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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

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Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


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SALVE REGINA

15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 05:00


Saint Rémi baptisant Clovis par le Maître de Saint Gilles



Deux siècles ne s'étaient pas écoulés depuis le triomphe de la Croix sur l'idolâtrie romaine, que Satan se reprenait à chanter victoire.

Tandis que l'eutychianisme ceignait dans Byzance le diadème impérial avec Anastase le Silentiaire, Arius siégeait en Occident sur les trônes que les Barbares venaient d'élever parmi les ruines ; dans tout l'ancien territoire de l'empire l'hérésie dominait, presque partout insolente et persécutrice ; l'Eglise n'avait pour fils que les vaincus.

« Mais ne crains pas, tressaille plutôt, s'écrie Baronius à cette date des annales du monde : c'est la Sagesse dont le jeu divin se poursuit. Les visées des mortels comptent peu devant celle qui tient dans ses mains la lumière, pour l'y cacher s'il lui plaît, pour, quand elle le veut, la faire à nouveau resplendir. Les ténèbres où s'ensevelit l'univers lui marquent l'heure de luire au cœur des Francs pour faire éclater la foi catholique en sa gloire.»

Manière d'écrire l'histoire peu habituelle en nos jours ; mais c'est ainsi que l'entendait celui qui fut le premier des historiens de la cité sainte, comme 
il en est demeuré le plus grand. Fils des Francs, dans une fête  pareille, il nous est bon de n'avoir qu'à traduire en l'abrégeant ce qu'il dit de nos pères.

« Comment, observe-t-il ailleurs, n'admirer pas cette providence qui ne fait jamais défaut à l'Eglise ? Du sein de tribus païennes encore, au lendemain de l'irrémédiable chute de l'empire, Dieu se forme un peuple nouveau et se suscite un prince : contre eux doit se briser le flot montant des hérétiques et des Barbares. Telle, en effet, apparut au cours des siècles la mission divine des rois francs.

« Mais quelle n'est pas la puissance de la foi pour conserver des royaumes, comme la fatalité de l'hérésie pour déraciner toute plante ne provenant pas du Père qui est aux cieux : c'est ce que montrent, avec leurs principautés si totalement disparues, Goths, Vandales, Hérules, Alains, Suèves, Gépides ; tandis que les Francs voient la motte de terre de leurs origines, heureusement fertilisée, s'assimiler au loin le sol qui l'entoure.

« Ce que peuvent les Francs, quand la Croix marche en tête de leurs bataillons, on le sut dès lors. Jusque-là obscurs, luttant pour la vie : maintenant que de victoires, que de trophées ! Il a suffi qu'ils reconnussent le Christ, pour parvenir au plus haut faîte de la gloire, de l'honneur et de la renommée. Je ne dis là que ce qui est su de tout le monde. Si leur partage fut meilleur que celui des autres nations, c'est que leur foi aussi fut suréminente, incomparable la piété qui les faisait se porter plus ardemment à la défense de l'Eglise qu'à la protection de leurs propres frontières.

« Aussi, privilège unique et vraiment admirable : on ne vit jamais, comme il arrive ordinairement, les péchés des rois amener sur ce peuple la servitude d'un joug étranger. On dirait que la promesse du Psaume a été renouvelée pour lui : Si ses fils ne marchent plus selon mes préceptes, je visiterai avec la verge leurs iniquités ; mais je ne retirerai point de lui ma miséricorde.»

Honneur donc en ce jour au pieux Pontife qui mérita d'être pour les Francs l'instrument des faveurs du ciel ! On sait comment, selon l'expression du saint Pape Hormisdas, "Rémi convertit la nation et baptisa Clovis au milieu de prodiges rappelant les temps du premier apostolat."

La prière de Clotilde, le labeur de Geneviève, les pénitences des moines peuplant les forêts gauloises, eurent sans nul doute leur très grande part dans une conversion qui devait à ce point réjouir les Anges ; l'espace nous manque pour dire comment elle fut aussi préparée par tous ces grands évêques du Ve siècle, Germain d'Auxerre, Loup de Troyes, Aignan d'Orléans, Hilaire d'Arles, Mamert et Avit de Vienne, Sidoine Apollinaire, tant d'autres qui, dans ce siècle de ténèbres, maintinrent l'Eglise en la lumière et forcèrent le respect des Barbares. Contemporain et survivant de la plupart d'entre eux, leur émule en éloquence, en noblesse, en sainteté, Rémi sembla les personnifier tous en cette nuit de Noël qu'avaient appelée tant d'aspirations, de supplications, de souffrances. Au baptistère de Sainte-Marie de Reims, naissait à Dieu notre nation ; comme autrefois au Jourdain la colombe était vue sur les eaux, honorant non plus
le baptême du Fils unique du Père, mais celui de la fille aînée de son Eglise : largesse du ciel, elle apportait l'ampoule sainte contenant le chrême dont l'onction devait faire de nos rois dans la suite des âges les plus dignes entre les rois de la terre.

Depuis, Reims, cité glorieuse, vit les hommages de la nation se partager, dans le culte de tels souvenirs, entre son incomparable Notre-Dame et la basilique vénérable où Remi, gardant à ses pieds l'ampoule du sacre, était gardé lui-même par les douze Pairs entourant son splendide mausolée.

Eglise de Saint-Remi, caput Franciae, tête de la France, ainsi la nommaient nos aïeux ; jusqu'à ces jours d'octobre 1793 où, du haut de sa chaire profanée, fut proclamée la nouvelle que les siècles d'obscurantisme avaient pris fin, tandis que l'on brisait la Sainte Ampoule et qu'on jetait dans une fosse commune les restes de l'Apôtre des Francs.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Cathédrale de Reims

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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 05:00

Aux splendeurs radieuses de son Epiphanie l'Emmanuel associe en ce jour un humble amant des vertus de la crèche. Soustrait par Dieu même à la rage des persécuteurs, Félix n'en a pas moins obtenu le titre de martyr pour son courage invincible dans des tourments et une captivité qui devaient naturellement aboutir à la mort. Déjà inscrit au ciel dans la blanche armée des athlètes du Seigneur, il devait encore longtemps réjouir et fortifier l'Eglise par l'exemple de cette pauvreté admirable, de cette humilité, de cette charité ardente qui lui donnent place, sur le cycle sacré, près de l'humble berceau du Roi pacifique.

Il a aimé, il a suivi l'Enfant-Dieu dans son obscurité volontaire ; et voilà qu'aujourd'hui ce Roi des anges et des hommes, manifesté au monde, adoré par les rois, partage avec lui la gloire de sa triomphante Epiphanie. Au vainqueur je donnerai de s'asseoir avec moi dans mon trône, dit le Seigneur. En qui plus qu'en Félix de Noie s'est réalisée sur terre la promesse bénie du divin chef à ses membres ? Un pauvre tombeau venait de recevoir la dépouille mortelle de l'humble prêtre de Campanie, qui semblait devoir y attendre, dans le silence et l'obscurité qu'il avait tant aimée, le signal de la trompette de l'Ange au
jour de la Résurrection. Soudain des miracles éclatants et nombreux illustrent cette tombe ; le nom de Félix, porté en tous lieux, opère en tous lieux les mêmes prodiges de grâce ; à peine la paix est-elle rendue à l'Eglise et au monde par l'avènement de Constantin à l'empire, que de toutes parts les peuples s'ébranlent ; des foules sans nombre affluent au tombeau du martyr ; Rome elle-même se dépeuple à certains jours, et l'antique voie Appienne, dont le sol disparaît sous les pas pressés des pèlerins, semble n'avoir jamais eu d'autre destination que de porter aux pieds de Félix les hommages, la reconnaissance et l'amour du monde entier. 

Cinq basiliques ne suffisent pas à l'immense concours ; une sixième s'élève, et une ville nouvelle couvre le champ solitaire où furent autrefois déposés les restes précieux du martyr. Pendant tout le quatrième siècle, qui à tant d'autres grandeurs joignit celle de donner son extension entière au grand mouvement des pèlerinages, la ville de Nole en Campanie demeure pour l'Occident le principal centre, après Rome, de ces manifestations si catholiques de la foi chrétienne. "Heureuse ville de Nole", s'écrie un contemporain, témoin oculaire de ces merveilles, "heureuse ville, qui, par le bienheureux Félix, est devenue la seconde après Rome même, Rome la première autrefois par son empire et ses armes victorieuses, la première encore aujourd'hui par les tombeaux des Apôtres !" 

Nous venons de citer Paulin, l'illustre consulaire dont le nom est à jamais inséparable de celui de Félix, Paulin que nous retrouverons, au Temps après la Pentecôte, donnant lui aussi au monde, sous le souffle du divin Esprit, 
d'admirables exemples de renoncement. Dans la fleur de sa brillante jeunesse, prévenu déjà par les honneurs et la gloire, Paulin, un jour, s'est rencontré près du tombeau de Félix ; il a compris à ce tombeau la vraie grandeur et pénétré le néant des gloires humaines : le sénateur romain, le consul, le descendant des Paul-Emile et des Scipion, se voue à son vainqueur ; il sacrifiera tout, richesses, honneurs, patrie, à l'ambition d'habiter près de cette tombe ; doué d'un talent poétique admiré dans Rome, il n'aura plus d'inspiration que pour chanter chaque année, au jour de sa fête, la gloire du bienheureux Félix, et se proclamer l'esclave, l'humble portier du serviteur du Christ.

Tel est en ses saints le triomphe de l'Emmanuel ; telle est la gloire des membres, en ces jours où le divin chef ne semble se manifester lui-même que pour les montrer, selon sa promesse, assis dans un même trône et recevant comme lui les hommages des peuples et des rois.

Lisons maintenant le récit abrégé de la vie de saint Félix, que l'Eglise met aujourd'hui sous nos yeux :
Félix, prêtre de Nole, s'élevant avec force contre les idoles, fut soumis à divers tourments par les infidèles, et jeté en prison. Délivré la nuit par un Ange, il reçoit l'ordre de chercher Maximien, évêque de Nole, qui, accablé de vieillesse et désespérant de pouvoir supporter les supplices des persécuteurs, s'était caché dans une forêt. Félix, conduit par Dieu, arrive près du saint évêque, qu'il trouve gisant à terre et presque sans vie ; il le ranime, le prend sur ses épaules et le confie aux soins efficaces d'une veuve chrétienne. Mais comme il accusait de nouveau d'impiété les adorateurs des idoles, ils se précipitèrent sur le saint, qui, fuyant leur poursuite, se cacha dans l'intervalle étroit de deux murailles. L'entrée de ce lieu parut aussitôt couverte de toiles d'araignées, si bien que personne ne put soupçonner qu'on vînt de s'y cacher à l'heure même. Félix, ayant donc quitté cette retraite, demeura  caché trois mois dans la maison d'une pieuse femme. Lorsque l'Eglise de Dieu recouvra la paix, il revint à Nole ; les exemples de sa vie, ses enseignements et ses miracles convertirent un grand nombre d'hommes à la foi du Christ. Il refusa avec constance  l'épiscopat de cette ville, s'endormit dans le Seigneur, et fut enseveli près de Nole, au lieu dit in Pincis. 


Ce jour, dirons-nous avec le noble chantre de vos grandeurs, ô Félix, est le vingtième après celui où l'Emmanuel naissant dans la chair, soleil nouveau vainqueur des frimas, ramena la lumière et fit décroître les nuits. Sa splendeur est la vôtre. Faites qu'échauffés par ses rayons fécondants, nous croissions comme vous en lui. Redevenus enfants à la crèche, la semence du Verbe est en nous ; qu'elle fructifie dans l'innocence d'un cœur
nouveau.

Par vous, le joug du Christ est léger aux faibles ; par vous l'Enfant-Dieu s'adoucit, et rend ses caresses aux âmes pénitentes. Ce jour donc aussi doit nous être cher qui vous vit naître au ciel ; car par vous, nous mourons au monde et naissons à l'Emmanuel.



DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 


L'Epiphanie par Giotto

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 05:00

Après avoir consacré à la gloire de l'Emmanuel manifesté à la terre la radieuse Epiphanie, la sainte Eglise, toujours occupée du divin Enfant et de son auguste Mère, jusqu'au jour où Marie portera dans ses bras ce fruit béni de ses entrailles au Temple où il doit être offert ; la sainte Eglise, disons-nous, admet sur son glorieux Cycle de nombreux amis de Dieu, qui nous tracent au ciel, comme autant d'astres étincelants, la voie qui conduit des joies de la Nativité au sacré mystère de la Purification.

Tout d'abord, éclate d'une gloire sans pareille, dès le lendemain du jour consacré à la mémoire du Baptême du Christ, le fidèle et courageux Hilaire, honneur immortel de l'Eglise des Gaules, le frère d'Athanase et d'Eusèbe de Verceil dans les combats qu'il soutint pour la divinité de l'Emmanuel. Le lendemain des persécutions sanglantes du paganisme, commence cette lutte affreuse de l'Arianisme, qui avait juré d'enlever 
au Christ vainqueur, par ses Martyrs, de la violence et de la politique des Césars, la gloire et les honneurs de la divinité. L'Eglise, affranchie par son propre sang, ne fit point défaut sur ce nouveau champ de bataille ; de nombreux Martyrs scellèrent encore de leur sang, versé par des princes désormais chrétiens, mais hérétiques, la divinité du Seigneur immortel qui a daigné apparaître dans la faiblesse de la chair ; mais à côté de ces généreux athlètes, brillèrent, martyrs eux-mêmes de désir, d'illustres Docteurs qui vengèrent, par leur savoir et leur éloquence, cette foi de Nicée qui avait été celle des Apôtres. Au premier rang, et tout couvert des palmes d'une glorieuse confession, apparaît Hilaire, élevé, comme dit saint Jérôme, sur le cothurne gaulois et paré des fleurs de la Grèce, le Rhône de l’éloquence latine, et l’insigne Docteur des Eglises, selon saint Augustin.

Sublime par son génie, profond dans sa doctrine, Hilaire est plus grand encore dans son amour pour le Verbe incarné, dans son zèle pour la liberté de l'Eglise ; toujours dévoré de la soif du martyre, toujours invincible à cette époque désolante où la foi, victorieuse des tyrans, sembla un jour au moment d'expirer, par l'astuce des princes, et par la lâche défection de tant de pasteurs.

Lisons d'abord le récit de quelques-unes des actions de notre grand Evêque, dans les Leçons de son Office :
  

Hilaire, né en Aquitaine de famille noble, excella en doctrine et en éloquence. Engagé d'abord dans le mariage, il y mena une vie presque monastique ; élevé ensuite, par ses rares vertus, sur le siège de Poitiers, il s'acquitta du devoir épiscopal de façon à mériter les plus grandes louanges de la part des fidèles. C'était dans le temps où l'Empereur Constance poursuivait les Catholiques par la terreur, la confiscation des biens, l'exil et les cruautés de tout genre, s'ils ne voulaient pas embrasser le parti des Ariens. Hilaire s'opposa, comme un mur inébranlable, à ces hérétiques, et attira sur lui leurs fureurs. Après plusieurs pièges qui lui furent tendus, il fut enfin, par les artifices de Saturnin, Evêque d'Arles, relégué jusqu'en Phrygie, où il ressuscita un mort, et écrivit contre les Ariens ses douze livres de la Trinité.

Quatre ans après, un Concile ayant été rassemblé à Séleucie, ville d'Isaurie, Hilaire fut contraint d'y assister. Il partit ensuite pour Constantinople, où voyant l'extrême péril de la foi, il demanda audience à l'Empereur par trois requêtes publiques, pour obtenir permission de disputer de la foi avec ses adversaires. Mais Ursace et Valens, Evêques ariens, que Hilaire avait réfutés dans ses écrits, craignant la présence d'un si savant homme, persuadèrent à Constance de le rétablir dans son évêché, comme pour lui faire honneur. Ce fut alors que l'Eglise des Gaules, selon l'expression de saint Jérôme, embrassa avec transport Hilaire au retour de ses combats contre les hérétiques. Il fut suivi jusqu'à sa ville épiscopale par saint Martin, qui fut ensuite Evêque de Tours, et qui, par les leçons d'Hilaire, s'avança dans les voies de l'admirable sainteté qui brilla plus tard dans sa conduite.

Après son retour à Poitiers, Hilaire gouverna son Eglise dans une grande tranquillité. Par ses soins, la Gaule tout entière fut amenée à condamner l'impiété des Ariens. Il écrivit plusieurs livres d'une merveilleuse érudition. Saint Jérôme, dans sa lettre à Lasta, leur rend ce témoignage, qu'on les peut lire sans craindre d'y rencontrer l'erreur, lorsqu'il dit, en parlant de la fille de cette dame romaine : "Elle pourra lire, sans aucun risque, les livres d'Hilaire". Il alla au ciel le jour des ides de janvier, sous l'empire de Valentinien et Valens, l'an de la Naissance de Jésus-Christ trois cent soixante-neuf. Un grand nombre de Pères et plusieurs Conciles ont désigné Hilaire comme un insigne Docteur de l'Eglise ; et dans plusieurs diocèses, il était honoré sous ce titre ; enfin, sur les instances du Concile de Bordeaux, le Souverain Pontife Pie IX, après avoir pris l'avis de la Congrégation des sacrés Rites, a déclaré et confirmé saint Hilaire Docteur de l'Eglise universelle, et ordonné qu'au jour de sa fête, il fût partout honoré de ce titre à l'Office et à la Messe.

Ainsi a mérité d'être glorifié le saint Pontife Hilaire, pour avoir conservé, par ses courageux efforts, et jusqu'à exposer sa tête, la foi dans le premier des mystères. Une autre gloire que Dieu lui a donnée est d'avoir fécondé, par sa vigueur, le grand principe de la Liberté de l'Eglise, principe sans lequel l'Epouse de Jésus-Christ est menacée de perdre, du même coup, la fécondité et la vie. Naguère, nous avons honoré la mémoire du saint Martyr de Cantorbéry ; aujourd'hui, nous célébrons la fête d'un des plus illustres Confesseurs dont l'exemple l'éclaira et l'encouragea dans la lutte. L'un et l'autre s'inspiraient des leçons qu'avaient données aux ministres du Christ les Apôtres eux-mêmes, lorsqu'ils parurent pour la première fois devant les tribunaux de ce monde et prononcèrent cette grande parole, qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. 

Mais les uns et les autres n'étaient si forts contre la chair et le sang, que parce qu'ils étaient détachés des biens terrestres, et avaient compris que la vraie richesse du chrétien et du Pontife est dans l'humilité et le dénuement de la crèche, la seule force victorieuse dans la simplicité et la faiblesse de l'Enfant qui nous est né. Ils avaient tous goûté les leçons de l'école de Bethléhem, et voilà pourquoi aucune promesse d'honneurs, de richesses, de paix même, ne put les séduire.

Avec quelle dignité cette nouvelle famille de 
héros du Christ se lève au sein de l'Eglise ! Si la politique des tyrans qui veulent paraître chrétiens, malgré le christianisme, leur refuse avec obstination la gloire du martyre, de quelle voix tonnante ne proclament-ils pas la liberté due à l'Emmanuel et à ses ministres ! D'abord, ils savent dire aux princes, avec notre grand Evêque de Poitiers, dans son premier Mémoire à Constance : "Glorieux Auguste, votre sagesse singulière comprend qu'il ne convient pas, qu'il n'est pas possible de contraindre violemment des hommes qui y répugnent de toutes leurs forces, à se soumettre, et à s'unir à ceux qui ne cessent de répandre les semences corrompues d'une doctrine adultère. L'unique but de vos travaux, de vos desseins, de votre gouvernement, de vos veilles, doit être de faire jouir des douceurs de la liberté tous ceux à qui vous commandez. Pas d'autre moyen d'apaiser les troubles, de réunir ce qui a été disjoint avec violence, que de rendre chacun exempt de la servitude, et maître de sa vie. Laissez donc parvenir aux oreilles de votre mansuétude toutes ces voix qui crient : Je suis Catholique, je ne veux pas être hérétique ; je suis Chrétien, je ne suis pas Arien : je préfère mourir en ce monde, plutôt que de laisser corrompre par la domination d'un homme la pureté virginale de la vérité".

Et lorsque l'on faisait retentir aux oreilles d'Hilaire le nom profané de la Loi pour justifier la trahison dont l'Eglise était l'objet de la part de ceux qui préféraient les bonnes grâces de César au service de Jésus-Christ, le saint Pontife, dans son Livre contre Auxence, rappelait avec courage à ses collègues l'origine de l'Eglise, qui n'a pu s'établir qu'à l'encontre des lois humaines, et qui 
se fait gloire d'enfreindre toutes celles qui entraveraient sa conservation, ses développements et son action :
« Quelle pitié nous inspire toute cette peine qu'on se donne de notre temps, et combien il nous faut gémir en considérant les folles opinions de ce siècle, quand on rencontre des hommes qui pensent que les choses humaines peuvent protéger Dieu, et qui travaillent à défendre l'Eglise du Christ par les moyens de l'ambition séculière ! Je vous le demande, à vous, Evêques, de quel appui les Apôtres se sont-ils servis dans la publication de l'Evangile ? Quelles sont les puissances qui les ont aidés à prêcher le Christ, à faire passer presque toutes les nations du culte des idoles à celui de Dieu ? Obtenaient-ils quelques dignités de la cour, eux qui chantaient des hymnes à Dieu dans les prisons, sous les chaînes, et après avoir été flagellés ? Etait-ce par les édits du prince, que Paul rassemblait l'Eglise du Christ ? Sans doute qu'il agissait sous le patronage d'un Néron, d'un Vespasien, ou d'un Décius, de ces princes dont la haine a fait fleurir la prédication divine ! Ces Apôtres, qui vivaient du travail de leurs mains, qui tenaient leurs assemblées dans des lieux secrets, qui parcouraient les villages, les villes, les nations, par terre et par mer, en dépit des Sénatus-Consultes et des Edits royaux, ils n'avaient sans doute pas les clefs du Royaume des Cieux ! Ou bien encore, ce n'est pas la vertu de Dieu qui triomphait des passions humaines, dans ces temps où la prédication du Christ s'étendait en proportion des défenses dont elle était l'objet !»


Mais quand le moment est arrivé de s'adresser
à l'Empereur lui-même, et de protester en face contre la servitude de l'Eglise, Hilaire, le plus doux des hommes, revêt cette indignation divine dont le Christ lui-même parut animé contre les violateurs du Temple ; et son zèle apostolique brave tous les dangers pour signaler les périls du système que Constance a inventé pour étouffer l'Eglise du Christ, après l'avoir flétrie :

« Le temps de parler est venu ; car le temps de se taire est passé. Il nous faut attendre le Christ ; car le règne de l'Antéchrist a commencé. Que les pasteurs poussent des cris ; car les mercenaires ont pris la fuite. Donnons nos vies pour nos brebis ; car les voleurs sont entrés, et le a lion furieux tourne autour de nous. Allons au-devant du martyre ; car l'ange de Satan est transformé en ange de lumière.

« Pourquoi, Dieu tout-puissant, ne m'avez-vous pas fait naître, et remplir mon ministère au temps des Néron et des Décius ? Plein du feu de l'Esprit-Saint, je n'eusse pas craint le chevalet, au souvenir d'Isaïe scié en deux ; le feu ne m'eût pas épouvanté, à la pensée des Enfants Hébreux chantant au milieu des flammes ; ni la croix, ni le brisement des membres ne m'eussent effrayé, en me rappelant le larron transféré dans le Paradis après un semblable supplice ; les abîmes de la mer, la fureur des vagues n'eussent point affaibli mon courage ; car l'exemple de Jonas et de Paul aurait été là pour m'apprendre que vos fidèles peuvent vivre sous les flots.

« Contre vos ennemis avoués, j'aurais combattu avec bonheur ; car je n'aurais pas eu de doute qu'ils ne fussent de vrais persécuteurs, ceux qui m'auraient voulu contraindre par les supplices,
le fer et le feu, à renier votre Nom ; pour vous rendre témoignage, notre mort seule aurait suffi. Nous eussions combattu ouvertement et avec confiance contre ceux qui vous renient, contre des bourreaux, contre des meurtriers ; et nos peuples, avertis par la publicité de la persécution, nous eussent suivis comme leurs chefs, dans le sacrifice qui vous rend témoignage.

« Mais aujourd'hui nous avons à combattre contre un persécuteur déguisé, contre un ennemi qui nous flatte, contre Constance l'Antéchrist, qui a pour nous, non des coups, mais des caresses ; qui ne proscrit pas ses victimes pour leur donner la vie véritable, mais les comble de richesses pour leur donner la mort ; qui ne leur octroie pas la liberté des cachots, mais leur donne une servitude d'honneurs dans ses palais ; qui ne déchire pas les flancs, mais envahit les cœurs ; qui ne tranche pas la tête avec le glaive, mais tue l'âme avec son or ; qui ne publie pas d'édits pour condamner au feu, mais allume, pour chacun, le feu de l'enfer. Il ne dispute pas, dans la crainte d'être vaincu ; mais il flatte pour dominer ; il confesse le Christ, pour le renier ; il procure une fausse unité, afin qu'il n'y ait pas de paix ; il sévit contre certaines erreurs, pour mieux détruire la doctrine du Christ ; il honore les Evêques, afin qu'ils cessent d'être Evêques ; il bâtit des églises, tout en ruinant la foi.

« Qu'on cesse de m'accuser de médisance, de calomnie ; le devoir des ministres de la vérité est de ne dire que des choses véritables. Si nous disons des choses fausses, nous consentons à ce que nos paroles soient réputées infâmes ; mais si nous faisons voir que tout ce que nous 
disons est manifeste, nous n'avons pas dépassé la liberté et la modestie des Apôtres, nous qui n'accusons qu'après un long silence.

« Je te dis hautement, Constance, ce que j'aurais dit à Néron, ce que Décius et Maximien auraient entendu de ma bouche : Tu combats contre Dieu, tu sévis contre l'Eglise, tu persécutes les saints, tu hais les prédicateurs du Christ, tu enlèves la religion ; tu es un tyran, sinon dans les choses humaines, du moins dans les choses divines. Voilà ce que j'aurais dit en commun, à toi et à eux ; maintenant, écoute ce qui t'est propre. Sous le masque d'un chrétien, tu es un nouvel ennemi du Christ ; précurseur de l'Antéchrist, tu opères déjà ses odieux mystères. Vivant contre la foi, tu t'ingères à en dresser des formules ; tu distribues les évêchés à tes créatures ; tu remplaces les bons par des méchants. Par un nouveau triomphe de la politique, tu trouves le moyen de persécuter sans faire de martyrs.

« Combien plus nous fûmes redevables à votre cruauté, Néron, Décius, Maximien ! Par vous, nous avons vaincu le diable. La piété a recueilli en tous lieux le sang des martyrs ; et leurs ossements vénérés rendent témoignage de toutes parts. Mais toi, plus cruel que tous les tyrans, tu nous attaques avec un plus grand péril pour nous, et tu nous laisses moins d'espoir pour le pardon. A ceux qui auraient eu le malheur d'être faibles, il ne reste même pas l'excuse de pouvoir montrer à l'éternel Juge la trace des tortures et les cicatrices de leurs corps déchirés, pour se faire pardonner la faiblesse, en considération de la nécessité. O le plus scélérat des a hommes ! tu tempères les maux de la persécution 
de telle sorte que tu enlèves l'indulgence à la faute, et le martyre à la confession.

« Nous te reconnaissons sous tes vêtements de brebis, loup ravissant ! Avec l'or de l'Etat, tu décores le sanctuaire de Dieu ; tu lui offres ce que tu enlèves aux temples des Gentils, ce que tu extorques par tes édits et tes exactions. Tu reçois les Evêques par le même baiser dont le Christ a été trahi. Tu abaisses ta tête sous la bénédiction, et tu foules aux pieds la foi ; tu fais remise des impôts aux clercs, pour en faire des chrétiens renégats ; tu relâches de tes droits, dans le but de faire perdre à Dieu les siens.»


Telle était la vigueur du saint évêque en face d'un prince qui finit par faire des martyrs ; mais Hilaire n'eut pas seulement à lutter contre César. A toutes les époques, l'Eglise a renfermé dans son sein des demi-fidèles que l'éducation, une certaine bienséance, quelques succès d'influence et de talent, retiennent parmi les catholiques, mais que l'esprit du monde a pervertis. Ils se sont fait une Eglise humaine, parce que le naturalisme ayant faussé leur esprit, ils sont devenus incapables de saisir l'essence surnaturelle de la véritable Eglise. Accoutumés aux variations de la politique, aux tours habiles à l'aide desquels les hommes d'Etat arrivent à maintenir un équilibre passager à travers les crises, il leur semble que l'Eglise, dans la déclaration même des dogmes, doit compter avec ses ennemis, qu'elle pourrait se méprendre sur l'opportunité de ses résolutions, en un mot que sa précipitation peut attirer sur elle, et sur ceux qu'elle compromettra avec elle, une défaveur funeste. Arbres déracinés, dit un apôtre ; car en effet leurs racines ne plongent plus dans le sol qui les eût nourris et rendus féconds. Les 
promesses formelles de Jésus-Christ, la direction immédiate de l'Esprit-Saint sur l'Eglise, l'aspiration du vrai fidèle à entendre proclamer dans son complément la vérité qui nourrit la foi, en attendant la vision, la soumission passive due préalablement à toute définition qui émane et émanera de l'Eglise jusqu'à la consommation du monde : tout cela pour eux n'appartient point à l'ordre pratique. Dans l'enivrement de leur politique mondaine et des encouragements qu'elle leur vaut de la part de ceux qui haïssent l'Eglise, ils se compromettent devant Dieu et devant l'histoire par les efforts désespérés qu'ils osent faire pour arrêter la promulgation de la vérité révélée.

Hilaire devait aussi les rencontrer sur son chemin, ces hommes qu'effrayait le consubstantiel, comme d'autres se sont effarouchés de la transsubstantiation et de l’infaillibilité. Il s'opposa comme un mur d'airain à leurs pusillanimités et à leurs vulgaires calculs. Ecoutons-le lui-même commenté par le plus éloquent de ses successeurs : "La paix, me dites-vous ? n'allez-vous pas troubler la paix, troubler l'union ? C'est un beau nom que celui de la paix ; c'est aussi une belle chose que l'idée d'unité ; mais qui donc ignore que, pour l'Eglise et pour l'Evangile, il n'y a pas d'autre unité et d'autre paix que l'unité et la paix de Jésus-Christ ?" — Mais, lui objectait-on encore, ne savez-vous pas avec qui vous vous mesurez, et n'avez-vous pas peur ? — "Oui, vraiment j'ai peur : j'ai peur des dangers que court le monde ; j'ai peur de la terrible responsabilité qui pèserait sur moi par la connivence, par la complicité de mon silence. J'ai peur enfin du jugement de Dieu, j'en ai peur pour mes frères sortis de la voie de la vérité, 
j'en ai peur pour moi, dont c'est le devoir de les y ramener."

On ajoutait : "Mais n'y a-t-il pas des réticences permises, des ménagements nécessaires ?" Hilaire répondait que l'Eglise n'a vraiment pas besoin qu'on lui fasse la leçon, et qu'elle ne peut oublier sa mission essentielle. Or, cette mission, la voici : "Ministres de la vérité, il nous appartient de déclarer ce qui est vrai. Ministros veritatis decet vera proferre."

C'était donc avec raison, glorieux Hilaire, que l'Eglise de Poitiers vous adressait, dès les temps anciens, ce magnifique éloge que l'Eglise Romaine consacre à votre illustre disciple Martin : "O bienheureux Pontife ! qui aimait de toutes ses entrailles le Christ Roi, et qui ne ployait pas sous le faix du commandement ! O âme très sainte ! que le glaive du persécuteur n'a point séparée du corps, et qui cependant n'a pas perdu la palme du martyre !" Si la palme vous a manqué, du moins n'avez-vous pas manqué à la palme ; et la couronne de Martyr, qui ceint le front de votre illustre frère Eusèbe, ne convient pas moins à votre tête sacrée qu'entoure déjà l'auréole de Docteur. Tant de gloire est due à votre courage dans la confession de ce Verbe divin dont nous honorons, en ces jours, les abaissements et l'ineffable enfance. Comme les Mages, vous n'avez point tremblé en présence d'Hérode ; et si les ordres de César vous exilèrent sur la terre étrangère, votre cœur se consola en songeant à l'exil de Jésus enfant,dans la terre d'Egypte. Obtenez-nous la grâce
de comprendre, à notre tour, ces divins mystères.

Veillez aussi sur la foi des Eglises ; et par votre suffrage puissant, conservez-y la connaissance et l'amour du divin Emmanuel. Souvenez-vous de celle que vous avez gouvernée, et qui se glorifie encore d'être votre fille ; mais puisque l'ardeur de votre zèle embrassait la Gaule tout entière dont vous fûtes l'invincible boulevard, protégez aujourd'hui la France chrétienne. Qu'elle garde toujours le don de la foi ; que ses Evêques soient les athlètes courageux de la liberté ecclésiastique ; formez dans son sein des prélats puissants en œuvres et en paroles, comme Martin et comme vous, profonds dans la doctrine, et fidèles dans la garde du dépôt.
 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


crypte de Saint Hilaire
Crypte de l'église Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 05:00

je t’en prie, Seigneur, une toute petite part de ta si grande douceur et qu’elle adoucisse mon pain d’amertume. Qu’une petite gorgée de cette douceur lui donne un avant-goût de ce qu’elle désire, de ce qu’elle convoite, de ce vers quoi elle aspire au long de son pélerinage. Que sa faim même lui soit un avant-goût, que sa soif déjà la désaltère. De fait, ceux qui te mangent auront encore faim, et ceux qui te boivent auront encore soif (Si 24,20), ils ne seront rassasiés que lorsque ta gloire apparaîtra, lorsque sera manifestée cette abondance de douceur que tu as cachée à ceux qui te craignent pour ne la révéler qu’à ceux qui t’aiment.

Ælred de Rievaulx
Miroir de la Charité
Abbaye de La Trappe



Madonna of Mercy

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 15:00

On la mit à garder un bien autre troupeau,
La plus énorme horde où le loup et l’agneau
Aient jamais confondu leur commune misère.


Et comme elle veillait tous les soirs solitaire
Dans la cour de la ferme ou sur le bord de l’eau,
Du pied du même saule et du même bouleau
Elle veille aujourd’hui sur ce monstre de pierre.


Et quand le soir viendra qui fermera le jour,
C’est elle la caduque et l’antique bergère,
Qui ramassant Paris et tout son alentour

Conduira d’un pas ferme et d’une main légère
Pour la dernière fois dans la dernière cour
Le troupeau le plus vaste à la droite du père.

Comme elle avait gardé les moutons à Nanterre
Et qu’on était content de son exactitude,
On mit sous sa houlette et son inquiétude
Le plus mouvant troupeau, mais le plus volontaire.


Et comme elle veillait devant le presbytère,
Dans les soirs et les soirs d’une longue habitude,
Elle veille aujourd’hui sur cette ingratitude,
Sur cette auberge énorme et sur ce phalanstère.


Et quand le soir viendra de toute plénitude,
C’est elle la savante et l’antique bergère,
Qui ramassant Paris dans sa sollicitude

Conduira d’un pas ferme et d’une main légère
Dans la cour de justice et de béatitude
Le troupeau le plus sage à la droite du père.


Elle avait jusqu’au fond du plus secret hameau
La réputation dans toute Seine et Oise
Que jamais ni le loup ni le chercheur de noise
N’avaient pu lui ravir le plus chétif agneau.


Tout le monde savait de Limours à Pontoise
Et les vieux bateliers contaient au fil de l’eau
Qu’assise au pied du saule et du même bouleau
Nul n’avait pu jouer cette humble villageoise.


Sainte qui rameniez tous les soirs au bercail
Le troupeau tout entier, diligente bergère,
Quand le monde et Paris viendront à fin de bail

Puissiez-vous d’un pas ferme et d’une main légère
Dans la dernière cour par le dernier portail
Ramener par la voûte et le double vantail

Le troupeau tout entier à la droite du Père.


Péguy
La tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc

Ste genevieve st etienne

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 12:00

Le second Mystère de l'Epiphanie, le Mystère du Baptême du Christ dans le Jourdain, occupe aujourd'hui tout spécialement l'attention de l'Eglise. L'Emmanuel s'est manifesté aux Mages après s'être montré aux bergers ; mais cette manifestation s'est passée dans l'enceinte étroite d'une étable à Bethléhem, et les hommes de ce monde ne l'ont point connue. Dans le mystère du Jourdain, le Christ se manifeste avec plus d'éclat. Sa venue est annoncée par le Précurseur ; la foule qui s'empresse vers le Baptême du fleuve en est témoin ; Jésus prélude à sa vie publique. Mais qui pourrait raconter la grandeur des traits qui accompagnent cette seconde Epiphanie ?

Elle a pour objet, comme la première, l'avantage et le salut du genre humain ; mais suivons la marche des Mystères. L'étoile a conduit les Mages vers le Christ ; ils attendaient, ils espéraient ; maintenant, ils croient. La foi dans le Messie venu commence au sein de la Gentilité. Mais il ne suffit pas de croire pour être sauvé ; il faut que la tache du péché soit lavée dans l'eau. "Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé" (Marc, XVI, 16) : il est donc temps qu'une nouvelle manifestation du Fils de Dieu se fasse, pour inaugurer le grand remède 
qui doit donner à la Foi la vertu de produire la vie éternelle.

Or, les décrets de la divine Sagesse avaient choisi l'eau pour l'instrument de cette sublime régénération de la race humaine. C'est pourquoi, à l'origine des choses, l'Esprit de Dieu nous est montré planant sur les eaux, afin que, comme le chante l'Eglise au Samedi saint, leur nature conçût déjà un principe de sanctification. Mais les eaux devaient servir à la justice envers le monde coupable, avant d'être appelées à remplir les desseins de la miséricorde. A l'exception d'une famille, le genre humain, par un décret terrible, disparut sous les flots du déluge.

Toutefois, un nouvel indice de la fécondité future de cet élément prédestiné apparut à la fin de cette terrible scène. La colombe, sortie un moment de l'arche du salut, y rentra, ponant un rameau d'olivier, symbole de la paix rendue à la terre après l'effusion de l'eau. Mais l'accomplissement du mystère annoncé était loin encore.

En attendant le jour où ce mystère serait manifesté, Dieu multiplia les figures destinées à soutenir l'attente de son peuple. Ainsi, ce fut en traversant les flots de la Mer Rouge, que ce peuple arriva à la Terre promise ; et durant ce trajet mystérieux, une colonne de nuée couvrait à la fois la marche d'Israël, et ces flots bénis auxquels il devait son salut.

Mais le contact des membres humains d'un Dieu incarné pouvait seul donner aux eaux cette vertu purifiante après laquelle soupirait l'homme coupable. Dieu avait donné son Fils au monde, non seulement comme le Législateur, le Rédempteur, la Victime de salut, mais pour être aussi le Sanctificateur des eaux ; et c'était au sein de cet 
élément sacré qu'il devait lui rendre un témoignage divin, et le manifester une seconde fois.

Jésus donc, âgé de trente ans, s'avance vers le Jourdain, fleuve déjà fameux par les merveilles prophétiques opérées dans ses eaux. Le peuple juif, réveillé par la prédication de Jean-Baptiste, accourait en foule pour recevoir un Baptême, qui pouvait exciter le regret du péché, mais qui ne l'enlevait pas. Notre divin Roi s'avance aussi vers le fleuve, non pour y chercher la sanctification, car il est le principe de toute justice, mais pour donner enfin aux eaux la vertu d'enfanter, comme chante l'Eglise, une race nouvelle et sainte. Il descend dans le lit du Jourdain, non plus comme Josué pour le traverser à pied sec, mais afin que le Jourdain l'environne de ses flots, et reçoive de lui, pour en communiquer l'élément tout entier, cette vertu sanctifiante que celui-ci ne perdra jamais. Echauffées par les divines ardeurs du Soleil de justice, les eaux deviennent fécondes, au moment où la tête sacrée du Rédempteur est plongée dans leur sein par la main tremblante du Précurseur.

Mais, dans ce prélude d'une création nouvelle, il est nécessaire que la Trinité tout entière intervienne. Les cieux s'ouvrent ; la Colombe en descend, non plus symbolique et figurative, mais annonçant la présence de l'Esprit d'amour qui donne la paix et transforme les cœurs. Elle s'arrête et se repose sur la tête de l'Emmanuel, planant à la fois sur l'humanité du Verbe et sur les eaux qui baignent ses membres augustes.
Cependant le Dieu-Homme n'était pas manifesté encore avec assez d'éclat ; il fallait que la parole du Père tonnât sur les eaux, et les remuât jusque dans la profondeur de leurs abîmes. Alors se fit entendre cette Voix qu'avait chantée David : Voix du Seigneur qui retentit sur les eaux, tonnerre du Dieu de majesté qui brise les cèdres du Liban, l'orgueil des démons, qui éteint le feu de la colère céleste, qui ébranle le désert, qui annonce un nouveau déluge, un déluge de miséricorde; et cette voix disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances.

Ainsi fut manifestée la Sainteté de l'Emmanuel par la présence de la divine Colombe et par la voix du Père, comme sa Royauté avait été manifestée par le muet témoignage de l'Etoile. Le mystère accompli, l'élément des eaux investi de la vertu qui purifie, Jésus sort du Jourdain et remonte sur la rive, enlevant avec lui, selon la pensée des Pères, régénéré et sanctifié, le monde dont il laissait sous les flots les crimes et les souillures.

Elle est grande, cette fête de l'Epiphanie, dont l'objet est d'honorer de si hauts mystères ; et nous n'avons pas lieu de nous étonner que l'Eglise orientale ait fait de ce jour une des époques de l'administration solennelle du Baptême. Les anciens monuments de l'Eglise des Gaules nous apprennent que cet usage s'observa aussi chez nos aïeux ; et plus d'une fois dans l'Orient, au rapport de Jean Mosch, on vit le sacré baptistère se remplir d'une eau miraculeuse au jour de cette grande fête, et se tarir de lui-même après l'administration du Baptême.

L'Eglise Romaine, dès le temps de saint Léon, insista pour faire réserver aux fêtes de Pâques et de Pentecôte l'honneur d'être les seuls jours consacrés à la célébration solennelle du premier des Sacrements ; mais l'usage se conserva et dure encore, en plusieurs lieux de
l’Occident, de bénir l'eau avec une solennité toute particulière, au jour de l'Epiphanie.

L'Eglise d'Orient a gardé inviolablement cette coutume. La fonction a lieu, pour l'ordinaire, dans l'Eglise ; mais quelquefois, au milieu de la pompe la plus imposante, le Pontife se rend sur les bords d'un fleuve, accompagné des prêtres et des ministres revêtus des plus riches ornements, et suivi du peuple tout entier.
Ecumenical Orthodox Patriarch Bartholomew I holds the wooden ...
Ecumenical Orthodox Patriarch Bartholomew I holds the wooden cross aloft before throw it into the waters of the Golden Horn water course in Istanbul, Turkey, Wednesday, Jan. 6, 2010

Après des prières d'une grande magnificence, que nous regrettons de ne pouvoir insérer ici, le Pontife plonge dans les eaux une croix enrichie de pierreries qui signifie le Christ, imitant ainsi l'action du Précurseur.
Ecumenical Orthodox Patriarch Bartholomew I throws the wooden ...
Ecumenical Orthodox Patriarch Bartholomew I throws the wooden cross aloft into the waters of the Golden Horn water course in Istanbul, Turkey, Wednesday, Jan. 6, 2010

Greek Orthodox men wait for the Greek Orthodox Ecumenical Patriarch ...
Greek Orthodox men wait for the Greek Orthodox Ecumenical Patriarch Bartholomew I to throw a wooden cross into the Golden Horn as part of Epiphany day celebrations in Istanbul January 6, 2010

Greek Orthodox pilgrim Ouzinos Panaiotis retrieves a wooden ...

Greek Orthodox pilgrim from Greece Ouzinos Panaiotis holds the ...
Greek Orthodox pilgrim from Greece Ouzinos Panaiotis holds the wooden cross aloft from the waters of the Golden Horn water course in Istanbul, Turkey, Wednesday, Jan. 6, 2010
Greek Orthodox pilgrim from Greece Ouzinos Panaiotis holds the ...

Greek Orthodox pilgrim from Greece Ouzinos Panaiotis kisses ...

Greek Orthodox pilgrim Ouzinos Panaiotis (L) retrieves a wooden ...


A Saint-Pétersbourg, la cérémonie a lieu sur la Neva ; et c'est à travers une ouverture pratiquée dans la glace que le Métropolite fait descendre la croix dans les eaux. Ce rite s'observe pareillement dans les Eglises de l'Occident qui ont retenu l'usage de bénir l'eau à la Fête de l'Epiphanie.
Les fidèles se hâtent de puiser, dans le courant du fleuve, cette eau sanctifiée ; et saint Jean Chrysostome, dans son Homélie vingt-quatrième, sur le Baptême du Christ, atteste, en prenant à témoin son auditoire, que cette eau ne se corrompait pas. Le même prodige a été reconnu plusieurs fois en Occident.

Glorifions donc le Christ, pour cette seconde manifestation de son divin caractère, et rendons-lui grâces, avec la sainte Eglise, de nous avoir donné, après l'Etoile de la foi qui nous illumine, l'Eau puissante qui emporte nos souillures. Dans notre reconnaissance , admirons l'humilité du Sauveur qui se courbe sous la main d'un homme mortel, afin d'accomplir toute justice, comme il le dit lui-même ; car, ayant pris la forme du péché, il était nécessaire qu'il en portât l'humiliation
pour nous relever de notre abaissement.

Remercions-le pour cette grâce du Baptême qui nous a ouvert les portes de l'Eglise de la terre et de l'Eglise du ciel. 

A believer prays in a church in Moscow January 6, 2010. Russia ...
A believer prays in a church in Moscow January 6, 2010

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

photos : http://news.yahoo.com/

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 05:00

Il est plongé dans l'eau, descendons avec lui pour remonter avec lui.

Jean est en train de baptiser et Jésus s'approche : peut-être pour sanctifier celui qui va le baptiser ; certainement pour ensevelir tout entier le vieil Adam au fond de l'eau.

Mais avant cela et en vue de cela, il sanctifie le Jourdain. Et comme il est esprit et chair, il veut pouvoir initier par l'eau et par l'Esprit. Voici Jésus qui remonte hors de l'eau. En effet, il porte le monde ; il le fait monter avec lui. "Il voit les cieux se déchirer et s'ouvrir", alors qu'Adam les avait fermés pour lui et sa descendance, quand il a été expulsé du paradis que défendait l'épée de feu.

Alors l'Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature. Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l'apparence d'une colombe, elle honore le corps, puisque Dieu, en se montrant sous une apparence corporelle, divinise aussi le corps. C'est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge.

Pour nous, honorons aujourd'hui le baptême du Christ, et célébrons cette fête de façon irréprochable. Soyez entièrement purifiés, et purifiez-vous encore. Car rien ne donne à Dieu autant de joie que le redressement et le salut de l'homme : c'est à cela que tend tout ce discours et tout ce mystère. Soyez "comme des sources de lumière dans le monde", une force vitale pour les autres hommes.

Comme des lumières parfaites secondant la grande Lumière, soyez initiés à la vie de lumière qui est au ciel ; soyez illuminés avec plus de clarté et d'éclat par la sainte Trinité.

Grégoire de Nazianze

Saint Grégoire de Nazianze (330-390), évêque et docteur de l'Église
Homélie 39, pour la fête des Lumières, commentaire de ce Dimanche proposé par L'Evangile au Quotidien 




Le Baptême du Christ

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