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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 20:56

AFP - le 23 janvier 2010, 18h44

A l'ombre de la cathédrale dévastée par le séisme du 12 janvier, plusieurs milliers de catholiques émus, dont le président haïtien, René Préval et son épouse, ont assisté samedi dans la ferveur aux obsèques de leur chef spirituel, l'archevêque de Port-au-Prince.

D
ès 06H00, le cercueil de Mgr Serge Miot a été ouvert. Les fidèles ont patienté pour voir une dernière fois le visage de leur pasteur coiffé de sa mitre, les pommettes et les mâchoires marquées par des traces d'écrasement.

Le corps de Mgr Miot, 63 ans, avait été découvert le lendemain du séisme dans sa résidence effondrée, à coté de la cathédrale. Le vicaire général de Port-au-Prince, Mgr Charles Benoît, avait aussi été retrouvé mort dans les ruines de sa maison, un chapelet à la main et une ostie dans l'autre. Son corps était samedi à côté de celui de Mgr Miot.

Une messe en plein air a été célébrée sous un soleil ardent à partir de 08H00. Les membres du corps diplomatique en poste à Haïti, de nombreux ministres, des prêtres en aube blanche représentant toutes les paroisses d'Haïti, et des gens du peuple, femmes vêtues de robes blanches et hommes en costume, portant souvent des croix sur la poitrine ou des chapelets, ont chanté et prié ensemble.

En présence du nonce apostolique, Mgr Bernadito Auza, et de l'archevêque de New York Timothy Dolan, l'archevêque métropolitain de Cap Haïtien, Mgr Louis Kebreau, a présidé la cérémonie, rythmée par des chants en créole repris par toute l'assistance.

L'adjoint de Mgr Miot, l'évêque auxiliaire Joseph Lafontant, a prononcé l'homélie et rappelé l'engagement du défunt auprès des pauvres. Après des études de philosophie à Rome, Mgr Miot avait été responsable de la section philosophie du séminaire de Cazeau, dans le nord du pays. Sa devise était "non pas se faire servir, mais servir", a-t-il rappelé.

"Mgr Miot, de santé fragile, servait son diocèse avec un dévouement discret, et il avait une prédilection pour les pauvres et les petits" a-t-il dit.

Il a évoqué l'engagement de l'archevêque en faveur des paysans, sa mise sur pied d'un vaste projet de reboisement dans dix paroisses, et la création de l'école Toussaint-Louverture, pour former des jeunes chrétiens comme cadres politiques.

Il a rappelé les paroles de Jésus disant : "tenez vous prêts, car c'est à l'heure où vous ne vous y attendrez pas, que le fils de l'homme viendra". Puis, il a ajouté : "le Créateur nous invite à participer à la création d'un nouveau pays, d'un Haïtien nouveau, d'un monde nouveau".

Le dépouille de Mgr Miot a été chargée à bord d'un corbillard, qui a défilé dans les rues de la capitale, précédée par la fanfare de la police d'Haïti. Son corps devait être acheminé dans la province voisine de Lillavois, pour une inhumation provisoire. Lorsque la cathédrale sera reconstruite, son corps devrait être inhumé définitivement dans la capitale.


Missionaries of charity attend the funeral of Archbishop Joseph ...
Missionaries of charity attend the funeral of Archbishop Joseph Serge Miot and Vicar General Charles during their funeral outside the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010

Haitian music band arrives at the funeral of Archbishop Joseph ...
Haitian music band arrives at the funeral of Archbishop Joseph Serge Miot and Vicar General Charles during their funeral outside the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010
Haitian music band arrive at the funeral of Archbishop Joseph ...


Haitians attend the funeral of Archbishop Joseph Serge Miot ...
Haitians attend the funeral of Archbishop Joseph Serge Miot and Vicar General Charles outside of the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010.

Men load the coffin of Archbishop Joseph Serge Miot into a hearse ...
Men load the coffin of Archbishop Joseph Serge Miot into a hearse after his funeral in Port-au-Prince January 23, 2010
A man loads the coffin of Archbishop Joseph Serge Miot into ...

A woman looks at coffins of Archbishop Joseph Serge Miot and ...
A woman looks at coffins of Archbishop Joseph Serge Miot and Vicar General Charles during their funeral outside of the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010

A priest blesses Archbishop Joseph Serge Miot during his funeral ...
A priest blesses Archbishop Joseph Serge Miot during his funeral outside the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010.

A Haitian relative of Archbishop Joseph Serge Miot cries during ...
A Haitian relative of Archbishop Joseph Serge Miot cries during his funeral outside of the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010

A Haitian child cries during the funeral of Archbishop Joseph ...
A Haitian child cries during the funeral of Archbishop Joseph Serge Miot cries outside of the cathedral in Port-au-Prince January 23, 2010


http://news.yahoo.com/

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 08:22

Une équipe de sauveteurs israéliens a retiré vendredi des décombres d'Haïti un homme de 21 ans, vivant après avoir passé dix jours enseveli dans les ruines de sa chambre

 

"Il est en bonne forme. Les résultats de ses examens médicaux sont meilleurs que les miens", a déclaré son médecin.

Sa mère vit dans un camp de réfugiés près du palais présidentiel, et il compte la rejoindre à sa sortie de l'hôpital.

Emmannuel Buso, étudiant et tailleur, était si pale à sa sortie que sa mère l'a cru mort, d'après les sauveteurs. Sur les images, l'homme retrouvé sans chemise semble à peine conscient, et c'est couvert de poussière qu'il est emmené sur une civière.

Il a expliqué qu'il sortait juste de la douche quand le séisme s'est produit, que la maison s'est mise à danser autour de lui, et qu'il s'est évanoui, et a a été plongé comme dans un brouillard. Les meubles ont formé autour de lui un espace dans lequel il a pu survivre. Par moment, il rêvait qu'il entendait sa mère pleurer.
"J'avais très peur, et mon coeur bondissait" précise le jeune homme. Il a déclaré avoir survécu à son calvaire en buvant sa propre urine, quand il avait désespérément soif. Il n'avait rien à manger.

"Je suis ici aujourd'hui parce que Dieu l'a voulu" a déclaré le miraculé depuis son lit, dans un hôpital de campagne israélien de Port-au-Prince. Les médecins estiment qu'il va s'en sortir.

Le major Amir Ben David, chef de l'équipe de secouristes de l'armée israélienne, dit ne jamais avoir vu personne survivre aussi longtemps dans de telles conditions : "Cela nous donne beaucoup d'espoir de retrouver d'autres personnes. Nous allons continuer à chercher jusqu'à la fin de notre mission" a-t-il indiqué."

Associated Press samedi 23 janvier 2010


Emmannuel Buso rests at the Israeli Defense Force field hospital ...
Emmannuel Buso rests at the Israeli Defense Force field hospital after being rescued from the rubble of a building where he was trapped for 10 days in Port-au-Prince, Friday, Jan. 22, 2010

In this image taken from video courtesy of Ben Barkay, an Israeli ...
In this image taken from video courtesy of Ben Barkay, an Israeli search team carries Emmannuel Buso, 21, who was pulled from the rubble alive after being trapped for 10 days in Port-au-Prince, Friday, Jan. 22, 2010


autres photos de l'équipe de sauveteurs israéliens la semaine dernière, en date du samedi 16 janvier 2010
In this photo taken Saturday, Jan. 16, 2010, released by China's ...
In this photo taken Saturday, Jan. 16, 2010, released by China's Xinhua News Agency, Israeli rescuers retrieve an injured person from the rubble of a ruined building in the Haitian capital of Port-au-Prince.

Israeli rescuers carry an injured man rescued from the collapsed ...
Israeli rescuers carry an injured man rescued from the collapsed tax authority building in Port-au-Prince Jan. 16, 2010

photos : http://news.yahoo.com/

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23 janvier 2010 6 23 /01 /janvier /2010 05:00

L’Eglise Gothique d'Espagne députe aujourd'hui un de ses plus grands Prélats au berceau du divin Enfant, avec la charge de célébrer sa naissance inénarrable. La louange que fait entendre Ildefonse semble au premier abord n'avoir pour objet que l'honneur de Marie ; mais peut-on honorer la Mère sans proclamer la gloire du Fils, à l'enfantement duquel elle doit toutes ses grandeurs ? Au milieu du chœur de ces grands Pontifes qui ont illustré le brillant épiscopat de l'Espagne au VIIe et au VIIIe siècle, entre les Léandre, les Isidore, les Fulgence, les Braulion, les Eugène, les Julien, les Helladius, paraît au premier rang Ildefonse, avec la gloire d'avoir été le Docteur de la Virginité de Marie : comme Athanase est le Docteur de la Divinité du Verbe ; Basile, le Docteur de la Divinité du Saint-Esprit ; Augustin, le Docteur de la Grâce.


Une vue de Tolède par Le Greco

Le saint Evêque de Tolède a exposé son dogme tout entier, avec une profonde doctrine et une éloquence du cœur : prouvant à la fois que Marie a conçu sans perdre la virginité ; contre les adeptes de Jovinien, qu'elle est demeurée Vierge dans son enfantement ; contre les sectateurs d'Helvidius, qu'elle est restée Vierge après avoir mis le Christ au monde. D'autres
Docteurs, avant lui, avaient traité séparément ces questions sublimes ; Ildefonse a réuni toutes leurs lumières comme dans un faisceau, et il a mérité qu'une Vierge Martyre sortît de son sépulcre pour le féliciter d'avoir protégé l'honneur de la Souveraine des Cieux. Enfin, Marie elle-même, de ses mains virginales, l'a revêtu de cette merveilleuse chasuble qui présageait l'éclat du vêtement de lumière sous lequel Ildefonse brille à jamais, au pied du trône de la Mère de Dieu.


Cathédrale de Tolède

Nous emprunterons au Bréviaire Monastique les Leçons de l'Office de notre saint Evêque :
Ildefonse , Espagnol de nation, né à Tolède, d'Etienne et Lucie, ses parents très nobles, fut élevé avec grand soin, et instruit dans les arts libéraux. Il eut pour premier maître Eugène, Evêque de Tolède, qui, frappé de ses heureuses dispositions, l'envoya à Séville, auprès de saint Isidore, dont la vaste érudition était alors en honneur. Il demeura douze ans auprès du saint Prélat, jusqu'à ce que, formé dans les bonnes mœurs, et rempli de la saine doctrine, il revînt à Tolède, auprès d'Eugène, qui le fit Archidiacre de cette Eglise, à cause de ses excellentes vertus et de sa science remarquable. Ildefonse, voulant éviter les pièges du monde, embrassa l'institut monastique de l'Ordre de saint Benoît, dans le monastère d'Agalie, malgré l'opposition de ses parents, qui employèrent les prières et les menaces pour le détourner de son pieux dessein.

P
eu de temps après, les moines l'élurent à la place de leur Abbé qui venait de mourir ; car ils admiraient en lui, outre les autres vertus, son équité, son caractère aimable, sa prudence, et une admirable sainteté.

Un si grand éclat, une si vive lumière de vraie piété, ne purent longtemps demeurer cachés ; et c'était ce qu'avait craint Ildefonse. Car, Eugène étant mort, il fut élu Archevêque de Tolède, par le consentement du clergé, des grands et de tout le peuple. Il serait impossible d'expliquer en peu de mots combien, dans cette dignité, il fut utile par ses paroles et ses exemples au peuple confié à ses soins, quels miracles il fit, à combien de titres il mérita de la Vierge-Mère.

Il bâtit un monastère de Vierges, dans le lieu appelé Deilfa, et l'enrichit de revenus abondants. Il réfuta savamment et chassa d'Espagne certains hérétiques, qui répandaient dans ce pays l'hérésie d'Helvidius, qui niait la perpétuelle virginité de Marie, Mère de Dieu. La discussion sur ce sujet est contenue dans le livre qu'il a écrit de la Virginité de là bienheureuse Marie. Cette puissante Reine récompensa par un miracle le zèle de son serviteur. Ildefonse étant descendu de nuit pour l'Office des Matines de l'Expectation de la sainte Vierge, ceux qui l'accompagnaient, étant arrivés au seuil de l'Eglise, aperçurent tout à coup dans l'intérieur une splendeur qui les effraya, et les fit revenir sur leurs pas. Le saint avança intrépidement jusqu'à l'autel ; il vit la sainte Vierge elle-même, il la vénéra, et reçut d'elle un vêtement pour l'usage du Sacrifice.

Une autre fois, on célébrait la Fête de sainte Léocadie ; le Clergé et un peuple nombreux étaient rassemblés dans l'Eglise ; Ildefonse, s'étant approché du tombeau de cette Vierge, priait à genoux, lorsque tout à coup la très sainte Léocadie sort de son sépulcre qui s'entr'ouvre, et, en présence de tous les assistants, elle célèbre les mérites d'Ildefonse envers la Vierge Marie, par ces paroles : "O Ildefonse ! par toi triomphe ma souveraine Maîtresse, qui habite les hauteurs du ciel." Au moment où elle disparaissait , Ildefonse, saisissant l'épée de Recesvinthe, qui était présent à cette apparition, coupa une partie du voile dont la tête de Léocadie était couverte, et la renferma, avec une grande pompe, ainsi que l'épée du Roi, dans le trésor de l'Eglise, où on la garde encore aujourd'hui.

Il écrivit beaucoup de livres d'un style rempli de clarté ; mais il en a laissé quelques-uns imparfaits, à cause de ses grandes occupations. Enfin, il termina sa vie par une heureuse mort, ayant siégé, comme Evêque, neuf ans et deux mois.

Saint Ildefonse par Le Greco

Il fut enseveli dans la Basilique de Sainte-Léocadie, vers l'an du Seigneur six cent soixante-sept, Recesvinthe régnant en Espagne. Durant l'occupation générale de ce pays par les Sarrasins, son corps fut transféré dans la ville de Zamora. Il y repose avec honneur, dans l'Eglise de Saint-Pierre, entouré des marques de la vénération du peuple.


Honneur à vous, saint Pontife, qui vous élevez, avec tant de gloire, de cette terre d'Espagne si féconde en vaillants chevaliers de Marie ! Allez prendre place auprès du berceau ou cette Mère incomparable veille avec amour sur l'Enfant, qui, étant à la fois son Dieu et son fils, a consacré sa virginité, loin de l'altérer. Recommandez-nous à sa tendresse ; rappelez-lui qu'elle est aussi notre Mère. Priez-la d'entendre les hymnes que nous chantons à sa gloire, et de faire agréer à son Emmanuel l'hommage de nos cœurs. Pour être accueillis par cette auguste Souveraine, nous oserons, ô Docteur de la Virginité de Marie, emprunter votre organe, et lui dire avec vous :

« Je viens à vous maintenant, ô vous, seule Vierge Mère de Dieu ; je me prosterne à vos pieds, seule coopératrice de l'incarnation de mon Dieu ; je m'humilie devant vous, seule Mère de mon Seigneur. Je vous supplie, unique servante de votre Fils, d'obtenir que mon péché soit effacé, d'ordonner que je sois purifié de l'iniquité de mes œuvres. Faites-moi aimer la gloire de votre virginité ; révélez-moi la douceur de votre Fils ; donnez-moi de parler, selon la sincérité, de la foi de votre Fils, et de la défendre. Accordez-moi de m'attacher à Dieu et à vous, de servir votre Fils et vous : lui, comme mon Créateur ; vous, comme la Mère de mon Créateur ; lui, comme le Seigneur des armées ; vous, comme la servante du Maître de toutes choses ; lui, comme un Dieu ; vous, comme la Mère d'un Dieu ; lui, comme mon Rédempteur ; vous, comme l'instrument de ma rédemption.

« S'il a été le prix de mon rachat, sa chair a été formée de votre chair ; c'est de votre substance mortelle qu'il a pris le corps mortel par lequel il a effacé mes péchés ; ma nature qu'il a emportée, au-dessus des Anges, jusque dans la gloire du trône de son Père, il a daigné l'emprunter à votre substance.

« Donc, je suis votre esclave, car votre Fils est mon Seigneur. Vous êtes ma Dame, car vous êtes la servante de mon Seigneur. Je suis l'esclave de la servante de mon Seigneur, car vous, qui êtes ma Dame, vous êtes la Mère de mon Seigneur. Faites, je vous en supplie, Vierge sainte, que je possède Jésus, par ce même Esprit dont la vertu vous a fait enfanter Jésus ; que je connaisse Jésus, par le même Esprit qui vous a fait connaître et concevoir Jésus ; que je parle de Jésus, par le même Esprit dans lequel vous vous êtes dite la servante du Seigneur ; que j'aime Jésus, par le même Esprit dans lequel vous l'adorez, comme votre Seigneur, et le considérez amoureusement comme votre Fils ; que j'obéisse enfin à Jésus, aussi sincèrement que lui-même, étant Dieu, vous était soumis et à Joseph.»



Tolède par Le Greco 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 05:00

Aujourd'hui Vincent, le Victorieux, couvert de la dalmatique sacrée, et tenant la palme entre ses mains fidèles, vient rejoindre au berceau de l'Emmanuel son chef et son frère Etienne le Couronné.


SAINT VINCENT par Gonçalves

L'Espagne l'a vu naître ; il exerce le ministère du Diaconat dans la glorieuse Eglise de Sarragosse, et, par la force et l'ardeur de sa foi, il présage les destinées du royaume Catholique entre tous les autres. Mais il n'appartient point à l'Espagne seulement ; comme Etienne, comme Laurent, Vincent est le héros de l'Eglise entière. C'est à travers les pierres qui pleuvaient sur lui, comme sur un blasphémateur, que le Diacre Etienne a prêché le Christ ; c'est sur le gril embrasé, comme le Diacre Laurent, que le Diacre Vincent a confessé le Fils de Dieu. Ce triumvirat de Martyrs fait l'ornement de la Litanie sacrée, et leurs trois noms symboliques et prédestinés, Couronne, Laurier et Victoire, nous annoncent les plus vaillants chevaliers de l'Emmanuel.


Vincent a triomphé du feu, parce que la flamme de l'amour qui le consumait au dedans était plus ardente encore que celle qui brûlait son corps. Des prodiges admirables l'ont assisté dans ses rudes combats ; mais le Seigneur, qui se glorifiait
en lui, n'a cependant pas voulu qu'il perdît la palme ; et, au milieu de ses tortures, le saint Diacre n'avait qu'une pensée, celle de reconnaître, par le don de son sang et de sa vie, le sacrifice du Dieu qui avait souffert la mort pour lui et pour tous les hommes. Avec quelle fidélité et quel amour il garde, en ces saints jours, le berceau de son Maître ! Comme il désire que cet Enfant soit aimé de ceux qui le visitent ! Lui qui n'a pas reculé, quand il s'est agi de se donner à lui à travers tant d'angoisses, comme il accuserait la lâcheté des chrétiens qui n'apporteraient à Jésus naissant que des cœurs froids et partagés ! A lui, on a demandé sa vie par lambeaux, il l'a donnée en souriant ; et nous refuserions de lever les obstacles futiles qui nous empêchent de commencer sérieusement avec Jésus une vie nouvelle ! Que le spectacle de tous ces Martyrs qui se pressent depuis quelques jours sur le Cycle stimule donc nos coeurs ; qu'ils apprennent à devenir simples et forts, comme l'a été le cœur des martyrs.

Une ancienne tradition, dans la chrétienté, assigne à saint Vincent le patronage sur les travaux de la vigne et sur ceux qui les exercent. Cette idée est heureuse, et nous rappelle mystérieusement la part que le Diacre prend au divin Sacrifice. C'est lui qui verse dans le calice ce vin qui bientôt va devenir le sang du Christ. Il y a peu de jours, nous assistions au festin de Cana : le Christ nous y offrait son divin breuvage, le vin de son amour ; aujourd'hui, il nous le présente de nouveau, par la main de Vincent. Pour se rendre digne d'un si haut ministère, le saint Diacre a fait ses preuves, en mêlant son propre sang, comme un vin généreux, dans la coupe qui contient le
prix du salut du monde. Ainsi se vérifie la parole de l'Apôtre, qui nous dit que les Saints accomplissent dans leur chair, par le mérite de leurs souffrances, quelque chose qui manquait, non à l'efficacité, mais à la plénitude du Sacrifice du Christ dont ils sont les membres.

Nous donnerons, maintenant, le récit abrégé des combats de Vincent, dans les Leçons de son Office :
 
Vincent, né à Huesca, dans l'Espagne Tarragonaise, s'adonna à l'étude dès le premier âge, et fut instruit dans les saintes lettres par Valère, évêque de Sarragosse. Ce prélat lui donna même la charge de prêcher l'Evangile, ne pouvant s'acquitter par lui-même de ce devoir à cause de la difficulté qu'il avait à parler. Ce qui ayant été rapporté à Dacien, que Dioclétien et Maximien avaient établi gouverneur de la province, il fit saisir Vincent à Sarragosse, et le fit conduire, chargé de chaînes, à Valence. Là il fut torturé par les fouets et le chevalet, à la vue de la multitude ; mais ni la violence des tourments, ni la dureté, ni la douceur des paroles ne purent ébranler sa résolution. Alors on l'étendit sur un gril posé sur des charbons ardents ; on le déchira avec des ongles de fer, on le brûla avec des lames ardentes. On le ramena ensuite dans la prison, qu'on avait semée de têts de pots cassés, afin que son corps, accablé par le sommeil, étant couché nu sur ces têts , fût déchiré de leurs pointes. 

Mais tandis qu'il était enfermé dans l'obscurité de son cachot, une très vive splendeur illumina tout à coup cette prison, et ravit d'admiration tous ceux qui étaient présents. Le gardien de la prison rapporta ce prodige à Dacien. Celui-ci fait sortir Vincent de son cachot, et, par son ordre, on l'étend sur un bon lit, afin de gagner par les délices celui que les supplices n'avaient pu faire changer de sentiment ; mais le courage de Vincent demeura invincible. Fortifié par la foi et l'espérance en Jésus-Christ, il triompha de tout, et après avoir vaincu la rigueur du feu , du fer et des bourreaux, il s'envola victorieux au ciel, pour y recevoir la couronne du martyre, le onze des calendes de février. Son corps fut jeté et exposé sans sépulture ; mais un corbeau le défendit miraculeusement, avec ses griffes, son bec et ses ailes, contre les oiseaux et contre un loup. A cette nouvelle, Dacien fit jeter le corps en pleine mer ; mais les flots le ramenèrent encore, par un prodige, sur le rivage, et les chrétiens l'ensevelirent.



SAINT VINCENT  par Gonçalves

Nous vous saluons, ô Diacre Victorieux, tenant entre vos mains le Calice du salut. Autrefois, vous le présentiez à l'autel, afin que la liqueur qu'il contenait fût transformée, par les paroles sacrées, au Sang du Christ ; vous le présentiez aux fidèles, afin que tous ceux qui avaient soif de Dieu se désaltérassent aux sources de la vie éternelle. Aujourd'hui, vous l'offrez vous-même au Christ ; et il est plein jusqu'au bord de votre propre sang. Ainsi avez-vous été un Diacre fidèle, donnant jusqu'à votre vie pour attester les Mystères dont vous étiez le dispensateur. Trois siècles s'étaient écoulés depuis l'immolation d'Etienne ; soixante ans depuis le jour où les membres de Laurent fumaient sur les brasiers de Rome, comme un encens à l'odeur suave et forte ; et dans cette dernière persécution de Dioctétien, à la veille du triomphe de l'Eglise, vous veniez attester, par votre constance, que la fidélité du Diacre n'avait point défailli.

Vous brillez en tête de la phalange des Martyrs, ô Vincent ! et l'Eglise est fière de vos victoires ; souvenez-vous que c'est pour elle, après le Christ, que vous avez combattu. Soyez-nous donc propice ; et marquez ce jour de votre fête par les effets de votre protection sur nous. Vous contemplez, face à face, le Roi des siècles dont vous fûtes le Chevalier ; ses splendeurs éternelles luisent à vos regards, fermes quoique éblouis. Nous, dans cette vallée de larmes nous le possédons, nous le voyons aussi ; car il s'appelle Emmanuel, Dieu avec nous. Mais c'est sous la figure d'un faible enfant qu'il se montre à nos regards ; car il craint de nous effrayer par l'éclat de sa gloire.

Rassurez cependant nos cœurs troublés quelquefois par la pensée que ce doux Sauveur doit être un jour notre juge. La vue de ce que vous avez fait, de ce que vous avez souffert pour son service, nous émeut, nous si vides de bonnes œuvres, si oublieux des droits d'un tel maître. Obtenez que vos exemples ne passent pas en vain
 sous nos yeux. Il vient nous recommander la simplicité de l'enfance, cette simplicité qui procède de l'humilité et de la confiance en lui, cette simplicité qui vous fit affronter tant de tourments sans faiblesse et d'un cœur tranquille. Rendez-nous dociles à écouter la voix d'un Dieu qui nous parle par ses exemples, calmes et joyeux dans l'accomplissement de ses volontés, dévoués uniquement à son bon plaisir.

Priez, ô Vincent, pour tous les Chrétiens ; car tous sont appelés à la lutte contre le monde et les passions de leur propre cœur. Tous nous sommes conviés à la palme, à la couronne, à la victoire. Jésus n'admettra que des vainqueurs au banquet de la gloire éternelle, à cette table où il nous a promis de boire avec nous le vin nouveau, au royaume de son Père. La robe nuptiale, nécessaire pour y avoir entrée, doit être teinte dans le sang de l'Agneau ; nous devons tous être martyrs, sinon d'effet, du moins de désir : car c'est peu d'avoir vaincu les bourreaux, si on ne s'est vaincu soi-même.


Assistez de votre secours les nouveaux martyrs qui versent encore aujourd'hui leur sang sur des plages lointaines, afin qu'ils soient dignes des temps glorieux qui donnèrent Vincent à l'Eglise.

Protégez l'Espagne, votre patrie. Priez l'Emmanuel d'y susciter des héros forts et fidèles comme vous, afin que le royaume Catholique, toujours si jaloux de la pureté de la foi, sorte bientôt des épreuves auxquelles il est soumis. Ne souffrez pas que l'illustre Eglise de Sarragosse, fondée par l’Apôtre fils du Tonnerre, visitée par la glorieuse Mère de Dieu, sanctifiée par votre ministère de Diacre, voie s'affaiblir le sentiment de la foi catholique, ou se briser le lien de l'unité.

Et puisque
 la piété des peuples vous révère comme le protecteur des vignobles, bénissez cette partie de la création que le Seigneur a destinée à l'usage de l'homme, et dont il a voulu faire l'instrument du plus profond des mystères et l'un des plus touchants symboles de son amour pour nous.


Altarpiece of Saint Vincent, the panel of the Monks by Gonçalves

En ce même jour, l'Eglise honore la mémoire du saint moine Persan Anastase, qui souffrit le martyre en 628. Chosroès, s'étant emparé de Jérusalem, avait emporté en Perse le bois de la vraie Croix, qui fut reconquis plus tard par Héraclius. La vue de ce bois sacré excita dans Anastase, encore païen, le désir de connaître la Religion dont il est le trophée. Il renonça à la superstition persane pour embrasser le Christianisme et la vie monastique.

Cette démarche, jointe au zèle du néophyte, anima contre lui le ressentiment des païens ; et après d'affreuses tortures, le soldat du Christ eut la tête tranchée. Son corps fut transféré à Constantinople, et de là à Rome, où il repose avec honneur. Deux Eglises célèbres de cette capitale, l'une dans la ville, l'autre hors des murs, sont dédiées en commun à saint Vincent et à saint Anastase, parce que ces deux grands Martyrs ont souffert le même jour, quoique à des époques éloignées. Tel est le motif qui a porté l'Eglise à réunir leurs deux fêtes en une seule. Prions ce nouvel athlète du Christ de nous être favorable, et de nous recommander au Seigneur, dont la croix lui fut si chère.


Nous plaçons ici la Légende que l'Eglise consacre à la mémoire de saint Anastase, en la fête de saint Vincent :
 
Anastase, Persan de naissance, avait embrassé la vie monastique. Après avoir visité les lieux saints de Jérusalem, il souffrit courageusement, à Césarée de Palestine, les chaînes et les fouets, pour la religion de Jésus-Christ. Peu après, les Perses lui firent endurer encore plusieurs supplices pour la même cause, lorsqu'enfin le roi Chosroès lui fît trancher la tête par la hache, avec soixante-dix autres chrétiens.

Ses reliques furent d'abord portées à Jérusalem, dans le monastère où il avait fait profession de la vie monastique, et de là à Rome, où on les plaça dans le monastère situé aux Eaux-Salviennes.
 


Réunissons les deux Martyrs, en répétant la prière de l'Eglise Romaine, en ce jour de leur fête commune :

Le royaume des cieux est à eux ; car ils ont méprisé la vie de ce monde ; ils ont atteint la récompense du royaume, et ils ont lavé leurs robes dans le sang de l'Agneau.
 

Justes, réjouissez-vous dans le Seigneur, et tressaillez d'allégresse.
 
Et glorifiez-vous, vous tous qui avez le cœur droit. 

Exaucez nos supplications,  Seigneur, afin que nous qui nous reconnaissons coupables de nos iniquités, nous soyons délivrés par l'intercession de vos bienheureux Martyrs Vincent et Anastase.

Par Jésus-Christ notre Seigneur

Amen


Exaltation de la Croix



DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

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21 janvier 2010 4 21 /01 /janvier /2010 05:00

Nous n'avons pas épuisé encore la splendide constellation de Martyrs qui se rencontre en ces jours sur le Cycle. Hier, Sébastien ; demain, Vincent, qui porte la victoire jusque dans son nom. Entre ces deux fortes palmes apparaît aujourd'hui, tressée de lis et de roses, la gracieuse couronne d'Agnès.

C'est à une enfant de treize ans que l'Emmanuel a donné ce mâle courage du martyre, qui l'a fait marcher dans l'arène d'un pas aussi ferme que le vaillant chef de la cohorte prétorienne et que l'intrépide Diacre de Sarragosse. S'ils sont les soldats du Christ, elle en est la chaste amante. Tels sont les triomphes du Fils de Marie. A peine s'est-il manifesté au monde, que tous les nobles cœurs volent vers lui, selon la parole qu'il a dite : "Où sera le corps, les aigles se rassembleront." (Matthieu XXIV, 28.)


Fruit admirable de la virginité de sa Mère, qui a mis en honneur la fécondité de l'âme, bien au-dessus de la fécondité des corps, et ouvert une voie ineffable par laquelle les âmes choisies s'élancent rapidement jusqu'au divin Soleil, dont leur regard épuré contemple, sans nuage, les rayons; car il a dit aussi : "Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu." (Matthieu V, 8.)


Gloire immortelle de l'Eglise catholique, qui, seule, possède en son sein le don de la virginité, principe de tous les dévouements, parce que la virginité procède uniquement de l'amour ! Honneur sublime pour Rome chrétienne d'avoir produit Agnès, cet ange de la terre, devant laquelle pâlissent ces anciennes Vestales, dont la virginité comblée de faveurs et de richesses ne fut jamais éprouvée par le fer ni le feu !

Quelle gloire est comparable à celle de cette enfant de treize ans, dont le nom retentira jusqu'à la fin des siècles dans le Canon sacré du Sacrifice universel ! La trace de ses pas innocents, après tant de siècles, est empreinte encore dans la ville sainte. Ici, sur l'ancien Cirque Agonal, un temple somptueux s'élève avec sa riche coupole, et donne entrée sous ces voûtes jadis souillées par la prostitution, maintenant tout embaumées des parfums de la virginité d'Agnès. Plus loin, sur la voie Nomentane, hors des remparts de Rome, une élégante Basilique, bâtie par Constantin, garde, sous un autel revêtu de pierres précieuses, le chaste corps de la vierge. Sous terre, autour de la Basilique, commencent et s'étendent de vastes cryptes, au centre desquelles Agnès reposa jusqu'au jour de la paix, et où dormirent, comme sa garde d'honneur, des milliers de Martyrs.

Nous ne devons pas taire non plus le plus gracieux hommage que rend, chaque année, la sainte Eglise Romaine à notre illustre Vierge, au jour de sa fête. Deux agneaux sont placés sur l'autel de la Basilique Nomentane, rappelant à la fois la mansuétude du divin Agneau et la douceur d'Agnès. Après qu'ils ont été bénis par l'Abbé des Chanoines réguliers qui desservent cette église,
 ils sont conduits ensuite dans un monastère de vierges consacrées au Seigneur, qui les élèvent avec soin ; et leur laine sert à tisser les Pallium que le Pontife suprême doit envoyer, comme signe essentiel de leur juridiction, à tous les Patriarches et Métropolitains du monde catholique. Ainsi le simple ornement de laine que ces Prélats doivent porter sur leurs épaules comme symbole de la brebis du bon Pasteur, et que le Pontife Romain prend sur le tombeau même de saint Pierre pour le leur adresser, va porter jusqu'aux extrémités de l'Eglise, dans une union sublime, le double sentiment de la vigueur du Prince des Apôtres et de la douceur virginale d'Agnès.

Nous donnerons maintenant les admirables pages que saint Ambroise, dans son livre des Vierges, a consacrées à la louange de sainte Agnès. L'Eglise en lit la plus grande partie dans l'Office d'aujourd'hui ; et la vierge du Christ ne pouvait désirer un plus aimable panégyriste que le grand évêque de Milan, le plus éloquent des Pères sur la virginité, et le plus persuasif ; car l'histoire nous apprend que, dans les villes où il prêchait, les mères renfermaient leurs filles, dans la crainte que les attrayantes paroles du prélat n'allumassent en elles un si ardent amour du Christ, qu'on les vît renoncer à tout hymen terrestre.


« Ayant à écrire un livre de la Virginité, dit le grand évêque, je m'estime heureux de l'ouvrir par l'éloge de la vierge dont la solennité nous réunit. C'est aujourd'hui la fête d'une Vierge : recherchons la pureté. C'est aujourd'hui la fête d'une Martyre : immolons des victimes. C'est aujourd'hui la fête de sainte Agnès : que les hommes soient dans l'admiration, que les enfants
ne perdent pas courage, que les épouses considèrent avec étonnement, que les vierges imitent. Mais comment pourrons-nous parler dignement de celle dont le nom même renferme l'éloge ? Son zèle a été au-dessus de son âge, sa vertu au-dessus de la nature ; en sorte que son nom ne semble pas un nom humain, mais plutôt un oracle qui présageait son martyre.»

Le saint Docteur fait ici allusion au mot agneau, dont on peut dériver le nom d'Agnès. Il le considère ensuite comme formé du mot grec agnos, qui signifie pur, et continue ainsi son discours :

« Le nom de cette vierge est aussi un titre de pureté : j'ai donc à la célébrer et comme Martyre et comme Vierge. C'est une louange abondante que celle que l'on n'a pas besoin de chercher, et qui existe déjà par elle-même. Que le rhéteur se retire, que l'éloquence se taise ; un seul mot, son nom seul, loue Agnès. Que les vieillards, que les jeunes gens, que les enfants la chantent. Tous les hommes célèbrent cette Martyre ; car ils ne peuvent dire son nom sans la louer.

« On rapporte qu'elle avait treize ans quand elle souffrit le martyre. Cruauté détestable du tyran, qui n'épargne pas un âge si tendre ; mais, plus encore, merveilleuse puissance de la foi, qui trouve des témoins de cet âge ! Y avait-il place en un si petit corps pour les blessures ? A peine le glaive trouvait-il sur cette enfant un lieu où frapper ; et cependant Agnès avait en elle de quoi vaincre le glaive.


« A cet âge, la jeune fille tremble au regard irrité de sa mère ; une piqûre d'aiguille lui arrache des larmes, comme ferait une blessure. Intrépide entre les mains sanglantes des bourreaux,
Agnès se tient immobile sous le fracas des lourdes chaînes qui l'écrasent ; ignorante encore de la mort, mais prête à mourir, elle présente tout son corps à la pointe du glaive d'un soldat furieux. La traîne-t-on, malgré elle, aux autels : elle tend les bras au Christ, à travers les feux du sacrifice ; et sa main forme, jusque sur les flammes sacrilèges, ce signe qui est le trophée du Seigneur victorieux. Son cou, ses deux mains, elle les passe dans les fers qu'on lui présente ; mais on n'en trouve pas qui puissent serrer des membres si petits.

« Nouveau genre de martyre ! La Vierge n'a pas encore l'âge du supplice, et déjà elle est mûre pour la victoire ; elle n'est pas mûre pour le combat, et déjà elle est capable de la couronne ; elle avait contre elle le préjugé de son âge, et déjà elle est maîtresse en fait de vertu. L'épouse ne marche pas vers le lit nuptial avec autant de vitesse que cette Vierge qui s'avance, pleine de joie, d'un pas dégagé, vers le lieu de son supplice ; parée, non d'une chevelure artificieusement disposée, mais du Christ ; couronnée, non de fleurs, mais de pureté.


« Tous étaient en larmes ; elle seule ne pleure pas ; on s'étonne qu'elle prodigue si facilement une vie qu'elle n'a pas encore goûtée ; qu'elle la sacrifie , comme si elle l'eût épuisée. Tous admirent qu'elle soit déjà le témoin de la divinité, à un âge où elle ne pourrait encore disposer d'elle-même. Sa parole n'aurait pas valeur dans la cause d'un mortel : on la croit aujourd'hui dans le témoignage qu'elle rend à Dieu. En effet, une force qui est au-dessus de la nature ne saurait venir que de l'auteur de la nature. Quelles terreurs n'employa pas le juge pour
l'intimider ! que de caresses pour la gagner ! Combien d'hommes la demandèrent pour épouse ! Elle s'écrie : La fiancée fait injure à l'époux, si elle se fait attendre. Celui-là m'aura seul, qui, le premier, m'a choisie. Que tardes-tu, bourreau ? Périsse ce corps que peuvent aimer des yeux que je n'agrée pas.

« Elle se présente, elle prie, elle courbe la tête. Vous eussiez vu trembler le bourreau, comme si lui-même eût été condamné. Sa main était agitée, son visage était pâle sur le danger d'un autre, pendant que la jeune fille voyait, sans crainte, son propre péril. Voici donc, dans  une seule victime, un double martyre : l'un de chasteté, l'autre de religion. Agnès demeura vierge, et elle obtint le martyre.»


SAINTE AGNES par Bergognone 

O enfant si pure au milieu de la contagion de Rome, si libre au milieu d'un peuple esclave, combien le caractère de notre Emmanuel paraît en vous ! Il est Agneau, et vous êtes simple comme lui ; il est le Lion de la tribu de Juda, et, comme lui, vous êtes invincible. Quelle est donc cette nouvelle race descendue du ciel qui vient peupler la terre ? Oh ! qu'elle vivra de longs siècles, cette famille chrétienne issue des Martyrs, qui compte parmi ses ancêtres des héros si magnanimes ! des vierges, des enfants, à côté des pontifes et des guerriers, tous remplis d'un feu céleste, et n'aspirant qu'à sortir de ce monde, après y avoir jeté la semence des vertus. Ainsi sont rapprochés de nous les exemples du Christ par la noble chaîne de ses Martyrs. Par nature, ils étaient fragiles comme nous ; ils avaient à triompher des mœurs païennes qui avaient corrompu le sang de l'humanité ; et cependant ils étaient forts et purs.

Jetez les yeux sur nous, ô Agnès, et secourez-nous. L'amour du Christ languit dans nos cœurs. Vos combats nous émeuvent ; nous versons quelques larmes au récit de votre héroïsme ; mais nous sommes faibles contre le monde et les sens. Amollis par la recherche continuelle de nos aises, par une folle dépense de ce que nous appelons
sensibilité, nous n'avons plus de courage en face des devoirs. N'est-il pas vrai de dire que la sainteté n'est plus comprise ? Elle étonne, elle scandalise ; nous la jugeons imprudente et exagérée. Et cependant, ô Vierge du Christ, vous êtes là devant nous, avec vos renoncements, avec vos ardeurs célestes, avec votre soif de la souffrance qui mène à Jésus.

Priez pour nous, indignes ; élevez-nous au sentiment d'un amour généreux, agissant, d'un amour qui connaisse la jalousie à l'encontre de ce qui n'est pas Dieu. Epurez cette religion tiède et contente d'elle-même, qui est venue prendre la place de la piété des anciens jours. Il est quelques âmes fortes qui vous suivent ; mais il en est peu ; accroissez-en le nombre par vos prières, afin que l'Agneau, dans les deux, ait une suite nombreuse, entre les lis et les roses de ce séjour du bonheur.


Vous nous apparaissez, ô Vierge innocente, dans ces jours où nous nous pressons autour du berceau de l'Enfant divin. Qui pourrait dire les caresses que vous lui prodiguez, et celles dont il vous comble ? Laissez toutefois approcher les pécheurs près de cet Agneau qui vient les racheter, et recommandez-les vous-même, au nom de votre tendresse, à ce Jésus que vous avez toujours aimé.

Conduisez-nous à Marie, la tendre et pure brebis qui nous a donné ce Sauveur. Vous qui réfléchissez en vous le doux éclat de sa virginité, obtenez-nous d'elle un de ces regards qui purifient les cœurs.


Suppliez, ô Agnès, pour la sainte Eglise qui est aussi l'Epouse de Jésus. C'est elle qui vous a enfantée à son amour ; c'est d'elle que nous aussi tenons la vie et la lumière. Obtenez qu'elle soit de plus en plus féconde en vierges fidèles.

Protégez
Rome, où votre tombe est si glorieuse, où vos palmes sont si éclatantes. Bénissez les Prélats de l'Eglise : obtenez pour eux la douceur de l'agneau, la fermeté du rocher, le zèle du bon Pasteur pour la brebis égarée.

Enfin, ô Epouse de l'Emmanuel, soyez le secours de tous ceux qui vous invoquent ; et que votre amour pour les hommes s'allume de plus en plus à celui qui brûle au Cœur de Jésus.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

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20 janvier 2010 3 20 /01 /janvier /2010 05:00

Deux grands Martyrs partagent , sur le Cycle, les honneurs de cette journée : l'un , Pontife de l'Eglise de Rome ; l'autre, l'un des fidèles de cette Eglise-Mère. Fabien reçut la couronne du martyre l'an 250, sous la persécution de Décius ; la persécution de Dioclétien couronna Sébastien en 288. Nous considérerons séparément les mérites de ces deux athlètes du Christ.

A l'exemple de ses prédécesseurs, saint Clément et saint Anthéros, le saint Pape Fabien prit un soin particulier de faire rédiger les Actes des Martyrs ; mais la persécution de Dioclétien, qui nous a privés d'un si grand nombre de ces précieux monuments condamnés aux flammes par les Edits impériaux, nous a ravi le récit des souffrances et du martyre de notre saint Pontife. Quelques traits seulement de sa vie pastorale sont arrivés jusqu'à nous ; mais nous pouvons prendre une idée de ses vertus, par l'éloge que fait de lui saint Cyprien, qui l'appelle un homme incomparable, dans une Lettre qu'il écrit au Pape saint Corneille , successeur de Fabien.

L'évêque de Carthage célèbre aussi la pureté et la sainteté de la vie du saint Pontife, qui domina d'un front
tranquille les orages dont l'Eglise fut agitée de son temps. On aime à contempler cette tête calme et vénérable sur laquelle une colombe alla se reposer, pour désigner dans Fabien le successeur de Pierre, le jour où le peuple et le clergé de Rome étaient réunis pour l'élection d'un Pontife, après le martyre d'Anthéros. Ce rapport avec le Christ désigné pour le Fils de Dieu, dans les eaux du Jourdain, par la divine colombe, rend plus sacré encore le touchant caractère de Fabien. Dépositaire de la puissance de régénération qui réside dans les eaux depuis le baptême du Christ, il eut à cœur la propagation du Christianisme ; et parmi les Evêques qu'il sacra pour annoncer la foi en divers lieux, l'Eglise des Gaules en reconnaît plusieurs pour ses principaux fondateurs. 

Nous insérons immédiatement le court récit des Actes de saint Fabien, tel qu'il est consigné dans la Liturgie :
  

Fabien, Romain de naissance, gouverna l'Eglise depuis Maximin jusqu'à Décius. Il divisa la ville entre sept Diacres qu'il chargea du soin des pauvres. Il créa aussi sept Sous-Diacres, pour recueillir les Actes des Martyrs qui étaient écrits par les sept Notaires. Il statua également que, tous les ans, au jour de la Cène du Seigneur, on renouvellerait le saint Chrême, après avoir brûlé l'ancien. Enfin, le treize des calendes de février, il reçut la couronne du martyre, dans la persécution de Décius, et fut enseveli au cimetière de Calliste, sur la voie Appienne, ayant siégé quinze ans et quatre jours. Il fit cinq ordinations au mois de décembre, et il créa vingt-deux Prêtres, sept Diacres, et onze Evêques pour divers lieux. 


Ainsi se sont écoulés les jours de votre Pontificat, longs et orageux, ô Fabien ! Mais, pressentant l'avenir de paix que Dieu réservait à son Eglise, vous ne vouliez pas que les grands exemples de l'âge des Martyrs fussent perdus pour les siècles futurs, et votre sollicitude veillait à leur conservation. Les flammes nous ont ravi une grande partie des trésors que vous aviez amassés pour nous ; à peine pouvons-nous formuler quelques détails de votre propre vie ; mais nous en savons assez pour louer Dieu de vous avoir choisi dans ces temps difficiles, et pour célébrer aujourd'hui le glorieux triomphe que remporta votre constance.

La colombe qui vous désignait comme l'élu du ciel, se reposant sur votre tête, vous marquait comme le Christ visible de la terre ; elle vous dévouait aux sollicitudes et au martyre ; elle avertissait l'Eglise entière de vous reconnaître et de vous écouter. Vous donc, ô saint Pontife, qui avez eu ce trait de ressemblance avec l'Emmanuel dans le mystère de l'Epiphanie, priez-le pour nous afin qu'il daigne se manifester de plus en plus à nos esprits et à nos cœurs. Obtenez-nous de lui cette docilité à sa grâce, cette dépendance d'amour à l'égard de ses moindres volontés, ce détachement de toutes choses, qui furent l'élément continuel de votre vie, au milieu de cette tourmente qui menaça, durant quinze années, de
vous engloutir. Enfin un dernier tourbillon vous enleva, calme et préparé, pour vous porter, par le martyre, jusque dans le sein de Celui qui avait déjà accueilli un si grand nombre de vos brebis. Nous aussi, nous attendons la vague qui doit nous détacher de la grève, et nous pousser jusqu'au ciel ; demandez, ô Pasteur, qu'elle nous trouve prêts. Si l'amour du divin Enfant vit en nous, si nous imitons, comme vous, ô Fabien, la simplicité de la colombe, notre voie est sûre. Nous offrons nos cœurs ; hâtez-vous de les préparer. 


Après les glorieux Apôtres Pierre et Paul, qui font sa principale gloire, Rome inscrit en tête de ses fastes ses deux plus vaillants martyrs, Laurent et Sébastien, et ses deux plus illustres vierges, Cécile et Agnès. Or, voici que la partie actuelle du Cycle réclame, pour faire honneur au Christ naissant, une partie de cette noble cour. Laurent et Cécile paraîtront à leur tour pour accompagner d'autres mystères ; aujourd'hui, l'invincible chef de la cohorte prétorienne, Sébastien, est appelé à faire son service près de l'Emmanuel ; demain, Agnès, douce comme l'agneau, intrépide comme le lion, sera admise auprès de l'Epoux divin qu'elle a préféré à tout.


Le caractère chevaleresque de Sébastien offre plusieurs traits de ressemblance avec celui du grand Archidiacre : l'un dans le sanctuaire, l'autre dans le siècle, ont défié avec un mâle courage les tortures et la mort. A moitié rôti, Laurent défie le tyran de le retourner de l'autre côté ; Sébastien, tout hérissé de flèches meurtrières, n'a pas plutôt senti se cicatriser ses plaies, qu'il court se présenter devant Dioclétien, et appelle un nouveau
martyre. Mais nous n'avons à nous occuper aujourd'hui que de Sébastien.

Qu'on se figure un jeune homme, s'arrachant à tous les liens qui le retenaient à Milan sa patrie, par le seul motif que la persécution n'y sévit pas avec assez de rigueur, tandis que la tempête, à Rome, est dans toute sa violence. Il tremble pour la constance des Chrétiens ; mais il sait que, plus d'une fois, les soldats du Christ, couverts de l'armure des soldats de César, se sont introduits dans les prisons, et ont ranimé le courage des confesseurs. C'est la mission qu'il ambitionne, en attendant le jour où il pourra lui-même saisir la palme. Il vient donc soutenir ceux que les larmes de leurs parents avaient ébranlés ; les geôliers même, cédant à l'empire de sa foi et de ses miracles, affrontent le martyre, et jusqu'à un magistrat romain demande à se faire instruire de la doctrine qui donne tant de puissance aux hommes. Comblé des marques de la faveur de Dioclétien et de Maximien-Hercule, Sébastien dispose dans Rome d'une influence si salutaire pour le Christianisme, que le saint pape Caïus le proclame le Défenseur de l'Eglise.


Après avoir envoyé au ciel d'innombrables martyrs, le héros obtient enfin la couronne pour laquelle il soupirait. Par sa courageuse confession il encourt la disgrâce de Dioclétien, auquel il préfère l'Empereur céleste qu'il avait servi uniquement sous le casque et la chlamyde. Il est livré aux archers de Mauritanie qui le dépouillent, l'enchaînent et le percent de leurs flèches. Si les pieux soins d'Irène le rappellent à la vie, c'est pour expirer sous les coups, dans un hippodrome attenant au palais des Césars.


Tels sont les soldats de notre Roi nouveau-né ;
mais avec quelle recherche sa munificence les honore ! Rome chrétienne, capitale de l'Eglise, s'élève sur sept Basiliques principales, comme l'ancienne Rome sur sept collines ; le nom et la tombe de Sébastien décorent l'un de ces sept sanctuaires. Hors les murs de la ville éternelle, sur la voie Appienne, la Basilique de Sébastien est assise dans la solitude ; elle garde le corps du pieux Martyr et Pontife Fabien ; mais les premiers honneurs de ce temple sont pour l'illustre chef de la milice prétorienne, qui avait voulu être enseveli dans ce lieu, comme un fidèle serviteur, près du puits au fond duquel furent cachés plusieurs années les corps des saints Apôtres, quand il fallut les soustraire aux recherches des persécuteurs.

En retour du zèle de saint Sébastien pour les âmes des fidèles, qu'il désira tant préserver de la contagion du paganisme, Dieu lui a donné d'être l'intercesseur du peuple chrétien contre le fléau de la peste. Ce pouvoir du saint Martyr a été éprouvé, dès l'an 680, à Rome, sous le pontificat de saint Agathon.
 

Nous donnons maintenant la Légende du glorieux Martyr, tirée des Offices de l'Eglise :
  

Sébastien, dont le père était originaire de Narbonne, et la mère de Milan, fut aimé de Dioclétien, à cause de la noblesse de sa naissance et pour sa vertu. Etant chef de la première cohorte, il aidait de ses services et de ses biens les chrétiens dont il professait secrètement la foi ; et ceux  qu'il voyait trembler devant la violence des tourments, les relevait tellement par  ses exhortations, qu'un grand nombre se livrèrent d'eux-mêmes aux bourreaux pour le nom de Jésus-Christ. De ce nombre furent deux frères, Marc et Marcellien, qui étaient prisonniers à Rome, chez Nicostrate, dont la femme, nommée Zoé, recouvra, par la prière de Sébastien, la parole qu'elle avait perdue. A cette nouvelle, Dioclétien manda Sébastien, et après l'avoir réprimandé fortement, il s'efforça, par tous les artifices, de le détourner de la foi du Christ. Mais, voyant l'inutilité de ses promesses et de ses menaces, il le condamna à être lié à un poteau et percé de flèches. 


Tout le monde le croyant mort, une sainte femme, nommée Irène, fit enlever son corps pendant la nuit pour lui donner la sépulture ; mais elle le trouva vivant encore, et le cacha dans sa maison pour le guérir.
> tableau : Saint Sébastien délivré par Irène et sa servante

Quelque temps après, comme il avait recouvré la santé, il rencontra Dioclétien, auquel il reprocha plus librement encore son impiété. A sa vue, l'Empereur fut d'abord frappé d'étonnement, car il le croyait mort ; mais bientôt la nouveauté de ce prodige et les reproches sévères que lui faisait Sébastien enflammèrent tellement sa colère, qu'il le fit battre de verges jusqu'à ce qu'il rendit son âme à Dieu.

Son corps fut jeté dans un cloaque ; mais Eucine fut avertie en songe, par Sébastien lui-même, du lieu où était son corps, et de l'endroit où il voulait être inhumé. Lucine l'ensevelit donc aux Catacombes, où l'on éleva depuis une célèbre Eglise sous le nom de Saint-Sébastien.



SAINT SEBASTIEN par Le Pérugin


Vaillant soldat de l'Emmanuel ! vous vous reposez maintenant à ses pieds. Vos blessures sont guéries, et vos palmes sont toujours verdoyantes. Du haut du ciel, jetez les regards sur la chrétienté qui applaudit à vos triomphes. A cette époque de l'année, vous nous apparaissez comme le gardien fidèle du berceau de l'Enfant divin ; l'emploi que vous remplissiez à la cour des princes de la terre, vous l'exercez maintenant dans le palais du Roi des rois. Daignez y introduire et y protéger nos vœux et nos prières.

Avec quelle faveur l'Emmanuel écoutera vos requêtes, lui que vous avez aimé d'un si invincible amour ! Dans l'ardeur de verser votre sang pour son service, un théâtre vulgaire ne vous suffisait pas ; il vous fallait Rome, cette Babylone enivrée du sang des Martyrs, comme parle saint Jean. Mais vous ne vouliez pas cueillir seulement une palme, et monter en hâte dans les cieux ; votre zèle pour vos frères vous rendait inquiet sur leur constance. Vous aimiez à pénétrer dans les cachots où ils rentraient tout brisés par les tortures ; et vous veniez raffermir entre leurs mains la palme chancelante. On eût dit que vous aviez reçu l'ordre de former la milice prétorienne du Roi céleste, et que vous ne deviez entrer au ciel que dans la société des guerriers choisis par vous pour la garde de sa personne.


Enfin, le moment est venu où vous devez songer à votre propre couronne ; l'heure de la confession a sonné. Mais, pour un athlète comme vous, ô Sébastien, un martyre unique ne suffit pas. En vain les archers ont épuisé leurs carquois sur vos membres ; la vie est restée en vous tout entière ; et la victime demeure aussi tout entière pour une seconde immolation. Tels furent les chrétiens du premier âge, et nous sommes leurs fils.


Donc, ô guerrier du Seigneur, considérez l'extrême faiblesse de nos cœurs où languit l'amour du Christ ; prenez pitié de vos derniers descendants. Tout nous effraie, tout nous abat, et trop souvent nous sommes, même à notre insu, les ennemis de la croix. Nous oublions trop souvent que nous ne pouvons habiter avec les Martyrs, si nos cœurs ne sont pas généreux comme le fut le cœur des Martyrs. Nous sommes lâches dans la lutte avec le monde et ses pompes, avec les penchants de notre cœur et l'attrait des sens ; et quand nous avons fait avec Dieu une paix facile, scellée du gage de son amour, nous croyons qu'il ne nous reste plus qu'à cheminer doucement vers le ciel, sans épreuves et sans sacrifices volontaires. Arrachez-nous à de telles illusions, ô Sébastien ! réveillez-nous de notre sommeil ; et pour cela ranimez l'amour qui dort dans nos cœurs.


Défendez-nous de la contagion de l'exemple, et de l'envahissement des maximes mondaines qui se glissent sous un faux air de christianisme.


Rendez-nous ardents pour notre sanctification, vigilants sur nos inclinations, zélés pour le salut de nos frères, amis de la croix, et détachés de notre corps. Par ces flèches qui ont percé vos membres généreux, éloignez de nous les traits que l'ennemi nous lance dans l'ombre.


Armez-nous, ô soldat du Christ, de l'armure céleste que nous décrit le grand Apôtre dans sa Lettre aux Ephésiens ; placez sur notre cœur la cuirasse de la justice, qui le défendra contre le péché ; couvrez notre tête du casque du salut, c'est-à-dire de l'espérance des biens futurs, espérance éloignée également de l'inquiétude et de la présomption ; placez à notre bras le bouclier de la foi, dur comme le diamant, et contre lequel viendront se briser tous les traits de l'ennemi qui voudrait égarer notre esprit pour séduire notre cœur ; enfin, mettez à notre main le glaive de la parole de Dieu, par lequel nous dissiperons toutes les erreurs et renverserons tous les vices ; car le ciel et la terre passent, et la Parole de Dieu reste, comme notre règle et notre espérance.


Défenseur de l'Eglise, ainsi appelé par la bouche d'un saint Pape Martyr, levez votre épée pour la défendre encore. Abattez ses ennemis, dissipez leurs plans perfides ; donnez-nous cette paix que l'Eglise goûte si rarement, et durant laquelle elle se prépare à de nouveaux combats. Bénissez les armes chrétiennes, au jour où nous aurions à lutter contre les ennemis extérieurs. Protégez Rome qui honore votre tombeau ; sauvez la France, qui se glorifia longtemps de posséder une partie de vos sacrés ossements. Eloignez de nous les fléaux de la peste et les maladies contagieuses ; écoutez la voix de ceux qui, chaque année, vous implorent pour la conservation des animaux que
le Seigneur a donnés à l'homme pour l'aider dans ses labeurs. Enfin, par vos prières, assurez-nous le repos de la vie présente, mais surtout les biens de l'éternité.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 10:00

Les Rois Mages, comme nous l'avons dit, ont été suivis, à la crèche du Sauveur, par les saints Rois chrétiens ; il est juste que ceux-ci soient représentés sur le Cycle, dans cette saison consacrée au mystère de sa Naissance. Parmi les saints Rois que donna en si grand nombre à l'Eglise et à la société européenne le onzième siècle, si fécond en toutes sortes de merveilles catholiques, Canut IV, sur le trône de Danemark, se distingue entre les autres par l'auréole du martyre.

Propagateur zélé de la foi du Christ, législateur habile, guerrier intrépide, pieux et aumônier, il eut tous les genres de gloire d'un prince chrétien. Son zèle pour l’Eglise, dont les droits alors étaient en même temps ceux des peuples, fut le prétexte de sa mort violente ; et il expira, dans une sédition, avec le caractère sublime d'une victime immolée pour sa nation.

Son offrande au Roi nouveau-né fut l'offrande du sang ; et il échangea la couronne périssable pour cette autre couronne dont l'Eglise orne le front de ses martyrs, et qui ne se fane jamais. Les annales du Danemark, au onzième siècle, sont peu familières à la plupart des habitants de la terre ; mais l'honneur qu'a eu cette contrée de posséder un Roi martyr est connu dans toute l'étendue de l'Eglise, et l'Eglise habite le monde entier.

Cette puissance de l'Epouse de Jésus-Christ pour honorer le nom et les mérites des serviteurs et des 
amis de Dieu, est un des plus grands spectacles qui soient sous le ciel ; car les noms qu'elle proclame deviennent immortels chez les hommes, qu'ils aient été portés par des rois, ou qu'ils n'aient servi qu'à distinguer les derniers de ses enfants.


Nous lirons maintenant la vie du saint Roi dans le récit que nous présentent les Leçons de son Office :
Canut IV, fils de Suénon Esthritius, roi de Danemark, fut illustre par sa foi, sa piété et la pureté de ses mœurs ; et, dès ses plus tendres années, il donna des marques d'une excellente sainteté. Ayant pris le sceptre de ses pères aux acclamations de tout son peuple, il s'employa avec ardeur aux progrès de la religion ; il augmenta les revenus des églises, et les enrichit de meubles précieux. Embrasé de zèle pour la propagation de la foi, il attaqua, mais par une guerre juste, les peuples barbares, et, les ayant vaincus et domptés, il les soumit à la loi chrétienne. Devenu glorieux par un grand nombre de victoires, et plus opulent que jamais, il déposa son diadème royal aux pieds du Christ crucifié, soumettant ainsi sa personne et son royaume à Celui qui est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Il châtiait son corps par les jeûnes, les cilices et les disciplines. Assidu à la prière et à la contemplation, prodigue envers les pauvres, bienfaisant pour tous, jamais il ne s'écarta du sentier de la justice et de la loi divine.

Par la pratique de ces vertus et de beaucoup d'autres, le saint roi marchait à grands pas vers le sommet de la perfection. Or, il arriva que Guillaume, duc de Normandie, ayant envahi l'Angleterre avec une armée formidable, les Anglais implorèrent l'aide des Danois. Canut, ayant résolu de venir à leur secours, confia l'expédition à son frère Olaus. Celui-ci, poussé du désir de régner, tourna ses armes contre le roi, après avoir excité contre lui les soldats et le peuple. Il ne manqua pas de prétextes pour fomenter la rébellion ; car le roi ayant publié des lois pour obliger ses sujets de payer les dîmes aux églises, et de garder les préceptes de Dieu et de l'Eglise, et porté des peines contre les transgresseurs, un grand nombre d'hommes pervers et criminels murmurèrent d'abord, puis soulevèrent le peuple, et tramèrent enfin la mort du saint roi.

Canut, sachant, par la connaissance qu'il avait de l'avenir, qu'il devait bientôt mourir pour la justice, ayant même prédit le jour de son trépas, se rendit à l'église de saint Alban, Martyr, à Odensée, comme au lieu destiné pour son combat, et, s'étant muni des sacrements, il recommanda sa fin au Seigneur.

Bientôt la multitude des conjurés arriva ; ils s'efforcèrent de mettre le feu à l'église, d'en briser les portes et de l'envahir. Mais, n'en ayant pu venir à bout, ils s'approchèrent des fenêtres et ne cessèrent de lancer, avec acharnement, des cailloux et des flèches sur le saint Roi, qui priait, à genoux, pour ses ennemis. Accablé sous les pierres et sous les dards, et percé enfin d'une lance, il tomba, les bras étendus, devant l'autel, et reçut la couronne d'un glorieux martyre, au temps où Grégoire VII occupait le trône apostolique.

Dieu illustra bientôt son martyr par de nombreux miracles ; car le Danemark fut puni de ce meurtre sacrilège par une grande famine, et par diverses calamités. Beaucoup de personnes tourmentées de diverses maladies reçurent la guérison et la santé au tombeau du saint Roi. Une nuit que la Reine voulut enlever secrètement son corps pour le transporter ailleurs, il parut du ciel tout à coup une grande splendeur qui l'épouvanta, et lui fit abandonner son entreprise.


Le Soleil de justice s'était déjà levé sur votre contrée, ô saint Roi, et tout votre bonheur était de voir ses rayons illuminer votre peuple. Comme les Mages de l'Orient, vous aimiez à déposer votre couronne aux pieds de l'Emmanuel ; et, un jour, vous avez offert jusqu'à votre vie pour son service et pour celui de son Eglise.

Mais votre peuple n'était pas digne de vous ; il répandit votre sang, comme l'ingrat Israël versera le sang du Juste qui nous est né, et dont nous honorons, en ces jours, l'aimable enfance. Cette mort violente que vous avez rendue profitable à votre peuple, en l'offrant pour ses péchés, offrez-la encore pour le royaume que vous avez illustré.

Depuis longtemps, le Danemark a oublié la vraie foi ; priez, afin qu'il la recouvre bientôt

Obtenez pour les princes qui gouvernent les Etats chrétiens, la fidélité à leurs devoirs, le zèle de la justice, et le respect de la liberté de l'Eglise.

Demandez aussi pour nous au divin Enfant le dévouement dont vous étiez animé pour sa gloire ; et si nous n'avons pas, comme vous, une couronne à mettre à ses pieds, aidez-nous à lui soumettre nos cœurs.


D
OM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



L'Adoration des Rois Mages par Ghirlandaio


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