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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 05:00

1914 

L'Écho de Paris, 26 décembre 1914

Un témoin raconte la mort héroïque de Charles Péguy
par Maurice Barrès de l'Académie française

 

J'ai reçu une lettre datée du 12 décembre et qui m'a été écrite par un soldat du 276e Régiment d'Infanterie. Ce brave me dit : J'ai eu l'honneur de combattre aux côtés et sous les ordres de Charles Péguy, dont vous avez glorifié la belle mort au champ d'honneur. Il fut tué le 5 septembre, à Villeroy, à côté de moi, alors que nous montions à l'assaut des positions allemandes.

 

Voici le document. Il ne pourra plus être détaché de l'œuvre que nous maintiendrons ; il en forme le complément et il l'illumine toute : 

La 55e division de l'armée de Paris, dont mon régiment, faisait partie, se trouvait le 5 septembre au matin à la gauche de l'armée qui venait de recevoir enfin l'ordre général d'offensive se faire tuer plutôt que reculer ! En face de nous, sur les collines boisées qui s'étendent de Dammartin à Meaux, les boches de von Kluck qui nous suivaient pas à pas dans notre terrible retraite, depuis Roye, étaient à l'affût, invisibles, terrés dans leurs tranchées comme des bêtes sournoises.

 

Sous une chaleur torride, le bataillon faisait une courte halte dans le coquet village de Nantouillet. Assis sur une pierre, comme nous blanc de poussière, couvert de sueur, la barbe broussailleuse, les yeux pétillant derrière ses lorgnons, je vois encore notre cher lieutenant, le brave Charles Péguy, l'écrivain, le poète, que tous nous aimions comme un ami, qui en Lorraine comme pendant la retraite, insensible à la fatigue, brave sous la mitraille, allait de l'un à l'autre, encourageant par la parole et l'action, courant de la tête à la queue de notre compagnie, la 19e, mangeant comme nous un jour sur trois, sans une plainte, toujours jeune malgré son âge, sachant le parler qui convenait aux Parisiens que nous étions pour la plupart, relevant d'un mot bref tantôt mordant, tantôt ironique ou gouailleur les courages défaillants, toujours vaillant, prêchant d'exemple ; je revois encore notre cher lieutenant nous disant, à l'heure où beaucoup désespéraient, sa conviction absolue de la victoire finale, tout en relisant avidement une lettre des siens tandis qu'une larme de plaisir mouillait ses yeux.

 

Une heure après (il était midi) nous arrivions près du petit village de Villeroy, à gauche de Meaux, où le bataillon devait cantonner. L'accueil que nous y reçûmes ne fut pas celui que nous attendions, les Prussiens qui occupaient la crête du village nous accueillirent par une canonnade terrible qui jeta un moment de désarroi dans nos rangs.

 

Abrités derrière un repli de terrain évacué par les Boches, nous attendions, sous les obus mal repérés de l'ennemi, le moment de partir à l'assaut de ses retranchements, assaut déjà tenté vainement par les tabors marocains. L'ordre vint enfin, et, joyeux, nous partîmes en avant, déployés en tirailleurs. Il était 5 heures ; l'artillerie allemande, foudroyée, s'était tue ; mais, en arrivant sur la crête, une terrible grêle de balles nous accueille ; nous bondissons dans les avoines emmêlées, où beaucoup tombent ; la course est pénible. Un bond encore, et nous voilà abrités derrière le talus d'une route, haletants et soufflants. Les balles sifflent à ras de nos têtes ; nous tiraillons à 500 mètres sur les Allemands bien retranchés et presque invisibles dans leurs uniformes couleur terre. La voix jeune et claironnante du lieutenant Péguy commande le feu ; il est derrière nous, debout, brave, courageux sous l'averse de mitraille qui siffle, cadencée par le tap-tap infernal des mitrailleuses prussiennes.

 

Cette terrible course dans les avoines nous a mis à bout de souffle, la sueur nous inonde et notre brave lieutenant est logé à notre enseigne. Un court instant de répit, puis sa voix nous claironne : "En avant !"

 

Ah ! cette fois, c'est fini de rire. Escaladant le talus et rasant le sol, courbés en deux, pour offrir moins de prise aux balles, nous courons à l'assaut. La terrible moisson continue, effrayante ; la chanson de mort bourdonne autour de nous ; 200 mètres sont ainsi faits ; mais aller plus loin pour l'instant, c'est une folie, un massacre général, nous n'arriverons pas 10 ! Le capitaine Guérin et l'autre lieutenant, M. de la Gornillière, sont tués raides. "Couchez-vous, hurle Péguy, et feu à volonté !" mais lui-même reste debout, la lorgnette à la main, dirigeant notre tir, héroïque dans l'enfer.

 

Nous tirons comme des enragés, noirs de poudre, le fusil nous brûlant les doigts. A chaque instant, ce sont des cris, des plaintes, des râles significatifs ; des amis chers sont tués à mes côtés. Combien sont morts ? On ne compte plus.

 

 Péguy est toujours debout, malgré nos cris de : "Couchez-vous !", glorieux, fou dans sa bravoure. La plupart d'entre nous n'ont plus de sac, perdu lors de la retraite, et le sac, à ce moment, est un précieux abri. Et la voix du lieutenant crie toujours : "Tirez ! Tirez ! Nom de Dieu !" D'aucuns se plaignent : "Nous n'avons pas de sac, mon lieutenant, nous allons tous y passer ! — Ça ne fait rien ! crie Péguy dans la tempête qui siffle. Moi non plus, je n'en ai pas, voyez, tirez toujours !" Et quand, cent mètres plus loin, je jette derrière moi un rapide coup d'œil alarmé, bondissant comme un forcené, j'aperçois là- bas comme une tache noire au milieu de tant d'autres, étendu sans vie, sur la terre chaude et poussiéreuse, le corps de ce brave, de notre cher lieutenant.

 

Voilà le procès-verbal de la plus belle des morts. Il nous restera, après la guerre, le devoir d'inviter tous les Français à lire le poète mort pour nous et qui chantait :

Heureux ceux qui sont morts pour une juste guerre,
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.

 

Charles Péguy

Charles Péguy 

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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 06:00

On sait quelle moisson l'Esprit-Saint fit germer du sol de l'Eglise au XVIe siècle, en réponse au reproche d'épuisement formulé contre elle. André fut l'un des plus méritants coopérateurs de l'Esprit dans l'œuvre de sainte réformation, de renaissance surnaturelle, qui s'accomplit alors. L'éternelle Sagesse avait comme toujours laissé l'enfer s'essayer le premier, mais pour sa honte, à se parer de ces grands noms de renaissance et de réforme.

 

 Depuis neuf ans saint Gaétan avait quitté la terre, la laissant réconfortée déjà par ses œuvres, tout embaumée de ses vertus ; l'ancien évêque de Théate, son auxiliaire et compagnon dans la fondation des premiers Clercs réguliers, avait ceint la tiare et gouvernait l'Eglise sous le nom de Paul IV : c'était l'heure où une nouvelle faveur du ciel donnait aux Théatins, dans la personne de notre bienheureux, un héritier des dons surnaturels et de l'héroïque sainteté qui avaient fait de Gaétan le zélateur du sanctuaire. Il fut l'ami et l'appui du grand évêque de Milan, Charles Borromée, qu'il rejoint aujourd'hui dans la gloire. Ses pieux écrits continuent de servir l'Eglise. Lui-même sut se former d'admirables disciples, comme ce Laurent Scupoli qui fut l'auteur du Combat spirituel, si grandement apprécié par l'Evêque de Genève : "Il est clair et tout practiquable. Ouy, ma fille, le Combat spirituel est un grand livre, et mon cher livre, que je porte en ma poche il y a bien dix-huit ans et que je ne relis jamais sans proffit." (S. François de Sales, Lettres spirit. LXXI, LXXIX, LXXXI)

 

 Le récit autorisé qui va suivre, nous dispense de rien ajouter :

 André Avellino , appelé d'abord Lancellotti, naquit à Castro Nuovo, bourg de la Basilicate. Il donna, encore tout enfant, des marques non équivoques de sa future sainteté. Sorti de la maison paternelle pour apprendre les lettres , il passa de telle sorte l'âge glissant de l'adolescence au milieu des études libérales, qu'il n'omit jamais d'avoir surtout devant les yeux le commencement de la sagesse, c'est-à-dire la crainte du Seigneur. Son grand amour de la pureté le fit ainsi triompher d'embûches réitérées, parfois d'attaques à force ouverte, qu'une physionomie avantageuse lui attirait de la part de femmes éhontées.

 

Il était clerc depuis quelque temps déjà quand, se rendant à Naples pour y étudier le droit, il y prit ses degrés. Honoré du sacerdoce sur ces entrefaites, il arrêta de ne plaider qu'au for ecclésiastique et pour quelques particuliers, voulant en cela se conformer aux prescriptions des saints canons. Or il arriva qu'ayant laissé échapper un  léger mensonge en une plaidoirie, et lisant par hasard peu après  l'Ecriture, il tomba sur ces  mots :  La bouche qui ment  tue l'âme. Si vifs furent les  sentiments de douleur et de repentir qu'il conçut de sa  faute, qu'il jugea  devoir aussitôt  renoncer à ce genre de vie, et que,  disant adieu au barreau, il se donna désormais tout  entier au culte divin et au saint ministère. Il présentait en lui le modèle des vertus ecclésiastiques , et l'archevêque de Naples en ce temps lui confia le gouvernement des religieuses.  Sa  fidélité en cette charge  lui valut la haine  d'hommes  pervers qui cherchèrent  à le faire mourir ; il échappa une fois au danger, mais n'évita pas, dans une autre circonstance, trois blessures que l'assassin lui fit au visage, sans que l'atrocité de l'attentat parvînt à troubler son âme. Ce fut alors qu'embrasé du désir d'une vie plus parfaite, il sollicita humblement son admission parmi les Clercs réguliers, et qu'étant exaucé, il obtint par  ses prières qu'on lui donnât le nom d'André, en raison du grand amour dont il brûlait pour la croix.

 

 Embrassant donc avec courage la voie étroite, et se dévouant à la vertu, il ne craignit pas de s'astreindre par vœu, d'une part à toujours combattre sa volonté propre, de l'autre à progresser sans relâche dans le chemin de la perfection chrétienne. Très observant de la discipline régulière, il s'en montra le zélateur attentif quand il fut supérieur. Tout ce qu'il lui restait de temps en dehors de sa charge et de la règle était consacré à la prière et au salut des âmes. Dans les confessions qu'il entendait, sa piété et sa prudence étaient admirables ; il parcourait fréquemment bourgs et villages autour de Naples, y exerçant le ministère évangélique au grand profit des âmes. On vit le Seigneur lui-même illustrer par des prodiges l'ardente charité du saint homme pour le prochain. Une nuit d'orage, en effet, qu'il revenait de confesser un malade et que la violence de l'ouragan avait éteint la lumière, non seulement ses compagnons ne furent pas plus que lui mouillés par la pluie qui tombait à torrents, mais encore une clarté insolite rayonnant miraculeusement de son corps leur montra  le  chemin au milieu des ténèbres épaisses. Il excella dans l'abstinence et la patience, l'amour de l'abjection, la haine de soi. Il supporta d'une âme tranquille la mort violente du fils de son frère, détourna les siens de tout désir de vengeance, et alla jusqu'à implorer des magistrats pour les meurtriers grâce et protection.

 

Il propagea en  plusieurs lieux  l'Ordre des Clercs réguliers, et fonda leurs maisons de Milan  et de  Plaisance. Ami des cardinaux saint Charles  Borromée  et Paul d'Arezzo, théatin,  il fut leur aide dans les soucis de la charge pastorale. Tout spécial était  son amour et son culte pour  la Vierge Mère de Dieu. Il mérita de s'entretenir avec les Anges, et témoigna les avoir entendus, quand il  s'acquittait de la louange divine, l'accompagner en  chœur. Ayant donc donné d'héroïques exemples de  vertu, brillé par le don de prophétie qui lui faisait connaître les  secrets des cœurs, les choses absentes, les événements futurs, il succomba enfin sous le poids des années et l'épuisement du labeur. Voulant célébrer la sainte Messe, et ayant par trois fois au pied de l'autel répété ces mots : J'entrerai à l'autel de Dieu, il fut frappé d'une attaque subite d'apoplexie. Muni sans tarder des sacrements de l'Eglise, il rendit l'âme en grande paix au milieu des siens. Son corps repose à Naples, en l'église de Saint-Paul, honoré jusqu'à nos temps du même grand concours au milieu duquel il y fut porté. Insignes furent ses miracles après la mort comme durant la vie, et le Souverain Pontife Clément XI l'inscrivit solennellement au catalogue des Saints.

 

 

 Combien furent suaves et fortes à votre endroit les voies de l'éternelle Sagesse, ô bienheureux André, quand de la légère faute où vous étiez tombé par surprise en cette vallée des larmes, elle fit le point de départ de la sainteté qui resplendit en vous ! La bouche qui ment tue l’âme, disait-elle ; et comme elle ajoutait : Ne mettez pas votre zèle en cette vie par une erreur funeste à poursuivre la mort, n'employez pas vos œuvres à acquérir la perdition, elle fut pleinement comprise ; le but de la vie vous apparut tout autre, ainsi que le montrèrent les vœux qu'elle-même vous inspira pour sans cesse vous éloigner de vous-même, et sans cesse vous rapprocher du souverain Bien. Avec l'Eglise, nous glorifions le Seigneur qui disposa de si admirables ascensions dans votre âme. Comme l'annonçait le Psaume, cette marche toujours progressive de vertu en vertu vous amène aujourd'hui dans Sion, où vous voyez le Dieu des dieux.

 

Votre cœur, votre chair, tressaillaient pour le Dieu vivant ; votre âme, absorbée dans l'amour des parvis sacrés, défaillait à leur pensée. Quoi d'étonnant qu'une suprême défaillance au pied des autels du Seigneur des armées, vous donne entrée dans sa maison bienheureuse ? Avec quelle joie vos angéliques associés de ce monde en la divine louange vous accueillent dans les chœurs éternels !

 

Ayez égard aux hommages de la terre. Daignez répondre à la confiance de Naples et de la Sicile, qui se recommandent de votre puissant patronage auprès du Seigneur. Unissez-vous, pour  bénir la pieuse famille des Clercs réguliers Théatins, à saint Gaétan, son père et le vôtre.

 

Pour nous tous, implorez une part dans les bénédictions qui vous furent si abondamment départies.

 

Puissent les vains plaisirs que l'on goûte sous les tentes des pécheurs ne nous séduire jamais, l'humilité de la maison de Dieu avoir nos préférences sur toute grandeur mondaine. Si comme vous nous aimons la miséricorde et la vérité, le Seigneur nous donnera comme à vous la grâce et la gloire. Au souvenir des circonstances où s'accomplit votre fin bienheureuse, le peuple chrétien honore en vous un protecteur contre la mort subite et imprévue : gardez-nous dans le dernier passage ; que l'innocence de notre vie ou la pénitence en préparent l'issue fortunée ; que notre soupir final s'exhale, pareil au vôtre, dans l'espérance et l'amour.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Sant' Andrea Avellino

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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 06:00

Au quatrième siècle de notre ère, la fin des persécutions sembla au monde un avant-goût de sa future entrée dans la cité de la paix sans fin. "Gloire au Tout-Puissant ! gloire au Rédempteur de nos âmes !" s'écrie, en tête du dixième et dernier livre de son Histoire, le contemporain Eusèbe. Et témoin du triomphe, il décrit l'admirable spectacle auquel donna lieu partout la dédicace des sanctuaires nouveaux. De villes en villes, s'assemblaient les évêques et s'empressaient les foules. De peuples à peuples, une telle bienveillance de mutuelle charité, de commune foi, d'allégresse recueillie harmonisait les cœurs, que l'unité du corps du Christ apparaissait aux yeux, dans cette multitude animée d'un même souffle de l'Esprit-Saint ; c'était l'accomplissement des anciennes prophéties : cité vivante du Dieu vivant où tout sexe et tout âge exaltaient l'auteur de tous biens. Combien augustes apparurent alors les rites de notre Eglise ! la perfection achevée qu'y déployaient les Pontifes, l'élan de la psalmodie, les lectures inspirées, la célébration des ineffables Mystères formaient un ensemble divin.

 

 Constantin avait mis les trésors du fisc à la disposition des évêques, et lui-même stimulait leur zèle pour ce qu'il appelait dans ses édits impériaux l'œuvre des églises. Rome surtout, lieu de sa victoire par la Croix et capitale du monde devenu chrétien, bénéficia de la munificence du prince. Dans une série de dédicaces à la gloire des Apôtres et des saints Martyrs, Silvestre, Pontife de la paix, prit possession de la Ville éternelle pour le vrai Dieu.

 

 Aujourd'hui fut le jour natal de l'Eglise Maîtresse et Mère, dite du Sauveur, Aula Dei, Basilique d'or ; nouveau Sinaï, d'où les oracles apostoliques et tant de conciles notifièrent au monde la loi du salut. Qu'on ne s'étonne pas d'en voir célébrer la fête en tous lieux.

 

 Si depuis des siècles les Papes n'habitent plus le palais du Latran, la primauté de sa Basilique survit dans la solitude à tout abandon. Comme au temps de saint Pierre Damien, il est toujours vrai de dire "qu'en la manière où le Sauveur est le chef des élus, l'Eglise qui porte son nom est la tête des églises ; que celles de Pierre et de Paul sont, à sa droite et à sa gauche, les deux bras par lesquels cette souveraine et universelle Eglise embrasse toute la terre, sauvant tous ceux qui désirent le salut, les réchauffant, les protégeant dans son sein maternel". Et Pierre Damien appliquait conjointement au Sauveur et à la Basilique, sacrement de l’unité, les paroles du prophète Zacharie : Voici l’homme dont le nom est Orient ; il germera de lui-même, et il bâtira un temple au Seigneur ; il bâtira, dis-je, un temple au Seigneur, et il aura la gloire, et il s'assiéra : et sur son trône il sera Roi, et sur son trône il sera Pontife."

 

 C'est au Latran que, de nos jours encore, a lieu la prise de possession officielle des Pontifes romains. Là s'accomplissent chaque année en leur nom, comme Evêques de Rome, les fonctions cathédrales de la bénédiction des saintes Huiles au Jeudi saint et, le surlendemain, de la bénédiction des fonts, du baptême solennel, de la confirmation, de l'ordination générale. Prudence, le grand poète de l'âge du triomphe, reviendrait en nos temps qu'il dirait toujours : "A flots pressés le peuple romain court à la demeure de Latran, d'où l'on revient marqué du signe sacré, du chrême royal ; et il faudrait douter encore, ô Christ, que Rome te fût consacrée !"

 

 Lisons le récit liturgique attribué à ce jour :

Ce fut le bienheureux Pape Silvestre qui établit le premier les rites observés par l'Eglise romaine dans la consécration des églises et des autels. Il y avait bien dès le temps des Apôtres, en effet, certains lieux voués à Dieu, et nommés Oratoires par les uns, Eglises par d'autres ; on y tenait l'assemblée le premier jour de la semaine, et le peuple chrétien avait la coutume d'y prier, d'y entendre la parole de Dieu, d'y recevoir l'Eucharistie : cependant on ne les consacrait pas avec autant de solennité ; on n'y élevait pas d'autel fixe qui, oint du chrême, exprimât le symbole de notre Seigneur Jésus-Christ, pour nous autel, hostie et pontife.

 

Mais lorsque l'empereur Constantin eut par le sacrement du baptême obtenu la santé du corps et le salut de l'Ame, une loi émanant de lui fut portée qui pour la première fois permettait dans tout l'univers aux chrétiens de bâtir des églises. Non content de cet édit, le prince voulut même leur donner l'exemple et inaugurer les saints travaux. C'est ainsi que dans son propre palais de Latran, il dédia une église au Sauveur, et fonda le baptistère contigu sous le nom de saint Jean-Baptiste, dans le lieu où lui-même, baptisé par saint Silvestre, avait été guéri de la lèpre. C'est cette église que le Pontife consacra le cinq des ides de novembre ; et nous en célébrons la mémoire en ce même jour où pour la première fois à Rome une église fut ainsi publiquement consacrée, où l'image du Sauveur apparut visible sur la muraille aux yeux du peuple romain.

 

Plus tard, ayant à consacrer l'autel du Prince des Apôtres, le bienheureux Silvestre ordonna que les autels ne fussent plus désormais que de pierre. Si cependant l'autel de la basilique de Latran fut de bois, on ne doit pas s'en étonner : de saint Pierre à Silvestre, en effet, les persécutions ne laissaient pas aux Pontifes de demeure stable ; partout donc où les amenait la nécessité, soit dans les cryptes ou les cimetières, soit dans les maisons des chrétiens, c'était sur cet autel de bois, creux en forme de coffre, qu'ils offraient le Sacrifice. Quand la paix fut rendue à l'Eglise, par honneur pour le Prince des Apôtres qu'on dit avoir célébré sur cet autel, et les autres Pontifes qui jusqu'alors s'en étaient servis de même dans les Mystères sacrés, saint Silvestre le plaça dans la première église, au Latran, défendant que nul autre n'y célébrât par la suite, si ce n'est le Pontife romain.

 

Ebranlée et ruinée par les incendies, les incursions ennemies, les tremblements de terre, cette église fut toujours réparée avec grand zèle par les Souverains Pontifes ; à la suite d'une nouvelle restauration, le Pape Benoît XIII, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, la consacra derechef en grande pompe, le vingt-huitième jour d'avril de l'an mil sept cent vingt-six, assignant à la mémoire de cette solennité le présent jour. De grands travaux que Pie IX avait entrepris furent menés à bonne fin par Léon XIII ; à savoir : l'agrandissement et le prolongement de l'abside qui tombait de vétusté ; la réfection sur le modèle primitif de l'antique mosaïque déjà précédemment renouvelée dans beaucoup de ses parties, et son transfert dans la nouvelle abside magnifiquement et à grands frais décorée ; le renouvellement de la charpente et des lambris du transept embelli ; œuvre complétée, l'an mil huit cent quatre-vingt-quatre, d'une sacristie, d'habitations pour les chanoines et d'un portique rejoignant les nouvelles constructions au baptistère de Constantin.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Le Pape Silvestre baptise l'Empereur Constantin - Basilique Saint Jean de Latran à Rome

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8 novembre 2010 1 08 /11 /novembre /2010 08:00

Quelle conclusion donner aux enseignements de l'Octave qui va finir, sinon celle que formule  elle-même  aujourd'hui la Liturgie sainte ? "Etrangers et pèlerins sur la terre, saluons du cœur et de la pensée le jour qui doit nous rendre à tous une demeure stable en nous ouvrant le paradis. Qui, loin de la patrie, ne hâterait le retour ? Qui, naviguant vers les siens, n'appellerait le vent favorable et ne souhaiterait d'embrasser au plus tôt ses bien-aimés ? Parents, frères, fils, amis nombreux, nous attendent et désirent en la patrie des cieux : foule fortunée, déjà sûre de l'immortalité bienheureuse, encore anxieuse à notre endroit. Quelle joie pour eux, quelle joie pour nous, quand nous pourrons les voir enfin, quand ils pourront nous serrer dans leurs bras ! Plus rien, dans ce royaume du ciel, que bonheur à goûter ensemble ; plus de crainte de mourir ; plus rien que l'éternelle et souveraine félicité ! Que tous nos désirs tendent à cet unique but : rejoindre les saints, pour avec eux posséder le Christ."

 

 A ces effusions que l'Eglise emprunte au beau livre de saint Cyprien sur la Mortalité, font écho, dans l'Office de la nuit, les fortes paroles de saint Augustin rappelant, consolation sublime, au fidèle que l'exil menace de retenir encore, la vraie compensation, la grande béatitude de cette terre : la béatitude de ceux que le monde persécute et maudit. Souffrir pour le Christ avec joie, c'est la gloire du chrétien, l'invisible beauté qui vaut à son âme les divines complaisances et lui assure une grande récompense dans les cieux.

 

 Que celui qui nuit nuise encore, dit le Seigneur, et que le souillé se souille encore ; et que le juste se justifie encore ; et que le saint se sanctifie encore. Voici que je viendrai bientôt, et ma récompense avec moi, pour rendre à chacun selon ses œuvres, moi l'Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin (Apoc. XXII, 11-13.). Patience donc à nous chrétiens, patience aux méprisés de l'heure présente ! Le temps est court ; la figure de ce monde passe. Voyons du haut de notre baptême  les insensés qui se croient forts parce qu'ils ont à leur disposition la violence, qui se disent sages parce que le plaisir est leur unique loi. Quand d'un souffle de sa bouche l'Homme-Dieu fera justice de leur chef, leur part sera la  sentence indignée qu'entendit le prophète de Pathmos : Arrière, chiens ! dehors les empoisonneurs et les menteurs ! (Apoc. XXII, 15.) Et ce pendant la création entière, la création dont ils avaient fait l'esclave gémissante de leur corruption, répondra par un chant de délivrance à leur chute honteuse. Elle-même, réhabilitée, se transformera en de nouveaux cieux, en une terre nouvelle. Elle participera de la gloire des enfants de Dieu délivrés comme elle et portera dignement la nouvelle Jérusalem, la sainte cité où dans nos corps nous verrons Dieu, où siégeant à la droite du Père dans le Christ Jésus, l'humanité glorifiée jouira pour jamais des honneurs d'Epouse.

 

 Entrons par la pensée dans Rome, et dirigeons nos pas vers l'antique église qui porte, au mont Cœlius,le nom des Quatre saints couronnés. Il est peu de Martyrs dont les Actes aient été plus que les leurs dédaignés "par une critique superficielle et ignorante de la science archéologique", comme le fut trop souvent celle des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Mais aujourd'hui, l'histoire et les traditions relatives à l'auguste monument du Cœlius ont été remises en honneur par des savants et des antiquaires que nul ne saurait taxer de superstition ou d'une aveugle crédulité pour les légendes du moyen âge. C'est l'irréfragable jugement du Commandeur de Rossi. Honorons donc et prions, avec la sainte Liturgie, les titulaires de la vénérable église, autrefois fonctionnaires impériaux, sans oublier les cinq sculpteurs, aussi Martyrs, qui préférèrent comme eux la mort à l'infidélité et partagent maintenant la gloire de leur tombe.

 

 Dieu tout-puissant, soyez favorable à notre humble demande : comme nous est connue la force de vos glorieux Martyrs en leur confession, faites que nous éprouvions la tendresse de leur charité dans leur intercession près de vous en notre faveur.

 

Par Jésus Christ

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Graduel de Sainte Marie des Anges

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 13:00

" Grand mystère que celui qui s'accomplit en nos morts ! s'écrie saint Jean Chrysostome. Mystère de louange et d'allégresse, lorsque mandée par le Roi des rois, l'âme s'en va vers son Seigneur, accompagnée des Anges venus pour cela des cieux ! Et toi, tu te lamentes ?... Pourtant, lorsque l'époux auquel tu l'as donnée emmène ta fille au loin, tu ne te plains pas s'il la rend heureuse ; bien que l'absence puisse te peser, la tristesse en est tempérée : sera-ce donc parce que ce n'est pas un homme, un esclave comme nous, qui s'attribue quelqu'un des tiens, mais le Seigneur lui-même, que ton chagrin doit passer toutes bornes ? Je ne te demande point de ne verser aucune larme : pleure, mais sans te désoler comme ceux qui n'ont point d'espérance ; et sache n'en pas moins rendre grâces comme il est juste, honorant par là tes morts autant que glorifiant Dieu, leur faisant ainsi de splendides funérailles".

(Chrys. in Acta Ap. Homilia XXI, 3,4. — Chrys. Homilia de Dormientibus, Va de Lazaro, 2.)

 

 Tel était le sentiment dont s'inspiraient nos pères, en ces  adieux de la liturgie primitive qui contrastaient si grandement avec les pompes désolées des païens, et semblaient faire du cortège funèbre une conduite d'épousée. Des mains pieuses lavaient d'abord respectueusement la dépouille mortelle sanctifiée par l'eau du baptême et l'huile sainte, si souvent honorée de la visite du Seigneur en son Sacrement. On la revêtait ensuite des vêtements d'honneur sous lesquels elle avait servi l'Epoux. Comme lui au tombeau, on l'entourait elle aussi de parfums. Souvent même, sur sa poitrine, à l'issue du Sacrifice d'action de grâces et de propitiation, on déposait l'Hostie sainte. Et c'est ainsi que dans une admirable succession de prières et de chants de triomphe, parmi les nuages d'encens, à la lumière de torches nombreuses, elle était conduite au champ du repos où la sépulture chrétienne allait l'associer au dernier mystère de la vie mortelle du Sauveur. Comme au grand Samedi sur le jardin du Golgotha, la Croix nue, dépossédée de son divin fardeau, y planait sur les tombes où l'Homme-Dieu continuait d'attendre, en ses membres mystiques, l'heure assurée de la résurrection.

 

 Au moyen âge, pendant le trajet vers la tombe et la sépulture, on chanta longtemps à Rome, aussi bien que dans le reste de la chrétienté latine, sept Antiennes célèbres, dont l’In paradisum et le Subvenite perpétuent d'ailleurs jusqu'à nous l'inspiration touchante, en pleine harmonie avec les considérations qui précèdent. La première, Aperite mihi portas justitiae, formait le refrain du Psaume CXVII, Confitemini Domino quoniam bonus, et relevait ses accents de victoire, auxquels l'Eglise emprunte le glorieux Verset qui revient sans fin sur ses lèvres en la Solennité des solennités : Haec dies quam fecit Dominus,  exsultemus  et laetemur in ea. "C'est le jour que le Seigneur a fait, tressaillons et réjouissons-nous".

 

 Terminons par cette prière empruntée aux formules usitées dans l'Eglise latine pour la sépulture des petits enfants :

 Dieu tout-puissant, Dieu très doux, qui à tous les petits enfants renés de la fontaine baptismale, quand ils quittent ce monde, donnez aussitôt la vie éternelle sans nul mérite de leur part ; nous vous en supplions, Seigneur : par l'intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge et de tous vos Saints, faites que nous vous servions ici-bas dans la pureté du cœur, afin qu'au paradis nous soyons admis pour toujours dans la société des bienheureux petits enfants.

 

Par Jésus-Christ notre Seigneur

 

Amen

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Le Baptême de la Multitude - Porte du Baptistère de Florence

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7 novembre 2010 7 07 /11 /novembre /2010 06:00

Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection - vinrent trouver Jésus, et ils l'interrogèrent :

" Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d'enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme ?"

 

 Jésus répond : " Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur :

'le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob'.

 

 Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui."

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

 

Moïse et le Buisson Ardent - vitrail du XIIe s.

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 09:00

Vous êtes mon héritage, Seigneur, alleluia, dans la terre des vivants, alleluia, alleluia. — Tirez de cette prison mon âme ; elle louera votre nom dans la terre des vivants, alleluia, alleluia. — Gloire et honneur au Père, au Fils, au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles, en la terre des vivants, alleluia, alleluia.

 

Ainsi débutent les chants pour les morts au Missel mozarabe. Les Grecs pareillement n'ont pas de mot qui revienne plus souvent que l'Alleluia dans l'Office des défunts. Or Grecs et Mozarabes ne font en cela qu'observer jusqu'à nos jours une coutume générale autrefois dans l'Eglise entière.

 

 Saint Jérôme nous dit comment, à la mort de Fabiola, "tout le peuple romain rassemblé, les psaumes retentissaient éclatants, et le sublime Alléluia remplissant les temples  ébranlait leurs toits d'or". Deux siècles plus tard, le récit des funérailles de sainte Radegonde par sa fille Baudonivie montre que, si des larmes soumises n'étaient pas interdites aux survivants et pouvaient parfois couler abondantes, l'usage des Gaules cependant ne différait pas en ce point de celui de Rome même. C'est ce qu'atteste encore, pour les temps qui suivirent, le manuscrit de Reims cité par Dom Hugues Ménard en ses notes sur le Sacramentaire grégorien, et où l'on prescrit comme prélude aux prières de la sépulture le chant de l’In exitu Israël de Aegypto avec Alleluia pour Antienne.

 

 Quand saint Antoine ensevelit au désert le corps de saint Paul ermite, le biographe de celui-ci nous raconte que, se conformant à la tradition chrétienne, Antoine chanta en la circonstance des hymnes aussi bien que des psaumes. C'était bien la tradition chrétienne, en effet, universelle, identique sous tous les cieux.

 

 Saint Jean Chrysostome constate lui aussi le fait, et il nous en donne l'explication : "Dis moi ; ne sont-ce pas des vainqueurs que ces morts conduits par nous à la resplendissante lumière des flambeaux, au chant des hymnes ? Oui ; nous louons Dieu et lui rendons grâces : car, ce défunt, il le couronne ; il a mis fin à son labeur ; il le garde près de lui délivré de toute crainte. Ne cherche pas d'autre explication à ces hymnes, à ces psaumes : ils expriment la joie."

 

 Saint Denys ne parle pas autrement en son livre de la Hiérarchie ecclésiastique. Après avoir dit la joie du chrétien mourant qui voit approcher la fin de la lutte et l'éternelle sécurité, il ajoute : "Les proches du défunt, ses proches en Dieu et dans la sainteté, le proclament bienheureux d'avoir vaincu enfin, et ils adressent des chants d'action de grâces au céleste auteur de la victoire. C'est en demandant pour eux-mêmes un sort semblable, qu'ils le conduisent à l'hiérarque, distributeur des saintes couronnes, auquel appartient d'accomplir les rites augustes ordonnés à l'égard de ceux qui se sont endormis dans le Seigneur."

 

 Suprêmes honneurs, autant que derniers devoirs rendus par l'Eglise à ses fils, et dont nous rappellerons demain quelques traits.

 

 Nous emprunterons avec quelques Eglises les strophes suivantes au dixième Chant du Cathemerinon, qui déjà nous donnait hier l'Hymne mozarabe des morts :

 Cessez, lamentations ; mères, arrêtez vos larmes ; vous qui pleurez sur des enfants chéris, ne vous désolez pas : cette mort, c'est le renouvellement de la vie.

 

Que nous veulent dire ces marbres sculptés, ces splendides monuments, sinon que ce qu'ils gardent est, non pas mort, mais endormi ?

 

Ce corps que nous voyons gisant inanimé, encore un peu de temps, et il redeviendra le compagnon du principe spirituel qui est monté aux cieux.

 

Bientôt doit sonner l'heure où la vie, réchauffant ces ossements délaissés, les animant d'un sang fécond, y reprendra son premier séjour.

 

Inertes cadavres couchés dans la pourriture des tombeaux, voici qu'alertes comme l'oiseau ils s'élèveront dans les airs, associés aux mêmes âmes que jadis.

 

Ainsi reverdit la semence desséchée, morte elle aussi, ensevelie de même : elle sort de la glèbe où on l'avait enfouie, rappelant les épis d'autrefois.

 

Reçois maintenant, ô terre, ce dépôt à ta garde laissé ; que ton sein lui soit doux : nous confions à  tes profondeurs ces membres humains, noble dépouille, trésor sans prix.

 

Cette chair fut la demeure d'une âme créée par le souffle du Tout-Puissant ; le Christ fut son roi ; la Sagesse habita ces membres et leur communiqua sa divine chaleur.

 

Recouvre donc ce corps à toi confié : il ne l'oubliera pas, Celui qui en fut l'auteur ; il te le redemandera, ce trésor, avec les traits qu'il y grava de sa propre image.

 

Qu'ils viennent bientôt les temps promis où Dieu comblera toutes nos espérances ! Alors que s'ouvriront les tombes, il faudra que tu me rendes ce visage aimé qu'aujourd'hui je te livre.

 

Amen

 

 

Souvent assignée à d'autres fêtes, la Prose suivante, œuvre d'Adam de Saint-Victor, fut cependant elle aussi chantée en plusieurs lieux pour célébrer tous les Saints :

 

Que l'Eglise d'ici-bas célèbre les joies de sa mère, l'Eglise des cieux ; que le retour des fêtes annuelles la porte à désirer les éternelles.

 

Que la mère prête secours à la fille en cette vallée de misère ; que les armées d'en haut nous aident à mener la bataille.

 

Le monde, la chair et les démons multiplient contre nous les combats ; quel assaut de spectres hideux ! la quiétude du cœur en est troublée.

 

Toute cette engeance a les jours de fête en horreur ; elle s'évertue d'un commun accord à faire disparaître la paix de la terre.

 

Ici tout est mélange confus d'espoir, de crainte, de tristesse et de joie : au ciel, à peine se fit, dit l'Apocalypse, une demi-heure de silence.

 

Que fortunée est cette cité où nulle fête ne prend fin ! combien heureuse l'assemblée où tout souci est inconnu !

 

Là point de maladie, point de vieillesse ni de déclin ; point de tromperie, ni de crainte d'ennemis : mais concert unanime d'allégresse, unanime amour dans les cœurs.

 

Là sous leur triple hiérarchie, les Anges, habitants du ciel, se prosternent joyeux devant la trine et simple Unité qui gouverne le monde.

 

Ils admirent, sans se lasser, Dieu qu'ils contemplent ; ils jouissent de lui, ne s'en rassasient pas, affamés qu'ils sont d'en jouir plus toujours.

 

Là sont nos pères, rangés dans l'ordre du mérite ; pour eux enfin toute ombre est tombée : dans la lumière ils voient la lumière.

 

Ces saints dont la solennité se célèbre aujourd'hui, face à face maintenant, ils voient le Roi dans sa gloire.

 

Là resplendit la Reine des vierges, plus haut que tous les sommets : qu'elle daigne, auprès du Seigneur, excuser nos coupables chutes.

 

Par les suffrages des saints, que la grâce de Jésus-Christ nous conduise de la misère présente à leur état glorieux.

 

Amen

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Les Funérailles de Saint Jérôme par Carpaccio

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