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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


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SALVE REGINA

19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 05:00

L’Église de Jérusalem décrite dans les Actes des Apôtres est le modèle de l’unité que nous recherchons actuellement.

 

Comme telle, elle nous rappelle que la prière pour l’unité des chrétiens ne peut viser l’uniformité, car l’unité s’est caractérisée dès le début par une grande diversité.

 

L’Église de Jérusalem est le modèle ou l’icône de l’unité dans la diversité.

 

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens > 2e jour

 

Mont des Oliviers

L'église de Toutes les Nations et l'église de Sainte Marie-Madeleine au pied du Mont des oliviers à Jérusalem, au lieu-dit Gethsémani

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 20:00

Un incident inattendu vint mettre fin à cette affreuse tourmente qui désola l'Eglise, et, s'étendant hors de Rome, produisit des martyrs en diverses contrées.

 

Domitien fit amener d'Orient et comparaître devant lui deux juifs de la famille de David, qui étaient petit-fils de l'apôtre saint Jude, parent du Seigneur. La politique de César avait pris quelque ombrage au sujet des descendants d'une race royale qui représentaient par le sang, non seulement la nation que Rome venait d'écraser, mais le Christ lui même que ses disciples exaltaient comme le suprême roi du monde. Domitien fut à même de constater que ces deux humbles juifs ne pouvaient être un péril pour l'Empire, et que s'ils regardaient le Christ comme le dépositaire du pouvoir souverain, il s'agissait d'un pouvoir qui ne devait s'exercer visiblement qu'à la fin des siècles.

 

 Le langage simple et courageux de ces deux hommes fit impression sur Domitien, et, au rapport de l'historien Hégésippe, auquel Eusèbe a emprunté les faits que nous venons de raconter, il donna des ordres pour suspendre la persécution.  Mais si l'Eglise allait désormais  respirer quelques instants, la mesure des crimes de Domitien était comblée. "Cette bête féroce qui semblait, comme dit  Pline le  Jeune, mettre ses délices à lécher le sang de ses proches" (Paneg., LXVIII),  trouva  l'occasion  de  sa  perte  dans  le meurtre de Flavius Clemens. C'est la remarque de Suétone lui-même, et Philostrate, dans la Vie d'Apollonius, signale la mort violente de Domitien, comme un effet de la colère du ciel, irrité du crime qu'il avait commis à l'égard du vertueux consul. L'accord de ces deux païens atteste l'estime dont avait joui Flavius Clemens, et fait contrepoids aux termes méprisants que Suétone s'est permis. Le martyr était le second membre de la famille de Domitien immolé par le tyran, qui, s'il n'avait pas versé le sang des deux Domitille, les avait précipitées du faîte des grandeurs dans les angoisses d'un honteux et cruel exil. Ce fut par ce côté que la vengeance divine fondit sur lui.

 

Une conjuration de palais, amenée par la découverte subite d'un projet sanguinaire de Domitien contre l'impératrice elle-même, contre les deux préfets du prétoire, et plusieurs hauts personnages de la cour, éclata le 18 septembre de l'année 96. Au nombre des conjurés se trouvait un affranchi de Flavia Domitilla, nommé Stéphane. Il était intendant des biens de la veuve du consul, et ressentait d'autant plus vivement l'indigne traitement fait à sa maîtresse. Ce fut lui qui introduisit les autres  conjurés,  et qui porta le premier des sept coups de poignard par lesquels  Rome  et l'Empire  furent délivrés  du monstre, qui trop longtemps avait  offert  au monde l'ignoble copie des crimes, des débauches et des impiétés de Néron.

 

 La même année 96 vit se clore le pontificat d'Anaclet. Il fut enseveli près de saint Pierre dans la crypte Vaticane, et eut pour successeur Evariste. Le nouveau pontife était un juif hellène, né à Antioche. Son père, nommé Judas, était sorti de Bethléem. Le clergé de Rome comptait dans ses rangs un certain nombre d'Orientaux, et souvent, comme nous le verrons, le pontife était pris parmi eux. Il résulte aussi de l'ensemble des monuments que, jusque dans le troisième siècle, la langue de l'église romaine était la langue grecque.

 

 En même temps que le pontificat chrétien, l'Empire se renouvelait en cette année 96. Evariste succédait à Anaclet, et l'honnête Nerva s'asseyait pour deux ans sur le trône impérial rendu vacant par le meurtre de Domitien. Son premier soin fut de révoquer, avec le concours du sénat, les sentences d'exil et de proscription qui avaient été décrétées sous le régime précédent. Nous apprenons de saint Jérôme que cette mesure fut appliquée en particulier à saint Jean, qui put enfin quitter Patmos et revoir Ephèse, où il écrivit son Evangile, et termina bientôt sa sainte et laborieuse carrière.

 

 Durant les années de son séjour dans l'île de Patmos, Dieu lui avait manifesté les mystères de l'avenir. Jean avait vu le sort futur de cette Rome qui se résignait à vivre sous le sceptre d'un Néron et d'un Domitien, et gardait toutes ses indignations pour les amis de Dieu. Elle s'appelait elle-même la ville éternelle, mais ses jours étaient comptés. A elle de tenir encore unies sous un même joug les nations de la terre, afin de faciliter la prédication de l'Evangile ; à elle de diriger contre les saints, durant deux siècles encore, tous les efforts de sa cruauté ; à elle de fournir ainsi l'éternel, argument de l'établissement surnaturel du christianisme : mais elle est jugée et condamnée sans retour. Rome doit périr, les Antonins ne la sauveront pas, et les empereurs chrétiens eux-mêmes ne réussiront pas à lui enlever le caractère de la bête. L'arrêt qui l'a vouée à la destruction est sans appel. Déjà le flot des Barbares s'avance,  il monte et rien ne l'arrêtera, jusqu'à ce qu'il ait submergé Rome païenne ; mais, dans ce déluge, les basiliques des martyrs surnageront, et la nouvelle Rome, la Jérusalem nouvelle, à la construction de laquelle nous assistons,  apparaîtra pour durer jusqu'à ce que vienne le Seigneur.

 

Ecoutons le martyr de la porte Latine :

" Et il vint un des sept anges qui me parla et me dit : Viens, je te montrerai la condamnation de la grande prostituée qui est assise sur les grandes eaux. Et je vis une femme assise sur une bête de couleur écarlate, pleine de noms de blasphème, qui avait sept têtes et dix cornes, et cette femme était couverte de pourpre, et elle tenait à la main un vase d'or plein d'abomination et de l'impureté de sa fornication. Et, sur son front, ce nom était écrit  : Mystère  :  la grande Babylone, la mère des fornications et des abominations de la terre.  Et je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus. Et l'ange me dit : Les sept têtes sont les sept collines sur lesquelles est assise la femme.  Les dix cornes sont dix rois, à qui le royaume n'a pas encore été donné. Ils combattront contre l'Agneau, et l'Agneau les vaincra. Ce sont eux qui réduiront la prostituée à la désolation, qui la dénuderont, dévoreront ses chairs et la feront brûler au feu. Les eaux sur lesquelles la prostituée est assise, ce sont les peuples, les nations et les langues. Et la femme que tu as vue, c'est la grande ville qui règne sur les rois de la terre. Ciel, fais éclater ta joie sur elle, et vous aussi, saints apôtres et prophètes; car Dieu a jugé votre cause contre elle.

" Et alors un ange plein de force leva en haut une pierre, comme une grande meule, et la jeta dans la mer en disant : C'est avec cette rapidité qu'elle sera précipitée, Babylone, cette grande ville, et on ne la trouvera plus. Et on a trouvé dans cette ville le sang des prophètes et des saints, et de tous ceux qui ont été mis à mort sur la terre. Et j'entendis ensuite comme la voix d'une nombreuse troupe qui était dans le ciel et qui disait : Alléluia ! Salut et gloire et puissance à notre Dieu ; parce que ses jugements sont véritables et justes ; parce qu'il a porté son jugement sur la grande prostituée qui a corrompu la terre par sa prostitution, et parce qu'il a vengé le sang de ses serviteurs, qu'elle a répandu de ses mains. Et ils dirent une seconde fois : Alléluia ! Et la fumée de son embrasement monte dans les siècles des siècles."

(Apoc. XVII, XVIII, XIX.)

 

Rome et l'Empire romain ne pouvaient donc plus être sauvés, et l'on ne peut qu'être étonné de la naïve simplicité avec laquelle certains historiens croyants, écrivant l'histoire de l'Empire, passent tour à tour de la crainte à l'espérance à mesure que se déroule la succession des Césars. Si le colosse de Rome s'est écroulé, c'est, selon eux, par la faute de celui-ci, par la négligence de celui-là ; si l'on s'y fût pris de telle manière, tout était sauvé. Nous chrétiens, nous savons et nous croyons fermement que Rome était condamnée à mort par arrêt divin, pour avoir sanctionné toutes les idolâtries, depuis le grossier fétichisme jusqu'à l'adoration  non moins  grossière de César, pour avoir bu le sang des martyrs, et l'avoir fait répandre par torrents dans le monde entier.

 

On a dû remarquer que la révélation de saint Jean confirme l'appellation de Babylone que saint Pierre avait attribuée à Rome dans sa première Epître. Ce terme prophétique avait une application trop évidente quand il s'agissait d'une ville que le prince de ce monde avait choisie pour le siège de sa puissance, et d'où il se faisait adorer des peuples. C'était pourtant dans ce centre de l'infidélité que Pierre avait déposé le germe de la foi chrétienne, et, depuis la deuxième année du règne de Claude, ce germe s'était déjà développé en un grand arbre. Nous en trouvons une preuve matérielle dans ce que le Liber pontificalis nous rapporte au sujet d'Evariste, lorsqu'il dit que ce pape divisa entre les vingt-cinq prêtres les titres de la ville. Saint Pierre, ainsi que nous l'avons dit, avait désiré voir s'élever à ce nombre les sanctuaires chrétiens de Rome. Cletus avait consacré les prêtres destinés à les desservir, et Evariste se trouvait en mesure de les installer chacun dans une de ces églises domestiques, que la piété des chrétiens avait successivement assignées à la célébration du culte divin.

 

Ceci nous ramène tout naturellement à la vallée du Viminal, berceau du christianisme dans Rome.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 238 à 244) 

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 12:00

C’est de Jérusalem, l’Église mère, que l’appel à l’unité parvient cette année aux Églises du monde entier.

 

Conscientes de leurs propres divisions et de la nécessité de faire davantage elles-mêmes pour l’unité du Corps du Christ, les Églises à Jérusalem appellent tous les chrétiens à redécouvrir les valeurs qui constituaient l’unité de la première communauté chrétienne de Jérusalem, lorsqu’elle était assidue à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.

 

Voilà le défi qui nous est lancé. Les chrétiens à Jérusalem appellent leurs frères et sœurs à faire de cette semaine de prière l’occasion de renouveler leur engagement à travailler pour un véritable œcuménisme, enraciné dans l’expérience de l’Église primitive.

 

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

 

Mont des Oliviers

L'église de Toutes les Nations et l'église de Sainte Marie-Madeleine au pied du Mont des oliviers à Jérusalem, au lieu-dit Gethsémani

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 05:00

" Nous sommes heureux !" a déclaré Benoît XVI, avec une grande simplicité à l'issue de la prière de l'Angélus, en présence de plusieurs milliers de pèlerins rassemblés Place Saint-Pierre, après avoir rappelé qu'il présiderait la béatification de Jean-Paul II le 1er mai prochain.

 

" Chers frères et soeurs, comme vous le savez, le 1er mai prochain j'aurai la joie de proclamer bienheureux le vénérable pape Jean-Paul II, mon bien-aimé prédécesseur", a-t-il dit.

 

" La date choisie est très significative : ce sera en effet le deuxième dimanche de Pâques, qu'il a lui-même dédié à la Divine Miséricorde, et c'est lors de la vigile du Dimanche de la Miséricorde qu'a pris fin sa vie terrestre", a-t-il ajouté.

 

" Ceux qui l'ont connu, ceux qui l'ont estimé et aimé ne pourront pas ne pas se réjouir avec l'Eglise pour cet événement. Nous sommes heureux !" a conclu Benoît XVI.

 

ROME, Dimanche 16 janvier 2011 (ZENIT.org)

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 20:00

Nous aurons recours souvent aux précieux et primitifs sujets dont le magnifique cimetière connu sous le nom de Domitille est rempli, et dont le goût classique reporte les connaisseurs aux premières années du deuxième siècle. 

 

 De la catacombe de la voie Ardéatine il nous faut passer maintenant à celle du Vatican, où nous avons vu ensevelir auprès du prince des apôtres deux de ses successeurs, Linus et Cletus. Anaclet jugea qu'un si auguste sanctuaire, où tous  les  fidèles  vénéraient  le fondement de l'Eglise, demandait d'être orné avec une dignité qui témoignât de son importance. Il attacha son nom à cette décoration, et la chronique papale ne donne pas  sur  ses  gestes  d'autres détails. Rome chrétienne s'affirmait ainsi dans les entrailles de la terre, au moment où la tempête s'apprêtait à fondre sur elle.

 

 La folie sacrilège de Caligula, qui, de son vivant, s'était fait décerner les honneurs divins, s'empara de Domitien dès les premières années de son règne (année 85), et l'affermit encore dans sa carrière de crimes et d'extravagances. La complaisance des Romains de l'Empire ne fit pas défaut  à  cette  entreprise  du  césarisme. Cette même année, Aurelius Fulvus, qui, par intérêt de famille, ne devait pas être bienveillant envers la religion de la vierge Flavia Domitilla, arrivait aux honneurs du consulat. Au reste, le paganisme,  en ces mêmes années, était à portée de faire la comparaison entre la licence de ses propres vestales et la dignité des vierges chrétiennes,  dont le  nombre s'accroissait à Rome de jour en jour. Sur les six prêtresses de Vesta, trois venaient d'être convaincues d'infidélité à leur engagement. C'était une Varronilla et deux Occellatae  : on crut devoir se  relâcher à leur égard de l'atroce sévérité de la loi romaine, et on leur laissa le choix du supplice. Mais, six ans après, une autre vestale, qui portait le beau nom de Cornelia, s'étant laissé corrompre,  la pénalité lui fut appliquée dans toute sa rigueur, et elle fut enterrée vive. Le paganisme vermoulu était heureux d'avoir pour se soutenir encore l'intérêt politique et l'attrait du peuple pour la superstition, deux forces redoutables dont Dieu seul pouvait triompher.

 

 L'hostilité de Domitien à l'égard des chrétiens sembla se préparer,  lorsque l'on vit,  en l'année 89, Aurelius Fulvus appelé pour la seconde fois aux honneurs du consulat.  Agricola était en disgrâce, et l'empereur ne sentait plus aucun frein  capable de ralentir ses desseins pervers. Néanmoins,  l'un des consuls de l'année 91  se trouva être un chrétien,  Àcilius Glabrio ; mais peut-être Domitien ignorait-il encore à ce moment que ce patricien  appartînt à la religion nouvelle. Les réunions des chrétiens étaient environnées d'un certain mystère,  et plus d'une fois, dans la famille même, on parvenait à dissimuler assez longtemps le lien secret qui rattachait au culte proscrit.

 

 On verra plus loin la preuve du christianisme d'Acilius Glabrio. Sa famille était consulaire, et ses ancêtres avaient été honorés des faisceaux dans les années 563 et 600. Celui dont nous parlons n'avait pas encore achevé son année qu'il put voir déjà, par un caprice du tyran, que sa vie même n'était pas en sûreté. Durant la célébration des jeux appelés Juvenilia, Domitien lui donna l'ordre de combattre contre un énorme lion qu'on venait de lâcher. Acilius obéit, et à force d'adresse il parvint à tuer l'animal ; ce coup heureux déconcerta l'empereur, qui retrouva plus tard l'occasion de sacrifier celui dont le courage avait déjoué sa sinistre intention.

 

 A l'exemple de Vespasien, son père, Domitien se prit de colère contre les philosophes dont l'esprit indépendant lui causait de l'ombrage ; mais les influences dont il était entouré lui persuadèrent bientôt qu'en poursuivant les chrétiens il se montrerait encore un plus digne imitateur de Néron, pour lequel il ne dissimulait pas son goût. L'année 94 vit donc commencer une persécution qui, pour avoir été de courte durée, n'en fut pas moins sanglante non seulement à Rome, mais dans l'Empire. La police impériale vint mettre la main jusque sur un vieillard qui achevait tranquillement sa noble vie dans l'Asie Mineure, mais dont l'autorité pleine de douceur et le zèle ardent étaient signalés par les proconsuls comme la cause principale de la persistance et des progrès du christianisme dans cette florissante province. Ce vieillard bientôt centenaire était Jean, le dernier survivant des  apôtres de Jésus. En amenant ainsi jusque dans Rome un tel personnage, Domitien ignorait quel surcroît de gloire il procurait à cette église fondée par Pierre, évangélisée par Paul, et sanctifiée désormais par la présence du disciple que Jésus aimait. Quelle dut être la joie d'Anaclet et du peuple fidèle qui l'entourait, on en peut juger par l'enthousiasme qu'inspirait encore à Tertullien, plus d'un siècle après, le concours de ces trois apôtres apportant chacun à l'Eglise mère le tribut de son autorité et de sa renommée, et la rendant auguste et sacrée entre toutes. "Heureuse Eglise, s'écrie-t-il, dans le sein de laquelle les apôtres ont versé toute leur doctrine avec leur sang ; où Pierre a imité la Passion du Seigneur par la croix, où Paul a reçu comme Jean-Baptiste la couronne par le glaive, d'où Jean l'apôtre, sorti sain et sauf de l'huile bouillante, a été relégué dans une île !" (De Praescript., cap. XXXVI.)

 

 Le Sauveur avait annoncé aux deux fils de Zébédée qu'ils auraient part à son calice. Jacques, l'aîné des deux, avait de bonne heure consacré Jérusalem par les prémices du sang apostolique ; c'était à Rome que Jean devait offrir sa vie pour l'honneur de son Maître. Alors s'accomplit le mystérieux oracle dans lequel Jésus avait prédit que Pierre le suivrait, ayant les mains étendues sur la croix, sans vouloir expliquer si Jean mourrait ou ne mourrait pas. Par ordre du magistrat romain, le vieillard est conduit près de la porte Latine. Là on a préparé une chaudière d'huile brûlante ; un ardent brasier fait bouillonner dans le vase immense la liqueur homicide. Les inspirations de Tigellinus dans les jardins de Néron semblent dépassées par les inventions des ministres de Domitien, et il est à croire que l'apôtre ne fut pas le seul des chrétiens soumis à cet ignoble et cruel supplice. Après la flagellation qui précédait toujours l'exécution des condamnés, les bourreaux saisissent le vieillard, ils le plongent avec barbarie dans la chaudière mortelle ; ô prodige ! l'huile brûlante a perdu tout à coup ses ardeurs ; aucune souffrance ne se fait sentir aux membres épuisés de l'apôtre, et lorsqu'on l'enlève enfin à ce supplice impuissant, il a recouvré la vigueur que les années lui avaient enlevée. Le prétoire est vaincu, et l'oracle du Christ est accompli. Comme Pierre, Jean a été soumis à l'épreuve ; martyr de désir, il a accepté la mort ; mais désormais la mort a fui devant lui. Il attendra que le Christ vienne et l'appelle.

 

L'impression d'une telle scène dut être profonde dans la chrétienté de Rome. A la paix de l'Eglise, une basilique s'éleva sous le titre de Saint-Jean devant la Porte Latine, près du lieu où la merveille s'était accomplie, et conserva aux âges futurs un si grand souvenir. Quant à l'apôtre, qui était venu apporter à l'église romaine une nouvelle illustration, la superstition païenne attribua sa préservation à quelque procédé magique, et refusa de lutter plus longtemps avec lui. Une sentence impériale exila Jean dans l'île sauvage de Patmos.

 

Un caprice de Domitien, en l'année 95,  appela tout à coup Flavius Clemens aux honneurs du consulat. Ce digne époux de Flavia Domitilla était un des membres les plus honorables de l'église de Rome. La profession qu'il faisait du christianisme ne pouvait être ignorée de Domitien  qui,  bien  qu'il eût mis à mort Sabinus, frère de Clemens, avait adopté les deux fils de celui-ci. Il avait voulu que l'un fût appelé Vespasien et l'autre Domitien, et le célèbre Quintilien avait été chargé de leur enseigner les belles-lettres. La chute de Domitien entraîna celle des Flavii, qui n'avaient pas duré assez pour lui survivre : autrement, ce prince venant à disparaître sans descendance personnelle, on eût pu voir l'Empire,  dès la fin du premier siècle, passer aux mains d'un chrétien. Les deux jeunes princes issus d'un père et d'une mère fortement attachés à la foi chrétienne, entourés d'autres membres de la famille  non moins zélés pour le culte nouveau, auraient, selon toute probabilité, persévéré dans les principes de leur éducation première. Il en fut résulté pour l'Eglise un avantage prématuré qui n'entrait pas dans les intentions de la divine Providence. La lutte désarmée, mais victorieuse, contre le paganisme, devait durer encore plus de deux siècles, et le père du jeune Vespasien et du jeune Domitien avait à peine expié son christianisme sous la hache du licteur, que la dynastie des Flavii disparaissait dans la tempête avec le tyran.

 

Clemens et Domitille avaient pu, dans la vie privée, professer sans éclat la religion proscrite ; mais le père et la mère des deux jeunes héritiers de l'Empire ne pouvaient plus désormais dérober aux regards ces nuances de conduite qui trahissaient le christianisme dans ses adhérents. Comment un consul, membre de la famille impériale, proche parent d'un César qui se faisait élever des temples et des autels, eût-il pu dissimuler longtemps son éloignement pour le paganisme, et paraître associé aux crimes de tout genre que commettait son impérial cousin ? N'y avait-il pas d'ailleurs des yeux ouverts sur les Flavii chrétiens, des inimitiés sourdes qui n'attendaient que le moment pour éclater ? Dans une telle situation, Clemens chercha l'obscurité autant qu'il était possible à un consul ; mais sa modestie lui fut fatale aux yeux de César. A peine avait-il achevé l'année de ses honneurs, que Domitien, sans tenir aucun compte des liens du sang, lui faisait trancher la tête.

 

Suétone, dans son appréciation païenne, accuse le martyr d'une inertie qui n'était digne que de mépris, contemptissimae inertiae ; mais il insiste sur la précipitation avec laquelle la sentence de mort fut rendue et exécutée, à l'expiration de l'année du consulat. (Domit., c. XV.) Dion Cassius entre dans plus de détails. Nous apprenons de son récit que Flavius Clemens fut accusé du crime d'impiété envers les dieux, et il ajoute que l'on condamna en même temps beaucoup d'autres personnes qui avaient embrassé les rites judaïques ; ce qui signifie, comme on le sait, le christianisme chez les auteurs païens de cette époque. Bruttius Praesens, l'ami de Pline le Jeune, cité par Eusèbe dans sa Chronique, dit en propres termes que les victimes de la cruauté de Domitien à ce moment encoururent leur sentence pour avoir fait profession du christianisme. Au rapport de Dion Cassius, les uns furent mis à mort, et les autres dépouillés de leurs biens : Flavia Domitilla elle-même ne fut pas épargnée. Sans égard pour la parenté, Domitien l'exila dans l'île de Pandataria qui avait été le lieu d'exil de Julie, fille d'Auguste, femme d'Agrippa et de Tibère. Mais ce qui jette une lumière non douteuse sur l'instigateur de tant de mesures cruelles dirigées contre les membres chrétiens de la famille Flavia, c'est de voir figurer sur la liste des proscrits la fille de Plautilla, l'innocente vierge Flavia  Domitilla,  celle-là même  qui  avait repoussé l'hymen d'un Aurelius. Elle fut enlevée à son tour et transportée dans l'île Pontia, voisine de celle de Pandataria. Au quatrième siècle, sainte Paule, se rendant en Palestine, voulut s'arrêter quelques instants sur cet aride rocher, pour y vénérer de si beaux souvenirs, et saint Jérôme atteste l'émotion qu'elle éprouva à la vue de la pauvre demeure où avait souffert pour la foi la courageuse nièce d'un César.

 

Ces traitements barbares envers des personnes d'un si haut rang ont indigné Tacite lui-même. Malgré sa haine pour les chrétiens, il ne peut s'empêcher de féliciter son beau-père Agricola de n'avoir pas été témoin des exils et des persécutions de tant de nobles femmes. (Agric., c. XLV.) Aux victimes de Domitien prises dans sa propre famille, et sacrifiées à l'antipathie qu'il éprouvait alors pour les chrétiens, il faut ajouter en cette même année (96) l'ancien consul Acilius Glabrio, dont Dion Cassius mentionne la condamnation après celle de Flavius Clemens, la motivant sur les mêmes griefs.

 

Un incident inattendu vint mettre fin à cette affreuse tourmente qui désola l'Eglise, et, s'étendant hors de Rome, produisit des martyrs en diverses contrées.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 229 à 237) 

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 05:00

Qu’aujourd'hui, l'Orient et l'Occident s'unissent pour célébrer le Patriarche des Cénobites, le grand Antoine.

 

Avant lui, la profession monastique existait déjà, comme le démontrent d'irrécusables monuments ; mais il apparaît comme le premier des Abbés, parce que le premier il a établi sous une forme permanente les familles de moines, livrés au service de Dieu, sous la houlette d'un pasteur.

 

D'abord hôte sublime de la solitude, et fameux par ses combats avec les démons, il a laissé se réunir autour de lui les disciples que ses œuvres merveilleuses et l'attrait de la perfection lui avaient conquis. L'âge des Martyrs touche à sa fin ; la persécution de Dioclétien sera la dernière ; il est temps pour la Providence, qui veille sur l'Eglise, d'inaugurer une milice nouvelle. Il est temps que le caractère du moine se révèle publiquement dans la société chrétienne ; les Ascètes, même consacrés, ne suffisent plus. Les monastères vont s'élever de toutes parts, dans les solitudes et jusque dans les cités, et les fidèles auront désormais sous les yeux, comme un encouragement à garder les préceptes du Christ, la pratique fervente et littérale de ses conseils. Les traditions apostoliques de la prière continuelle et de la pénitence ne s'éteindront pas, la doctrine sacrée sera cultivée avec amour, et l'Eglise ne tardera pas à aller chercher, dans ces citadelles spirituelles, ses plus vaillants défenseurs, ses plus saints Pontifes, ses plus généreux Apôtres.

 

Car l'exemple d'Antoine inspirera les siècles à venir ; on se souviendra à jamais que les charmes de la solitude et les douceurs de la contemplation ne surent le retenir au désert, et qu'il apparut tout à coup dans les rues d'Alexandrie, au fort de la persécution païenne, pour conforter les chrétiens dans le martyre. On n'oubliera pas non plus que, dans cette autre lutte plus terrible encore, aux jours affreux de l'Arianisme, il reparut dans la grande cité, pour y prêcher le Verbe consubstantiel au Père, pour y confesser la foi de Nicée, et pour soutenir le courage des orthodoxes. Qui pourrait jamais ignorer les liens qui unissaient Antoine au grand Athanase, ou ne pas se rappeler que cet illustre champion du Fils de Dieu visitait cet autre Patriarche, au fond de son désert, qu'il procurait de tous ses moyens l'avancement de l'œuvre monastique, qu'il plaçait dans la fidélité des moines l'espoir du salut de l'Eglise, et qu'il voulut écrire lui-même la vie sublime de son ami ?

 

C'est dans cet admirable récit qu'on apprend à connaître Antoine ; c'est là que se révèlent la grandeur et la simplicité de cet homme qui fut toujours si près de Dieu. Agé de dix-huit ans, déjà héritier d'une fortune considérable, il entend lire à l'église un passage de l'Evangile où notre Seigneur conseille à celui qui veut tendre à la vie parfaite de se désapproprier de tous les biens terrestres. Il ne lui en faut pas davantage ; aussitôt il se dessaisit de tout ce qu'il possède, et se fait pauvre volontaire pour toute sa vie.

 

L'Esprit-Saint le pousse alors vers la solitude, où les puissances infernales ont dressé toutes leurs batteries pour faire reculer le soldat de Dieu ; on dirait que Satan a compris que le Seigneur a résolu de se bâtir une cité au désert, et qu'Antoine est envoyé pour en dresser les plans. Alors commence une lutte corps à corps avec les esprits de malice, et le jeune Egyptien demeure vainqueur à force de souffrances. Il a conquis cette nouvelle arène dans laquelle se consommera la victoire du christianisme sur le Prince du monde.

 

Après vingt ans de combats qui l'ont aguerri, son âme s'est fixée en Dieu ; et c'est alors qu'il est révélé au monde. Malgré ses efforts pour demeurer caché , il lui faut répondre aux hommes qui viennent le consulter et demander ses prières ; des disciples se groupent autour de lui, et il devient le premier des Abbés. Ses leçons sur la perfection chrétienne sont reçues avec avidité ; son enseignement est aussi simple que profond, et il ne descend des hauteurs de sa contemplation que pour encourager les âmes. Si ses disciples lui demandent quelle est la vertu la plus propre à déjouer les embûches des démons, et à conduire sûrement l'âme à la perfection, il répond que cette vertu principale est la discrétion.

 

Les chrétiens de toute condition accourent pour contempler cet anachorète dont la sainteté et les miracles font bruit dans tout l'Orient. Ils s'attendent aux émotions d'un spectacle, et ils ne voient qu'un homme d'un abord aisé , d'une humeur douce et agréable. La sérénité de ses traits reflète celle de son âme. Il ne témoigne ni inquiétude de se voir environné de la foule, ni vaine complaisance des marques d'estime et de respect qu'on lui prodigue ; car son âme, dont toutes les passions sont soumises, est devenue l'habitation de Dieu.

 

 Il n'est pas jusqu'aux philosophes qui veulent explorer la merveille du désert. Les voyant venir, Antoine leur adresse le premier la parole : "Pourquoi donc, ô philosophes, leur dit-il, avez-vous pris tant de peines pour venir visiter un insensé ?" Déconcertés d'un tel accueil, ces hommes lui répondirent qu'ils ne le croyaient pas tel, mais qu'ils étaient au contraire persuadés de sa haute sagesse. "A ce compte, reprit Antoine, si vous me croyez sage, imitez ma sagesse". Saint Athanase ne nous apprend pas si la conversion fut le résultat de leur visite. Mais il en vint d'autres qui osèrent attaquer, au nom de la raison, le mystère d'un Dieu incarné et crucifié. Antoine sourit en les entendant débiter leurs sophismes et finit par leur dire : "Puisque vous êtes si bien établis sur la dialectique, répondez-moi, je vous prie : A quoi doit-on plutôt croire quand il s'agit de la connaissance de Dieu, ou à l'action efficace de la foi, ou aux arguments de la raison ?" — "A l'action efficace de la foi", répondirent-ils. — "Eh bien ! reprit Antoine, pour vous montrer la puissance de notre foi, voici des possédés du démon, guérissez-les avec vos syllogismes ; ou si vous ne le pouvez, et que j'y parvienne par l'opération de la foi, et au nom de Jésus-Christ, avouez l'impuissance de vos raisonnements, et rendez gloire à la croix que vous avez osé mépriser". Antoine fit trois fois le signe de la croix sur ces possédés, et invoqua le nom de Jésus sur eux : aussitôt ils furent délivrés.

 

Les philosophes étaient dans la stupeur et gardaient le silence. "N'allez pas croire, leur dit le saint Abbé, que c'est par ma propre vertu que j'ai délivré ces possédés; c'est uniquement par celle de Jésus-Christ. Croyez aussi en lui, et vous éprouverez que ce n'est pas la philosophie, mais une foi simple et sincère qui fait opérer les miracles". On ignore si ces hommes finirent par embrasser le christianisme ; mais l'illustre biographe nous apprend qu'ils se retirèrent remplis d'estime et d'admiration pour Antoine, et avouèrent que leur visite au désert n'avait pas été pour eux sans utilité.

 

Cependant le nom d'Antoine devenait de plus en plus célèbre et parvenait jusqu'à la cour impériale. Constantin et les deux princes ses fils lui écrivirent comme à un père, implorant de lui la faveur d'une réponse. Le saint s'en défendit d'abord ; mais ses disciples lui ayant représenté que les empereurs après tout étaient chrétiens, et qu'ils pourraient se tenir offensés de son silence, il leur écrivit qu'il était heureux d'apprendre qu'ils adoraient Jésus-Christ, et les exhorta de ne pas faire tant d'état de leur pouvoir, qu'ils en vinssent à oublier qu'ils étaient hommes. Il leur recommanda d'être cléments, de rendre une exacte justice, d'assister les pauvres et de se souvenir toujours que Jésus-Christ est le seul roi véritable et éternel.

 

Ainsi écrivait cet homme qui était né sous la persécution de Décius, et qui avait bravé celle de Dioclétien : entendre parler de Césars chrétiens, lui était une chose nouvelle. Il disait au sujet des lettres de la cour de Constantinople : "Les rois de la terre nous ont écrit ; mais qu'est-ce que cela doit être pour un chrétien ? Si leur dignité les élève au-dessus des autres, la naissance et la mort ne les rendent-elles pas égaux à tous ? Ce qui doit nous émouvoir bien davantage et enflammer notre amour pour Dieu, c'est la pensée que ce Maître souverain a non seulement daigné écrire une loi pour les hommes, mais qu'il leur a aussi parlé par son propre Fils."

 

Cependant, cette publicité donnée à sa vie fatiguait Antoine, et il lui tardait d'aller se replonger dans le désert, et de se retrouver face à face avec Dieu. Ses disciples étaient formés, sa parole et ses œuvres les avaient instruits ; il les quitta secrètement, et ayant marché trois jours et trois nuits, il arriva au mont Colzim, où il reconnut la demeure que Dieu lui avait destinée. Saint Jérôme fait, dans la Vie de saint Hilarion, la description de cette solitude. "Le roc, dit-il, s'élève à la hauteur de mille pas : de sa base s'échappent des eaux dont le sable boit une partie ; le reste descend en ruisseau, et son cours est bordé d'un grand nombre de palmiers qui en font une oasis aussi commode qu'agréable à l'œil". Une étroite anfractuosité de la roche servait d'abri à l'homme de Dieu contre les injures de l'air.

 

 L'amour de ses disciples le poursuivit, et le découvrit encore dans cette retraite lointaine ; ils venaient souvent le visiter et lui apporter du pain. Voulant leur épargner cette fatigue, Antoine les pria de lui procurer une bêche, une cognée et un peu de blé, dont il sema un petit terrain. Saint Hilarion, qui visita ces lieux après la mort du grand patriarche, était accompagné des disciples d'Antoine qui lui disaient avec attendrissement : "Ici, il chantait les psaumes ; là, il s'entretenait avec Dieu dans l'oraison ; ici, il se livrait au travail ; là, il prenait du repos, lorsqu'il se sentait fatigué ; lui-même a planté cette vigne et ces arbustes, lui-même a disposé cette aire, lui-même a creusé ce réservoir avec beaucoup de peines pour l'arrosement du jardin". Ils racontèrent au saint, en lui montrant ce jardin, qu'un jour des ânes sauvages étant venus boire au réservoir, se mirent à ravager les plantations. Antoine commanda au premier de s'arrêter, et lui donnant doucement de son bâton dans le flanc, il lui dit : "Pourquoi manges-tu ce que tu n'as pas semé ?" Ces animaux s'arrêtèrent soudain, et depuis ils ne firent plus aucun dégât.

 

Nous nous laissons aller au charme de ces récits ; il faudrait un volume entier pour les compléter. De temps en temps, Antoine descendait de sa montagne, et venait encourager ses disciples dans les diverses stations qu'ils avaient au désert. Une fois même il alla visiter sa sœur dans un monastère de vierges, où il l'avait placée, avant de quitter lui-même le monde. Enfin, étant parvenu à sa cent cinquième année, il voulut voir encore les moines qui habitaient la première montagne de la chaîne de Colzim, et leur annonça son prochain départ pour la patrie. A peine de retour à son ermitage, il appela les deux disciples qui le servaient depuis quinze ans, à cause de l'affaiblissement de ses forces, et il leur dit :

" Mes fils bien-aimés, voici l'heure où, selon le langage de la sainte Ecriture, je vais entrer dans la voie de mes pères. Je vois que le Seigneur m'appelle, et mon cœur brûle du désir de s'unir à lui dans le ciel. Mais vous, mes fils, les entrailles de mon âme, n'allez pas perdre, par un relâchement désastreux, le fruit du travail auquel vous vous êtes appliqués depuis tant d'années. Représentez-vous chaque jour à vous-mêmes que vous ne faites que d'entrer au service de Dieu et d'en pratiquer les exercices : par ce moyen, votre bonne volonté sera plus énergique, et ira toujours croissant. Vous savez quelles embûches nous tendent les démons. Vous avez été témoins de leurs fureurs, et aussi de leur faiblesse. Attachez-vous inviolablement à l'amour de Jésus-Christ ; confiez-vous à lui entièrement, et vous triompherez de la malice de ces esprits pervers. N'oubliez jamais les divers enseignements que je vous ai donnés ; mais je vous recommande surtout de penser que chaque jour vous pouvez mourir."

 

Il leur rappela ensuite l'obligation de n'avoir aucun commerce avec les hérétiques, et demanda que son corps fût enseveli dans un lieu secret, dont eux seuls auraient connaissance. "Quant aux habits que je laisse, ajouta-t-il, en voici la destination : vous donnerez à l'évêque Athanase une de mes tuniques, avec le manteau qu'il m'avait apporté neuf, et que je lui rends usé". C'était un second manteau que le grand docteur avait donné à Antoine, celui-ci ayant disposé du premier pour ensevelir le corps de l'ermite Paul. "Vous donnerez, reprit le saint, l'autre tunique à l'évêque Sérapion, et vous garderez pour vous mon cilice". Puis, sentant que le dernier moment était arrivé, il se tourna vers les deux disciples : "Adieu, leur dit-il, mes fils bien-aimés ; votre Antoine s'en va, il n'est plus avec vous."

 

C'est avec cette simplicité et cette grandeur que la vie monastique s'inaugurait dans les déserts de l'Egypte, pour rayonner de là dans l'Eglise entière ; mais à qui ferons-nous hommage de la gloire d'une telle institution, à laquelle seront désormais attachées les destinées de l'Eglise, toujours forte quand l'élément monastique triomphe, toujours affaiblie quand il est en décadence ? Qui inspira à Antoine et à ses disciples l'amour de cette vie cachée et pauvre, mais en même temps si féconde, sinon, encore une fois, le mystère des abaissements du Fils de Dieu ?

 

Que tout l'honneur en revienne donc à notre Emmanuel, anéanti sous les langes, et cependant tout rempli de la force de Dieu.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Saint Antoine par Carracci

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 05:00

Comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : " Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c'est de lui que j'ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l'eau, c'est pour qu'il soit manifesté au peuple d'Israël."

 

Alors Jean rendit ce témoignage : " J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : 'L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint.'

 

Oui, j'ai vu, et je rends ce témoignage : c'est lui le Fils de Dieu."

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

  

 

Scènes de la vie du Christ : Le Baptême par Mariotto di Nardo

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