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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 05:00



Ayant déposé leurs offrandes aux pieds de l'Emmanuel, comme le signe de Vaillance qu'ils contractent avec lui au nom du genre humain, combles de ses plus chères bénédictions, les Mages prennent congé de ce divin Enfant ; car telle est sa volonté. Ils s'éloignent enfin de Bethléhem ; mais désormais la terre entière leur paraît vide et déserte. Comme ils désireraient fixer leur séjour auprès du nouveau Roi, dans la compagnie de son ineffable Mère ! Mais le plan du salut du monde exige que tout ce qui sent l'éclat et la gloire humaine soit loin de Celui qui est venu chercher nos abaissements.
 

Il faut d'ailleurs qu'ils soient les premiers messagers de la parole évangélique ; qu'ils aillent annoncer dans la Gentilité que le Mystère du salut est commencé, que la terre possède son Sauveur, que le salut est à la porte. L'Etoile ne marche plus devant eux ; elle n'est plus nécessaire pour les conduire à Jésus ; ils le portent maintenant et à jamais dans leur cœur.

Ces trois hommes prédestinés sont donc déposés au sein de la Gentilité, comme ce levain mystérieux de l'Evangile, qui, malgré son léger volume, procure la fermentation de la pâte tout entière. Dieu bénit à cause d'eux
 les nations de la terre ; à partir de ce jour, l'infidélité diminue, insensiblement la foi monte ; et quand le sang de l'Agneau aura été versé, quand le baptême aura été promulgué, les Mages, initiés aux derniers mystères, ne seront plus seulement hommes de désirs, mais chrétiens parfaits.

Une ancienne tradition chrétienne, que nous voyons déjà rappelée par l'auteur de l'Ouvrage imparfait sur saint Matthieu inséré dans toutes les éditions de saint Jean Chrysostome, et qui paraît avoir été écrit vers la fin du VIe siècle, cette tradition, disons-nous, porte que les trois Mages furent baptisés par l'Apôtre saint Thomas, et qu'ils se livrèrent à la prédication de l'Evangile. Quand bien même cette tradition n'existerait pas, il est aisé de comprendre que la vocation de ces trois Princes ne devait pas se borner à visiter, eux premiers des Gentils, le Roi éternel manifesté sur la terre : une nouvelle mission, celle de l'apostolat, découlait tout naturellement de la première.

De nombreux détails sur la vie et les actions des Mages devenus chrétiens sont arrivés jusqu'à nous ; nous nous abstenons cependant de les relater ici, attendu qu'ils ne sont ni assez anciens, ni assez graves, pour que l'Eglise ait cru devoir en faire usage dans sa Liturgie. Il en est de même de leurs noms, Melchior, Gaspar, Bahhasar : l'usage en est trop récent ; et s'il nous paraît téméraire de les attaquer directement, il nous semblerait aussi trop difficile d'en soutenir la responsabilité.


Quant aux corps de ces illustres et saints adorateurs du Seigneur nouveau-né, ils furent transportés de Perse à Constantinople sous les premiers Empereurs Chrétiens, et reposèrent longtemps dans l'Eglise de Sainte-Sophie. Plus tard, sous l'Evêque Eustorge, Milan les vit transférer
dans ses murs ; et ils y restèrent jusqu'au XIIe siècle, où, avec le concours de Frédéric Barberousse, Reinold, archevêque de Cologne, les plaça dans l'Eglise cathédrale de cette auguste Métropole. C'est là qu'ils reposent encore aujourd'hui dans une magnifique châsse, le plus beau monument, peut-être, de l'orfèvrerie du moyen âge, sous les voûtes de cette sublime Cathédrale qui, par sa vaste étendue, la hardiesse et le caractère de son architecture, est l'un des premiers temples de la chrétienté.

Ainsi, nous vous avons suivis, ô Pères des nations, du fond de l'Orient jusqu'en Bethléhem ; et nous vous avons reconduits dans votre patrie, et amenés enfin au lieu sacré de votre repos, sous le ciel glacé de notre Occident. Un amour filial nous attachait à vos pas ; et d'ailleurs ne cherchions-nous pas nous-mêmes, sur vos traces, ce Roi de gloire auprès duquel vous aviez à nous représenter ? Bénie soit votre attente, bénie votre docilité à l'Etoile, bénie votre dévotion aux pieds du céleste Enfant, bénies vos pieuses offrandes qui nous donnent la mesure des nôtres !

O Prophètes ! qui avez véritablement prophétisé les caractères du Messie par le choix de vos dons ; ô Apôtres ! qui avez prêché, jusque dans Jérusalem, la Naissance du Christ sous les langes de son humilité, du Christ que les Disciples n'annoncèrent qu'après le triomphe de sa Résurrection ; ô fleurs de la Gentilité ! qui avez produit de si nombreux et de si précieux fruits ; car vous avez produit pour le Roi de gloire des nations entières, des peuples innombrables : veillez sur nous, protégez les Eglises.

Souvenez-vous de cet Orient du sein duquel vous êtes venus, comme la lumière ; bénissez l'Occident plongé encore dans de
si épaisses ténèbres, au jour où vous partiez à la suite de l'Etoile, et devenu depuis l'objet de la prédilection du divin Soleil. Réchauffez-y la foi qui languit ; obtenez de la divine miséricorde que toujours, et de plus en plus, l'Occident envoie des messagers du salut, et au midi, et au nord, et jusque dans cet Orient infidèle, jusque sous les tentes de Sem, qui a méconnu la lumière que vos mains lui apportèrent.

Priez pour l'Eglise de Cologne, cette illustre sœur de nos plus saintes Eglises de l'Occident ; qu'elle garde la foi, qu'elle ne laisse point s'affaiblir la sainte liberté, qu'elle soit le boulevard de l'Allemagne catholique, toujours appuyée sur la protection de ses trois Rois, sur le patronage de la glorieuse Ursule et de sa légion virginale.

Enfin, ô favoris du grand Roi Jésus, mettez-nous à ses pieds, offrez-nous à Marie ; et donnez-nous d'achever dans l'amour du céleste Enfant, les quarante jours consacrés à sa Naissance, et notre vie tout entière.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


adorat
Altarpiece of the Patron Saints of Cologne by Stefan Lochner

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8 janvier 2010 5 08 /01 /janvier /2010 05:00

Les Mages ne se contentèrent pas d'adorer le grand Roi que Marie présentait à leurs hommages. A l'exemple de la Reine de Saba qui vint honorer le Roi pacifique, en la personne du sage et opulent fils de David, les trois Rois de l'Orient ouvrirent leurs trésors et en tirèrent de riches offrandes. L'Emmanuel daigna agréer ces dons mystérieux ; mais, à l'exemple de Salomon son aïeul, il ne laissa point partir les Princes sans les combler lui-même de présents qui dépassaient infiniment en richesse ceux qu'il avait daigné agréer. Les Mages lui présentaient les offrandes de la terre ; et Jésus les comblait des dons célestes. Il confirmait en eux la foi, l'espérance et la charité ; il enrichissait, en leurs personnes, son Eglise tout entière qu'ils représentaient ; et les paroles du divin Cantique de Marie recevaient leur accomplissement sur eux, et aussi sur la Synagogue qui les avait laissés seuls marcher à la recherche du Roi d'Israël : "Ceux qui avaient faim, il les a remplis de biens ; et ceux qui étaient opulents, il les a renvoyés dans la disette."

Mais considérons ces présents des Mages, et reconnaissons, avec l'Eglise et les Pères, les Mystères qu'ils exprimaient.

Ces dons étaient au
nombre de trois, afin d'honorer le nombre sacré des Personnes dans l'Essence divine ; mais le nombre inspiré trouvait une nouvelle application dans le triple caractère de l'Emmanuel. Ce Fils de Dieu venait régner sur le monde : il convenait de lui offrir l'Or qui marque la puissance suprême. Il venait exercer le souverain Sacerdoce, et réconcilier, par sa médiation, le ciel et la terre : il convenait de lui présenter l'Encens qui doit fumer dans les mains du Prêtre. Sa mort pouvait seule le mettre en possession du trône préparé à son humanité glorieuse ; cette mort devait inaugurer le Sacrifice éternel de l'Agneau divin : la Myrrhe était là pour attester la mort et la sépulture d'une victime immortelle.

L'Esprit-Saint qui inspira les Prophètes avait donc dirigé les Mages dans le choix de ces mystérieuses offrandes ; et c'est ce que nous dit éloquemment saint Léon, dans un de ses Sermons sur l'Epiphanie : "O admirable foi qui mène à la science parfaite, et qui n'a point été instruite à l'école d'une sagesse terrestre, mais éclairée par l'Esprit-Saint lui-même ! Car où avaient-ils découvert la nature inspirée de ces présents, ces hommes qui sortaient de leur patrie, sans avoir encore vu Jésus, sans avoir puisé dans ses regards la lumière qui dirigea si sûrement le choix de leurs offrandes ! Tandis que l'Etoile frappait les yeux de leur corps, plus pénétrant encore, le rayon de la vérité instruisait leurs cœurs. Avant d'entreprendre les fatigues d'une longue route, ils avaient déjà connu Celui à qui étaient dus, par l'Or, les honneurs de Roi ; par l'Encens, le culte divin ; par la Myrrhe, la foi dans sa mortalité."

Si ces présents représentent merveilleusement
les caractères de l'Homme-Dieu, ils ne sont pas moins remplis d'enseignements par les vertus qu'ils signifient, et que le divin Enfant reconnaissait et confirmait dans l'âme des Mages. L'Or signifie pour nous, comme pour eux, la charité qui unit à Dieu ; l'Encens, la prière qui appelle et conserve Dieu dans le cœur de l'homme ; la Myrrhe, le renoncement, la souffrance, la mortification, par lesquels nous sommes arrachés à l'esclavage de la nature corrompue. Trouvez un cœur qui aime Dieu, qui s'élève à lui par la prière, qui comprenne et goûte la vertu de la croix : vous aurez en ce cœur l'offrande la plus digne de Dieu, celle qu'il agréera toujours.

Nous ouvrons donc aussi notre trésor, ô Jésus ! et nous mettons à vos pieds nos présents. Après avoir confessé votre triple gloire de Dieu, de Prêtre et d'Homme, nous vous supplions d'agréer le désir que nous avons de répondre par l'amour à l'amour que vous nous témoignez ; nous osons môme vous dire que nous vous aimons, ô Dieu ! ô Prêtre ! ô Homme ! Augmentez cet amour que votre grâce a fait naître. Recevez aussi notre prière, tiède et imparfaite, mais cependant unie à celle de votre Eglise. Enseignez-nous à la rendre digne de vous, et proportionnée aux effets que vous voulez qu'elle produise ; formez-la en nous, et qu'elle s'élève sans cesse de notre cœur, comme un nuage de parfums. Recevez enfin l'hommage de nos cœurs contrits et pénitents, la volonté que nous avons d'imposer à nos sens le frein qui les règle, l'expiation qui les purifie.

Illuminés par les hauts mystères qui nous révèlent la profondeur de notre misère et l'immensité de votre amour, nous sentons qu'il nous faut, plus que jamais, nous éloigner du monde
et de ses convoitises, et nous attacher à vous. L'Etoile n'aura pas lui en vain sur nous ; elle ne nous aura pas en vain conduits jusqu'à Bethléhem, où vous régnez sur les cœurs. Quand vous vous donnez vous-même, ô Emmanuel ! quels trésors pourrions-nous avoir que nous ne devions être prêts à déposer à vos pieds ?

Protégez notre offrande, ô Marie ! Celle des Mages, accompagnée de votre médiation, fut agréable à votre Fils ; la nôtre, présentée par vous, trouvera grâce, malgré son imperfection. Aidez notre amour par le vôtre ; soutenez notre prière par l'intervention de votre Cœur maternel ; fortifiez-nous dans la lutte avec le monde et la chair. Pour assurer notre persévérance, obtenez-nous de ne jamais oublier les doux mystères qui nous occupent présentement ; qu'à votre exemple, nous les gardions toujours gravés dans notre cœur. Qui oserait offenser Jésus dans Bethléhem ? qui pourrait refuser quelque chose à son amour, en ce moment où, sur vos genoux maternels, il attend notre offrande ?

O Marie ! ne nous laissez jamais oublier que nous sommes les enfants des Mages, et que Bethléhem nous est toujours ouverte.


D
OM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 


Adoration by Master of the Vienna Adoration

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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 12:00

Les Mages sont arrivés à Bethléhem ; l'humble retraite du Roi des Juifs s'est ouverte pour eux. Ils y trouvent, dit saint Luc, "l'Enfant et Marie sa Mère". Ils se prosternent, et adorent le divin Roi qu'ils ont tant cherché, et que la terre désire.

En ce moment, l'Eglise chrétienne commence à apparaître. Dans cet humble réduit, le Fils de Dieu fait homme préside comme le Chef de son corps mystique ; Marie assiste comme la coopératrice du salut, et la Mère de grâce ; Juda est représenté par elle et par Joseph son époux ; la Gentilité adore, en la personne des Mages ; car leur foi a tout compris à la vue de cet Enfant. Ce n'est point un Prophète qu'ils honorent, ni un Roi terrestre à qui ils ouvrent leurs trésors ; c'est un Dieu devant qui ils s'abaissent et s'anéantissent.

" Voyez, dit saint Bernard, dans son deuxième Sermon sur l'Epiphanie, voyez quelle est la pénétration des yeux de la foi ! La foi reconnaît le Fils de Dieu à la mamelle, elle le reconnaît attaché au bois, elle le reconnaît jusque dans la mort. Le larron le reconnaît sur le gibet, les Mages dans l'étable : celui-là, malgré les clous qui l'attachent ; ceux-ci, à travers les langes qui l'enveloppent."

Tout est donc consommé. Bethléhem n'est plus seulement le lieu de la naissance du Rédempteur, elle est encore le berceau de l'Eglise ; et combien le Prophète avait raison de s'écrier : "O Bethléhem ! tu n'es pas la moindre entre les villes de Juda !" Comme il nous est aisé de comprendre l'attrait qui porta saint Jérôme à dérober sa vie aux honneurs et aux délices de Rome, aux applaudissements du monde et de l'Eglise, pour venir s'ensevelir dans cette grotte, témoin de tant et de si sublimes merveilles ! Qui ne désirerait aussi vivre et mourir dans cette retraite bénie du ciel, toute sanctifiée encore de la présence de l'Emmanuel, tout embaumée des parfums de la Reine des Anges, toute retentissante de l'écho des concerts célestes, toute remplie du souvenir des Mages, nos pieux ancêtres !

Rien n'étonne ces heureux Princes en entrant dans l'humble séjour. Ni la faiblesse de l'Enfant, ni la pauvreté de la Mère, ni le dénuement de l'habitation, rien ne les émeut. Loin de là, ils comprennent tout d'abord que le Dieu éternel, voulant visiter les hommes, et leur montrer son amour, devait descendre jusqu'à eux, et si bas, qu'il n'y eût aucun degré de la misère humaine qu'il n'eût sondé et connu par lui-même. Instruits par leur propre cœur de la profondeur de cette plaie d'orgueil qui nous ronge, ils ont senti que le remède devait être aussi extrême que le mal ; et dans cet abaissement inouï, ils ont reconnu tout d'abord la pensée et l'action d'un Dieu.

Israël attend un Messie glorieux et tout éclatant de gloire mondaine ; les Mages, au contraire, reconnaissent ce Messie à l'humilité, à la pauvreté qui l'entourent ; subjugués par la force de Dieu, ils se prosternent et adorent, dans l'admiration et l'amour.

Qui saurait rendre la douceur des conversations qu'ils eurent avec la très pure Marie ? car le Roi qu'ils étaient venus chercher ne sortit pas pour eux du silence de son enfance volontaire. Il accepta leurs hommages, il leur sourit avec tendresse, il les bénit ; mais Marie seule pouvait satisfaire, par ses célestes entretiens, la sainte curiosité des trois pèlerins de l'humanité.

Comme elle récompensa leur foi et leur amour en leur manifestant le mystère de ce virginal enfantement qui allait sauver le monde, les joies de son cœur maternel, les charmes du divin Enfant ! Eux-mêmes, avec quel tendre respect ils la considéraient et l'écoutaient ! Avec quelles délices la grâce pénétrait dans leurs coeurs, à la parole de celle que Dieu même a choisie pour nous initier maternellement à sa vérité et à son amour !

L'étoile qui naguère brillait pour eux au ciel avait fait place à une autre Etoile, d'une lumière plus douce, et d'une force plus victorieuse encore ; cet astre si pur préparait leurs regards à contempler sans nuage Celui qui s'appelle lui-même l’Etoile étincelante et matinale. Le monde entier n'était plus rien pour eux ; l'étable de Bethléhem contenait toutes les richesses du ciel et de la terre. Les nombreux siècles de l'attente qu'ils avaient partagée avec le genre humain, leur semblaient à peine un moment : tant était pleine et parfaite la joie d'avoir enfin trouvé le Dieu qui apaise, par sa seule présence, tous les désirs de sa créature.

Ils s'associaient aux desseins miséricordieux de l'Emmanuel ; ils acceptaient avec une humilité profonde l'alliance qu'il contractait par eux avec l'humanité ; ils adoraient la justice redoutable qui bientôt allait rejeter un peuple incrédule ; ils saluaient les destinées de l'Eglise Chrétienne, qui
prenait en eux son commencement ; ils priaient pour leur innombrable postérité.

C'est à nous, Gentils régénérés, de nous joindre à ces chrétiens choisis les premiers, et de vous adorer, ô divin Enfant, après tant de siècles, durant lesquels nous avons vu la marche des nations vers Bethléhem, et l'Etoile les conduisant toujours.

C'est à nous de vous adorer avec les Mages ! mais plus heureux que ces premiers-nés de l'Eglise, nous avons entendu vos paroles, nous avons contemplé vos souffrances et votre croix, nous avons été témoins de votre Résurrection ; et si nous vous saluons comme le Roi de l'univers, l'univers est là devant nous qui répète votre Nom devenu grand et glorieux, du lever du soleil à son couchant. Le Sacrifice qui renouvelle tous vos mystères s'offre aujourd'hui en tous lieux du monde ; la voix de votre Eglise retentit à toute oreille mortelle ; et nous sentons avec bonheur que toute cette lumière luit pour nous, que toutes ces grâces sont notre partage. C'est pourquoi nous vous adorons, ô Christ ! nous qui vous goûtons dans l'Eglise, la Bethléhem éternelle, la Maison du Pain de vie.

Instruisez-nous, ô Marie, comme vous avez instruit les Mages. Révélez-nous de plus en plus le doux Mystère de votre Fils ; soumettez notre cœur tout entier à son empire adorable. Veillez, dans votre attention maternelle, à ce que nous ne perdions pas une seule des leçons qu'il nous donne ; et que ce séjour de Bethléhem, où nous sommes entrés à la suite des pèlerins de l'Orient, opère en nous un complet renouvellement de notre vie tout entière.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 
La Nativité et Autres Episodes de l'Enfance du Christ par Pietro da Rimini

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7 janvier 2010 4 07 /01 /janvier /2010 00:05
Lire l'article Les Franciscains se sont mis à la suite des Rois Mages pour fêter l’Epiphanie à Bethléem par Mab sur le site de la Custodie

quelques photos extraites du diaporama :





















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6 janvier 2010 3 06 /01 /janvier /2010 05:00

L'Etoile annoncée par Balaam s'étant levée sur l'Orient, les trois Mages, dont le cœur était ouvert à l'attente du Messie libérateur, ont senti tout d'abord l'impression d'amour qui les porte vers lui. Ils reçoivent la nouvelle du joyeux avènement du Roi des Juifs d'une manière mystique et silencieuse, à la différence des bergers de Bethléhem, que la voix d'un Ange convia vers la crèche. Mais le langage muet de l'Etoile était expliqué dans leurs cœurs par l'action même du Père céleste, qui leur révélait son Fils. En cela, leur vocation l'emporta en dignité sur celle des bergers qui, selon la disposition divine dans l'ancienne Loi, ne connurent rien que par le ministère des Anges.

Mais, si la grâce céleste s'adressa directement à leurs cœurs, on peut dire aussi qu'elle les trouva fidèles. Les bergers vinrent en hâte à Bethléhem, nous dit saint Luc. Les Mages parlant à Hérode expriment avec non moins de bonheur la simplicité de leur empressement : "Nous avons vu, disent-ils, son Etoile, et nous sommes venus pour l'adorer."

Abraham, par sa fidélité à suivre l'ordre que Dieu lui donnait de sortir de la Chaldée, terre de
ses aïeux, et de se rendre dans une contrée inconnue pour lui, mérita de devenir le Père des Croyants ; les Mages, par leur foi docile et non moins admirable, ont été jugés dignes d'être les ancêtres de l'Eglise des Gentils.

Eux aussi sortaient de la Chaldée, au rapport de saint Justin et de Tertullien ; du moins quelqu'un d'entre eux avait-il cette terre pour patrie. Les mêmes auteurs, dont le témoignage est fortifié par d'autres Pères, donnent l'Arabie pour lieu de naissance à l'un ou l'autre de ces pieux voyageurs. Une tradition populaire, admise depuis quelques siècles dans l'iconographie chrétienne, assigne l'Ethiopie pour patrie au troisième. On ne peut nier du moins que David et les Prophètes n'aient signalé les noirs habitants de l'Afrique parmi ceux qui devaient, de bonne heure, devenir l'objet de la prédilection divine. Par la qualité des Mages, il faut entendre la profession que faisaient ces trois hommes d'étudier le cours des astres, et l'attention qu'ils avaient de chercher au ciel l'indice du lever prochain de l'Etoile prophétique vers laquelle ils soupiraient ; car ils étaient du nombre de ces Gentils craignant Dieu, comme le centurion Corneille, qui ne s'étaient pas souillés par le contact des idoles, et conservaient, au milieu de tant de ténèbres, les pures traditions d'Abraham et des Patriarches.

L'Evangile ne dit pas qu'ils aient été rois ; mais l'Eglise ne leur applique pas sans raison les versets où David parle des Rois d'Arabie et de Saba, arrivant aux pieds du Messie avec des offrandes d'or. Cette tradition s'appuie sur le témoignage de saint Hilaire de Poitiers, de saint Jérôme, du poète Juvencus, de saint Léon et de plusieurs autres ; et il serait impossible de l'attaquer par des
arguments d'une valeur sérieuse. Sans doute, nous ne devons pas nous figurer les Mages comme des potentats dont l'empire pût entrer en comparaison, par l'étendue et l'importance, avec la puissance romaine ; mais nous savons que l'Ecriture attribue fréquemment le nom de roi à de petits princes, à de simples gouverneurs de provinces. Il suffit donc que les Mages aient exercé l'autorité sur les peuples ; et d'ailleurs, les ménagements qu'Hérode se croit obligé de garder envers des étrangers qui viennent, jusque dans sa cour, annoncer la naissance d'un Roi des Juifs, auquel ils se montrent si empressés de rendre hommage, témoignent suffisamment de l'importance de ces personnages, de même que le trouble dans lequel leur arrivée jette la ville de Jérusalem démontre jusqu'à l'évidence que leur présence avait été accompagnée d'un extérieur imposant.

Ces rois dociles quittent donc tout d'un coup leur patrie, leurs richesses, leur repos, pour marcher à la suite de l'Etoile ; la puissance de Dieu qui les avait appelés les réunit dans un même voyage comme dans une même foi. L'astre qui les invitait se met en marche devant eux et leur fraie le chemin ; les périls du voyage, les fatigues d'une route dont ils ignorent le terme, la crainte d'éveiller contre eux les soupçons de l'Empire romain, rien ne les fait reculer.

Leur premier repos est à Jérusalem, parce que l'Etoile s'y arrête. C'est dans cette ville sainte, qui bientôt sera maudite, qu'ils viennent, eux Gentils, annoncer Jésus-Christ, déclarer sa venue.

Avec toute l'assurance, tout le calme des Apôtres et des Martyrs, ils professent leur désir ferme d'aller l'adorer. Ils contraignent Israël, dépositaire des oracles divins, à confesser un des principaux
caractères du Messie, sa naissance à Bethléhem. Le Sacerdoce juif remplit, sans en avoir l'intelligence, son sacré ministère ; Hérode s'agite sur sa couche, et médite déjà des projets de carnage. Mais il est temps pour les Mages de quitter la cité infidèle qui a déjà reçu, par leur présence, l'annonce de sa répudiation. L'Etoile reparaît au ciel, et les sollicite de reprendre leur marche ; encore quelques pas, et ils seront à Bethléhem, aux pieds du Roi qu'ils sont venus chercher.

Nous aussi, ô Emmanuel ! nous vous suivons, nous marchons à votre lumière ; car vous avez dit dans la Prophétie du Disciple bien-aimé : "Je suis l'étoile étincelante et matinale. L'astre qui conduit les Mages n'est que le symbole de cette Etoile immortelle.

Vous êtes l’Etoile du matin ; car votre naissance annonce la fin des ténèbres, de l'erreur et du péché. Vous êtes l’Etoile du matin ; car, après avoir subi l'épreuve de la mort et du sépulcre, vous sortirez tout à coup des ombres, à l'aube matinale du jour de votre glorieuse Résurrection. Vous êtes l’Etoile du matin ; car vous nous annoncez, par votre Naissance et par les mystères qui vont la suivre, le jour sans nuage de l'éternité.

Oh ! que votre lumière soit toujours sur nous ! Que nous soyons toujours dociles à tout quitter, comme les Mages, pour la suivre ! Au sein de quelles ombres ne l'avez-vous pas fait luire, en ce jour où vous nous avez appelés à votre grâce ! Nous aimions les ténèbres, et vous nous avez fait aimer la lumière. Conservez en nous cet amour de la lumière, ô Christ !

Que le péché, qui n'est que ténèbres, n'approche pas de nous. Que les perfides lueurs de la fausse conscience ne viennent pas nous séduire. Eloignez de nous l'aveuglement de Jérusalem et de 
son roi, pour qui l'Etoile ne luit pas ; mais qu'elle nous guide toujours, qu'elle nous conduise à vous, notre Roi, notre paix et notre amour.

Nous vous saluons aussi, Marie, Etoile de la mer, qui luisez sur les vagues de ce monde pour les calmer, et pour protéger ceux qui crient vers vous dans la tempête. Vous fûtes favorable aux Mages à travers le désert ; guidez aussi nos pas, et dirigez-nous jusqu'à Celui qui repose entre vos bras et vous illumine de sa lumière éternelle.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 


L'Adoration des Mages

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 11:11

Le grand Mystère de l'Alliance du Fils de Dieu avec son Eglise universelle, représentée dans l'Epiphanie par les trois Mages, fut pressenti dans tous les siècles qui précédèrent la venue de l'Emmanuel. La voix des Patriarches et des Prophètes le fit retentir par avance ; et la Gentilité elle-même y répondit souvent par un écho fidèle.

Dès le jardin des délices, Adam innocent s'écriait, à l'aspect de la Mère des vivants sortie de son côté : "C'est ici l'os de mes os, la chair de ma chair ; l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à son épouse ; et ils seront deux dans une même chair." La lumière de l'Esprit-Saint pénétrait alors l'âme de notre premier père ; et, selon les plus profonds interprètes des mystères de l'Ecriture, Tertullien, saint Augustin, saint Jérôme, il célébrait l'Alliance du Fils de Dieu avec l'Eglise, sortie par l'eau et le sang de son côté ouvert sur la croix ; avec l'Eglise, pour l'amour de laquelle il descendit de la droite de son Père, et s'anéantissant jusqu'à la forme de serviteur, semblait avoir quitté la Jérusalem céleste, pour habiter parmi nous dans ce séjour terrestre.

Le second père dû genre humain, Noé, après
avoir vu l'arc de la miséricorde annonçant au ciel le retour des faveurs de Jéhovah, prophétisa sur ses trois fils l'avenir du monde. Cham avait mérité la disgrâce de son père ; Sem parut un moment le préféré : il était destiné à l'honneur de voir sortir de sa race le Sauveur de la terre ; cependant, le Patriarche, lisant dans l'avenir, s'écria : "Dieu dilatera l'héritage de Japhet ; et il habitera sous les tentes de Sem." Et nous voyons peu à peu dans le cours des siècles l'ancienne alliance avec le peuple d'Israël s'affaiblir, puis se rompre ; les races sémitiques chanceler, et bientôt tomber dans l'infidélité ; enfin le Seigneur embrasser toujours plus étroitement la famille de Japhet, la gentilité occidentale, si longtemps délaissée, placer à jamais dans son sein le Siège de la religion, l'établir à la tête de l'espèce humaine tout entière.

Plus tard, c'est Jéhovah lui-même qui s'adresse à Abraham, et lui prédit l'innombrable génération qui doit sortir de lui. "Regarde le ciel, lui dit-il ; compte les étoiles, si tu peux : tel sera le nombre de tes enfants." En effet, comme nous l'enseigne l'Apôtre, plus nombreuse devait être la famille issue de la foi du Père des croyants, que celle dont il était la source par Sara ; et tous ceux qui ont reçu la foi du Médiateur, tous ceux qui, avertis par l'Etoile, sont venus à lui comme à leur Seigneur, tous ceux-là sont les enfants d'Abraham.

Le Mystère reparaît de nouveau dans le sein même de l'épouse d'Isaac. Elle sent avec effroi deux fils se combattre dans ses entrailles. Rébecca s'adresse au Seigneur, et il lui est répondu : "Deux peuples sont dans ton sein ; ils s'attaqueront l'un l'autre ; le second surmontera le premier, et l'aîné servira le plus jeune." Or, ce
plus jeune, cet enfant indompté, quel est-il, selon l'enseignement de saint Léon et de l'Evêque d'Hippone, sinon ce peuple gentil qui lutte avec Juda pour avoir la lumière, et qui, simple fils de la promesse, finit par l'emporter sur le fils selon la chair ?

C'est maintenant Jacob, sur sa couche funèbre, ayant autour de lui ses douze fils, pères des douze tribus d'Israël, assignant d'une manière prophétique le rôle à chacun dans l'avenir. Le préféré est Juda ; car il sera le roi de ses frères, et de son sang glorieux sortira le Messie. Mais l'oracle finit par être aussi effrayant pour Israël, qu'il est consolant pour le genre humain tout entier. "Juda, tu garderas le sceptre ; ta race sera une race de rois, mais seulement jusqu'au jour où viendra Celui qui doit être envoyé, Celui qui sera l'attente des Nations."

Après la sortie d'Egypte, quand le peuple d'Israël entra en possession de la terre promise, Balaam s'écriait, la face tournée vers le désert tout couvert des tentes et des pavillons de Jacob : "Je le verrai, mais non encore ; je le contemplerai, mais plus tard. Une Etoile sortira de Jacob ; une royauté s'élèvera au milieu d'Israël." Interrogé encore par le roi infidèle, Balaam ajouta : "Oh ! qui vivra encore quand Dieu fera ces choses ? Ils viendront d'Italie sur des galères ; ils soumettront les Assyriens ; ils dévasteront les Hébreux, et enfin ils périront eux-mêmes." Mais quel empire remplacera cet empire de fer et de carnage ? celui du Christ qui est l’Etoile, et qui seul est Roi à jamais.

David est inondé des pressentiments de ce grand jour. A chaque page, il célèbre la royauté de son fils selon la chair ; il nous le montre armé
du sceptre, ceint de l'épée, sacré par le Père des siècles, étendant sa domination d'une mer à l'autre ; puis il amène à ses pieds les Rois de Tharsis et des îles lointaines, les Rois d'Arabie et de Saba, les Princes d'Ethiopie. Il célèbre leurs offrandes d'or et leurs adorations.

Dans son merveilleux épithalame, Salomon vient ensuite décrire les délices de l'union céleste de l'Epoux divin avec l'Eglise ; et cette Epouse fortunée n'est point la Synagogue. Le Christ l'appelle avec tendresse pour la couronner ; mais sa voix s'adresse à celle qui habitait au delà des confins de la terre du peuple de Dieu. "Viens, dit-il, ma fiancée, viens du Liban ; descends des sommets d'Amana, des hauteurs de Sanir et d'Hermon ; sors des retraites impures des dragons, quitte les montagnes qu'habitent les léopards." Et cette fille de Pharaon ne se trouble pas de dire : Je suis noire ; car elle peut ajouter qu'elle a été rendue belle par la grâce de son Epoux.

Le Prophète Osée se lève ensuite, et il dit au nom du Seigneur : "J'ai choisi un homme, et il ne m'appellera plus Baal désormais. J'ôterai de sa bouche ce nom de Baal, et il ne s'en souviendra plus. Je m'unirai à toi pour jamais, homme nouveau ! Je sèmerai ta race par toute la terre ; j'aurai pitié de celui qui n'avait point connu la miséricorde ; à celui qui n'était pas mon peuple, je dirai : mon peuple ! Et il me répondra : mon Dieu !"

A son tour, le vieux Tobie, du sein de la captivité, prophétisa avec magnificence ; mais la Jérusalem qui doit recevoir les Juifs délivrés par Cyrus, disparaît à ses yeux, à l'aspect d'une autre Jérusalem plus brillante et plus belle. "Nos frères qui sont dispersés, dit-il, reviendront dans la 
terre d'Israël ; la maison de Dieu se rebâtira. Tous ceux qui craignent Dieu viendront s'y retirer ; les Gentils même laisseront leurs idoles, et viendront en Jérusalem, et ils y habiteront, et tous les rois de la terre y fixeront leur séjour avec joie, accourus pour adorer le Roi d'Israël."

Et si les nations doivent être broyées, dans la justice de Dieu, pour leurs crimes, c'est pour arriver ensuite au bonheur d'une alliance éternelle avec Jéhovah. Car voici ce qu'il dit lui-même, par son Prophète Sophonie : "Ma justice est de rassembler les nations, de réunir en faisceau les royaumes, et je répandrai sur elles mon indignation, et tout le feu de ma colère ; la terre entière en sera dévorée. Mais ensuite je donnerai aux peuples une langue choisie, afin qu'ils invoquent tous le Nom du Seigneur, et qu'ils portent tous ensemble mon joug. Jusqu'au delà des fleuves de l'Ethiopie, ils m'invoqueront; les fils de mes races dispersées viendront m'apporter des présents."

Le Seigneur avait déjà dénoncé ses oracles de miséricorde par la bouche d'Ezéchiel : "Un seul Roi commandera à tous, dit Jéhovah ; il n'y aura plus deux nations, ni deux royaumes. Ils ne se souilleront plus avec leurs idoles ; dans les lieux mêmes où ils ont péché, je les sauverai ; ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. Il n'y aura qu'un Pasteur pour eux tous. Je ferai avec eux une alliance de paix, un pacte éternel ; je les multiplierai, et mon sanctuaire sera au milieu d'eux à jamais."

C'est pourquoi Daniel, après avoir prédit les Empires que devait remplacer l'Empire Romain, ajoute : "Mais le Dieu du ciel suscitera à son tour
un Empire qui jamais ne sera détruit, et dont le sceptre ne passera point à un autre peuple. Cet Empire envahira tous ceux qui l’ont précédé ; et lui, il durera éternellement."

Quant aux ébranlements qui doivent précéder rétablissement du Pasteur unique, et de ce sanctuaire éternel qui doit s'élever au centre de la Gentilité, Aggée les prédit en ces termes : "Encore un peu de temps, et j'ébranlerai le ciel, la terre et la mer ; je mêlerai toutes les nations ; et alors viendra le Désiré de toutes les nations."

Il faudrait citer tous les Prophètes pour donner tous les traits du grand spectacle promis au monde par le Seigneur au jour où, se ressouvenant des peuples, il devait les appeler aux pieds de son Emmanuel. L'Eglise nous a fait entendre Isaïe dans l'Epître de la Fête, et le fils d'Amos a surpassé ses frères.

Si maintenant nous prêtons l'oreille aux voix qui montent vers nous du sein de la Gentilité, nous entendons ce cri d'attente, l'expression de ce désir universel qu'avaient annoncé les Prophètes hébreux. La voix des Sibylles réveilla l'espérance au cœur des peuples ; jusqu'au sein de Rome même, le Cygne de Mantoue consacre ses plus beaux vers à reproduire leurs consolants oracles : "Le dernier âge, dit-il, l'âge prédit par la Vierge de Cumes est arrivé ; une nouvelle série des temps va s'ouvrir ; une race nouvelle descend du ciel. A la naissance de cet Enfant, l'âge de fer suspend son cours ; un peuple d'or s'apprête à couvrir la terre. Les traces de nos crimes seront effacées ; et les terreurs qui assiégeaient le monde se dissiperont."

Et comme pour répondre aux vains scrupules de ceux qui craignent de reconnaître, avec saint 
Augustin et tant d'autres saints Docteurs, la voix des traditions antiques s'énonçant par la bouche des Sibylles : Cicéron, Tacite, Suétone, philosophes et historiens gentils, viennent nous attester que le genre humain, dans leurs temps, attendait un Libérateur ; que ce Libérateur devait sortir, non seulement de l'Orient, mais de la Judée ; que les destinées d'un Empire qui devait renfermer le monde entier étaient sur le point de se déclarer.

Ils partageaient cette universelle attente de votre arrivée, ô Emmanuel, ces Mages aux yeux desquels vous fîtes apparaître l'Etoile ; et c'est pour cela qu'ils ne perdirent pas un instant, et se mirent tout aussitôt en route vers le Roi des Juifs dont la naissance leur était annoncée.

Tant d'oracles s'accomplissaient en eux ; mais s'ils en recevaient les prémices, nous en possédons le plein effet. L'alliance est conclue, et nos âmes, pour l'amour desquelles vous êtes descendu du ciel, sont à vous ; l'Eglise est sortie de votre flanc divin, avec le sang et l'eau ; et tout ce que vous faites pour cette Epouse prédestinée, vous l'accomplissez en chacun de ses enfants fidèles. Fils de Japhet, nous avons dépossédé la race de Sem qui nous fermait ses tentes ; le droit d'aînesse dont jouissait Juda nous a été déféré. Notre nombre, de siècle en siècle, tend à égaler le nombre des étoiles. Nous ne sommes plus dans les anxiétés de l'attente ; l'astre s'est levé, et la Royauté qu'il annonçait ne cessera jamais de répandre sur nous ses bienfaits. Les Rois de Tharsis et des îles, les Rois d'Arabie et de Saba, les Princes de l'Ethiopie sont venus, portant des présents ; mais toutes les générations les ont suivis. L'Epouse, établie dans tous ses honneurs, ne se souvient plus des sommets d'Amana, ni des hauteurs de Sanir et d'Hermon, où
elle gémissait dans la compagnie des léopards ; elle n'est plus noire , mais elle est belle , sans taches, ni rides, et digne de l'Epoux divin. Elle a oublié Baal pour jamais ; elle parle avec amour la langue que Jéhovah lui a donnée. L'unique Pasteur paît l'unique troupeau ; le dernier Empire poursuit ses destinées jusqu'à l'éternité.

C'est vous, ô divin Enfant, qui venez nous apporter tous ces biens et recevoir tous ces hommages. Croissez, Roi des rois, sortez bientôt de votre silence. Quand nous aurons goûté les leçons de votre humilité, parlez en maître ; César-Auguste règne depuis assez longtemps ; assez longtemps Rome païenne s'est crue éternelle. Il est temps que le trône de la force cède la place au trône de la charité, que la Rome nouvelle s'élève sur l'ancienne.

Les nations frappent à la porte et demandent leur Roi ; hâtez le jour où elles n'auront plus à venir vers vous, mais où votre miséricorde doit les aller chercher par la prédication apostolique. Montrez-leur Celui à qui toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre ; montrez-leur la Reine que vous leur avez choisie. De l'humble demeure de Nazareth, du pauvre réduit de Bethléhem, que l'auguste Marie s'élève bientôt, sur les ailes des Anges, jusqu'au trône de miséricorde, du haut duquel elle protégera tous les peuples et toutes les générations.


D
OM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



Adoration des Mages par Ghirlandaio

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 17:00

Bergère qui gardiez les moutons à Nanterre
Et guettiez au printemps la première hirondelle,
Vous seule vous savez combien elle est fidèle,
La ville vagabonde et pourtant sédentaire.

Vous qui la connaissez dans ses embrassements
Et dans sa turpitude et dans ses pénitences,
Et dans sa rectitude et dans ses inconstances,
Et dans le feu sacré de ses embrasements,
Vous qui la connaissez dans ses débordements,
Et dans le maigre jeu de ses incompétences,
Et dans le battement de ses intermittences,
Et dans l’anxiété de ses longs meuglements,
Vous seule vous savez comme elle est peu rebelle,
La ville indépendante et pourtant tributaire.

Vous qui la connaissez dans le sang des martyrs
Et la reconnaissez dans le sang des bourreaux,
Vous qui l’avez connue au fond des tombereaux
Et la reconnaissez dans ses beaux repentirs,
Et dans l’intimité de ses chers souvenirs
Et dans ses fils plus durs que les durs hobereaux,
Et dans l’absurdité de ces godelureaux
Qui marchaient à la mort comme on ferait ses tirs,
Vous seule vous savez comme elle est jeune et belle,
La ville intolérante et pourtant libertaire.

Vous qui la connaissez dans ses gémissements
Et la reconnaissez dans ses inconsistances,
Dans ses atermoiements et dans ses résistances,
Dans sa peine et son deuil et ses désarmements,
Vous qui la connaissez dans ses mugissements
Et dans l’humilité de ses omnipotences,
Et dans la sûreté de ses inadvertances
Et dans le creux secret de ses tressaillements,
Vous seule vous savez comme elle est jouvencelle,
La ville incohérente et pourtant statutaire.

Vous qui la connaissez dans le luxe de Tyr
Et la reconnaissez dans la force de Rome,
Vous qui la retrouvez dans le coeur du pauvre homme
Et la froide équité de la pierre à bâtir,
Et dans la pauvreté de la chair à pâtir
Sous la dent qui la mord et le poing qui l’assomme
Et l’écrit qui la fixe et le nom qui la nomme
Et l’argent qui la paye et veut l’assujettir,
Vous seule vous savez combien elle est pucelle,
La ville exubérante et pourtant censitaire.

Vous qui la connaissez dans ses vieilles potences
Et la reconnaissez dans ses égarements,
Et dans la profondeur de ses recueillements,
Et dans ses échafauds et dans ses pestilences,
Et la solennité de ses graves silences,
Et dans l’ordre secret de ses fourmillements,
Et dans la nudité de ses dépouillements,
Et dans son ignorance et dans ses innocences,
Vous seule vous savez comme elle est pastourelle,
La ville assourdissante et pourtant solitaire.

Vous qui la connaissez dans ses guerres civiles
Et la reconnaissez dans ses égorgements,
Dans son courage unique et dans ses tremblements,
Dans son peuple sans peur et ses foules serviles,
Dans son gouvernement des hordes et des villes
Et dans la loyauté de ses enseignements,
Dans la fatalité de ses éloignements,
Dans l’honneur de sa face et dans ses tourbes viles,
Vous seule vous savez comme elle est colonelle,
La ville turbulente et pourtant militaire.

Vous qui la connaissez dans ses longues erreurs
Et la reconnaissez dans ses plus beaux retours,
Vous qui la connaissez dans ses longues amours
Et sa sourde tendresse et ses sourdes terreurs,
Et le commandement de ses lentes fureurs
Et le retournement des travaux et des jours,
Et le prosternement des palais et des tours,
Et le sang resté pur dans les mêmes horreurs,
Vous seule vous savez comme elle est maternelle,
La ville intempérante et pourtant salutaire.

Vous qui la connaissez dans le secret des coeurs
Et le sanglot secret de ses rugissements,
Dans la fidélité de ses attachements
Et dans l’humilité de ses plus grands vainqueurs,
Dans le sourd tremblement des plus ardents piqueurs
Et la foi qui régit ses accompagnements,
Et l’honneur qui régit tous ses engagements,
Et l’humeur qui régit ses plus grossiers moqueurs,
Vous seule vous savez comme elle est ponctuelle,
Votre ville servante et pourtant réfractaire.

Vous qui la connaissez dans ses secrets soupirs
Et dans les beaux regrets de ses arrachements,
Dans les roides rigueurs de ses empêchements,
Et dans le lent recul de ses longs avenirs,
Vous qui l’avez connue aux mains des triumvirs
Et la reconnaissez dans ses ménagements,
Jamais elle n’hésite au seuil de ses tourments
Et parfois elle hésite au seuil de ses plaisirs
Et seule vous savez comme elle est demoiselle,
La ville chancelante et jamais adultère.

Vous qui la connaissez dans le sang de ses rois
Et dans le vieux pavé des saintes barricades,
Et dans ses mardis-gras et dans ses cavalcades,
Et dans tous ses autels et dans toutes ses croix,
Vous qui la connaissez dans son pavé de bois
Teint du même carnage et dans ses embuscades
Et dans ses quais de Seine et dans ses estacades
Et dans ses dures moeurs et son respect des lois,
Vous seule vous savez comme elle est fraternelle,
La ville décevante et pourtant signataire.

Vous qui la connaissez dans la force des armes
Et dans la fermeté de ses relâchements,
Dans la sévérité de ses épanchements,
Dans sa muette angoisse et son fleuve de larmes,
Vous qui la connaissez dans ses sacrés vacarmes
Et dans la dureté de ses retranchements,
Et dans l’humilité de ses amendements,
Et sa sécurité dans les pires alarmes,
Vous seule vous savez comme elle est rituelle,
La ville défaillante et pourtant légataire.

Vous qui la connaissez dans les gamins des rues
Et dans la fermeté de ses commandements,
Dans la subtilité de ses entendements,
Dans ses secrets trésors et ses forces accrues,
Et dans ses vétérans et ses jeunes recrues,
Et dans la fixité de ses engagements,
Et dans la sûreté de ses dégagements,
Et dans le Pont-Royal et les énormes crues,
Vous seule commandez la haute caravelle,
La ville menaçante et la destinataire.

Vous qui la connaissez dans ses vieilles maisons
Et dans tous les faubourgs de ses prolongements,
Et dans tous les quartiers de ses morcellements,
Et dans l’antiquité de ses vieilles raisons,
Vous qui la connaissez dans ses beaux horizons
Et dans le sourd fracas de ses ébranlements,
Dans la sourde rumeur de ses assemblements,
Dans la porte et le mur de ses vieilles prisons,
Vous seule connaissez la flamme et l’étincelle,
La ville intelligente et pourtant volontaire.

Vous qui la connaissez dans ses vices patents
Et ses foyers cachés et ses vertus latentes,
Et dans ses longs espoirs et ses mornes attentes,
Et dans son municipe et dans ses habitants,
Vous qui la connaissez dans ses jours éclatants
Et dans le lourd immeuble et dans toutes ses tentes,
Et dans son vieux principe et dans ses mésententes,
Et dans son avarice et ses deniers comptants,
Vous seule vous savez qu’elle est sacramentelle,
La ville déférente et pourtant pamphlétaire.

Vous qui la connaissez dans ses pauvres misères
Et dans la vanité de ses accablements,
Dans la solidité de ses enchaînements,
Dans sa gendarmerie et dans ses garnisaires,
Vous qui la connaissez dans vos anniversaires,
Et dans le soir tombé de ses apaisements,
Dans la frivolité de ses amusements,
Et moins dans ses tenants que dans ses adversaires,
Vous seule vous savez comme elle est solennelle,
La ville éblouissante et pourtant grabataire.

Et quand aura volé la dernière hirondelle,
Et quand il s’agira d’un bien autre printemps,
Vous entrerez première et par les deux battants
Dans la cour de justice et dans la citadelle.

On vous regardera, comme étant la plus belle,
Le monde entier dira : C’est celle de Paris.
On ne verra que vous au céleste pourpris,
Et vous rendrez alors vos comptes de tutelle.


Les galopins diront : C’est une vieille femme.
Et les savants diront : Elle est de l’ancien temps.
Voici sa lourde ville et tous ses habitants.
Et voici sa houlette et le soin de son âme.

Vous vous avancerez dans votre antiquité.
On vous écoutera comme étant la doyenne
Et la plus villageoise et la plus citoyenne
Et comme ayant reçu la plus grande cité.

Seule vous parlerez lorsque tout se taira.

Et Dieu qui n’a jamais interloqué ses saints
Ni faussé sa parole et masqué ses desseins
Vous nommera sa fille et vous exaucera.


Car vous lui parlerez comme sa mandataire
Pour votre patronage et votre clientèle,
Et seule vous direz comme elle était fidèle,
La ville démocrate et pourtant feudataire.

 

54655 1395183881


texte de Charles Péguy :
La tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc

tableau : Sainte-Geneviève devant l'Hôtel de Ville, école française, début du XVIIe siècle, Musée Carnavalet

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