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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 15:00

On la mit à garder un bien autre troupeau,
La plus énorme horde où le loup et l’agneau
Aient jamais confondu leur commune misère.


Et comme elle veillait tous les soirs solitaire
Dans la cour de la ferme ou sur le bord de l’eau,
Du pied du même saule et du même bouleau
Elle veille aujourd’hui sur ce monstre de pierre.


Et quand le soir viendra qui fermera le jour,
C’est elle la caduque et l’antique bergère,
Qui ramassant Paris et tout son alentour

Conduira d’un pas ferme et d’une main légère
Pour la dernière fois dans la dernière cour
Le troupeau le plus vaste à la droite du père.

Comme elle avait gardé les moutons à Nanterre
Et qu’on était content de son exactitude,
On mit sous sa houlette et son inquiétude
Le plus mouvant troupeau, mais le plus volontaire.


Et comme elle veillait devant le presbytère,
Dans les soirs et les soirs d’une longue habitude,
Elle veille aujourd’hui sur cette ingratitude,
Sur cette auberge énorme et sur ce phalanstère.


Et quand le soir viendra de toute plénitude,
C’est elle la savante et l’antique bergère,
Qui ramassant Paris dans sa sollicitude

Conduira d’un pas ferme et d’une main légère
Dans la cour de justice et de béatitude
Le troupeau le plus sage à la droite du père.


Elle avait jusqu’au fond du plus secret hameau
La réputation dans toute Seine et Oise
Que jamais ni le loup ni le chercheur de noise
N’avaient pu lui ravir le plus chétif agneau.


Tout le monde savait de Limours à Pontoise
Et les vieux bateliers contaient au fil de l’eau
Qu’assise au pied du saule et du même bouleau
Nul n’avait pu jouer cette humble villageoise.


Sainte qui rameniez tous les soirs au bercail
Le troupeau tout entier, diligente bergère,
Quand le monde et Paris viendront à fin de bail

Puissiez-vous d’un pas ferme et d’une main légère
Dans la dernière cour par le dernier portail
Ramener par la voûte et le double vantail

Le troupeau tout entier à la droite du Père.


Péguy
La tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc

Ste genevieve st etienne

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 17:00

Bergère qui gardiez les moutons à Nanterre
Et guettiez au printemps la première hirondelle,
Vous seule vous savez combien elle est fidèle,
La ville vagabonde et pourtant sédentaire.

Vous qui la connaissez dans ses embrassements
Et dans sa turpitude et dans ses pénitences,
Et dans sa rectitude et dans ses inconstances,
Et dans le feu sacré de ses embrasements,
Vous qui la connaissez dans ses débordements,
Et dans le maigre jeu de ses incompétences,
Et dans le battement de ses intermittences,
Et dans l’anxiété de ses longs meuglements,
Vous seule vous savez comme elle est peu rebelle,
La ville indépendante et pourtant tributaire.

Vous qui la connaissez dans le sang des martyrs
Et la reconnaissez dans le sang des bourreaux,
Vous qui l’avez connue au fond des tombereaux
Et la reconnaissez dans ses beaux repentirs,
Et dans l’intimité de ses chers souvenirs
Et dans ses fils plus durs que les durs hobereaux,
Et dans l’absurdité de ces godelureaux
Qui marchaient à la mort comme on ferait ses tirs,
Vous seule vous savez comme elle est jeune et belle,
La ville intolérante et pourtant libertaire.

Vous qui la connaissez dans ses gémissements
Et la reconnaissez dans ses inconsistances,
Dans ses atermoiements et dans ses résistances,
Dans sa peine et son deuil et ses désarmements,
Vous qui la connaissez dans ses mugissements
Et dans l’humilité de ses omnipotences,
Et dans la sûreté de ses inadvertances
Et dans le creux secret de ses tressaillements,
Vous seule vous savez comme elle est jouvencelle,
La ville incohérente et pourtant statutaire.

Vous qui la connaissez dans le luxe de Tyr
Et la reconnaissez dans la force de Rome,
Vous qui la retrouvez dans le coeur du pauvre homme
Et la froide équité de la pierre à bâtir,
Et dans la pauvreté de la chair à pâtir
Sous la dent qui la mord et le poing qui l’assomme
Et l’écrit qui la fixe et le nom qui la nomme
Et l’argent qui la paye et veut l’assujettir,
Vous seule vous savez combien elle est pucelle,
La ville exubérante et pourtant censitaire.

Vous qui la connaissez dans ses vieilles potences
Et la reconnaissez dans ses égarements,
Et dans la profondeur de ses recueillements,
Et dans ses échafauds et dans ses pestilences,
Et la solennité de ses graves silences,
Et dans l’ordre secret de ses fourmillements,
Et dans la nudité de ses dépouillements,
Et dans son ignorance et dans ses innocences,
Vous seule vous savez comme elle est pastourelle,
La ville assourdissante et pourtant solitaire.

Vous qui la connaissez dans ses guerres civiles
Et la reconnaissez dans ses égorgements,
Dans son courage unique et dans ses tremblements,
Dans son peuple sans peur et ses foules serviles,
Dans son gouvernement des hordes et des villes
Et dans la loyauté de ses enseignements,
Dans la fatalité de ses éloignements,
Dans l’honneur de sa face et dans ses tourbes viles,
Vous seule vous savez comme elle est colonelle,
La ville turbulente et pourtant militaire.

Vous qui la connaissez dans ses longues erreurs
Et la reconnaissez dans ses plus beaux retours,
Vous qui la connaissez dans ses longues amours
Et sa sourde tendresse et ses sourdes terreurs,
Et le commandement de ses lentes fureurs
Et le retournement des travaux et des jours,
Et le prosternement des palais et des tours,
Et le sang resté pur dans les mêmes horreurs,
Vous seule vous savez comme elle est maternelle,
La ville intempérante et pourtant salutaire.

Vous qui la connaissez dans le secret des coeurs
Et le sanglot secret de ses rugissements,
Dans la fidélité de ses attachements
Et dans l’humilité de ses plus grands vainqueurs,
Dans le sourd tremblement des plus ardents piqueurs
Et la foi qui régit ses accompagnements,
Et l’honneur qui régit tous ses engagements,
Et l’humeur qui régit ses plus grossiers moqueurs,
Vous seule vous savez comme elle est ponctuelle,
Votre ville servante et pourtant réfractaire.

Vous qui la connaissez dans ses secrets soupirs
Et dans les beaux regrets de ses arrachements,
Dans les roides rigueurs de ses empêchements,
Et dans le lent recul de ses longs avenirs,
Vous qui l’avez connue aux mains des triumvirs
Et la reconnaissez dans ses ménagements,
Jamais elle n’hésite au seuil de ses tourments
Et parfois elle hésite au seuil de ses plaisirs
Et seule vous savez comme elle est demoiselle,
La ville chancelante et jamais adultère.

Vous qui la connaissez dans le sang de ses rois
Et dans le vieux pavé des saintes barricades,
Et dans ses mardis-gras et dans ses cavalcades,
Et dans tous ses autels et dans toutes ses croix,
Vous qui la connaissez dans son pavé de bois
Teint du même carnage et dans ses embuscades
Et dans ses quais de Seine et dans ses estacades
Et dans ses dures moeurs et son respect des lois,
Vous seule vous savez comme elle est fraternelle,
La ville décevante et pourtant signataire.

Vous qui la connaissez dans la force des armes
Et dans la fermeté de ses relâchements,
Dans la sévérité de ses épanchements,
Dans sa muette angoisse et son fleuve de larmes,
Vous qui la connaissez dans ses sacrés vacarmes
Et dans la dureté de ses retranchements,
Et dans l’humilité de ses amendements,
Et sa sécurité dans les pires alarmes,
Vous seule vous savez comme elle est rituelle,
La ville défaillante et pourtant légataire.

Vous qui la connaissez dans les gamins des rues
Et dans la fermeté de ses commandements,
Dans la subtilité de ses entendements,
Dans ses secrets trésors et ses forces accrues,
Et dans ses vétérans et ses jeunes recrues,
Et dans la fixité de ses engagements,
Et dans la sûreté de ses dégagements,
Et dans le Pont-Royal et les énormes crues,
Vous seule commandez la haute caravelle,
La ville menaçante et la destinataire.

Vous qui la connaissez dans ses vieilles maisons
Et dans tous les faubourgs de ses prolongements,
Et dans tous les quartiers de ses morcellements,
Et dans l’antiquité de ses vieilles raisons,
Vous qui la connaissez dans ses beaux horizons
Et dans le sourd fracas de ses ébranlements,
Dans la sourde rumeur de ses assemblements,
Dans la porte et le mur de ses vieilles prisons,
Vous seule connaissez la flamme et l’étincelle,
La ville intelligente et pourtant volontaire.

Vous qui la connaissez dans ses vices patents
Et ses foyers cachés et ses vertus latentes,
Et dans ses longs espoirs et ses mornes attentes,
Et dans son municipe et dans ses habitants,
Vous qui la connaissez dans ses jours éclatants
Et dans le lourd immeuble et dans toutes ses tentes,
Et dans son vieux principe et dans ses mésententes,
Et dans son avarice et ses deniers comptants,
Vous seule vous savez qu’elle est sacramentelle,
La ville déférente et pourtant pamphlétaire.

Vous qui la connaissez dans ses pauvres misères
Et dans la vanité de ses accablements,
Dans la solidité de ses enchaînements,
Dans sa gendarmerie et dans ses garnisaires,
Vous qui la connaissez dans vos anniversaires,
Et dans le soir tombé de ses apaisements,
Dans la frivolité de ses amusements,
Et moins dans ses tenants que dans ses adversaires,
Vous seule vous savez comme elle est solennelle,
La ville éblouissante et pourtant grabataire.

Et quand aura volé la dernière hirondelle,
Et quand il s’agira d’un bien autre printemps,
Vous entrerez première et par les deux battants
Dans la cour de justice et dans la citadelle.

On vous regardera, comme étant la plus belle,
Le monde entier dira : C’est celle de Paris.
On ne verra que vous au céleste pourpris,
Et vous rendrez alors vos comptes de tutelle.


Les galopins diront : C’est une vieille femme.
Et les savants diront : Elle est de l’ancien temps.
Voici sa lourde ville et tous ses habitants.
Et voici sa houlette et le soin de son âme.

Vous vous avancerez dans votre antiquité.
On vous écoutera comme étant la doyenne
Et la plus villageoise et la plus citoyenne
Et comme ayant reçu la plus grande cité.

Seule vous parlerez lorsque tout se taira.

Et Dieu qui n’a jamais interloqué ses saints
Ni faussé sa parole et masqué ses desseins
Vous nommera sa fille et vous exaucera.


Car vous lui parlerez comme sa mandataire
Pour votre patronage et votre clientèle,
Et seule vous direz comme elle était fidèle,
La ville démocrate et pourtant feudataire.

 

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texte de Charles Péguy :
La tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc

tableau : Sainte-Geneviève devant l'Hôtel de Ville, école française, début du XVIIe siècle, Musée Carnavalet

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 05:25

Comme Jésus parlait encore à la foule, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler.

Quelqu'un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler. »

Jésus répondit à cet homme : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? »

Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur et une mère. »


Evangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu



Il avait dit à Jean : Jean, voici votre mère.

Et voici votre fils.

Il ne pleurait point Jean, Marie et Madeleine ;

Il ne les quittait plus que de quelques années ;

Un jour ils remontraient au séjour de son père ;

La séparation n’avait qu’un temps humain.

Tout ce qui tenait à lui, tout ce qui venait de lui, tout ce qui tenait de lui, de ce côté-là, n’était qu’humain.


Un berceau lointain, une crèche dans une étable ; sous le chœur des chansons ; sous le chœur des anges ; sous les ailes calmes mais frissonnantes, mais palpitantes des anges.


Il mesura plus qu’eux la grandeur de la peine ;

Ils ne la mesuraient que d’un regard humain ;

Même le damné, même le larron qui venait de se perdre ;

Ils n’étaient devant lui que des damnés humains.


De son regard de Dieu joignant l’éternité,

Il était tout au bout en même temps qu’ici,

Il était tout au bout en même temps qu’alors.

Il était au milieu et tout ensemble à l’un et l’autre bout.

Lui seul.

De tous.


Il saisit d’un regard toute sa vie humaine,

Que trente ans de famille et trois ans de public

N’avaient point accomplie ;

Que trente ans de famille et trois ans de disciples,

Sa nouvelle famille,

Cette autre famille,

Sa famille charnelle et sa famille élue,

L’une et l’autre charnelles, l’une et l’autre élues,

Toutes les deux charnelles, toutes les deux élues,

N’avaient point consommée ;

Que trente ans de travail et trois ans de prières,

Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de prières

N’avaient point achevée ;

Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de prière.


Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc





Missel (XVe siècle)

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 16:00

Comme la vieille aïeule au plus fort de son âge
Se réjouit de voir le tendre nourrisson,
L’enfant à la mamelle et le dernier besson
Recommencer la vie ainsi qu’un héritage ;

Elle en fait par avance un très grand personnage,
Le plus hardi faucheur au temps de la moisson,
Le plus hardi chanteur au temps de la chanson
Qu’on aura jamais vu dans cet humble village :

Telle la vieille sainte éternellement sage
Connut ce que serait l’honneur de sa maison
Quand elle vit venir, habillée en garçon,

Bien prise en sa cuirasse et droite sur l’arçon,
Priant sur le pommeau de son estramaçon,
Après neuf cent vingt ans la fille au dur corsage ;

Et qu’elle vit monter de dessus l’horizon,
Souple sur le cheval et le caparaçon,
La plus grande beauté de tout son parentage.

 

 

Comme la vieille aïeule au fin fond de son âge
Se plaît à regarder sa plus arrière fille,
Naissante à l’autre bout de la longue famille,
Recommencer la vie ainsi qu’un héritage ;


Elle en fait par avance un très grand personnage,
Fileuse, moissonneuse à la pleine faucille,
Le plus preste fuseau, la plus savante aiguille
Qu’on aura jamais vu dans ce simple village


Telle la vieille sainte éternellement sage,
Du bord de la montagne et de la double berge
Regardait s’avancer dans tout son équipage,


Dans un encadrement de cierge et de flamberge,
Et le casque remis aux mains du petit page,
La fille la plus sainte après la sainte Vierge.

 

 

Comme Dieu ne fait rien que par miséricordes,
Il fallut qu’elle vît le royaume en lambeaux,
Et sa filleule ville embrasée aux flambeaux,
Et ravagée aux mains des plus sinistres hordes ;


Et les coeurs dévorés des plus basses discordes,
Et les morts poursuivis jusque dans les tombeaux,
Et cent mille Innocents exposés aux corbeaux,
Et les pendus tirant la langue au bout des cordes


Pour qu’elle vît fleurir la plus grande merveille
Que jamais Dieu le père en sa simplicité
Aux jardins de sa grâce et de sa volonté
Ait fait jaillir par force et par nécessité ;


Après neuf cent vingt ans de prière et de veille
Quand elle vit venir vers l’antique cité,
Gardant son coeur intact en pleine adversité,
Masquant sous sa visière une efficacité ;


Tenant tout un royaume en sa ténacité,
Vivant en plein mystère avec sagacité,
Mourant en plein martyre avec vivacité,


La fille de Lorraine à nulle autre pareille.





Jeanne en bataille


texte de Charles Péguy :
La tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d'Arc

tableau de Hermann Anton Stilke

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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 08:25

Les armes de Satan c’est la paix et la guerre,
Les peuples éventrés, les sacrements par terre,
La honte, la terreur, la rage militaire ;


Les armes de Jésus c’est la guerre et la paix,
Les peuples respectés et les derniers harnais
De guerre suspendus aux frontons des palais ;


Les armes de Satan c’est l’horreur de la guerre,
Les peuples affolés, Jésus sur le Calvaire,
Le sang, le cri de mort, le meurtre volontaire ;


Les armes de Jésus c’est l’honneur de la guerre,
Les peuples rétablis, Jésus sur le Calvaire,
Le sang, le sacrifice et la mort volontaire


Pour qu’elle vît venir sous un tel étendard
De Jésus-Christ soldat contre Satan soudard,
Vers le vieux saint Etienne et le vieux saint Médard ;


Pour qu’elle vît venir par un chemin de terre,
Comme une jeune enfant qui vient vers sa grand-mère,
Par les bois de Puteaux, par les champs de Nanterre ;


Pour qu’elle vît venir ardente et militaire,
Obéissante et ferme et douce et volontaire,
Sur Boulogne et Neuilly, sur Puteaux et Nanterre ;


Hauturière et docile, alerte et droiturière,
Et prompte à la manoeuvre et peu procédurière,
Destinée à périr comme une aventurière ;


Bien en selle en avant de sa cavalerie,
Masquant ses bombardiers et sa bombarderie,
Traînant comme un réseau sa lourde infanterie ;


Ameutant ses tambours qui battaient pour la messe,
Gourmandant ces brigands qui couraient à confesse,
Déférente aux trois voix qui scellaient leur promesse ;


Ayant mis les soldats au pas sacramentaire,
Ayant mis les curés au pas réglementaire,
Et logé les Vertus au train régimentaire ;


Bien allante et vaillante et sans étourderie,
Bien venante et plaisante et sans coquetterie,
Bien disante et parlante et sans bavarderie ;


Révérant les coffrets sertis de pierrerie
Où les reliefs des saints ouvrés d’orfèvrerie
Reposent sur l’autel et sur la broderie ;


Sage comme une aïeule en sa tendre jeunesse,
Cadette ayant conquis le plus beau droit d’aînesse,
Grave et les yeux plus clairs que d’une chanoinesse,


La sainte la plus grande après sainte Marie.




Jeanne d'Arc en prière



texte de Charles Péguy :
La tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc

tableau de Ary Sheffer
à l'église Saint Denys de la Chapelle
où Jeanne passa une nuit en prière



Saint Denys de la Chapelle à Paris 18e

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1 mai 2009 5 01 /05 /mai /2009 03:00

Il saisit d’un regard toute sa vie humaine,

Que trente ans de famille et trois ans de public

N’avaient point accomplie ;

Que trente ans de famille et trois ans de disciples,

Sa nouvelle famille,

Cette autre famille,

Sa famille charnelle et sa famille élue,

L’une et l’autre charnelles, l’une et l’autre élues,

Toutes les deux charnelles, toutes les deux élues,

N’avaient point consommée ;

Que trente ans de travail et trois ans de prières,

Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de prières

N’avaient point achevée ;

Trente-trois ans de travail, trente-trois ans de prière.

Que trente ans de charpente et trois ans de parole,

Trente-trois ans de charpente, trente-trois ans de parole, secrète ; publique ;

N’avaient point épuisée ;

Car il avait travaillé dans la charpente, de son métier.

Il travaillait, il était dans la charpente.

Dans la charpenterie.

Il était ouvrier charpentier.

Il avait même été un bon ouvrier.

Comme il avait été un bon tout.

C’était un compagnon charpentier.

Son père était un tout petit patron.

Il travaillait chez son père.

Il faisait du travail à domicile.

Il voyait, il revoyait aussi l’établi et le rabot.

L’établi. Le billot pour appuyer le morceau de bois que l’on fend.

La scie et la varlope.

Les beaux vrillons, les beaux copeaux de bois.

La bonne odeur du bois frais.

Fraîchement coupé.

Fraîchement taillé.

Fraîchement scié.

Et la belle couleur, et la belle odeur,

Et la bonne couleur, et la bonne odeur.

Du bois quand on enlève l’écorce.

Quand on le pelure.

Comme un beau fruit.

Comme un bon fruit.

Que l’on mangerait.

Mais ce sont les outils qui le mangent.

Et l’écorce qui se sépare.

Qui s’écarte.

Qui se pèle.

Qui s’enlève délicatement sous la cognée.

Qui sent si bon et qui a une si belle couleur brune.

Comme il aimait ce métier-là.

L’écorce qui a une si bonne couleur, une si bonne odeur.

Comme il aimait son métier.

Il était fait pour ce métier-là.

Sûrement.

Le métier des berceaux et des cercueils.

Qui se ressemblent tant.

Des tables et des lits.

Et aussi des autres meubles.

De tous les meubles.

Car il ne faut oublier personne.

Il ne faut décourager personne.

Le métier des buffets, des armoires, des commodes.

Des mées.

Pour mettre le pain.

Des escabeaux.

Et le monde n’est que l’escabeau de vos pieds.

Car dans ce temps-là les menuisiers n’étaient pas encore séparés des charpentiers.

Tout ce qui travaillait le bois.

Comme il avait aimé le travail bien fait.

L’ouvrage bien faite.

Il avait été un bon ouvrier.

Un bon charpentier.

Comme il avait été un bon fils.

Un bon fils pour sa mère Marie.

Un enfant bien sage.

Bien docile.

Bien soumis.

Bien obéissant à ses père et mère.

Un enfant.

Comme tous les parents voudraient en avoir.

Un bon fils pour son père Joseph.

Pour son père nourricier Joseph.

Le vieux charpentier.

Le maître charpentier.

Comme il avait été un bon fils aussi pour son père.

Pour son père qui êtes aux cieux.

Comme il avait été un bon camarade pour ses petits camarades.

Un bon camarade d’école.

Un bon camarade de jeux.

Un bon compagnon de jeu.

Un bon compagnon d’atelier.

Un bon compagnon charpentier.

Parmi tous les autres compagnons.

Charpentiers.

Pour tous les compagnons.

Charpentiers.

Comme il avait été un bon pauvre.

Comme il avait été un bon citoyen.

Il avait été un bon fils pour ses père et mère.

Jusqu’au jour où il avait commencé sa mission.

Sa prédication.

Un bon fils pour sa mère Marie.

Jusqu’au jour où il avait commencé sa mission.

Un bon fils pour son père Joseph.

Jusqu’au jour où il avait commencé sa mission.

En somme tout s’était bien passé.

Jusqu’au jour où il avait commencé sa mission.

Il était généralement aimé.

Tout le monde l’aimait bien.

Jusqu’au jour où il avait commencé sa mission.

Les camarades, les amis, les compagnons, les autorités,

Les citoyens,

Les père et mère

Trouvaient cela très bien.

Jusqu’au jour où il avait commencé sa mission.




Autel à la Cathédrale de Coutances


texte : Charles Péguy

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16 avril 2009 4 16 /04 /avril /2009 17:00

Il y a un trésor des promesses. D’un seul coup, du premier coup Jésus a tenu toutes les promesses. Il est venu et il a tenu toutes les promesses. Il a tenu toutes les promesses de Dieu, toutes les promesses des prophètes. Toutes les promesses de Dieu remémorées, répercutées par les prophètes, par la lignée des prophètes. Toutes les promesses faites à son peuple, au peuple d’Israël ; et en Israël à toute humanité. Singulières promesses. Elles ont toutes été accomplies du premier coup, elles furent toutes couronnées d’un seul coup. Et éternellement c’est de nous, c’est aussi de nous, c’est finalement de nous qu’elles attendent leur accomplissement, qu’elles attendent leur couronnement. Singulières promesses. Encore singulières. Doublement singulières. C’est à nous qu’elles furent données. C’est à nous qu’elles furent promises. Et c’est de nous en définitive que dépend leur accomplissement, c’est de nous qu’elles attendent leur couronnement. C’est en nos mains, en nos faibles mains, en nos maigres mains ; en nos mains indignes, en nos mains pécheresses que réside leur accomplissement même et la promesse de leur couronnement. C’est le monde renversé. Celui à qui la promesse est faite est aussi celui qui en définitive tient la promesse, se tient la promesse à lui-même. C’est le monde à l’envers. Celui qui tient est le même que celui à qui c’est promis. C’est nous qui nous tenons parole à nous-mêmes, qui avons à nous tenir parole à nous-mêmes. Voilà ce que n’ont pas compris les docteurs de la terre.


Charles Péguy
Le mystère de la charité de Jeanne d’Arc

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