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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 09:45

La ville de Bollène appartenait avant 1789 au diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il s'y trouvait deux couvents de religieuses, l'un de Sainte-Ursule, l'autre du Saint-Sacrement. Une religieuse sacramentine a laissé le récit qu'on va lire. On y trouvera mentionnées quelques religieuses d'autres maisons : une bénédictine de Caderousse, trois ursulines du Pont-Saint-Esprit, deux bernardines d'Avignon, une ursuline de Carpentras, une de Fernes, une de Sisteron.

 

 L'esprit de recueillement, de mortification, de pauvreté, d'obéissance, d'oraison, en un mot toutes les vertus religieuses qui animaient nos anciennes mères et soeurs, faisait l'édification du public, et la bonne odeur de leurs vertus s'étendait au loin. Elles jouissaient elles-mêmes de la paix et de l'union la plus parfaite, cimentée par les liens de la charité de notre divin Sauveur.

 

 Bientôt des édits cruels furent publiés de toute part pour signifier aux religieuses de sortir de leurs monastères. A cette époque, la communauté du Saint-Sacrement comptait 23 religieuses choristes, 5 soeurs converses et 2 soeurs tourières ; elles avaient à leur tête la Révérende Mère du Coeur de Marie, de la Fare, personne d'une rare vertu et douée de tous les talents propres à une supérieure accomplie.

 

 On peut concevoir combien fut douloureux pour notre bonne mère supérieure le coup fatal de la suppression de son monastère, et de la dispersion de ses chères filles. Si chaque religieuse en pareille circonstance doit mourir de douleur, la pauvre supérieure meurt autant de fois qu'elle a de religieuses. Quelle ne fut donc pas son affliction quand elle se vit elle-même forcée à obliger ses filles de sortir de leur Jérusalem bien-aimée pour rentrer dans la Babylone ! Son coeur palpitait de crainte en voyant que ces vierges dont elle avait pris tant de soins allaient tomber dans la gueule des loups prêts à les dévorer ; mais ranimée par sa foi, elle ne laissa pas abattre son courage, et comme un autre Abraham, elle prit en main le glaive de la force et se mit en devoir d'obéir. Elle pria, elle exhorta, elle dit à ses saintes filles que Dieu veut qu'elles sortent de leur monastère, qu'il est temps plus que jamais de se faire une retraite intérieure qu'on ne puisse leur ravir, car pour le couvent qu'elles habitent il ne faut plus penser d'y demeurer. Quelle triste annonce pour des religieuses qui avaient un si grand attachement à leur sainte vocation ! Aussi, malgré leur soumission aveugle aux ordres de leur supérieure, elles ne purent s'empêcher cette fois d'opposer des résistances à sa volonté ; elles voyaient bien qu'elle ne commandait que malgré elle.

 

 Elles crurent donc qu'il leur était permis d'employer les prières et les larmes pour obtenir de la bonté de Dieu la révocation de la sentence que des hommes iniques avaient portée. Quel crève-coeur pour notre Révérende mère, si fortement attachée à son Dieu, de se trouver dans l'indispensable nécessité non seulement de sortir de ce saint asile, mais encore d'en faire sortir ces épouses de Jésus-Christ malgré elles. Le Seigneur vint à son aide, en lui envoyant dans ce moment décisif une religieuse visitandine, grande servante de Dieu, conduite par des voies extraordinaires. Cette vertueuse fille eut grâce pour décider nos soeurs à ce sacrifice. "C'est la volonté de Dieu que vous quittiez le voile, leur dit-elle, pourquoi voudriez-vous le garder ? Vous me voyez hors de mon cloître, il faut que liées au même époux vous subissiez le même sort". Ces paroles furent si efficaces qu'elles consentirent enfin à se séparer. Mais il fut convenu qu'elles ne céderaient qu'à la force.

 

 Depuis quelque temps on avait enlevé à nos soeurs leurs propriétés. Tous les jours elles s'attendaient à recevoir l'ordre fatal de quitter leur saint asile. Ce fut le 9 octobre 1792 que quatre municipaux de Bollène se présentèrent à la porte du couvent pour les obliger à en sortir. La supérieure obtint un délai de trois jours. Pendant cet intervalle, elles eurent la douleur de voir profaner les vases sacrés, leur monastère fut envahi par une troupe de brigands, qui sous prétexte de faire l'inventaire du mobilier de la maison, emportaient ce qui était à leur convenance. On permit seulement aux religieuses d'enlever ce qu'elles avaient dans leurs cellules, ce qui se réduisait à bien peu de choses. Elles purent cependant, avec l'assistance d'amis dévoués, sauver quelques ornements d'église, et quelques meubles qu'on fit sortir de nuit par des portes dérobées ; les tables du réfectoire furent cachées par maître Linsolas, menuisier, qui les démonta et en fit un plancher à son grenier à foin avec l'intention de les rendre dans un temps plus heureux ; ce qu'il a fait lorsque nos soeurs sont rentrées dans leur maison.

 

 Prévoyant les blâmes qu'on voulait faire tomber sur les communautés religieuses, la Révérende mère supérieure déclara aux municipaux, avant de sortir de son monastère, par un acte authentique signé de toutes les religieuses, que c'est la force seule et non tout autre motif qui les obligeait à rentrer dans le monde. Le soir du 13 octobre 1792, nos soeurs se virent forcées de quitter leur chère solitude. Que de larmes ! Que de sanglots, lorsqu'il fallut se séparer et sortir de cette maison de paix sur laquelle le Seigneur s'était plu à verser par torrents ses grâces et ses bénédictions. Elles ne purent aller toutes ensemble ; les unes furent reçues par des amis de la communauté, d'autres allèrent chez leurs parents qui s'empressèrent de venir les prendre dans des voitures à la porte du monastère.

 

 Hors de l'arche sainte, Mme de la Fare ne les abandonna pas ; elle les retira auprès d'elle dans une maison de Bollène louée à cet effet, et leur procura autant qu'il fut possible les secours de la religion par le ministère de M. l'abbé Tavernier de Courtines. Ce vertueux ecclésiastique était depuis quelque temps aumônier de la communauté. Son zèle, sa foi, sa piété excitèrent contre lui la haine des révolutionnaires qui le cherchaient pour l'immoler à leur fureur. Nommé par Pie VI administrateur du diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, M. Tavernier s’acquitta de cette tâche avec beaucoup de zèle. Nos soeurs furent l'objet de sa constante sollicitude. Il les encourageait, les soutenait, leur procurait les sacrements et même la consolation d'avoir la sainte réserve enfermée dans une armoire, où tour à tour elles venaient faire leur adoration.

 

 Nos soeurs étaient obligées de travailler pour se procurer une honnête subsistance ; elles faisaient des ouvrages de couture, de broderie, de tricotage. La digne supérieure travaillait comme les autres et pourvoyait aux. besoins de chacune. Cette position, quoique pénible, était néanmoins bien consolante, puisqu'elle lui procurait la joie de rester avec ses chères filles. Mais le moment des; consolations n'était plus, il ne devait plus y avoir pour elle que des tribulations.

 

 Elle fut enlevée à l'amour de ses enfants par la malice d'un municipal qui la contraignit de quitter Bollène. Elle se réfugia au Pont-Saint-Esprit chez Madame sa mère, emmenant avec elle Madeleine Cluse, de Bouvante, soeur converse. Là, elle apprit avec une douleur qu'on ne pourrait décrire l'arrestation de ses compagnes, leur réclusion à Orange. Son coeur était déchiré chaque fois qu'on lui apprenait la mort de quelqu'une d'entre elles. Souvent on lui a entendu dire qu'elle avait ressenti le coup de la mort autant de fois que le feu de la guillotine avait frappé une de ses enfants. Enfermée elle-même dans les prisons du Pont-Saint-Esprit, elle en supporta les incommodités avec une patience admirable, encourageant par ses paroles et par ses exemples les religieuses détenues avec elle. La soeur Madeleine Cluse qui l'avait suivie, partagea ses peines et sa prison. Plus tard, quand la communauté se rétablit, elle se réunit nos soeurs. Elle nous disait souvent qu'elle regrettait beaucoup de n'être pas restée à Bollène avec les religieuses qui eurent le bonheur de donner leur vie pour la défense de la foi, au nombre desquelles était sa tante Marie-Anne Beguin et sa soeur Marie Cluse.

 

 Séparées de leur mère, nos soeurs restèrent fermes ; inébranlables au milieu des épreuves. Leur position cependant était des plus tristes. Malgré un travail opiniâtre, elles avaient beaucoup de peine pour subvenir à leur frugale nourriture et à leur modeste entretien. Impossible de dire ce qu'elles souffrirent de la faim et du froid. Elles allaient le long des chemins, sur les montagnes, ramasser du bois et de la paille pour faire leur soupe et leur lessive ; la privation où elles étaient des choses les plus nécessaires à la vie fut cause que plusieurs d'entre elles se décidèrent à rentrer dans leurs familles. Celles de nos soeurs qui continuèrent à vivre en communauté attiraient sur elles les regards du divin Epoux par leur ferveur et leur générosité à supporter toutes les privations auxquelles leur triste et pénible position les soumettait. Le Seigneur qui les destinait presque toutes à la gloire du martyre, les préparait à cette grâce par les sacrifices de chaque jour ; elles menèrent cette vie pénible pendant dix-huit mois ne sachant quelle en serait la fin.

 

 Dans la même ville se trouvaient aussi des religieuses de différents ordres, vivant les unes chez leurs parents, les autres réunies dans la même maison sous la conduite de Mme de Roquard, toutes servant le Seigneur conformément à leurs saintes règles et faisant l'édification des fidèles. Le 2 mai 1794, elles furent conduites dans les prisons d'Orange au nombre de quarante-deux. On les mit sur des charrettes, et on les conduisit ainsi que des agneaux qu'on mène à la boucherie.

 

 Le lendemain de leur entrée dans la prison, ne doutant plus qu'elles ne fussent destinées au martyre, elles se réunissent dans la même chambre pour concerter ensemble les exercices de leur préparation au sacrifice de leur vie pour la cause de la religion. Leur première pensée fut de n'avoir qu'une seule règle et de suivre toutes le même plan de vie, puisqu'elles avaient la même destinée ; elles poussèrent l'esprit d'union jusqu'à mettre tout en commun, linge et assignats. Les religieuses qu'on amena dans la suite s'associèrent à cette admirable confraternité.

 

 Chaque jour ces saintes filles commençaient ensemble, dès cinq heures du matin, leurs pieux exercices par une heure de méditation ; après quoi elles récitaient l'office de la sainte Vierge et les prières de la messe ; à sept heures elles prenaient un peu de nourriture ; à huit heures elles disaient les litanies des saints. Quand cette prière attendrissante était achevée, chacune faisait à haute voix la confession de ses fautes et se disposait à la réception intentionnelle du saint Viatique. Lorsque approchait l'heure où elles pouvaient être appelées au tribunal, elles disaient les prières de l'Extrême-Onction, renouvelaient leurs voeux de baptême et de profession religieuse. Quelques-unes, dans le mouvement de leur ferveur, s'écriaient : "Oui, je suis religieuse, j'ai une grande consolation de l'être, je vous remercie, Seigneur, de m'avoir accordé cette grâce." A neuf heures, avait lieu ordinairement l'appel de celles qui devaient comparaître devant les juges. Toutes ne furent pas appelées le même jour. Celles qui voyaient différer leur sacrifice éprouvaient une grande peine, tant était vif leur désir de donner leur vie pour Jésus-Christ. Elles ne voyaient plus leurs compagnes parce qu'après leur condamnation elles étaient conduites dans la cour du Cirque (on appelait ainsi l'ancien théâtre romain), en attendant l'heure de l'exécution.

 

Tout le temps que durait l'audience, les religieuses de la prison se tenaient à genoux pour obtenir à celles qui étaient jugées les lumières du Saint-Esprit et la force nécessaire au moment d'un tel combat, elles imploraient le secours de la Sainte Vierge par la récitation de mille Ave Maria, disaient des litanies sans nombre, faisaient des prières sur les paroles de Jésus-Christ en croix ; enfin, il n'y avait presque point de relâche jusqu'au soir cinq heures où l'on reprenait l'office de la sainte Vierge. Lorsqu'à six heures du soir, le bruit sinistre du tambour et les cris de Vive la Nation ! Vive la République ! retentissaient autour de la prison, annonçant le départ des victimes pour l'échafaud, les soeurs prosternées récitaient les prières des agonisants et de la recommandation de l'âme, et gardaient ensuite un profond silence, restant toujours à genoux, jusqu'à ce qu'elles présumassent que leurs compagnes avaient subi leur jugement. Elles se levaient alors, se félicitant réciproquement (surtout celles qui étaient de la même communauté), de ce que quelques-unes d'entre elles avaient été admises aux noces de l'agneau sans tache ; elles chantaient avec joie le Te Deum et le psaume Laudate Dominum omnes gentes ; et elles s'exhortaient mutuellement à mourir de même le lendemain.

 

 Chaque victime de ce troupeau d'élite se préparait à son sacrifice par la plus grande pureté de conscience, s'accusant à la Supérieure de ses moindres fautes, gardant un silence continuel ; la prison était pour elles un cloître animé de la plus grande ferveur ; les exercices de la vie religieuse s'y faisaient avec une ponctualité parfaite. Joignant à des exemples si touchants une sorte d'apostolat, ces saintes filles contribuèrent, autant que les saints prêtres prisonniers comme elles, à ramener au Seigneur les autres détenus et quelques ecclésiastiques, coupables d'avoir prêté le serment, ne tardèrent pas à se repentir, et à se jeter aux pieds des ministres fidèles qui recevaient leur rétractation. Quand ils voyaient nos saintes religieuses aller au martyre, ils se prosternaient devant elles, disant dans toute la vivacité du repentir le plus sincère : "Nous avons reconnu notre erreur et nous l'abjurons de nouveau à vos pieds. Pardon, mille fois pardon, du scandale que nous avons donné aux faibles ; nous voulons mourir comme vous, non seulement dans le sein de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, mais encore pour la foi qu'elle professe."

 

 Le président du tribunal après avoir interrogé la victime qui lui était livrée, sur son nom, son âge, sa profession, lui demandait si elle avait prêté ou si elle voulait prêter le serment de Liberté-Egalité. Les religieuses comme les prêtres répondaient successivement : "Ce serment est contraire à ma conscience, mes principes religieux se le défendent". Souvent le président insistait avec le grossier tutoiement alors en usage : "Tu es encore à temps de le prêter, et tu peux à ce prix être acquittée", et chacune de répondre : "Je ne puis sauver ma vie aux dépens de ma foi". A cette réponse, l'arrêt de mort était aussitôt prononcé.

 

 Toutes allèrent au supplice avec une céleste allégresse, et comme à un festin de noces, suivant l'expression d'un témoin oculaire. Le peuple grossier ne pouvait comprendre cette joie ; les gendarmes ne cessaient de répéter dans leur brutal langage : "Ces bougresses-là meurent toutes en riant".

 

 Il serait difficile de dire combien leur ministère fut utile aux prisonniers qui étaient jugés, condamnés et jetés avec elles dans la cour du Cirque en attendant l'heure du supplice. Elles encourageaient ceux que consternait l'approche de la mort, en leur faisant entrevoir des espérances plus pures et plus solides que celles de la terre. A ceux que la séparation de leurs familles et le préjudice causé à leurs enfants par la confiscation de leurs biens temporels affligeaient outre mesure, elles leur montraient dans le ciel des parents, des amis, des trésors impérissables. Le père d'une nombreuse famille était tombé dans une espèce de désespoir en pensant que ses enfants allaient devenir orphelins ; une des religieuses, touchée de compassion, tombe à genoux, priant Dieu pour lui, reste pendant une heure les bras élevés vers le ciel ; sa prière fut exaucée. Le père de famille sentit renaître sa confiance en Dieu et marcha à l'échafaud avec une parfaite résignation.

 

 Parmi les quarante-deux religieuses qui s'étaient vouées volontairement à la mort, par refus de prêter le serment de la liberté et de l'égalité, le divin Epoux en a choisi trente-deux. Les dix qui sont restées gémissent de n'avoir pu suivre leurs compagnes à la salle des noces. Les juges en ont absous cinq pour contenter le peuple ; et le tribunal ayant été cassé, les cinq dernières n'ont point été jugées.

 

 L'allégresse que l'on voyait peinte sur le visage de ces saintes filles après leur jugement, encourageait les autres condamnés, et leur faisait désirer la mort. Plusieurs même qui étaient accablés de soucis à cause de leurs femmes et de leurs enfants, en faisaient le sacrifice de tout leur coeur, par les douces et pieuses exhortations de ces religieuses. Elles ont une fois passé demi-heure en oraison, les bras en croix, pour obtenir les forces au père d'une nombreuse famille, qui se livrait au désespoir ; et elles eurent la consolation de l'accompagner au supplice dans les sentiments les plus chrétiens. — "Nous n'avons pu dire nos vêpres, observèrent quelques-unes, nous les chanterons au ciel". — "Oh ! c'est trop beau, s'écriait la soeur des Anges Rocher ; peut-être que ceci ne sera pas vrai". — La soeur converse, Saint-André-Sage, tomba la veille de sa mort dans une grande tristesse, et dit à une de ses compagnes : "Je crains que Dieu ne me juge pas digne du martyre". — La soeur Saint-Bernard Roumillon faisait depuis longtemps une prière à la sainte Vierge pour mourir le samedi ou un jour consacré par une de ses fêtes. Elle a obtenu cette grâce ayant été immolée le jour de Notre-Dame du Mont Carmel. — La soeur du Saint-Sacrement Just, avait aussi fait la même demande à la sainte Vierge pendant quinze ans : elle eut le bonheur de consommer son sacrifice le même jour. "Nous avons, dit-elle en présence de ses gardes, nous avons plus d'obligations à nos juges, qu'à nos pères et mères, puisque ceux-ci ne nous ont donné qu'une vie temporelle, au lieu que nos juges nous procurent une vie éternelle". L'un des gardes en fut attendri jusqu'aux larmes, et un paysan voulut lui toucher la main. L'amour divin dont son coeur était embrasé, la faisait s'écrier : "Ô quel bonheur ! Je suis bientôt au ciel. Je ne puis contenir les sentiments de ma joie". — La soeur Sainte-Françoise, ursuline de Carpentras, disait la veille de son martyre : "Quel bonheur ! nous allons voir notre époux !" —Quelques-unes éprouvèrent d'abord la terreur de la mort ; mais à mesure que le jour du supplice approchait, elles jouissaient du calme le plus parfait et de la paix la plus profonde. Des gens d'armes, témoins de leur constance, dirent à d'autres, d'un ton d'ironie et de blasphème : "Regardez, ces filles meurent toutes en riant". — "Qui es-tu ?" dit le juge à la soeur Thérèse Consolant. — "Je suis fille de l'Eglise". — "Qui es-tu ?" dit-il à la soeur Claire du Bas. "Je suis religieuse et la serai jusqu'à la mort".

 

 La soeur Gertrude d'Alausier remercia ses juges du bonheur qu'ils lui procuraient, et baisa la guillotine en y montant. Le jour de sa mort, elle se trouva à son réveil, inondée d'une joie extraordinaire, qui lui fit répandre des larmes. "Je suis dans l'enthousiasme, disait-elle, je suis hors de moi-même ; il est sûr que je mourrai aujourd'hui". Mais craignant ensuite que ce ne fût un effet d'orgueil, on fut obligé de la rassurer et de la tranquilliser. — La soeur Sainte-Pélagie Bès, après son jugement, sortit de sa poche une boîte de dragées, qu'elle distribua à toutes les condamnées comme elle : "Ce sont, ajoutait-elle, les bonbons de mes noces" ; et chacune les mangeait avec la joie la plus pure. — La soeur des Anges de Rocher était encore chez son père, voyant approcher le moment où on pouvait la mettre en arrestation, demanda conseil à ce vénérable vieillard âgé de 80 ans, pour savoir si elle devait se soustraire à cette peine : "Ma fille, lui répondit-il, il vous est facile de vous cacher ; mais auparavant, examinez bien devant Dieu si vous ne vous écartez pas de ses desseins adorables sur vous, dans le cas qu'il vous ait destinée pour être une des victimes qui doivent apaiser sa colère. Je vous dirai comme Mardochée à Esther : "Vous n'êtes pas sur le trône pour vous, mais pour votre peuple". Un conseil si chrétien, inspiré de Dieu même, fit la plus vive impression sur l'esprit et le coeur de cette sainte fille. Elle part avec joie et, en récompense de sa fidélité, le Seigneur lui fit connaître intérieurement le jour de la consommation de son sacrifice. En effet, la veille de sa mort, à la prière du soir, elle demanda pardon à toutes ses compagnes, et leur recommanda instamment de bien prier pour elle, parce que le lendemain elle serait immolée. Après la lecture de sa sentence de mort, elle remercia avec une grande satisfaction ses juges, de ce qu'ils lui procuraient le bonheur d'aller se réunir aux saints Anges.

 

 

Martyrologe des trente-deux religieuses guillotinées à Orange
 

6 juillet. Suzanne-Agathe DELOYE, bénédictine, soeur Marie-Rose, 53 ans

 

7 juillet. Marie-Suzanne DE GAILLARD, sacramentine, soeur Iphigénie de Saint-Matthieu, 32 ans

 

9 juillet. Marie-Anne DE GUILHERMIER, ursuline, soeur Sainte-Mélanie, 61 ans

9 juillet. Marie-Anne DE ROCHER, ursuline, soeur des Anges, 39 ans

 

10 juillet. Marie-Gertrude DERIPERT D'ALAUZIER, Ursuline, soeur Sainte-Sophie, 36 ans 

10 juillet. Sylvie-Agnès DE ROMILLON, ursuline, soeur Agnès de Jésus, 44 ans

 

11 juillet. Rosalie-Clotilde BÈS, sacramentine, soeur Sainte-Pélagie, 42 ans

11 juillet. Marie-Elisabeth PÉLISSIER, sacramentine, soeur Saint-Théotiste, 53 ans

11 juillet. Marie-CIaire BLANC, sacramentine, soeur Saint-Martin, 52 ans

11 juillet, Marie-Marguerite d'ALBARÈDE, ursuline, soeur Sainte-Sophie, 54 ans

 

12 juillet. Madeleine-Thérèse TALIEU, sacramentine, soeur Rose de Saint-Xavier, 48 ans

12 juillet. Marie CLUSE, converse sacramentine, soeur du Bon Ange, 32 ans

12 juillet. Marguerite DE JUSTAMOND, bernardine, soeur Saint-Henri, 48 ans

12 juillet. Jeanne DE ROMILLON, ursuline, soeur Saint-Bernard, 41 ans

 

13 juillet. Marie-Anastasie DE ROQUARD, ursuline, soeur Saint-Gervais, 45 ans 

13 juillet. Marie-Anne LAMBERT, ursuline, soeur Saint-François, 52 ans

13 juillet. Marie-Anne DEPEYRE, converse ursuline, soeur Sainte-Françoise, 38 ans

13 juillet. Elisabeth VERCHIÈRE, sacramentine, soeur Madeleine de la Mère de Dieu, 25 ans

13 juillet. Thérèse-Marie FAURIE, sacramentine, soeur de l'Annonciation, 24 ans

13 juillet. Anne-Andrée MINUTTE, sacramentine, soeur Saint-Alexis, 54 ans

 

16 juillet. Marie-Rose DE GORDON, sacramentine, soeur Aimée de Jésus, 61 ans

16 juillet. Marguerite-Thérèse CHARRANSOL, sacramentine, soeur Marie de Jésus, 36 ans

16 juillet. Marie-Anne BEGUIN-ROYAL, converse sacramentine, soeur Saint-Joachim, 58 ans

16 juillet. Marie-Anne DOUX, converse ursuline, soeur Saint-Michel, 55 ans

16 juillet. Marie-Rose LAYE, converse ursuline, soeur Saint-André, 65 ans

16 juillet. Dorothée DE JUSTAMONT, ursuline, soeur Madeleine du Saint-Sacrement, 51 ans

16 juillet. Madeleine DE JUSTAMONT, bernardine, soeur du Coeur de Marie, 40 ans

 

26 juillet. Marie-Marguerite BONNET, sacramentine, soeur Saint-Augustin, 75 ans

26 juillet. Marie-Madeleine DE JUSTAMONT, ursuline, soeur Catherine de Jésus, 70 ans

26 juillet. Anne CARTIER, ursuline, soeur Saint-Basile, 61 ans

26 juillet. Marie-Claire DU BAC, ursuline, soeur Claire de Sainte-Rosalie, 68 ans

26 juillet. Elisabeth -Thérèse CONSOLIN, ursuline, soeur du Coeur de Jésus, 58 ans

 

 

LES MARTYRS

par le R. P. DOM H. LECLERCQ

 

 

ORANGE théâtre antique

Le théâtre antique d'Orange aujourd'hui

" Elles ne voyaient plus leurs compagnes parce qu'après leur condamnation elles étaient conduites dans la cour du Cirque (on appelait ainsi l'ancien théâtre romain), en attendant l'heure de l'exécution."

 

Le récit détaillé : LES BIENHEUREUSES TRENTE-DEUX MARTYRES D'ORANGE  de M. l'Abbé Jules Méritan

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5 juillet 2010 1 05 /07 /juillet /2010 08:00

Après  Gaétan de  Thienne, avant Ignace de Loyola, Antoine-Marie mérita d'être le père d'une de ces familles religieuses qui furent appelées en si grand nombre, au XVIe siècle, à réparer les ruines de la maison de Dieu.

 

La Lombardie, épuisée, démoralisée par les guerres dont la possession du  duché de Milan avait été  l'enjeu, se reprit à croire, à espérer, à aimer, au spectacle des héroïques vertus de Zaccaria ; elle écouta ses prédications enflammées qui l'appelaient à la pénitence, à la méditation de la Passion du Sauveur, au culte plus assidu, à l'adoration plus solennelle de la très sainte Eucharistie. Ainsi fut-il en toute vérité le précurseur de saint Charles Borromée qui, dans la réforme du clergé,  du peuple, des monastères du Milanais, n'eut pas d'auxiliaires plus précieux que ses fils et ses filles, les Clercs réguliers et les Angéliques de Saint-Paul.

 

 L'oratoire de l’éternelle Sagesse avait vu, à Milan, les débuts de la Congrégation nouvelle ; l'église Saint-Barnabé, où elle s'établit peu après la mort de Zaccaria et qui garde aujourd'hui son corps, fit donner le nom de Barnabites à ces autres disciples du Docteur des nations. Ils devaient par la suite se répandre, non seulement dans toute l'Italie, mais en France, en Autriche, en Suède, et jusqu'en Chine et en Birmanie, s'adonnant aux missions, à l'enseignement de la jeunesse, à toutes les œuvres qui intéressent le culte divin et la sanctification des âmes.

 

Quant au saint fondateur, dès l'année 1539, aux premières Vêpres de l'Octave des Apôtres, il s'envolait au ciel à trente-six ans, de la maison même où il était né, des bras de la pieuse mère qui l'avait élevé pour Dieu et qui le rejoignait peu après.

 

 Lorsque parurent au siècle suivant les célèbres décrets d'Urbain VIII, il manquait cinq années à la prescription centenaire qui eût permis de considérer comme acquis le culte rendu au bienheureux dès après sa mort ; et comme, d'autre part, les témoins requis dans ces mêmes décrets pour la canonisation régulière des serviteurs de Dieu avaient disparu, la cause demeura en suspens : ce fut le Souverain Pontife Léon XIII qui, de nos jours, ayant d'abord (en 1890) réintégré le culte d'Antoine-Marie, l'inscrivit solennellement, quelques années plus tard, au nombre des Saints et étendit sa fête à toute l'Eglise.

 

Voici la Légende qui lui fut consacrée : 

Antoine-Marie Zaccaria naquit à Crémone dans le Milanais. Issu de noble famille,  il fit présager dès l'enfance quelle  serait sa sainteté. Car de bonne heure, brillèrent en lui les signes de vertus  éminentes : piété envers Dieu et la bienheureuse Vierge ; surtout particulière compassion pour les pauvres, dont il cherchait les occasions de soulager la misère,  allant jusqu'à se dépouiller de vêtements de prix dans ce but. Formé aux belles-lettres dans sa ville natale,  il étudia à Pavie la philosophie, à  Padoue la médecine, ne l'emportant pas moins sur ses compagnons par la pénétration de l'intelligence qu'il l'emportait sur tous par l'intégrité de la vie.

 

Rentré docteur en sa patrie, Dieu lui fit comprendre que sa vocation était moins de soigner  les corps que de guérir les âmes ; il s'adonna donc à l'acquisition des sciences sacrées, ne  cessant pas cependant de visiter les malades, d'enseigner aux enfants la doctrine chrétienne, aux jeunes gens réunis par ses soins la piété, souvent même aux personnes plus  âgées l'amendement de leurs mœurs. Ordonné prêtre, on raconte que lorsqu'il célébra sa première Messe, il  apparut, à la grande admiration du peuple, entouré d'une troupe d'Anges dans une lumière céleste. Depuis lors, la poursuite  du salut des âmes, la lutte contre les vices eurent toutes ses pensées. Objets aussi de ses sollicitudes paternelles, les étrangers, les indigents, les affligés affluaient à sa maison, devenue un asile de malheureux que réconfortait sa parole compatissante et qu'aidaient ses aumônes ; aussi mérita-t-il de ses concitoyens les noms d'ange et de père de la patrie.

 

 A Milan, faisant réflexion qu'il serait possible de produire plus de fruits de salut s'il s'associait des compagnons qui travailleraient comme lui à la vigne du Seigneur, il communiqua cette pensée à Barthélémy Ferrari et Jacques Morigia, très nobles et très saints personnages, et jeta les fondements d'une société de Clercs réguliers, à laquelle son amour pour l'Apôtre des nations lui fit donner le nom de saint Paul. Approuvée par le Souverain Pontife Clément VII et confirmée par Paul III, elle se répandit bientôt en beaucoup de contrées.

 

La société des religieuses dites Angéliques eut aussi Antoine-Marie pour auteur et pour père. Lui cependant avait si bas sentiment de lui-même, qu'on ne put aucunement l'amener à prendre le gouvernement de son Ordre. Si grande était sa patience, que les plus redoutables tempêtes soulevées contre les siens ne troublaient point son calme ; si grande sa charité, qu'il ne cessa jamais d'enflammer par ses pieuses exhortations les religieux à l'amour de Dieu, de rappeler les prêtres à la manière de vie des Apôtres, de porter au bien les pères de famille qu'il associait en confréries. Parfois même, portant la Croix avec les siens par les rues et les places publiques, il ramenait les âmes dévoyées dans la voie du salut par l'ardeur et la force de ses  discours.

 

 On doit aussi savoir que ce fut lui qui, dans son brûlant amour de Jésus crucifié, établit l'usage de sonner  la cloche chaque vendredi, à trois heures,  pour rappeler à tous le mystère de la Croix. Sans cesse, dans ses écrits, comme  sur ses lèvres, se retrouvait le très saint nom de Jésus-Christ dont ce vrai disciple de Paul portait les souffrances en son corps. L'ardeur dont il brûlait pour la  sainte Eucharistie en fit l'apôtre du retour à la pratique de la communion fréquente, et on lui attribue l'introduction de l'adoration publique des Quarante Heures.

 

Telles étaient les délicatesses de sa pureté, qu'elles semblèrent, pour  s'affirmer  encore, rendre vie à son corps inanimé. Extases, don des larmes, connaissance de l'avenir et du secret des cœurs, puissance contre l'ennemi du genre humain, étaient venus de la part du ciel relever ses vertus. Mais les grands travaux qu'il entreprenait partout l'avaient épuisé ; à Guastalla, où on l'avait appelé comme médiateur de paix, il fut pris d'une maladie grave. On le transporta à Crémone, où, réconforté par une céleste apparition des Apôtres et prophétisant les développements que sa Congrégation devait prendre, il mourut saintement, au milieu des larmes de ses disciples, entre les bras de sa pieuse mère à laquelle il prédit qu'elle ne tarderait pas à le suivre ; c'était le trois des nones de juillet de l'année mil cinq cent trente-neuf ; il avait trente-six ans.

 

Le culte public rendu aussitôt à un si grand personnage, pour sa sainteté et ses nombreux miracles, fut approuvé et confirmé par le Souverain Pontife Léon XIII qui, en l'année mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, au jour de l'Ascension du Seigneur, l'inscrivit solennellement aux fastes des Saints.

 

De la place d'honneur où monte ainsi vers vous l'hommage de l'Eglise, daignez bénir ceux qui comme vous poursuivent ici-bas l'œuvre apostolique, sans retour sur eux-mêmes, sans espoir qu'en Dieu, sans se lasser des perpétuels recommencements qu'imposent aux ouvriers du salut la sape et la mine de l'enfer. De notre temps comme de vos jours, les démolisseurs applaudissent au renversement prochain de la maison de Dieu ; et tout semble, maintenant comme alors, justifier leur funeste espérance. De notre temps comme de vos jours cependant, l'enseignement des Apôtres, soutenu de l'exemple et de la prière des Saints, suffit à sauver la terre.

 

 Si plus que jamais le monde ne voit que folie dans la Croix et ceux qui la prêchent, plus que jamais elle demeure seule pourtant la vertu de Dieu. Derechef s'accomplit sous nos yeux l'oracle qui dit : Je perdrai la sagesse des sages, je condamnerai la prudence des prudents. Où sont à cette heure, en effet, les sages ? où sont les doctes et les habiles qui se promettaient d'adapter aux exigences de temps nouveaux la parole du salut ? La première condition du triomphe qui ne manque jamais, dit l'Apôtre, aux fidèles du Christ Jésus, est de n'altérer point le Verbe de Dieu, de l'annoncer sous l'œil de Dieu tel que Dieu nous le donne, ne prétendant point le rendre acceptable pour ceux qui s'obstinent à périr.

 

 Disciple de Paul et son imitateur fidèle, ce fut la science du Christ apprise à son école qui, de médecin des corps, vous fit sauveur d'âmes ; ce fut l'amour, supérieur à toute science, qui jusque par delà le tombeau rendit féconde votre vie si courte et pourtant si remplie.

 

 Puisse Dieu, comme le demande par votre intercession l'Eglise, susciter au milieu de nous cet esprit réparateur et sauveur ; puissent, les premiers, vos fils et vos filles, rangés sous la bannière apostolique, faire honneur toujours au grand nom du Docteur des nations.

  

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

 

Crucifixion par Van Dyck à l'église San Zaccaria de Venise

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4 juillet 2010 7 04 /07 /juillet /2010 05:00

Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller.

 

Il leur dit : " La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N'emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. Dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : Paix à cette maison. S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l'on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu'on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : Le règne de Dieu est tout proche de vous."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 

 

Adoration de l'Agneau (détails) par Van Eyk

 

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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 04:00

L'un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), n'était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : "Nous avons vu le Seigneur !" Mais il leur déclara : "Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l'endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas !"

 

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d'eux. Il dit : "La paix soit avec vous !"

 

Puis il dit à Thomas : "Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d'être incrédule, sois croyant."

 

Thomas lui dit alors : "Mon Seigneur et mon Dieu !"

 

Jésus lui dit : "Parce que tu m'as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu."

 

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

L'incrédulité de Saint Thomas par Dürer

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2 juillet 2010 5 02 /07 /juillet /2010 03:00

Un jour le Seigneur dit à Mechtilde :

Le matin de ton lever, salue le Cœur tendre et fort de ton très doux amant car c'est de lui que tout bien, toute joie, toute félicité ont découlé, découlent et découleront sans fin au ciel et sur la terre.

 

Emploie toutes tes forces à verser ton propre cœur dans ce Cœur divin en lui disant : Louange, bénédiction, gloire et salut au très doux et bienveillant Cœur de Jésus-Christ, mon très fidèle amant ! Je te rends grâce pour la garde fidèle dont tu m'as entourée, pendant cette nuit où tu n'as cessé d'offrir à Dieu le Père les actions de grâces et les hommages que je lui devais.

 

Et maintenant, Ô mon unique amour, je t'offre mon cœur comme une rose fraîchement épanouie dont le charme attire les yeux tout le jour et dont le parfum réjouit ton divin cœur.

 

Je t'offre aussi mon cœur comme une coupe qui te servira à t'abreuver de ta propre douceur et des opérations que tu daigneras opérer en moi aujourd'hui. Je t'offre mon cœur comme une grenade d'un goût exquis digne de paraître à ton royal festin, afin que tu l'absorbes si bien en toi-même qu'il se sente désormais heureux au-dedans de ton cœur divin.

 

Je te prie de diriger aujourd'hui toutes mes pensées, mes paroles, mes actions et mon bon vouloir selon le bon plaisir de Ta volonté.

 

Amen

  

 

Une fois encore, remplie de tristesse elle gémissait de se voir inutile, parce que la maladie l'empêchait de garder l'observance. Alors elle entendit le Seigneur lui dire : "Ah ! Viens à mon secours, laisse-moi rafraîchir en toi l'ardeur de mon Cœur divin". Par cette parole, elle comprit que toute personne qui supporte volontiers les peines et les tristesses en union avec l'amour qui fit supporter à Jésus-Christ sur la terre tant d'afflictions et une mort ignominieuse, offre au Seigneur de rafraîchir en elle l'ardeur de son Cœur divin.

 

N'est-il pas toujours à la recherche du salut de l'homme ? En effet, comme le Seigneur ne peut plus maintenant souffrir lui-même, il se fait suppléer par ses amis, par ceux qui adhèrent à lui dans la fidélité. Et lorsque l'âme, qui aura été sur la terre le rafraîchissement du Cœur divin, entrera dans le ciel, elle volera droit vers le Cœur de Dieu, et elle ira, dans les flammes de ce Cœur embrasé, se consumer tout entière avec ce qu'elle aura supporté pour le Christ.

 

Sainte Mechtilde de Hackeborn 

Le livre de la grâce spéciale : révélations de Sainte Mechtilde, vierge de l'Orde de Saint-Benoit

   

Helfta 1

L'église du monastère des Sœurs Cisterciennes d'Helfta aujourd'hui

photo : http://www.cistercensi.info/

 

La dévotion au Sacré-Coeur - Textes essentiels - L'âge d'or de la mystique médiévale  1250-1350

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 06:00

Commémoraison de saint Aaron, de la tribu de Lévi, que son frère Moïse consacra d’huile sainte comme prêtre de l’ancienne Alliance et qui fut mis au tombeau sur le mont Hor. 
Martyrologe romain

 

Texte de la plaque commémorative à la Cathédrale Notre Dame de Paris :

Je suis né juif.
J’ai reçu le nom
de mon grand-père paternel, Aron.
Devenu chrétien
par la foi et le baptême,
je suis demeuré juif
comme le demeuraient les Apôtres.
J’ai pour saints patrons
Aron le Grand Prêtre,
saint Jean l’Apôtre,
sainte Marie pleine de grâce.
Nommé 139e archevêque de Paris
par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II,
j’ai été intronisé dans cette cathédrale
le 27 février 1981,
puis j’y ai exercé tout mon ministère.
Passants, priez pour moi.

 

† Aron Jean-Marie cardinal Lustiger
Archevêque de Paris 
 

 

Aron Jean-Marie cardinal Lustiger

Notre-Dame de Paris : Aron Jean-Marie Lustiger

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 06:00

Le 59 juillet 64, commença l'incendie de Rome, qui dura neuf jours. Quand il fut éteint, une immense population réduite au plus complet dénuement s'entassa aux environs du Champ de Mars, où Néron fit dresser des baraques et distribuer du pain et des vivres. D'ordinaire, ces oisifs acclamaient l'empereur ; maintenant qu'ils avaient faim, ils le haïrent. Des accusations persistantes poursuivaient le pitre impérial. On savait qu'il était venu d'Antium pour jouir de l'effroyable spectacle dont la sublime horreur le transportait ; on racontait même, ou du moins on insinuait, que lui-même avait ordonné ce spectacle, tel qu'on n'en avait jamais vu de pareil. Les accusations se haussaient jusqu'à la menace. Néron, qui le sut, essaya de détourner les soupçons en jetant à la foule un nom et une proie. Il y en avait un tout trouvé. En brûlant Rome, Néron avait blessé au vif les préjugés tenaces d'un peuple conservateur au plus haut degré de ses monuments religieux. Toute la friperie liturgique du paganisme, trophées, ex-votos, dépouilles opimes, pénates, tout le matériel religieux du culte avait flambé.

 

 Quand la rumeur accusant les chrétiens se répandit, à l'aide de ce que nous appellerions aujourd'hui "la pression officielle", on fut surpris de la multitude de ceux qui suivaient la doctrine du Christ, laquelle n'était autre chose, aux yeux du plus grand nombre, qu'un schisme juif. Les gens sensés trouvèrent l'artifice pitoyable ; l'accusation d'incendie portée contre ces pauvres gens ne tenait pas debout. Néanmoins on ne s'apitoya pas longtemps, car on allait s'amuser. En effet, les jeux que l'on donna dépassèrent en horreur tout ce que l'on avait jamais vu. Tacite et le pape saint Clément nous ont laissé quelques traits de ces jeux, qui durèrent peut-être plusieurs jours.

 

A la barbarie des supplices, cette fois, on ajouta la dérision. Les victimes furent gardées pour une fête, à laquelle on donna sans doute un caractère expiatoire. Rome compta peu de journées aussi extraordinaires. Le ludus matutinus, consacré aux combats d'animaux, vit un défilé inouï. Les condamnés, couverts de peaux de bêtes fauves, furent lancés dans l'arène, où on les fit déchirer par des chiens ; d'autres furent crucifiés ; d'autres, enfin, revêtus de tuniques trempées dans l'huile, la poix ou la résine, se virent attachés à des poteaux et réservés pour éclairer la fête de nuit. Quand le jour baissa, on alluma ces flambeaux vivants. Néron offrit pour le spectacle les magnifiques jardins qu'il possédait au delà du Tibre et qui occupaient l'emplacement actuel du Borgo, de la place et de l'église de Saint-Pierre. Il s'y trouvait un cirque, commencé par Caligula, continué par Claude, et dont un obélisque, tiré d'Héliopolis (celui-là même qui marque de nos jours le centre de la place Saint-Pierre), était la borne.

 

Cet endroit avait déjà vu des massacres aux flambeaux. Caligula, en se promenant, y fit décapiter, à la lueur des torches, un certain nombre de personnages consulaires, de sénateurs et de dames romaines. L'idée de remplacer les falots par des corps humains, imprégnés de substances  inflammables, put paraître ingénieuse. Comme supplice, cette façon de brûler vif n'était pas neuve ; mais on n'en avait jamais fait un système d'illumination. A la clarté de ces hideuses torches, Néron, qui avait mis à la mode les courses du soir, se montra dans l'arène, tantôt mêlé au peuple en habit de jockey, tantôt conduisant son char et recherchant les applaudissements. Il y eut pourtant quelques signes de compassion. Même ceux qui croyaient à la culpabilité des chrétiens et qui avouaient qu'ils avaient mérité le dernier supplice eurent horreur de ces cruels plaisirs. Les hommes sages eussent voulu qu'on fit seulement ce qu'exigeait l'utilité publique, qu'on purgeât la ville d'hommes dangereux, mais qu'on n'eût pas l'air de sacrifier des criminels à la férocité d'un seul.

 

 Tacite nous a laissé de ces persécutions le récit suivant : 

Ni les efforts humains, ni les largesses du prince, ni les prières aux dieux, ne détruisirent la persuasion que Néron avait eu l'infamie d'ordonner l'incendie. Pour faire taire cette rumeur, Néron produisit des accusés et livra aux supplices le plus raffinés les hommes odieux à cause de leurs crimes que le vulgaire nommait "chrétiens". Celui dont ils tiraient ce nom, Christ, avait été sous le règne de Tibère supplicié par le procurateur Ponce-Pilate. On ajouta la dérision au supplice ; des hommes enveloppés de peaux de bêtes moururent déchirés par les chiens, ou furent attachés à des croix, ou furent destinés à être enflammés et, à la chute du jour, allumés en guise de luminaire nocturne. Néron avait prêté ses jardins pour ce divertissement et y donnait des courses, mêlé à la foule en habit de cocher, ou monté sur un char. Aussi on avait pitié de ces hommes, parce qu'ils étaient sacrifiés, non à l'utilité publique, mais à la barbarie d'un seul.

 TACITE Annales, XV, 44

 

 

A Pierre et à Paul on joignit une grande multitude d'élus qui endurèrent beaucoup d'affronts et de supplices, laissant aux chrétiens un illustre exemple. Par l'effet de la jalousie, des femmes, après avoir souffert de terribles et monstrueuses indignités, ont atteint leur but dans la course sacrée de la foi, et ont reçu la noble récompense, toutes faibles de corps qu'elles étaient.

SAINT CLÉMENT DE ROME Epître, I, 6

   

 

LES MARTYRS par le R. P. DOM H. LECLERCQ

 

 

Les martyrs aux catacombes

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