Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 11:00

Samedi dernier, en terminant la semaine consacrée à méditer sur l'établissement de l'Eglise par le Sauveur ressuscité, nous avons contemplé les rapports qui unissent les destinées de l'Epouse du Christ et celles de Marie. Durant la semaine qui finit aujourd'hui, nous avons considéré le Seigneur Jésus confiant à ses Apôtres l'ensemble de sa doctrine, objet de notre foi ; rendons un hommage particulier aux dogmes qu'il leur révèle sur les grandeurs et le ministère de celle qu'il a choisie pour être sa Mère et la Mère du genre humain.

 

 La sainte Eglise enseigne à ses enfants plusieurs vérités relatives à Marie ; et ces vérités sont l'objet de notre foi, au même titre que les autres qui sont contenues au Symbole. Or, elles ne peuvent être l'objet de la foi que parce qu'elles furent révélées de la bouche même du Christ. L'Eglise de nos jours les a reçues de l'Eglise des siècles antérieurs, et celle-ci des Apôtres à qui leur Maître les confia. Il n'y a pas eu de nouvelle révélation depuis l'Ascension du Rédempteur ; la manifestation de tous les dogmes transmis à l'Eglise et promulgués par elle remonte donc aux enseignements de Jésus à ses Apôtres ; et c'est pour cette raison que nous leur accordons l'adhésion de notre loi théologale, adhésion réservée absolument aux vérités directement révélées de Dieu à la terre.

 

 Qu'elle est touchante, l'affection filiale du Fils de Dieu envers sa Mère, lorsque sa parole ineffable, après avoir manifesté aux Apôtres les impénétrables secrets de l'essence divine, la Trinité dans l'unité, la génération éternelle du Verbe dans le sein du Père, l'éternelle procession de l'Esprit-Saint produit par le Père et le Fils, l'union des deux natures en une seule personne dans le Verbe incarné, la rédemption du monde par le sang divin, la grâce réparant l'homme tombé et l'élevant à l'état surnaturel ; lorsque, disons-nous, cette parole révélatrice s'emploie à faire ressortir les prérogatives d'une simple créature, dont les grandeurs devront être acceptées par notre raison soumise, au même titre que les dogmes qui nous dévoilent la nature même de Dieu ! Jésus, Sagesse du Père, vainqueur de la mort, nous a révélé la dignité de Marie de la même bouche qui nous manifestait ce qu'il est lui-même ; nous croyons l'un et l'autre d'une même foi, parce qu'il l'a dit.

 

 Ainsi Jésus a dit à ses Apôtres, qui l'ont mystérieusement confié à l'Eglise, sous la garde de l'Esprit-Saint : "Marie, ma Mère, descend d'Adam et d'Eve selon la chair ; mais la tache originelle ne l'a pas souillée. Le décret en vertu duquel toute créature humaine est conçue dans le  péché a subi pour elle une exception. Dès le  premier instant de sa conception, elle fut pleine  de grâce. Jérémie et Jean-Baptiste furent sanctifiés dans le sein de leurs mères ; Marie a été  immaculée dès le premier moment de son existence." Jésus a dit encore à ses Apôtres, avec ordre de le répéter à son Eglise : "Marie est véritablement Mère de Dieu, et doit être honorée en cette qualité par toute créature ; car elle m'a véritablement conçu et enfanté dans ma nature humaine, qui ne forme qu'une seule personne avec ma nature divine." Jésus a dit de même : "Marie, ma Mère, m'a conçu dans son chaste sein sans cesser d'être vierge, et elle m'a enfanté sans que sa virginité en ait souffert aucune atteinte." Ainsi, la Conception immaculée de Marie, qui est la préparation de son rôle sublime, sa divine Maternité, qui en est le but divin, sa perpétuelle Virginité, qui en est l'ineffable splendeur : ces trois dogmes inséparables, objet sacré de notre foi, furent directement manifestés par Jésus à ses Apôtres ; et la sainte Eglise ne fait que les répéter après eux, qui les ont répétés après leur Maître divin.

 

 Mais le Sauveur n'a-t-il pas manifesté encore d'autres prérogatives de son auguste Mère, prérogatives qui sont la conséquence des trois dons magnifiques que nous venons d'énumérer ? Demandons à la sainte Eglise ce qu'elle croit à ce sujet, ce qu'elle enseigne par sa doctrine, et par sa pratique infaillible comme sa doctrine. Tout ce qui se développe en elle, sous l'action de l'Esprit-Saint, a pour germe la Parole divine prononcée au commencement. Ainsi, nous ne saurions douter que le Rédempteur n'ait dévoilé aux Apôtres son dessein d'élever aux honneurs de Reine de toute la création, de Médiatrice des hommes, de dispensatrice de la grâce, de coopératrice du salut, celle que les trois dons incommunicables placent si fort au-dessus de tout ce que la puissance divine a créé.

 

Sans aucun doute, toutes ces magnificences ont été connues des Apôtres ; elles ont fait l'objet de leur admiration et de leur amour ; et nous, mis en possession de ces mêmes trésors de vérité et de consolation par la sainte Eglise, nous nous en délectons après eux. Le fils de Marie ne devait pas monter à la droite de son Père, avant d'avoir déclaré au monde les grandeurs inénarrables de celle qu'il avait choisie pour Mère, et qu'il aimait en fils et en Dieu.

 

 Quels furent, ô Marie, les sentiments de votre incomparable humilité, lorsque Jésus manifesta vos excellences à ces hommes mortels dont la vénération vous entourait, mais qu'un Dieu pouvait seul initier aux merveilles de votre personne et de votre mission ! "Ô Cité de Dieu ! quelles choses admirables furent racontées de vous !" Si autrefois, lorsqu'un Ange vous salua "pleine de grâce et bénie entre toutes les femmes", votre modestie s'alarma de tels éloges ; avec quel trouble aujourd'hui n'accueillez-vous pas les hommages des Apôtres s'inclinant devant votre dignité de Mère de Dieu, toujours Vierge, immaculée dans sa Conception ! Mais c'est en vain, ô Marie, que vous voudriez fuir les honneurs qui vous sont dus, que vous vous réfugiez dans les profondeurs de votre humilité. Il doit s'accomplir, l'oracle que votre bouche inspirée prononça jadis dans la maison de Zacharie. Si le Seigneur a regardé en vous "la bassesse de sa servante", il faut aussi que "toutes les générations vous proclament bienheureuse".

 

Le moment est venu ; d'ici à peu de jours la prédication évangélique commencera son cours. Votre nom, votre ministère et vos grandeurs font partie essentielle du Symbole qui doit être porté dans le monde entier. Assez longtemps votre gloire a été couverte d'un nuage mystérieux ; Jésus veut que ce nuage se dissipe, et que vous apparaissiez aux yeux des peuples comme la Mère du Dieu qui, voulant sauver l'ouvrage de ses mains, n'a pas dédaigné de venir prendre l'être humain dans vos chastes entrailles. Laissez-nous, ô notre douce Mère, notre auguste Reine, nous unir de cœur aux premiers hommages que vous rendit le collège apostolique, lorsque Jésus lui révéla vos grandeurs.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

La Madonne par Memling

Partager cet article
Repost0
1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 04:00

La série des mystères du Temps pascal est suspendue aujourd'hui ; un autre objet attire pour un moment nos contemplations. La sainte Eglise nous propose de donner la journée au culte de l'Epoux de Marie, du Père nourricier du Fils de Dieu, Patron de l'Eglise universelle.

 

Au 19 mars cependant nous lui avons rendu notre hommage annuel : aussi n'est-ce pas proprement sa fête que nous allons célébrer en ce jour. Il s'agit d'ériger par la piété du peuple chrétien un monument de reconnaissance au puissant Protecteur, à Joseph, le recours et l'appui de tous ceux qui l'invoquent avec confiance. Assez de bienfaits lui ont mérité cet hommage ; la sainte Eglise se propose aujourd'hui, dans l'intérêt de ses enfants, de diriger leur confiance vers un secours si puissant et si opportun.

 

La dévotion à saint Joseph avait été réservée pour ces derniers temps. Le culte de cet admirable personnage, culte fondé sur l'Evangile même, ne devait pas se développer dans les premiers siècles de l'Eglise ; non pas que les fidèles, considérant le rôle sublime de saint Joseph dans l'économie du mystère de l'Incarnation, fussent entravés en quelque chose dans les honneurs qu'ils auraient voulu lui rendre ; mais la divine Providence avait ses raisons mystérieuses pour retarder le moment où la Liturgie devait prescrire chaque année les hommages publics à offrir à l'Epoux de Marie. L'Orient précéda l'Occident, ainsi qu'il est arrivé d'autres fois, dans le culte spécial de saint Joseph ; mais au XVe siècle l'Eglise latine l'avait adopté tout entière ; et depuis lors il n'a cessé de faire les plus heureux progrès dans les âmes catholiques.

 

 La bonté de Dieu et la fidélité de notre Rédempteur à ses promesses s'unissent toujours plus étroitement de siècle en siècle, pour protéger en ce monde l'étincelle de vie surnaturelle qu'il doit conserver jusqu'au dernier jour. Dans ce but miséricordieux, une succession non interrompue de secours vient réchauffer, pour ainsi dire, chaque génération, et lui apporter un nouveau motif de confiance dans la divine Rédemption. A partir du XIIIe  siècle, où le refroidissement du monde commença à se faire sentir, ainsi que l'Eglise elle-même nous en rend témoignage (Frigescente mundo, Oraison de la fête des Stigmates de saint François), chaque époque a vu s'ouvrir une nouvelle source de grâces.

 

Ce fut d'abord la fête du très saint Sacrement, dont les développements ont produit successivement la Procession solennelle, les Expositions, les Saluts, les Quarante Heures. Ce fut ensuite la dévotion au saint Nom de Jésus, dont saint Bernardin de Sienne fut le principal apôtre, et celle du Via crucis ou Chemin de la Croix, qui produit tant de fruits de componction dans les âmes. Le XVIe siècle vit renaître la fréquente communion, par l'influence principale de saint Ignace de Loyola et de sa Compagnie. Au XVIIe fut promulgué le culte du sacré Cœur de Jésus, qui s'établit dans le siècle suivant. Au XIXe, la dévotion à la très sainte Vierge a pris des accroissements et une importance qui sont un des caractères surnaturels de notre temps. Le saint Rosaire, le saint Scapulaire, que nous avaient légués les âges précédents, ont été remis en honneur ; les pèlerinages aux sanctuaires de la Mère de Dieu, suspendus par les préjugés jansénistes et rationalistes, ont repris leur cours ; l'Archiconfrérie du Saint-Cœur de Marie a étendu ses affiliations dans le monde entier ; des prodiges nombreux sont venus récompenser la foi rajeunie ; enfin notre temps a vu le triomphe de l'Immaculée Conception, préparé et attendu dans des siècles moins favorisés.

 

 Mais la dévotion envers Marie ne pouvait se développer ainsi sans amener avec elle le culte fervent de saint Joseph. Marie et Joseph ont une part trop intime dans le divin mystère de l'Incarnation, l'une comme Mère du Fils de Dieu, l'autre comme gardien de l'honneur de la Vierge et Père nourricier de l'Enfant-Dieu, pour que l'on puisse les isoler l'un de l'autre. Une vénération particulière envers saint Joseph a donc été la suite du développement de la piété envers la très sainte Vierge. Mais la dévotion à l'égard de l'Epoux de Marie n'est pas seulement un juste tribut que nous rendons à ses admirables prérogatives ; elle est encore pour nous la source d'un secours nouveau aussi étendu qu'il est puissant, ayant été déposé entre les mains de saint Joseph par le Fils de Dieu lui-même.

 

Ecoutez le langage inspiré de l'Eglise dans la sainte Liturgie : "O Joseph, l'honneur des habitants du ciel, l'espoir de notre vie ici-bas, le soutien de ce monde !" Quel pouvoir dans un homme ! Mais aussi cherchez un homme qui ait eu avec le Fils de Dieu sur la terre des rapports aussi intimes que Joseph. Jésus daigna être soumis à Joseph ici-bas ; au ciel, il tient à glorifier celui dont il voulut dépendre, et à qui il confia son enfance avec l'honneur de sa Mère. Il n'est donc pas de limites au pouvoir de saint Joseph ; et la sainte Eglise nous invite aujourd'hui à recourir avec une confiance absolue à ce tout-puissant Protecteur. Au milieu des agitations terribles auxquelles le monde est en proie, que les fidèles l'invoquent avec foi, et ils seront protégés. En tous les besoins de l'âme et du corps, en toutes les épreuves et toutes les crises que le chrétien peut avoir à traverser, dans l'ordre temporel comme dans l'ordre spirituel, qu'il ait recours à saint Joseph, et sa confiance ne sera pas trompée. Le roi de l'Egypte disait à ses peuples affamés : "Allez à Joseph" Coelitum, Joseph, decus atque nostrae, Certa spes vite, columenque mundi (Hymne des Laudes de la fête du patronage de saint Joseph) ; le Roi du ciel nous fait la même invitation ; et le fidèle gardien de Marie a plus de crédit auprès de lui que le fils de Jacob, intendant des greniers de Memphis, n'en eut auprès de Pharaon.

 

 La révélation de ce nouveau refuge préparé pour les derniers temps a été d'abord communiquée, selon l'usage que Dieu garde pour l'ordinaire, à des âmes privilégiées auxquelles elle était confiée comme un germe précieux ; ainsi en fut-il pour l'institution de la fête du Saint-Sacrement, pour celle du sacré Cœur de Jésus, et pour d'autres encore. Au XVIe siècle, sainte Thérèse, dont les écrits étaient appelés à se répandre dans le monde entier, reçut dans un degré supérieur les communications divines à ce sujet, et elle consigna ses sentiments et ses désirs dans sa Vie écrite par elle-même. On ne s'étonnera pas que Dieu ait choisi la réformatrice du Carmel pour la propagation du culte de saint Joseph, quand on se rappellera que ce fut par l'influence de l'Ordre des Carmes, introduit en Occident au XIIIe siècle, que ce culte s'établit d'abord dans nos contrées. Voués depuis tant de siècles à la religion envers Marie, les solitaires du Mont-Carmel avaient découvert avant d'autres le lien qui rattache les honneurs auxquels a droit la Mère de Dieu à ceux qui sont dus à son virginal Epoux. Sur cette terre où s'est accompli le divin mystère de l'Incarnation, l'œil du fidèle plonge plus avant dans ses augustes profondeurs. Entouré de tant de souvenirs ineffables, le chrétien arrive plus promptement à comprendre que le Fils de Dieu prenant la nature humaine, s'il lui fallait une Mère, il fallait à cette Mère un protecteur ; en un mot que Jésus, Marie et Joseph forment à des degrés divers l'ensemble de relations et d'harmonies sous lesquelles l'ineffable mystère devait se produire sur la terre.

 

 Voici donc comment s'exprime la séraphique Thérèse : 

"Je pris pour avocat et pour protecteur le glorieux saint Joseph, et je me recommandai très instamment à lui. Son secours éclata de la manière la plus visible. Ce tendre père de mon âme, ce bien-aimé protecteur se hâta de me tirer de l'état où languissait mon corps, comme il m'a arrachée à des périls plus grands d'un autre genre, qui menaçaient mon honneur et mon salut éternel. Pour comble de bonheur, il m'a toujours exaucée au delà de mes prières et de mes espérances. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé jusqu'à ce jour, qu'il ne l'ait accordé. Quel tableau je mettrais sous les yeux, s'il m'était donné de retracer les grâces insignes dont Dieu m'a comblée, et les dangers, tant de l'âme que du corps, dont il m'a délivrée par la médiation de ce bienheureux saint ! Le Très-Haut donne seulement grâce aux autres saints pour nous secourir dans tel ou tel besoin ; mais le glorieux saint Joseph, je le sais par expérience, étend son pouvoir à tous. Notre-Seigneur veut nous faire entendre par là que, de même qu'il lui fut soumis sur cette terre d'exil, reconnaissant en lui l'autorité d'un père nourricier et d'un gouverneur, de même il se plaît encore à faire sa volonté dans le ciel, en exauçant toutes ses demandes. C'est ce qu'ont vu comme moi, par expérience, d'autres personnes auxquelles j'avais conseillé de se recommander à cet incomparable Protecteur ; aussi le nombre des âmes qui l'honorent commence-t-il à être grand, et les heureux effets de sa médiation confirment de jour en jour la vérité de mes paroles."

 

 Ces paroles, accompagnées de plusieurs autres témoignages de la même précision et de la même énergie, trouvèrent un écho dans les âmes. Elles avaient été semées en leur temps ; leur germination fut lente, mais elle fut sûre. Dès la première moitié du XVIIe siècle, le pressentiment qu'un jour l'Eglise dans sa Liturgie convierait les fidèles à recourir à leur puissant Protecteur, se manifestait chez les dévots clients de saint Joseph.

 

 Nous lisons ces paroles, que l’on dirait inspirées, dans un livre pieux public à Dijon en 1645 : 

"Beau soleil, père des jours, hâte ta course, fais vitement naître cette heure fortunée, en laquelle doivent être accomplis les oracles des saints, qui nous promettent que, sur le déclin du monde, on fera magnifiquement paraître toutes les grandeurs de saint Joseph ; qui nous assurent que Dieu même tirera le rideau, et déchirera le voile qui nous a empêchés jusqu'à maintenant de voir à découvert les merveilles du sanctuaire de l'âme de Joseph ; qui prédisent que le Saint-Esprit agira incessamment dans le cœur des fidèles, pour les émouvoir à exalter la gloire de ce divin personnage, lui consacrant des maisons religieuses, lui bâtissant des temples et dressant des autels ; qui publient que, par tout l'empire de l'Eglise militante, on reconnaîtra pour Protecteur particulier ce saint qui l'a été de Jésus-Christ, fondateur du même empire ; qui nous font espérer que les Souverains Pontifes ordonneront, par un secret mouvement du ciel, que la fête de ce grand Patriarche soit solennellement célébrée par toute l'étendue du domaine spirituel de saint Pierre ; qui annoncent que les plus savants hommes de l'univers s'emploieront à la recherche des dons de Dieu cachés dans saint Joseph, et qu'ils y rencontreront des trésors de grâces incomparablement plus précieux et plus abondants, que n'en posséda la meilleure partie des prédestinés de l'Ancien Testament par l'espace de quarante siècles."

 

 Mettons donc notre confiance dans le pouvoir de l'auguste Père du peuple chrétien, Joseph, sur qui tant de grandeurs n'ont été accumulées qu'afin qu'il répandit sur nous, dans une mesure plus abondante que les autres saints, les influences du divin mystère de l'Incarnation dont il a été, après Marie, le principal ministre sur la terre. 

 

Père et protecteur des fidèles, glorieux Joseph, nous bénissons notre mère la sainte Eglise qui, dans ce déclin du monde, nous a appris à espérer en vous. De longs siècles se sont écoulés sans que vos grandeurs fussent encore manifestées ; mais vous n'en étiez pas moins au ciel l'un des plus puissants intercesseurs du genre humain. Chef de la sainte famille dont un Dieu est membre, vous poursuiviez votre ministère paternel à notre égard. Votre action cachée se faisait sentir pour le salut des peuples et des particuliers ; mais la terre éprouvait vos bienfaits, sans avoir encore institué, pour les reconnaître, les hommages qu'elle vous offre aujourd'hui.

 

Une connaissance plus étendue de vos grandeurs et de votre pouvoir, étaient réservées à ces temps malheureux où l'état du monde aux abois appelle des secours qui ne furent pas révélés aux âges précédents. Nous venons donc à vos pieds, ô Joseph ! afin de rendre hommage en vous à une puissance d'intercession qui ne connaît pas de limites, à une bonté qui embrasse tous les frères de Jésus dans une même adoption.

 

 Nous savons, ô Marie, qu'il vous est agréable de voir honorer l'Epoux que vous avez aimé d'une incomparable tendresse. Vous accueillez avec une faveur particulière nos demandes, lorsqu'elles vous sont présentées par ses mains. Les liens formés par le ciel à Nazareth subsisteront éternellement entre vous et Joseph ; et l'amour sans bornes que vous portez à votre Fils divin resserre encore l'affection que votre cœur si aimant conserve pour jamais à celui qui fut en même temps le nourricier de Jésus et le gardien de votre virginité. Ô Joseph, nous sommes aussi les fils de votre épouse Marie ; prenez dans vos bras tous ces nouveaux enfants, souriez à cette nombreuse famille, et daignez accepter nos instances que la sainte Eglise encourage, et qui montent vers vous plus pressantes que jamais.

 

 Vous êtes "le soutien du monde, columen mundi", l'un des appuis sur lesquels il repose ; car le Seigneur, en vue de vos mérites et par déférence à votre prière, le souffre et le conserve malgré les iniquités qui le souillent. Votre effort est grand, ô Joseph, en ces temps "où les saints manquent, où les vérités sont diminuées" ; il vous faut peser de tout le poids de vos mérites, pour que le fléau de la divine balance n'incline pas du côté de la justice. Daignez, ô Protecteur universel, ne pas vous lasser dans ce labeur ; l'Eglise de votre Fils adoptif vous en supplie aujourd'hui. Le sol miné par la liberté effrénée de l'erreur et du mal est, à chaque instant, sur le point de fondre sous ses pieds; ne vous reposez pas un instant, et par votre intervention paternelle, hâtez-vous de lui préparer une situation plus calme.

 

 Aucune de nos nécessités n'est étrangère à votre connaissance ni à votre pouvoir ; les moindres enfants de l'Eglise ont droit de recourir à vous jour et nuit, assurés de rencontrer près de vous l'accueil d'un père tendre et compatissant. Nous ne l'oublierons pas, ô Joseph ! Dans tous les besoins de nos âmes, nous nous adresserons à vous. Nous vous demanderons de nous aider dans l'acquisition des vertus dont Dieu veut que notre âme soit ornée, dans les combats que nous avons à soutenir contre notre ennemi, dans les sacrifices que nous sommes si souvent appelés à faire.

 

Rendez-nous dignes d'être appelés vos fils, ô vous le Père des fidèles ! Mais votre souverain pouvoir ne s'exerce pas seulement dans les intérêts de la vie future ; l'expérience de tous les jours montre combien votre crédit est puissant pour nous obtenir la protection céleste dans les choses même du temps, lorsque nos désirs ne sont pas contraires aux desseins de Dieu. Nous osons donc déposer entre vos mains tous nos intérêts de ce monde, nos espérances, nos vœux et nos craintes. Le soin de la maison de Nazareth vous fut confié ; veuillez être le conseil et le secours de tous ceux qui remettent entre vos mains leurs affaires temporelles.

 

 Auguste chef de la sainte Famille, la famille chrétienne est placée sous votre garde spéciale ; veillez sur elle en nos temps malheureux. Répondez favorablement à ceux et à celles qui s'adressent à vous, dans ces moments solennels où il s'agit pour eux de choisir l'aide avec lequel ils doivent traverser cette vie et préparer le passage à une meilleure.

 

Maintenez entre les époux la dignité et le respect mutuel qui sont la sauvegarde de l'honneur conjugal ; obtenez-leur la fécondité, gage des bénédictions célestes. Que vos clients, ô Joseph, aient en horreur ces infâmes calculs qui souillent ce qu'il y a de plus saint, attirent la malédiction divine sur les races, et menacent la société d'une ruine à la fois morale et matérielle. Dissipez des préjugés aussi honteux que coupables, remettez en honneur cette sainte continence dont les époux chrétiens doivent toujours conserver l'estime, et à laquelle ils sont tenus de rendre souvent hommage, sous peine de ressembler à ces païens dont parle l'Apôtre, "qui ne suivent que leurs appétits, parce qu'ils ignorent Dieu".

 

 Une dernière prière encore, ô glorieux Joseph ! Il est dans notre vie un moment suprême, moment qui ne se présente qu'une fois, moment qui décide de tout pour l'éternité : c'est le moment de notre mort. Nous nous sentons cependant portés à l'envisager avec moins d'inquiétude, lorsque nous nous souvenons que la divine bonté en a fait l'un des principaux objets de votre souverain pouvoir. Vous avez été investi du soin miséricordieux de faciliter au chrétien qui recourt à vous, le passage du temps à l'éternité.

 

 C'est à vous, ô Joseph, que nous devons nous adresser pour obtenir une bonne mort. Cette prérogative vous était due, à vous dont l'heureuse mort, entre les bras de Jésus et de Marie, a fait l'admiration du ciel, et l'un des plus sublimes spectacles qu'ait offert la terre. Soyez donc notre recours, ô Joseph, à ce solennel et dernier instant de notre vie terrestre.

 

 Nous espérons en Marie, que nous supplions chaque jour de nous être propice à l'heure de notre trépas ; mais nous savons que Marie se réjouit de la confiance que nous avons en vous, et que là où vous êtes, elle daigne être aussi. Fortifiés par l'espérance en votre paternelle bonté, ô Joseph, nous attendrons avec calme cette heure décisive ; car nous savons que si nous sommes fidèles à vous la recommander, votre secours nous est assuré.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

   

 

Saint Joseph charpentier par Georges de La Tour

   

 

 

> le tableau de Georges de La Tour au musée du Louvre 

Partager cet article
Repost0
30 avril 2010 5 30 /04 /avril /2010 08:00

Béni soit notre Sauveur ressuscité qui nous a dit en ces jours : "Celui qui  croira et sera baptisé, sera sauvé !" Grâce à sa miséricorde, nous croyons et nous avons été régénérés dans le saint Baptême ; nous sommes donc dans la voie du salut. Il est vrai que la foi ne nous sauverait pas sans les œuvres ; mais les œuvres aussi sans la foi seraient incapables de nous mériter le salut. Avec quel transport ne devons-nous pas rendre grâces à Dieu qui a produit en nous par sa grâce ce don inénarrable, premier gage de notre béatitude éternelle ! avec quel soin ne devons-nous pas veiller à le conserver intact, à l'accroître par notre fidélité ! La foi a ses degrés, comme les autres vertus ; notre prière doit donc être souvent celle que les Apôtres adressèrent à Jésus : "Seigneur, augmentez en nous la foi".

 

Nous sommes appelés à vivre dans un siècle où la foi est diminuée chez la plupart de ceux qui croient : et c'est là l'un des plus grands dangers qui peuvent assaillir le chrétien en ce monde. Quand la foi est languissante, la charité ne peut que se refroidir. Jésus demande à ses disciples s'ils pensent que, lors de son dernier avènement, il trouvera encore de la foi sur la terre. N'est-il pas à craindre qu'elle ne soit voisine de nous, cette époque où les cœurs seront comme paralysés par le manque de foi !

 

 La foi procède de la volonté mue par l'Esprit-Saint. On croit, parce qu'on veut croire ; et c'est pour cette raison que le bonheur est dans la foi. L'aveugle à qui Jésus rendit la vue, exhorté par lui à croire au Fils de Dieu, répond : "Quel est-il ? afin que je croie en lui". Ainsi devons-nous être disposés en présence de l'objet de notre foi. Croire, afin de connaître ce que nous ne connaîtrions pas sans la foi ; alors Dieu se manifeste à notre pensée et à notre cœur.

 

 Mais vous rencontrez des chrétiens qui se scandalisent des saintes hardiesses de la foi. Ils nous parlent sans cesse des droits de la raison ; ils accusent les fidèles de méconnaître sa dignité, son étendue, son origine divine. Que les fidèles se hâtent donc de leur répondre : "Nous n'avons garde de nier la raison ; l'Eglise nous fait un devoir de reconnaître l'existence d'une lumière naturelle en nous ; mais en même temps elle nous enseigne que cette lumière, déjà obscurcie par l'effet de la chute originelle, serait incapable, fût-elle même demeurée dans son intégrité, de découvrir par ses seules forces la fin à laquelle l'homme est appelé, et les moyens d'y parvenir. La foi seule peut établir l'homme dans les conditions de la destinée sublime à laquelle la divine bonté l'a appelé."

 

 D'autres se persuadent qu'il existe pour le chrétien parvenu à l'âge du développement de la raison, une sorte de liberté de suspendre l'exercice de la foi, afin d'examiner s'il est raisonnable de continuer à croire. Combien font naufrage contre l'écueil que leur présente ce coupable préjuge ! La sainte Eglise cependant enseigne depuis les Apôtres jusqu'à nos jours, et continuera d'enseigner jusqu'à la fin des siècles, que l'enfant qui a reçu le saint Baptême a reçu en même temps la foi infuse dans son âme, qu'il est pour jamais membre de Jésus-Christ et enfant de son Eglise ; et que si, à l'âge de raison, la foi est combattue en lui par le doute, il reçoit la grâce pour anéantir le doute par la foi, et risquerait son salut en suspendant sa croyance. Non assurément que l'Eglise lui interdise de confirmer sa foi par la science ; loin de là ; car alors il ne cesse pas de croire. C'est "la foi qui cherche l'intelligence", selon la belle parole du grand saint Anselme, et pour récompense elle la trouve. 

 

Signalons encore comme l’une des marques de la décadence de l'esprit de foi chez un grand nombre qui remplissent d'ailleurs les devoirs du chrétien, l'oubli, l'ignorance même des pratiques les plus recommandées par l'Eglise. Combien de maisons habitées exclusivement par des catholiques, où l'on chercherait en vain une goutte d'eau bénite, le cierge de la Chandeleur, le rameau consacré le jour des Palmes : ces objets sacrés et protecteurs que les huguenots du XVIe siècle poursuivaient avec tant de fureur, et que nos pères défendaient au prix de leur sang ! Quelle défiance chez beaucoup d'entre nous, si l'on parle devant eux de miracles qui ne sont pas consignés dans la Bible ! Quelle incrédulité superbe, s'ils entendent dire quelque chose des phénomènes de la vie mystique, des extases, des ravissements, des révélations privées ! Quelles révoltes soulèvent en eux les récits héroïques de la pénitence des saints, ou même les plus simples pratiques de la mortification corporelle ! Quelles protestations contre les nobles sacrifices que la grâce inspire à certaines âmes d'élite, qu'elle pousse à briser en un moment les liens les plus chers et les plus doux, pour aller s'ensevelir, victimes volontaires, derrière les grilles impénétrables d'un monastère ! L'esprit de foi révèle au vrai catholique toute la beauté, toute la convenance, toute la grandeur de ces pratiques et de ces actes ; mais l'absence de cet esprit est cause que beaucoup n'y voient qu'excès, inutilité, et manie.

 

La foi aspire à croire ; car croire est sa vie. Elle ne se borne donc pas à adhérer au strict symbole promulgué par la sainte Eglise. Elle sait que cette Epouse de Jésus possède en son sein toutes les vérités, bien qu'elle ne les déclare pas toujours avec solennité et sous peine d'anathème. La foi pressent le mystère non encore déclaré ; avant de croire par devoir, elle croit pieusement. Un aimant secret l'attire vers cette vérité qui semble sommeiller encore ; et quand le dogme éclate au grand jour par une décision suprême, elle s'associe avec d'autant plus de transport au triomphe de la parole révélée dès le commencement, qu'elle lui a rendu plus fidèle hommage dans les temps où une obscurité sacrée la dérobait encore à des regards moins purs et moins pénétrants que les siens.

 

 DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

   

Chartreuse de Champmol

Partager cet article
Repost0
29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 16:00

Les Apôtres ont reçu leur mission, le souverain Maître leur a donné l'ordre de se partager les provinces de la terre, et de prêcher partout l'Evangile, c'est-à-dire la bonne nouvelle, la nouvelle du salut des hommes par le Fils de Dieu incarné, crucifié et ressuscité d'entre les morts. Mais quel sera le point d'appui de ces humbles Juifs transformés tout à coup en conquérants, et devant lesquels est le monde entier ? Ce point d'appui est la promesse solennelle qu'il leur fait en ces jours, lorsqu'après leur avoir dit : "Allez, enseignez toutes les nations", il ajoute : "Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles". Ainsi, il s'engage à ne les quitter jamais, à les présider et à les conduire toujours. Ils ne le verront plus en cette vie ; mais ils savent qu'il continuera d'être au milieu d'eux.

 

Mais les Apôtres avec lesquels le Christ s'est engagé à résider, qu'il préservera de toute chute et de toute erreur dans l'enseignement de sa doctrine, les Apôtres ne sont pas immortels. On les verra tour à tour rendre à leur Maître divin le témoignage du sang, et disparaître de ce monde. Sommes-nous donc condamnés à l'incertitude, aux ténèbres, qui sont le partage de ceux sur qui la lumière a cessé de luire ? Le passage de l'Emmanuel sur la terre aura-t-il donc été semblable à celui de ces météores qui, la nuit, traversent l'horizon en l'illuminant de mille feux, et s'éclipsent en un instant, laissant le ciel dans une obscurité plus profonde qu'auparavant ?

 

 Rassurons-nous par la parole même de notre divin ressuscité. Il n'a pas dit à ses Apôtres : "Voici que je suis avec vous jusqu'à la fin de 'votre vie' ; il a dit : "jusqu'à la consommation des siècles". Ceux auxquels il parlait à ce moment devaient donc vivre autant que le monde. Qu'est-ce à dire, sinon que les Apôtres devaient avoir des successeurs, dans lesquels se perpétueraient leurs droits, des successeurs que Jésus ne cesserait d'assister de sa présence et de soutenir de son pouvoir ? Elle devait être impérissable, l'œuvre qu'un Dieu, dans son amour pour les hommes, avait fondée au prix de son sang. Jésus, par sa présence au milieu de ses Apôtres, préservait leur enseignement de toute erreur ; par sa présence aussi il dirigera jusqu'à la fin l'enseignement de leurs successeurs.

 

Ô don précieux et nécessaire de l'infaillibilité dans l'Eglise ! Don sans lequel la mission du Fils de Dieu eût manqué son effet ! Don par lequel la foi, cet élément essentiel du salut de l'homme, se conserve sur la terre ! Oui, nous avons la promesse ; et les effets de cette promesse sont visibles, même aux yeux de ceux qui n'ont pas le bonheur de croire. Qui pourrait, s'il est de bonne foi, ne pas reconnaître la main divine dans la perpétuité du symbole catholique sur cette terre où tout change, où rien n'a pu demeurer stable ? Est-il naturel qu'une société ayant pour lien l'unité dans les pensées traverse les siècles, sans rien perdre et sans rien emprunter à ce qui l'entoure ? qu'elle ait été successivement en butte à mille sectes sorties de son sein, et qu'elle ait triomphé de toutes, survécu à toutes, se faisant gloire de proclamer au dernier jour du monde les mêmes dogmes qu'elle professait le jour qu'elle sortit des mains de son divin initiateur ? N'est-ce pas un prodige inouï que des centaines de millions d'hommes, différents d'origine, de mœurs, d'institutions, souvent hostiles les uns aux autres, s'unissent dans une égale soumission à une même autorité, qui d'un seul mot gouverne leur raison dans les choses de la croyance ?

 

 Que votre fidélité à vos promesses est grande, ô Jésus ! Qui ne sentirait votre présence au milieu de votre Eglise, maîtrisant les éléments contraires, et se faisant sentir par cet empire irrésistible et doux qui contient l'orgueil et la mobilité de notre esprit sous votre joug aimé ? Et ce sont des hommes, des hommes comme nous, qui règlent et gouvernent notre croyance ! C'est le successeur de Pierre, en qui la foi ne peut défaillir, et dont la parole souveraine parcourt le monde entier, produisant l'unité dans les pensées et dans les sentiments, dissipant les doutes et apaisant tout d'un coup les controverses. C'est le corps vénérable de l'Episcopat uni à son Chef, et empruntant de cette union une force invincible dans la proclamation d'une même vérité en toutes les régions du monde. Oui, il est ainsi : des hommes sont devenus infaillibles, parce que Jésus est avec eux et en eux. Pour tout le reste, ils seront des hommes semblables aux autres ; mais la chaire sur laquelle ils sont assis est soutenue par le bras même de Dieu, et elle est la chaire de vérité sur la terre.

 

Ô triomphe de notre foi, issue du miracle qui commande à la nature, et dirigée, éclairée, conservée par cet autre miracle qui défie toutes les expériences de la sagesse humaine ! Que de merveilles notre divin ressuscité a opérées dans le cours de ces quarante jours qu'il daigne nous donner encore ! Jusqu'alors il avait préparé ; il consomme maintenant. Louange, action de grâces à sa divine sollicitude pour ses brebis ! S'il a exigé d'elles la foi, comme l'hommage premier de leur soumission, nous pouvons dire qu'il en a rendu le sacrifice aussi attrayant à la droiture de leur cœur que méritoire à leur humble raison.

  

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
 

 

 

L'Homme des Douleurs par Memling

Partager cet article
Repost0
29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 04:20

 Après que cette âme eut vu avec l’œil de son intelligence, et connu, à la sainte lumière de la foi, la vérité et la perfection de l’obéissance, après qu’elle l’eut entendue avec sa raison, et goûtée avec son cœur par l’ardeur du désir, elle se contempla dans la Majesté divine, et lui rendit grâces en disant :  

Ô Père, je vous remercie de ce que vous n’avez pas méprisé votre créature. Vous n’avez pas détourné de moi votre visage, et vous n’avez pas repoussé mes désirs.

 

Vous, la Lumière, vous n’avez pas considéré mes ténèbres ; vous, la Vie, vous ne vous êtes pas éloigné de moi, qui suis la mort ; vous, le Médecin suprême, vous avez regardé ma grande infirmité ; vous, l’éternelle Pureté, vous ne vous êtes pas détourné de mes souillures et de mes misères ; vous, l’Infini ; moi, le néant ; vous, la Sagesse ; moi, la folie.

 

Malgré les fautes et les vices innombrables qui sont en moi, vous ne m’avez pas méprisée : oui, vous, la Sagesse, la Bonté, la Clémence ; vous, le Bien suprême et infini. Dans votre lumière j’ai trouvé la lumière ; dans votre sagesse, la vérité ; dans votre clémence, la charité et l’amour du prochain.

 

Qui vous a déterminé ? Ce ne sont pas mes vertus, c’est votre seule charité. L’amour vous a porté à éclairer l’œil de mon intelligence par la lumière de la foi, pour me faire connaître et comprendre votre Vérité qui se manifestait à moi.

 

Faites, Seigneur, que ma mémoire puisse retenir vos bienfaits ; que ma volonté s’embrase, du feu de votre charité ; que ce feu me fasse répandre tout mon sang, et qu’avec ce sang donné pour l’amour du Sang et avec la clef de l’obéissance, je puisse ouvrir la porte du ciel.

 

Je vous demande du fond de mon cœur cette grâce pour toutes les créatures raisonnables, en général et en particulier, et pour le corps mystique de l’Église.

 

Je confesse et je ne nie pas que vous m’avez aimée avant ma naissance, et que vous m’aimez jusqu’à la folie de l’amour.

 

Ô Trinité éternelle ! ô Déité, qui, par l’union de votre nature divine, avez donné un si grand prix au sang de votre Fils unique ! ô Trinité éternelle ! vous êtes une mer profonde où plus je me plonge, plus je vous trouve, et plus je vous trouve, plus je vous cherche. Vous êtes inépuisable, et en rassasiant l’âme dans vos profondeurs, vous ne la rassasiez jamais ; elle est toujours affamée de vous, éternelle Trinité ; elle désire vous voir avec la lumière dans votre lumière.

 

Comme le cerf soupire après l’eau vive des fontaines, mon âme désire sortir de l’obscure prison de son corps pour vous voir dans la vérité de votre être. Combien de temps encore votre visage sera-t-il caché à mes regards, ô éternelle Trinité ! Feu et abîme de charité, dissipez donc ce nuage de mon corps, car la connaissance que vous m’avez donnée de vous-même dans votre Vérité me fait violemment désirer de déposer le fardeau de mon corps, et de donner ma vie pour l’honneur et la gloire de votre nom.

 

J’ai goûté et j’ai vu avec la lumière de l’intelligence, dans votre lumière, l’abîme de votre Trinité éternelle et la beauté de votre créature. En me regardant en vous, j’ai vu que j’étais votre image, puisque vous m’avez fait participer à votre puissance.

 

Ô Père éternel ! vous avez communiqué à mon intelligence la sagesse qui appartient à votre Fils unique, et le Saint Esprit, qui procède de vous et de votre Fils, m’a donné la volonté qui me rend capable d’aimer, Ô Trinité éternelle ! vous êtes le Créateur ; je suis votre créature, et j’ai connu, par la création nouvelle que vous m’avez donnée dans le sang de votre Fils, combien vous vous êtes passionné pour la beauté de votre créature.

 

Ô abîme, ô Déité éternelle, ô Mer profonde ! Pouviez-vous me donner plus qu’en vous donnant vous-même ? Vous êtes un feu qui brûle toujours et ne se consume jamais. Vous consumez par votre ardeur tout amour de l’âme pour elle-même.

 

Vous êtes un feu qui détruisez toute froideur. Vous éclairez, et votre lumière me fait connaître votre vérité. Vous êtes la lumière qui surpasse toute lumière. C’est cette lumière qui donne à l’œil de l’intelligence une lumière surnaturelle, si abondante et si parfaite, que la lumière de la foi en est éclairée.

 

Par cette foi, je vois que mon âme a la vie et vous reçoit dans cette lumière, vous qui êtes la Lumière. Car, par la lumière de la foi, j’acquiers la sagesse qui est dans la sagesse du Verbe votre Fils ; par la lumière de la foi, j’obtiens la force, le courage, la persévérance ; par la lumière de la foi, j’ai l’espérance, qui m’empêche de défaillir en chemin. Cette lumière m’enseigne la route, et sans cette lumière je marcherais dans les ténèbres.

 

Aussi je vous demande, ô Père ! que vous m’illuminiez de la sainte lumière de la foi. Cette lumière est un océan qui nourrit l’âme qui est en vous. Ô Trinité éternelle, Océan de paix ! votre eau n’est pas trouble, et loin de causer l’épouvante, elle fait connaître la vérité ; elle est transparente et montre les choses cachées. Là où abonde la lumière resplendissante de la foi, l’âme est pour ainsi dire glorifiée par ce qu’elle croit.

 

Oui, Trinité éternelle, vous me l’avez fait connaître, cette lumière est un miroir que la main de votre amour tient devant les yeux de mon âme. Et moi, votre créature, je me vois en vous et je vous vois en moi par l’union de la Divinité avec notre humanité ; et dans cette lumière je vous connais et je vous contemple, vous, le Bien suprême et infini, le Bien au dessus de tout bien, le Bien qui est la félicité, le Bien inestImable, incompréhensible, la Beauté au dessus de toute beauté, la Sagesse qui est au dessus de toute sagesse,  car vous êtes la Sagesse même. Vous, la nourriture des anges par le feu de la charité, vous vous êtes donné aux hommes, vous êtes un vêtement qui couvre toute nudité ; vous rassasiez les affamés de votre douceur, et vous êtes doux sans aucune amertume.

 

Ô Trinité éternelle ! dans votre lumière, que vous m’avez donnée et que j’ai reçue par la sainte lumière de la foi, j’ai connu par de nombreuses et d’admirables leçons la voie de la véritable perfection, afin que je vous serve dans la lumière et non dans les ténèbres.

 

Il faut que je devienne un miroir de bonne et sainte vie, et que je sorte de cette vie misérable où jusqu’à présent, et par ma faute, je vous ai servi dans les ténèbres. Je ne connaissais pas votre vérité et je ne l’ai pas aimée. Mais pourquoi ne vous ai-je pas connue ? parce que je ne vous ai pas vue avec la lumière glorieuse de la sainte foi.

 

Les nuages de l’amour-propre obscurcissaient l’œil de mon intelligence ; et vous, Trinité éternelle, vous avez dissipé mes ténèbres par votre lumière.

 

Qui pourra s’élever jusqu’à vous, et vous remercier dignement du trésor ineffable et des grâces surabondantes que vous m’avez accordés, et de la doctrine de la vérité que vous m’avez révélée ? Cette doctrine est une grâce spéciale ajoutée à la grâce générale que vous donnez aux autres créatures. Vous avez voulu condescendre à mes besoins, à ceux des autres créatures, qui pourront se servir de cette doctrine comme d’un miroir.

 

Parlez vous-même, Seigneur ; c’est vous qui avez donné, c’est vous qui pouvez reconnaître le bienfait et vous remercier, en répandant en moi la lumière de votre grâce, afin qu’avec cette lumière je vous témoigne ma reconnaissance.

 

Revêtez-moi, revêtez-moi de vous-même, éternelle Vérité, afin que je parcoure cette vie mortelle avec la véritable obéissance et la lumière de la sainte foi, dont vous enivrez de plus en plus mon âme.

 

Grâces à Dieu !

 

Amen 

 

 

Catherine de Sienne

Le Dialogue (167) 

   

Sainte Catherine de Sienne 

Catherine de Sienne recevant les stigmates

 

Chapelle

Chapelle Sainte Catherine de la Basilique Saint Dominique à Sienne

Partager cet article
Repost0
28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 16:33

 Hamdaniya 2

 

Les chrétiens du nord de l'Irak ont choisi de défier les menaces des extrémistes en érigeant à Hamdaniya une grande statue du Christ rédempteur sur le modèle de celui qui se dresse sur le mont du Corcovado à Rio de Janeiro.

 

L'initiative et la réalisation sont le fait de deux gardes de sécurité de la ville qui ont aussi des talents d'artiste. "Avec l'aide de 20 volontaires, nous l'avons construite en moins d'un mois. Nous avons déboursé environ 150.000 dinars (128 dollars)", confie l'un d'eux, Alaa Naser Matti, 41 ans.

 

" Quand je passe ici, je me signe et demande de tout mon coeur à Jésus de nous sortir de nos difficultés, nous sauver des voitures piégées et de tous ceux qui nous tuent sans pitié", explique Badriah Jedi, une femme de 72 ans, en allumant un cierge devant la statue.  

 

> lire l'article de Nafia ABDEL JABBAR sur lepoint.fr

 

 

Family members of Hadi Saleh, 22, mourn during ...

Family members of Hadi Saleh, 22, mourn during his funeral in Baghdad, Iraq, Sunday, April 25, 2010.

Relatives and friends of Hadi Saleh, 22, load ...

Relatives and friends of Hadi Saleh, 22, load his coffin onto a vehicle during his funeral in Baghdad, Iraq, Sunday, April 25, 2010.  

 

 

 

An antique dealer Mazen Shaalan- Safar works ...

An antique dealer Mazen Shaalan- Safar works at his shop in Baghdad, Iraq, Wednesday, April 28, 2010

Antique dealer Ali Hussein- Safar, right, and ...

Antique dealer Ali Hussein- Safar, right, and his brother Raad, left, work in their antique shop in Baghdad, Iraq, Wednesday, April 28, 2010

 

US tells Iraq to get show on the road ...

Iraqi men read newspapers with front page news on their country's general election results, in Baghdad, in March 2010.

 

Al-Gharafas Younes Mahmmoud of Iraq celebrates ...

Al-Gharafa's Younes Mahmmoud of Iraq celebrates with the trophy after winning the Crown Prince Cup soccer tournament against Al-Arabi in Doha April 24, 2010.

 

Yunes Mahmud

Iraqi national team player Yunes Mahmud, poses after the AFC Asian Cup Qatar 2011 Draw, at the Aspire Dome, in the Qatari capital Doha on April 23, 2010.

 

 

A student of Mustansiriyah University wears a ...

A student of Mustansiriyah University wears a costume as she celebrates her graduation in Baghdad, Iraq, Monday, April 26, 2010

 

 

 

15.04.201O

Christian Iraqis pray in front of the four-meter high Jesus Christ statue in the predominantly Christian town of Hamdaniya, 30 kms east of Mosul, on April 15. The Christians of northern Iraq have chosen to defy mounting attacks by extremists by erecting a statue of Jesus modelled on the giant Christ the Redeemer in Rio de Janeiro. 

Hamdaniya

 

 

http://news.yahoo.com/

Partager cet article
Repost0
28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 08:00

Nous l'avons entendu : le Fils de Dieu qui s’apprête à monter vers son Père, a dit à ses Apôtres : "Allez, enseignez toutes les nations ; prêchez l'Evangile à toute créature". Ainsi, les nations n'entendront pas la parole immédiate de l'Homme-Dieu ; c'est par interprètes qu'il nous parlera. La gloire et le bonheur de l'entendre lui-même directement furent réservés à Israël ; et encore la prédication de Jésus ne dura que trois années.

 

 L'impie a dit dans son orgueil : "Pourquoi des hommes entre Dieu et moi ?" Dieu pourrait lui répondre : "De quel droit voudrais-tu m'obliger à te parler moi-même, lorsque tu peux être aussi assuré de ma parole que si tu l'avais entendue ?" Le Fils de Dieu devait-il donc demeurer sur la terre jusqu'à la fin des siècles, pour avoir droit d'obtenir l'obéissance de notre raison à ses enseignements ? Celui qui mesure la distance qui sépare le Créateur de la créature aura horreur d'un tel blasphème. Si "nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu n'est-il pas plus digne encore de nos respects ?" Est-ce un témoignage humain que celui des Apôtres se présentant aux hommes, et offrant pour garantie de leur véracité le pouvoir que leur Maître leur a laissé sur la nature qui n'obéit qu'à Dieu ?

 

Mais l'orgueil de la raison peut se révolter, il peut contester et refuser de croire à des hommes parlant au nom de Dieu. Qui en doute ? le Fils de Dieu en personne n'a-t-il pas rencontré plus d'incrédules que de croyants ? Pourquoi ? Parce qu'il se disait Dieu, et qu'il ne montrait que les dehors de l'humanité. Il y avait donc un acte de foi à faire, quand Jésus lui-même parlait ; l'orgueil pouvait donc se révolter et dire : "Je ne croirai pas", de même qu'il le dira lorsque les Apôtres parleront au nom de leur Maître. L'explication est la même. Dieu en cette vie exige de nous la foi ; mais la foi n'est possible qu'avec l'humilité. Dieu appuie sa parole sur le miracle ; mais il demeure toujours possible à l'homme de résister, et c'est pour cela que la foi est une vertu.

 

 Que si vous demandez pourquoi Dieu, retirant son Fils à la terre, n'a pas chargé les Anges d'exercer ici bas la fonction de docteurs en son nom, au lieu de confier à des hommes fragiles et mortels une si haute mission vis-à-vis de leurs semblables, nous vous répondrons que l'homme ne pouvant être relevé de la chute où son orgueil l'avait entraîné, que par la soumission et l'humilité, il était juste que le ministère de l'enseignement divin nous fût dispensé par des organes dont la nature supérieure ne fût pas en état de flatter notre vanité. Sur la parole du serpent, nous avions eu l'orgueil de croire qu'il nous était possible de devenir autant de dieux : le Créateur, pour nous sauver, nous a fait une loi de nous incliner désormais devant des hommes parlant en son nom.

 

 Ces hommes "prêcheront donc l'Evangile à toute créature" ; et "celui qui ne croira pas sera condamné". Ô Parole divine, semence merveilleuse confiée au champ de l'Eglise, que vous êtes féconde ! Encore un peu de temps, et la moisson blanchira sur les sillons. La foi sera partout, en tous lieux on rencontrera des fidèles. Et comment la foi est-elle entrée en eux ? "Par l’ouïe", nous répond le grand Apôtre des Gentils. Ils ont écouté la Parole, et ils ont cru. 

 

Ô dignité et supériorité de l'ouïe durant notre vie mortelle ! Ecoutez sur ce sujet l'admirable langage de saint Bernard ; nul n'a mieux exposé que lui la destinée de ce sens privilégié en nous sur la terre :

"Il eût été plus noble, nous dit-il, que la Vérité pénétrât dans notre intelligence par la vue, un sens si relevé ; mais ceci, ô âme, est réservé pour plus tard, lorsque nous la verrons face à face. Pour le présent, le remède doit entrer par où est entré le mal ; la vie doit pénétrer par le chemin que suivit la mort, la lumière par le chemin que suivirent les ténèbres, l'antidote de vérité par le chemin que suivit le venin du serpent. Ainsi sera guéri l'œil qui maintenant a est troublé. L'ouïe fut la première porte de la mort ; la première aussi elle est ouverte à la vie. En retour, c'est à l'ouïe de préparer la vue ; car si nous ne commençons par croire, nous ne saurions comprendre. L'ouïe est donc pour nous l'instrument du mérite, et la vue l'objet de la récompense. Telle est la voie que suit l'Esprit-Saint dans l'éducation spirituelle de l'âme ; il forme l'ouïe avant de donner satisfaction à l'oeil. Ecoute, dit-il, ô ma fille ! et vois. Ne songe pas à l'œil d'abord, prépare ton oreille. Tu désires voir le Christ : il te faut d'abord l'entendre, entendre parler de lui ; afin que toi aussi tu puisses dire : Ainsi que nous avions entendu, ainsi avons-nous vu. La lumière à voir est immense ; tu serais impuissante à l'embrasser ; car ton œil est étroit ; mais ce que ton regard ne saurait faire, ton ouïe le peut. Qu'elle soit pieuse, vigilante et fidèle ; la foi purifiera la souillure de l'impiété, et l'obéissance ouvrira la porte qu'avait fermée la désobéissance" (In Cantica, Serm. XXVIII).

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Christ par Laurent de La Hyre

Partager cet article
Repost0