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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 19:00

Sa mission d'apôtre était accomplie ; les martyrs qu'elle avait formés l'avaient précédée au ciel ; d'autres devaient bientôt l'y suivre ; il ne lui restait plus qu'à rendre le dernier témoignage dont le prix était la palme.

 

 L'interrogatoire de Cécile nous est parvenu en son entier, portant la trace visible de son authenticité, dans le style parfaitement contemporain qui y règne d'un bout à l'autre, et qui contraste si évidemment avec la diction vulgaire du compilateur des Actes.

 

Les paroles de la martyre et d'Almachius furent recueillies par les greffiers du tribunal, comme on avait coutume de le faire, et la Providence divine a veillé sur la conservation d'un document de si haut intérêt. Mais, comme tant d'autres monuments, ce précieux interrogatoire avait souffert en certains endroits d'indiscrètes superfétations, qui sans doute n'en altéraient pas la substance, mais en rompaient l'unité et parfois le caractère. Ces additions, dues à quelques copistes peu éclairés du moyen âge, ont été reproduites dans les éditions des Actes données par Bosio et par Laderchi. Nous devions avant tout donner dans sa pureté primitive un texte si capital.

 

Pour cela, nous avons trouvé le travail déjà tout fait par M. de Rossi, à qui l'histoire de sainte Cécile est si redevable. Ses additions maladroites et invraisemblables ont pu être constatées par la confrontation avec de nombreux manuscrits des Actes. Une trentaine de ces manuscrits, pris dans les bibliothèques de l'Italie, de la France et de la Suisse, s'accordent à repousser ces fourrures qui du reste, nous en convenons, laissent subsister le texte entier de l'interrogatoire. On a été à même de constater l'époque à laquelle elles ont été insérées, par la traduction grecque que Siméon Métaphraste fit des Actes de sainte Cécile au dixième siècle. Cette traduction, très exacte d'un bout à l'autre, est totalement exempte des superfétations que les nombreux manuscrits latins dont nous venons de parler ne contiennent pas. Au seizième siècle, Mombritius et Surius donnèrent dans leurs collections des Actes des saints ceux de sainte Cécile, en retraduisant en latin la version de Métaphraste, et en se conformant aux plus anciens manuscrits.

 

Ce sont eux que nous allons suivre, désireux de laisser dans toute sa pureté un monument aussi sacré, qui a fait partie de ces actes publics dont les chrétiens se procuraient des copies, et qui étaient ensuite transcrits par les notaires de l'église romaine :

 

 Almachius frémit à la vue de sa victime si douce et si fière. Cherchant à se donner de l'assurance, il feignit de ne pas reconnaître l'héritière des Caecilii, et il osa ouvrir ainsi l'interrogatoire : 

ALMACHIUS. — Jeune fille, quel est ton nom ?

CÉCILE. — Caecilia.

ALMACHIUS. — Quelle est ta condition ?

CÉCILE. — Libre, noble, clarissime.

ALMACHIUS. — C'est sur ta religion que je t'interroge.

CÉCILE. — Ton interrogation n'était donc pas précise, si elle donnait lieu à deux réponses.

ALMACHIUS. — D'où te vient cette assurance ?

CÉCILE, se servant d'un texte de saint Paul. — "D'une conscience pure et d'une foi sans déguisement." (I Tim., I.)

 ALMACHIUS. — Ignores-tu quel est mon pouvoir ?

CÉCILE. — C'est toi-même qui ignores ce qu'est ton pouvoir. S'il te plaît de m'interroger à ce sujet, je puis te montrer la vérité avec évidence.

ALMACHIUS. — Eh bien ! parle ; je serai charmé de t'entendre.

CÉCILE. — La puissance de l'homme est semblable à une outre remplie de vent ; qu'on vienne à percer l'outre avec une simple aiguille, soudain elle s'affaisse, et tout ce qu'elle semblait avoir de consistance a disparu.

ALMACHIUS. — Tu as débuté par l'injure, et tu continues sur le même ton.

CÉCILE. — Il n'y a injure que lorsqu'on allègue des choses qui n'ont pas de fondement. Démontre que j'ai dit une fausseté, je conviendrai alors de l'injure ; autrement, le reproche que tu m'adresses est une calomnie.

 

 Ce début de l'interrogatoire montre à quel point l'antique fierté romaine vivait encore à Rome chez les chrétiens de grande race, au moment où toute dignité tendait à disparaître sous l'abaissement de l'Empire. En face du parvenu qui osait tenir à sa barre la fille des Metelli, le Numidique eût reconnu son sang. Une des additions au texte de l'interrogatoire consiste à faire donner par Cécile à Almachius le titre de préfet. Ni les trente manuscrits, ni la version grecque de Métaphraste, ne reproduisent ce mot qui n'a pu se trouver sur l'interrogatoire, puisque Turcius Almachius ne fut jamais préfet de Rome, mais un simple magistrat subalterne. Au reste, son ton et la maladresse de son langage dénotent assez l'homme vulgaire qui n'a rien de commun avec le Praefectus urbis, lequel, à cette époque et longtemps après, était toujours, comme nous l'avons dit, un personnage consulaire.

 

 Almachius changea de discours, et s'adressant à Cécile :

" Ignores-tu donc, lui dit-il, que nos maîtres, les invincibles empereurs, ont ordonné que ceux qui ne voudront pas nier qu'ils sont chrétiens, soient punis, et que ceux qui consentiront à le nier soient acquittés ?"

 

 Le lecteur doit remarquer que les termes dont se sert ici Almachius, en citant le texte officiel qui frappait les chrétiens, sont identiques à ceux qu'on lit dans les Actes des martyrs de Lyon, comme étant la réponse officielle du Palatin consulté sur le sort des confesseurs retenus dans les prisons. Cette relation entre les deux documents est une preuve de plus de l'authenticité et de la contemporanéité de l'un et de l'autre.

 

CÉCILE. — Vos empereurs se trompent, et ton Excellence avec eux. L'ordre que tu attestes toi-même avoir été porté par eux, prouve seulement que vous êtes cruels et que nous sommes innocents. Si le nom de chrétien était un crime, ce serait à nous de le nier, et à vous de nous obliger par les tourments à le confesser.

ALMACHIUS. — Mais c'est dans leur clémence que les empereurs ont statué cette disposition ; ils ont voulu par là vous assurer un moyen de sauver votre vie.

CÉCILE. — Est-il une conduite plus impie et plus funeste aux innocents que la vôtre ? Vous employez les tortures pour faire avouer aux malfaiteurs la qualité de leur délit, le lieu, le temps, les complices ; s'agit-il de nous, tout notre crime est dans notre nom ; car vous savez que nous sommes innocents. Mais nous connaissons tous la grandeur de ce nom sacré, et nous ne pouvons en aucune façon le renier. Mieux vaut donc mourir pour être heureux, que vivre pour être misérables. Vous voudriez nous extorquer un mensonge ; mais, en proclamant la vérité, c'est nous qui vous infligeons la plus cruelle torture.

ALMACHIUS. — Choisis l'un de ces deux partis : ou sacrifie aux dieux, ou nie simplement que tu sois chrétienne, et tu pourras te retirer.

 

A cette proposition, un sourire de compassion parut sur les lèvres de Cécile.

 

" Quelle humiliante situation pour un magistrat ! dit-elle ; il veut que je renie un nom qui témoigne de mon innocence, et que je me rende coupable d'un mensonge. Il consent à m'épargner, et il est prêt à sévir contre moi ; il semble ne rien voir, et rien n'est plus précis que son regard. Si tu as envie de condamner, pourquoi exhortes-tu à nier le délit ? Si ton intention est d'absoudre, pourquoi ne te donnes-tu pas la peine de t'enquérir ?

ALMACHIUS. — Mais voici les accusateurs ; ils déposent que tu es chrétienne. Nie-le seulement, et toute l'accusation est mise à néant ; mais si tu persistes, tu reconnaîtras ta folie, lorsque tu auras à subir la sentence.

CÉCILE. — Une telle accusation était l'objet de mes voeux, et la peine que tu me réserves sera ma victoire. Ne me taxe pas de folie ; fais-toi plutôt ce reproche, pour avoir pu croire que tu me ferais renier le Christ.

ALMACHIUS. — Malheureuse femme, ignores-tu donc que le pouvoir de vie et de mort m'a été conféré par les invincibles princes ? Comment oses-tu me parler avec orgueil ?

CÉCILE. — Autre chose est l'orgueil, autre chose est la fermeté ; j'ai parlé avec fermeté, non avec orgueil ; car nous avons ce vice en horreur. Si tu ne craignais pas d'entendre encore une vérité, je te montrerais que ce que tu viens de dire est faux.

ALMACHIUS. — Voyons, qu'ai-je dit de faux ?

CÉCILE. — Tu as prononcé une fausseté, quand tu as dit que tes princes t'avaient conféré le pouvoir de vie ou de mort.

ALMACHIUS. — Comment ai-je menti en disant cela ?

CÉCILE. — Oui, et si tu me l'ordonnes, je prouverai que tu as menti contre l'évidence même.

ALMACHIUS. — Alors, explique-toi. 

CÉCILE. — N'as-tu pas dit que tes princes t'ont conféré le pouvoir de vie et de mort ? Tu sais bien cependant que tu n'as que le seul pouvoir de mort. Tu peux ôter la vie à ceux qui en jouissent, j'en conviens ; mais tu ne saurais la rendre à ceux qui sont morts. Dis donc que tes empereurs ont fait de toi un ministre de mort, et rien de plus ; si tu ajoutes autre chose, c'est mentir, et mentir en vain.

ALMACHIUS. — Assez d'audace : sacrifie aux dieux.

 

En prononçant ces paroles, le juge désignait les statues qui remplissaient le prétoire.

 

CÉCILE. — Je ne sais vraiment ce qui est arrivé à tes yeux, où et comment tu en as perdu l'usage. Les dieux dont tu parles, moi et tous ceux qui ici ont la vue saine, nous ne voyons en eux que de la pierre, de l'airain ou du plomb.

ALMACHIUS. — En philosophe, j'ai dédaigné tes injures, quand elles n'avaient que moi pour but ; mais l'injure contre les dieux, je ne la puis supporter.

CÉCILE. — Depuis que tu as ouvert la bouche, tu n'as pas dit une parole dont je n'aie fait voir l'injustice, la déraison, la nullité; maintenant, afin que rien n'y manque, te voilà convaincu d'avoir perdu la vue. Tu appelles des dieux ces objets que nous voyons tous n'être que des pierres, et des pierres inutiles. Palpe-les plutôt toi-même, tu sentiras ce qu'il en est. Pourquoi t'exposer ainsi à la risée du peuple ? Tout le monde sait que Dieu est au ciel. Quant à ces statues de pierre, elles feraient meilleur service si on les jetait dans une fournaise pour les convertir en chaux ; elles s'usent dans leur oisiveté, et sont impuissantes à se défendre des flammes, aussi bien qu'à t'arracher toi-même à ta perte. Le Christ seul sauve de la mort, seul il délivre du feu l'homme coupable.

 

Ce furent les dernières paroles de Cécile devant l'homme qui représentait la puissance païenne.

 

Cécile répondant à l'interrogatoire d'Almachius - Oratoire de Sainte Cécile, Église Saint-Jacques le Majeur à Bologne 

Fresque de la vie de Sainte Cécile scène 7 

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 179 à 185)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 04:07

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour

 

La quatrième demande du Notre Père nous apparaît comme la plus 'humaine' de toutes.

 

Le Seigneur, qui dirige notre regard vers l'essentiel, vers 'l'unique nécessaire', tient aussi compte de nos besoins terrestres et les reconnaît. Lui qui dit à ses disciples : "Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture" (Mt 6, 25) nous invite cependant à prier pour notre nourriture et à transférer notre souci sur Dieu.

 

Le pain est le "fruit de la terre et du travail des hommes", mais la terre ne porte pas de fruits si elle ne reçoit pas le soleil et la pluie d'en haut. Cette synergie des forces cosmiques, qui échappe à notre contrôle s'oppose à la tentation de notre orgueil de nous donner à nous-mêmes la vie, et cela par nos seules capacités. Un tel orgueil rend violent et froid. Il finit par détruire la terre. Il ne peut pas en être autrement, car il s'oppose à la vérité qui est que nous, les hommes, nous sommes tenus au dépassement de nous-mêmes et que seule l'ouverture à Dieu nous permet de devenir grands et libres, de devenir nous-mêmes. Nous pouvons demander et nous devons demander. Nous le savons, même si les pères terrestres peuvent donner de bonnes choses à leurs fils lorsqu'ils le demandent, Dieu ne nous refusera pas les biens que lui seul peut donner.

 

Dans son interprétation de la prière du Seigneur, saint Cyprien signale deux aspects importants de la demande. Comme il a déjà souligné toute l'ampleur de la signification du 'notre' dans le Notre Père, il nous fait ici aussi remarquer qu'il est question de 'notre' pain. Nous prions ici encore dans la communion des disciples, dans la communion des fils de Dieu, et nul ne doit penser seulement à soi-même. Il s'ensuit un nouvel élément : nous prions pour notre pain, donc nous demandons aussi le pain pour les autres. Celui qui a du pain en abondance est appelé à partager.

 

Dans son explication de la première Épître aux Corinthiens à propos du scandale que les chrétiens donnaient à Corinthe, saint Jean Chrysostome souligne que "chaque bouchée de pain est en quelque sorte une bouchée du pain qui appartient à tous, du pain du monde". Le père Kolvenbach ajoute : "En invoquant notre Père sur la table du Seigneur et lors de la célébration du repas du Seigneur dans son ensemble, comment peut-on se dispenser de manifester la volonté inébranlable de procurer à tous les hommes, à ses frères, le pain de ce jour ?" Par la demande à la première personne du pluriel, le Seigneur nous dit : "Donnez-leur vous-mêmes à manger" (Mc 6, 37).

 

 Une autre remarque de Cyprien est importante. Celui qui prie pour le pain de ce jour est pauvre. La prière présuppose la pauvreté des disciples. Elle présuppose des personnes qui, à cause de leur foi, ont renoncé au monde, à ses richesses et à sa gloire, et qui ne demandent désormais que le nécessaire pour vivre. "C'est donc avec raison que le disciple du Christ demande sa nourriture au jour le jour, puisqu'il lui est défendu de s'occuper du lendemain. Une conduite opposée serait absurde. Comment chercherions-nous à vivre longtemps dans ce monde, nous qui désirons la prompte arrivée du royaume de Dieu". Dans l'Eglise, il doit toujours y avoir des personnes qui abandonnent tout pour suivre le Seigneur ; des personnes qui s'en remettent radicalement à Dieu, à sa bonté qui nous nourrit, des personnes, donc qui, de cette manière, donnent un signe de foi qui nous secoue et qui nous tire de notre vacuité intellectuelle et de la faiblesse de notre foi.

 

 Ces personnes, qui se confient à Dieu au point de ne chercher aucune autre sécurité, nous concernent aussi. Elles nous encouragent à nous confier à Dieu et à miser sur lui dans les grands défis de la vie. En même temps, cette pauvreté entièrement motivée par l'engagement pour Dieu et pour son Règne est aussi un acte de solidarité avec les pauvres du monde, un acte qui, tout au long de l'histoire, a créé de nouvelles appréciations et un nouvel esprit de service et d'engagement pour les autres.

 

 La demande concernant le pain, le pain de ce jour seulement, réveille aussi le souvenir des quarante ans de marche d'Israël dans le désert, durant lesquels le peuple vivait de la manne, du pain que le Seigneur envoyait du ciel. Chacun avait le droit de recueillir seulement ce qui était nécessaire pour la journée. C'est seulement le sixième jour qu'on avait le droit de recueillir la ration nécessaire pour deux jours, afin de respecter le commandement du sabbat (Ex 16, 16-22). La communauté des disciples, qui vit tous les jours à nouveau de la bonté de Dieu, renouvelle l'expérience du peuple de Dieu en marche, que Dieu a nourri même dans le désert.

 

 Ainsi la demande du pain uniquement pour aujourd'hui ouvre des perspectives qui dépassent l'horizon de la nourriture quotidienne indispensable. Elle présuppose de suivre radicalement la communauté des disciples la plus restreinte, qui renonce à la possession dans ce monde et qui rejoint le chemin de ceux qui considèrent "l'humiliation du Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l'Égypte" (He 11, 26). L'horizon eschatologique apparaît : les réalités futures sont plus importantes et plus réelles que les réalités présentes.

 

 Ainsi nous arrivons maintenant à un mot de cette demande qui, dans nos traductions habituelles, paraît anodin : donne-nous aujourd'hui notre pain 'de ce jour'. Ce 'de ce jour' rend le grec epiousios, dont le théologien Origène (mort vers 254), un des grands maîtres de la langue grecque, dit que, dans cette langue, ce terme n'existe pas à d'autres endroits et qu'il a été créé par les évangélistes. Entre-temps, on a certes trouvé une occurrence de ce terme dans un papyrus du Ve siècle avant Jésus Christ. Mais cette occurrence isolée ne peut pas nous renseigner avec certitude sur la signification de ce mot pour le moins inhabituel et rare. Il faut s'appuyer sur des étymologies et sur l'étude du contexte.

 

 Aujourd'hui, nous avons principalement deux interprétations. L'une dit que le mot signifierait : le pain nécessaire à l'existence. Le sens de la demande serait donc : donne-nous aujourd'hui le pain dont nous avons besoin pour pouvoir vivre. L'autre interprétation dit que la bonne traduction serait : le pain futur, celui pour le lendemain.

 

Mais la demande de recevoir aujourd'hui le pain du lendemain ne paraît pas très fondée à lumière de la façon de vivre des disciples. La référence à l'avenir s'éclairerait un peu plus si l'on priait pour le véritable pain futur : pour la vraie manne de Dieu. Alors ce serait une demande eschatologique, la demande d'une anticipation du monde à venir, à savoir que le Seigneur veuille donner dès 'aujourd'hui' le pain futur, le pain du monde nouveau, c'est-à-dire lui-même. Alors la demande prendrait un sens eschatologique. Quelques traductions plus anciennes vont dans ce sens, ainsi la Vulgate de saint Jérôme, qui traduit le mot mystérieux par supersubstantialis, l'interprétant dans le sens de la nouvelle 'substance', de la substance supérieure, que le Seigneur nous donne dans le Saint Sacrement en tant que véritable pain de notre vie.

 

 De fait, les Pères de l'Église ont presque unanimement compris la quatrième demande du Notre Père comme une demande eucharistique. Dans ce sens, la prière du Seigneur est présente dans la liturgie de la messe en tant que prière eucharistique. Cela ne signifie nullement que le simple sens terrestre, que nous avions tout à l'heure dégagé comme la signification immédiate du texte, aurait été éliminé de la demande des disciples. Les Pères pensent aux différentes dimensions d'un mot qui commence par la demande de pain pour ce jour faite par les pauvres, mais précisément pour cela, alors que nous tournons le regard vers notre Père céleste qui nous nourrit, ce mot évoque aussi le peuple de Dieu en marche, qui a été nourri par Dieu lui-même. Pour les chrétiens, à la lumière du grand discours de Jésus sur le Pain de vie, le miracle de la manne renvoyait quasi automatiquement au-delà de lui-même, vers un monde nouveau, où le Logos, le Verbe éternel de Dieu, sera notre pain, la nourriture de l'éternel repas de noces.

 

 A-t-on le droit de penser dans de telles dimensions ou s'agit-il ici d'une 'théologisation' abusive d'un mot dont le sens est simplement terrestre ? Aujourd'hui il existe une peur de ces 'théologisations' qui n'est pas tout à fait sans fondement, mais qu'il ne faut pas non plus exagérer. Je pense que, dans l'explication de la demande de pain, il faut garder à l'esprit le contexte plus vaste des paroles et des actions de Jésus, où des éléments essentiels de la vie humaine jouent un très grand rôle : l'eau, le pain, de même que la vigne et le vin, en tant que signes du caractère festif et de la beauté du monde. Le thème du pain prend une place importante dans le message de Jésus, de la tentation dans le désert jusqu'à la Cène, en passant par la multiplication des pains.

 

 Le grand discours sur le Pain de vie dans le chapitre VI de l'Évangile de Jean ouvre tout le champ de signification de ce thème. Tout au début, nous avons la faim des hommes qui ont écouté Jésus et qu'il ne laisse pas partir sans les avoir rassasiés, donc sans le 'pain nécessaire' dont nous avons besoin pour vivre. Mais Jésus n'admet pas qu'on puisse s'arrêter là ni réduire les besoins de l'homme au pain, aux besoins biologiques et matériels. "Ce n'est pas seulement de pain que l'homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu" (Mt 4, 4). Le pain miraculeusement multiplié rappelle, en amont, le miracle de la manne dans le désert, mais de même il renvoie à un au-delà de lui-même. Il nous dit que la véritable nourriture de l'homme est le Logos, le Verbe éternel, le sens éternel dont nous venons et dans l'attente duquel nous vivons.

 

Si ce premier dépassement du cadre physique ne dit d'abord que ce que la grande philosophie avait également trouvé et peut trouver, il est immédiatement suivi d'un autre dépassement. Le Logos éternel devient concrètement le pain pour l'homme seulement 'parce qu'il a pris chair' et qu'il nous parle avec des mots humains.

 

S'ensuit le troisième dépassement essentiel qui, certes, fait scandale pour les gens de Capharnaüm : celui qui s'est fait homme se donne à nous dans le Sacrement, et c'est seulement ainsi que le Verbe éternel devient pleinement manne, don du pain futur dès aujourd'hui. C'est à ce moment que le Seigneur réunit encore une fois le tout : cette corporisation ultime est précisément la véritable spiritualisation : "C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien" (Jn 6, 63).

 

Doit-on supposer que Jésus, dans la demande de pain, ait mis entre parenthèses tout ce qu'il nous dit sur le pain et ce qu'il voulait donner comme pain ? Si nous prenons le message de Jésus dans son ensemble, alors on ne peut effacer la dimension eucharistique de la quatrième demande du Notre Père. La demande du pain de ce jour pour tous est essentielle justement dans sa dimension concrète et terrestre. Mais de la même façon, elle nous aide à dépasser l'aspect purement matériel et à demander, dès maintenant, la réalité du 'lendemain', le pain nouveau. En priant aujourd'hui pour la réalité 'du lendemain', nous sommes exhortés à vivre dès maintenant du 'lendemain', de l'amour de Dieu qui nous appelle tous à la responsabilité mutuelle.

 

Ici je voudrais redonner la parole à Cyprien, qui souligne ce double sens. Il réfère le mot 'notre', dont nous avons parlé plus haut, précisément à l'Eucharistie qui est, dans un sens très particulier, 'notre' pain, le pain des disciples de Jésus Christ. Il dit que nous, qui pouvons recevoir l'Eucharistie comme notre pain, nous devons toujours à nouveau prier pour que personne ne soit coupé, séparé du corps du Christ : "Ainsi nous réclamons notre pain quotidien, c'est-à-dire le Christ, afin que nous, dont la vie est dans le Christ, nous demeurions toujours unis à sa grâce et à son corps sacré."

 

 Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait)

 

L'Enfant Jésus distribuant du Pain aux Pèlerins par Murillo 

" Celui qui s'est fait homme se donne à nous dans le Sacrement, et c'est seulement ainsi que le Verbe éternel devient pleinement manne, don du pain futur dès aujourd'hui. C'est à ce moment que le Seigneur réunit encore une fois le tout : cette corporisation ultime est précisément la véritable spiritualisation : C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien (Jn 6, 63)."  

 

 

> fiche de l'édition de poche

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 19:00

Almachius, qui sentait le besoin de réparer son honneur compromis en pleine audience par les rudes répliques de Tiburce et de Valérien, imagina d'abord de tendre un piège à Cécile, en cherchant à provoquer de sa part, sans publicité, un acte de complaisance envers l'idolâtrie, espérant s'en couvrir comme d'un succès.

 

 S'il réussissait, le fisc pouvait, il est vrai, se trouver frustré d'une partie de ses espérances ; mais on aurait du moins l'avantage d'éviter un jugement dont la fin peut-être serait tragique, et causerait de l'agitation dans le public. Il imagina donc de traiter avec Cécile de puissance à puissance, et, au lieu de la mander à son prétoire, l'idée lui vint d'envoyer au domicile de l'épouse de Valérien des officiers de justice, pour lui proposer de se prêter sans bruit sous leurs yeux à quelque pratique, si insignifiante qu'elle fût, de la religion de l'Empire. On en prendrait acte, et le danger de se commettre en public avec une chrétienne telle que Cécile serait éloigné.

 

 Les gens d'Almachius se transportèrent au palais des Valerii, et présentèrent à Cécile la proposition de ce magistrat. La vierge démêla aisément l'émotion que leur inspirait sa contenance pleine de douceur et de gravité. Le respect, la déférence, l'embarras d'avoir à remplir près d'elle une telle mission, paraissaient dans leurs paroles et jusque dans leur attitude.

 

 Elle leur répondit avec un calme céleste : " Concitoyens et frères, écoutez-moi. Vous êtes les officiers de votre magistrat, et au fond de vos coeurs vous avez horreur de sa conduite impie. Pour moi, il m'est glorieux et désirable de souffrir tous les tourments pour confesser le nom du Christ ; car je n'ai jamais eu la moindre attache à cette vie. Mais je vous plains, vous qui êtes encore dans la fleur de la jeunesse, du malheur que vous avez d'être ainsi aux ordres d'un juge rempli d'injustice". A ce discours, les appariteurs d'Almachius ne purent retenir leurs larmes, et ils se lamentaient de voir une jeune dame si noble, si belle et si sage, courir à la mort avec un tel empressement ; ils la suppliaient de ne pas permettre qu'une si brillante fortune, embellie de tant de charmes, devînt la proie du trépas.

 

 La  vierge  les  interrompit par  ces  paroles : " Mourir pour le Christ, ce n'est pas sacrifier sa jeunesse, mais la renouveler ; c'est donner un peu de boue pour acquérir de l'or, échanger une demeure étroite et vile contre un palais magnifique, offrir une chose périssable et recevoir en retour un bien immortel. Si aujourd'hui quelqu'un mettait à votre disposition un amas de pièces d'or, à la seule condition de lui donner en retour autant de pièces d'une vile monnaie de même poids, ne vous montreriez-vous pas empressés pour un échange aussi avantageux ? n'engageriez-vous pas vos parents, vos alliés, vos amis, à profiter comme vous de cette bonne fortune ? Ceux qui voudraient vous en détourner, en viendraient-ils jusqu'aux larmes, vous les réputeriez fous et malavisés. Cependant, tout votre empressement n'aurait abouti qu'à vous procurer un métal plus précieux, mais terrestre, en échange d'un autre métal plus grossier et à poids égal. Jésus-Christ, notre Dieu, ne se contente pas de donner ainsi poids pour poids ; mais ce qu'on lui offre, il le rend au centuple, et il ajoute encore la vie éternelle."

 

 Subjugués par ce discours, les assistants ne pouvaient plus contenir leur émotion. Dans le transport de son zèle d'apôtre, Cécile monte sur un marbre qui se trouvait près d'elle, et d'une voix inspirée, elle s'écrie : "Croyez-vous ce que je viens de vous dire ?" Tous répondent à la fois : "Oui, nous croyons que le Christ, Fils de Dieu, qui possède une telle servante, est le Dieu véritable. — Allez donc, reprit Cécile, et dites à ce malheureux Almachius que je demande un délai, que je le prie de retarder quelque peu mon martyre. Durant cet intervalle, vous reviendrez ici, et j'y aurai fait venir quelqu'un qui vous rendra participants de la vie éternelle."

 

Les officiers d'Almachius, déjà chrétiens dans le coeur, lui portèrent la nouvelle du refus qu'avait fait Cécile d'accéder à sa proposition et en même temps la demande qu'elle faisait d'un délai de comparution. Almachius s'abstint de donner l'ordre immédiat d'amener la vierge devant son tribunal.

 

Urbain ne tarda pas à recevoir un message de Cécile qui l'instruisait de son prochain martyre, et des nouvelles conquêtes qui se préparaient pour la foi du Christ. Non seulement les appariteurs d'Almachius, mais un grand nombre d'autres personnes de tout âge, de tout sexe et de toute condition, principalement de la région transtibérine, avaient ressenti l'ébranlement de la grâce divine, et aspiraient au baptême.

 

Urbain vint en personne recueillir une si riche moisson, et bénir une dernière fois la vierge héroïque qui, dans peu de jours, devait tendre du haut des cieux sa palme au saint vieillard, dont la présence fut pour elle, à un tel moment, une sensible consolation. Le baptême fut célébré avec splendeur et plus de quatre cents personnes reçurent la grâce de la régénération. Telle était la riche offrande que Cécile présentait au Christ, si peu d'heures avant d'aller au martyre. Un dernier soin la préoccupait, celui d'assurer à l'église romaine la possession de sa maison. Elle n'avait d'autre moyen pour cela, que d'en céder la propriété à une personne de confiance qui l'appliquerait à la destination fixée par la vierge. Elle arrêta son choix sur un des nouveaux baptisés, nommé Gordien, qui était décoré du titre de Clarissime. Ce fut avec ce patricien que Cécile, libre encore, passa le contrat qui garantissait à l'Eglise, sous la garde d'un nom nouveau, la jouissance du don que lui avait préparé la vierge. Un arrêt de confiscation des biens de Cécile après son martyre ne pouvait plus, dès lors, atteindre ce palais, que sa présence et celle de Valérien avaient sanctifié.

 

Urbain, malgré les périls, fixa sa demeure sous le toit de Cécile ; mais à peine y était-il établi, que la vierge reçut l'ordre formel de comparaître. On était à la veille des ides de septembre (12 septembre). Cécile, heureuse d'être arrivée au moment de confesser sa foi, s'était parée comme une noble patricienne. Le lieu où Almachius tenait son audience était situé au champ de Mars, à peu de distance de la maison des Caecilii, près de l'amphithéâtre de Statilius Taurus, dont les décombres ont formé l'éminence que l'on appelle Monte Giordano. Une église y fut bâtie pour rappeler le lieu où Cécile avait confessé la foi. Sur les anciens diplômes cités par Fonseca (de Basilica S. Laurentii in Damaso), on voit qu'elle était appelée, au moyen âge, Sainte-Cécile de Lupo Pacho, et aussi de Turre Campi.

 

C'est là que, la première et unique fois, notre héroïne vit en face l'homme dont les mains étaient teintes du sang de son époux et de son frère ; qu'elle se trouva au milieu d'un prétoire, où l'on apercevait de toutes parts les images impures des faux dieux ; mais jamais l'épouse du Christ, qui tenait le monde sous ses pieds, n'avait paru plus imposante par la dignité et la simplicité de son maintien. Ravie en celui qui possédait tout son coeur, et qui l'appelait enfin aux noces de l'éternité, ses regards s'abaissaient sur la terre avec un dédain sublime. Elle allait ouvrir la bouche pour répondre ; mais sa parole n'allait être qu'une protestation contre cette force brutale qui tentait d'arrêter les âmes dans leur essor vers le bien infini.

 

Sa mission d'apôtre était accomplie ; les martyrs qu'elle avait formés l'avaient précédée au ciel ; d'autres devaient bientôt l'y suivre ; il ne lui restait plus qu'à rendre le dernier témoignage dont le prix était la palme.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 174 à 178)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 04:00

Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel

 

Deux aspects ressortent immédiatement des termes de cette demande. Il existe une volonté de Dieu avec nous et pour nous qui doit devenir le critère de notre vouloir et de notre être.

 

Et la caractéristique même du 'ciel' est que la volonté de Dieu y est faite indéfectiblement ou, en d'autres mots : là où la volonté de Dieu est faite, là est le ciel. L'essence du ciel est d'être une seule chose avec la volonté de Dieu, l'union entre volonté et vérité. La terre devient 'ciel' seulement si et dans la mesure où la volonté de Dieu y est faite, tandis qu'elle n'est que 'terre', pôle opposé au ciel, si et dans la mesure où elle se soustrait à la volonté de Dieu. C'est pourquoi nous demandons que sur la terre il en soit de même qu'au ciel, que la terre devienne 'ciel'.

 

 Mais qu'est-ce donc que la 'volonté de Dieu' ? Comment la reconnaître ? Comment pouvons-nous la faire ? Les Écritures Saintes posent qu'au plus profond de lui-même, l'homme connaît la volonté de Dieu, qu'il existe une communion de savoir avec Dieu, profondément inscrite en nous, que nous appelons conscience. Mais elles savent aussi que cette communion de savoir avec le Créateur, que ce savoir qu'il nous a donné en nous créant 'selon sa ressemblance' a été enfoui dans l'histoire, qu'il n'est cependant jamais entièrement éteint, mais recouvert de multiples façons, qu'il existe une flamme doucement vacillante qui risque trop souvent d'être étouffée sous les cendres des préjugés gravés en nous. C'est pourquoi Dieu nous a de nouveau parlé avec des mots de l'histoire qui s'adressent à nous de l'extérieur et qui viennent en aide à notre savoir intérieur désormais trop voilé.

 

 Au cœur de cet enseignement de l'histoire se trouve, dans la révélation biblique, le Décalogue du mont Sinaï qui, comme nous l'avons vu, n'a nullement été aboli ou présenté comme une 'loi ancienne' par le Sermon sur la montagne, mais, au contraire développé afin qu'il rayonne d'autant plus dans toute sa profondeur et dans toute sa grandeur.

 

Cette parole, nous l'avons vu, n'est pas quelque chose qui a été imposé à l'homme de l'extérieur. Elle est, dans la mesure où nous sommes capables de la recevoir, révélation de la nature de Dieu lui-même et ainsi interprétation de la vérité de notre être : la partition de notre existence nous est déchiffrée, afin que nous puissions la lire et la mettre en pratique. La volonté de Dieu provient de l'être de Dieu ; elle nous conduit par conséquent vers la vérité de notre être en nous délivrant de l'autodestruction liée au mensonge.

 

 Puisque notre être vient de Dieu, nous pouvons, en dépit de toutes les souillures qui nous retiennent, nous mettre en route vers la volonté de Dieu. Dans l'Ancien Testament, la notion de 'juste' voulait dire précisément ceci : vivre de la Parole de Dieu et donc de la volonté de Dieu, et entrer progressivement en syntonie avec cette volonté.

 

 Quand Jésus nous parle de la volonté de Dieu et du ciel où cette volonté s'accomplit, il nous conduit à nouveau au centre de sa propre mission personnelle. Près du puits de Jacob, Jésus dit à ses disciples qui lui apportent à manger : "Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé" (Jn 4, 34). Cela signifie : l'union avec la volonté du Père est la source de sa vie. L'union de volonté avec le Père est au cœur même de son être.

 

Dans la demande du Notre Père, nous percevons surtout un écho du dialogue tourmenté du mont des Oliviers : "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux". "Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite !" (Mt 26, 39.42). Lorsque nous méditerons la passion de Jésus, nous aurons à revenir sur cette prière, dans laquelle il nous fait entrevoir son âme humaine et l'union de celle-ci avec la volonté de Dieu.

 

 L'auteur de la Lettre aux Hébreux a vu dans la lutte intérieure au jardin des Oliviers la clé même du mystère de Jésus, et c'est en partant de ce regard dans l'âme de Jésus qu'il a interprété ce mystère avec le Psaume 40. Il le lit ainsi : "Tu n'as pas voulu de sacrifices ni d'offrandes, mais tu m'as fait un corps... ; alors, je t'ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c'est bien de moi que parle l'Écriture" (He 10, 5-7). Toute l'existence de Jésus est résumée dans ces paroles "Je suis venu pour faire ta volonté". C'est seulement ainsi que nous pouvons comprendre pleinement la phrase suivante : "Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé."

 

 Dès lors, nous comprenons que Jésus lui-même, au sens le plus profond et le plus authentique, est 'le ciel' — lui en qui et par qui la volonté de Dieu est entièrement faite.

 

En regardant vers lui, nous découvrons que nous ne pouvons pas être entièrement 'justes' par nos propres moyens : la force de gravité de notre propre volonté nous éloigne sans cesse de la volonté de Dieu et nous fait devenir simple 'terre'. Mais lui nous accepte, nous tire vers le haut jusqu'à lui, en lui, et, dans la communion avec lui, nous apprenons, nous aussi, la volonté de Dieu.

 

Dans cette troisième demande du Notre Père nous demandons de pouvoir nous approcher de plus en plus de lui pour que la volonté de Dieu l'emporte sur la force de gravité de notre égoïsme et qu'il nous rende capables de la hauteur à laquelle nous sommes appelés.

 

Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait)

 

Page from the Très Belles Heures de Notre Dame de Jean de Berry

" Dans la demande du Notre Père, nous percevons surtout un écho du dialogue tourmenté du mont des Oliviers : "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux". "Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite !" (Mt 26, 39.42).

 

 

> fiche de l'édition de poche

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 19:00

 

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 11:30

Que Ton Règne vienne

 

Réfléchissant sur la demande relative au Règne de Dieu, nous nous rappellerons tout ce que nous avons pu dire précédemment à propos de l'expression "Royaume de Dieu".

 

Par cette demande, nous reconnaissons d'abord le primat de Dieu. Là où Dieu n'est pas, rien ne peut être bon. Là où l'on ne voit pas Dieu, l'homme déchoit, ainsi que le monde. C'est dans ce sens que le Seigneur nous dit : "Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché" (Mt 6, 33). Ce mot établit un ordre de priorités pour l'agir humain, pour nos attitudes dans le quotidien.

 

 On ne nous promet nullement un pays de cocagne, en contrepartie de notre piété ou de notre vague désir du Royaume de Dieu. On ne nous fait pas miroiter un monde parfait comme dans l'utopie de la société sans classes, un monde qui viendrait automatiquement et où tout irait bien tout simplement parce qu'il n'y aurait plus de propriété privée. Jésus ne nous fournit pas des recettes aussi simples. Mais, il pose, nous l'avons déjà dit, une priorité capitale pour tout : "Royaume de Dieu" veut dire "Seigneurie de Dieu", et cela signifie qu'on accepte que sa volonté soit prise comme critère. Cette volonté crée la justice, qui implique que nous reconnaissions la légitimité du droit de Dieu et que nous y trouvions le critère pour le juste droit entre les hommes.

 

 L'ordre des priorités que Jésus nous indique ici n'est pas sans rappeler, dans l'Ancien Testament, le récit de la première prière de Salomon après sa montée sur le trône. On y raconte que, la nuit, le Seigneur est apparu en songe au jeune roi, lui offrant d'exaucer une de ses demandes. Un rêve on ne peut plus classique de l'humanité ! Que demande Salomon ? "Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu'il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal" (1 R 3, 9). Dieu le loue parce qu'il ne demande pas — ce qui aurait été si facile — la richesse, la fortune, l'honneur ou la mort de ses ennemis ou une longue vie, mais ce qui est véritablement essentiel : un cœur docile, la capacité de discerner le bien du mal. Et c'est pourquoi le reste est aussi accordé à Salomon par surcroît.

 

 Quand nous demandons la venue de "ton Règne" (et non pas du nôtre !), le Seigneur veut nous conduire exactement vers cette façon de prier et d'établir les priorités de notre agir. Il faut d'abord et essentiellement, un cœur docile, afin que Dieu règne, et non pas nous. Le Règne de Dieu vient à travers un cœur docile. Tel est son chemin. Et c'est pourquoi nous devons prier sans cesse.

 

 À partir de la rencontre avec le Christ, cette demande s'approfondit et se concrétise encore. Nous avons vu que Jésus était le Règne de Dieu en personne. Là où il est, est le "Règne de Dieu". La demande du cœur docile est devenue la demande en vue de la communion avec Jésus Christ, la demande de pouvoir devenir toujours plus 'un' avec lui. C'est la demande de le suivre véritablement, qui devient communion et qui nous réunit en un seul corps avec lui.

 

Reinhold Schneider a exprimé cela de façon saisissante : "La vie de ce règne est la poursuite de la vie du Christ dans les siens ; lorsque le cœur n'est plus nourri par la force vitale du Christ, ce règne se termine ; lorsque le cœur est touché par elle et transformé par elle, il commence, les racines de l'arbre inexpugnable cherchent à pénétrer dans le cœur de chacun. Le règne est un. Il subsiste uniquement par le Seigneur, qui est sa vie, sa force, son centre."

 

Demander le Règne de Dieu signifie dire à Jésus : fais-nous être à toi, Seigneur. Pénètre en nous, vis en nous. Réunis dans ton corps l'humanité dispersée, pour que tout en toi soit soumis à Dieu et que tu puisses remettre l'univers au Père, et ainsi "Dieu sera tout en tous" (1 Co 15, 26-28).

 

Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait)

 

Anges en Adoration par Benozzo Gozzoli 

" Quand nous demandons la venue de "ton Règne" (et non pas du nôtre !), le Seigneur veut nous conduire exactement vers cette façon de prier et d'établir les priorités de notre agir. Il faut d'abord et essentiellement, un cœur docile, afin que Dieu règne, et non pas nous. Le Règne de Dieu vient à travers un cœur docile. Tel est son chemin. Et c'est pourquoi nous devons prier sans cesse." 

 

> fiche de l'édition de poche

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 04:00

C'était Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de sa soeur Marthe. (Marie est celle qui versa du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. Lazare, le malade, était son frère.) Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : "Seigneur, celui que tu aimes est malade."

 

En apprenant cela, Jésus dit : " Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié."

 

Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura pourtant deux jours à l'endroit où il se trouvait ; alors seulement il dit aux disciples : "Revenons en Judée."

Les disciples lui dirent : " Rabbi, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider, et tu retournes là-bas ?"

Jésus répondit : " Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu'il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n'est pas en lui."

Après ces paroles, il ajouta : " Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je m'en vais le tirer de ce sommeil."

Les disciples lui dirent alors : " Seigneur, s'il s'est endormi, il sera sauvé."

Car ils pensaient que Jésus voulait parler du sommeil, tandis qu'il parlait de la mort.

Alors il leur dit clairement : " Lazare est mort, et je me réjouis de n'avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui !"

Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) dit aux autres disciples : " Allons-y nous aussi, pour mourir avec lui !"

 

Quand Jésus arriva, il trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem - à une demi-heure de marche environ - beaucoup de Juifs étaient venus manifester leur sympathie à Marthe et à Marie, dans leur deuil. Lorsque Marthe apprit l'arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait à la maison.

 

Marthe dit à Jésus : " Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. Mais je sais que, maintenant encore, Dieu t'accordera tout ce que tu lui demanderas."

Jésus lui dit : " Ton frère ressuscitera."

Marthe reprit : " Je sais qu'il ressuscitera au dernier jour, à la résurrection."

Jésus lui dit : " Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?"

Elle répondit : " Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde."

 

Ayant dit cela, elle s'en alla appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : " Le Maître est là, il t'appelle."

Marie, dès qu'elle l'entendit, se leva aussitôt et partit rejoindre Jésus.

Il n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie, et lui manifestaient leur sympathie, quand ils la virent se lever et sortir si vite, la suivirent, pensant qu'elle allait au tombeau pour y pleurer.

 

Elle arriva à l'endroit où se trouvait Jésus ; dès qu'elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : "Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort."

Quand il vit qu'elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus fut bouleversé d'une émotion profonde.

Il demanda : " Où l'avez-vous déposé ?"

Ils lui répondirent : " Viens voir, Seigneur."

Alors Jésus pleura.

Les Juifs se dirent : " Voyez comme il l'aimait !"

Mais certains d'entre eux disaient : " Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?"

 

Jésus, repris par l'émotion, arriva au tombeau. C'était une grotte fermée par une pierre.

Jésus dit : " Enlevez la pierre."

Marthe, la sœur du mort, lui dit : " Mais, Seigneur, il sent déjà ; voilà quatre jours qu'il est là."

Alors Jésus dit à Marthe : " Ne te l'ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu."

 

On enleva donc la pierre.

 

Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : " Père, je te rends grâce parce que tu m'as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m'exauces toujours ; mais si j'ai parlé, c'est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé."

Après cela, il cria d'une voix forte : " Lazare, viens dehors !"

Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d'un suaire.

Jésus leur dit : " Déliez-le, et laissez-le aller."

 

Les nombreux Juifs, qui étaient venus entourer Marie et avaient donc vu ce que faisait Jésus, crurent en lui. 

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean

 

Résurrection de Lazare par Duccio di Buoninsegna

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