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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

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SALVE REGINA

1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 03:43
Pope Benedict XVI celebrates the First Vespers and Te Deum prayers ...

Pope Benedict XVI celebrates a New Year's Eve vespers service ...

Pope Benedict XVI celebrates a New Year's Eve vespers service ...

Pope Benedict XVI celebrates the First Vespers and Te Deum prayers ...



Pope Benedict XVI celebrates the First Vespers and Te Deum prayers in Saint Peter's Basilica at the Vatican December 31, 2009  News - Yahoo !
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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 23:00

A minuit, une nouvelle année se lève sur ce monde ; celle qui l'a précédée disparaît sans retour dans l'abîme de l'éternité.

Notre vie fait un pas, et la fin de toutes choses approche d'autant plus. La Liturgie, qui commence l'année ecclésiastique au premier Dimanche de l'Avent, n'a point produit de prières spéciales dans l'Eglise Romaine, pour accompagner ce renouvellement de l'année, au premier Janvier ; mais son esprit qui répond à toutes les situations de l'homme et de la société, nous avertit de ne pas laisser passer ce moment solennel sans offrir à Dieu le tribut de nos actions de grâces, pour les bienfaits qu'il a répandus sur nous dans le cours de l'année qui vient de finir.


Rome nous donne l'exemple. Aujourd'hui, le Souverain Pontife se rend en pompe à l'Eglise du Jésus, pour y assister au chant du Te Deum ; et la bénédiction du Saint-Sacrement vient confirmer cette solennelle action de grâces, et promettre de nouveaux dons. Des usages analogues ont lieu dans plusieurs de nos Eglises de France.


La seule Eglise gothique d'Espagne avait songé à associer les sentiments que nous exprimons à l'action même du saint Sacrifice ; et nous croyons être agréable à la piété de nos lecteurs, en donnant ici cette belle prière du Missel Mozarabe. Elle fait partie de la Messe du Dimanche qui précède la fête de l'Epiphanie.
 

ILLATIO 

Il est digne  et juste que  nous vous rendions grâce, Seigneur saint, Père éternel et tout-puissant, par Jésus-Christ, votre Fils, notre Seigneur, qui avant les temps né de vous, Dieu son Père, a créé le temps, avec vous et l'Esprit-Saint ; qui a daigné lui-même naître dans le temps, du sein de la Vierge Marie ; et qui, tout éternel qu'il est, a fixé les révolutions des années au moyen desquelles ce monde accomplit ses propres révolutions.

Il a divisé l'année en périodes certaines et harmonieuses, suivant lesquelles le soleil, fidèle aux lois qui règlent sa course, vient répandre sur le cercle de l'année une variété sans confusion.

Aujourd'hui, par l'offrande de nos dons, nous venons dédier à ce Dieu vivant, et la fin de l'année écoulée, et le commencement de celle qui la suit.

Par Lui, nous avons traversé le cours de celle-là ; par Lui, nous ouvrons le commencement de celle-ci.

Nous donc, qu'une dévotion commune et sainte a rassemblés en ce commencement de l'année, nous répandons devant vous, ô Dieu Père ! nos simples prières.

Dans la Nativité de votre Fils, vous avez fixé le point de départ de la supputation de nos temps ; faites que cette année soit pour nous une année favorable, et que nous en passions les jours dans votre service.

Couvrez la terre de moissons, rendez nos âmes et nos corps exempts de maladies et de péchés.

Otez les scandales, repoussez les ennemis, chassez la famine, et éloignez de nos frontières tous les fléaux qui pourraient nous nuire.

Par Jésus-Christ notre Seigneur

Amen

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


The Virgin Cardiotissa by Angelos Akotantos

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 05:00

Jusqu'ici, nous avons contemplé les Martyrs au berceau de l'Emmanuel. Etienne, qui a succombé sous les cailloux du torrent ; Jean, Martyr de désir, qui a passé par le feu ; les Innocents immolés par le glaive ; Thomas, égorgé sur le pavé de sa cathédrale : tels sont les champions qui font la garde auprès du nouveau Roi. Cependant, si nombreuse que soit la troupe des Martyrs, tous les fidèles du Christ ne sont pas appelés à faire partie de ce bataillon d'élite ; le corps de l'armée céleste se compose aussi des Confesseurs qui ont vaincu le monde, mais dans une victoire non sanglante. Si la place d'honneur n'est pas pour eux, ils ne doivent pas cependant être déshérités de l'avantage de servir leur Roi. La palme, il est vrai, n'est pas dans leurs mains ; mais la couronne de justice ceint leurs têtes. Celui qui les a couronnés se glorifie aussi de les voir à ses côtés.

Il était donc juste que la sainte Eglise, pour réunir, dans cette triomphante Octave, toutes les gloires du ciel et de la terre, inscrivît en ces jours, sur le Cycle, le nom d'un saint Confesseur qui dût représenter tous les autres. Ce Confesseur est Silvestre, Epoux de la sainte Eglise Romaine, et par elle de l'Eglise universelle, un Pontife au
règne long et pacifique, un serviteur du Christ orné de toutes les vertus, et donné au monde le lendemain de ces combats furieux qui avaient duré trois siècles, dans lesquels avaient triomphé, par le martyre, des millions de chrétiens, sous la conduite de nombreux Papes Martyrs, prédécesseurs de Silvestre.

Silvestre annonce aussi la Paix que le Christ est venu apporter au monde, et que les Anges ont chantée en Bethléhem. Il est l'ami de Constantin, il confirme le Concile de Nicée, il organise la discipline ecclésiastique pour l'ère de la Paix. Ses prédécesseurs ont représenté le Christ souffrant : il figure le Christ dans son triomphe. Il complète, dans cette Octave, le caractère du divin Enfant qui vient dans l'humilité des langes, exposé à la persécution d'Hérode, et cependant Prince de la Paix, et Père du siècle futur.

Lisons l'histoire de son tranquille Pontificat, dans le récit de la sainte Eglise. La nature de cet ouvrage exclut les discussions critiques ; c'est pourquoi nous ne dirons rien des difficultés qu'on a élevées sur le fait du Baptême de Constantin, à Rome, par saint Silvestre. Il suffira de rappeler que la tradition romaine, à ce sujet, est adoptée par de savants hommes, tels que Baronius, Schelestrate, Bianchini, Marangoni, Vignoli, etc.
 


Le Pape Sylvestre baptise Constantin par Pomarancio

Silvestre, Romain, fils de Rufin, fut placé, dès son bas âge, sous la discipline du prêtre Cyrinus, dont il imita parfaitement la doctrine et les mœurs. Pendant que sévissait la persécution, il vécut caché sur le mont Soracte. Agé de trente ans, il fut créé prêtre de la sainte Eglise Romaine par le Pape Marcellin.

S'étant acquitté de cet emploi d'une manière digne de louange, et surpassant en  mérite les  autres clercs, il succéda au Pape Melchiade, sous l'empire de Constantin.  Cet  empereur avait auparavant, par une loi publique, donné la paix à l'Eglise de Jésus-Christ. Déjà marqué par le ciel du signe de la Croix, et vainqueur de Maxence, il se fit le défenseur et le propagateur  de  la  religion chrétienne ; l'encourager  dans cette voie fut la grande œuvre à  laquelle  s'adonna le nouveau Pontife. Selon que le porte l'antique tradition de l'Eglise  Romaine, il fit reconnaître les portraits des Apôtres  à  l'empereur, le lava dans  le bain du saint baptême, et le guérit de la lèpre de l'infidélité.
 

Aussi, d'après les conseils de Silvestre, le pieux empereur confirma par son exemple le droit qu'il avait accordé aux chrétiens de bâtir publiquement leurs temples ; car il éleva un grand nombre de Basiliques, à savoir celle du Latran au Christ Sauveur, celle du Vatican à saint Pierre, celle de la voie d'Ostie à saint Paul, celles de saint Laurent dans l'Agro Verano, de Sainte-Croix au palais de Sessorius, des saints Pierre et Marcellin et de sainte Agnès sur les voies Lavicane et Nomentane, d'autres encore, qu'il orna splendidement d'images saintes et dota magnifiquement en possessions et privilèges.

Ce fut pendant son pontificat que se tint le premier Concile de Nicée, dans lequel, sous la présidence de ses légats, en présence de Constantin et de trois cent dix-huit Evêques, la sainte et catholique Foi fut expliquée, Arius et ses sectateurs condamnés ; et ce Concile fut confirmé par Silvestre, à la demande des Pères, dans un Synode tenu à Rome, où Arius fut condamné de nouveau. Silvestre fit aussi plusieurs décrets avantageux à l'Eglise de Dieu qui sont rapportés sous son nom ; savoir : que le Chrême serait fait par l'Evêque seul ; que le prêtre oindrait du Chrême le sommet de la tête du baptisé ; que les diacres se serviraient de la dalmatique dans l'Eglise, et porteraient sur le bras gauche un ornement de lin ; que le Sacrifice de l'autel se célébrerait sur un voile de lin.
 

Il prescrivit également, dit-on, à tous ceux qui seraient initiés aux Ordres, le temps durant lequel ils doivent exercer, chacun, les fonctions de leur Ordre dans l'Eglise, avant de monter à un degré plus élevé. Il interdit aux laïques la fonction d'accusateur public contre les clercs, et défendit aux clercs de plaider devant les juges séculiers. Retenant seulement le nom de Samedi et de Dimanche, il voulut que les autres jours de la semaine fussent appelés du nom de Fériés, comme il était déjà d'usage dans l'Eglise, pour signifier que les clercs doivent, chaque jour, vaquer uniquement au service de Dieu, et se dégager de tout autre soin.

L'admirable sainteté de sa vie, et sa bonté envers les pauvres, répondirent toujours à cette prudence céleste avec laquelle il gouvernait l'Eglise. Il veilla à ce que les clercs pauvres vécussent en commun avec les autres clercs plus riches, et que les vierges sacrées ne manquassent pas des choses nécessaires à la vie. Il vécut dans le pontificat vingt-un ans, dix mois et un jour. Il fut enseveli au cimetière de Priscille, sur la voie Salaria. Il célébra sept ordinations au mois de décembre, dans lesquelles il créa quarante-deux prêtres, vingt-cinq diacres, et soixante-cinq Evêques pour divers lieux.
 


L'Eglise Grecque célèbre saint Silvestre par des chants d'enthousiasme. On remarquera, dans les strophes que nous empruntons à ses Menées, qu'elle rapporte à ce grand Pontife tout l'honneur de la décision de Nicée, et qu'elle l'honore comme ayant détruit l'hérésie arienne.
 

In magno  Vespertino, et passim

Père, hiérarque, Silvestre ! saintement illuminé de la lumière de sainteté, tu as éclairé les fidèles par la lueur de tes enseignements ; tu leur as fait adorer l'unité de nature en trois personnes, et tu as chassé les ténèbres des hérésies : c'est pourquoi, aujourd'hui, nous chantons avec joie, dans des hymnes splendides, ta brillante mémoire.
 

Père qui portes Dieu, Silvestre ! visible colonne de feu, qui t'avances d'un pas sacré, à la tête de la sainte armée ; nuée dont l'ombre protège, qui fais sortir les fidèles des erreurs de l'Egypte par tes enseignements infaillibles, nous vénérons ta glorieuse et très sacrée mémoire.
 

Père aux paroles divines, Silvestre ! par le torrent de tes prières, tu as arrêté et emprisonné le dragon aux mille formes. Homme admirable et sacré, tu as conduit à Dieu des multitudes de païens, tu as humilié l'audace des Juifs, opérant sous leurs yeux de grands miracles : c'est pourquoi nous t'honorons et te proclamons bienheureux.
 

Divinement obéissant à la loi divine, divinement orné de la science des Ecritures inspirées, tu as enseigné la vérité aux sages des païens ; tu leur as appris à confesser le Christ avec le Père et l'Esprit, et à répéter : Chantons au Seigneur, car il a fait éclater magnifiquement sa gloire.

Hiérarque inspiré de Dieu, Silvestre notre père ! tu as paru donnant l'onction aux Pontifes dans l'Esprit divin, et illuminant les peuples, ô homme très sacré ! Tu as mis en fuite l'erreur des hérésies, tu as fait paître le troupeau, et jaillir les eaux fertilisantes de la piété sur les moissons appelées à la connaissance de Dieu.

Par l'habileté de tes discours, tu as délié à jamais les vains nœuds de l'erreur ; ceux que l'erreur avait enchaînés, tu les as enchaînés toi-même à la divine foi, ouvrant leur âme, ô Père et bienheureux hiérarque , à l'explication des Ecritures.
 

Tu as rendu immobile par tes prières, tu as renfermé pour jamais le serpent de malice, qui, dans son envie, infectait de son haleine ceux qui approchaient de toi, ô bienheureux. ! toi qui as imposé à la demeure des dragons le sceau de la croix, plus inviolable pour eux que les  portes et  les  verrous.


Pontife suprême de l'Eglise de Jésus-Christ, vous avez donc été choisi entre tous vos frères pour décorer de vos glorieux mérites la sainte Octave de la Naissance de l'Emmanuel.

Vous y représentez dignement le chœur immense des Confesseurs, vous qui avez tenu, avec tant de vigueur et de fidélité, le gouvernail de l'Eglise après la tempête. Le diadème pontifical orne votre front ; et la splendeur du ciel se réfléchit sur les pierres précieuses dont il est semé. Les clefs du Royaume des cieux sont entre vos mains : et vous l'ouvrez pour y faire entrer les restes de la gentilité qui passent à la foi du Christ ; et vous le fermez aux Ariens, dans cet auguste Concile de Nicée, où vous présidez par vos Légats, et auquel vous donnez autorité, en le confirmant de votre suffrage apostolique.

Bientôt des tempêtes furieuses se déchaîneront de nouveau contre l'Eglise ; les vagues de l'hérésie viendront battre la barque de Pierre ; vous serez déjà rendu au sein de Dieu ; mais vous veillerez, avec Pierre, sur la pureté de la Foi Romaine. Vous soutiendrez Jules, vous sauverez Libère ; et, par vos prières, l'Eglise Romaine sera le port où Athanase trouvera enfin quelques heures de paix.


Sous votre règne pacifique, Rome chrétienne reçoit le prix de son long martyre. Elle est reconnue Reine de l'humanité chrétienne, et son empire le seul empire universel. Le fils de votre zèle, Constantin, s'éloigne de cette ville de Romulus, aujourd'hui la cité de  Pierre ;  la seconde
majesté ne veut pas être éclipsée par la première ; et, Byzance fondée, Rome demeure aux mains de son Pontife.

Les temples des faux dieux croulent, et font place aux basiliques chrétiennes qui reçoivent la dépouille triomphale des saints Apôtres et des Martyrs. Enfin, la victoire de l'Eglise sur le Prince de ce monde est marquée, ô Silvestre, par la défaite de ce dragon qui infectait les hommes de son haleine empoisonnée, et que votre bras enchaîna pour jamais.


Etant honoré de dons si merveilleux, ô Vicaire du Christ, souvenez-vous de ce peuple chrétien qui a été le vôtre. Dans ces jours, il vous demande de l'initier au divin mystère du Christ Enfant. Par le sublime symbole qui contient la foi de Nicée, et que vous avez confirmé et promulgué dans toute l'Eglise, vous nous apprenez à le reconnaître Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, engendré et non fait, consubstantiel au Père.

Vous nous conviez à venir adorer cet Enfant, comme Celui par qui toutes choses ont été faites. Confesseur du Christ, daignez nous présenter à lui, comme l'ont daigné faire les Martyrs qui vous ont précédé. Demandez-lui de bénir nos désirs de vertu, de nous conserver dans son amour, de nous donner la victoire sur le monde et nos passions, de nous garder cette couronne de justice à laquelle nous osons aspirer, pour prix de notre Confession.


Pontife de la Paix, du séjour tranquille où vous vous reposez, considérez l'Eglise de Dieu agitée par les plus affreuses tourmentes, et sollicitez Jésus, le Prince de la Paix, de mettre fin à de si cruelles agitations. Abaissez vos regards sur cette Rome que vous aimez et qui garde si chèrement votre mémoire ;  protégez,  dirigez  son
Pontife.

Qu'elle triomphe de l'astuce des politiques, de la violence des tyrans, des embûches des hérétiques, de la perfidie des schismatiques, de l'indifférence des mondains, de la mollesse des chrétiens.

Qu'elle soit honorée, qu'elle soit aimée, qu'elle soit obéie.

Que la majesté du sacerdoce se relève ; que la puissance spirituelle s'affranchisse, que la force et la charité se donnent la main ; que le règne de Dieu commence enfin sur la terre, et qu'il n'y ait plus qu'un troupeau et qu'un Pasteur.


Veillez, ô Silvestre, sur le sacré dépôt de la foi que vous avez conservé avec tant d'intégrité ; que sa lumière triomphe de tous ces faux et audacieux systèmes qui s'élèvent de toutes parts, comme les rêves de l'homme dans son orgueil. Que toute intelligence créée s'abaisse sous le joug des mystères, sans lesquels la sagesse humaine n'est que ténèbres ; que Jésus, Fils de Dieu, Fils de Marie, règne enfin, par son Eglise, sur les esprits et sur les coeurs.


Priez pour Byzance, autrefois appelée la nouvelle Rome, et devenue sitôt la capitale des hérésies, le triste théâtre de la dégradation du Christianisme. Obtenez que les temps de son humiliation soient abrégés. Qu'elle revoie les jours de l'unité ; qu'elle consente enfin à honorer le Christ dans son Vicaire ; qu'elle obéisse, afin d'être sauvée. Que les races égarées et perdues par son influence, recouvrent cette dignité humaine que la pureté de la foi seule maintient, que seule elle peut régénérer.


Enfin, ô vainqueur de Satan, retenez le Dragon infernal dans la prison où vous l'avez enfermé ; brisez son orgueil, déjouez ses plans ; veillez à ce qu'il ne séduise plus les peuples ; mais que tous
les enfants de l'Eglise, selon la parole de Pierre, votre prédécesseur, lui résistent par la force de leur Foi.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Madonna by mosaic artist

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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 11:00

Considérons, dans ce sixième jour de la Naissance de notre Emmanuel, le divin Enfant étendu dans la crèche d'une étable, et réchauffé par l'haleine de deux animaux. Isaïe l'avait annoncé : "le bœuf, avait-il dit, connaîtra son maître, et l'âne la crèche de son seigneur ; Israël ne me connaîtra pas". Telle est l'entrée en ce monde du grand Dieu qui a fait ce monde. L'habitation des hommes lui est fermée par leur dureté et leur mépris : une étable lui offre seule un abri hospitalier, et il vient au jour dans la compagnie des êtres dépourvus de raison.

Mais ces animaux sont son ouvrage. Il les avait assujettis à l'homme innocent. Cette création inférieure devait être vivifiée et ennoblie par l'homme ; et le péché est venu briser cette harmonie. Toutefois , comme nous l'enseigne l'Apôtre , elle n'est point restée insensible à la dégradation forcée que le pécheur lui fait subir. Elle ne se soumet à lui qu'avec résistance ; elle le châtie souvent avec justice ; et au jour du jugement, elle s'unira à Dieu pour tirer vengeance de l'iniquité à laquelle trop longtemps elle est demeurée asservie.

Aujourd'hui, le Fils de Dieu visite cette partie de son oeuvre ; les hommes ne l'ayant pas reçu, il se confie à ces êtres sans raison ; c'est de leur demeure qu'il partira pour commencer sa course ; et les premiers hommes qu'il appelle à le reconnaître et à l'adorer, sont des pasteurs de troupeaux, des cœurs simples qui ne se sont point souillés à respirer l'air des cités.


Le bœuf, symbole prophétique qui figure auprès du trône de Dieu dans le ciel, comme nous l'apprennent à la fois Ezéchiel et saint Jean, est
ici l'emblème des sacrifices de la Loi. Sur l'autel du Temple, le sang des taureaux a coulé par torrents ; hostie incomplète et grossière, que le monde offrait dans l'attente de la vraie victime. Dans la crèche, Jésus s'adresse à son Père et dit : Les holocaustes des taureaux et des agneaux ne vous ont point apaisé ; me voici.

Un autre Prophète annonçant le triomphe pacifique du Roi plein de douceur, le montrait faisant son entrée dans Sion sur l'âne et le fils de l'ânesse. Un jour cet oracle s'accomplira comme les autres ; en attendant, le Père céleste place son Fils entre l'instrument de son pacifique triomphe et le symbole de son sacrifice sanglant.


Telle a donc été, ô Jésus ! créateur du ciel et de la terre, votre entrée dans ce monde que vous avez formé. La création tout entière, qui eût dû venir à votre rencontre, ne s'est pas ébranlée ; aucune porte ne vous a été ouverte ; les hommes ont pris leur sommeil avec indifférence, et lorsque Marie vous eut déposé dans une crèche, vos premiers regards y rencontrèrent les animaux, esclaves de l'homme. Toutefois, cette vue ne blessa point votre cœur ; vous ne méprisez point l'ouvrage de vos mains ; mais ce qui afflige ce cœur, c'est la présence du péché dans nos âmes, c'est la vue de votre ennemi qui tant de fois est venu y troubler votre repos. Nous serons fidèles, ô Emmanuel, à suivre l'exemple de ces êtres insensibles que nous recommande votre Prophète : nous voulons toujours vous reconnaître comme notre Maître et notre Seigneur. C'est à nous qu'il appartient de donner une voix à toute la nature, de l'animer, de la sanctifier, de la diriger vers vous ; nous ne laisserons plus le concert de vos
créatures monter vers vous, sans y joindre désormais l'hommage de nos adorations et de nos actions de grâces.


Pour rendre nos hommages au divin Enfant, insérons ici cette Séquence qui est d'Adam de Saint-Victor, et l'une des plus mystérieuses que l'on rencontre dans les Missels du moyen âge.

 

SEQUENCE
 

Celui qui est la splendeur du Père et sa forme incréée, a pris la forme de l'homme.

 

Sa puissance, et non la nature, a rendu féconde une vierge.

 

Que le vieil Adam se console enfin ; qu'il chante un cantique nouveau.

 

Longtemps fugitif et captif, qu'il paraisse au grand jour.

 

Eve enfanta le deuil ; une vierge, dans l'allégresse, enfante le fruit de vie.

 

Et ce fruit n'a point lésé le sceau de sa virginité.

 

Si le cristal humide est offert aux feux du soleil, le rayon scintille au travers ;

 

Et le cristal  n'est point rompu : ainsi  n'est  point brisé le sceau de la pudeur dans l'enfantement de la Vierge.

 

A cette naissance, la nature est dans l'étonnement, la raison est confondue.

 

C'est chose inénarrable, cette génération du Christ, si pleine d'amour et si humble.

 

D'une branche aride sont sorties la feuille, la fleur et la noix ; et de la Vierge pudique, le Fils de Dieu.

 

La toison a porté la rosée céleste, la créature le Créateur, rédempteur de la créature.

 

La feuille, la fleur, la noix, la rosée : emblèmes mystérieux de l'amour du Sauveur.

 

Le Christ est la feuille qui protège, la fleur qui embaume, la noix qui nourrit, la rosée de céleste grâce.

 

Pourquoi l'enfantement de la Vierge est-il un scandale, quand on a vu l'amandier fleurir sur une verge desséchée?

 

Contemplons encore la noix ; car la noix, mise en lumière, offre un mystère de lumière.

 

En elle trois choses sont réunies ; elle nous présente trois bienfaits : onction, lumière, aliment.

 

La noix est le Christ ; l'écorce amère de la noix est la croix dure à la chair ; l'enveloppe marque le corps.

 

La divinité, revêtue de chair, la suavité du Christ, c'est le fruit caché dans la noix.

 

Le Christ, c'est la lumière des aveugles, l'onction des infirmes, le baume des coeurs pieux.

 

Oh ! qu'il est suave, ce mystère qui change la chair, cette herbe fragile, en divin froment pour les fidèles !

 

Ceux que, dans cette vie, tu nourris, ô Jésus ! sous les voiles de ton Sacrement, rassasie-les un jour de l'éclat de ta face.

 

Amen


L'Eglise Syrienne, ayant pour chantre saint Ephrem, nous offre cette Hymne du saint Diacre d'Edesse, à laquelle nous empruntons les strophes suivantes :

 

HYMNE
 

Quel mortel saura jamais le nom qu'il faut donner, Seigneur, à celle qui fut ta Mère ? Vierge ? Son fils était sous les yeux de tous. Epouse ? Nul ne célébra jamais les noces charnelles avec Marie.

 

L'intelligence ne peut atteindre jusqu'à ta Mère:  qui donc pourrait te comprendre toi-même ? Si je considère Marie seule en ce monde, elle est ta Mère : si je la confonds avec le reste des femmes, elle est ta Sœur.

 

Oui, elle est vraiment ta Mère, et parmi les chœurs des saintes femmes, elle est ta Sœur et ton Epouse ; tu l'as honorée en toutes manières, toi, la gloire de celle qui t'enfanta.

 

Elle te fut donnée pour épouse avant ta venue en ce monde ; tu vins, et elle te conçut ; tout surpasse, en ce mystère, les forces de la nature : et son enfantement, et la permanence de son titre virginal.

 

Marie connut toutes les prérogatives de l'épouse. Sans le secours de l'homme, son fils s'anima dans son sein ; le lait des mères abonda dans ses mamelles. Tu dis, et aussitôt cette blanche fontaine jaillit, comme une source, du sein d'une terre altérée.

 

Soutenue par ta présence au milieu d'elle-même, ta Mère trouva des forces pour te porter, et ce fardeau ne l'écrasa jamais ; elle t'offrit la nourriture, à toi qui voulais avoir faim ; elle te présenta le breuvage, à toi qui, volontairement, connaissais la soif.

Désirait-elle te presser contre son cœur ? Ta tendresse lui accordait cette faveur. Tu daignais alors tempérer l'ardeur de tes feux, pour ne pas consumer sa poitrine.
 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Madre della Consolazione by Nikolaos Tsafouris

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30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 05:20

Nous donnons le nom de Temps de Noël à l'intervalle de quarante jours qui s'étend depuis la Nativité de notre Seigneur, le 25 décembre, jusqu'à la Purification de la sainte Vierge, le 2 février. Cette période forme, dans l'Année Liturgique, un ensemble spécial, comme l'Avent, le Carême, le Temps Pascal, etc. ; la célébration d'un même mystère y domine tout, et ni les fêtes des Saints qui se pressent dans cette saison, ni l'occurrence encore assez fréquente de la Septuagésime, avec ses sombres couleurs, ne paraissent distraire l'Eglise de la joie immense que lui ont évangélisée les Anges, dans cette nuit radieuse attendue par le genre humain durant quatre mille ans, et dont la commémoration liturgique a été précédée du deuil des quatre semaines qui forment l'Avent.

Le coutume de célébrer par quarante jours de fête ou  de  mémoire  spéciale la  solennité de la
Naissance du Sauveur, est fondée sur le saint Evangile lui-même, qui nous apprend que la très pure Marie, après quarante jours passés dans la contemplation du doux fruit de sa glorieuse maternité, se rendit au Temple pour y accomplir, dans une humilité parfaite, tout ce que la loi prescrivait au commun des femmes d'Israël, quand elles étaient devenues mères.

La commémoration de la Purification de Marie est donc indissolublement liée à celle de la Naissance même du Sauveur ; et l'usage de célébrer cette sainte et joyeuse quarantaine parait être d'une haute antiquité dans l'Eglise romaine. D'abord, pour ce qui est de la Nativité du Sauveur au 25 décembre, saint Jean Chrysostome, dans son Homélie sur cette Fête, nous apprend que les Occidentaux l'avaient dès l'origine célébrée en ce jour. Il s'arrête même à justifier cette tradition, en faisant observer que l'Eglise romaine avait eu tous les moyens de connaître le véritable jour de la naissance du Sauveur, puisque les actes du dénombrement exécuté par l'ordre d'Auguste en Judée se conservaient dans les archives publiques de Rome. Le saint Docteur propose un second argument tiré de l'Evangile de saint Luc, en faisant remarquer que, d'après l'écrivain sacré, ce dut être au jeûne du mois de septembre que le Prêtre Zacharie eut dans le Temple la vision, à la suite de laquelle son épouse Elisabeth conçut saint Jean-Baptiste : d'où il suit que la très sainte Vierge Marie ayant elle-même, suivant le récit du même saint Luc, reçu la visite de l'Archange Gabriel et conçu le Sauveur du monde au sixième mois de la grossesse d'Elisabeth, c'est-à-dire en mars, elle devait l'enfanter au mois de décembre.


Les Eglises d'Orient, néanmoins, ne commencèrent
qu'au quatrième siècle à célébrer la Nativité de notre Seigneur au mois de décembre. Jusqu'alors elles l'avaient solennisée, tantôt au six de janvier, en la confondant, sous le nom générique d'Epiphanie, avec la Manifestation du Sauveur aux Gentils, en la personne des Mages ; tantôt, si l'on en croit Clément d'Alexandrie, au  25 du mois Pachon (15 de mai), ou au 25 du mois Pharmuth (20 avril). Saint Jean Chrysostome dans l'Homélie que nous venons de citer, et qu'il prononça en 386, atteste que l'usage de célébrer avec l'Eglise romaine la Naissance du Sauveur au 25 décembre, ne datait encore que de dix ans dans l'Eglise d'Antioche. Ce changement paraît avoir été intimé par l'autorité du Siège Apostolique, à laquelle vint se joindre, vers la fin du quatrième siècle, un édit des Empereurs Théodose et Valentinien, qui décrétait la distinction des deux fêtes de la Nativité et de l'Epiphanie. La seule Eglise d'Arménie a gardé l'usage de célébrer au 6 janvier ce double mystère ; sans doute parce que ce pays était indépendant de l'autorité des Empereurs, et qu'il fut d'ailleurs soustrait de bonne heure par le schisme et l'hérésie aux influences de l'Eglise romaine.

La fête de la Purification de la sainte Vierge, qui clôt les quarante jours de Noël, paraît remonter dans l'Eglise latine à une si haute antiquité, qu'il est impossible d'assigner l'époque précise de son institution. Tous les liturgistes conviennent qu'elle est la plus ancienne des fêtes de la sainte Vierge, et qu'ayant son principe dans le récit même de l'Evangile, il est naturel qu'elle ait été célébrée dès les premiers siècles du Christianisme. Ceci doit s'entendre de l'Eglise romaine : car, pour ce qui est de l’Eglise  orientale,  nous  n'y
voyons cette fête définitivement établie au 2 février que sous l'empire de Justinien, au VIe siècle. Il est vrai qu'antérieurement à cette époque, la commémoration du mystère lui-même semblé n'avoir pas été totalement inconnue aux Orientaux ; mais elle n'était pas d'un usage aussi universel ; et, pour l'ordinaire, on la célébrait peu après la fête de Noël, et non au propre jour auquel la Mère de Dieu monta au Temple pour accomplir la loi.

Si maintenant nous venons à considérer le caractère du Temps de Noël dans la Liturgie latine, nous sommes à même de reconnaître que ce temps est spécialement voué à la jubilation qu'excite dans toute l'Eglise l'avènement du Verbe divin dans la chair, et particulièrement consacré aux félicitations qui sont dues à la très pure Marie pour l'honneur de sa maternité. Cette double pensée d'un Dieu enfant et d'une Mère vierge se trouve exprimée à chaque instant dans les prières et dans les usages de la Liturgie.



Les Grecs font aussi, dans leurs Offices, de fréquentes Mémoires de la maternité de Marie, dans toute cette saison ; mais ils ont surtout une vénération spéciale pour les douze jours qui s'écoulent de la fête de Noël à celle de l'Epiphanie : intervalle désigné dans leur Liturgie sous le nom de Dodécaméron. Durant ce temps, ils ne gardent aucune abstinence de viande ; et les Empereurs d'Orient avaient même statué que, pour le respect d'un si grand mystère, les œuvres serviles seraient interdites, et que les tribunaux eux-mêmes vaqueraient jusqu'après le 6 janvier.
Telles sont les particularités historiques et les faits positifs qui servent à déterminer le caractère spécial de cette seconde partition de l'Année liturgique que nous désignons sous le nom de Temps de Noël.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Haghiosoritissa - The Madonna as Advocate

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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 11:15

La lettre qu'on va lire fut écrite par un Français, Pierre de Blois, Archidiacre de Bath, et adressée aux Chanoines de Beauvoir, peu de jours après le martyre du Saint, quand son sang était encore chaud sur le pavé de l'Eglise Primatiale de l'Angleterre. Cette lettre est un cri de victoire ; mais combien la victoire de l'Eglise, dans laquelle elle ne verse d'autre sang que le sien, est pure et paisible !

« Il est décédé, le Pasteur de nos âmes, lui  dont je voulais pleurer le trépas ; mais que dis-je? il s'est retiré plutôt qu'il n'est décédé ; il  s'en est allé, il n'est pas mort. En effet, la mort  par laquelle le Seigneur a glorifié son Saint  n'est pas une mort, mais un sommeil. C'est un  port, c'est la porte de la vie, l'entrée dans les  délices de la patrie céleste, dans les puissances  du Seigneur, dans l'abîme de l'éternelle clarté.


« Prêt à partir pour un voyage lointain, il a pris a avec lui les subsides de la route, pour revenir à  la pleine lune. Son âme, qui s'est retirée de son  corps riche de mérites, rentrera, opulente, dans  cette ancienne demeure, au jour de la résurrection générale. La mort envieuse et pleine de  ruse a voulu voir si, dans ce trésor, il se trouvait quelque chose qui appartînt à son domaine.  Lui, en homme prudent et circonspect, n'avait  pas voulu risquer sa vraie vie. Dès longtemps il désirait la dissolution de son corps pour être  avec Jésus-Christ ; dès longtemps il aspirait à  sortir de ce corps de mort. Il a donc jeté un peu  de poussière à la face de cette vieille ennemie,  comme un tribut. C'est de là qu'est sortie cette  rumeur populaire et fausse qu'une bête féroce  avait dévoré Joseph. La tunique dont on l'a  dépouillé n'était donc qu'une fausse messagère  de sa mort ; car Joseph est vivant, et il domine  sur toute la terre d'Egypte. Sa bienheureuse  âme, débarrassée de l'enveloppe de cette poussière corruptible, s'est envolée libre au ciel.


« Oui, il a été appelé au ciel, cet homme dont  le monde n'était pas digne. Cette lumière n'est  pas éteinte ; un souffle passager l'a inclinée, afin  qu'elle brillât ensuite avec plus de clarté, afin  qu'elle ne fût plus sous le boisseau, mais éclatât davantage aux yeux de ceux qui sont dans la maison. Aux regards des insensés il a paru mourir ; mais sa vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu. La mort a semblé l'avoir vaincu et dévoré ; mais la mort a été ensevelie dans a son triomphe. Vous lui avez accordé, Seigneur, le désir de son cœur ; car longtemps il milita pour vous, fidèle à votre service, à travers les voies les plus dures.  Dès son adolescence, il
montra la maturité de la vieillesse ; et on le vit réprimer les révoltes de la chair par les veilles, par les jeûnes, par les disciplines, par le cilice et la garde d'une continence perpétuelle.

« Le Seigneur se le choisit pour Pontife, afin qu'il fût, au milieu de son peuple, un chef, un docteur, un miroir de vie, un modèle de pénitence, un exemplaire de sainteté. Le Dieu des sciences lui avait donné une langue éloquente, et avait répandu en lui avec abondance l'esprit d'intelligence et de sagesse, afin qu'il fût entre les doctes le plus docte, entre les sages le plus sage, entre les bons le meilleur, entre les grands le plus grand. Il était le héraut de la parole divine, la trompette de l'Evangile, l'ami de l'Époux, la colonne du clergé, l'œil de l'aveugle, le pied du boiteux, le sel de la terre, la lumière de la patrie, le ministre du Très-Haut, le vicaire du Christ, le Christ même du Seigneur.


« Il était droit dans le jugement, habile dans le gouvernement, discret dans le commandement, modeste dans le parler, circonspect dans les conseils, tempérant dans la nourriture, pacifique dans la colère, un ange dans la chair, doux au milieu des injures, timide dans la prospérité, ferme dans l'adversité, prodigue dans les aumônes, tout entier à la miséricorde. Il était la gloire des moines, les délices du peuple, la terreur des princes, le Dieu de Pharaon. D'autres, quand ils sont élevés sur le siège éminent de l'Episcopat, se montrent tout aussitôt enclins à flatter la chair ; ils craignent toute souffrance du corps comme un supplice ; leur désir en toutes choses est de jouir longtemps de la vie. Celui-ci, au contraire, dès le jour de sa promotion, désira avec passion la fin de cette vie, ou
plutôt le commencement d'une vie meilleure ; c'est pour cela que, se revêtant de la livrée du pèlerin, il a bu, sur la voie, l'eau du torrent, et pour cela, son nom est élevé en gloire dans la patrie. Ainsi, nos seigneurs et frères, les Moines de l'Eglise cathédrale, sont-ils devenus tout à coup des pupilles qui ont perdu leur Père. » 


Le seizième siècle vint encore ajouter à la gloire de saint Thomas, lorsque l'ennemi de Dieu et des hommes, Henri VIII d'Angleterre, osa poursuivre de sa tyrannie le Martyr de la Liberté de l'Eglise jusque dans la châsse splendide où il recevait depuis près de quatre siècles les hommages de la vénération de l'univers chrétien. Les sacrés ossements du Pontife égorgé pour la justice  furent arrachés de l'autel ; un procès monstrueux fut instruit contre le Père de la patrie, et une sentence impie déclara Thomas criminel de lèse-majesté royale. Ces restes précieux furent placés sur un bûcher ; et dans ce second martyre, le feu dévora la glorieuse dépouille de l'homme simple et fort dont l'intercession  attirait  sur l'Angleterre les regards et la protection du ciel. Aussi, il était juste que la contrée qui  devait perdre la foi par une désolante apostasie ne gardât pas dans son sein un trésor qui n'était plus estimé à son prix ; et d'ailleurs le siège de Cantorbéry était souillé. Cranmer s'asseyait sur la  chaire des Augustin,  des Dunstan, des Lanfranc, des Anselme, de Thomas enfin ; et le saint Martyr, regardant autour de lui, n'avait trouvé parmi ses frères de cette génération que le seul Jean Fischer, qui consentît à le suivre jusqu'au martyre.  Mais ce dernier sacrifice, tout glorieux qu'il fût, ne sauva rien. Dès longtemps la Liberté de l'Eglise avait péri en Angleterre : la foi n'avait plus qu'à s'éteindre.
 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



Reliquaire de Saint Thomas Becket

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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 05:00

Un nouveau Martyr vient réclamer sa place auprès du berceau de l'Enfant-Dieu. Il n'appartient point au premier âge de l'Eglise ; son nom n'est point écrit dans les livres du Nouveau Testament, comme ceux d'Etienne, de Jean, et des enfants de Bethléhem. Néanmoins, il occupe un des premiers rangs dans cette légion de Martyrs qui n'a cessé de se recruter à chaque siècle, et qui atteste la fécondité de l'Eglise et la force immortelle dont l'a douée son divin auteur. Ce glorieux Martyr n'a pas versé son sang pour la foi ; il n'a point été amené devant les païens, ou les hérétiques, pour confesser les dogmes révélés par Jésus-Christ et proclamés par l'Eglise. Des mains chrétiennes l'ont immolé ; un roi catholique a prononcé son arrêt de mort ; il a été abandonné et maudit par le grand nombre de ses frères, dans son propre pays : comment donc est-il Martyr ? comment a-t-il mérité la palme d'Etienne ? C'est qu'il a été le Martyr de la Liberté de l'Eglise.

En effet, tous les fidèles de Jésus-Christ sont appelés à l'honneur du martyre, pour confesser les dogmes dont ils ont reçu l'initiation au Baptême. Les droits du Christ qui les a adoptés pour ses frères s'étendent jusque-là. Ce témoignage n'est pas exigé de tous ; mais tous doivent être prêts de rendre, sous peine de la mort éternelle dont la grâce du Sauveur les a rachetés. Un tel devoir est, à plus forte raison, imposé aux pasteurs de l'Eglise ; il est la garantie de l'enseignement qu'ils donnent à leur propre troupeau : aussi, les annales de l'Eglise sont-elles couvertes, à chaque page, des noms triomphants de tant de saints Evêques qui ont, pour dernier dévouement, arrosé de leur sang le champ que leurs mains avaient fécondé, et donné, en cette manière, le suprême degré d'autorité à leur parole.

Mais si les simples fidèles sont tenus d'acquitter la grande dette de la foi par l'effusion de leur sang ; s'ils doivent à l'Eglise de confesser, à travers toute sorte de périls, les liens sacrés qui les unissent à elle, et par elle, à Jésus-Christ, les pasteurs ont un devoir de plus à remplir, le devoir de confesser la Liberté de l'Eglise.

Ce mot de Liberté de l’Eglise sonne mal aux oreilles des politiques. Ils y voient tout aussitôt l'annonce d'une conspiration ; le monde, de son côté, y trouve un sujet de scandale, et répète les grands mots d'ambition sacerdotale ; les gens timides commencent à trembler, et vous disent que tant que la foi n'est pas attaquée, rien n'est en péril. Malgré tout cela, l'Eglise place sur ses autels et associe à saint Etienne, à saint Jean, aux saints Innocents, cet Archevêque anglais du XIIe siècle, égorgé dans sa Cathédrale pour la défense des droits extérieurs du sacerdoce.

Elle chérit la belle
maxime de saint Anselme, l'un des prédécesseurs de saint Thomas, que Dieu n'aime rien tant en ce monde que la Liberté de son Eglise ; et au XIXe siècle, comme au XIIe, le Siège Apostolique s'écrie, par la bouche de Pie VIII, comme elle l'eût fait par celle de saint Grégoire VII : "C'est par l'institution même de Dieu que l'Eglise, Epouse sans tache de l'Agneau immaculé Jésus-Christ, est LIBRE, et qu'elle n'est soumise à aucune puissance terrestre."

Or, cette Liberté sacrée consiste en la complète indépendance de l'Eglise à l'égard de toute puissance séculière, dans le ministère de la Parole, qu'elle doit pouvoir prêcher, comme parle l'Apôtre, à temps et à contre-temps, à toute espèce de personnes, sans distinction de nations, de races, d'âge, ni de sexe ; dans l'administration de ses Sacrements, auxquels elle doit appeler tous les hommes sans exception, pour les sauver tous ; dans la pratique, sans contrôle étranger, des conseils aussi bien que des préceptes évangéliques ; dans les relations, dégagées de toute entrave, entre les divers degrés de sa divine hiérarchie ; dans la publication et l'application des ordonnances de sa discipline ; dans le maintien et le développement des institutions qu'elle a créées ; dans la conservation et l'administration de son patrimoine temporel ; enfin dans la défense des privilèges que l'autorité séculière elle-même lui a reconnus, pour assurer l'aisance et la considération de son ministère de paix et de charité sur les peuples.

Telle est la Liberté de l'Eglise : et qui ne voit qu'elle est le boulevard du sanctuaire  lui-même ; que toute atteinte qui lui serait portée peut mettre à découvert la hiérarchie, et jusqu'au dogme lui-même ? Le Pasteur doit donc la défendre d'office, cette sainte Liberté : il ne doit ni fuir, comme le mercenaire ; ni se taire, comme ces chiens muets qui ne savent pas aboyer, dont parle Isaïe. Il est la sentinelle d'Israël ; il ne doit pas attendre que l'ennemi soit entré dans la place pour jeter le cri d'alarme,  et pour offrir ses mains  aux chaînes, et sa tête au glaive. Le devoir de donner sa vie pour son troupeau commence pour lui du moment où l'ennemi assiège ces postes avancés, dont la franchise assure le repos de la cité tout entière. Que si cette résistance entraîne de graves conséquences, c'est alors qu'il faut se rappeler ces belles paroles de Bossuet, dans son sublime Panégyrique de saint Thomas de Cantorbéry,  que nous voudrions pouvoir ici citer tout entier :

« C'est une loi établie,  dit-il, que l'Eglise ne peut  jouir d'aucun avantage qui ne lui coûte la mort de ses enfants, et que, pour affermir ses  droits, il faut qu'elle répande du sang. Son  Epoux l'a rachetée par le sang qu'il a versé pour elle, et il veut qu'elle achète par un prix semblable les grâces qu'il lui accorde. C'est par le sang des Martyrs qu'elle a étendu ses conquêtes bien loin au-delà de l'empire romain ; son sang lui a procuré et la paix dont elle a joui sous les empereurs chrétiens, et la victoire qu'elle a remportée sur les empereurs infidèles. Il paraît donc qu'elle devait du sang à l'affermissement de son autorité, comme elle en avait donné à l'établissement de sa doctrine ; et ainsi la discipline, aussi bien que la foi de l'Eglise, a dû avoir ses Martyrs.»

Il ne s'est donc pas agi, pour saint Thomas et pour tant d'autres Martyrs de la Liberté ecclésiastique, de. considérer la faiblesse des moyens qu'on pourrait opposer aux envahissements des droits de l'Eglise. L'élément du martyre est la simplicité unie à la force ; et n'est-ce pas pour cela que de si belles palmes ont été cueillies par de simples fidèles, par de jeunes vierges, par des enfants ? Dieu a mis au coeur du chrétien un élément de résistance humble et inflexible qui brise toujours toute autre force. Quelle inviolable fidélité l'Esprit-Saint n'inspire-t-il pas à l'âme de ses pasteurs qu'il établit comme les Epoux de son Eglise, et comme autant de murs imprenables de sa chère Jérusalem ?

« Thomas, dit encore l'Evêque de Meaux, ne cède pas à l'iniquité, sous prétexte qu'elle est armée et soutenue d'une main royale ; au contraire, lui voyant prendre son cours d'un lieu éminent, d'où elle peut se répandre avec plus de force, il se croit plus obligé de s'élever contre, comme une digue que l'on  élève à mesure que l'on voit les ondes enflées.»

Mais, dans cette lutte, le Pasteur périra peut-être ? Et, sans doute, il pourra obtenir cet insigne honneur. Dans sa lutte contre le monde, dans cette victoire que le Christ a remportée pour nous, il a versé son sang, il est mort sur une croix ; et les Martyrs sont morts aussi ; mais l'Eglise, arrosée du sang de Jésus-Christ, cimentée par le sang des Martyrs, peut-elle se passer toujours de ce bain salutaire qui ranime sa vigueur, et forme sa pourpre royale ? Thomas l'a compris ; et cet homme, dont les sens sont mortifiés par une pénitence assidue, dont les affections en ce monde sont crucifiées par toutes les privations et toutes les
adversités, a dans son cœur ce courage plein de calme, cette patience inouïe qui préparent au martyre. En un mot, il a reçu l'Esprit de force, et il lui a été fidèle.

« Selon le langage ecclésiastique, continue Bossuet, la force a une autre signification que dans  le langage du monde. La force selon le monde  s'étend jusqu'à entreprendre ; la force selon  l'Eglise ne va pas plus loin que de tout souffrir :  voilà les bornes qui lui sont prescrites. Ecoutez  l'Apôtre saint Paul : Nondum usque ad sanguinem restitistis ; comme s'il disait : Vous n'avez  pas tenu jusqu'au bout, parce que vous ne vous  êtes pas défendus jusqu'au sang. Il ne dit pas  jusqu'à attaquer, jusqu'à verser le sang de vos  ennemis, mais jusqu'à répandre le vôtre.

« Au reste, saint Thomas n'abuse point de ces  maximes vigoureuses. Il ne prend pas par fierté  ces armes apostoliques, pour se faire valoir dans le monde : il s'en sert comme d'un bouclier  nécessaire dans l'extrême besoin de l'Eglise. La  force du saint Evêque ne dépend donc pas du  concours de ses amis, ni d'une intrigue finement menée. Il ne sait point étaler au monde a sa patience, pour rendre son persécuteur plus  odieux, ni faire jouer de secrets ressorts pour  soulever les esprits. Il n'a pour lui que les  prières des pauvres, les gémissements des veuves  et des orphelins. Voilà, disait saint Ambroise,  les défenseurs des Evêques ; voilà leurs gardes, voilà leur armée. Il est fort, parce qu il a un  esprit également incapable et de crainte et de  murmure. Il peut dire véritablement à Henri,  roi d'Angleterre, ce que disait Tertullien, au  nom de toute l'Eglise, à un magistrat de l'Empire, grand persécuteur de l'Eglise : Non te terremus, qui nec timemus. Apprends à connaître  quels nous sommes, et vois quel homme c'est  qu'un chrétien : Nous ne pensons pas à te  faire peur, et nous sommes incapables de te  craindre. Nous ne sommes ni redoutables ni  lâches : nous ne sommes pas redoutables, parce  que nous ne savons pas cabaler ; et nous ne  sommes pas lâches, parce que nous savons  mourir.»

Mais laissons encore la parole à l'éloquent prêtre de l'Eglise de France, qui fut lui-même appelé aux honneurs de l'épiscopat dans l'année qui suivit celle où il prononça ce discours ; écoutons-le nous raconter la victoire de l'Eglise par saint Thomas de Cantorbéry :

« Chrétiens, soyez attentifs : s'il y eut jamais un martyre qui ressemblât parfaitement à un sacrifice, c'est celui que je dois vous représenter. Voyez les préparatifs : l'Evêque est à l'église avec son clergé, et ils sont déjà revêtus. Il ne faut pas chercher bien loin la victime : le saint  Pontife est préparé, et c'est la victime que Dieu  a choisie. Ainsi tout est prêt pour le sacrifice, et  je vois entrer dans l'église ceux qui doivent  donner le coup. Le saint homme va au-devant  d'eux, à l'imitation de Jésus-Christ ; et pour imiter en tout ce divin modèle, il défend à son  clergé toute résistance, et se contente de demander sûreté pour les siens. Si c'est moi que vous cherchez, laissez, dit Jésus, retirer ceux-ci.

« Ces  choses étant accomplies, et l'heure du sacrifice  étant arrivée, voyez comme saint Thomas en  commence la cérémonie. Victime et Pontife  tout ensemble, il présente sa tête et fait sa prière. Voici les vœux solennels et les paroles mystiques de  ce  sacrifice : Et ego pro Deo mori paratus sum, etpro assertione justitiœ, et pro Ecclesiae libertate ; dummodo effusione sanguinis mei pacem et libertatem consequatur.  Je suis prêt à mourir, dit-il, pour la cause de Dieu  et de son Eglise ; et toute la grâce que je demande, c'est que mon sang lui rende la paix et  la liberté qu'on veut lui ravir. Il se prosterne  devant Dieu ; et comme dans le Sacrifice solennel nous appelons les Saints nos intercesseurs,  il n'omet pas une partie si considérable de cette  cérémonie sacrée : il appelle les saints Martyrs  et la sainte Vierge au secours de l'Eglise opprimée ; il ne parle que de l'Eglise ; il n'a que  l'Eglise dans le cœur et dans la bouche ; et,  abattu par le coup, sa langue froide et inanimée  semble encore nommer l'Eglise.»

Ainsi ce grand Martyr, ce type des Pasteurs de l'Eglise, a consommé son sacrifice ; ainsi il a remporté la victoire ; et cette victoire ira jusqu'à l'entière abrogation de la coupable législation qui devait entraver l'Eglise, et l'abaisser aux yeux des peuples. La tombe de Thomas deviendra un autel ; et au pied de cet autel, on verra bientôt un Roi pénitent solliciter humblement sa grâce. Que s'est-il donc passé ? La mort de Thomas a-t-elle excité les peuples à la révolte ? le Martyr a-t-il rencontré des vengeurs ? Rien de tout cela n'est arrivé. Son sang a suffi à tout. Qu'on le comprenne bien : les fidèles ne verront jamais de sang-froid la mort d'un pasteur immolé pour ses devoirs ; et les gouvernements qui osent faire des Martyrs en porteront toujours la peine. C'est pour l'avoir compris d'instinct, que les ruses de la politique se sont réfugiées dans les systèmes d'oppression administrative , afin de dérober habilement le secret de la guerre entreprise contre la Liberté de
l'Eglise.

C'est pour cela qu'ont été forgées ces chaînes non moins déliées qu'insupportables, qui enlacent aujourd'hui tant d'Eglises. Or, il n'est pas dans la nature de ces chaînes de se dénouer jamais ; elles ne sauraient être que brisées ; mais quiconque les brisera, sa gloire sera grande dans l'Eglise de la terre et dans celle du ciel ; car sa gloire sera celle du martyre. Il ne s'agira ni de combattre avec le fer, ni de négocier par la politique ; mais de résister en face et de souffrir avec patience jusqu'au bout.

Ecoutons une dernière fois notre grand orateur, relevant ce sublime élément qui a assuré la victoire à la cause de saint Thomas :

« Voyez, mes Frères, quels défenseurs trouve  l'Eglise dans sa faiblesse, et combien elle a raison de dire avec l'Apôtre : Cum infirmor, tunc  potens sum. Ce sont ces bienheureuses faiblesses  qui lui donnent cet invincible secours, et qui  arment en sa faveur les plus valeureux soldats  et les plus puissants conquérants du monde,  je veux dire, les saints Martyrs. Quiconque ne  ménage pas l'autorité de l'Eglise, qu'il craigne  ce sang précieux des Martyrs, qui la consacre  et la protège.»

Or, toute cette force, toute cette victoire émanent du berceau de l'Enfant-Dieu ; et c'est pour cela que Thomas s'y rencontre avec Etienne. Il fallait un Dieu anéanti, une si haute manifestation d'humilité, de constance et de faiblesse selon la chair, pour ouvrir les yeux des hommes sur la nature de la véritable force. Jusque-là on n'avait soupçonné d'autre vigueur que celle des conquérants à coups d'épée, d'autre grandeur que la richesse, d'autre honneur que le triomphe ; et maintenant, parce que Dieu venant en ce monde a
apparu désarmé, pauvre et persécuté, tout a changé de face. Des cœurs se sont rencontrés qui ont voulu aimer, malgré tout, les abaissements de la Crèche ; et ils y ont puisé le secret d'une grandeur d'âme que le monde, tout en restant ce qu'il est, n'a pu s'empêcher de sentir et d'admirer.

Il est donc juste que la couronne de Thomas et celle d'Etienne, unies ensemble, apparaissent comme un double trophée aux côtés du berceau de l'Enfant de Bethléhem ; et quant au saint Archevêque, la Providence de Dieu a marqué divinement sa place sur le Cycle, en permettant que son immolation s'accomplît le lendemain de la fête des saints Innocents, afin que la sainte Eglise n'éprouvât pas d'incertitude sur le jour qu'elle devrait assigner à sa mémoire.

Qu'il garde donc cette place si glorieuse et si chère à toute l'Eglise de Jésus-Christ ; et que son nom reste, jusqu'à la fin des temps, la terreur des ennemis de la Liberté de l'Eglise, l'espérance et la consolation de ceux qui aiment cette Liberté que le Christ a acquise aussi par son sang.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



Reliquaire de Saint Thomas Becket

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