"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean
" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Saint Père François
1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II
Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II
Béatification du Père Popieluszko
à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ
Varsovie 2010
Basilique du
Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde
Divine
La miséricorde de Dieu
est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus
absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de
l’amour.
Père Marie-Joseph Le
Guillou
Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.
Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.
Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)
Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en
Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant
Jésus
feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de
Montmartre
Notre Dame de Grâce
Cathédrale Notre Dame de Paris
Ordinations du
samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris
la vidéo sur
KTO
Magnificat
Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de
Paris
NOTRE DAME DES VICTOIRES
Notre-Dame des
Victoires
... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !
SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ
BENOÎT XVI à CHYPRE
Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010
Benoît XVI en Terre Sainte
Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem
Yahad-In Unum
Vicariat hébréhophone en Israël
Mgr Fouad Twal
Vierge de Vladimir
" Vital m'est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l'ignore ; celui-là est mien qui adhère à la
chaire de Pierre." Ainsi, vers l'an 376, des solitudes de Syrie troublées par les compétitions épiscopales qui d'Antioche agitaient tout l'Orient, un moine inconnu s'adressait au pontife
Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur. C'était Jérôme, originaire de Dalmatie.
Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l'âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l'étude des belles-lettres et de la philosophie s'était montrée
impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l'avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre
années durant, mater son corps par d'effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d'y sacrifier ses goûts
cicéroniens à l'étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette
sentence qu'il formulait plus tard : "Aimez la science des Ecritures, et vous n'aimerez pas les vices de la chair."
Revenant donc à l'alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes dont l'héroïque conquête rappela toujours le prix qu'elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée
depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même. Toute l'énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s'y consacra, s'y endigua pour la
vie.
Dieu reconnut magnifiquement l'hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons
aujourd'hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d'autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. Et cette
lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison.
Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d'autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce. Damase, docteur vierge de
l'Eglise vierge, le chargeait de répondre en son nom aux consultations de l'Orient comme de
l'Occident, et obtenait qu'il commençât par la revision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la
reconnaissance du peuple chrétien.
Sur ces entrefaites, la réfutation d'Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage,
d'autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus
qui sont l'honneur de la terre ; par le sel des Ecritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l'empire.
Etrange phénomène pour l'historien sans foi : voici qu'autour de ce Dalmate, à l'heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints
depuis le jour où s'assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu'allumeront les Barbares, la capitale qu'ils donnèrent au
monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure
en tête de l'armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l'Apôtre quatre siècles plus tôt : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme,
nombreux parmi les moines.
La phalange patricienne constitue le meilleur de l'armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d'antique grandeur ; mais dans ses
rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l'épouse en même temps que l'époux. C'est Marcella, qui la première, de son palais de
l'Aventin, lève l'étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu'honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître
disparu, sera, quoi qu'en ait son humilité, l'oracle consulté par tous dans les difficultés des Ecritures. C'est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les
Fabii, les Scipions. C'en est trop pour le prince du monde, Satan, qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont
comptées.
Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante
la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes.
Vainement la prudente Marcella prédit l'orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d'autres peuvent bien oser faire. Il a compté sans
la mort de Damase survenue à l'heure même, sans la faction des ignorants jaloux qui, pareillement,
n'attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d'autrefois.
Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléhem, où les souvenirs de l'enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et
sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu'elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix
ne cessera point de tenir en éveil les échos de l'Occident.
Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique des Livres saints, que
l'imperfection de l'ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l'Eglise de faussaire.
" Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l'Eglise, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu."
Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d'irréductibles ennemis l'émeuvent plus qu'il ne se l'avoue : "Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de
vos prières à mes aboyeurs."
Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s'alarmaient pour l'autorité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l'Eglise ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages
de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d'argent et d'or, qu'il faudrait donc voir déprécier maintenant. "Eh ! qu'ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres
cahiers", s'écrie Jérôme exaspéré. "C'est pourtant vous qui me forcez à subir tant d'inepties comme tant d'injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper
court au mal, mieux vaudrait m'imposer silence."
Ni la mère, ni la fille ne l'entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre. Ayant observé qu'une première révision faite par lui du Psautier sur le grec des Septante n'avait pas suffi à
fixer le texte, elles en obtinrent une seconde, celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l'Ancien Testament sur l'hébreu ou le chaldéen.
Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu'il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l'original.
SAINT JERÔME par Matteo di Giovanni
Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s'excusait agréablement de ce qu'une
moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : "Principia, ma fille en Jésus-Christ, je sais que plusieurs trouvent mauvais qu'il m'arrive parfois d'écrire aux femmes ; qu'on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m'interrogeaient sur
l'Ecriture, ce n'est point à celles-là que je répondrais."
Mais voici qu'un message d'allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d'un frère d'Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule
est née dans Rome. Vouée à l'Epoux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l'Alleluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre
aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d'aller les trouver bientôt. "Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement
; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j'aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu'Aristote ; car lui n'élevait qu'un
roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux."
Bethléhem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d'y continuer l'œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l'ange du passage de ce
monde à l'éternité. L'heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce
fut Paula l'ancienne qui partit la première, chantant : J'ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d'habiter les pavillons des pécheurs.
Devant l'affaissement mortel où Jérôme parut devoir s'annihiler pour toujours, Eustochium brisée
refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C'est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions reprendre aussi ses
commentaires du texte ; il va passer d'Isaïe au prophète Ezéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l'inexprimable douleur de ces temps : "Rome est tombée ; elle est éteinte la
lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l'univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts ?"
Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l'implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses
larmes. Aimant encore mieux pratiquer qu'enseigner l'Ecriture, il donnait aux devoirs de l'hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l'étude à ses yeux presque aveugles. Etudes
pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour, et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu'on lise l'avant-propos de chacun des
quatorze Livres sur Ezéchiel, et l'on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre
l'hérésie.
Car on eût dit que l'hérésie prenait du bouleversement du monde l'occasion de nouvelles audaces. Forts de l'appui que leur prêtait l'évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s'armèrent une nuit de
la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l'incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour
mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l'anxiété de cette nuit terrible avait achevé de
consumer ses forces épuisées. Jérôme l'ensevelit près de la crèche de l'Enfant-Dieu comme il avait fait de la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à
mourir.
Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Eglise. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà
s'annonce l'aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans
les voies austères de l'expiation. Moine, historien de grands moines père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l'esprit de travail et de
prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des
mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l'angélique vertu.
O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l'Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères. La clef de David vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux
multiples des Ecritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre. C'est pourquoi l'Eglise de la terre chante aujourd'hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l'interprète officiel
du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées.
En même temps que l'hommage de l'Epouse et de la Mère, daignez agréer notre personnelle
gratitude. Puisse le Seigneur, à votre prière, nous renouveler dans le respect et l'amour que mérite sa divine parole. Par vos mérites, puissent, autour du dépôt sacré, se multiplier les doctes
et leurs recherches savantes. Mais que nul ne l'oublie : c'est à genoux qu'on doit écouter Dieu, si l'on veut le comprendre. Il s'impose, et ne se discute pas : bien qu'entre les interprétations
diverses auxquelles peuvent donner lieu ses divins messages, il soit permis de chercher, sous le contrôle de son Eglise, à dégager la vraie ; bien qu'il soit louable d'en scruter sans fin les
augustes profondeurs. Heureux qui vous suit dans ces études saintes ! Vous le disiez : "vivre au milieu de pareils trésors, s'y absorber, ne savoir, ne chercher rien autre, n'est-ce pas
habiter déjà plus aux cieux qu'en terre ? Apprenons dans le temps ce dont la science doit nous demeurer toujours."
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
SAINT JERÔME au désert par Giovanni Bellini
C’est à la tête de sa glorieuse armée qu'apparaît aujourd'hui l'Archange : Il y eut un grand combat dans
le ciel ; Michel et ses Anges combattaient le dragon, et le dragon et ses anges combattaient contre lui.
LES TROIS ARCHANGES par Marco d'Oggiono
Au VIe siècle, la dédicace des églises du mont Gargan et du Cirque romain sous le nom de saint Michel accrut la gloire de ce jour ; mais il ne fut choisi pour cet honneur, dont il garde à jamais
le souvenir, qu'en raison de la fête plus ancienne déjà consacrée par Rome à cette date aux Vertus des cieux.
L'Orient, qui célèbre au six du présent mois l'apparition personnelle du vainqueur de Satan à Chône en Phrygie, renvoie au huit novembre, sous le titre qui suit, la solennité plus générale
correspondant à la fête de ce jour : Synaxe de Michel, le prince de la milice, et des autres puissances incorporelles. Or, bien que ce terme de synaxe s'applique d'ordinaire aux assemblées
liturgiques d'ici-bas, nous sommes avertis que, dans la circonstance, il exprime encore le ralliement des Anges fidèles au cri de leur chef, leur union pour toujours affermie par la victoire.
La Congrégation des Archanges par Angelos Akotantos au monastère de Vatopedi du Mont Athos
Quelles sont donc ces puissances des cieux, dont la lutte mystérieuse ouvre
l'histoire ? Les traditions de tous les peuples, aussi bien que l'autorité de nos Ecritures révélées, attestent leur existence. Si, en effet, nous interrogeons l'Eglise, elle nous enseigne qu'au
commencement Dieu créa simultanément deux natures, la spirituelle et la corporelle, puis l'homme, unissant l'une et l'autre. Ordre grandiose, graduant l'être et la vie du voisinage de la cause
suprême aux confins du néant. De ces lointaines frontières, la création remonte vers Dieu par ces mêmes degrés.
Dieu, infini : sans limitation aucune, intelligence et amour. La créature, à jamais finie : mais s'élevant dans l'homme jusqu'à la raison discursive, dans l'ange jusqu'à l'intuition directe de la
vérité ; dans chacun d'eux, reculant par la purification incessante de son être initial les bornes provenant de l'imperfection de sa nature, pour arriver par plus de lumière à la perfection d'un
plus grand amour.
Car Dieu seul est simple, de cette simplicité immuable et féconde qui est la perfection absolue excluant tout progrès : acte pur, en qui substance, puissance, opération, ne diffèrent pas. L'ange,
si dégagé qu'il soit de la matière, n'échappe pas à la faiblesse native résultant pour tout être créé de la composition qui nous montre en lui l'action distincte de la puissance, et celle-ci de
l'essence. Autre encore est chez l'homme l'infirmité de sa nature mixte, avec les sens pour introducteurs obligés aux régions de l'intelligible !
Près de la nôtre, dit un des plus lumineux frères du Docteur angélique, "comme elle est tranquille et lumineuse la science des purs esprits ! Ils ne sont pas condamnés à ces pénibles chevauchées de la raison qui court après la vérité, compose, divise, et
arrache péniblement les conclusions aux principes. Ils saisissent d'un seul coup d'œil toute la portée des vérités premières. Leur intuition est si prompte, si vive, si profonde qu'il leur est
impossible d'être, comme nous, surpris par l'erreur. S'ils se trompent, c'est qu'ils le veulent bien. La perfection de la volonté est en eux égale à la perfection de l'intelligence.
Ils ne savent pas ce que c'est que d'être troublés par la violence des appétits. Leur amour ne les agite point. Tranquille et sagement mesurée comme leur amour est leur haine du mal.
Une volonté ainsi dégagée ne peut connaître ni la perplexité des desseins, ni l'inconstance des résolutions. Tandis qu'il nous faut de longues et anxieuses méditations avant de nous
décider, le propre des anges est de se fixer par un seul acte à l'objet de leur choix. Dieu leur a proposé comme à nous une béatitude infinie dans la vision de son essence, et pour les
égaler à une si grande fin il leur a donné la grâce en même temps qu'il leur donnait l'être. En un instant ils ont dit oui ou non, en un instant ils ont librement déterminé leur sort."
(Jacques-Marie-Louis Monsabré o.p.)
L'Archange Michel à la basilique Saint Marc de
Venise
Ne soyons point envieux. Par sa nature, l'ange nous est supérieur. A qui des anges pourtant fut-il dit jamais : Vous êtes mon fils ? Le premier-né n'a point choisi pour lui la nature des anges.
Sur terre, lui-même reconnut la subordination qui soumet dans le temps l'humaine faiblesse à ces purs esprits ; il reçut d'eux, comme ses frères dans la chair et le sang, notification des décrets divins, secours et réconfort ; mais ce n'est point aux anges qu'est
soumis le monde de l'éternité, dit l'Apôtre. Attrait de Dieu pour ce qu'il y a de plus faible, comment vous comprendre, sans l'humble acquiescement de la foi s'inclinant dans l'amour ? Vous
fûtes, au jour du grand combat, l'écueil de Lucifer. Mais se relevant de leur adoration joyeuse aux pieds de l'Enfant-Dieu, qui d'avance leur était montré sur le trône des genoux de Marie, les
Anges fidèles chantèrent : Gloire à Dieu au plus haut des deux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.
O Christ, mon Christ, ainsi vous nomme l'Aigle d'Athènes : l'Eglise, ravie, vous proclame en cette fête la beauté des saints Anges. Vous êtes l'humain et divin sommet d'où pureté, lumière, amour,
s'épanchent sur la triple hiérarchie des neuf chœurs. Hiérarque suprême, unité des mondes, vous présidez aux mystères déifiants de la fête éternelle.
Séraphins embrasés, étincelants Chérubins, inébranlables Trônes ; noble cour du Très-Haut, possesseurs de la meilleure part : au témoignage du sublime Aréopagite, c'est dans une communion plus
immédiate aux vertus du Sauveur que s'alimentent votre justice, vos splendeurs et vos feux. De lui, par vous, déborde toute grâce sur la cité sainte.
Dominations, Vertus, Puissances ; ordonnateurs souverains, moteurs premiers, régulateurs des mondes : pour qui
gouvernez-vous cet univers ?
Pour celui, sans nul doute, dont il est l'apanage : le Roi de gloire, l'Homme-Dieu, le Seigneur fort et puissant, le Seigneur des vertus.
Anges, Archanges, Principautés ; messagers, ambassadeurs, surintendants du ciel ici-bas : tous aussi, n'êtes-vous pas, au dire de l'Apôtre, les ministres du salut accompli sur terre par Jésus le
Pontife des cieux ?
Le Jugement Dernier par Rogier van der Weyden
Nous aussi, par ce même Jésus, Trinité sainte, nous vous glorifions avec ces trois augustes hiérarchies dont les neuf cercles immatériels entourent votre Majesté comme un multiple rempart.
Tendre à vous et vous ramener toutes choses est leur commune loi. Purification, illumination, union : voies successives ou simultanées, par lesquelles leurs nobles
essences, attirées vers Dieu, attirent celles qui les suivent. Sublimes esprits, c'est le regard en haut que vous agissez au-dessous de vous comme à l'entour. Pour vous et pour
nous, puisez largement au foyer divin : purifiez-nous, non point seulement, hélas ! de l'involontaire défectuosité de notre nature ; éclairez-nous ; embrasez-nous des célestes
flammes. Pour la même raison que Satan nous déteste, vous nous aimez; protégez contre l'ennemi commun la race du Verbe fait chair. Gardez-nous dignes d'occuper parmi vous les places laissées
vides par ceux que perdit l'orgueil.
Saint
Michel combattant les démons
Adam de Saint-Victor chante dans sa plénitude le mystère de ce jour :
Empressée soit la louange ; que notre chœur chante en présence des citoyens des cieux : agréée sera-t-elle et convenable, cette louange, si la pureté des âmes qui chantent est à l'unisson de la
mélodie.
Que Michaël soit célébré par tous ; que nul ne s'excommunie de la joie de ce jour : fortuné jour, où des saints Anges est rappelée la solennelle victoire !
L'ancien dragon est chassé, et son odieuse légion mise en fuite avec lui ; le troubleur est troublé à son tour, l'accusateur est précipité du sommet du ciel.
Sous l'égide de Michel, paix sur la terre,paix dans les cieux, allégresse et louange ; puissant et fort, il s'est levé pour le salut de tous, il sort triomphant du combat.
Banni des éternelles collines, le conseiller du crime parcourt les airs, dressant ses pièges, dardant ses poisons ; mais les Anges qui nous gardent réduisent à néant ses
embûches.
Leurs trois distinctes hiérarchies sans cesse contemplent Dieu et sans cesse le célèbrent en leurs chants ; ni cette contemplation, ni cette perpétuelle harmonie ne font tort à leur incessant
ministère.
O combien admirable est dans la céleste cité la charité des neuf chœurs ! Ils nous aiment et ils nous défendent, comme destinés à remplir leurs vides.
Entre les hommes, diverse est la grâce ici-bas ; entre les justes, divers seront les ordres dans la gloire au jour
de la récompense. Autre est la beauté du soleil, autre celle de la lune ; et les étoiles diffèrent en leur clarté : ainsi sera la résurrection.
Que le vieil homme se renouvelle, que terrestre il s'adapte à la pureté des habitants des cieux : il doit leur être égal un jour ; bien que non pleinement pur encore, qu'il envisage ce qui
l'attend.
Pour mériter le secours de ces glorieux esprits, vénérons-les dévotement, multipliant envers eux nos hommages ; un culte sincère rend Dieu favorable et associe aux Anges.
Taisons-nous des secrets du ciel, en haut cependant élevons et nos mains et nos âmes purifiées.
Ainsi daigne l'auguste sénat voir en nous ses cohéritiers ; ainsi puisse la divine grâce être célébrée par le concert de l'angélique et de l'humaine nature.
Au chef soit la gloire, aux membres l'harmonie !
Amen.
DOM GUÉRANGER
L'année Liturgique
ARCHANGE au fronton d'une église à La Lonja, Palma de Majorca
Saints
Côme et Damien soignant et guérissant par Fra Angelico
" Honorez le médecin ; car sa mission n'est pas superflue. Le Très-Haut l'a créé ; il a créé les médicaments :
les repousser n'est pas d'un sage."
" Les plantes ont leurs vertus ; l'homme à qui la science en est donnée glorifie Dieu, admirable en ce qu'il fait. La douleur est par elles adoucie; l'art en fait des compositions sans
nombre, où réside la santé."
" Malade, ô mon fils, ne te néglige pas. Prie le Seigneur qu'il te guérisse ; éloigne-toi du péché, purifie ton cœur ; offre tes dons à l'autel ; puis, au médecin d'agir. Son
intervention s'impose ; à une heure ou à l'autre, ne compte pas l'éviter. Mais lui aussi
doit prier le Seigneur de diriger ses soins pour apaiser la souffrance, écarter le mal, rendre les forces à celui qui l'appelle."
Paroles de la Sagesse, qu'il était bon de citer en cette fête.
Fidèle la première au précepte divin, l'Eglise honore aujourd'hui dans Côme et Damien cette carrière médicale où beaucoup d'autres acquirent la sainteté, où nul cependant ne personnifia comme eux
la grandeur du rôle qui s'offre au médecin dans la société baptisée.
Chrétiens dès l'enfance, l'étude d'Hippocrate et de Galien développa en eux l'amour du Dieu qui révèle ses perfections invisibles dans les magnificences de la création, dans ce palais surtout, dans ce temple du corps de l'homme qu'il se propose d'habiter à jamais.
Leur science fut un hymne à la gloire du Créateur, leur art un ministère sacré : service de Dieu dans leurs frères souffrants ; rôle du gardien veillant sur le sanctuaire pour éloigner tout
désordre de ses abords, pour au besoin en réparer les ruines. Vie de religion comme de charité, que ces deux reines des vertus amenèrent dans nos Saints jusqu'au martyre, sommet privilégié de
l'une et de l'autre, consommation du sacrifice et de l'amour.
L'Orient et l'Occident rivalisèrent d'hommages envers les Anargyres ("qui ne reçoit pas d'argent") ; appellation que leur avait value la gratuité de leurs soins. Partout des églises
s'élevèrent sous leurs noms. Dans sa vénération pour eux, l'empereur Justinicn embellissait et fortifiait l'obscure ville de Cyre, qui renfermait leurs reliques sacrées.
En plein forum romain, dans le même temps, le Souverain Pontife Félix IV substituait la mémoire sainte des Martyrs jumeaux au souvenir moins heureusement fraternel que rappelait l'ancien temple
de Romulus et de Rémus.
Peu d'années s'étaient écoulées depuis le jour où Benoît, inaugurant sa mission de patriarche des moines, dédiait aux saints Côme et Damien le premier des monastères qu'il fondait à l'entour de
sa grotte bénie de Sublac, celui-là même qui, sous le nom de sainte Scholastique, a subsisté jusqu'à nous.
Mais, une fois de plus véritablement Maîtresse et Mère universelle, combien l'Eglise Romaine n'a-t-elle pas dépassé ces honneurs en inscrivant les deux saints frères arabes, de préférence à tant de milliers de ses propres héros, dans ses Litanies solennelles
et au diptyque sacré des Mystères !
On sait comment, au moyen âge, médecins et chirurgiens s'organisèrent en confréries chargées de promouvoir la sanctification de leurs membres par la prière commune, la charité envers les
délaissés, l'accomplissement de tous les devoirs de leur importante vocation pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de l'humanité souffrante.
Aux applaudissements de la société chrétienne, après un siècle d'interruption, la Société de Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien a pris chez nous à tâche de rattacher le présent aux traditions
du passé.
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique
Retable de
Saint Marc dédié à Saint Côme et Saint Damien (agenouillés au premier plan) par Fra Angelico
En 1163, il y avait, dans l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, un autel béni sous le nom de Saint
Côme et de Saint Damien ; vers 1210, sur un terrain nouvellement compris dans l'enceinte de Paris, l'Abbé de Saint-Germain-des-Prés fit construire sous leur patronage, une église paroissiale où
l'on montrait un grand reliquaire en bois doré contenant une mâchoire et quelques ossements de saint Côme.
Cette église fut détruite en 1836.
Chaque 27 septembre, le clergé de Notre-Dame de Paris faisait, dans la Cité, une procession des reliques de saint Côme et de saint Damien que possédait la cathédrale.