt sacré, la fermeté du héros en face des plus terribles épreuves, la science, le génie, l'éloquence, tout ce qui peut retracer ici-bas l'idéal de la sainteté du Pasteur unie à la doctrine de l'interprète des choses divines ? Athanase a vécu pour le Fils de Dieu ; la cause du Fils de Dieu fut la même que celle d'Athanase ; qui bénissait Athanase bénissait le Verbe éternel, et celui-là maudissait le Verbe éternel qui maudissait Athanase.

 

 Jamais notre sainte foi ne courut sur la terre un plus grand péril que dans ces tristes jours qui suivirent la paix de l'Eglise, et furent témoins de la plus affreuse tempête que la barque de Pierre ait jamais essuyée. Satan avait en vain espéré  éteindre dans des torrents de sang la race des adorateurs de Jésus ; le glaive de Dioclétien et de Galérius s'était émoussé dans leurs mains, et la croix paraissant au ciel avait proclamé le triomphe du christianisme. Tout à coup l'Eglise victorieuse se sent ébranlée jusque dans ses fondements ; dans son audace l'enfer a vomi sur la terre une hérésie qui menace de dévorer en peu de jours le fruit de trois siècles de martyre. L'impie et obscur Arius ose dire que celui qui fut adoré comme le Fils de Dieu par tant de générations depuis les Apôtres, n'est qu'une créature plus parfaite que les autres. Une immense défection se déclare jusque dans les rangs de la hiérarchie sacrée ; la puissance des Césars se met au service de cette épouvantable apostasie ; et si le Seigneur lui-même n'intervient, les hommes diront bientôt sur la terre que la victoire du christianisme n'a eu d'autre résultat que de changer l'objet de l'idolâtrie, en substituant sur les autels une créature à d'autres qui avaient reçu l'encens avant elle.

 

 Mais celui qui avait promis que les portes de l'enfer ne prévaudraient jamais contre son Eglise, veillait à sa promesse. La foi primitive triompha ; le concile de Nicée reconnut et proclama le Fils consubstantiel au Père ; mais il fallait à l'Eglise un homme en qui la cause du Verbe consubstantiel fut, pour ainsi dire, incarnée, un homme assez docte pour déjouer tous les artifices de l'hérésie, assez fort pour attirer sur lui tous ses coups, sans succomber jamais. Ce fut Athanase ; quiconque adore et aime le Fils de Dieu doit aimer et glorifier Athanase.

 

Exilé jusqu'à cinq fois de son Eglise d'Alexandrie, poursuivi à mort par les ariens, il vint chercher tantôt un refuge, et tantôt un lieu d'exil dans l'Occident, qui apprécia l'illustre confesseur de la divinité du Verbe. Pour prix de l'hospitalité que Rome s'honora de lui accorder, Athanase lui fit part de ses trésors. Admirateur et ami du grand Antoine, il cultivait avec une tendre affection l'élément monastique, que la grâce de l'Esprit-Saint avait fait éclore dans les déserts de son vaste patriarcat ; il porta à Rome cette précieuse semence, et les moines qu'il y amena furent les premiers que vit l'Occident. La plante céleste s'y naturalisa ; et si sa croissance fut lente d'abord, elle y fructifia dans la suite au delà de ce qu'elle avait fait en Orient.

 

 Athanase, qui avait su exposer avec tant de clarté et de magnificence dans ses sublimes écrits le dogme fondamental du christianisme, la divinité de Jésus-Christ, a célébré le mystère de la Pâque avec une éloquente majesté dans les Lettres festales qu'il adressait chaque année aux Eglises de son patriarcat d'Alexandrie. La collection de ces lettres, que l'on regardait comme perdues sans retour, et qui n'étaient connues que par quelques courts fragments, a été retrouvée presque tout entière, dans le monastère de Sainte-Marie de Scété, en Egypte.

 

La première, qui se rapporte à l'année 329, débute par ces paroles qui expriment admirablement les sentiments que doit réveiller chez tous les chrétiens l'arrivée de la Pâque :

" Venez, mes bien-aimés, dit Athanase aux fidèles soumis à son autorité pastorale, venez célébrer la fête ; l'heure présente vous y invite. En dirigeant sur nous ses divins rayons, le Soleil de justice nous annonce que l'époque de la solennité est arrivée. A cette nouvelle, faisons  fête, et ne laissons pas l'allégresse s'enfuir avec le temps qui nous l'apporte, sans l'avoir goûtée."

 

Durant ses exils, Athanase continua d'adresser à ses peuples la Lettre pascale ; quelques années seulement en furent privées. Voici le commencement de celle par laquelle il annonçait la Pâque de l'année 338 ; elle fut envoyée de Trêves à Alexandrie :

" Bien qu'éloigné de vous, mes Frères, je n'ai garde de manquer à la coutume que j'ai toujours observée à votre égard, coutume que j'ai reçue de la tradition des Pères. Je ne resterai pas dans le silence, et je ne manquerai pas de vous annoncer l'époque de la sainte Fête annuelle, et le jour auquel vous en devez célébrer la solennité.

" En proie aux tribulations dont vous avez sans doute entendu parler, accablé des plus graves épreuves, placé sous la surveillance des ennemis de la vérité qui épient tout ce que j'écris, afin d'en faire une matière d'accusation et d'accroître par là mes maux, je sens néanmoins que le Seigneur me donne de la force et me console dans mes angoisses.

" J'ose donc vous adresser la proclamation annuelle, et c'est au milieu de mes chagrins, à travers les embûches qui m'environnent, que je vous envoie des extrémités de la terre l'annonce de la Pâque qui est notre salut.

" Remettant mon sort entre les mains du Seigneur, j'ai voulu célébrer avec vous cette fête : la distance des lieux nous sépare, mais je ne suis pas absent de vous. Le Seigneur qui accorde les fêtes, qui est lui-même notre fête, qui nous fait don de son Esprit, nous réunit spirituellement par le lien de la concorde et de la paix."

 

 Qu'elle est magnifique, cette Pâque célébrée par Athanase exilé sur les bords du Rhin, en union avec son peuple qui la fêtait sur les rives du Nil ! Comme elle révèle le lien puissant de la sainte Liturgie pour unir les hommes et leur faire goûter au même moment, et en dépit des distances, les mêmes émotions saintes, pour réveiller en eux les mêmes aspirations de vertu ! Grecs ou barbares, l'Eglise est notre patrie commune ; mais la Liturgie est, avec la Foi, le milieu dans lequel nous ne formons tous qu'une même famille, et la Liturgie n'a rien de plus expressif dans le sens de l'unité que la célébration de la Pâque.

 

Nous lirons maintenant le court récit des actions de saint Athanase dans le livre des divins Offices :

Athanase, le vigoureux défenseur de la religion catholique, était né à Alexandrie. Il fut fait diacre par l'évêque de cette ville, nommé Alexandre, auquel il devait succéder. Il avait accompagné ce prélat au concile de Nicée, où, ayant confondu l'impiété d'Arius, il s'attira tellement la haine des ariens, que depuis lors ils ne cessèrent pas de lui dresser des embûches. Dans un concile réuni à Tyr, et composé d'évêques ariens pour la plupart, ils subornèrent une femme pour lui faire dire qu'Athanase, étant logé chez elle, lui avait fait violence. Il fut donc introduit, et avec lui l'un de ses prêtres nommé Timothée, qui, feignant d'être Athanase, s'adressa ainsi à cette femme : "C'est donc moi qui ai logé chez vous, moi qui vous ai violée ?— Oui ! répondit-elle effrontément ; c'est vous qui m'avez fait violence" ; et elle affirmait le fait avec serment, implorant la justice des évêques pour être vengée d'une telle injure. La fourberie fut ainsi découverte, et l'impudence de cette femme fut confondue.

 

 Les ariens firent aussi courir le bruit qu'un évêque nommé Arsène avait été assassiné par Athanase. Ils tinrent cet évêque caché, et produisirent la main d'un mort, accusant Athanase d'avoir coupé cette main à Arsène pour s'en servir dans des opérations magiques. Mais Arsène, s'étant échappé de nuit, vint se présenter devant le concile, et par sa présence dévoila la scélératesse impudente des ennemis d'Athanase. Ils ne laissèrent pas de dire que la justification d'Athanase était le résultat d'opérations magiques, et ne cessèrent de conspirer contre sa vie. Ils le firent exiler, et il fut relégué à Trêves dans la Gaule.  Sous le règne de l'empereur Constance, qui était fauteur des ariens, Athanase fut agité par de longues et rudes tempêtes : il eut à souffrir d'incroyables persécutions, et parcourut une grande partie du monde romain.

 

Chassé diverses fois de son Eglise, il y fut rétabli à plusieurs reprises par l'autorité du pape Jules, par la protection de l'empereur Constant, frère de Constance, par les décrets du Concile de Sardique et de celui de Jérusalem. Mais les ariens ne cessèrent pas un seul jour d'être ses ennemis acharnés. Leur fureur opiniâtre le réduisit jusqu'à chercher une retraite dans une citerne pour éviter la mort, et il demeura là cinq ans, sans avoir d'autre confident qu'un de ses amis qui lui portait en secret sa nourriture.

 

 Après la mort de Constance, Julien l'Apostat, qui lui succéda à l'empire, ayant permis aux évêques exilés de retourner à leurs Eglises, Athanase rentra dans Alexandrie, et y fut reçu avec de grands honneurs. Mais peu après, par l'intrigue des mêmes ariens, il se vit persécuté par Julien, et obligé à s'éloigner encore. Les satellites de ce prince le poursuivant pour le mettre à mort, il fit retourner exprès vers eux le vaisseau sur lequel il s'enfuyait, et dans la rencontre ceux-ci ayant demandé combien Athanase était loin encore, il leur répondit lui-même qu'il l'était peu. Ils continuèrent ainsi à le poursuivre en lui tournant le dos ; et, s'étant ainsi sauvé de leurs mains, il rentra à Alexandrie, et s'y tint caché jusqu'à la mort de Julien.

 

Une autre tempête s'étant élevée contre lui, il demeura caché durant quatre mois dans le sépulcre de son père. Enfin, délivré par le secours divin de tant de périls de tous genres, il mourut dans son lit à Alexandrie, sous Valens.

 

Sa vie et sa mort furent  illustrées par de grands miracles. Il a composé beaucoup d'ouvrages célèbres, dans lesquels il a pour but de nourrir la piété et d'éclaircir la foi catholique. Il gouverna très saintement l'Eglise d'Alexandrie, durant quarante-six ans, au milieu des plus étonnantes vicissitudes.

 

 

 L'Eglise grecque, qui célèbre dans une autre saison la fête du saint Docteur, exprime son admiration pour lui dans des chants remplis d'enthousiasme dont nous extrairons, selon notre usage, quelques strophes :

 

 Salut, ô Athanase, la règle des vertus, le vaillant défenseur de la foi ! C'est toi qui, par tes paroles dignes de tout respect, as dissous sans retour l'impiété d'Arius ; tu nous as enseigné quelle est la puissance de la divinité unique en trois personnes , qui dans sa bonté a tiré du néant les êtres spirituels et les êtres sensibles, et tu nous as expliqué les profonds mystères de l'opération divine ; daigne prier le Christ d'accorder à nos âmes sa grande miséricorde.

 

Salut, toi qui as servi d'appui aux patriarches mêmes, trompette résonnante, génie admirable, langue éloquente, œil lumineux, illustrateur de la saine doctrine, pasteur véritable, flambeau éclatant, cognée par laquelle a été abattue la forêt entière des hérésies, toi qui l'as incendiée par le feu de l'Esprit-Saint : très ferme colonne, tour inébranlable, toi qui enseignes la puissance supersubstantielle de la Trinité, daigne la supplier d'accorder à nos âmes sa grande miséricorde.

 

Tu as armé l'Eglise, ô Père, des dogmes divins de l'orthodoxie ; par ta science l'hérésie a été tranchée : tu as achevé ta sainte carrière, et comme Paul tu as conservé la foi ; de même, ô glorieux Athanase, une juste couronne t'est préparée pour prix de tes travaux.

 

Semblable à un astre qui n'a pas de coucher, tu éclaires encore après ta mort la multitude des fidèles par les rayons de ta doctrine, ô Athanase, Pontife rempli de sagesse.

 

Guidé par le Saint-Esprit, tu as conduit ta pensée dans les hauteurs de la contemplation, ô saint Pontife ! tu as cherché les trésors de vérité cachés sous les divins oracles, et tu as fait part au monde des richesses que tu as découvertes.

 

Tu as été le phare élevé et lumineux de la divine doctrine, et tu as dirigé ceux qui étaient battus sur l'océan de l'erreur, les conduisant, par la sérénité de tes paroles, au tranquille port de la grâce.

 

Général de l'armée de Dieu, tu as défait les bataillons des adversaires du Seigneur ; avec le glaive du Saint-Esprit tu les as vaillamment taillés en pièces. Père saint, tu as arrosé la terre entière des eaux vives dont la source était dans ton cœur.

 

Père saint, par les persécutions que tu as souffertes pour son Eglise, tu as complété en ta chair les souffrances du Seigneur.

 

Habitants de la terre, venez apprendre la doctrine de justice dans les enseignements sacrés d'Athanase : la pureté de sa foi a fait de lui comme la bouche du Verbe qui est avant tous les siècles.

 

Par toi, ô bienheureux, l'Eglise du Christ est devenue un paradis véritable ; tu y as semé la parole sainte et tu en as arraché les épines de l'hérésie.

 

Tu nous as apparu comme un fleuve de grâce, comme un Nil spirituel, ô toi qui portes Dieu ! tu as apporté aux fidèles les fruits de la doctrine de piété, tu as arrosé toutes les campagnes et nourri au loin la terre. Par le bâton de tes enseignements tu as chassé les loups de l'hérésie loin de l’Eglise du Christ : tu l'as entourée et protégée du rempart de tes paroles, et tu l’as présentée saine et sauve au Christ ; prie-le donc, le Christ Dieu, qu'il daigne nous délivrer de la séduction et de tout péril, nous qui célébrons avec foi ta mémoire digne de vénération.

 

 

Vous vous êtes assis, ô Athanase, sur la chaire de Marc dans Alexandrie, et vous brillez non loin de lui sur le Cycle sacré. Il partit de Rome, envoyé par Pierre lui-même, pour aller fonder le second siège patriarcal ; et trois siècles après, vous arriviez vous-même à Rome, successeur de Marc, pour obtenir du successeur de Pierre que l'injustice et l'hérésie ne prévalussent pas contre ce siège auguste. Notre Occident vous a contemplé, sublime héros de la foi ; il vous a possédé dans son sein ; il a vénéré en vous le noble exilé, le courageux confesseur ; et votre séjour dans nos régions est demeuré l'un de leurs plus chers et de leurs plus glorieux souvenirs.

 

Soyez l'intercesseur des contrées sur lesquelles s'étendit autrefois votre juridiction de Patriarche, ô Athanase ! mais ayez souvenir aussi du secours et de l'hospitalité que vous offrit l'Occident. Rome vous protégea, elle prit en main votre cause, elle rendit la sentence qui vous justifiait et vous rétablissait dans vos droits ; du haut du ciel, rendez-lui ce qu'elle fit pour vous ; soutenez et consolez son Pontife, successeur de Jules qui vous secourut il y a quinze siècles. Une tempête affreuse s'est déchaînée contre le roc qui porte toutes les Eglises, et l'arc-en-ciel ne paraît pas encore sur les nuées. Priez, ô Athanase, afin que ces tristes jours soient abrégés, et que le siège de Pierre cesse bientôt d'être en butte à ces attaques de mensonge et de violence qui sont en même temps un sujet de scandale pour les peuples.

 

Vos efforts, ô grand Docteur, étouffèrent l'odieux arianisme ; mais en nos temps et dans nos régions occidentales, cette audacieuse hérésie a levé de nouveau la tête. Elle étend ses ravages à la faveur de cette demi-science qui s'unit à l'orgueil, et qui est devenue le péril principal de nos jours. Le Fils éternel de Dieu, consubstantiel au Père, est blasphémé par les adeptes d'une pernicieuse philosophie, qui consent à voir en lui le plus grand des hommes, à la condition qu'on leur accordera qu'il fut seulement un homme. En vain la raison et l'expérience démontrent que tout est surnaturel en Jésus ; ils s'obstinent à fermer les yeux, et contre toute bonne foi ils osent mêler au langage d'une admiration hypocrite le dédain pour la foi chrétienne, qui reconnaît dans le fils de Marie le Verbe éternel incarné pour le salut des hommes. Confondez les nouveaux ariens, ô Athanase ! mettez à nu leur faiblesse superbe et leur artifice ; dissipez l'illusion de leurs malheureux adeptes ; qu'il soit enfin reconnu que ces prétendus sages qui osent blasphémer la divinité du Christ, vont se perdre les uns après les autres dans les abîmes honteux du panthéisme, ou dans le chaos d'un désolant scepticisme, au sein duquel expire toute morale et s'éteint toute intelligence.

 

Conservez en nous, ô Athanase, par l'influence de vos mérites et de vos prières, le précieux don de la foi que le Seigneur a daigné nous confier; obtenez-nous de confesser et d'adorer toujours Jésus-Christ comme notre Dieu éternel et infini, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, qui pour notre salut, à nous hommes, a daigné prendre chair en Marie.

 

Révélez-nous ses grandeurs jusqu'au jour où nous les contemplerons avec vous dans le séjour de gloire. En attendant, nous converserons avec lui par la foi sur cette terre témoin des splendeurs de sa résurrection.

 

Vous l'avez aimé, ô Athanase ! ce Fils de Dieu, notre Créateur et notre Sauveur. Son amour a été l'âme de votre vie, le mobile de votre dévouement héroïque à son service. Cet amour vous a soutenu dans les luttes colossales où le monde entier semblait se soulever contre vous ; il vous a rendu plus fort que toutes les tribulations ; obtenez-le pour nous, cet amour qui ne craint rien parce qu'il est fidèle, cet amour que nous devons à Jésus, qui, étant la splendeur éternelle du Père, sa Sagesse infinie, a daigné "s'humilier jusqu'à prendre la forme d'esclave, et se rendre pour nous obéissant jusqu'à la mort, et la mort de la Croix."

 

Comment paierons-nous son dévouement, si ce n'est en lui donnant tout notre amour, à votre exemple, ô Athanase ! et en exaltant d'autant plus ses grandeurs qu'il s'est lui-même plus abaissé pour nous sauver ?

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

SAINT ATHANASE

Partager cet article
Repost0