Icône médiévale de Saint Sabbas le Sanctifié
L’Eglise Romaine se borne aujourd'hui à l'Office de la Férié ; mais elle y joint la Commémoration de saint Sabbas, Abbé de la fameuse Laure de Palestine, qui subsiste encore aujourd'hui
sous son nom.
MAR SABA : la Grande Laure de Saint Sabbas
à 14 km à l'est de Béthléem, dans la vallée du Cédron au désert de Judée
Ce Saint, qui mourut en 533, est le seul personnage de l'Ordre monastique dont l'Eglise fasse mention en ses Offices dans tout le cours de l'Avent ; on pourrait même dire que parmi les simples
Confesseurs, saint Sabbas est le seul dont on lise le nom au Calendrier liturgique en cette partie de l'année, puisque le glorieux titre d'Apôtre des Indes semble mettre saint François Xavier
dans une classe à part. Nous devons voir en ceci l'intention de la divine Providence qui, pour produire une plus salutaire impression sur le peuple chrétien, s'est appliquée à choisir, d'une
manière caractéristique, les Saints qui devaient être proposés à notre imitation dans ces jours de préparation à la venue du Sauveur.
Nous y trouvons des Apôtres, des Pontifes, des Docteurs, des Vierges, glorieux cortège du Christ Dieu, Roi et Epoux ; la simple Confession n'y est représentée que par un seul homme, par
l'Anachorète et Cénobite Sabbas, personnage qui, du moins, par sa profession monastique, se rattache à Elie et aux autres solitaires de l'ancienne Alliance, dont la chaîne mystique vient aboutir à Jean le Précurseur.
Honorons donc ce grand Abbé, pour lequel l'Eglise grecque professe une vénération filiale, et sous l'invocation duquel Rome a place une de ses Eglises ; et appuyons-nous de son suffrage auprès de
Dieu, en disant avec la sainte Liturgie :
Que l'intercession, Seigneur, du bienheureux Sabbas nous recommande, s'il vous plaît, auprès de
vous ;
afin que nous obtenions, par son patronage, ce que nous ne pouvons prétendre par nos mérites.
Par Jésus-Christ notre Seigneur
Amen
Glorieux Sabbas, homme de désirs, qui, dans l'attente de Celui qui a dit à ses serviteurs de veiller jusqu'à sa venue, vous êtes retiré au désert, de peur que les bruits du monde ne vinssent vous
distraire de vos espérances, ayez pitié de nous qui, au milieu du siècle et livrés à toutes ses préoccupations, avons cependant reçu, comme vous, l'avertissement de nous tenir prêts pour
l'arrivée de Celui que vous aimiez comme Sauveur, et que vous craigniez comme Juge. Priez, afin que soyons dignes d'aller au-devant de lui, quand il va paraître.
Souvenez-vous aussi de l'Etat monastique, dont vous êtes l'un des principaux ornements ; relevez ses ruines, au milieu de nous suscitez des hommes de prière et de foi comme aux anciens jours ;
que votre esprit se repose sur eux, et qu'ainsi l'Eglise, veuve d'une partie de sa gloire, la recouvre par votre intercession.
*
Considérons encore la Prophétie du Patriarche Jacob, qui n'annonce pas seulement que le Messie doit être l’attente des nations, mais exprime aussi que le sceptre sera ôté de
Juda, à l'époque où paraîtra le Libérateur promis. L'oracle est maintenant accompli. Les étendards de César Auguste flottent sur les remparts de Jérusalem ; et si le
Temple a été réservé jusqu'à ce jour, si l'abomination de la désolation n'a pas encore été établie dans le lieu saint, si le sacrifice n'a pas encore été interrompu, c'est que
le véritable Temple de Dieu, le Verbe incarné, n'a pas non plus été inauguré ; la Synagogue n'a pas renié Celui qu'elle attendait ; l'Hostie qui doit remplacer toutes les
autres n'a pas encore été immolée.
Mais Juda n'a plus de chef de sa race, la monnaie de César circule dans toute la Palestine ; et le jour est proche où les chefs du peuple juif confesseront, devant un gouverneur romain,
qu'il ne leur est pas permis de faire mourir qui que ce soit. Il n'y a donc plus de Roi sur le trône de David et de Salomon, sur ce trône qui devait durer à jamais. O Christ ! Fils de
David, Roi Pacifique, il est temps que vous paraissiez et veniez prendre ce sceptre arraché par la victoire aux mains de Juda, et déposé pour quelques jours en
celles d'un Empereur. Venez ; car vous être Roi, et le Psalmiste, votre aïeul, a chanté de vous : "Ceignez votre épée sur votre cuisse, ô très vaillant ! Montrez votre
beauté et votre gloire ; avancez-vous, et régnez ; car la vérité, la douceur, la justice sont en vous, et la puissance de votre bras vous produira. Lancées par ce bras vainqueur, vos
flèches perceront le cœur des ennemis de votre Royauté, et feront tomber à vos pieds tous les peuples. Votre trône sera éternel ; le sceptre de votre Empire sera un sceptre d'équité ; Dieu vous a sacré. Dieu vous-même, d'une huile de joie
qui coule plus abondamment sur vous, ô Christ ! qui en tirez votre nom, que sur tous ceux qui jamais s'honorèrent du nom de Roi."
O Messie ! quand vous serez venu, les hommes ne seront plus errants comme des brebis sans pasteur ; il n'y aura qu'un seul bercail où vous régnerez par l'amour et la justice ; car toute puissance
vous sera donnée au ciel et sur la terre ; et quand, aux jours de votre Passion, vos ennemis vous demanderont : Es-tu Roi ? vous répondrez suivant la vérité : Oui, je suis Roi. O Roi ! venez
régner sur nos cœurs ; venez régner sur ce monde qui est à vous parce que vous l'avez fait, et qui bientôt sera une fois de plus à vous, parce que vous l'aurez racheté. Oh ! régnez donc sur ce
monde, et n'attendez pas, pour y déployer voire royauté, le jour dont il est écrit : Vous briserez contre la terre la tête des Rois (Psalm. CIX) ; régnez dès à présent, et faites que tous les
peuples soient à vos pieds dans un hommage universel d'amour et de soumission.
SÉQUENCE POUR LE TEMPS DE L’AVENT
(Composée au XIe siècle, et tirée des
anciens Missels Romains-Français)
Vous qui seul, dans la force de votre bras , régnez sur tous les sceptres,
Réveillez votre puissance et faites-la éclater sous les yeux de votre peuple;
Accordez-lui les dons du salut.
Celui qu'ont annoncé les oracles prophétiques,
Envoyez-le du radieux palais d'en haut;
Seigneur, envoyez Jésus sur notre Terre.
Amen
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
