Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 04:00

Quand Lazare fut sorti du tombeau, les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui.

 

Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu'il avait fait. Les chefs des prêtres et les pharisiens convoquèrent donc le grand conseil ; ils disaient :"Qu'allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous continuons à le laisser agir, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation."

Alors, l'un d'entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : " Vous n'y comprenez rien ; vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple, et que l'ensemble de la nation ne périsse pas."

 

Ce qu'il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là, il fut prophète en révélant que Jésus allait mourir pour la nation. Or, ce n'était pas seulement pour la nation, c'était afin de rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés.

 

A partir de ce jour-là, le grand conseil fut décidé à le faire mourir. C'est pourquoi Jésus ne circulait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d'Éphraïm où il séjourna avec ses disciples.

 

Or, la Pâque des Juifs approchait, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la fête. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : "Qu'en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête !"

 

Les chefs des prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu'on puisse l'arrêter.


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

L'Entrée à Jérusalem par Giotto

Partager cet article
Repost0
15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 04:00

Mais délivre-nous du mal

 

La dernière demande du Notre Père reprend l'avant-dernière, en lui donnant une tournure positive ; c'est pourquoi les deux demandes sont intimement liées.

 

Si, dans l'avant-dernière demande, la négation dominait (ne pas donner de l'espace au mal au-delà de ce qui est supportable), dans la dernière demande nous venons au Père avec l'espérance centrale de notre foi : "Sauve-nous, rachète-nous, libère-nous !" C'est enfin la demande de rédemption. De quoi voulons-nous être rachetés ? La nouvelle traduction du Notre Père dit "du mal", sans distinguer entre 'le mal' et 'le Malin', mais en fin de compte, les deux sont indissociables.

 

Oui, nous voyons devant nous le dragon dont parle l'Apocalypse (chap. 12 et 13). Jean a dépeint "la bête qui monte de la mer", des sombres abîmes du mal, avec les attributs du pouvoir politique romain. Ainsi, il a donné un visage très concret à la menace à laquelle étaient confrontés les chrétiens de son temps : la mainmise totale sur l'homme, qu'a instauré le culte impérial, érigeant et faisant culminer le pouvoir politique, militaire et économique dans une toute-puissance totale et exclusive. Voilà la forme même du mal qui risque de nous engloutir, allant de pair avec la décomposition de l'ordre moral par une forme cynique de scepticisme et de rationalisme. Face à cette menace, le chrétien du temps de la persécution fait appel au Seigneur comme à la seule puissance en mesure de le sauver : délivre-nous du mal.

 

 L'Empire romain et ses idéologies ont beau avoir sombré, comme tout cela est pourtant actuel ! Aujourd'hui aussi il y a, d'une part, les puissances du marché, du trafic d'armes, du trafic de drogue, du trafic d'êtres humains, puissances qui pèsent sur le monde et qui jettent l'humanité dans des contraintes auxquelles on ne peut résister. Aujourd'hui aussi, il y a, d'autre part, l'idéologie de la réussite, du bien-être, qui nous dit : Dieu n'est qu'une fiction, il ne fait que nous prendre du temps et il nous fait perdre l'appétit de vivre. Ne te soucie pas de lui ! Cherche seulement à jouir de la vie autant que tu peux. Ces tentations aussi paraissent irrésistibles.

 

Le Notre Père dans son ensemble - et cette demande en particulier — veut nous dire : c'est uniquement quand tu auras perdu Dieu que tu te seras perdu toi-même ; alors, tu ne seras plus qu'un produit fortuit de l'évolution. Alors, le 'dragon' aura vraiment vaincu. Aussi longtemps qu'il ne pourra t'arracher Dieu, malgré tous les malheurs qui te menacent, tu seras toujours resté foncièrement sain. Il est donc juste que la nouvelle traduction nous dise : délivre-nous du mal.

 

Les malheurs peuvent être utiles à notre purification, mais le mal est destructeur. C'est pourquoi nous demandons profondément que nous ne soit pas arrachée la foi qui nous fait voir Dieu, qui nous unit au Christ. C'est pourquoi nous demandons que les biens ne nous fassent pas perdre le bien lui-même ; que, dans la perte des biens, nous ne perdions pas pour nous-mêmes le Bien, Dieu ; que nous ne nous perdions pas nous-mêmes.

 

Délivre-nous du mal ! Là encore, Cyprien, l'évêque martyr qui avait lui-même à surmonter la situation de l'Apocalypse, a trouvé des paroles splendides : "Quand nous avons dit : délivrez-nous du mal, il ne reste plus rien à demander. Nous implorons la protection divine contre l'esprit du mal, et, après l'avoir obtenue, nous sommes en sûreté contre les assauts du démon et du monde. Car comment craindre le siècle, quand Dieu nous couvre de son égide ?" Cette certitude a soutenu les martyrs en leur donnant la joie et la confiance dans un monde plein d'angoisse, en les 'délivrant' en profondeur et en leur donnant la véritable liberté.

 

 C'est la même confiance que saint Paul a si merveilleusement exprimée : "Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?... Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ ? la détresse ? l'angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ?... Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur" (Rm 8, 31-39).

 

En ce sens, la dernière demande nous ramène aux trois premières. En demandant d'être délivrés de la puissance du mal, nous demandons, en fin de compte, le Règne de Dieu, nous demandons de nous unir à sa volonté, de sanctifier son nom. Certes, les hommes de prière ont eu, de tout temps, une vision plus large de cette demande. Dans les tribulations du monde, ils demandaient aussi à Dieu de mettre fin aux 'malheurs' qui dévastent le monde et notre vie.

 

 Cette manière tout humaine d'interpréter la demande est entrée dans la liturgie. Dans toutes les liturgies, à l'exception de la liturgie byzantine, la dernière demande du Notre Père est développée par une prière particulière qui, dans la liturgie romaine ancienne, disait : "Délivre nous de tout mal, passé, présent et à venir. Par l'intercession... de tous les saints donne la paix à notre temps, afin que par ta miséricorde nous vivions toujours libres du péché et assurés dans toutes nos épreuves."

 

On sent l'écho des nécessités dans les temps troublés, on perçoit le cri qui réclame une rédemption complète. Cet 'embolisme' par lequel on renforce dans les liturgies la dernière demande du Notre Père montre l'aspect humain de l'Église. Oui, nous pouvons, nous devons demander au Seigneur qu'il délivre le monde, nous-mêmes et les hommes, et les peuples qui souffrent en grand nombre des tribulations qui rendent la vie presque insupportable.

 

Nous pouvons et nous devons considérer cette extension de la dernière demande du Notre Père comme un examen de conscience qui nous est adressé, comme une exhortation à collaborer afin que la suprématie des 'maux' soit brisée. Mais nous ne devons jamais perdre de vue la véritable hiérarchie des biens et le lien entre les maux et le Mal par excellence. Notre demande ne doit pas tomber dans la superficialité.

 

Au centre de cette interprétation de la demande du Notre Père se trouve aussi le fait que 'nous soyons délivrés des péchés', que nous discernions le 'Mal' comme la véritable adversité et que jamais nous ne soyons empêchés de tourner notre regard vers le Dieu vivant.

 

 Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait)

 

Laudario of the Compagnia di Sant'Agnese 

"Oui, nous voyons devant nous le dragon dont parle l'Apocalypse. Jean a dépeint "la bête qui monte de la mer", des sombres abîmes du mal, avec les attributs du pouvoir politique romain. Ainsi, il a donné un visage très concret à la menace à laquelle étaient confrontés les chrétiens de son temps : la mainmise totale sur l'homme, qu'a instauré le culte impérial, érigeant et faisant culminer le pouvoir politique, militaire et économique dans une toute-puissance totale et exclusive. Voilà la forme même du mal qui risque de nous engloutir, allant de pair avec la décomposition de l'ordre moral par une forme cynique de scepticisme et de rationalisme. Face à cette menace, le chrétien du temps de la persécution fait appel au Seigneur comme à la seule puissance en mesure de le sauver : délivre-nous du mal."

  

 

> fiche de l'édition de poche

Partager cet article
Repost0
14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 19:00

Elle tourna contre terre sa tête sillonnée par le glaive, et son âme se détacha doucement de son corps. On était au 16 des calendes d'octobre (16 septembre).

 

 Il appartenait à Urbain, l'hôte de Cécile, de rendre les derniers devoirs à la fille des Metelli. Assisté du ministère des diacres, il présida aux funérailles d'une si grande martyre. On ne toucha pas aux vêtements de la vierge, plus riches encore par la pourpre du sang glorieux dont ils étaient imbibés que par les broderies d'or dont ils étaient relevés ; on respecta jusqu'à l'attitude dans laquelle elle avait expiré. Le corps, réduit par la souffrance, fut déposé dans un cercueil formé de planches de cyprès que l'on avait eu le loisir de préparer à l'avance, et l'on plaça aux pieds de la jeune matrone les linges et les voiles dans lesquels les fidèles avaient recueilli son sang.

 

 La sépulture de Cécile devait consacrer le nouveau cimetière de la voie Appienne. Cette crypte des Caecilii n'avait pas semblé suffisamment disposée encore pour recevoir les corps de Valérien et de Tiburce après leur martyre, et Cécile avait dû les ensevelir de préférence au cimetière de Prétextat. C'est là aussi qu'elle avait déposé avec un intérêt tout maternel la dépouille de Maxime. Les corridors du nouveau cimetière étaient à peine ébauchés. Une seule salle funéraire, appelée bientôt aux plus hautes destinées, et dépourvue encore de tout ornement, se trouvait assez achevée pour recevoir l'auguste dépôt. Au fond de cette salle, dans le lieu principal, en face de la porte, s'ouvrait à fleur de terre une arcature légèrement cintrée et destinée à recevoir un sarcophage. Le lecteur apprendra plus tard le motif pour lequel cette arcature, vide de son précieux dépôt, fut ensuite fermée par une cloison de briques qui, en s'écroulant, a révélé la destination première.

 

 Urbain fit établir le sarcophage sous cette arcature,  et il y renferma l'arche de cyprès où dormait la martyre. Le couvercle de marbre fut cellé sur le sarcophage, et protégea le mystérieux trésor. En attendant d'autres honneurs, Cécile devint ainsi le centre d'un groupe de martyrs que la persécution de Marc-Aurèle accroissait chaque jour, et dont les restes étaient admis dans les loculi des galeries que l'on creusait à la hâte. C'est pour cette raison que cette région de Rome souterraine fut appelée par les chrétiens : Ad sanctam Caeciliam, jusqu'au moment où un nom plus solennel lui fut imposé : mais les anciens martyrologes conservèrent la trace de cette appellation première.

 

Les événements que nous venons de raconter s'accomplirent pendant qu'Eleuthère occupait la chaire apostolique. Si nous ne l'y voyons pas figurer en personne, c'est que nous n'avons pas d'autres mémoires que les Actes eux-mêmes, dont le rédacteur, selon l'usage de ceux qui l'ont précédé et suivi, se concentre uniquement sur le personnage dont il a entrepris de raconter le martyre, et ne s'inquiète aucunement de donner à son récit l'encadrement historique que la science devra suppléer dans les âges postérieurs. Ce système regrettable s'applique aux Actes les plus authentiques des martyrs de Rome, tels que ceux de sainte Félicité et de saint Justin, dont il faut que l'historien de l'Eglise comble les lacunes par de laborieuses recherches.

 

Au milieu de la tempête qui agitait l'église de Rome, Eleuthère, qui représentait les intérêts du christianisme tout entier, put tenir le gouvernail de l'Eglise durant quinze ans, sans être atteint par les poursuites de la puissance publique. Urbain, son vicaire, semble avoir été plus à découvert, et ses relations avec les Caecilii chrétiens l'exposaient en première ligne aux recherches de la police impériale, à la suite des événements tragiques qui venaient d'avoir lieu. La précaution qu'avait prise Cécile de disposer de sa maison, rendait illusoire de ce côté la sentence de confiscation. L'argent et le riche mobilier distribués aux pauvres par Cécile ne s'y trouvaient plus ; Almachius dut croire qu'elle pouvait avoir consigné ses trésors entre les mains d'Urbain. Il  fallait donc à tout prix mettre la main sur ce vieillard, qui deux fois déjà avait comparu devant la justice romaine sous la prévention de christianisme. On finit par le découvrir avec deux prêtres et trois diacres dans une grotte où il se tenait caché.

 

Les Actes de saint Urbain sont trop récents pour avoir dans toute leur teneur une valeur historique ; mais, comme tant d'autres, ils renferment diverses particularités qui viennent de plus haut, et ont leur prix pour l'historien. Ainsi Almachius insiste sur le grand nombre de chrétiens qui ont été suppliciés depuis quelque temps, et nous avons vu les traces de ce carnage dans les Actes mêmes de la martyre, Almachius en vint bientôt à réclamer les richesses de Cécile, dont il accuse Urbain d'être dépositaire. "C'est, dit-il, le vain espoir d'une autre vie, qui a si tristement séduit Cécile, son mari et son beau-frère, et leur a fait sacrifier l'existence la plus brillante. En mourant, ils t’ont laissé, dit-il en s'adressant à Urbain, d'immenses trésors ; il s'agit de les restituer. — Insensé, répondit le vieillard, rends plutôt hommage au Créateur, pour lequel ceux dont tu parles ont donné leur vie, après avoir distribué aux pauvres tous leurs biens."

 

A la suite d'un interrogatoire, dans le cours duquel Almachius fit battre les compagnons d'Urbain pour les punir de la fermeté de leurs réponses, les martyrs furent reconduits en prison. Peu après on les ramena de nouveau devant le juge, et, par son ordre, ils furent conduits au pagus Triopius, dans l'espoir qu'ils consentiraient à brûler de l'encens devant l'idole de Jupiter. Il est évident que le motif d'Almachius, en choisissant de préférence ce pagus, était de donner plus d'éclat à l'apostasie d'Urbain, s'il venait à abjurer le christianisme dans les lieux mêmes qui étaient le centre de son action, et aussi sans doute plus de solennité à son exécution, s'il refusait de sacrifier aux dieux dans une région si fréquentée par les chrétiens.

 

 L'essai tenté par Almachius n'ayant pas réussi à son gré, on ramena dans Rome Urbain et ses compagnons, et la sentence définitive fut qu'ils seraient conduits à un temple de Diane, avec ordre aux soldats de leur trancher la tête, s'ils refusaient de sacrifier. Urbain et ses compagnons s'étant montrés fermes jusqu'à la fin, ils furent aussitôt mis à mort.

 

Il est probable que ce temple de Diane était lui-même situé sur la voie Appienne, car les Actes de saint Urbain, d'accord en cela avec tous les monuments, affirment que le corps du saint évêque fut enseveli au cimetière de Prétextat. Une riche chrétienne que les Actes désignent sous le nom de Marmenia, et qui possédait un praedium sur le sol même au-dessous duquel s'étendaient les cryptes chrétiennes, fit disposer une vaste salle en maçonnerie, dont le tombeau du saint évêque occupait le centre. Elle y employa les marbres les plus précieux, et la salle tout entière en était revêtue avec le plus grand luxe. Les fouilles récentes de M. de Rossi, au cimetière de Prétextat, qui nous ont déjà rendu le tombeau de saint Januarius, et ouvert un vaste ambulacre du deuxième siècle où se trouvent les débris de tombeaux d'une grande importance, nous restitueront, espérons-le, lorsqu'elles pourront être reprises, l'important hypogée que Marmenia construisit pour Urbain.

 

 Sur les débris du pagus Triopius, près du nymphée d'Egérie, s'élève encore de nos jours un temple païen, transformé depuis de longs siècles en une église dédiée à saint Urbain. Ainsi que nous l'avons dit, cette appellation jointe au fait incontestable de la sépulture du saint évêque à quelques pas de là, au cimetière de Prétextat, est un monument du séjour qu'il fit dans ces parages, et vient confirmer les relations qu'il fut à même d'entretenir avec les Caecilii chrétiens. On ne s'accorde pas sur le nom de la divinité à laquelle cet édifice fut dédié. Longtemps on l'a appelé le temple des Camènes, maintenant on le désigne sous le nom de temple de Bacchus. Nous ferons plus loin mention des peintures relatives à saint Urbain, dont il fut décoré au moyen âge.

 

 Dès le mois d'août 178, Marc-Aurèle s'était vu obligé de repartir pour les bords du Danube, où les Quades et les Marcomans recommençaient à inquiéter l'Empire. Il ne fut donc pas présent à Rome,  lorsque le juge  Almachius termina au mois de septembre, par l'immolation de Cécile, la tragédie qu'il avait ouverte au mois d'avril par la mort de Valérien et de Tiburce.

 

L'empereur ne revint pas de cette campagne, mais il mourut loin de Rome, en 180, laissant l'Empire à Commode. Depuis Vespasien, nul César n'avait transmis le sceptre du monde à son fils ; mais le rejeton de l'empereur philosophe ne fit pas plus d'honneur à son père, que Domitien n'avait recommandé le sien par sa manière de vivre et de régner. Toutefois le nouvel empereur, entre ses défauts, ou ses vices pour mieux parler, n'avait pas celui d'aimer à poser en sage, et il ne se piquait pas de rivalité avec les gens vertueux. Les progrès du christianisme n'étaient pas de nature à inquiéter beaucoup son indifférence, et, sans les excitations de son père, il eût volontiers laissé les chrétiens en paix.

 

Aussitôt après la mort de Marc-Aurèle, le feu de la persécution se ralentit de lui-même. Eusèbe (lib. V, cap. XXI) atteste, au moment même de l'avènement de Commode comme seul empereur, la conversion  simultanée à Rome d'un  grand nombre de personnes illustres par leur naissance et puissantes par leurs richesses. Il raconte même que des familles entières du patriciat se déclarèrent tout à coup pour la religion proscrite.

 

Nul doute que la mort glorieuse de Cécile et l'exemple de Valérien et de Tiburce, n'eussent profondément ébranlé la société romaine en ces années, et n'aient eu la principale influence dans ces éclatantes conversions que l'historien enregistre dès le début du règne de Commode.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 193 à 200)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

Partager cet article
Repost0
14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 11:00

Et ne nous soumets pas à la tentation

 

La formulation de cette demande semble choquante aux yeux de beaucoup de gens.

 

Dieu ne nous soumet quand même pas à la tentation. Saint Jacques nous dit en effet : " Dans l'épreuve de la tentation, que personne ne dise : Ma tentation vient de Dieu. Dieu en effet ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne" (Jc 1, 13).

 

 Nous pourrons avancer d'un pas si nous nous rappelons le mot de l'Évangile : " Alors Jésus fut conduit au désert par l'Esprit pour être tenté par le démon" (Mt 4, 1). La tentation vient du diable, mais la mission messianique de Jésus exige qu'il surmonte les grandes tentations qui ont conduit et qui conduisent encore l'humanité loin de Dieu. Il doit, nous l'avons vu, faire lui-même l'expérience de ces tentations jusqu'à la mort sur la croix et ainsi ouvrir pour nous le chemin du salut. Ce n'est pas seulement après la mort, mais en elle et durant toute sa vie, qu'il doit d'une certaine façon 'descendre aux enfers', dans le lieu de nos tentations et de nos défaites, pour nous prendre par la main et nous tirer vers le haut.

 

La Lettre aux Hébreux a particulièrement insisté sur cet aspect en y voyant une étape essentielle du chemin de Jésus : "Ayant souffert jusqu'au bout l'épreuve de sa Passion, il peut porter secours à ceux qui subissent l'épreuve" (He 2, 18). "En effet, le grand prêtre que nous avons n'est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous, et il n'a pas péché" (He 4, 15).

 

 Un regard sur le Livre de Job, où se dessine déjà à maints égards le mystère du Christ, peut nous aider à y voir plus clair. Satan se moque des hommes pour ainsi se moquer de Dieu. La créature que Dieu a faite à son image est une créature misérable. Tout ce qui semble bon en elle n'est que façade. En réalité, l'homme, c'est-à-dire chacun de nous, ne se soucie toujours que de son bien-être. Tel est le diagnostic de Satan que l'Apocalypse désigne comme "l'accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu" (Ap 12, 10). Blasphémer l'homme et la créature revient en dernière instance à blasphémer Dieu et à justifier le refus de Dieu.

 

 Satan se sert de Job, le juste, afin de prouver sa thèse : si on lui prend tout, il va rapidement laisser tomber aussi sa piété. Ainsi, Dieu laisse Satan libre de procéder à cette expérimentation, mais, certes, dans des limites bien définies. Dieu ne laisse pas tomber l'homme, mais il permet qu'il soit mis à l'épreuve. Les souffrances de Job servent à la justification de l'homme. À travers sa foi éprouvée par les souffrances, il rétablit l'honneur de l'homme. Ainsi, les souffrances de Job sont par avance des souffrances en communion avec le Christ, qui rétablit notre honneur à tous devant Dieu et qui nous montre le chemin, nous permettant, dans l'obscurité la plus profonde, de ne pas perdre la foi en Dieu.

 

 Le Livre de Job peut aussi nous aider à distinguer entre mise à l'épreuve et tentation. Pour mûrir, pour passer vraiment de plus en plus d'une piété superficielle à une profonde union avec la volonté de Dieu, l'homme a besoin d'être mis à l'épreuve. Tout comme le jus du raisin doit fermenter pour devenir du bon vin, l'homme a besoin de purifications, de transformations, dangereuses pour lui, où il peut chuter, mais qui sont pourtant les chemins indispensables pour se rejoindre lui-même et pour rejoindre Dieu.

 

L'amour est toujours un processus de purifications, de renoncements, de transformations douloureuses de nous-mêmes, et ainsi le chemin de la maturation. Si François Xavier a pu dire en prière à Dieu : "Je t'aime, non pas parce que tu as à donner le paradis ou l'enfer, mais simplement parce que tu es celui que tu es, mon Roi et mon Dieu", il fallait certainement un long chemin de purifications intérieures pour arriver à cette ultime liberté - un chemin de maturation où la tentation et le danger de la chute guettaient - et pourtant un chemin nécessaire.

 

 Dès lors, nous pouvons interpréter la sixième demande du Notre Père de façon un peu plus concrète. Par elle, nous disons à Dieu : "Je sais que j'ai besoin d'épreuves, afin que ma nature se purifie. Si tu décides de me soumettre à ces épreuves, si - comme pour Job - tu laisses un peu d'espace au mal, alors je t'en prie, n'oublie pas que ma force est limitée. Ne me crois pas capable de trop de choses. Ne trace pas trop larges les limites dans lesquelles je peux être tenté, et sois proche de moi avec ta main protectrice, lorsque l'épreuve devient trop dure pour moi". C'est dans ce sens que saint Cyprien a interprété la demande. Il dit : "lorsque nous demandons Ne nous soumets pas à la tentation, nous exprimons notre conscience que l'ennemi ne peut rien contre nous, si Dieu ne l'a pas d'abord permis. Ainsi nous devons mettre entre les mains de Dieu nos craintes, nos espérances, nos résolutions, puisque le démon ne peut nous tenter qu'autant que Dieu lui en donne le pouvoir."

 

 En prenant la mesure de la forme psychologique de la tentation, il développe deux raisons différentes pour lesquelles Dieu accorde un pouvoir limité au mal. Tout d'abord pour nous punir de nos fautes, pour tempérer notre orgueil, afin que nous redécouvrions la pauvreté de notre foi, de notre espérance et de notre amour, et pour nous empêcher de nous imaginer que nous pourrions être grands par nos propres moyens. Pensons au pharisien qui parlait à Dieu de ses propres œuvres et qui croyait pouvoir se passer de la grâce. Malheureusement, Cyprien ne développe pas plus longuement ce que signifie l'autre forme d'épreuve, la tentation que Dieu nous impose ad gloriam, pour sa gloire.

 

Mais ne devrions-nous pas considérer ici que Dieu a imposé une charge particulièrement lourde de tentations aux personnes qui lui sont les plus proches, aux grands saints, à commencer par Antoine dans le désert jusqu'à Thérèse de Lisieux dans l'univers pieux de son carmel ? Ils se tiennent en quelque sorte dans l'imitation de Job, comme une apologie de l'homme qui est en même temps une défense de Dieu. Plus encore, ils se tiennent d'une façon toute spéciale dans la communion avec Jésus Christ, qui a vécu nos tentations dans la souffrance. Ils sont appelés à surmonter, pour ainsi dire, dans leur corps, dans leur âme, les tentations d'une époque, de les porter pour nous, les âmes ordinaires, jusqu'au bout et de nous aider à aller vers celui qui a pris sur lui notre fardeau à tous.

 

Lorsque nous disons la sixième demande du Notre Père, nous devons nous montrer prêts à prendre sur nous le fardeau de l'épreuve, qui est à la mesure de nos forces. D'autre part, nous demandons aussi que Dieu ne nous impose pas plus que nous ne pouvons supporter, qu'il ne nous laisse pas sortir de ses mains.

 

Nous formulons cette demande dans la certitude confiante, pour laquelle saint Paul nous a dit : "Et Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de ce qui est possible pour vous. Mais, avec l'épreuve, il vous donnera le moyen d'en sortir et la possibilité de la supporter" (1 Co 10, 13).

 

Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait)

 

Tentations de Saint Antoine par Jan Wellens de Cock

" Mais ne devrions-nous pas considérer ici que Dieu a imposé une charge particulièrement lourde de tentations aux personnes qui lui sont les plus proches, aux grands saints, à commencer par Antoine dans le désert jusqu'à Thérèse de Lisieux dans l'univers pieux de son carmel ? Ils se tiennent en quelque sorte dans l'imitation de Job, comme une apologie de l'homme qui est en même temps une défense de Dieu."  

 

 

> fiche de l'édition de poche

Partager cet article
Repost0
14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 04:00

À Rome, au cimetière de Prétextat sur la voie Appienne, les saints martyrs Tiburce, Valérien et Maxime. Martyrologe romain

 

Saluons avec amour le noble triumvirat de martyrs que l'Eglise Romaine du IIe siècle députe aujourd'hui vers Jésus ressuscité. C'est Valérien, le noble et chaste époux de Cécile, qui s'élève au ciel, le front ceint de sa couronne de roses et de lis ; c'est Tiburce son frère, l'autre conquête de Cécile, portant la palme triomphale qu'il a sitôt cueillie ; c'est Maxime, qui, voyant monter vers les cieux les âmes des deux frères, semblables à de jeunes épouses parées pour la fête nuptiale, s'est épris du désir de les suivre.

 

L'immortelle Cécile plane sur ce groupe sacré ; car ces trois triomphes sont son ouvrage : il est donc juste de lui en offrir sa part de gloire. Son sang virginal se mêla aussi à celui du divin Agneau pascal, quoique à cinq mois de distance ; sa fête est même renvoyée jusqu'en novembre, où elle brille comme l'un des plus doux rayons de l'Année liturgique à son déclin. Longtemps d'ailleurs l'Eglise n'admit que des fêtes d'un rang secondaire dans la partie de l'année où nous sommes, afin de ne pas trop distraire la pensée des fidèles de la contemplation de Jésus ressuscité ; la fête de Cécile qui, dans l'antiquité, était précédée d'une Vigile, devait mieux développer ses splendeurs dans une autre saison.

 

 La sainte Eglise n'a conservé, pour ainsi dire, qu'un souvenir de nos trois grands martyrs dans son Office. Les deux Leçons que nous donnons ici sont très abrégées ; on ne doit pas s'en étonner : cette fête est de la plus haute antiquité, et dans les premiers siècles de l'Eglise, cette forme d'Office simple était très usitée. Les trois Nocturnes, aux trois Leçons chacun, étaient réservés pour les fêtes majeures.

 

 Valérien, Romain de noble naissance, fut l'époux de la bienheureuse Cécile qui était d'une noblesse égale à la sienne. Sur les exhortations de cette vierge, il fut baptisé, ainsi que son frère Tiburce, par le pape saint Urbain, sous l'empire d'Alexandre Sévère. Almachius, préfet de Rome, ayant appris que les deux frères étaient chrétiens, et qu'après avoir distribué leur patrimoine aux pauvres, ils s'occupaient à ensevelir les corps des fidèles, les fit comparaître devant lui et les reprit sévèrement. Voyant qu'avec une constance invincible ils confessaient la divinité du Christ, disant que les dieux n'étaient que de vains simulacres des démons, il les fit battre de verges. Mais ce tourment n'ayant pu les contraindre à révérer la statue de Jupiter, et les deux frères persévérant avec plus de force encore dans la vérité de la foi, ils eurent la tête tranchée au quatrième mille de Rome.

 

Maxime, l'un des officiers du préfet, qui avait été chargé de les conduire au supplice, saisi d'admiration pour leur vertu, se déclara chrétien avec plusieurs autres serviteurs d'Almachius. Ils furent tous mis à mort à coups de fouets garnis de plomb, et de serviteurs du diable qu'ils étaient, devinrent ainsi les martyrs du Seigneur Christ.

 

 Fruits bénis de l'Apostolat de la grande Cécile, nous nous joignons en ce jour aux Esprits bienheureux pour saluer votre entrée dans la cour du souverain Roi. Initié par votre noble épouse, ô Valérien, à la foi du Christ et à la plus sublime vertu, vous la précédez dans les joies célestes ; mais dans quelques mois elle montera près de vous, et l'amour qui vous unissait ici-bas recevra de Dieu sa sanction pour l'éternité. L'Ange vous avait dit sur la terre que vos lis et vos roses ne se flétriraient jamais ; leur parfum d'amour et de pureté est plus suave encore dans les cieux qu'il ne le fut dans notre humble séjour.

 

Associé par le sang et par l'alliance à ces deux anges terrestres, ô Tiburce, vous leur avez dû la palme que vous remportez en ce jour ; votre heureuse société est maintenant indissoluble, et vos trois noms sont aussi inséparables au ciel qu'ils le furent sur la terre.

 

Vous n'avez pas tardé à rejoindre, ô Maxime, les deux héros que le glaive immola sous vos yeux. Leur sort excita votre envie, et le Dieu de Cécile ne tarda pas à devenir le vôtre. Vous lui avez donné votre sang ; et en retour, il vous a placé pour jamais près de Cécile, votre mère dans la foi, près de Tiburce et de Valérien, dont la différence des conditions vous eût isolé pour toujours sur la terre.

 

Maintenant donc, ô saints Martyrs, soyez nos protecteurs, et répondez à nos vœux par des faveurs nouvelles. Attirez nos cœurs en haut, et parlez de nos besoins à votre Roi immortel. Vous qui fûtes ses vaillants chevaliers, rendez-nous généreux à votre exemple.

 

Vous avez méprisé la vie présente ; nous devons la mépriser aussi, pour mériter de voir éternellement notre divin Ressuscité dont la vue fait vos délices. Le combat diffère peut-être, mais la récompense qui nous attend doit être immortelle comme la vôtre. Plutôt que de trahir le Christ, vous avez donné votre vie ; notre devoir n'est pas différent du vôtre ; car nous devons comme vous préférer la mort au péché.

 

Soutenez-nous, ô saints Martyrs, afin que nous honorions par notre vie cette Pâque qui nous a régénérés. Priez aussi pour la sainte Eglise Romaine dont vous êtes tous trois les fils ; les jours de l'épreuve sont revenus pour elle ; elle a droit de compter sur votre intervention pour obtenir le secours qu'elle implore.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

L'enterrement de Valérien et de Tiburce - Oratoire de Sainte Cécile, Église Saint-Jacques le Majeur à Bologne

Fresque de la vie de Sainte Cécile : scène 6 par Amico Aspertini

Partager cet article
Repost0
13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 19:00

Ce furent les dernières paroles de Cécile devant l'homme qui représentait la puissance païenne.

 

 Elle voulut flétrir publiquement le grossier fétichisme qui, depuis si longtemps, asservissait le monde racheté du sang d'un Dieu. Libre à l'égard de tout ce qui passe, le martyre était sa seule ambition ; mais avant de présenter sa tête au glaive, elle voulut faire un dernier et solennel appel à la conscience de ceux qui l'entendaient. Ses paroles demeurèrent après elle, et éveillèrent dans plus d'un coeur des sentiments qui ne pouvaient trouver leur expansion que dans le christianisme. Elles devinrent un héritage pour les fidèles de Rome ; et, peu d'années après, l'argument qu'avait fait valoir Cécile contre l'injustice et la déraison de la loi qui régissait les procès des chrétiens, reparaissait dans l'Apologétique de Tertullien, relevé encore, mais non créé, par le génie et l'éloquence du célèbre Africain.

 

 Almachius et ceux qui le mettaient en mouvement n'avaient pas été sans prévoir l'issue d'une cause dont Rome tout entière devait retentir. Quelle peine imposer à une jeune dame romaine d'un tel caractère et d'un tel rang ? Il avait été résolu que Cécile ne périrait pas sous le glaive. On l'enfermerait dans la salle des bains de son palais, que les Romains appelaient le caldarium. On maintiendrait un feu violent et continu dans l'hypocauste, et la vierge, laissée sans air sous la voûte ardente, aspirerait la mort avec la vapeur embrasée, sans qu'il fût besoin de l'épée d'un licteur pour l'immoler. Ce supplice arbitraire qui n'avait pas, il est vrai, son fondement exprès dans la pénalité romaine, avait l'avantage de faire éviter l'éclat et le tumulte. La philosophie couronnée triomphait dans l'extermination d'une chrétienne, dont le rang, l'éloquence vive et le caractère sympathique étaient dans Rome une gêne pour le paganisme. Le patriciat d'ailleurs ne pourrait voir un déshonneur dans ce supplice employé déjà contre une impératrice. Octavie n'avait-elle pas été ainsi livrée aux ardeurs dévorantes du caldarium par ordre de son mari Néron ? On sait que cette manière privilégiée de sortir violemment de la vie fut plus tard imposée par Constantin à sa femme Fausta.

 

 Cécile fut donc reconduite à cette maison que le Ciel avait prédestinée à devenir le théâtre de toutes ses gloires. En la léguant à l'Eglise, il y avait peu de jours, la vierge ignorait qu'elle devait d'abord la consacrer par son sang. En la quittant tout à l'heure pour se rendre à l'audience d'Almachius, elle pensait n'avoir plus à en franchir le seuil. Son coeur tressaillait en saluant l'arène, quelle qu'elle fût, où elle allait avoir à soutenir la lutte contre l'ennemi de Dieu ; et voici qu'on l'entraînait vers cette demeure sacrée, où son zèle avait conquis au Christ Valérien et Tiburce ; où, venu du ciel, un ange avait ceint son front d'une fraîche et odorante couronne. Ce fut donc avec une sainte allégresse qu'elle se vit enfermée dans l'étroit réduit où elle devait laisser cette vie mortelle et commencer la vie qui ne finit pas.

 

 Mais une si grande martyre ne pouvait être immolée sans l'effusion de son sang, et le stratagème dont s'applaudissait la politique n'était pas appelé à réussir. Cécile, enfermée dans le caldarium, y passa le reste du jour et la nuit suivante,  sans que l'atmosphère enflammée qu'elle respirait eût seulement fait distiller de ses membres la plus légère moiteur. Une rosée céleste, semblable à celle qui rafraîchit les trois enfants dans la fournaise de Babylone, tempérait délicieusement les feux de cet ardent séjour, et l'on pouvait dire de la vierge ce que, plus tard, saint Léon le Grand a dit de l'intrépide archidiacre Laurent, "que le feu de l’ amour, qui le consumait au dedans ôtait sa force au feu matériel qui l'environnait au dehors".

 

En vain les ministres de la cruauté légale attisaient l'incendie par le bois dont ils alimentaient sans cesse le brasier ; en vain un souffle dévorant s'échappait sans relâche par les bouches de chaleur, et versait dans l'étroite enceinte les bouillantes vapeurs des chaudières ; Cécile demeurait invulnérable, et attendait avec calme qu'il plût à l'Epoux divin de lui ouvrir une autre route pour monter jusqu'à lui.

 

 Ce prodige renversa l'espoir qu'on avait conçu de ne pas en venir jusqu'à verser le sang d'une si illustre dame ; mais il n'était plus possible de s'arrêter dans la voie funeste où l'on s'était engagé. Un licteur fut envoyé avec ordre de trancher la tête de Cécile, dans ce lieu même où elle se jouait avec la mort. La vierge le vit entrer pleine de joie comme celui qui venait lui apporter la couronne nuptiale. Elle s'offrit au martyre sanglant, avec l'empressement que l'on pouvait   attendre   de   celle   qui,   jusqu'alors,   avait triomphé de tout ce qui effraye et de tout ce qui séduit la nature humaine.

 

 Le licteur brandit son glaive avec vigueur ; mais son bras mal assuré n'a pu, après trois coups, abattre encore la tête de Cécile. Il laisse étendue à terre et baignée dans son sang la vierge sur laquelle la mort semble craindre d'exercer son empire, et il se retire avec terreur. Une loi défendait au bourreau qui, après trois coups, n'avait pas achevé sa victime, de la frapper davantage.

 

 Les portes de la salle du bain étaient demeurées ouvertes, après le départ du licteur ; la foule des chrétiens qui attendaient au dehors la consommation du sacrifice, s'y précipite avec respect. Un spectacle sublime et lamentable s'offre à leurs regards : Cécile, aux prises avec le trépas et souriant à ces pauvres qu'elle aimait, à ces néophytes auxquels sa parole avait ouvert le chemin de la véritable vie. On s'empresse de recueillir sur des linges le sang virginal qui s'échappe de ses blessures mortelles ; tous lui prodiguent les marques de leur vénération et de leur amour. D'un instant à l'autre, ils s'attendent à voir s'exhaler cette âme si pure, brisant les faibles et derniers liens qui la retiennent encore. La couronne est suspendue au-dessus de la tête de Cécile ; elle n'a plus qu'à étendre la main pour la saisir, et cependant elle tarde. Les fidèles ignoraient encore le délai qu'elle avait sollicité et obtenu.

 

Durant trois jours entiers, ils l'entourèrent gisante sur les dalles du caldarium inondées de son sang. Partagés entre l'espoir et la crainte, ils adoraient en silence les mystérieuses volontés du Seigneur sur son héroïque servante. De temps en temps la voix affaiblie de Cécile se faisait entendre ; elle les exhortait à demeurer fermes dans le Christ. D'autres fois, la martyre faisait approcher d'elle les pauvres ; elle leur prodiguait les marques les plus touchantes de son affection, et veillait à ce qu'on leur distribuât ses dernières aumônes. Les agents de l'autorité ne se présentèrent pas ; ils savaient que la victime respirait encore ; et d'ailleurs cette maison ensanglantée devait paraître aussi redoutable aux païens, qu'elle semblait auguste aux fidèles qui la vénéraient comme la glorieuse arène où Cécile avait conquis la palme.

 

Il y eut un moment où le flot du peuple fidèle s'écoula. La vierge mourante allait enfin recevoir la visite d'Urbain qui, depuis quelques jours, comme nous l'avons dit, abritait son exil dans la maison de Cécile. Jusqu'à cette heure désirée, la prudence n'avait pas permis au vieillard d'approcher de la martyre qui l'attendait avec ardeur pour monter au ciel. Cécile voulait faire une remise solennelle, entre les mains d'Urbain, de celte maison devenue sacrée à tant de titres. Avant de partir pour le prétoire, elle en avait assuré la propriété légale au fidèle Gordien ; elle désirait la consigner elle-même à l'église romaine en la personne du vicaire d'Eleuthère. Urbain pénétra dans la salle du bain, et ses regards attendris s'arrêtèrent sur Cécile étendue comme l'agneau du sacrifice sur l'autel inondé de son sang.

 

La vierge tourna vers lui son oeil mourant, où se peignaient encore la douceur et la fermeté de son âme : "Père, lui dit-elle, j'ai demandé au Seigneur ce délai de trois jours, afin de remettre entre vos mains et ces pauvres que je nourrissais, et cette maison pour être consacrée en église à jamais."

 

Après ces paroles, la vierge se recueillit en elle-même, et ne songea plus qu'à la félicité de l'Epouse qui va être admise auprès de l'Epoux. Elle remercia le Christ de ce qu'il avait daigné l'associer à la gloire de ses athlètes, et réunir sur sa tête les roses du martyre aux lis de la virginité.

 

Les cieux s'ouvraient déjà au-dessus d'elle, et une dernière défaillance annonça les approches du trépas. Elle était couchée sur le côté droit, les genoux réunis avec modestie. Au moment suprême, ses bras s'affaissèrent l'un sur l'autre ; et, comme si elle eût voulu garder le secret du dernier soupir qu'elle envoyait au divin objet de son unique amour, elle tourna contre terre sa tête sillonnée par le glaive, et son âme se détacha doucement de son corps.

 

Santa Cecilia

 

 

On était au 16 des calendes d'octobre (16 septembre).

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 186 à 192)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

Partager cet article
Repost0
13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 04:00

Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés

 

La cinquième demande du Notre Père présuppose un monde où il y a des offenses - offenses des hommes les uns envers les autres, offenses envers Dieu.

 

Toute faute entre des hommes comporte d'une façon ou d'une autre une violation de la vérité et de l'amour, et s'oppose ainsi à Dieu, qui est la Vérité et l'Amour. Le dépassement de la faute est une question centrale de toute existence humaine. L'histoire des religions gravite autour de cette question. La faute appelle la vengeance, et ainsi se crée une escalade de l'endettement où le mal de la faute ne cesse de croître et dont il devient de plus en plus difficile de sortir.

 

Par cette demande, le Seigneur nous dit : la faute ne peut être dépassée que par le Pardon, et non par la vengeance. Dieu est un Dieu qui pardonne, parce qu'il aime ses créatures. Mais le Pardon ne peut entrer et agir que dans celui qui, lui-même, pardonne.

 

 Le thème du Pardon traverse tout l'Évangile. Nous le rencontrons tout au début du Sermon sur la montagne, dans la nouvelle interprétation du cinquième commandement, où le Seigneur nous dit : "Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande" (Mt 5, 23-24).

 

Celui qui n'est pas réconcilié avec son frère ne peut se présenter devant Dieu. Le devancer dans le geste du Pardon, aller vers lui, telle est la condition pour rendre un juste culte à Dieu. À ce sujet on pense spontanément que Dieu lui-même, sachant que nous, les hommes, nous étions rebelles et en opposition avec lui, est sorti de sa divinité pour venir à notre rencontre et pour nous réconcilier. Nous nous souviendrons qu'avant le don de l'Eucharistie, Jésus s'est agenouillé devant ses disciples et il a lavé leurs pieds sales, il les a purifiés par son humble amour.

 

Au centre de l'Évangile de Matthieu, se trouve la parabole du serviteur sans pitié. À ce haut dignitaire royal a été remise la dette inimaginable de 10 000 talents (c'est-à-dire soixante millions de pièces d'argent) ; et lui-même n'est pas prêt à remettre la somme comparativement dérisoire de 100 pièces d'argent. Quel que soit ce que nous avons à nous pardonner, quoi que ce soit, c'est peu de chose par rapport à la bonté de Dieu qui nous pardonne. Et tout à la fin, nous entendons, venant de la croix, la prière de Jésus : "Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font" (Lc 23, 34).

 

 Si nous voulons pleinement comprendre cette demande et la faire nôtre, nous devons faire un pas de plus et nous demander : qu'est véritablement le Pardon ? Qu'advient-il dans le Pardon ? La faute est une réalité, une réalité objective ; elle a causé une destruction qui doit être surmontée. C'est pourquoi le Pardon doit être plus qu'une volonté d'ignorer ou d'oublier. La faute doit être assumée, réparée et ainsi surmontée.

 

Le Pardon a un coût, et d'abord pour celui qui pardonne. Le mal qui lui a été fait, il doit le surmonter intérieurement, le brûler au-dedans de lui et ainsi se renouveler, de sorte qu'il fasse entrer l'autre, le coupable, dans ce processus de transformation et de purification intérieures, que tous deux se renouvellent en souffrant le mal jusqu'au fond et en le surmontant. C'est là que nous butons sur le mystère de la croix du Christ. Mais tout d'abord nous butons sur les limites de notre force à guérir et à surmonter le mal. Nous butons sur la supériorité du mal, que nous ne pouvons vaincre avec nos seules forces. Reinhold Schneider dit à ce sujet : "Le mal vit sous des milliers de formes ; il occupe les sommets du pouvoir... ; il sourd de l'abîme. L'amour n'a qu'une forme : celle de ton fils."

 

 L'idée que, pour la remise de notre faute, la guérison des hommes à partir de l'intérieur, Dieu ait payé le prix de la mort de son Fils nous est devenue aujourd'hui très étrangère. Que le Seigneur ait "porté nos souffrances et supporté nos douleurs", qu'il ait été "transpercé à cause de nos fautes, que "c'est par nos péchés qu'il a été broyé" et que c'est "par ses blessures que nous sommes guéris" (cf. Is 53, 4-5), cela n'est plus une évidence pour nous aujourd'hui.

 

S'y oppose, d'une part, la banalisation du mal, dans laquelle nous nous réfugions, alors que nous utilisons, en même temps, les atrocités de l'histoire humaine, et notamment de la plus récente, comme un prétexte irréfutable pour nier un Dieu bon et pour blasphémer sa créature, l'homme.

 

À la compréhension du grand mystère de l'expiation s'oppose, d'autre part, notre conception individualiste de l'homme. Nous ne pouvons plus en comprendre la signification vraie, parce que, selon nous, tout homme vit isolé en lui-même. Nous ne sommes plus capables de comprendre le profond enchevêtrement de toutes nos existences et leur enlacement par l'existence de l'Unique, du Fils incarné. Nous devrons revenir sur ces questions lorsque nous aborderons la crucifixion du Christ.

 

 Pour l'instant nous nous contenterons d'une remarque du Cardinal John Henry Newman disant un jour que Dieu, avec un seul mot, avait pu créer tout l'univers à partir de rien, mais que pour la faute et la souffrance des hommes, il ne pouvait les surmonter qu'en s'impliquant lui-même, en connaissant lui-même la souffrance en son propre Fils, qui a porté ce fardeau et l'a surmonté en se donnant lui-même. Vaincre la faute exige la mobilisation de notre cœur, plus encore, la mobilisation de toute notre existence. Et même cette mobilisation reste insuffisante, elle ne peut agir que dans la communion avec celui qui a porté notre fardeau à tous.

 

La demande de Pardon est plus qu'un appel moral, ce qu'elle est aussi par ailleurs. Et en tant que telle, c'est un défi quotidien qui nous est lancé. Mais elle est profondément, tout comme les autres demandes, une prière christologique. Elle nous rappelle celui qui, par le Pardon, a payé le prix de la descente dans la misère de l'existence humaine et de la mort sur la croix.

 

Elle nous appelle à en être reconnaissants, mais aussi à résorber, avec lui, le mal par l'amour, à le consumer par la souffrance. Et si nous devons reconnaître, jour après jour, à quel point nos forces sont insuffisantes, combien de fois nous-mêmes ne redevenons-nous pas débiteurs ?

 

Alors cette prière nous donne le grand réconfort de savoir que notre prière est assumée par son amour et, avec lui, par lui et en lui, elle peut malgré tout devenir force de guérison.

 

Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait) 

 

 

Washing of the Feet by Giovanni Agostino da Lodi 

" Celui qui n'est pas réconcilié avec son frère ne peut se présenter devant Dieu. Le devancer dans le geste du Pardon, aller vers lui, telle est la condition pour rendre un juste culte à Dieu. À ce sujet on pense spontanément que Dieu lui-même, sachant que nous, les hommes, nous étions rebelles et en opposition avec lui, est sorti de sa divinité pour venir à notre rencontre et pour nous réconcilier. Nous nous souviendrons qu'avant le don de l'Eucharistie, Jésus s'est agenouillé devant ses disciples et il a lavé leurs pieds sales, il les a purifiés par son humble amour."

 

 

> fiche de l'édition de poche

Partager cet article
Repost0