Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 11:00

Le nom de la Pâque signifie en hébreu passage, et nous avons exposé hier comment ce grand jour est d'abord devenu sacré, à cause du Passage du Seigneur ; mais le terme hébraïque n'épuise pas là toute sa signification. Les anciens Pères, d'accord avec les docteurs juifs, nous enseignent que la Pâque est aussi pour le peuple de Dieu le Passage de l'Egypte dans la terre promise. En effet, ces trois grands faits s'unissent dans une même nuit : le festin religieux de l'agneau, l'extermination des premiers-nés des Egyptiens, et la sortie d'Egypte. Aujourd'hui reconnaissons une nouvelle figure de notre Pâque dans ce troisième fait qui continue le développement du mystère.

 

 Le moment où Israël sort de l'Egypte pour s'avancer vers la terre qui est pour lui la patrie prédestinée, est le plus solennel de son histoire ; mais ce départ et toutes les circonstances qui l'accompagnent forment un ensemble de figures qui ne se dévoile et ne s'épanouit que dans la Pâque chrétienne. Le peuple élu se retire du milieu d'un peuple idolâtre et oppresseur du faible ; dans notre Pâque, nous avons vu ceux qui sont maintenant nos néophytes sortir courageusement de l'empire de Satan qui les tenait captifs, et renoncer solennellement à cet orgueilleux Pharaon, à ses pompes et à ses œuvres. Sur la route qui conduit à la terre promise, Israël a rencontré l'eau ; et il lui a fallu traverser cet élément, tant pour se soustraire à la poursuite de l'armée de Pharaon, que pour pénétrer dans l'heureuse patrie où coulent le lait et le miel. Nos néophytes, après avoir renoncé au tyran qui les tenait asservis, se sont trouvés aussi en face de l'eau ; et ils ne pouvaient non plus échapper à la rage de leurs ennemis qu'en traversant cet élément protecteur, ni pénétrer dans la région de leurs espérances qu'après avoir mis derrière eux les flots comme un  rempart inexpugnable.

 

 Par la divine bonté, l'eau, qui arrête toujours la course de l'homme, devint pour Israël un allié secourable, et elle reçut ordre de suspendre ses lois et de servir à la délivrance du peuple de Dieu. De même aussi la fontaine sacrée, devenue l'auxiliaire de la divine grâce, comme l'Eglise nous l'a enseigné dans la solennité de l'Epiphanie, a été le refuge, le sûr asile de nos heureux transfuges, qui dans ses ondes n'ont plus eu à craindre les droits que Satan revendiquait sur eux.

 

 Debout et tranquille sur l'autre rive, Israël contemple les cadavres flottants de Pharaon et de ses guerriers, les chariots et les boucliers devenus le jouet des vagues. Sortis de la fontaine baptismale, nos néophytes ont plongé leur regard sur cette eau purifiante, et ils y ont vu leurs péchés, ennemis plus redoutables que Pharaon et son peuple, submergés pour jamais.

 

 Alors Israël s'est avancé joyeux vers cette terre bénie que Dieu a résolu de lui donner en héritage. Sur la route, il entendra la voix du Seigneur qui lui donnera lui-même sa loi ; il se désaltérera aux eaux pures et rafraîchissantes qui couleront du rocher à travers les sables du désert, et il recueillera pour se nourrir la manne que le ciel lui enverra chaque jour. De même, nos néophytes vont marcher d'un pas libre vers la patrie céleste qui est leur Terre promise. Le désert de ce monde qu'ils ont à traverser sera pour eux sans ennuis et sans périls ; car le divin Législateur les instruira lui-même de sa loi, non plus au bruit du tonnerre et à la lueur des éclairs, comme il fit pour Israël, mais cœur à cœur et d'une voix douce et compatissante, comme celle qui ravit les deux disciples sur le chemin d'Emmaüs.

 

Les eaux jaillissantes ne leur manqueront pas non plus ; il y a quelques semaines, nous entendions le Maître, parlant à la Samaritaine, promettre qu'il ouvrirait une source vive à ceux qui l'adoreraient en esprit et en vérité. Enfin une manne céleste, bien supérieure à celle d'Israël, car elle assure l'immortalité à ceux qui s'en nourrissent,  sera leur aliment délectable et fortifiant.

 

 C'est donc ici encore notre Pâque, le Passage à travers l'eau dans la Terre promise ; mais avec une réalité et une vérité que l'ancien Israël, sous ses grandes figures, n'a pas connue. Fêtons donc notre Passage de la mort originelle à la vie de la grâce par le saint Baptême ; et si l'anniversaire de notre régénération n'est pas aujourd'hui même, ne laissons pas pour cela de célébrer cette heureuse migration que nous avons faite de l’Egypte du monde dans l'Eglise chrétienne ; ratifions avec joie et reconnaissance notre renoncement solennel à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, en échange duquel la bonté de Dieu nous a octroyé de tels bienfaits.

 

 L'Apôtre des Gentils nous révèle un autre mystère de l'eau baptismale qui complète celui-ci, et vient se fondre pareillement dans le mystère de la Pâque. Il nous enseigne que dans cette eau nous avons disparu comme le Christ dans son sépulcre, étant morts et ensevelis avec lui. C'était notre vie d'hommes pécheurs qui prenait fin ; pour vivre à Dieu, il nous fallait mourir au péché.

 

En contemplant les fonts sacrés sur lesquels nous avons été régénérés, pensons qu'ils sont le tombeau où nous avons laissé le vieil homme qui n'en doit plus remonter. Le baptême par immersion, qui fut longtemps en usage dans nos contrées, et qui s'administre encore en tant de lieux, était l'image sensible de cet ensevelissement ; le néophyte disparaissait complètement sous l'eau ; il paraissait mort à sa vie antérieure, comme le Christ à sa vie mortelle.

 

Mais de même que le Rédempteur n'est pas demeuré dans le tombeau, et qu'il est ressuscité à une vie nouvelle, de même aussi, selon la doctrine de l'Apôtre, les baptisés ressuscitent avec lui, au moment où ils sortent de l'eau, ayant les arrhes de l'immortalité et de la gloire, étant les membres vivants et véritables de ce Chef qui n'a plus rien de commun avec la mort. Et c'est encore ici la Pâque, c'est-à-dire le Passage de la mort à la vie.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Baptême des Néophytes

Partager cet article
Repost0
10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 04:00

Ressuscité de grand matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d'abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s'affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent qu'il était vivant et qu'elle l'avait vu, ils refusèrent de croire.

 

Après cela, il se manifesta sous un aspect inhabituel à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l'annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.

 

Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table : il leur reprocha leur incrédulité et leur endurcissement parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité.

 

Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : " Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création."

 

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

 

Le souper à Emmaüs

Partager cet article
Repost0
9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 08:00

L'Agneau est notre Pâque ; nous l'avons reconnu hier ; mais le mystère de la Pâque est loin d'être épuisé. Voici d'autres merveilles qui réclament notre attention. Le livre sacré nous dit : "La Pâque, c'est le passage du Seigneur" (Exode, XII, 12) ; et le Seigneur, parlant lui-même, ajoute : "Je passerai cette nuit-là par la terre d'Egypte ; je frapperai tous les premiers-nés dans l'Egypte, depuis l'homme jusqu'à la bête ; et j'exercerai mon jugement sur tous les dieux de l'Egypte, moi le Seigneur." La Pâque est donc un jour de justice, un jour terrible pour les ennemis du Seigneur ; mais il est en même temps et par là même le jour de la délivrance pour Israël. L'Agneau vient d'être immolé ; mais son immolation est le prélude de l'affranchissement du peuple saint.

 

 Israël est soumis à la plus affreuse captivité sous Pharaon. Un odieux esclavage pèse sur lui ; ses enfants mâles sont voués à la mort ; c'en est fait de la race d'Abraham, sur laquelle reposent les promesses du salut universel ; il est temps que le Seigneur intervienne ; il est temps qu'il se montre, le Lion de la tribu de Juda, à qui rien ne saurait résister. Mais Israël représente ici un peuple plus nombreux que lui. C'est le genre humain tout entier qui gémit captif sous la tyrannie de Satan, le plus cruel des Pharaons. Sa servitude est montée au comble ; courbé sous les plus abominables superstitions, il prodigue à la matière ses ignobles adorations. Dieu est chassé de la terre, où tout est devenu dieu, excepté Dieu ; le gouffre béant de l'enfer engloutit les générations presque entières. Dieu aura-t-il donc travaillé contre lui-même, en créant le genre humain ? Non ; mais il est temps que le Seigneur passe, et qu'il fasse sentir la force de son bras.

 

 Le vrai Israël, l'Homme véritable descendu du ciel, est captif à son tour. Ses ennemis ont prévalu contre lui ; et sa dépouille sanglante et inanimée a été enfermée dans le tombeau. Les meurtriers du Juste ont été jusqu'à sceller la pierre de son sépulcre ; ils y ont établi une garde. N'est-il pas temps que le Seigneur passe, et qu'il confonde ses ennemis par la rapidité victorieuse de son passage ?

 

 Et  d'abord, au  sein de  la profane Egypte, chaque famille israélite ayant immolé et mangé l'agneau pascal, lorsque le  milieu de la nuit fut venu, le Seigneur, selon sa promesse, passa comme  un  vengeur redoutable à travers  toute cette nation au  cœur endurci. L'ange exterminateur le suivait, et  frappa de son  glaive tous les premiers-nés de ce vaste empire, "depuis le premier-né de Pharaon qui s'asseyait sur le trône, jusqu'au  premier-né de la captive qui était  en prison, et jusqu'au premier-né de tous les animaux." Un  cri de  douleur  retentit de toutes parts dans Mesraïm ;  mais le Seigneur est juste, et son peuple fut délivré.

 

 La même victoire s'est renouvelée en ces jours, lorsque le Seigneur, à l'heure où les ténèbres luttaient encore avec les premiers rayons du soleil , a passé, à travers la pierre scellée du tombeau, à travers les gardes, frappant à mort le peuple premier-né, qui n'avait pas voulu "connaître le temps de sa visite". La synagogue avait hérité de la dureté de cœur de Pharaon ; elle voulait retenir captif celui dont le prophète avait dit qu'il serait "libre entre les morts". A ce coup, les cris d'une rage impuissante se sont fait entendre dans les conseils de Jérusalem ; mais le Seigneur est juste, et Jésus s'est délivré lui-même.

 

 Et le genre humain que Satan foulait aux pieds, combien a été heureux pour lui le passage du Seigneur ! Ce généreux triomphateur n'a pas voulu sortir seul de sa prison : il nous avait tous adoptés pour ses frères, et nous a tous ramenés à la lumière avec lui. Tous les premiers-nés de Satan sont abattus du coup, toute la force de l'enfer est brisée. Encore un peu de temps, et les autels des faux dieux seront renversés de toutes parts ; encore un peu de temps, et l'homme, régénéré par la prédication évangélique, reconnaîtra son créateur et abjurera les infâmes idoles. Car "c'est aujourd'hui la Pâque, c'est-à-dire le Passage du Seigneur".

 

 Mais voyez l'alliance qui réunit dans une même Pâque le mystère de l'Agneau au mystère du Passage. Le Seigneur passe, et il commande à l'Ange exterminateur de frapper le premier-né dans toute maison dont le seuil ne porte pas l'empreinte du sang de l'Agneau. C'est ce sang protecteur qui détourne le glaive ; c'est à cause de lui que la divine justice passe à côté de nous et ne nous touche pas.

 

 Pharaon et son peuple ne sont pas protégés par le sang de l'Agneau ; cependant ils ont vu de rares merveilles, ils ont éprouvé des châtiments inouïs ; ils ont pu voir que le Dieu d'Israël n'est pas sans force comme leurs dieux ; mais leur cœur est plus dur que la pierre, et les œuvres de Moïse pas plus que sa parole n'ont pu l'amollir. Le Seigneur les frappe donc, et délivre son peuple. L'ingrat Israël s'obstine à son tour ; et, passionné pour ses ombres grossières, il ne veut pas d'autre Agneau que l'agneau matériel. En vain ses Prophètes lui ont annoncé qu'un "Agneau roi du monde viendra du désert à la montagne de Sion". Israël ne consent pas à voir son Messie dans cet Agneau ; il l'égorge avec haine et fureur ; et il continue de mettre toute sa confiance dans le sang grossier d'une victime impuissante à le protéger désormais. Qu'il sera terrible le Passage du Seigneur dans Jérusalem, lorsque l'épée romaine le suivra, exterminant à droite et à gauche un peuple tout entier !

 

 Et les esprits de malice qui s'étaient joués de l'Agneau, qui l'avaient méprisé à cause de sa douceur et de son humilité, qui avaient rugi de leur joie infernale, en le voyant épuiser tout le sang de ses veines sur l'arbre de la croix, quelle déception pour leur orgueil de l'avoir vu, cet Agneau, descendre dans toute sa majesté de Lion jusqu'aux enfers, en arracher les justes de quatre mille ans, "captifs sous les ombres ; ensuite, sur la terre, appeler toute créature vivante à la liberté des enfants de Dieu !"

 

Que votre Passage est dur à vos ennemis, ô Christ ! mais qu'il est salutaire à vos fidèles ! Le premier Israël n'eut point à le redouter ; car il était protégé par le signe du sang figuratif qui marquait la porte de ses demeures. Notre sort est plus beau ; notre Agneau est l'Agneau de Dieu même ; et ce ne sont point nos portes qui sont marquées de son sang ; ce sont nos âmes qui en sont toutes teintes. Votre Prophète, expliquant plus clairement le mystère, annonça dans la suite que ceux-là seraient épargnés, au jour de votre juste vengeance sur Jérusalem, qui auraient au front la marque du Tau (Ezech. IX, 6.). Israël n'a pas voulu comprendre. Le signe du Tau est le signe de votre Croix ; c'est lui qui nous couvre, qui nous protège, qui nous transporte de joie, dans cette Pâque de votre Passage, où tous vos coups sont pour nos ennemis et toutes vos bénédictions pour nous.  

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Retable d'Issenheim à Colmar

Partager cet article
Repost0
8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 08:00

La Bible nous répond que la Pâque est l'immolation de l'Agneau. Pour comprendre la Pâque, il faut avoir compris le mystère de l'Agneau. Dès les premiers siècles du christianisme, sur les mosaïques et sur les peintures murales des Basiliques, on représentait l'agneau comme le symbole qui réunissait l'idée du sacrifice du Christ et celle de sa victoire. Par sa pose pleine de douceur, l'Agneau exprimait le dévouement qui l'a porté à donner son sang pour l'homme ; mais il était peint debout sur une colline verdoyante, et les quatre fleuves du paradis sortaient à son commandement de dessous ses pieds, figurant les quatre Evangiles qui ont porté sa gloire aux quatre points du monde. Plus tard, on le peignit armé d'une croix de laquelle pendait une banderole triomphale . c'est la forme symbolique sous laquelle nous le révérons dans nos temps.

 

 Depuis le péché, l'homme ne pouvait plus se passer de l'Agneau ; sans l'Agneau, il se voyait déshérité pour jamais du ciel, et en butte éternellement au divin courroux. Aux premiers jours du monde, le juste  Abel sollicitait la clémence du Créateur irrité, en immolant sur un autel d'herbe le plus bel agneau de son troupeau, jusqu'à ce que, agneau lui-même, il tombât sous les coups d'un fratricide, devenant ainsi le type vivant de notre Agneau, que ses frères aussi ont mis à mort.

 

Dans la suite, Abraham, sur la montagne, consomma le sacrifice commencé par son héroïque obéissance, en immolant le Bélier dont la tête était entourée d'épines, et dont le sang arrosa l'autel dressé pour Isaac.

 

Plus tard, Dieu parla à Moïse ; il lui révéla la Pâque ; et cette Pâque consistait d'abord dans un agneau immolé et dans le festin de la chair de cet agneau. La sainte Eglise nous a donné à lire, ces derniers jours, dans le livre de l'Exode,  le commandement du Seigneur à ce sujet. L'agneau pascal devait  être sans aucune tache ; on devait répandre son sang et se nourrir de sa chair : telle est la première Pâque. Elle est pleine de figures, mais vide de réalités : cependant elle dut suffire au peuple de Dieu durant quinze siècles ; mais le Juif spirituel savait y reconnaître les traits mystérieux d'un autre Agneau.

 

 A l'époque des grands Prophètes, Isaïe implora, dans ses vers inspirés, l'accomplissement de la promesse divine faite au commencement du monde. Nous avons répété ses sublimes élans, nous nous sommes unis à ses vœux, lorsque la sainte Eglise, au temps de l'Avent, nous mettait sous les yeux les magnifiques oracles de cet envoyé de Dieu. Avec quelle ardeur nous disions avec lui : "Envoyez-nous, Seigneur, l'Agneau qui doit dominer sur la terre !" Ce Messie tant attendu, c'était donc l'Agneau ; quelle Pâque, disions-nous, que celle où un tel Agneau sera immolé ! quel festin que celui où il sera servi aux convives !

 

 Lorsque la plénitude des temps fut arrivée, et que Dieu eut envoyé son Fils sur la terre, ce Verbe incarné qui ne s'était pas encore manifesté aux hommes, marchait au bord du Jourdain, lorsque tout à coup Jean-Baptiste le montra à ses disciples, en leur disant : "Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde". Le saint Précurseur, à ce moment, annonçait la Pâque ; car il avertissait les hommes qu'enfin la terre possédait l'Agneau véritable, l'Agneau de Dieu, attendu depuis quatre mille ans.

 

Il était venu, cet Agneau plus pur que celui qui fut choisi de la main d'Abel, plus mystérieux que celui qu'Abraham trouva sur la montagne, plus exempt de taches que celui qu'offrirent en Egypte les Israélites. C'est véritablement l'Agneau imploré avec tant d'instance par Isaïe, un Agneau envoyé par Dieu lui-même, en un mot, l'Agneau de Dieu.

 

Encore un peu de temps, et il sera immolé. Le Vendredi saint nous avons assisté à son sacrifice ; nous avons vu sa patience, sa douceur sous le couteau qui l'égorgeait,  et nous avons été arrosés de son sang divin qui a lavé tous nos péchés.

 

 L'effusion de ce sang rédempteur était nécessaire à notre Pâque ; il fallait que nous en fussions marqués, pour échapper au glaive de l'Ange ; en même temps, ce sang nous communiquait la pureté de celui qui nous le donnait si libéralement. Nos néophytes sortaient de la fontaine dans laquelle il a mêlé sa vertu, plus blancs que la neige ; les pécheurs même qui avaient eu le malheur de perdre la grâce qu'ils puisèrent autrefois dans le bain sacré, ont retrouvé, par l'inépuisable énergie du sang divin, leur intégrité première. Toute l'assemblée des fidèles a revêtu la robe nuptiale ; et cette robe est d'un éclat éblouissant ; car c'est "dans le sang même de l'Agneau qu'elle a été blanchie".

 

 Or c'est pour un festin que cette robe a été préparée, et à ce festin nous retrouvons encore notre Agneau. C'est lui qui se donne en nourriture à ses heureux conviés ; et le festin, c'est la Pâque. Le grand Apôtre André l'exprima d'une manière sublime devant le gouverneur Egée, quand il confessa Jésus-Christ en présence de ce païen : "La chair de l'Agneau sans tache, lui dit-il, sert de nourriture, son sang sert de breuvage au peuple qui a foi dans le Christ ; et bien qu'immolé, cet Agneau est toujours entier et vivant".

 

Hier, par toute la terre, ce festin a eu lieu ; il se continue encore en ces jours, et nous y contractons une étroite union avec l'Agneau qui s'incorpore à nous par ce divin mets. Mais ce n'est pas tout sur l'Agneau. Isaïe demandait à Dieu de nous envoyer l'Agneau qui doit dominer sur la terre ; il ne vient donc pas  seulement pour  être  immolé, pour nous nourrir de sa  chair sacrée, cet Agneau ; il vient donc pour commander,  pour être Roi ? Oui, il en est ainsi ; et c'est là encore notre Pâque.

 

Pâques est la proclamation du règne de l'Agneau. C'est le cri des élus dans le ciel : il a vaincu, le Lion de la tribu de Juda,  le rejeton de David !" Mais s'il est Lion, comment est-il Agneau ? Entendons le mystère. Dans son amour pour l'homme qui avait besoin d'être racheté, d'être fortifié  par une nourriture céleste, il a  daigné se montrer Agneau ;  mais il fallait aussi qu'il triomphât de ses ennemis et des nôtres ; il fallait qu'il régnât ; car "toute puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre". Dans son  triomphe, dans sa force invincible, c'est un  Lion auquel rien ne résiste, et dont les  rugissements  de  victoire  ébranlent aujourd'hui l'univers.

 

Ecoutez  le  grand diacre d'Edesse, saint Ephrem : "A la douzième heure, on  le détacha  de la croix comme  un lion  endormi" (In Sanctam Parasceven, et in Crucem et latronem). Il dormait, notre Lion ; "son repos, en effet, a été si court, dit saint Léon, qu'on dirait un sommeil plutôt qu'une mort" (Sermo I. de Resurrectione).

 

Qu'était-ce donc alors,  sinon l'accomplissement de l'oracle du vieux Jacob sur son  lit de mort,  lorsque, annonçant deux mille  ans  à  l'avance  les grandeurs de son  noble et  divin rejeton,  il disait dans un saint enthousiasme : "Juda, c'est le jeune Lion ; tu t'es couché, mon fils, comme le lion ; tu t'es étendu comme la lionne : qui le réveillera ?" De lui-même il s'est réveillé aujourd'hui ; il s'est dressé sur ses pieds ; pour nous  Agneau,  Lion pour ses  ennemis ; unissant désormais la force à la douceur. C'est Le mystère complet de la Pâque : un Agneau triomphant, obéi, adoré. Rendons-lui nos hommages : que nous unissions nos voix à celles des millions d'Anges et des vingt-quatre vieillards, répétons avec eux dès aujourd'hui sur la terre : "Il est digne, l'Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance et la divinité, et la sagesse et la force, et l'honneur et la gloire, et la bénédiction".

 

 L'ancienne Eglise chômait tous les jours de cette semaine comme une seule fête ; et les travaux serviles demeuraient interrompus durant tout son cours. L'édit de Théodose, en 389, qui suspendait l'action des tribunaux durant le même intervalle, venait en aide à cette prescription liturgique que nous trouvons attestée dans les Sermons de saint Augustin (De Sermone Domini in Monte) et dans les Homélies de saint Jean Chrysostome. Ce dernier, parlant aux néophytes, s'exprimait ainsi : "Durant ces sept jours, vous jouissez de l'enseignement de la divine doctrine, l'assemblée des fidèles se réunit à cause de vous, nous vous admettons à la table spirituelle ; ainsi nous vous armons et nous vous exerçons aux combats contre le démon. Car c'est maintenant qu'il se prépare à vous attaquer avec plus de fureur ; plus grande est votre dignité, plus vive sera son attaque. Mettez donc à profit nos enseignements durant cet intervalle, et sachez y apprendre à lutter vaillamment. Reconnaissez aussi dans ces sept jours le cérémonial des noces spirituelles que vous avez eu la gloire de contracter. La solennité des noces dure sept jours ; nous avons voulu, durant le même temps, vous retenir dans la chambre nuptiale" (Homil. V. de Resurrectione).

 

 Tels étaient alors le zèle des fidèles, leur goût pour les saintes pompes de la Liturgie, l'intérêt qu'ils portaient aux nouvelles recrues qui réjouissaient l'Eglise en ces jours, qu'ils se prêtaient avec empressement à toutes les assiduités qui étaient exigées d'eux durant cette semaine. La joie de la Résurrection remplissait tous les cœurs et occupait tous les instants. Les conciles publièrent des canons qui érigeaient en loi cette pieuse coutume. Celui de Mâcon, en 585, formulait ainsi son décret : "Nous devons tous célébrer et fêter avec zèle notre Pâque, dans laquelle le souverain Prêtre et Pontife a été immolé pour nos péchés, et l'honorer par notre exactitude à garder les prescriptions qu'elle impose. Nul ne se permettra donc aucune œuvre servile durant ces six jours (qui suivaient le Dimanche) ; mais tous se réuniront pour chanter les hymnes de la Pâque, assistant avec assiduité aux sacrifices quotidiens, et se rassemblant pour louer notre créateur et régénérateur, le soir, le matin et à midi." Les conciles de Mayence (813) et de Meaux (845) établissent les mêmes prescriptions. Nous les retrouvons en Espagne, au VIIe siècle, dans les édits des rois Recesvinthe et Wamba. L'Eglise grecque les renouvela dans son concile in Trullo ; Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve, les sanctionnèrent dans leurs capitulaires ; les canonistes des XIe et XIIe siècles, Burkard, saint Yves de Chartres, Gratien, nous les montrent en usage de leur temps ; enfin Grégoire IX essayait encore de leur donner force de loi dans une de ses Décrétales, au XIIIe siècle. Mais déjà, en beaucoup de lieux, cette observance avait faibli. Le concile tenu à Constance, en 1094, réduisait la solennité de la Pâque au lundi et au mardi qui suivent le grand Dimanche. Les liturgistes Jean Beleth, pour le XIIe siècle, et Durand, pour le XIIIe, atestent que, de leur temps, cette réduction était déjà en usage chez les Français. Elle ne tarda pas à s'étendre dans tout l'Occident, et forma le droit commun pour la célébration de la Pâque, jusqu'à ce que. le relâchement croissant toujours, on ait obtenu successivement du Siège Apostolique la dispense de l'obligation de férier le Mardi, et même le Lundi, en France, après le Concordat de 1801.

 

 Pour avoir l'intelligence de la Liturgie des jours qui vont se succéder jusqu'au dimanche in Albis, il est donc nécessaire de se souvenir constamment de nos néophytes toujours présents avec leurs robes blanches à la Messe et aux offices divins. Les allusions à leur récente régénération sont continuelles, et se montrent sans cesse dans les chants et dans les lectures que la sainte Église emploie durant tout le cours de cette solennelle Octave.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Retable d'Issenheim

Partager cet article
Repost0
7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 16:00

Le jour marqué par le plus grand des prodiges s'avance rapidement vers son terme ; et bientôt la nuit va descendre avec ses ombres.

 

Quatre fois, dans le cours de cette journée, la plus solennelle qui se soit levée sur le monde depuis la création de la lumière, Jésus a daigné manifester sa résurrection. Il lui reste maintenant à se faire voir aux Apôtres rassemblés, et à les mettre en  mesure de joindre  leur expérience personnelle au témoignage qu'ils ont accepté de la bouche de Pierre. Mais telle est la condescendance de notre divin ressuscité envers ceux qui s'attachèrent à lui dans les jours de sa vie mortelle, que, laissant pour quelques moments encore ceux qu'il nomme ses frères et qui maintenant ne doutent plus de son triomphe, il songe d'abord à consoler deux coeurs qui sont affligés à son sujet, mais dont l'affliction n'a cependant d'autre cause que leur peu de foi.

 

 Sur la route de Jérusalem à Emmaüs cheminent lentement et tristement deux voyageurs. A leur extérieur abattu, on juge aisément qu'une cruelle déception les a atteints ; qui sait même s'ils ne s'éloignent pas de la ville par un sentiment d'inquiétude ? Ils étaient disciples de Jésus, lorsqu'il vivait ; mais la mort honteuse et violente de ce maître en qui ils avaient cru leur a causé une désolation aussi amère que profonde. Humiliés d'avoir compromis leur honneur en suivant un homme qui n'était pas ce qu'ils avaient pensé, ils s'étaient tenus cachés durant les premières heures qui suivirent son supplice ; mais tout à coup on a parlé de sépulcre ouvert et forcé, de la disparition d'un corps enseveli. Les ennemis de Jésus sont puissants, et sans doute en ce moment ils informent contre les violateurs d'un tombeau dont la pierre était scellée du sceau de l'autorité publique. Il est à croire que l'enquête amènera devant leur tribunal ceux qui s'étaient attachés à la suite d'un Messie que la Synagogue a crucifié entre deux voleurs. Tel était sans doute le sujet du dialogue de nos deux voyageurs.

 

Mais voici qu'ils sont joints par un troisième, et ce troisième voyageur est Jésus  lui-même. 

 

 

La concentration de leurs pensées sur l'objet lugubre qui les occupe leur a enlevé la liberté de reconnaître ses traits ; ainsi, lorsque nous nous laissons aller à une douleur trop humaine, nous arrive-t-il de perdre de vue le divin compagnon qui vient se placer près de nous, pour cheminer avec nous et raffermir nos espérances. Jésus interroge ces deux hommes sur le sujet de leur tristesse ; ils le lui avouent avec simplicité ; et ce Roi de gloire, ce vainqueur de la mort en ce jour même, daigne balbutier avec eux, et leur expliquer, chemin faisant, toute la série des divins oracles qui annonçaient les humiliations, la mort et le triomphe final du Rédempteur d'Israël.

 

Les deux voyageurs sont émus ; ils sentent, comme ils l'avouèrent plus tard, leur cœur brûler d'un feu inconnu, à mesure que cette voix, qu'ils ne savent pas reconnaître encore, fait retentir à leurs oreilles ces touchantes vérités qu'ils avaient jusqu'alors méconnues. Jésus feint de vouloir les quitter ; ils le retiennent. "Oh ! restez avec nous, lui disent-ils ; le jour baisse, et vous accepterez notre hospitalité". Ils introduisent leur maître inconnu dans la maison d'Emmaüs ; ils le font asseoir à table avec eux ; et, chose merveilleuse ! ils n'ont pas deviné encore quel est ce céleste docteur qui vient de résoudre leurs doutes avec tant de sagesse et d'éloquence. Tels sommes-nous nous-mêmes, lorsque nous laissons les pensées humaines dominer en nous ; Jésus est près de nous, il nous parle, il nous instruit, il nous console ; et il nous faut souvent beaucoup de temps pour reconnaître que c'est Jésus.

 

Enfin le moment est venu où le maître de la lumière va se révéler à ces deux disciples si lents à croire.

 

 

Ils l'ont invité à présider à leur table ; c'est à lui de rompre le pain. Il  le prend  entre ses mains sacrées, comme il fit à la Cène ; et à l'instant où il en opère la fraction pour le leur partager, soudain leurs yeux s'ouvrent, et ils ont reconnu Jésus lui-même, Jésus ressuscité.

 

 Ils vont tomber à ses pieds ; mais à peine s'est-il dévoilé à leurs regards qu'il disparaît, les laissant en proie à la stupeur, mais en même temps inondés d'une joie qui dépasse tout ce qu'ils ont jamais goûté de bonheur dans toute leur vie. C'est ici la cinquième apparition du Sauveur dans la journée de Pâques. Saint Luc nous en donne le récit ; et elle est le sujet de la lecture du saint Evangile à la Messe d'aujourd'hui.

 

Les deux disciples ne peuvent plus demeurer davantage à Emmaüs ; malgré l'heure avancée, ils ne songent désormais qu'à rentrer au plus tôt dans Jérusalem. Il leur tarde d'annoncer aux Apôtres, dont ils ont partagé ce matin l'abattement, que leur maître est vivant, qu'ils lui ont parlé, qu'ils l'ont vu. Ils franchissent rapidement l'espace qui sépare le village où ils comptaient passer la nuit, de la grande cité dont, il y a peu d'instants, ils fuyaient les périls. Bientôt ils sont au milieu des Apôtres, auxquels ils s'apprêtent à raconter leur bonheur ; mais ils ont été prévenus ; la foi de la Résurrection est vivante dans le collège apostolique. Avant qu'ils aient ouvert la bouche, on leur dit tout d'une voix : "Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il a apparu à Pierre". Les deux disciples racontent alors aux Apôtres qu'eux aussi ont été favorisés de l'entretien et de la vue de leur maître commun.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

tableaux : Pieter Coecke van Aelst Christ et ses disciples sur le chemin d'Emmaüs ; Pedro Orrente Le souper à Emmaüs

Partager cet article
Repost0
7 avril 2010 3 07 /04 /avril /2010 11:00

Il faut cependant que Jésus ressuscité se manifeste à ceux qui doivent porter jusqu'aux extrémités du monde le témoignage de sa divinité. Jusqu'à cette heure, il n'a apparu encore que pour satisfaire sa tendresse filiale pour sa mère, et son infinie bonté envers les âmes qui avaient répondu, selon leur pouvoir, à ses bienfaits. Le moment semble venu pour lui de songer à sa gloire ; du moins serions-nous portés à le penser. Attendons encore cependant. Jésus a voulu d'abord récompenser l'amour ; mais, avant de proclamer son triomphe, il éprouve le besoin de signaler sa générosité. Le collège apostolique, dont tous les membres ont fui au moment du péril, a vu son chef s'oublier jusqu'à renier, à la parole d'une servante, le maître qui l'avait comblé d'honneurs ; mais depuis le regard de reproche et de pardon que lui a lancé Jésus chez le Grand-Prêtre, Pierre n'a cessé de déplorer sa lâcheté avec les larmes les plus amères. Jésus veut, avant tout, consoler l'humble pénitent, l'assurer de vive voix qu'il lui pardonne, et confirmer de nouveau, par cette marque de prédilection divine, les sublimes prérogatives qu'il lui a conférées naguère devant tous les autres. Pierre doute encore de la résurrection ; il  ne s'est  pas rendu au témoignage de Madeleine ; mais il ne tardera pas à reconnaître le divin ressuscité dans la personne de ce maître offensé, qui s'apprête à se montrer à lui sous les traits d'un ami qui pardonne.

 

 Déjà, dès ce matin, par le commandement d'un maître si. généreux, l'Ange  a dit aux femmes : "Allez,  et dites à ses disciples et à Pierre qu'il vous précédera en Galilée". Pourquoi Pierre est-il nommé ici  par son nom, si ce n'est afin qu'il sache que, s'il a eu le malheur de  renier Jésus, Jésus ne l’a pas  renié ? Pourquoi  n'est il pas nommé, cette fois, à la tête des autres, si ce n'est afin de  lui  épargner l'humiliation qu'offrirait le contraste de sa haute dignité avec la faiblesse indigne qu'il a commise ? Mais cette mention spéciale indique  aussi  qu'il  n'a cessé d'être présent au cœur de son maître, et que bientôt il sera à portée d'expier par ses regrets, par son amende honorable aux pieds de ce maître si glorieux et si rempli de bonté, le malheur qu'il a eu de lui être infidèle. Pierre est lent à croire ;  mais son repentir est sincère et mérite récompense.

 

 Tour à coup, à l'une des heures de cette après-midi, l'Apôtre voit paraître devant lui ce même Jésus qu'il vit, il y a trois jours, garrotté et traîné par les valets de Caïphe, et dont il craignit d'avoir à partager le sort. Mais ce Jésus, alors si humilié, brille maintenant de toutes les splendeurs de sa résurrection : c'est un vainqueur, un Messie glorieux ; mais ce qui rayonne le plus vivement aux yeux de l'Apôtre, c'est l'ineffable bonté de ce divin Roi, qui rassure le pécheur plus encore que son éclat ne l'éblouit. Qui oserait essayer de rendre ce colloque entre le coupable et le divin offensé : les regrets de l'Apôtre, qu'une telle générosité couvre de la plus profonde confusion ; l'assurance du pardon descendant de cette bouche sacrée et remplissant de la joie pascale ce cœur si abattu ? Soyez béni, ô Jésus, qui avez relevé de son abaissement celui que vous nous laisserez pour Chef et pour Père, lorsque vous remonterez au ciel pour n'en plus redescendre qu'à la fin des temps.

 

Après avoir rendu hommage à cette infinie miséricorde qui réside dans le Cœur de notre Sauveur ressuscité, avec non moins de puissance et d'expansion qu'il la daigna manifester dans les jours de sa vie mortelle, admirons la sublime sagesse avec laquelle il continue d'accomplir en saint Pierre le mystère de l'unité de l'Eglise, mystère qui doit résider en cet Apôtre et dans ses successeurs. Jésus lui a dit en présence des autres, à la dernière Cène : "J'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas : lorsque tu seras converti, tu confirmeras tes frères". Le moment est venu d'établir en Pierre cette foi qui ne doit jamais manquer : Jésus la lui donne à l'heure même. C'est lui qu'il instruit d'abord par lui-même, afin de poser le fondement.

 

Bientôt il va se montrer aux autres Apôtres ; mais Pierre y sera présent avec ses frères ; en sorte que si cet Apôtre obtient des faveurs auxquelles les autres ne participent pas, ceux-ci n'en reçoivent jamais qu'il n'y ait sa part. C'est à eux de croire sur la parole de Pierre, comme ils le firent ; par le témoignage de Pierre, ils reçoivent la foi de la résurrection et ils la proclament, ainsi que nous le verrons bientôt. Jésus ensuite leur apparaîtra à eux-mêmes ; car il les aime, il les appelle ses frères, il les destine à prêcher sa gloire par toute la terre ; mais il trouvera déjà établie en eux la foi de sa résurrection, parce qu'ils ont cru au témoignage de Pierre ; et le témoignage de Pierre a opéré en eux le mystère de l'unité, qu'il opérera dans l'Eglise jusqu'au dernier jour du monde.

 

 L'apparition de Jésus au Prince des Apôtres est appuyée sur l'Evangile de saint Luc et sur la première Epître de saint Paul aux Corinthiens, et elle est la quatrième de celles qui eurent lieu le jour de la résurrection.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique 

 

Saint Pierre repentant par Le Greco

Partager cet article
Repost0
6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 17:00

La journée s'avance dans son cours, et Jésus ne s'est pas montré encore à ses disciples. Les saintes femmes sont tout entières à la joie et à la reconnaissance que leur inspire la faveur dont elles ont été l'objet. Elles ont rendu leur témoignage aux Apôtres : ce ne sont plus seulement  des Anges qui leur ont apparu ; Jésus lui-même s'est montré ; il  a daigné leur parler ; elles ont embrassé ses pieds sacrés ; elles sont fermes dans leurs affirmations, néanmoins elles ne parviennent pas à vaincre le découragement  de ces hommes que les scènes de la Passion  de leur maître ont  profondément abattus.  Quelque récit qu'ils entendent, ils sont tristes comme des gens qui ont  éprouvé une cruelle déception. Ce sont eux  cependant que l'on verra bientôt affronter les supplices et la mort, en témoignage de la résurrection de ce maître dont le  souvenir est en ce moment pour eux comme une humiliation.

 

 Nous pouvons nous faire l'idée des impressions auxquelles ils sont en proie, en écoutant la conversation de deux hommes qui ont passé avec eux une partie du jour, et qui eux-mêmes avaient des relations avec Jésus. Ce soir même, sur le chemin d'Emmaüs, ils exprimeront ainsi l'état de leur âme déçue :  "Nous avions  espéré en lui comme en celui qui devait racheter Israël ; et voilà déjà trois jours que la catastrophe a eu lieu. Il y a bien eu quelques femmes qui sont des nôtres, et qui, étant allées au tombeau avant le jour, nous ont causé par leurs récits une certaine émotion. N'ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues disant avoir vu des Anges qui leur auraient raconte qu'il vit maintenant. Quelques-uns d'entre nous sont allés au tombeau, et ils ont constaté ce que les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas trouvé".

 

Chose étonnante ! l'annonce de sa résurrection que, tant de fois, Jésus avait faite devant eux, même en présence des Juifs, ne leur revenait pas en mémoire : tant le spectacle et le souvenir de la mort étouffent, chez les hommes charnels, le sentiment de cette nouvelle naissance que notre corps doit puiser au sein du tombeau !

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique  

 

Souper à Emmaüs par Rembrandt 

Partager cet article
Repost0