>l'homélie du Père Marie-Joseph Le Guillou
L'église de la multplication des pains et des poissons à Tabgha :






photos : Church of the Multiplication of Loaves and Fishes - Tabgha, Galilee, Israel
"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."
Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean
" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Saint Père François
1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II
Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II
Béatification du Père Popieluszko
à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ
Varsovie 2010
Basilique du
Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde
Divine
La miséricorde de Dieu
est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus
absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de
l’amour.
Père Marie-Joseph Le
Guillou
Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.
Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.
Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)
Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en
Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant
Jésus
feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de
Montmartre
Notre Dame de Grâce
Cathédrale Notre Dame de Paris
Ordinations du
samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris
la vidéo sur
KTO
Magnificat
Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de
Paris
NOTRE DAME DES VICTOIRES
Notre-Dame des
Victoires
... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !
SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ
BENOÎT XVI à CHYPRE
Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010
Benoît XVI en Terre Sainte
Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem
Yahad-In Unum
Vicariat hébréhophone en Israël
Mgr Fouad Twal
Vierge de Vladimir
Saluons l'astre brillant qui se lève sur l'Eglise. Compostelle jadis resplendit par lui de l'éclat de tels feux
que, pendant mille années, l'univers subit l'attraction de la ville obscure devenue, avec Jérusalem et Rome, l'un des foyers puissants de la piété des peuples. Tant que dura la chrétienté,
Jacques le Grand le disputa, pour la gloire de sa tombe, à celle du sépulcre où Pierre repose soutenant l'Eglise.
Parmi les Saints de Dieu, il n'en
est pas qui manifeste mieux la mystérieuse survivance des élus à leur carrière mortelle, dans la poursuite des intérêts que leur confia le Seigneur. La vie de Jacques fut courte après l'appel qui
le faisait Apôtre ; le résultat de son apostolat apparut presque nul en cette Espagne qui lui était donnée. A peine l'avait-on vu comme prendre possession du sol de l'Ibérie dans sa course rapide
; et empressé à boire le calice qui devait satisfaire sa persévérante ambition d'être près du Seigneur, le premier des douze il ouvrait dans l'arène la marche glorieuse que l'autre fils de
Zébédée devait clore. Ô Salomé, qui les mîtes au monde et fûtes près de Jésus l'interprète de leurs prétentions, tressaillez d'une double allégresse : vous n'êtes
point rebutée ; vous avez pour complice celui qui fit le cœur des mères. N'est-ce pas lui qui déjà dès ce monde, à l'exclusion de tous autres et en la compagnie du seul Simon son
vicaire, appelait les enfants que vous lui aviez donnés au spectacle des plus profondes œuvres de sa puissance, à la contemplation de sa gloire au Thabor, à la
divine confidence de son trouble mortel au jardin de l'agonie ? Or voici qu'aujourd'hui l'aîné de votre sein devient le premier-né du collège sacré dans la mort ;
protomartyr apostolique, ainsi quant à lui reconnut-il l'amour spécial du Seigneur Christ.
Comment pourtant sera-t il le messager de la foi, celui dont le glaive d'Hérode Agrippa vient d'arrêter subitement la mission ? comment justifiera-t-il son nom de fils du tonnerre, l'Apôtre dont
quelques disciples au plus entendirent la voix dans le désert de l'infidélité ? Ce nom nouveau qui mettait à part encore une fois les deux frères, Jean le réalisa en déchirant la nue par les
éclairs sublimes qui révélèrent au monde dans ses écrits les profondeurs de Dieu ; pour lui, comme pour Simon nommé Pierre par le Christ et devenu à jamais le fondement du temple, l'appellation
reçue de l'Homme-Dieu fut prophétie et non vain titre ; pour Jacques aussi bien que pour Jean, l'éternelle Sagesse ne peut s'être trompée.
Ne croyons pas que le glaive d'un
Hérode quelconque puisse déconcerter le Très-Haut dans les appels qu'il fait entendre aux hommes de sa droite. La vie des Saints n'est jamais tronquée ; leur mort, toujours précieuse, l'est
plus encore quand c'est pour Dieu qu'elle semble arriver avant l'heure. C'est alors doublement qu'on peut dire en toute vérité que leurs œuvres les suivent, Dieu même étant tenu d'honneur et pour
eux et pour lui à ce que rien ne manque à leur plénitude. "Il les a reçus comme une hostie d'holocauste, dit l'Esprit-Saint ; mais ils reparaîtront dans leur temps. On les verra
scintiller comme la flamme qui court parmi les roseaux. Ils jugeront les nations, dompteront les peuples ; et le Seigneur régnera par eux éternellement." Oh ! combien littéral devait,
en ce qui touche notre Saint, se montrer l'oracle !
A l'extrémité nord de la
péninsule ibérique, sur le tombeau où la piété de deux disciples avait jadis comme à la dérobée ramené son corps, près de huit siècles avaient passé, qui pour les habitants des cieux sont moins
qu'un jour. Durant ce temps, la terre de son héritage, si rapidement parcourue naguère, avait vu les Barbares ariens succéder aux Romains idolâtres, puis le Croissant ramener plus profonde la
nuit un moment dissipée.
Un jour, au-dessus des ronces recouvrant le monument oublié, ont étincelé des lueurs, appelant l'attention sur ce lieu qui ne sera plus connu désormais que sous le nom de champ des étoiles. Mais
soudain quelles clameurs retentissent, descendant des montagnes, ébranlant les échos des vallées profondes ? Quel est le chef inconnu ramenant au combat, contre une armée immense, la petite
troupe épuisée que le plus vaillant héroïsme n'a pu la veille sauver d'une défaite ? Prompt comme l'éclair, brandissant d'une main son blanc étendard à la croix rouge, il fond haut
l'épée sur l'ennemi éperdu, dont soixante-dix mille cadavres teignent de leur sang les pieds de son cheval de bataille. Salut au chef de la guerre sainte dont tant de fois cette
Année liturgique a rappelé le souvenir ! Saint Jacques ! Saint Jacques ! Espagne, en avant ! C'est la rentrée en scène du pêcheur galiléen, que l'Homme-Dieu appela autrefois de la barque où
il raccommodait ses filets ; c'est la réapparition de l'aîné des fils du tonnerre, libre enfin de lancer la foudre sur les Samaritains nouveaux qui prétendent honorer
l'unité de Dieu en ne voyant qu'un prophète dans son Christ. Désormais Jacques sera pour l'Espagne chrétienne la torche ardente qu'avait vue le Prophète, le feu qui dévore à droite et à gauche
les nations enserrant la cité sainte, jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé ses anciennes limites, et soit habitée au même lieu qu’ autrefois par ses fils.
Et quand, après six siècles et
demi que la mémorable lutte doit durer encore, ses porte-enseigne, les rois Catholiques, auront rejeté par delà les flots les restes de la tourbe infidèle qui
n'aurait jamais dû les franchir, le vaillant chef des armées des Espagnes déposera sa brillante armure, le tueur de Maures redeviendra le messager de la foi.
Montant sur sa barque de pêcheur d'hommes et groupant autour d'elle les flottes intrépides des Christophe Colomb, des Vasco de Gama, des Albuquerque, il les guidera sur les mers inconnues à
la recherche de rivages où jusque-là n'ait point été porté le nom du Seigneur. Pour sa part de contribution aux travaux des douze, Jacques amènera de l'Occident, de l'Orient, du Midi, des mondes
nouveaux qui renouvelleront la stupeur de Pierre à la vue de telles prises. Et celui dont on avait pu croire, au temps du troisième Hérode, l'apostolat brisé dans sa fleur avant d'avoir donné ses
fruits, pourra dire lui aussi : "Je ne m'estime point inférieur aux plus grands des Apôtres ; car, par la grâce de Dieu, j'ai travaillé plus qu'eux tous."
Patron des Espagnes, n'oubliez pas l'illustre peuple qui vous dut à la fois sa noblesse dans les cieux et sa prospérité de ce monde ; protégez-le contre l'amoindrissement des vérités qui firent
de lui en ses beaux jours le sel de la terre ; qu'il pense à la terrible sentence portant que, si le sel s'affadit, il n'est plus bon qu'à être foulé aux pieds. Mais en même temps souvenez-vous,
ô Apôtre, du culte spécial dont vous honore l'Eglise entière. Aujourd'hui encore, ne garde-t-elle pas sous la protection immédiate du Pontife romain et votre corps sacré si heureusement retrouvé
dans nos temps, et le vœu d'aller en pèlerin vénérer ces restes précieux ?
Que sont devenus les siècles où,
si grande que se manifestât votre force d'expansion au dehors, elle était dépassée par la merveilleuse puissance d'attirer tout à vous, que vous avait communiquée le Seigneur ? Qui donc, sinon
Celui qui compte les astres du firmament, pourrait nombrer les Saints, les pénitents, les rois, les guerriers, les inconnus de tout ordre, multitude infinie, renouvelée sans cesse,
gravitant autour de vos reliques saintes comme sous l'empire de ces immuables lois qui règlent au-dessus de nos têtes les mouvements des cieux ; armée alors sans cesse en marche vers ce champ de
l’étoile d'où s'exerçait votre rayonnement sur le monde ? Et n'était-ce donc pas le sens de la vision mystérieuse prêtée, dans nos antiques légendes, au grand empereur par qui l'Europe chrétienne
était fondée, lorsqu'au soir d'une journée de labeur, des bords de la mer de Frise, il contemplait la longue zone étoilée qui, partageant le ciel, semblait passer entre les
Gaules, l'Allemagne et l'Italie, pour de là, traversant Gascogne, pays Basque et Navarre, gagner les terres de la lointaine Galice ?
On raconte que vous-même apparûtes alors à Charles, et lui dîtes : "Ce chemin d'étoiles marque la route qui s'offre à toi pour délivrer ma tombe, et que suivront après toi tous les peuples."
Et Charlemagne, passant les monts, donna le signal pour la chrétienté de cette marche en avant sur les terres Sarrasines qu'on appela la Croisade ; ébranlement immense,
qui fut le salut aussi bien que la gloire des races latines, en rejetant la peste musulmane sur le foyer où elle avait pris naissance.
Mais quand nous venons à
considérer que deux tombeaux furent, aux deux points extrêmes, les pôles voulus par Dieu de ce mouvement absolument incomparable dans l'histoire des nations : l'un qui fut celui où Dieu même se
coucha dans la mort, et l'autre, ô fils deZébédée, qui garde vos cendres ; comment ne point nous écrier, dans la stupéfaction du Psalmiste : Vos amis sont honorés jusqu'à l'excès, ô Dieu ! Et du
Fils de l'homme à son humble Apôtre, quelles recherches de l'amitié n'agréant d'honneurs que ceux qu'elle partage, jusque dans l'établissement de ces Ordres hospitaliers et militaires qui, de
part et d'autre, devenus la terreur du Croissant, n'eurent d'autre but à l'origine que de recueillir et de protéger les pèlerins dans leur route vers l'un ou l'autre des saints tombeaux !
Puisse l'impulsion d'en haut, dont le retour aux grands pèlerinages catholiques est un des signes les plus heureux de nos temps, ramener aussi vers Compostelle les fils de vos clients d'autrefois
! Pour nous du moins, avec notre saint Louis balbutiant encore de ses lèvres mourantes en face de Tunis la Collecte de votre fête, nous redirons en finissant : "Soyez, Seigneur, pour votre
peuple, sanctificateur et gardien ; fortifié du secours de votre Apôtre Jacques, qu'il vous plaise dans ses mœurs et vous serve d'un cœur tranquille."
DOM
GUÉRANGER
L'année liturgique
Apostle St James the Greater by El Greco
« Seigneur, qui vous a ainsi traité ? — Ceux qui me méprisent et oublient mon amour. »
Première révélation du Fils de Dieu à Brigitte de Suède
François d'Assise, levant l'étendard de la Croix sur le monde, avait annoncé la rentrée du Christ en la voie
douloureuse : du Christ, non par lui-même, mais dans l'Eglise, chair de sa chair. Combien l'annonce était justifiée, Brigitte l'éprouva dès l'aurore de ce fatal siècle quatorzième avec lequel
elle devait grandir, et où tous les désastres, amenés par tous les crimes, fondirent à la fois sur notre Occident.
Née l'année même où, valet d'un nouveau Pilate, Sciarra Colonna souffletait le Vicaire de l'Homme-Dieu, son
enfance voit se multiplier les défaillances livrant l'Epouse aux mépris de ceux qui oublient l'Epoux. La chrétienté n'a plus de Saints qu'on puisse comparer à leurs grands devanciers ; on dirait
qu'au siècle précédent, les races latines ont épuisé leur sève en fleurs : où sont les fruits que promettait la terre ? La vieille Europe n'a plus qu'affronts pour le Verbe ; cette fête,
apparition de Jésus dans la froide Scandinavie, marque-t-elle donc la fuite de l'Epoux loin du centre habituel de ses prédilections ? C'est en la dixième année de Brigitte, que le divin chef de
l'Eglise sollicite sous les traits de l'homme des douleurs asile en son âme ; et c'est dans le même temps, que la mort de Clément V et l'élection de Jean XXII en terre étrangère vont consommer
pour soixante-dix ans l'exil de la papauté.
Rome cependant, veuve de ses Pontifes, apparaît la plus misérable des cités dont elle fut la reine. Ses rues sont
en pleurs ; car personne ne vient plus à ses Solennités. Mise à sac par ses fils, elle perd quotidiennement quelque débris de son antique gloire ; le meurtre ensanglante ses carrefours ; la
solitude s'étend parmi les ruines de ses basiliques effondrées ; les troupeaux paissent au pied des autels de Saint-Pierre et du Latran. Des sept collines l'anarchie a gagné l'Italie,
transformant ses villes en repaires de brigands, ses campagnes en déserts. La France va expier dans les atrocités d'une guerre de cent ans la captivité du Pontife suprême.
Hélas ! captivité trop aimée : la cour d'Avignon ne redit pas le cantique des Hébreux sur les fleuves de Babylone.
Heureuse si, plus riche d'or que de vertus, elle n'ébranlait pour longtemps au milieu des nations le prestige du premier Siège. L'empire germanique, avec Louis de Bavière, a beau jeu pour refuser
l'obéissance au protégé des Valois ; les Fratricelles accusent d'hérésie le successeur de Pierre, tandis que, soutenu par les légistes du temps, Marsille de Padoue s'attaque au principe même du
pontificat.
Benoît XII néanmoins, découragé par les troubles d'Italie, abandonne la pensée qu'il avait eue de rentrer dans la Ville éternelle ; il fonde sur le rocher des Doms le château fameux, forteresse
et palais, qui semble fixer pour jamais aux bords du Rhône le séjour du chef de la chrétienté. Le deuil de Rome, la splendeur d'Avignon sont au comble sous Clément VI, dont le contrat passé avec
Jeanne de Naples, comtesse de Provence, acquiert définitivement à l'Eglise la possession de l'usurpatrice capitale. A cette heure, l'entourage du Pontife égale en luxe, en mondanité, toutes les
cours du monde. La justice de Dieu déchaîne sur les nations le fléau de la peste noire.
Sa miséricorde fait parvenir au Pape Clément les avertissements du ciel :
"Lève-toi ; fais la paix entre les rois de France et d'Angleterre, et viens en Italie prêcher l'année du salut, visiter les lieux arrosés du sang des Saints. Songe que, dans le passé, tu as
provoqué ma colère, faisant ta volonté, non ton devoir ; et je me suis tu. Mais mon temps est proche. Si tu n'obéis, je te demanderai compte de l'indignité avec laquelle tu as franchi tous les
degrés par lesquels j'ai permis que tu fusses exalté en gloire. Tu me rendras raison de la cupidité, de l'ambition qui, de ton temps, ont fleuri dans l'Eglise : tu pouvais beaucoup pour la
réforme ; ami de la chair, tu ne l'as pas voulu. Répare ton passé par le zèle de tes derniers jours. Si ma patience ne t'avait gardé, tu serais descendu plus bas qu'aucun de tes prédécesseurs.
Interroge ta conscience, et vois si je dis la vérité.»
(Birgitt. Revelat. Lib. VI, cap. LXIII)
L'austère message venait de cette terre d'aquilon où, depuis un demi-siècle, la sainteté semblait réfugiée.
Brigitte de Suède, en qui la lumière prophétique croissait au milieu des honneurs que lui attirait sa naissance, l'avait écrit sous la dictée du Fils de Dieu.
Malgré tant de reproches encourus, la foi du Pape était grande ; elle s'unit à la courtoisie du grand seigneur qu'était resté Pierre Roger sous la tiare, pour ménager près de sa personne un
accueil plein d'égards aux mandataires de la princesse de Néricie. Mais, s'il promulgua le jubilé célèbre qui devait marquer ce milieu de siècle, Clément VI laissa lui-même passer l'année
sainte,sans qu'on le vît prosterné devant ces tombeaux des Apôtres à la visite desquels il convoquait l'univers.
La patience divine était lassée : Brigitte connut le jugement de cette âme ; elle vit son châtiment terrible, qui pourtant n'était pas celui de l'abîme, et que tempérait l'espérance. Toute
jusque-là aux intérêts surnaturels de son pays, Brigitte subitement voyait sa mission embrasser le monde. Vainement, par ses prières à Dieu, par ses avertissements aux princes, la grande
maîtresse du palais de Stockholm avait tenté d'arracher la Suède aux épreuves qui devaient aboutir à l'union de Calmar.
Ni Magnus II, ni Blanche de Dampierre qui partageait son trône, ne s'étaient appliqué les menaces de leur illustre parente : "J'ai vu le soleil briller avec la lune dans les cieux,
jusqu'à ce que l'un et l'autre ayant donné au dragon leur puissance, le ciel pâlit, les reptiles remplirent la terre, le soleil glissa dans l'abîme et la lune disparut sans laisser nulles
traces." (Birgitt. Revelat. Lib. VIII, cap. XXXI)
Ô Nord, la froideur criminelle du Midi t'avait valu d'augustes avances ; dans ces jours qui te furent donnés,
tu n'as point su mettre à profit la visite de l'Epoux. Brigitte va te quitter pour toujours. Elle fut à l'Homme-Dieu sa cité de refuge ; visitant Rome et l'habitant désormais, elle doit, en
y ramenant la sainteté, préparer la rentrée du Vicaire du Christ en ses murs.
Labeur de vingt ans, où personnifiant la Ville éternelle, elle en subira les misères poignantes, en connaîtra
toutes les ruines morales, en présentera les prières et les larmes au Seigneur. Apôtres, martyrs romains, titulaires des sanctuaires fameux de la péninsule, la veulent sans cesse à leurs autels
trop longtemps délaissés ; tandis que, sous la dictée d'en haut, sa plume continue de transmettre aux pontifes et aux rois les missives de Dieu.
Mais l'horizon a semblé s'éclaircir enfin. Pendant que l'inflexible et juste Innocent VI réformait l'entourage du
successeur de Pierre, Albornoz pacifiait l'Italie. En 1367, Brigitte transportée s'incline au Vatican sous la bénédiction d'Urbain V. Hélas ! trois ans n'étaient pas écoulés que, regrettant sa
patrie terrestre, Urbain derechef abandonnait les tombeaux des Apôtres. La Sainte l'avait prédit : il ne revoyait Avignon que pour y mourir.
Roger de Beaufort, neveu de Clément VI, lui succéda et s'appela Grégoire XI ; c'était lui qui devait mettre fin sans retour à l'exil et briser les chaînes de la papauté. Cependant le temps de
Brigitte va finir. Une autre moissonnera dans la joie ce qu'elle a semé dans les larmes ; Catherine de Sienne, lorsqu'elle n'y sera plus, ramènera dans la Cité sainte le Vicaire de l'Epoux.
Quant à la vaillante Scandinave, toujours déçue dans ses missions sans que jamais ait fléchi son courage ou vacillé sa foi, l'Epoux, finissant avec elle en la manière qu'il commença, la conduit
aux saints Lieux, témoins de sa passion douloureuse ; et c'est au retour de ce pèlerinage suprême que, loin de la terre de sa naissance, en cette Rome désolée dont elle n'a pu faire cesser
le veuvage, il lui redemandera son âme. Fille de la Sainte, et sainte comme elle, une autre Catherine ramènera aux rivages de Scandinavie le corps de la descendante des seigneurs de
Finstad.
Il fut déposé au monastère encore inachevé de Vadstena, chef-lieu projeté de cet Ordre du Sauveur dont le dessein,
comme toutes les entreprises imposées à Brigitte de par Dieu, ne devait parvenir à terme qu'après sa mort. Presque simultanément, vingt-cinq ans plus tôt, elle avait reçu l'ordre de fonder et
celui d'abandonner le pieux asile; comme si le Seigneur n'en voulait évoquer à ses yeux la sereine tranquillité, que pour la crucifier d'autant mieux dans la voie si différente où il entendait
l'introduire à l'heure même. Rigueur de Dieu pour les siens ! souveraine indépendance de ses dons : ainsi déjà laissant la Sainte s'éprendre en ses premières années du beau lis, attribut des
vierges, lui avait-il soudainement signifié que la fleur de ses prédilections était pour d'autres. En vain j'ai crié vers lui, disait le prophète au temps de la captivité qui figurait celle dont
Brigitte avait à savourer toutes les amertumes ; en vain j'ai crié vers lui, et je l'ai supplié : il a repoussé ma prière ; il m'a barré la route avec des pierres de taille, il a renversé
mes sentiers.
En prélude au récit liturgique de l'Eglise, rappelons que Brigitte s'envola vers la vraie patrie le 23 juillet
1373 ; le VIII octobre est l'anniversaire du jour où pour la première fois, au lendemain de la canonisation, la Messe de sainte Brigitte fut célébrée par Boniface IX. Martin V
confirma depuis les actes de Boniface IX en son honneur ; il approuva comme lui ses Révélations ; vivement attaquées aux conciles de Constance et de Bâle, elles n'en sortirent que mieux
recommandées à la piété des fidèles.
On connaît également les indulgences précieuses attachées au chapelet qui porte le nom de la Sainte ; par la faveur du Siège apostolique, elles sont fréquemment appliquées de nos jours aux
chapelets ordinaires ; mais il est bon de rappeler que le vrai chapelet de sainte Brigitte se composait pour elle de soixante-trois Ave Maria, sept Pater et sept Credo, en l'honneur des années
présumées de Notre-Dame ici-bas, de ses allégresses et de ses douleurs.
C'est cette même pensée d'honorer Marie qui lui fit déférer la supériorité à l'Abbesse, dans les monastères doubles de son Ordre du Sauveur.
DOM GUÉRANGER
L'année liturgique
Brigittines aujourd'hui
Comme Jésus parlait encore à la foule, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler.
Quelqu'un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler. »
Jésus répondit à cet homme : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? »
Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur et une mère.
»
Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu
Il avait dit à Jean : Jean, voici votre mère.
Et voici votre fils.
Il ne pleurait point Jean, Marie et Madeleine ;
Il ne les quittait plus que de quelques années ;
Un jour ils remontraient au séjour de son père ;
La séparation n’avait qu’un temps humain.
Tout ce qui tenait à lui, tout ce qui venait de lui, tout ce qui tenait de lui, de ce côté-là, n’était qu’humain.
Un berceau lointain, une crèche dans une étable ; sous le chœur des chansons ; sous le chœur des anges ; sous les ailes
calmes mais frissonnantes, mais palpitantes des anges.
Il mesura plus qu’eux la grandeur de la peine ;
Ils ne la mesuraient que d’un regard humain ;
Même le damné, même le larron qui venait de se perdre ;
Ils n’étaient devant lui que des damnés humains.
De son regard de Dieu joignant l’éternité,
Il était tout au bout en même temps qu’ici,
Il était tout au bout en même temps qu’alors.
Il était au milieu et tout ensemble à l’un et l’autre bout.
Lui seul.
De tous.
Il saisit d’un regard toute sa vie humaine,
Que trente ans de famille et trois ans de public
N’avaient point accomplie ;
Que trente ans de famille et trois ans de disciples,
Sa nouvelle famille,
Cette autre famille,
Sa famille charnelle et sa famille élue,
L’une et l’autre charnelles, l’une et l’autre élues,
Toutes les deux charnelles, toutes les deux élues,
N’avaient point consommée ;
Que trente ans de travail et trois ans de prières,
Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de prières
N’avaient point achevée ;
Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de prière.
Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc
Missel (XVe siècle)
c’est être auprès de son Père, c’est vivre dans le secret de son Père.
Cela doit être le sens de notre vie quotidienne. Nous devons, nous aussi, prendre des temps, à l’écart, pour se reposer
en Dieu.
Demandons au Seigneur qu’il fasse de nous des êtres transformés par l’amour du Père, par l’amour du Fils dans le
Saint-Esprit.
Nous pouvons rencontrer le Père puisque le Christ nous a donné accès auprès de lui. Le Père nous aime. Laissons-nous
faire par lui et le Seigneur fera le reste. Il triomphe en nous puisqu’il est notre amour, notre vérité, notre justification, notre force. Qu’il nous donne tous ses dons alors nous serons
vraiment en Lui.
Amen !
ici le texte intégral du Père
Marie-Joseph Le Guillou