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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

19 mars 2010 5 19 /03 /mars /2010 05:00

Une nouvelle joie nous arrive, au sein des tristesses du Carême. Hier, c'était le radieux Archange qui déployait devant nous ses ailes ; aujourd'hui, c'est Joseph, l'époux de Marie, le père nourricier du Fils de Dieu, qui vient nous consoler par sa chère présence.


La Sainte Famille par Carlo Dolci

Dans peu de jours, l'auguste mystère de l'Incarnation va s'offrir à nos adorations : qui pouvait mieux nous initier à ses splendeurs, après l'Ange de l'Annonciation, que l'homme qui fut à la fois le confident et le gardien fidèle du plus sublime de tous les secrets ?


Le Fils de Dieu descendant sur la terre pour revêtir l'humanité, il lui fallait une Mère ; cette Mère ne pouvait être que la plus pure des Vierges, et la maternité divine ne devait altérer en rien son incomparable virginité. Jusqu'à ce que le Fils de Marie fût reconnu pour le Fils de Dieu, l'honneur de sa Mère demandait un protecteur : un homme devait donc être appelé à l'ineffable gloire d'être l'Epoux de Marie. Cet heureux mortel, le plus chaste des hommes, fut Joseph.


Le ciel le désigna comme seul digne d'un tel trésor, lorsque de la verge qu'il tenait dans le temple
poussa tout à coup une fleur, comme pour donner un accomplissement sensible à l'oracle prophétique d'Isaie : "Une branche sortira de la tige de Jessé, et une fleur s'élèvera de cette branche". Les riches prétendants à la main de Marie furent écartés ; et Joseph scella avec la fille de David une alliance qui dépassait en amour et en pureté tout ce que les Anges ont jamais connu dans le ciel. Ce ne fut pas la seule gloire de Joseph, d'avoir été choisi pour protéger la Mère du Verbe incarné ; il fut aussi appelé à exercer une paternité adoptive sur le Fils de Dieu lui-même.

Pendant que le nuage mystérieux couvrait encore le Saint des saints, les hommes appelaient Jésus, fils de Joseph, fils du charpentier ; Marie, dans le temple, en présence des docteurs de la loi, que le divin Enfant venait de surprendre par la sagesse de ses réponses et de ses questions, Marie adressait ainsi la parole à son fils : "Votre père et moi nous vous cherchions, remplis d'inquiétude" ; et le saint Evangile ajoute que Jésus leur était soumis, qu'il était soumis à Joseph, comme il l'était à Marie.

Qui pourrait concevoir et raconter dignement les sentiments qui remplirent le cœur de cet homme que l'Evangile nous dépeint d'un seul mot, en l'appelant homme juste ? Une affection conjugale qui avait pour objet la plus sainte et la plus parfaite des créatures de Dieu ; l'avertissement céleste donné par l'Ange qui révéla à cet heureux mortel que son épouse portait en elle le fruit du salut, et qui l'associa comme témoin unique sur la terre à l'œuvre divine de l'Incarnation ; les joies de Bethléhem lorsqu'il assista à la naissance  de l'Enfant, honora  la Vierge-Mère, et
entendit les concerts angéliques ; lorsqu'il vit arriver près du nouveau-né d'humbles et simples bergers,  suivis bientôt des Mages opulents de l'Orient ; les alarmes qui vinrent si promptement interrompre tant de bonheur, quand, au  milieu de la nuit, il lui fallut fuir en Egypte avec l'Enfant et la Mère ;  les rigueurs de cet exil, la pauvreté,  le dénuement auxquels furent en proie le Dieu caché dont il était le nourricier, et l'épouse virginale dont il comprenait de plus en plus la dignité sublime ; le retour à Nazareth, la vie humble et laborieuse qu'il mena dans cette ville, où tant de fois ses yeux attendris contemplèrent le Créateur du monde partageant avec lui un travail grossier ; enfin, les délices de cette existence sans égale, au sein de la pauvre maison qu'embellissait la présence de la Reine des Anges, que sanctifiait la majesté du Fils éternel de Dieu ; tous deux déférant à Joseph l'honneur de chef de cette famille qui réunissait autour de lui par les liens les plus chers le Verbe  incréé,  Sagesse  du Père, et la Vierge, chef-d'œuvre incomparable de la puissance et de la sainteté de Dieu ?

Non, jamais aucun homme, en ce monde, ne pourra pénétrer toutes les grandeurs de Joseph. Pour les comprendre, il faudrait embrasser toute l'étendue du mystère avec lequel sa mission ici-bas le mit en rapport, comme un nécessaire instrument. Ne nous étonnons donc pas que ce Père nourricier du Fils de Dieu ait été figuré dans l'Ancienne Alliance, et sous les traits d'un des plus augustes Patriarches du peuple choisi. Saint Bernard a rendu admirablement ce rapport merveilleux : "Le premier Joseph, dit-il, vendu par ses frères, et en cela figure du Christ, fut conduit en Egypte ; le second, fuyant la jalousie
d'Hérode, porta le Christ en Egypte. Le premier Joseph, gardant la foi à son maître, respecta l'épouse de celui-ci ; le second, non moins chaste, fut le gardien de sa Souveraine, de la Mère de son Seigneur, et le témoin de sa virginité. Au premier fut donnée l'intelligence des secrets révélés par les songes ; le second reçut la confidence des mystères du ciel même. Le premier conserva les récoltes du froment,  non pour lui-même, mais pour tout le peuple ; le second reçut en sa garde le Pain vivant descendu du ciel, pour lui-même et pour le monde entier."


Le songe de Saint Joseph par Rembrandt

Une vie si pleine de merveilles ne pouvait se terminer que par une mort digne d'elle. Le moment arrivait où Jésus devait sortir de l'obscurité de Nazareth et se manifester au monde. Désormais ses œuvres allaient rendre témoignage de sa céleste origine : le ministère de Joseph était donc accompli. Il était temps qu'il sortît de ce monde, pour aller attendre, dans le repos du sein d'Abraham, le jour où la porte des cieux serait ouverte aux justes. Près de son lit de mort veillait celui qui est le maître de la vie, et qui souvent avait appelé cet humble mortel du nom de père ; son dernier soupir fut reçu par la plus pure des vierges, qu'il avait eu le droit de nommer son épouse. Ce fut au milieu de leurs soins et de leurs caresses que Joseph s'endormit d'un sommeil de paix. Maintenant, l'époux de Marie, le père nourricier de Jésus, règne au ciel avec une gloire inférieure sans doute à celle de Marie, mais décoré de prérogatives auxquelles n'est admis aucun des habitants de ce séjour de bonheur.
C'est de là qu'il répand sur ceux qui l'invoquent une protection puissante.

Dans quelques semaines, la sainte Eglise nous révélera toute l'étendue de cette protection ; une fête spéciale sera consacrée  à  honorer le Patronage de  Joseph ;  mais désormais la sainte  Eglise veut que la fête présente,  élevée à l'honneur des premières solennités, devienne  le monument principal  de  la confiance  qu'elle éprouve et qu'elle veut  nous inspirer envers le  haut  pouvoir  de l'époux de Marie.

Le huit décembre 1870, Pie IX, au milieu de la tempête qui jusqu'à cette heure mugit encore, s'est levé  sur la nacelle  apostolique, et a proclamé, à la face de la  Ville et du monde, le sublime  Patriarche Joseph comme devant être honoré du titre auguste de Patron de l'Eglise universelle. Bénis soient l'année et le jour d'un tel décret,  qui apparait comme un arc-en-ciel sur les sombres nuages de l'heure présente ! Grâces soient rendues au Pontife qui a voulu que le 19 mars  comptât  à  l'avenir entre les jours les plus solennels du Cycle, et que la sainte Eglise, plus en butte que jamais à la rage de ses ennemis, reçût  le droit de s'appuyer sur  le bras  de cet homme merveilleux à qui  Dieu, au  temps des mystères évangeliques,  confia la glorieuse mission  de sauver de la  tyrannie  d'Hérode, et la Vierge-mère et le Dieu-homme à peine déclaré à la terre !
 


Saint Joseph avec l'Enfant Jésus par Guido Reni

Nous vous louons, nous vous glorifions, heureux Joseph. Nous saluons en vous l'Epoux de la Reine du ciel, le Père nourricier de notre Rédempteur. Quel mortel obtint jamais de pareils titres ? et cependant ces titres sont les vôtres, et ils ne sont que la simple expression des grandeurs
qu'il a plu à Dieu de vous conférer. L'Eglise du ciel admire en vous le dépositaire des plus sublimes faveurs ; l'Eglise de la terre se réjouit de vos honneurs, et vous bénit pour les bienfaits que vous ne cessez de répandre sur elle.

Royal fils de David, et en même temps le plus humble des hommes, votre vie semblait devoir s'écouler dans cette obscurité qui faisait vos délices ; mais le Seigneur voulut vous associer au plus sublime de ses actes. Une noble Vierge, de même sang que vous, fait l'admiration du ciel, et deviendra la gloire et l'espérance de la terre ; cette Vierge vous est destinée pour épouse. L'Esprit-Saint doit se reposer en elle comme dans son tabernacle le plus pur ; c'est à vous, homme chaste et juste, qu'il a résolu de la confier comme un inestimable dépôt. Devenez donc l'Epoux de celle "dont le Seigneur lui-même a convoité la beauté".


Le  Fils de Dieu vient commencer ici-bas une vie d'homme ; il vient sanctifier la famille, ses liens et ses affections. Votre oreille mortelle l'entendra vous nommer son Père ; vos yeux le verront obéir à vos commandements. Quelles furent, ô Joseph, les émotions de votre cœur, lorsque, pleinement instruit des grandeurs de votre Epouse et de la divinité de votre Fils adoptif, il vous fallut remplir le rôle de chef, dans cette famille au sein de laquelle le ciel et la terre se réunissaient !  Quel souverain et tendre  respect pour Marie, votre Epouse ! quelle  reconnaissance et quelles adorations pour Jésus, votre enfant soumis !  O  mystère de Nazareth ! un  Dieu habite parmi les hommes, et il souffre d'être appelé le Fils de Joseph !
 

Daignez, ô sublime ministre du plus grand de tous les bienfaits, intercéder en notre faveur auprès du Dieu fait homme. Demandez-lui pour nous l'humilité qui vous a fait parvenir à tant de grandeur, et qui sera en nous la base d'une conversion sincère. C'est par l'orgueil que nous avons péché, que nous nous sommes préférés à Dieu ; il nous pardonnera cependant, si nous lui offrons "le sacrifice d'un cœur contrit et humilié". Obtenez-nous cette vertu, sans laquelle il n'est pas de véritable pénitence. Priez aussi, ô Joseph, afin que nous soyons chastes. Sans la pureté du cœur et des sens, nous ne pouvons approcher du Dieu de toute sainteté, qui ne souffre près de lui rien d'impur ni de souillé. Par sa grâce, il veut faire de nos corps des temples de son Saint-Esprit : aidez-nous à nous maintenir à cette élévation, à la rétablir en nous, si nous l'avions perdue.


Enfin, ô fidèle époux de Marie, recommandez-nous à notre Mère. Si elle daigne seulement jeter un regard sur nous en ces jours de réconciliation, nous sommes sauvés : car elle est la Reine de la miséricorde, et Jésus son fils, Jésus qui vous appela son père, n'attend, pour nous pardonner, pour convertir notre cœur, que le suffrage de sa Mère.

Obtenez-le pour nous, ô Joseph ! rappelez à Marie Bethléhem, l'Egypte, Nazareth, où son courage s'appuya sur votre dévouement ; dites-lui que nous vous aimons, que nous vous honorons aussi : et Marie daignera reconnaître par de nouvelles bontés envers nous les hommages que nous rendons à celui qui lui fut donné par le ciel pour être son protecteur et son appui.
 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

La Sainte Famille avec un agneau par Raphaël

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 12:30
Une mission de liberté

" Dans ces entretiens André Vingt-Trois a répondu à mes questions, à toutes mes interrogations sur ses actes, sa pensée, y compris son intimité. À l’issue de deux années de rencontres espacées, André Vingt-Trois n’a rien retiré de ses propos. Il a donné en paroles ce qu’il est, ce qu’il pense, voici son livre"
Pierre Jouve
Une mission de liberté - un livre d'entretiens avec le Cardinal Vingt-Trois à découvrir dès le 18 mars 2010 - Diocèse de Paris
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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 10:00
Originaire des environs de Jérusalem, il est ordonné prêtre en 345. Elu évêque de Jérusalem au temps de l'arianisme, il connut de multiples difficultés, liées à la défense de la foi définie au Concile de Nicée. Trois fois il fut envoyé en exil, et la troisième fois pour onze ans. Mais il subit l'épreuve avec courage, en vrai témoin de la divinité de Jésus.

Il est connu surtout pour ses "Catéchèses" qu'il préparait près de deux "grottes mystiques", la grotte du Tombeau du Christ et celle de l'Eleona au Mont des Oliviers, lieu du Pater. C'était des instructions pour les catéchumènes, qui nous le montrent comme un pasteur préoccupé de la formation des nouveaux chrétiens. L'exigence qu'il avait pour les admettre au baptême et la solidité de la foi à laquelle il tendait pour eux sont pour nous un témoignage précieux de la vitalité de l'Eglise de Jérusalem au IVème siècle.

Il est le docteur par excellence de la présence réelle de Jésus Christ dans l'Eucharistie.

Calendrier de Terre Sainte



Merveille étrange et paradoxale ! Nous ne sommes pas vraiment morts, nous n'avons pas été vraiment ensevelis, nous sommes ressuscités sans avoir été vraiment crucifiés. La souffrance et la mort sont en image ; le salut, en vérité.

Le Christ a été réellement crucifié, il est réellement mort, il a été réellement enseveli, il est réellement ressuscité. Et tout cela nous a été donné par grâce, afin que, rendus participants à l'imitation de ses souffrances, nous possédions véritablement le salut.

Excessif amour des hommes ! Le Christ a eu ses mains très pures, ses pieds, percés par les clous, et il a souffert. Et c'est à moi, sans que j'ai souffert ou peiné, qu'il donne le salut en me communicant le fruit de ses souffrances.


Catéchèses mystagogiques
Editions du Cerf
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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 07:00

XXX. JÉSUS PORTE SA CROIX

Lorsque Pilate eut quitté son tribunal, une partie des soldats le suivit et se rangea devant le palais pour former le cortège ; une petite escorte resta près des condamnés.


Vingt-huit Pharisiens armés, parmi lesquels les six ennemis acharnés de Jésus qui avaient pris part à son arrestation sur le Mont des Oliviers, vinrent à cheval sur le forum pour l'accompagner au supplice. Les archers conduisirent le Sauveur au milieu de la place, et plusieurs esclaves entrèrent par la porte occidentale, portant le bois de la croix qu'ils jetèrent à ses pieds avec fracas. Les deux bras étaient provisoirement attachés à la pièce principale avec des cordes. Les coins, le morceau de bois destiné à soutenir les pieds, l'appendice qui devait recevoir l'écriteau et divers autres objets furent apportés par des valets du bourreau.

Jésus s'agenouilla par terre, près de la croix, l'entoura de ses bras et la baisa trois fois, en adressant à voix basse à son Père un touchant remerciement pour la rédemption du genre humain qui commençait. Comme les prêtres, chez les païens, embrassaient un nouvel autel, le Seigneur embrassait sa croix, cet autel éternel du sacrifice sanglant et expiatoire. Les archers relevèrent Jésus sur ses genoux, et il lui fallut à grand peine charger ce lourd fardeau sur son épaule droite. Je vis des anges invisibles l'aider, sans quoi il n'aurait pas même pu le soulever. Il resta à genoux, courbé sous son fardeau.

Pendant que Jésus priait, des exécuteurs firent prendre aux deux larrons les pièces transversales de leurs croix, ils les leur placèrent sur le cou et y lièrent leurs mains : les grandes pièces étaient portées par des esclaves. Les pièces transversales n'étaient pas droites, mais un peu courbées. On les attacha, lors du crucifiement, à l'extrémité supérieure du tronc principal. La trompette de la cavalerie de Pilate se fit entendre, et un des Pharisiens à cheval s'approcha de Jésus agenouillé sous son fardeau, et lui dit : "Le temps des beaux discours est passé ; qu'on nous débarrasse de lui. En avant, en avant !" On le releva violemment, et il sentit tomber sur ses épaules tout le poids que nous devons porter après lui, suivant ses saintes et véridiques paroles.
Alors commença la marche triomphale du Roi des rois, si ignominieuse sur la terre, si glorieuse dans le ciel.

On avait attaché deux cordes au bout de l'arbre de la croix, et deux archers la maintenaient en l'air avec des cordes, pour qu'elle ne tombât pas par terre ; quatre autres tenaient des cordes attachées à la ceinture de Jésus ; son manteau, relevé, était attaché autour de sa poitrine. Le Sauveur, sous le fardeau de ces pièces de bois liées ensemble, me rappela vivement Isaac portant vers la montagne le bois destiné au sacrifice où lui-même devait être immolé.

Le trompette de Pilate donna le signal du départ, parce que le gouverneur lui-même voulait se mettre à la tête d'un détachement pour prévenir toute espèce de mouvement tumultueux dans la ville. Il était à cheval, revêtu de son armure, et entouré de ses officiers et d'une troupe de cavaliers. Ensuite venait un détachement d'environ trois cents soldats d'infanterie, tous venus des frontières de l'Italie et de la Suisse. En avant du cortège allait un joueur de trompette, qui en sonnait à tous les coins de rue et proclamait la sentence. Quelques pas en arrière marchait une troupe d'hommes et d'enfants qui portaient des cordes, des clous, des coins et des paniers où étaient différents objets ; d'autres, plus robustes, portaient des porches, des échelles et les pièces principales des croix des deux larrons ; puis venaient quelques-uns des Pharisiens à cheval ; et un jeune garçon qui portait devant sa poitrine l'inscription que Pilate avait faite pour la croix ; il portait aussi, au haut d'une perche, la couronne d'épines de Jésus, qu'on avait jugé ne pouvoir lui laisser sur la tête pendant le portement de la croix. Ce jeune homme n'était pas très méchant.

Enfin s'avançait Notre Seigneur, les pieds nus et sanglants, courbé sous le pesant fardeau de la croix, chancelant, déchiré, meurtri, n'ayant ni mangé, ni bu, ni dormi depuis la Cène de la veille, épuisé par la perte de son sang, dévoré de fièvre, de soif, de souffrances intérieures infinies ; sa main droite soutenait la croix sur l'épaule droite ; sa gauche, fatiguée, faisait par moments un effort pour relever sa longue robe, où ses pieds mal assurés s'embarrassaient. Quatre archers tenaient à une grande distance le bout des cordes attachées à sa ceinture ; les deux archers de devant le tiraient à eux, les deux qui suivaient le poussaient en avant, en sorte qu'il ne pouvait assurer aucun de ses pas et que les cordes l'empêchaient de relever sa robe. Ses mains étaient blessées et gonflées par suite de la brutalité avec laquelle elles avaient été garrottées précédemment, son visage était sanglant et enflé, sa chevelure et sa barbe souillée de sang ; son fardeau et ses chaînes pressaient sur son corps son vêtement de laine, qui se collait à ses plaies et les rouvrait. Autour de lui, ce n'était que dérision et cruauté : mais ses souffrances et ses tortures indicibles ne pouvaient surmonter son amour ; sa bouche priait, et son regard éteint pardonnait.

Les deux archers placés derrière lui qui maintenaient en l'air l'extrémité de l'arbre de la croix à l'aide des cordes qui y étaient attachées augmentaient les souffrances de Jésus en déplaçant le fardeau qu'ils élevaient et faisaient tomber tour à tour. Le long du cortège marchaient plusieurs soldats armés de lances ; derrière Jésus venaient les deux larrons, conduits aussi avec des cordes chacun par deux bourreaux ; ils portaient sur la nuque les pièces transversales de leurs croix, séparées du tronc principal, et leurs bras étendus étaient attachés aux deux bouts. Ils n'avaient que des tabliers : la partie supérieure de leur corps était couverte d'une espèce de scapulaire sans manches et ouvert des deux côtés ; leur tête était coiffée d'un bonnet de paille. Ils étaient un peu enivrés par suite d'un breuvage qu'on leur avait fait prendre. Cependant le bon larron était très calme ; le mauvais, au contraire, était insolent, furieux et vomissait des imprécations ; les archers étaient des hommes bruns, petits, mais robustes avec des cheveux noirs, courts et hérissés ; ils avaient la barbe rare et peu fournie, ils n'avaient pas la physionomie juive : c'étaient des ouvriers du canal appartenant à une tribu d'esclaves égyptiens. Ils portaient des jaquettes courtes et des espèces de scapulaires de cuir sans manches : ils ressemblaient à des bêtes sauvages. La moitié des Pharisiens à cheval fermait la marche ; quelques-uns de ces cavaliers couraient ça et là pour maintenir l'ordre. Parmi les gens qui allaient en avant, portant divers objets, se trouvaient quelques enfants de basse condition, qui s'y étaient joints de leur propre mouvement. A une assez grande distance était le cortège de Pilate ; le gouverneur romain était en habit de guerre, au milieu de ses officiers, précédé d'un escadron de cavalerie et suivi de trois cents soldats à pied : il traversa le forum, puis entra dans une rue assez large. Il parcourait la ville afin de prévenir tout mouvement populaire.


Jésus fut conduit par une rue excessivement étroite et longeant l'arrière des maisons, afin de laisser place au peuple qui se rendait au Temple, et aussi pour ne pas gêner Pilate et sa troupe. La plus grande partie du peuple s'était mise en mouvement aussitôt après la condamnation. La plupart des Juifs se rendirent dans leurs maisons ou dans le Temple, afin de terminer à la hâte leurs préparatifs pour l'immolation de l'agneau pascal ; toutefois, la foule, composée d'un mélange de toute sorte de gens, étrangers, esclaves, ouvriers, femmes et enfants, était encore grande, et on se précipitait en avant de tous les côtés pour voir passer le triste cortège ; l'escorte des soldats romains empêchait qu'on ne s'y joignit, et les curieux étaient obligés de prendre des rues détournées et de courir en avant : la plupart allèrent jusqu'au Calvaire. La rue par laquelle on conduisit Jésus était à peine large de deux pas ; elle passait derrière des maisons, et il y avait beaucoup d'immondices.

Il y eut beaucoup à souffrir : les archers se trouvaient tout près de lui, la populace aux fenêtres l'injuriait, des esclaves lui jetaient de la boue et des ordures, de méchants garnements versaient sur lui des vases pleins d'un liquide noir et infect, des enfants même, excités par ses ennemis, ramassaient des pierres dans leurs petites robes, et couraient à travers le cortège pour les jeter sous ses pieds en l'injuriant. C'était ainsi que les enfants le traitaient, lui qui avait aimé les enfants, qui les avait bénis et déclarés bienheureux.
 


LA DOULOUREUSE PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST
d'après les méditations de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerick
Traduction de l'Abbé de Cazalès
Gallica

Anna Katharina Emmerick
'Die ekstatische Jungfrau Katharina Emmerick' par Gabriel von Max,  München, Neue Pinakothek

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 05:00
Moi, je ne peux rien faire de moi-même ; je rends mon jugement d'après ce que j'entends, et ce jugement est juste, parce que je ne cherche pas à faire ma propre volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.

suite de l'Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean

Si je me rendais témoignage à moi-même, mon témoignage ne serait pas vrai ; il y a quelqu'un d'autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu'il me rend est vrai.

Vous avez envoyé une délégation auprès de Jean Baptiste, et il a rendu témoignage à la vérité. Moi, je n'ai pas à recevoir le témoignage d'un homme, mais je parle ainsi pour que vous soyez sauvés. Jean était la lampe qui brûle et qui éclaire, et vous avez accepté de vous réjouir un moment à sa lumière.

Mais j'ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean : ce sont les œuvres que le Père m'a données à accomplir ; ces œuvres, je les fais, et elles témoignent que le Père m'a envoyé.

Et le Père qui m'a envoyé, c'est lui qui m'a rendu témoignage. Vous n'avez jamais écouté sa voix, vous n'avez jamais vu sa face, et sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne croyez pas en moi, l'envoyé du Père.

Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle ; or, ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

La gloire, je ne la reçois pas des hommes ; d'ailleurs je vous connais : vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu.

Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez ! Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique !

Ne pensez pas que c'est moi qui vous accuserai devant le Père. Votre accusateur, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance. Si vous croyiez en Moïse, vous croiriez aussi en moi, car c'est de moi qu'il a parlé dans l'Écriture.

Mais si vous ne croyez pas ce qu'il a écrit, comment croirez-vous ce que je dis ?


Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean
jeudi de la 4e semaine de Carême
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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 23:55
KALANDIA CHECKPOINT
Israeli soldiers take position during clashes near the Kalandia ...
Israeli soldiers take position during clashes near the Kalandia checkpoint between the West Bank city of Ramallah and Jerusalem, Wednesday, March 17, 2010.

Israeli soldiers wear gas masks during clashes near the Kalandia ...
Israeli soldiers wear gas masks during clashes near the Kalandia checkpoint between the West Bank city of Ramallah and Jerusalem, Wednesday, March 17, 2010.

An Israeli soldier shoots a tear gas grenade during clashes ...
An Israeli soldier shoots a tear gas grenade during clashes near the Kalandia checkpoint between the West Bank city of Ramallah and Jerusalem, Wednesday, March 17, 2010.

A Palestinian youth throws back a tear gas canister during clashes ...
A Palestinian youth throws back a tear gas canister during clashes near the Kalandia checkpoint between the West Bank city of Ramallah and Jerusalem, Wednesday, March 17, 2010.

An Israeli soldier wears a gas mask during clashes near the ...
An Israeli soldier wears a gas mask during clashes near the Kalandia checkpoint between the West Bank city of Ramallah and Jerusalem, Wednesday, March 17, 2010

A Palestinian youth flashes the V sign during clashes near the ...
A Palestinian youth flashes the V sign during clashes near the Kalandia checkpoint between the West Bank city of Ramallah and Jerusalem, Wednesday, March 17, 2010.


BEITA (NAPLOUSE)
Palestinian youths throw rocks at Israeli soldiers, not seen, ...
Palestinian youths throw rocks at Israeli soldiers, not seen, during clashes in the West Bank village of Beita near Nablus, Wednesday, March 17, 2010

Palestinian youths throw stones towards Israeli border police ...

Palestinian youths throw stones towards Israeli border police during clashes in the West Bank village of Beita near Nablus March 17, 2010

Palestinian youths run from Israeli soldiers during clashes ...
Palestinian youths run from Israeli soldiers during clashes in the West Bank village of Beita near Nablus, Wednesday, March 17, 2010


HEBRON
Young Palestinian stone-throwers run for cover as Israeli troops ...
Young Palestinian stone-throwers run for cover as Israeli troops fire tear gas to disperse protesters in Hebron in the occupied West Bank, March 17, 2010

A Palestinian youth jumps over a burning tire during clashes ...
A Palestinian youth jumps over a burning tire during clashes with Israeli soldiers, not seen, in the West Bank city of Hebron, Wednesday, March 17, 2010

Palestinian school girls cover their faces from tear gas during ...
Palestinian school girls cover their faces from tear gas during clashes between Palestinian stone-throwers and Israeli troops in Hebron in the occupied West Bank, March 17, 2010


JERUSALEM
Israeli border police officers stand outside Jerusalem's ...
Israeli border police officers stand outside Jerusalem's Old City March 17, 2010.

Israeli police officers walk in front of the Dome of the Rock, ...
Israeli police walk through the Al Aqsa Mosque compound, also known to Jews as the Temple Mount, in Jerusalem's old city, Wednesday, March 17, 2010.
Israeli police officers walk in front of the Dome of the Rock, ...


An ultra-Orthodox Jewish man stands in the Al Aqsa Mosque compound, ...
An ultra-Orthodox Jewish man stands in the Al Aqsa Mosque compound, also known to Jews as the Temple Mount, in Jerusalem's old city, Wednesday, March 17, 2010.
An ultra-Orthodox Jew (back, L) walks past a Muslim worshiper ...
An ultra-Orthodox Jew (back, L) walks past a Muslim worshiper (front) on the compound known to Muslims as al-Haram al-Sharif and to Jews as Temple Mount, in Jerusalem's Old City March 17, 2010


Tourists walk near the Western Wall, Judaism's holiest site, ...
Tourists walk near the Western Wall, Judaism's holiest site, as they are backdropped by the Dome of the Rock, in Jerusalem's old city, Wednesday, March 17, 2010.

A worker removes notes from the cracks of the Western Wall, ...
A worker removes prayer notes left by visitors from between the stones of the Western Wall, Judaism's holiest site, in Jerusalem's Old City, Wednesday, March 17, 2010
A worker removes prayer notes left by visitors from between ...



A Palestinian girl gestures as she holds a banner with a writing ...
A Palestinian girl gestures as she holds a banner with a writing in Arabic that reads : 'rise before losing Jerusalem', during a march held at the Palestinian refugee camp of Yarmouk, near Damascus, Syria, Wednesday, March 17, 2010,


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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 09:00
XXIX. JÉSUS CONDAMNÉ A LA MORT DE LA CROIX

Pilate qui ne cherchait pas la vérité, mais un moyen de sortir d'embarras, était plus incertain que jamais : sa conscience disait : Jésus est innocent, sa femme disait : Jésus est saint ; sa superstition disait : Il est l'ennemi de tes dieux ; sa lâcheté disait : Il est un Dieu lui-même et se vengera. Il interrogea encore Jésus d'un ton inquiet et solennel, et Jésus lui parla de ses crimes les plus secrets, de la misérable destinée qui l'attendait et lui annonça que lui-même, au dernier jour, viendrait, assis sur les nuées du ciel, prononcer sur lui un juste jugement : cela jeta dans la fausse balance de sa justice un nouveau poids contre la mise en liberté de Jésus.

Il était furieux de se trouver là, dans toute la nudité de son ignominie intérieure, en face de Jésus qu'il ne pouvait s'expliquer : il s'indignait que cet homme qu'il avait fait fouetter, qu'il pouvait faire crucifier, lui prédit une fin misérable ; que cette bouche qui n'avait jamais été accusé de mensonge, cette bouche qui n'avait pas prononcé une parole pour se justifier, osât, dans de telles circonstances, le citer au dernier jour devant son tribunal : tout cela blessait profondément son orgueil. Toutefois, comme aucun sentiment ne pouvait prendre absolument le dessus dans ce misérable indécis, il était en même temps terrifié des menaces du Seigneur et il fit un dernier effort pour le sauver ; mais la peur que lui firent les Princes des prêtres, en le menaçant de se plaindre de lui à l'empereur, le poussa à une nouvelle lâcheté. La peur de l'empereur terrestre l'emporta en lui sur la crainte du roi dont le royaume n'est pas de ce monde. Le lâche scélérat se dit à soi-même : “s'il meurt, ce qu'il sait de moi et ce qu'il m'a prédit meurt avec lui”. La menace d'être dénoncé à l'empereur le détermina à faire leur volonté contrairement à la justice, à sa propre conviction et a la parole qu'il avait donnée à sa femme. Il livra le sang de Jésus, et il n'eut plus pour laver sa conscience que l'eau qu'il fit verser sur ses mains, en disant : “Je suis innocent du sang de ce juste, c'est à vous à en répondre”. Non, Pilate, tu en répondras aussi, car tu l'appelles juste et tu répands son sang ; tu es un juge infâme et sans conscience. Ce sang dont Pilate voulait purifier ses mains, les Pharisiens le réclamaient, appelant la malédiction sur eux-mêmes et sur leurs enfants ; ils demandèrent que ce sang rédempteur qui crie miséricorde pour nous, criât vengeance contre eux : ils crièrent : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !”

Au bruit de ces cris sanguinaires, Pilate fit tout préparer pour prononcer sa sentence. Il se fit apporter des vêtements de cérémonie, il mit sur sa tête une espèce de diadème où brillait une pierre précieuse, et se revêtit d'un autre manteau : on porta aussi un bâton devant lui. Il était entouré de soldats, précédé d'officiers du tribunal, et suivi de scribes avec des rouleaux et des tablettes. Il y avait en avant un homme qui sonnait de la trompette. C'est ainsi qu'il se rendit de son palais sur le forum où se trouvait, en face de la colonne de la flagellation, un siège élevé pour le prononcé des jugements. Ce tribunal s'appelait Gabbatha : c'était comme une terrasse ronde où conduisaient des marches de plusieurs côtés, il y avait en haut un siège pour Pilate et, derrière ce siège, un banc pour des assesseurs ; un grand nombre de soldats entouraient cette terrasse et plusieurs se tenaient sur les degrés. Plusieurs des Pharisiens s'étaient déjà rendus au Temple. Il n'y eut qu'Anne, Caïphe et vingt-huit autres qui vinrent vers le tribunal lorsque Pilate mit ses vêtements de cérémonie. Les deux larrons avaient déjà été conduits devant le tribunal lorsque Jésus eût été montré au peuple. Le siège de Pilate était recouvert d'une draperie rouge sur laquelle était un coussin bleu avec des galons jaunes.

Le Sauveur, portant toujours son manteau rouge et sa couronne d'épines, fut alors amené par les archers devant le tribunal, à travers la foule qui le huait, et placé entre les deux malfaiteurs. Lorsque Pilate se fut assis sur son siège, il dit encore aux ennemis de Jésus : “Voilà votre roi. – Crucifiez-le ! répondirent-ils. – Dois-je crucifier votre roi ? dit encore Pilate. – Nous n'avons pas d'autre roi que César, crièrent les Princes des Prêtres." Pilate ne dit plus rien et commença à prononcer le jugement. Les deux voleurs avaient été condamnés antérieurement au supplice de la croix, mais les Princes des prêtres avaient demandé qu'on sursît à leur exécution, parce qu'ils voulaient faire un affront de plus à Jésus, en l'associant dans son supplice à des malfaiteurs de la dernière classe. Les croix des deux larrons étaient auprès d'eux : celle du Sauveur n'était pas encore là, parce que sa sentence de mort n'avait pas été prononcée.

La sainte Vierge, qui s'était retirée après la flagellation, se jeta de nouveau dans la foule pour entendre la sentence de mort de son fils et de son Dieu. Jésus se tenait debout au milieu des archers, au bas des marches du tribunal. La trompette se fit entendre pour demander du silence, et Pilate prononça son jugement sur le Sauveur avec le courroux d'un lâche. Je me sentis tout accablée par tant de bassesse et de duplicité. La vue de ce misérable, tout enflé de son importance, le triomphe et la soif de sang des Princes des prêtres, la détresse et la douleur profonde du Sauveur, les inexprimables angoisses de Marie et des saintes femmes, l'atroce avidité avec laquelle les Pharisiens guettaient leur proie. La contenance froidement insolente des soldats, enfin l'aspect de tant d'horribles figures de démons que je voyais mêlés à la foule, tout cela m'avait anéantie. Hélas ! je sentais que j'aurais dû être où était Jésus, mon fiancé chéri, car alors le jugement aurait été juste ; mais j'étais si déchirée par mes souffrances que je ne me rappelle plus exactement dans quel ordre les choses se passèrent. Je dirai à peu près ce dont je me souviens.

Pilate commença par un long préambule où les noms les plus pompeux étaient prodigués à l'empereur Tibère ; puis il exposa l'accusation intentée contre Jésus, que les Princes des prêtres avaient condamné à mort pour avoir troublé la paix publique et violé leur loi, en se faisant appeler Fils de Dieu et roi des Juifs, et dont le peuple avait demandé la mort sur la croix d'une voix unanime. Lorsqu'il ajouta qu'il avait trouvé ce jugement conforme à la justice, lui qui n'avait cessé de proclamer l'innocence de Jésus, je perdis presque connaissance à la vue de cette infâme duplicité puis il dit en terminant : “Je condamne Jésus de Nazareth, roi des Juifs, à être crucifié” et il ordonna aux archers d'apporter la croix. Je crois me rappeler qu'il brisa un long bâton et en jeta les morceaux aux pieds de Jésus.

La mère de Jésus tomba sans connaissance à ces mots, comme si la vie l'eût abandonnée ; maintenant il n'y avait plus de doute, la mort de son fils bien-aimé était certaine, la mort la plus cruelle et la plus ignominieuse. Jean et les saintes femmes l'emportèrent, afin que les hommes aveuglés qui l'entouraient ne missent pas le comble à leurs crimes en insultant à ses douleurs ; mais elle ne fut pas plus tôt revenue à elle qu'elle voulut parcourir les lieux témoins des souffrances de Jésus, et il fallut que ses compagnes la conduisissent de place en place, car le désir de s'associer à la Passion de Jésus par un culte mystique la poussait à offrir le sacrifice de ses larmes partout où le Rédempteur né de son sein avait souffert pour les péchés des hommes, ses frères. C'est ainsi que la mère du Sauveur consacra par ses larmes et prit possession de ces lieux sanctifiés pour l'Eglise, notre mère à tous, de même que Jacob, dressa comme un monument, et consacra, en l'oignant d'huile, la pierre près de laquelle il avait reçu la promesse.

Pilate écrivit le jugement sur son tribunal, et ceux qui se tenaient derrière lui le copièrent jusqu'à trois fois. On envoya aussi des messagers, car il y avait quelque chose qui devait être signé par d'autres personnes ; je ne sais pas si cela se rapportait au jugement ou si c'étaient d'autres ordres. Toutefois quelques-unes de ces pièces furent envoyées dans des endroits éloignés. Pilate écrivit touchant Jésus un jugement qui prouvait sa duplicité, car il était tout différent de celui qu'il avait prononcé de vive voix. Je vis que, pendant ce temps, son esprit était plein de trouble, et qu'il écrivait en quelque sorte contre sa volonté ; on eût dit qu'un ange de colère guidait sa plume ; le sens de cet écrit, dont je ne me souviens qu'en général, était à peu prés celui-ci : “Forcé par les Princes des prêtres, le Sanhédrin et le peuple près de se soulever, qui demandaient la mort de Jésus de Nazareth, comme coupable d'avoir troublé la paix publique, blasphémé et violé leur loi, je le leur ai livré pour être crucifié, quoique leurs inculpations ne me parussent pas claires, afin de n'être pas accusé devant l'empereur d'avoir favorisé l'insurrection et mécontenté le peuple par un déni de justice. Je le leur ai livré avec deux autres criminels déjà condamnés, dont leurs menées avaient fait retarder l'exécution, parce qu'ils  voulaient que Jésus fût exécuté avec eux”. Ici le misérable écrivit encore tout autre chose que ce qu'il voulait.

Puis il écrivit l'inscription de la croix en trois lignes sur une tablette de couleur foncée. Le jugement où Pilate s'excusait fut transcrit plusieurs fois et envoyé en différents lieux. Mais les Princes des prêtres eurent encore des contestations avec lui : ce jugement ne les satisfaisait pas ; ils se plaignaient notamment de ce qu'il avait écrit qu'ils avaient fait retarder l'exécution des larrons pour que Jésus fût crucifié avec eux ; ils s'élevèrent aussi contre l'inscription, et demandèrent qu'on ne mît pas “roi des Juifs”, mais “qui s'est dit roi des Juifs”. Pilate s'impatienta, se moqua d'eux et leur répondit avec colère : “Ce que j'ai écrit est écrit.” Ils voulaient aussi que la croix du Christ ne s'élevât pas plus au-dessus de sa tête que celle des deux larrons ; cependant il fallait la faire plus haute, car, par la faute des ouvriers, il y avait réellement trop peu de place pour mettre l'inscription de Pilate ; ils cherchèrent à profiter de cette circonstance afin de faire supprimer l'inscription qui leur semblait injurieuse pour eux. Mais Pilate ne voulut pas y consentir, et il fallut allonger la croix en y ajoutant un nouveau morceau de bois. Ces différentes circonstances concoururent à donner à la croix cette forme significative que j'ai souvent vue ; ainsi ses deux bras allaient en s'élevant comme les branches d'un arbre en s'écartant du tronc, et elle ressemblait à un Y dont le trait inférieur serait prolongé entre les deux autres ; les bras étaient plus minces que le tronc ; chacun d'eux y avait été ajusté séparément, et on avait enfoncé un coin de chaque côté au point de jonction pour en assurer la solidité. Or, comme la pièce du milieu, par suite de mesures mal prises, ne dépassait pas assez la tête pour que l'écriteau de Pilate pût y être placé convenablement, on y ajouta un appendice et on assujettit un morceau de bois à la place des pieds pour les maintenir.

Pendant que Pilate prononçait son jugement inique, je vis que Claudia Procle, sa femme, lui renvoyait son gage et renonçait à lui ; le soir de ce jour elle quitta secrètement le palais pour se réfugier près des amis de Jésus, et on la tint cachée dans un souterrain sous la maison de Lazare, à Jérusalem. Ce même jour, ou quelque temps après, je vis aussi un ami du Sauveur graver sur une pierre verdâtre, derrière la terrasse de Gabbatha, deux lignes où se trouvaient les mots de Judex injustus, et le nom de Claudia Procle : je me souviens qu'un groupe nombreux de personnes qui s'entretenaient se trouvait en ce moment sur le forum, pendant que cet homme, caché derrière elles, gravait ces lignes sans qu'on pût le remarquer. Je vis enfin que cette pierre se trouve encore, sans qu'on le sache, dans les fondements d'une maison ou d'une église à Jérusalem au lieu où se trouvait Gabbatha. Claudia Procle se fit chrétienne, suivit saint Paul et devint son amie proche.

Lorsque la sentence eut été prononcée, pendant que Pilate écrivait et se querellait avec les Princes des prêtres, Jésus fut livré aux archers comme une proie ; jusque-là ces hommes abominables avaient gardé quelque retenue en présence du tribunal ; maintenant il était à leur discrétion. On apporta ses habits qui lui avaient été ôtés chez Caïphe ; ils avaient été mis de côté, et je pense que des hommes compatissants les avaient lavés, car ils étaient propres. C'était aussi, je crois, la coutume chez les Romains de remettre leurs vêtements à ceux qu'on conduisait au supplice. Les méchants hommes qui entouraient Jésus le mirent de nouveau à nu et lui délièrent les mains afin de pouvoir l'habiller, ils arrachèrent de son corps couvert de plaies le manteau de laine rouge qu'ils lui avaient mis par dérision, et rouvrirent par là beaucoup de ses blessures ; il mit lui-même en tremblant son vêtement de dessous, et ils lui jetèrent son scapulaire sur les épaules. Comme la couronne d'épines était trop large et empêchait qu'on pût passer la robe brune sans couture que lui avait faite sa mère, on la lui arracha de la tête, et toutes ses blessures saignèrent de nouveau avec des douleurs indicibles. Ils lui mirent encore son vêtement de laine blanche, sa large ceinture, et enfin son manteau ; puis ils lui attachèrent de nouveau, au milieu du corps, le cercle à pointes de fer auquel étaient liées les cordes avec lesquelles ils le traînaient ; tout cela se fit avec leur brutalité et leur cruauté ordinaires.

Les deux larrons étaient à droite et à gauche de Jésus ; ils avaient les mains liées, et, comme Jésus devant le tribunal, une chaîne autour du cou. Ils n'avaient, pour tout vêtement, qu'un linge autour des reins, un scapulaire d'étoffe grossière, ouvert sur le côté et sans manches, et sur la tête un bonnet de paille tressée, assez semblable à un bourrelet d'enfant ; leur peau était d'un brun sale et couverte de meurtrissures livides, provenant de leur flagellation de la veille. Celui qui se convertit par la suite était dés lors calme et pensif ; l'autre était grossier et insolent ; il s'unissait aux archers pour maudire et insulter Jésus, qui regardait ses deux compagnons avec amour et offrait pour leur salut toutes ses souffrances.

Les archers rassemblaient tous les instruments du supplice et préparaient tout pour cette terrible et douloureuse marche dans laquelle le Sauveur, plein d'amour et accablé de douleur, voulait porter le poids des péchés de l'ingrate humanité et répandre, pour les expier, son sang précieux coulant, comme d'un calice, de son corps percé de part en part par les plus vils des hommes.

Anne et Caïphe avaient enfin terminé leurs discussions avec Pilate ; ils tenaient deux longues bandes de parchemin où étaient des copies du jugement, et se dirigeaient en hâte vers le Temple, craignant d'y arriver trop tard. C'est ici que les Princes des prêtres se séparèrent du véritable Agneau pascal. Ils allaient au Temple de pierre pour immoler et manger le symbole, et laissaient d'ignobles bourreaux conduire à l'autel de la croix l'agneau de Dieu dont l'autre n'était que la figure. C'est ici que se séparaient les deux routes, dont l'une conduisait au symbole du sacrifice, l'autre à son accomplissement : ils abandonnèrent à des bourreaux impurs et inhumains l'Agneau pascal pur et rédempteur, le véritable Agneau de Dieu qu'ils avaient défiguré extérieurement par toutes leurs abominations et qu'ils s'étaient efforcés de souiller, et ils se rendaient en toute hâte au Temple de pierre pour immoler des agneaux, purifiés, lavés et bénis. Ils avaient bien pris toutes leurs précautions pour ne pas contracter d'impuretés extérieures et leur âme était toute souillée par la colère, la haine et l'envie. “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !” avaient-ils dit, et par ces paroles ils avaient accompli la cérémonie, mis la main du sacrificateur sur la tête de la victime. Ici se séparaient les deux routes qui menaient à l'autel de la loi et à l'autel de la grâce.

Pilate s'en revint dans son palais, entouré de ses officiers et de ses gardes, précédé d'un trompette, Pilate, le païen orgueilleux et irrésolu, tremblant devant Dieu et adorant les idoles, le courtisan du monde, l'esclave de la mort, triomphant dans le temps jusqu'à ce qu'arrive le terme de la mort éternelle.

Le jugement inique fut rendu vers dix heures du matin, suivant notre manière de compter.


LA DOULOUREUSE PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JESUS CHRIST
d'après les méditations de la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerick
Traduction de l'Abbé de Cazalès
Gallica

Anna Katharina Emmerick
'Die ekstatische Jungfrau Katharina Emmerick' par Gabriel von Max,  München, Neue Pinakothek 
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