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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 04:00

Le Sermon sur la montagne propose un cadre complet de l'humanité juste. Il veut nous montrer comment il est possible d'être homme. On pourrait résumer ces enseignements de la manière suivante : on ne peut comprendre l'homme qu'à partir de Dieu, et c'est seulement s'il vit en relation avec Dieu que sa vie devient juste. Mais Dieu n'est pas un inconnu lointain. En Jésus, il nous montre sa face. Dans son agir et dans sa volonté, nous apprenons à lire les pensées de Dieu et la volonté de Dieu lui-même. Si être homme signifie essentiellement être en relation avec Dieu, il est évident que cela implique le dialogue avec Dieu et l'écoute de Dieu. C'est la raison pour laquelle le Sermon sur la montagne contient également un enseignement sur la prière. Le Seigneur nous dit comment nous devons prier.

 

Chez Matthieu, la prière du Seigneur est précédée d'une brève catéchèse sur la prière, destinée surtout à nous mettre en garde contre les fausses manières de prier. La prière ne doit pas être une façon de se donner en spectacle devant les hommes. Elle exige la discrétion, qui est essentielle pour une relation d'amour. Dieu s'adresse à chacun, l'appelant par son nom, que personne d'autre ne connaît, nous dit l'Écriture. L'amour de Dieu pour chacun est entièrement personnel, il recèle le mystère de la singularité qui ne peut être étalée devant les hommes.

 

 Cette discrétion essentielle de la prière n'exclut nullement la prière communautaire. Le Notre Père est une prière à la première personne du pluriel, et c'est seulement en entrant dans le "nous" des fils de Dieu que nous pouvons dépasser les limites de ce monde et nous élever jusqu'à Dieu. Mais ce "nous" réveille le for intérieur de ma personne. Dans la prière, la dimension la plus personnelle et la dimension communautaire doivent s'interpénétrer, comme nous le verrons plus en détail lors de l'explication du Notre Père. Dans la relation de l'homme et de la femme, il y a l'intimité qui nécessite l'espace protecteur de la discrétion, mais en même temps, la relation entre les deux dans le mariage et la famille inclut aussi, par définition, une responsabilité publique. Il en va de même pour la relation avec Dieu : le "nous" de la communauté de prière et le plus intime qu'on ne confie qu'à Dieu s'interpénètrent.

 

L'autre fausse manière de prier, contre laquelle le Seigneur nous met en garde, est le bavardage, le rabâchage, sous lequel l'esprit étouffe. Nous connaissons tous le danger qui consiste à réciter des formules routinières alors que l'esprit est ailleurs. Notre attention est la plus grande lorsque nous demandons quelque chose à Dieu du plus profond de notre détresse ou que nous le remercions, le cœur joyeux, d'un bien reçu. Mais au-delà de ces situations momentanées, l'essentiel est l'existence de la relation à Dieu dans le fond de notre âme. Pour que cela puisse se réaliser, la relation doit être réveillée sans cesse, et les éléments du quotidien doivent être continuellement reliés à elle. Nous prierons d'autant mieux que, dans la profondeur de notre âme, l'orientation vers Dieu sera présente. Plus elle devient l'assise de toute notre existence, plus nous serons des hommes de paix, et plus nous serons capables de supporter la souffrance, de comprendre les autres et de nous ouvrir à eux. L'orientation qui pénètre notre conscience tout entière, la présence silencieuse de Dieu dans le fond de notre pensée, de notre méditation, de notre être, nous l'appelons la "prière continuelle". Elle est en fin de compte aussi ce que nous appelons l'amour de Dieu, qui est en même temps la condition de l'amour du prochain et son ressort intime.

 

 Cette prière authentique, cette manière d'être intérieure et silencieuse avec Dieu, a besoin d'être nourrie, et elle trouve cette nourriture dans la prière concrète, que ce soit avec des mots ou des images ou des pensées. Plus Dieu est présent en nous, plus nous pourrons vraiment être auprès de lui dans les prières orales. Mais inversement, il est vrai aussi que la prière active réalise et approfondit notre présence devant Dieu. Cette prière peut et doit monter surtout de notre cœur, de nos misères, de nos espérances, de nos joies, de nos souffrances, de notre honte face au péché comme de notre gratitude pour le bien reçu ; ainsi, elle sera une prière toute personnelle.

 

Mais nous avons également toujours besoin de nous appuyer sur des prières, avec lesquelles s'est concrétisée la rencontre de l'Eglise dans sa totalité et de chaque individu particulier avec Dieu. Car sans cette aide pour prier, notre prière personnelle et notre image de Dieu deviennent subjectives, reflétant davantage nous-mêmes que le Dieu vivant. Dans les formules de prière, montées d'abord de la foi d'Israël, puis de celle des hommes de prière de l'Eglise, nous apprenons à connaître Dieu et à nous connaître nous-mêmes. Elles sont une école de la prière et, par là même, un ressort pour des changements et des ouvertures dans notre vie.

 

 Dans sa Règle, saint Benoît a forgé la formule : mens nostra concordet voci nostrae — notre esprit doit être en harmonie avec notre voix. Normalement, la pensée précède la parole, la cherchant et la formant. Mais pour la prière des psaumes, pour la prière liturgique en général, c'est l'inverse : la parole et la voix nous précèdent, et notre esprit doit se conformer à cette voix. Car par nous-mêmes, nous autres les hommes ne savons pas "prier comme il faut" car nous sommes trop loin de Dieu, et il est trop mystérieux et trop grand pour nous. Aussi, Dieu nous est-il venu en aide. Il nous donne lui-même les paroles de la prière et il nous apprend à prier. Par les paroles de prière venant de lui, il nous offre le don de nous mettre en chemin vers lui et, en priant avec les frères et sœurs qu'il nous a donnés, il nous permet de le connaître peu à peu et de nous approcher de lui.

 

 Chez saint Benoît, la phrase citée plus haut se réfère directement aux Psaumes, le grand livre de prières du peuple de Dieu dans l'Ancienne et dans la Nouvelle Alliance : ce sont des paroles que le Saint-Esprit a données aux hommes ; elles sont l'esprit de Dieu devenu Parole. Ainsi, nous prions "dans l'esprit", avec le Saint-Esprit. Naturellement, cela vaut plus encore pour le Notre Père.

 

" Lorsque nous disons le Notre Père, nous prions Dieu avec des mots donnés par Dieu, dit saint Cyprien. Et il ajoute : Quand nous disons le Notre Père, s'accomplit en nous la promesse de Jésus concernant les vrais adorateurs, qui adorent le Père en esprit et vérité. Le Christ qui est la vérité nous a donné les mots, et en eux, il nous donne le Saint-Esprit."

 

Quelque chose de la spécificité de la mystique chrétienne se fait jour ici. Elle ne consiste pas d'abord à plonger en soi-même, mais à rencontrer l'Esprit de Dieu dans la parole qui nous précède ; elle est rencontre avec le Fils et le Saint-Esprit, et donc entrée en union avec le Dieu vivant, qui est toujours à la fois en nous et au-dessus de nous.

 

Benoît XVI

Jésus de Nazareth

tome 1, chapitre V (extrait) 

 

Christ priant au Jardin des Oliviers par Marco Basaiti

 

 

> fiche de l'édition de poche

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 19:00

Valérien et Tiburce ne tardèrent pas à être dénoncés à Almachius, et pour leurs largesses envers des personnes viles, et pour l'infraction qu'ils osaient faire à la défense d'inhumer les corps des martyrs. Ils furent donc accusés l'un et l'autre, et conduits devant le tribunal.

 

 Almachius n'avait pas l'intention de sévir contre ces deux jeunes patriciens qu'il avait fait mander à sa barre ; il voulait les intimider, et obtenir une satisfaction pour la violation publique qu'ils avaient osé faire de ses ordres. "Comment ! leur dit-il, vous qui, par votre naissance, avez droit au titre de clarissimes, pouvez-vous avoir dégénéré de votre sang, jusqu'à vous associer à la plus superstitieuse des sectes ? J'apprends que vous dissipez votre fortune en profusions sur des gens de condition infime, et que vous vous abaissez jusqu'à ensevelir avec toute sorte de recherches des misérables qui ont été punis pour leurs crimes. En faut-il conclure qu'ils étaient vos complices, et que c'est là le motif qui vous porte à leur donner ainsi une sépulture d'honneur ?"

 

 Le plus jeune des deux frères prit la parole. "Plût au ciel, s'écria Tiburce, qu'ils daignassent nous admettre au nombre de leurs serviteurs, ceux que tu appelles nos complices ! Ils ont eu le bonheur de mépriser ce qui paraît être quelque chose et cependant n'est rien. En mourant, ils ont obtenu ce qui ne paraît pas encore, et qui néanmoins est la seule réalité. Puissions-nous imiter leur vie sainte, et marcher un jour sur leurs traces !"

 

 Almachius, déconcerté par la fermeté de cette réponse,  chercha un incident pour rompre le discours du jeune homme. Il crut l'avoir trouvé, en relevant la ressemblance frappante qui existait entre les deux frères. "Dis-moi, Tiburce, quel est le plus âgé de vous deux ?" Telle fut la question du juge. Tiburce répondit : "Ni mon frère n'est plus âgé que moi, ni moi plus jeune que lui ; le Dieu unique, saint et éternel, nous a rendus tous deux égaux par la grâce."

 

" — Eh bien ! dit Almachius, dis-moi ce que c'est, ce qui parait être quelque chose et n'est rien. — Tout ce qui est en ce monde, repartit vivement Tiburce, tout ce qui entraîne les âmes dans la mort éternelle, à laquelle aboutissent les félicités du temps. — Maintenant, dis-moi, reprit Almachius, qu'est-ce que ce qui ne paraît pas encore et est néanmoins la seule réalité ? — C'est, dit Tiburce, la vie future pour les justes, et le supplice à venir pour les injustes. L'un et l'autre approchent, et par une triste dissimulation nous détournons les yeux de notre coeur, afin de ne pas voir cet inévitable avenir. Les yeux de notre corps s'arrêtent aux objets du temps, et, mentant à notre propre conscience, nous osons employer pour flétrir ce qui est bien les termes qui ne conviennent qu'au mal, et décorer le mal lui-même de ceux qui servent à désigner le bien."

 

 Almachius interrompit le jeune homme : " Je suis sûr, dit-il, que tu ne parles pas selon ton esprit. — Tu dis vrai, reprit Tiburce; je ne parle pas selon l'esprit que j'avais lorsque j'étais du siècle, mais selon l'esprit de celui que j'ai reçu au plus intime de mon âme, le Seigneur Jésus-Christ. — Mais sais-tu même ce que tu dis, repartit Almachius, contrarié d'entendre sortir de la bouche du jeune homme ce nom sacré qui attestait la profession du christianisme dans celui qui le proférait avec tant d'amour. — Et toi, dit Tiburce, sais-tu ce que tu demandes ? — Jeune homme, répondit Almachius, il y a chez toi de l'exaltation."

 

Tiburce répondit : " J'ai appris, je sais, je crois que tout ce que j'ai dit est réel. — Mais je ne le comprends pas, repartit le magistrat, et je ne saurais entrer dans cet ordre d'idées. — C'est, dit le jeune homme, empruntant les paroles de l'Apôtre, c'est que l'homme animal ne perçoit pas les choses qui sont de l'esprit de Dieu : mais l'homme spirituel juge toutes choses, et n'est jugé lui-même par personne."

 

 Almachius sourit avec dépit, dissimulant l'injure qu'il venait de recevoir, et, ne voulant pas laisser le jeune homme se compromettre davantage, il le fit écarter, et ordonna de faire avancer Valérien.

" — Valérien, lui dit-il, la tête de ton frère n'est pas saine ; toi tu sauras me donner une réponse sensée. — Il n'est qu'un seul médecin, répondit Valérien : c'est lui qui a daigné prendre soin de la tête de mon frère et de la mienne, en nous communiquant sa propre sagesse ; c'est le Christ, Fils du Dieu vivant. — Allons, dit Almachius, parle-moi raisonnablement. — Ton oreille est faussée, répondit Valérien ; tu ne saurais entendre notre langage."

 

 Le magistrat se contint, et, refusant toujours d'accepter la confession spontanée du christianisme que les deux frères aspiraient à faire devant son tribunal, il essaya l'apologie du sensualisme païen, auquel les Césars avaient été redevables de la soumission passive que leur prêtait l'Empire. "C'est vous-mêmes, dit-il, qui êtes dans l'erreur, et plus que personne. Vous laissez les choses nécessaires et utiles pour suivre des folies. Vous dédaignez les plaisirs, vous repoussez le bonheur, vous méprisez tout ce qui fait le charme de la vie ; en un mot vous n'avez d'attrait que pour ce qui est contraire au bien-être et opposé aux plaisirs."

 

 Valérien répondit avec calme :

" J'ai vu, au temps de l'hiver, des hommes traverser la campagne au milieu des jeux et des ris, et se livrant à tous les plaisirs. En même temps, j'apercevais dans les champs plusieurs villageois qui remuaient la terre avec ardeur, plantaient la vigne et écussonnaient des roses sur les églantiers ; d'autres greffaient des arbres fruitiers, ou écartaient avec le fer des arbustes qui pouvaient nuire à leurs plantations ; tous enfin se livraient avec vigueur aux travaux de la culture.

" Les hommes de plaisir, ayant considéré ces villageois, se mirent à tourner en dérision leurs travaux pénibles, et ils disaient : Misérables que vous êtes, laissez ces labeurs superflus ; venez vous réjouir avec nous, venez partager nos jeux et nos délices. Pourquoi se fatiguer ainsi à de rudes travaux ? Pourquoi user le temps de votre vie à des occupations si tristes ? Ils accompagnaient ces paroles d'éclats de rire, de battements de mains et d'insultantes provocations.

" À la saison des pluies et de la froidure succédèrent les jours sereins, et voilà que les campagnes, cultivées par tant d'efforts, s'étaient couvertes de feuillages touffus, les buissons étalaient leurs roses fleuries, la grappe descendait en festons le long du sarment, et aux arbres pendaient de toutes parts des fruits délicieux et agréables à l'oeil. Ces villageois, dont les fatigues avaient paru  insensées,   étaient  dans  l'allégresse ;  mais les frivoles habitants de la ville,  qui s'étaient vantés d'être les plus sages, se trouvèrent dans une affreuse disette, et regrettant, mais trop tard, leur molle oisiveté, ils se lamentèrent bientôt, et se disaient entre eux : Ce sont là pourtant ceux que nous poursuivions de nos railleries. Les travaux auxquels  ils  se livraient nous semblaient une honte ; leur genre de vie nous faisait horreur, tant il nous paraissait misérable. Leurs personnes nous semblaient viles, et leur société sans honneur. Le fait cependant a prouvé qu'ils étaient sages, en même temps qu'il démontre combien nous fûmes malheureux, vains et insensés. Nous autres, nous n'avons pas songé à travailler ; loin de venir à leur aide, du sein de nos délices nous les avons bafoués, et les voilà maintenant environnés de fleurs et brillants de l'éclat du succès."

 

C'est ainsi que le jeune patricien, dont le caractère grave et doux formait un si aimable contraste avec le naturel impétueux de son frère, imitait le langage de Salomon, et flétrissait les vanités du monde au sein même de la plus vaine et de la plus voluptueuse des cités. Almachius avait écouté jusqu'au bout le discours de Valérien ; reprenant à son tour la parole, il lui dit : "Tu as parlé avec éloquence, je le reconnais ; mais je ne vois pas que tu aies répondu à mon interrogation. — Laisse-moi achever, reprit Valérien. Tu nous as traités de fous et d'insensés, sous le prétexte que nous répandons nos richesses dans le sein des pauvres, que nous donnons l'hospitalité aux étrangers, que nous secourons les veuves et les orphelins, enfin que nous recueillons les corps des martyrs, et leur faisons d'honorables sépultures. Selon toi, notre folie consiste en ce que nous refusons de nous plonger dans les voluptés, en ce que nous dédaignons de nous prévaloir aux yeux du vulgaire des avantages de notre naissance. Un temps viendra, où nous recueillerons le fruit de nos privations. Nous nous réjouirons alors ; mais ils pleureront, ceux qui tressaillent maintenant dans leurs plaisirs. Le temps présent nous est donné pour semer ; or ceux qui, en cette vie, sèment dans la joie, moissonneront dans l'autre le deuil et les gémissements, tandis que ceux qui aujourd'hui sèment des larmes passagères recueilleront dans l'avenir une allégresse sans fin.

 

" — Ainsi, répliqua Almachius, nous et nos invincibles princes, nous aurons pour partage un deuil éternel, tandis que vous, vous posséderez à jamais la vraie félicité ? — Et qui êtes-vous donc, vous et vos princes ? s'écria Valérien. Vous n'êtes que des hommes, nés au jour marqué, pour mourir quand l'heure est venue. Encore aurez-vous à rendre à Dieu un compte rigoureux de la souveraine puissance qu'il a placée entre vos mains."

 

L'interrogatoire avait dépassé le but que le juge s'était proposé. En voulant seconder les mauvaises dispositions de l'Etat contre les chrétiens, et produire un effet sur les membres de la haute société romaine qui appartenaient à la religion proscrite, il avait dépassé le but et amené une complication inattendue. Deux patriciens avaient comparu devant lui, et bientôt, par l'imprudence du magistrat, des paroles offensantes pour la dignité impériale étaient sorties de leur bouche. La profession du christianisme était flagrante dans les deux frères ; elle avait retenti jusque dans le sanctuaire des lois. Almachius songea à sortir de cette situation difficile, en faisant à Tiburce et à Valérien une proposition qui, s'ils l'acceptaient, allait tout aussitôt les mettre hors de cause. Il leur dit donc : "Assez de ces discours inutiles ; plus de ces longueurs qui font perdre le temps. Offrez des libations aux dieux, et vous vous retirerez sans avoir subi aucune peine."

 

Il ne s'agissait ni de brûler de l'encens aux idoles, ni de prendre part à un sacrifice ; une simple libation, à peine aperçue des assistants, dégageait les deux frères de toutes poursuites, et mettait à couvert la responsabilité du magistrat et l'honneur des lois de l'Empire. Valérien et Tiburce répondirent à la fois : "Tous les jours nous offrons nos sacrifices à Dieu, mais non pas aux dieux. — Quel est, demanda Almachius, le dieu auquel vous rendez ainsi vos hommages ?" Les deux frères répondirent : "Y en a-t-il donc un autre, que tu nous fais une pareille question à propos de Dieu ? En est-il donc plus d'un ? — Ce dieu unique dont vous parlez, répliqua Almachius, dites-moi du moins son nom. — Le nom de Dieu, dit Valérien, tu ne saurais le découvrir, quand bien même tu aurais des ailes, et si haut que tu pusses voler. — Ainsi, répondit le magistrat, Jupiter, ce n'est pas le nom d'un dieu ? — Tu te trompes, Almachius, dit Valérien ; Jupiter, c'est le nom d'un corrupteur, d'un libertin. Vos propres écrivains nous le donnent pour un homicide, un personnage rempli de tous les vices, et tu l'appelles un dieu ! Je m'étonne de cette hardiesse ; car le nom de Dieu ne saurait convenir qu'à l'être qui n'a rien de commun avec le péché, et qui possède toutes les vertus. — Ainsi, reprit Almachius, le monde entier est dans l'erreur ; ton frère et toi, vous êtes les seuls à connaître le véritable Dieu ?"

 

A ces paroles, une noble et sainte fierté s'émut au coeur de Valérien, et, proclamant les immenses progrès de la foi chrétienne, il osa répondre : "Ne te fais pas illusion, Almachius ; les chrétiens, ceux qui ont embrassé cette doctrine sainte, ne peuvent déjà plus se compter dans l'Empire. C'est vous qui formerez bientôt la minorité ; vous êtes ces planches disjointes qui flottent sur la mer après un naufrage, et qui n'ont plus d'autre destination que d'être jetées au feu."

 

Almachius, irrité de la généreuse audace de Valérien, commanda qu'il fût battu de verges ; il hésitait encore à prononcer contre lui la peine de mort que requéraient les lois de l'Empire. Les licteurs dépouillèrent aussitôt le jeune homme, et sa joie de souffrir pour le nom de Jésus-Christ éclata par ces courageuses paroles : "Voici donc arrivée l'heure que j'attendais avec tant d'ardeur ; voici le jour qui m'est plus agréable que toutes les fêtes du monde !" Pendant qu'on frappait cruellement l'époux de Cécile, la voix d'un héraut faisait retentir ces paroles : "Gardez-vous de blasphémer les dieux et les déesses !" En même temps, et à travers le bruit des coups de verges, on entendait la voix énergique de Valérien, qui s'adressait à la multitude : "Citoyens de Rome, s'écriait-il, que le spectacle de ces tourments ne vous empêche pas de confesser la vérité. Soyez fermes dans votre foi ; croyez au Seigneur qui seul est saint. Détruisez les dieux de bois et de pierre auxquels Almachius brûle son encens ; réduisez-les en poudre, et sachez que ceux qui les adorent seront punis par des supplices éternels."

 

Durant cette exécution, qui avait lieu en dehors du prétoire, les passions s'agitaient au dedans. Quelle serait la fin de cette cause, que l'inhabile magistrat avait menée avec tant d'imprudence ?

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 150 à 159)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 04:00

Aujourd'hui, c'est encore la  catholique Espagne qui fournit à l'Eglise un de ses fils pour être proposé à l'admiration du peuple chrétien. Vincent Ferrier, l’Ange du jugement, la trompette des vengeances divines, se montre à nous, et vient glacer de  terreur nos cœurs infidèles en faisant retentir l'arrivée prochaine du souverain Juge des vivants et des morts.

 

Saint Vincent Ferrier par Francesco del Cossa 

 

Autrefois il sillonna  l'Europe  entière dans ses courses évangéliques, et les peuples remués par son éloquence foudroyante se frappaient la poitrine, criaient miséricorde au Seigneur, et se convertissaient. De nos jours, la pensée de ces redoutables assises que Jésus-Christ viendra tenir sur les nuées du ciel n'émeut plus autant les chrétiens. On croit au jugement dernier, parce que c'est un article de la foi ; mais on tremble peu dans l'attente de ce jour formidable. On pèche durant de longues années ; on se convertit un jour par une grâce toute spéciale de la bonté  divine ; mais le grand nombre de ces néophytes continue à mener une vie molle, pense peu à l'enfer et à la réprobation, moins encore au terrible jugement par lequel Dieu doit en finir avec ce monde.

 

 Il n'en était pas ainsi dans les siècles chrétiens ; il n'en est pas non plus ainsi chez les âmes vraiment converties. L'amour en elles domine la crainte  ;  mais la  crainte du jugement de Dieu veille toujours au fond de leur pensée : c'est cette disposition qui les rend fermes dans le bien qu'elles ont recouvré. Assurément, ils se demandent peu quelle sera leur situation au jour où le signe du Fils de l'homme brillera dans les cieux, où Jésus, non plus Rédempteur, mais Juge, séparera les boucs des brebis, ces chrétiens qui ont tant à expier, et pour lesquels, chaque année, le Carême n'est qu'une occasion de témoigner leur lâcheté et leur indifférence.

 

A voir leur sécurité, on dirait qu'ils ont reçu l'assurance que ce moment terrible ne saurait receler pour eux ni une inquiétude, ni une déception. Ayons plus de prudence, gardons-nous des illusions de l'orgueil et de l'insouciance ; par une pénitence sincère, assurons-nous le droit d'envisager avec une humble confiance cette heure redoutable qui a fait trembler tous les saints. Quelle joie d'entendre cette parole sortir de la bouche du Juge incorruptible : "Venez, les bénis de mon Père ; possédez le royaume qui vous a été préparé dès l'origine du monde !" Vincent Ferrier s'arrache au repos de la cellule pour aller remuer des nations entières qui dormaient dans l'oubli du grand jour des justices ; nous n'avons pas, il est vrai, entendu sa parole ; mais n'avons-nous pas le saint Evangile ? N'avons-nous pas l'Eglise qui, dès l'entrée de la sainte carrière que nous parcourons, nous a fait lire les oracles formidables que Vincent Ferrier ne faisait que commenter devant les chrétiens de son temps ? Préparons-nous donc à paraître devant celui qui viendra demander compte des grâces qu'il nous prodigue, et qui sont le fruit de son sang ; en mettant à profit toutes les ressources de la sainte Quarantaine, nous pouvons nous préparer un jugement favorable.

 

 Que votre voix fut éloquente, ô Vincent, lorsqu'elle vint réveiller l'assoupissement des hommes, et leur fit éprouver les terreurs du grand jugement ! Nos pères entendirent cette voix, et ils revinrent à Dieu, et Dieu leur pardonna. Nous aussi nous nous étions endormis, lorsque l'Eglise, à l'ouverture de cette sainte carrière, troubla notre sommeil en marquant de la cendre nos fronts coupables, et en nous rappelant l'irrévocable sentence de mort que Dieu a prononcée sur nous. Nous mourrons, et dans peu d'années ; nous mourrons, et un jugement particulier décidera de notre sort pour l'éternité. Puis, au moment marqué dans les décrets divins, nous ressusciterons, et ce sera pour assister au plus solennel et au plus formidable des jugements. En face du genre humain tout entier, nos consciences seront mises à nu ; nos bonnes et nos mauvaises œuvres seront pesées publiquement ; après quoi viendra la nouvelle  promulgation de la sentence que nous aurons méritée.

 

Pécheurs que nous sommes, comment soutiendrons-nous les regards du Rédempteur qui ne sera plus en ce moment qu'un Juge incorruptible ? Comment même supporterons-nous la vue de nos semblables, dont l'œil plongera dans toutes les iniquités de notre vie ? Mais surtout, des deux sentences que les hommes entendront prononcer sur eux, à laquelle aurons-nous droit ? Si le juge la proférait à l'heure où nous sommes, est-ce parmi les bénis de son Père, ou parmi les maudits ; est-ce à la droite, ou à la gauche, qu'il nous rangerait ? Nos pères étaient saisis de crainte, lorsque vous leur adressiez ces questions, ô Vincent ! Ils firent une sincère pénitence de leurs péchés, et après avoir reçu le pardon du Seigneur, leurs craintes s'apaisèrent et firent place à l'espoir et à la confiance.

 

Ange du jugement de Dieu, priez, afin que nous aussi nous soyons remués par une crainte salutaire. Dans peu de jours, nos yeux verront le Rédempteur monter au Calvaire, courbé sous le poids de la croix, et nous l'entendrons dire aux filles de Jérusalem : "Ne pleurez pas sur moi, mais sur vos enfants : car si l'on traite ainsi le bois vert, comment sera traité le bois sec ?"

 

Aidez-nous, ô Vincent, à profiter de cet avertissement. Nos péchés nous avaient réduits à la condition de ce bois mort qui n'est plus bon que pour le feu des vengeances divines ; par votre intercession, rattachez au tronc ces rameaux détachés, afin qu'ils reprennent vie, et que la sève circule de nouveau en eux. Ami des âmes, nous remettons entre vos mains l'œuvre de notre entière réconciliation avec Dieu.

 

Priez aussi,  ô Vincent, pour l'Espagne qui vous donna le jour et au sein de laquelle vous avez puisé la foi, la profession religieuse et le sacerdoce ; mais souvenez-vous de la France, votre seconde patrie, que vous avez évangélisée avec tant de fatigues et de succès ; souvenez-vous de la catholique Bretagne qui garde si religieusement votre dépouille sacrée.

 

Vous fûtes notre Apôtre dans des temps malheureux : les jours que nous traversons semblent plus orageux encore ; daignez, du haut du ciel, vous montrer toujours notre fidèle protecteur.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

San Vicente Ferrer par Juan de Juanes

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 19:00

Valérien rendait grâces à Dieu de l'avoir uni à une épouse dont toute la vie était pour lui comme un éclatant flambeau qui lui révélait toutes les vertus, et Cécile, témoin des saintes oeuvres de son époux, bénissait le ciel d'avoir créé pour eux deux ce lien chaste et sacré qui les établissait dès ce monde dans les conditions de la vie céleste.

 

 Au début de l'année 178, le charme d'une telle union ne s'offrait pas aux deux époux avec le calme qui, dans d'autres siècles, a entouré l'existence de leurs imitateurs.

 

Nous avons vu, dès l'année précédente, les dispositions du Palatin à l'égard des chrétiens de Lyon. Les Actes de saint  Symphorien  d'Autun,   qui  sont  comptés parmi les sincères, contiennent un rescrit impérial de la même époque, qui traduit parfaitement les dispositions et le caractère du chef de l'Empire à l'égard de l'Eglise. "Nous avons reconnu, y est-il dit, que les préceptes légaux sont violés de notre temps par les chrétiens. Punissez-les de supplices divers, quand ils ont été arrêtés, à moins qu'ils ne sacrifient à nos dieux, afin que la sévérité vienne à l'appui de la justice, et que cette rigueur qui consiste à couper court au crime arrive promptement à son terme". Cette recrudescence de la persécution qui paraissait se montrer avec un certain regret hypocrite, avait pour ministre, ainsi que nous l'avons dit plusieurs fois, l'irritation populaire qui fournissait au besoin un prétexte à la violation des engagements quelconques, pris à l'occasion du miracle de la légion Fulminante. On fut sourd aux réclamations d'Athénagore et, jusque dans Rome, les sévices recommencèrent avec parti pris. Marc-Aurèle tenait à terminer sa carrière comme il l'avait commencée, et naturellement il ne devait pas rencontrer d'obstacles chez son jeune fils Commode.

 

 La liste des préfets de Rome présente malheureusement beaucoup de lacunes au temps où nous sommes arrivés. Les Actes de sainte Cécile nous donnent un Turcius Almachius, qui aurait géré cette haute magistrature à l'époque du martyre de l'illustre Romaine. Comme la plupart des monuments de cette nature, ces Actes qui s'encadrent si parfaitement dans l'histoire et sont confirmés jusque dans les détails les plus minutieux par les faits archéologiques, reçurent, de la part de leur compilateur, quelques légères interpolations qu'il est aussi aisé de corriger que de reconnaître. Dom Ruinart, dans ses Acta sincera, en a relevé grand nombre du même genre, qui ne diminuent point la valeur et l'autorité des documents qu'un copiste malhabile a cru quelquefois perfectionner, en ajoutant de son fonds certaines particularités, soit sur la chronologie, soit sur les offices dont furent revêtus les personnages qu'il met en scène d'après les monuments certains et originaux.

 

Constatons d'abord que Turcius Almachius n'a pu être préfet de Rome. Le savant Borghesi a prouvé que cette charge, l'une des plus importantes du régime impérial, n'était jamais conférée qu'à des personnages de la plus haute distinction, et honorés, au moins une fois déjà, de la dignité consulaire. Dion Cassius (lib. LXXVIII, 14) rapporte qu'une des mesures qui révoltèrent le plus la noblesse romaine contre le gouvernement éphémère de Macrin (217), fut qu'il avait confié la préfecture urbaine à un personnage qui n'avait pas encore été consul, comme s'il eût voulu, dit l'historien, "souiller ainsi le sénat". Personne n'ignore que le nom de Turcius Almachius est complètement absent des fastes consulaires durant les trois premiers siècles. Le Turcius des Actes de sainte Cécile n'a donc pu être qu'un magistrat inférieur, préteur peut-être, ou mieux encore délégué du préfet de Rome aux causes religieuses. Il est même possible que cette délégation soit venue à Turcius du propre mouvement de Marc-Aurèle qui, au rapport de Capitolinus (in M. Anton., X), confiait volontiers la décision  de  certaines  affaires  à  d'anciens  préteurs. Le même historien nous apprend que ces favoris du prince ne se recommandaient pas toujours par l'illustration de leur origine. Ainsi un certain Vetrasinus, ancien gladiateur, se voyant éconduit de la préture sous le prétexte que l'opinion publique était à ménager,   osa  répondre, sans être démenti par Marc-Aurèle, qu'il retrouvait parmi les préteurs bon nombre de ses anciens camarades de l'arène. A l'appui de ce que nous disons,  certains traits  de  l'interrogatoire de Cécile témoignent dans le juge d'une vulgarité qui ne se fût pas rencontrée chez un préfet de Rome,  et dans les réponses de Cécile elle-même un accent qui dénote en celle qui parle le sentiment de la supériorité du rang.

 

Le nomen Turcius se trouve encore assez aisément au quatrième siècle, et une fois même vers la fin du troisième ; mais on s'accorde assez généralement à regarder le cognomen Almachius comme étranger par sa conformation même au génie de la langue latine.  Sirmond et Mazochi en ont été frappés. M. de Rossi produit l'inscription d'un certain Amachius dont peut-être le nom altéré aurait produit celui qu'on lit dans les Actes. Nous devons signaler ici, sur l'un des monuments de la tribu Succusana, le nom d'un L. Lartius Aoemachus. Ce nom traduit du grec  ('Αεί μάχη', qui combat sans relâche), forme une appellation qui, passée au moule romain, n'a du moins rien d'étrange. Amachius (qui ne combat pas) est peut-être une corruption en même temps qu'un contresens d'Aoemachus. Quoi qu'il en soit, on ne peut nier que ce cognomen, devenu avec le temps Almachius, ne sente un peu le gladiateur. Dans notre récit nous maintiendrons, ces réserves faites, l'appellation vulgaire.

 

 Ce personnage fut donc choisi, vers l'année 178, pour présider aux violences qui s'exercèrent contre les chrétiens dans Rome, et donnèrent lieu aux réclamation d'Athénagore. Ces violences sont exprimées d'une façon très énergique dans les Actes de sainte Cécile. Elles avaient de préférence pour objet des chrétiens d'une condition inférieure. M. de Rossi établit qu'une hécatombe entre autres eut lieu sur la voie Appienne. C'était non loin des cryptes de Prétextat, de celles de Lucine et du cimetière que l'on creusait à ce moment même aux frais des Caecilii chrétiens, dans la région fameuse en martyrs sur laquelle Urbain exerçait sa sollicitude. Après chaque exécution, venait pour les chrétiens le soin de la sépulture des victimes de la foi. Almachius, disent les Actes, non content de déchirer par toutes sortes de tortures les membres des chrétiens, voulait que leurs corps demeurassent sans sépulture.

 

Valérien et Tiburce, animés par Cécile, se dévouèrent à recueillir les saintes dépouilles des soldats du Christ, et à les entourer d'honneurs. Souvent il leur fallait racheter à prix d'or ces corps immolés par la fureur païenne, et rien n'était épargné pour rendre la sépulture complète. On réunissait avec amour les membres séparés par le glaive, on recherchait jusqu'aux instruments du supplice, afin de conserver à la postérité chrétienne le témoignage complet de la victoire. Le sang de ces glorieuses victimes était gardé avec un soin particulier. On le recueillait avec des éponges, que l'on pressait ensuite sur des fioles ou des ampoules. Aucun péril n'arrêtait la sollicitude fraternelle des deux jeunes patriciens envers ces morts vénérés, pauvres, la plupart, selon la chair, mais déjà rois dans les palais du ciel. Jaloux de témoigner leur respect envers de si glorieuses dépouilles, ils n'épargnaient pas même les parfums les plus précieux, en même temps qu'ils subvenaient par d'abondantes aumônes, et par toutes les oeuvres de la miséricorde, aux familles chrétiennes que la perte de leurs chefs ou de leurs principaux membres avait laissées dépourvues des ressources nécessaires à la vie.

 

 Les corps des nombreuses victimes de la cruauté d'Almachius furent recueillis furtivement dans les divers cimetières déjà ouverts sur la plupart des voies qui sortaient de la ville ; mais il paraît certain que celui qui se construisait à ce moment par les soins des Caecilii, sur la voie Appienne, en reçut un certain nombre dans ses galeries à peine ébauchées. Le feu ayant été le supplice d'une partie de ces chrétiens, leur sépulture devait exiger moins de place. Tous les anciens Martyrologes ont conservé la mémoire de plusieurs centaines de martyrs qui auraient ainsi reposé dans ces cryptes nouvelles, qui sont appelées ad sanctam Caeciliam. Avec quel tendre respect Cécile accueillait les restes inanimés de ces valeureux athlètes, avec quelle ardeur elle enviait le sort de ceux qui avaient déjà rendu au Christ le témoignage du sang, avec quelle sainte fierté elle contemplait le courage de son époux et de son frère, initiés seulement depuis quelques jours à la foi chrétienne, et déjà si dévoués aux oeuvres laborieuses qu'elle imposait alors aux plus généreux de ses disciples !

 

Valérien et Tiburce ne tardèrent pas à être dénoncés à Almachius, et pour leurs largesses envers des personnes viles, et pour l'infraction qu'ils osaient faire à la défense d'inhumer les corps des martyrs. Ils furent donc accusés l'un et l'autre, et conduits devant le tribunal.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 144 à 149)

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 04:00

Arrêtons-nous brièvement sur le récit de l'aveugle de naissance (Jn 9, 1-41).

 

Selon la mentalité commune de l'époque, les disciples partent du principe que sa cécité est la conséquence d'un péché commis par lui ou par ses parents. Jésus écarte en revanche ce préjugé et affirme : "Ni lui, ni ses parents. Mais l'action de Dieu devait se manifester en lui" (Jn 9, 3).

 

Quel réconfort nous offrent ces paroles ! Elles nous font entendre la voix vivante de Dieu, qui est Amour prévoyant et sage ! Face à l'homme limité et marqué par la souffrance, Jésus ne pense pas à d'éventuelles fautes, mais à la volonté de Dieu qui a créé l'homme pour la vie.

 

Et pour cette raison, il déclare de manière solennelle : " Il nous faut réaliser l'action de  celui  qui  m'a  envoyé... Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde" (Jn 9, 4-5). Et il passe immédiatement à l'action : avec un peu de terre et de salive il fait de la boue et l'étale sur les yeux de l'aveugle. Ce geste est une allusion à la création de l'homme, que la Bible raconte avec le symbole de la terre façonnée et animée par le souffle de Dieu (cf. Jn 2, 7). "Adam" en effet, signifie "sol", et le corps humain est effectivement composé d'éléments de la terre.

 

En guérissant l'homme, Jésus réalise une nouvelle création. Mais cette guérison suscite une discussion animée parce que Jésus la réalise un  samedi, transgressant, selon les pharisiens : le précepte festif. Ainsi, à la fin du récit, Jésus et l'aveugle se retrouvent tous deux "expulsés" par les pharisiens ; l'un parce qu'il a transgressé la loi et l'autre parce que, malgré sa guérison, il reste marqué comme pécheur depuis sa naissance.

 

 Jésus révèle à l'aveugle guéri qu'il est venu dans le monde pour accomplir un jugement, pour séparer les aveugles que l'on peut guérir de ceux qui ne se laissent pas guérir, car ils sont persuadés d'être sains.

 

L'homme possède effectivement la forte tentation de se construire un système de sécurité idéologique : la religion elle-même peut devenir un élément de ce système, tout comme l'athéisme ou le laïcisme, mais de cette manière on reste aveuglé par son égoïsme.

 

Laissons-nous guérir par Jésus, qui peut et veut nous donner la lumière de Dieu ! Confessons nos cécités, nos myopies, et surtout, ce que la Bible appelle le "grand péché" (cf. Ps 18, 14) : l'orgueil.

 

Benoît XVI

Angelus - 2 mars 2008

 

Christ guérissant l'aveugle par Le Greco

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 19:00
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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 11:30

Le dimanche de l’aveugle-né nous présente le Christ comme la lumière du monde.

 

L’Evangile interpelle chacun de nous : " Crois-tu au Fils de l’homme ? "

" Oui, je crois Seigneur ! " (Jn 9, 35-38), répond joyeusement l’aveugle-né qui parle au nom de tout croyant.

 

Le miracle de cette guérison est le signe que le Christ, en rendant la vue, veut ouvrir également notre regard intérieur afin que notre foi soit de plus en plus profonde et que nous puissions reconnaître en lui notre unique Sauveur.

 

Le Christ illumine toutes les ténèbres de la vie et donne à l’homme de vivre en "enfant de lumière".

  

Benoît XVI

extrait du Message pour le Carême 2011

 

Eustache Le Sueur

Christ guérissant l'aveugle par Eustache Le Sueur

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