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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

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Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 11:30

C'est là, c'est-à-dire dans l'ordre mystérieux de la grâce et de la toute-puissance divine, et non pas dans des vouloirs humains, qu'il faut chercher le principe de l'heureuse révolution, qui a renouvelé la face de nos églises de France.

 

Pour répondre  à  l'invitation  du   Souverain Pontife, Dom Guéranger conçut le plan d'une somme liturgique, dans laquelle il se proposait de condenser toute la science des rites sacrés. Durand de Mende et d'autres écrivains du moyen âge ont eu le même dessein ; mais leurs ouvrages ne sont plus que des ébauches imparfaites. Les travaux de l'érudition aux XVIe, XVIIe  et XVIIIe siècles ont tiré de l'obscurité et quelquefois mis en œuvre pour des points particuliers les matériaux de la science liturgique ; les découvertes de l'archéologie chrétienne ajoutent sous nos yeux de nouvelles richesses à ces trésors lentement accumulés ; aucune main n'a su encore bâtir l'édifice.

 

Dom Guéranger avait l'ambition de le construire et il en était capable. Dans la préface du premier volume des Institutions, il trace son plan d'une main hardie et sûre. L'histoire étant le fondement et le cadre de tout enseignement ecclésiastique, il voulait d'abord exposer les vicissitudes de la Liturgie dans l'Église en indiquant, à mesure qu'il les rencontrerait sur son chemin, les sources auxquelles on pouvait en puiser la science. Après cette introduction historique et bibliographique, l'auteur se proposait de donner les notions nécessaires sur les livres de la Liturgie, sur le calendrier et les mystérieuses divisions de l'année ecclésiastique. L'étude complète du sacrifice chrétien, des sacrements et des sacramentaux devait former comme le corps de l'ouvrage ; des commentaires du bréviaire et du missel, une série de traités spéciaux sur les règles de la symbolique, sur la langue et le style, le droit et l'autorité de la Liturgie comme moyen d'enseignement dans l'Église, et enfin une théologie liturgique étaient destinés à couronner ce vaste ensemble, que l'auteur espérait renfermer dans cinq volumes, et qui, dans la réalité, aurait pu en réclamer quinze ou vingt.

 

Le premier parut en 1840. Après quelques notions préliminaires sur la Liturgie et l'importance de son étude, Dom Guéranger en retraçait l'histoire depuis les temps apostoliques jusqu'à la réforme commencée par saint Pie V et achevée par Urbain VIII, à laquelle la Liturgie romaine doit sa rédaction définitive. Par la simple exposition des faits, l'Abbé de Solesmes démontrait que si une certaine variété avait existé à l'origine dans les usages liturgiques des diverses églises, les Pontifes romains avaient travaillé au plus tard dès le Ve siècle à établir l'unité dans tout leur patriarcat d'Occident, et que depuis le XIe siècle, les livres et les rites de l'Église romaine étaient, sauf quelques variations de détail, les seuls usités dans la chrétienté latine, à l'exception de Milan et de son territoire. La France en particulier n'en connaissait pas d'autres depuis Charlemagne ; et bien loin de contester l'autorité souveraine des papes en matière de Liturgie, elle avait accueilli avec la plus filiale obéissance les bulles de saint Pie V pour la réforme liturgique et s'y était pleinement conformée, en conservant seulement quelques usages particuliers, dont le Siège apostolique reconnaissait lui-même la légitimité.

 

La conséquence de ces principes était immédiate et écrasante pour les liturgies gallicanes ; mais,comme l'auteur ne la tirait pas encore, beaucoup de lecteurs ne l'aperçurent pas et les applaudissements furent unanimes. Personne ne sentit et n'exprima mieux la portée et le mérite de l'ouvrage qu'une femme, dont nous pouvons citer ici les paroles, à cause des liens particuliers qui l'unirent à Dom Guéranger et surtout du respect que sa foi généreuse, son zèle pour les intérêts catholiques, son heureuse influence sur la haute société parisienne ont acquis à sa mémoire :

" Il suffirait de ce livre, écrivait la comtesse Swetchine à l'abbé de Solesmes, pour conduire à la vérité intégrale un esprit droit, et, quand vous ne traitez que de la Liturgie, c'est toute la vérité catholique qui apparaît. Quelle modération puissante et profonde dont l'Église seule vous donnait le modèle ! quelle courageuse liberté, quelle indépendance de vous-même ! car je n'y vois pas un trait que puisse revendiquer la nature. La vérité est toujours forte sous votre plume sans le secours d'aucune exagération ; les propositions  les plus neuves et par là même les plus hardies, y sont démontrées avec tant de raison, de clarté et de précision, qu'on est amené tout naturellement au point où vous voulez conduire, comme par une rampe que l'on gravit  sans s'en apercevoir ; c'est vraiment lumineux et jamais l'érudition ne s'est montrée moins sèche. Les détails les plus insignifiants en apparence sont imprégnés d'un accent de foi et de piété ; dès la troisième page, je priais avec vous". (Lettre à Dom Guéranger, du 9 septembre 1840).

 

Trente-sept ans sont écoulés depuis que Mme Swetchine écrivait ces lignes ; les passions que Dom Guéranger combattait sont éteintes, les préjugés vaincus ; les principes qu'il exposait avec tant de lucidité, acceptés de tous sans contestation, n'ont plus besoin d'être démontrés ; mais si les temps sont changés, la valeur du livre ne l'est pas, et nous croyons que le lecteur ne pourra parcourir ce premier volume, sans ressentir les impressions que la noble et pieuse amie de Dom Guéranger savait rendre avec tant de précision et de finesse.

 

Le second volume des Institutions liturgiques parut un an à peine après son aîné, et reçut un accueil tout différent. Les applaudissements redoublèrent, il est vrai, mais ils cessèrent d'être unanimes, et une opposition formidable et bruyante s'organisa contre le livre et son auteur. Dès les premières pages, Dom Guéranger était entré dans le vif de la question. Il montrait une coalition naissant au sein des parlements et du clergé pour combattre l'influence de Rome et asservir l'Église à l'État, sous prétexte des libertés gallicanes. La magistrature française commençait par porter la main sur la Liturgie, au nom d'un droit prétendu de la couronne, bientôt les évêques eux-mêmes, outrepassant les limites de leur autorité, se laissaient entraîner par les préjugés d'une critique orgueilleuse et ennemie des plus saintes traditions, altéraient les livres liturgiques de leurs églises, supprimaient des formules et des usages vénérables, pour y substituer des nouveautés sans autorité et sans caractère.

 

La secte janséniste apparaissait ensuite, et prenait sur le clergé de France une influence dont nous sentons encore les pernicieux effets. Pour tarir la source principale de la vie catholique, elle s'attaqua avec un art diabolique à la   Liturgie romaine. Profitant  des préjugés nationaux des gallicans, des prétentions hautaines des hypercritiques, elle réussit à jeter le discrédit et le ridicule sur les livres vénérables, qui étaient depuis tant de siècles les instruments de la prière pour toute la chrétienté latine. Quand l'antique édifice élevé par les papes et les saints eut été ébranlé, la secte odieuse fournit encore des ouvriers, tout prêts à refaire, au goût du temps et en un jour, toute la Liturgie. Avec l'accent de la foi et d'une juste indignation, Dom Guéranger montrait le crime de ces attentats et le tort irréparable qu'ils avaient fait à la religion en France. Il peignait, avec une vivacité de couleurs et une verve entraînante, le progrès rapide de cette coalition du gallicanisme, du jansénisme et d'une critique à demi rationaliste, qui gagnait peu à peu toutes les églises de France et entraînait même quelques-uns des prélats les plus catholiques du  XVIIIe   siècle.

 

Dans la franchise de son langage monastique, l'auteur ne dissimulait rien et ne craignait pas de signaler les faiblesses des hommes les plus illustres ; mais, alors même que l'amour de l'Église et des âmes lui dictait les pages les plus émues, il savait garder le respect dû à des prélats morts dans la communion du siège apostolique. Attentif à relever tout ce qui pouvait être à l'honneur de l'ancienne Église de France, il s'attachait à recueillir soigneusement les protestations que ces nouveautés liturgiques arrachèrent à des évêques et des prêtres, qui avaient conservé dans sa plénitude l'esprit de la tradition catholique.

 

En traçant enfin l'histoire liturgique de la France au XIXe siècle, il voilait sous des formes délicates le blâme qui ressortait de l'exposé nécessaire de certains faits contemporains et louait au contraire avec une effusion, qu'on trouvera aujourd'hui exagérée, les moindres actes dans lesquels il pouvait saisir un indice de retour aux saines traditions. Un argument irrésistible en faveur de la Liturgie romaine résultait de l'ensemble de ce récit. Quiconque n'était pas aveuglé par des préjugés d'éducation ou de secte, se disait en fermant le livre : "Il faut revenir à la Liturgie romaine ; c'est le plus puissant moyen de raviver la foi en France et de rendre indissolubles les liens trop affaiblis, hélas ! qui nous rattachent au Saint-Siège."

 

Dom Guéranger n'avait ni le dessein ni l'espérance de provoquer une semblable révolution en quelques années. L'accueil fait à son premier volume lui permettait de penser que le second porterait coup et arrêterait peut-être le progrès du mal qu'il dénonçait avec tant de vérité et d'énergie ; mais, à vrai dire, le vaillant écrivain ne s'arrêta pas à calculer l'effet de sa parole. Il allait où Dieu le portait ; il avait senti qu'il avait une vérité à faire entendre, et il l'annonçait avec simplicité. Credidi, pouvait-il dire, propter quod locutus sum (Ps. CXV, 1.). "Je crois, et à cause de cela, je parle ; c'est à Dieu de faire ce qu'il voudra de ma parole."

 

L'effet de cette publication fut immense, et les vétérans du clergé français se rappelleront longtemps les controverses passionnées qu'elle excita dans son sein.

 

DOM ALPHONSE GUÉPIN, M. B.
Abbaye de Solesmes, 1er novembre 1877.

Préface à la nouvelle édition de 1878 des INSTITUTIONS  LITURGIQUES de DOM GUÉRANGER

 

T. R. P. Dom Guéranger 

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 11:30

L'heure de la lutte décisive n'était pas venue et, à vrai dire, le champion de la Liturgie romaine n'était pas encore prêt.

 

Onze années s'écoulèrent  avant que l'abbé Guéranger reprît sa  thèse, onze années  d'études, de   prières,   de rudes   souffrances,   et par  là  même  de  préparation   à l'œuvre que Dieu lui réservait. En  1833, le jeune prêtre se retirait à l'ancien prieuré  de Solesmes ; et là, avec le concours de quelques hommes de foi, il entreprenait de rendre à la France l'ordre bénédictin, détruit chez nous par la Révolution.

 

Cette  généreuse résolution le vouait pour toujours au service  liturgique, œuvre principale et centre de la vie du moine bénédictin. Mais jusque dans l'ordre de Saint-Benoît, les traditions avaient été foulées aux pieds. La congrégation de  Saint-Maur, rejetant  les livres  romains   que  son saint patron avait le premier apportés en  France, s'était donnée, au XVIIIe siècle, une Liturgie dans le goût du temps, que l'on avait proclamée un   chef-d'œuvre ;   la   réputation   de cette   compilation s'était  étendue au-delà de la  France ; on la vantait en Italie, et au moment où le prieuré de Solesmes se repeuplait, les bénédictins de Hongrie faisaient réimprimer le Bréviaire  de Saint-Maur et le  substituaient dans leurs monastères au Bréviaire romano-monastique.

 

Réagissant contre  ces pernicieux exemples,  Dom Guéranger établit à Solesmes la Liturgie romaine le 11 juillet 1833, jour de l'installation canonique de sa petite communauté.  Il rentrait ainsi de plein droit dans la portion la plus sacrée du patrimoine bénédictin. De saint Grégoire le Grand à saint Grégoire VII et au delà, les pontifes qui ont façonné la Liturgie romaine ont été presque tous des fils de saint Benoît, et si le patriarche du Cassin a prescrit dans sa Règle une forme particulière de l'office divin, les seules différences essentielles entre les usages monastiques et les romains sont la distribution du Psautier et le nombre des leçons ; et les moines bénédictins n'ont jamais eu d'autres responsoriaux ni d'autres antiphonaires que ceux de l'Eglise romaine, accrus de nombreuses pièces de leur composition.

 

Rempli, dès le premier jour, avec surabondance de l'esprit de son état, le jeune prieur de Solesmes ne se contentait pas d'apporter à l'office divin une attention toujours éveillée et un saint enthousiasme ; mais, grâce à cette puissance de synthèse qui était un des caractères principaux de son génie, il savait ramener à la Liturgie comme à un point central les études qu'il poussait avec une infatigable ardeur dans toutes les directions de la science ecclésiastique. La théologie dogmatique et mystique, le droit canonique, l'histoire et la littérature, l'esthétique l'aidaient tour à tour à découvrir les mystères des rites sacrés, à saisir jusque dans les moindres détails le sens des formules, que le missel et le bréviaire faisaient passer sous ses yeux. Depuis les plus minutieuses questions de rubriques jusqu'aux arcanes de la théologie et de la symbolique du sacrifice de l'Agneau immaculé, la science liturgique dans son ensemble lui devint promptement familière, et nous osons dire qu'aucun moderne ne l'a possédée au même degré. D'autres ont eu peut-être autant et plus l'érudition sur des points de détail, mais personne n'a compris et expliqué comme lui le mystère toujours vivant, toujours opérant de la Liturgie.

 

La Liturgie, en effet, n'était pas pour Dom Guéranger le but de curieuses recherches, l'objet d'une science plus ou moins aride et humaine : c'était l'instrument de la prière incessante, de la profession de foi et de la louange de l'Église, l'organe principal de sa vie, la voie mystérieuse de communication entre le ciel et la terre, le moyen principal de la sanctification des âmes. L'année ecclésiastique se présentait à lui comme la manifestation de Jésus-Christ et le renouvellement périodique de ses mystères dans l'Église. Le rôle du liturgiste tel qu'il le comprenait, était de suivre avec attention ce mouvement sans cesse renaissant, d'en saisir toutes les formes extérieures, de les expliquer soigneusement afin d'aider les âmes à en recueillir la grâce. Les sacrements et les sacramentaux lui apparaissaient de même comme les canaux mystérieux par lesquels la vie divine arrivait du ciel sur la terre ; et le moindre détail de leur histoire ou de leur célébration prenait à ses yeux l'importance d'un fait surnaturel. Ainsi envisagées, les études liturgiques étaient avant tout, pour Dom Guéranger, une préparation à la prière et aux fonctions sacerdotales ; l'amour de Dieu et de l'Église, le zèle pour sa propre sanctification et le salut des âmes, devenaient les mobiles qui soutenaient son ardeur dans ses recherches incessantes et pénibles.

 

Tel était l'esprit qu'il s'efforçait d'inspirer à ses disciples, leur répétant sans cesse que le service liturgique étant leur première obligation, ils ne pouvaient être de véritables enfants de saint Benoît qu'à condition de le célébrer non seulement avec ferveur, mais avec une pleine intelligence de ses mystères. Il voulait qu'ils eussent comme lui une piété à l'antique, avide des aliments qu'offre directement la main de l'Église et n'acceptant les autres qu'avec réserve et par surcroît. Cette direction donna dès le premier jour à l'humble communauté qui se formait à Solesmes, au milieu de difficultés incessantes, un caractère à part, et fut le principe de cohésion et de vie auquel elle dut de subsister et de grandir malgré de rudes épreuves.

 

La conséquence nécessaire d'un pareil enseignement était de placer les études liturgiques au premier rang parmi les travaux des moines de Solesmes. Cette direction, donnée à la naissante famille bénédictine par son chef, reçut la sanction suprême de l'autorité apostolique par le bref Innumeras inter de Grégoire XVI, qui établit canoniquement la Congrégation de France, érigea Solesmes en abbaye et conféra la dignité abbatiale à Dom Guéranger, le 1er septembre 1837. Dans cet acte solennel, le Souverain Pontife, après avoir déclaré que la nouvelle Congrégation avait pour objet de restaurer la pratique de la Règle de Saint-Benoît en France et de secourir les âmes désireuses de la vie monastique, ajoutait qu'après ce but suprême, elle devait travailler à ranimer, dans la mesure de ses forcés, la science de l'antiquité ecclésiastique et spécialement les saines traditions de la Liturgie près de s'éteindre, Sanas sacrœ Liturgiœ traditiones labescentes confovere.

 

Dom Guéranger inscrivit ces paroles comme épigraphe en tête de ses Institutions liturgiques, et les rappela souvent, à bon droit, dans le cours de sa polémique, quand on lui reprocha de soulever sans mission des controverses inopportunes. Par l'acte apostolique du Ier septembre 1837, Grégoire XVI n'avait certainement pas eu le dessein de provoquer en France une révolution liturgique, que personne à Rome n'osait espérer ; mais il donnait réellement à la Congrégation bénédictine de France et à son chef le mandat de travailler à la propagation et à la défense des vrais principes de la science liturgique, et il accordait d'avance à leurs efforts cette bénédiction de saint Pierre dont l'efficacité dépasse toute prévision humaine, parce qu'elle est la bénédiction même de Jésus-Christ.

 

Dom Guéranger, de son côté, était un de ces serviteurs que Dieu aime à employer pour ses grands desseins. "C'était,  pouvons-nous dire avec l'évêque de Poitiers, l'homme de la perfection évangélique, vivant de la vie de l'Eglise et tenant toutes les avenues de son âme ouvertes aux vouloirs divins. Dégagé des souillures du siècle, il était ce vase sanctifié et consacré dont le Seigneur use selon l'utilité et qui est prêt à toute bonne œuvre : erit vas sanctificatum, et utile Domino, ad omne opus bonum paratum". (Oraison funèbre du T. R. P. Dom Guéranger par Monseigneur Pie, évêque de Poitiers)

 

C'est là, c'est-à-dire dans l'ordre mystérieux de la grâce et de la toute-puissance divine, et non pas dans des vouloirs humains, qu'il faut chercher le principe de l'heureuse révolution, qui a renouvelé la face de nos églises de France.

 

DOM ALPHONSE GUÉPIN, M. B.
Abbaye de Solesmes, 1er novembre 1877.

Préface à la nouvelle édition de 1878 des INSTITUTIONS  LITURGIQUES de DOM GUÉRANGER

 

T. R. P. Dom Guéranger   

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 11:30

Depuis la mort du vénérable Père Dom Guéranger, abbé de Solesmes, des sollicitations pressantes et multipliées n'ont pas cessé de se faire entendre pour demander une édition nouvelle et complète de ses œuvres.

 

Les éloges que N.T. S. Père le Pape Pie IX a décernés au valeureux champion de l'infaillibilité pontificale et de la liturgie romaine, lui ont fait une place à part entre les écrivains ecclésiastiques de notre temps. En exaltant "son puissant génie, sa merveilleuse érudition, son dévouement inébranlable à la chaire de Pierre", en énumérant avec la clairvoyance d'un juge souverain les immenses résultats obtenus "par ses écrits pleins de foi, d'autorité et de  science", Pie IX a déclaré, on peut le dire, que l'œuvre du savant Abbé fait partie désormais du patrimoine commun de la famille catholique. La piété filiale n'est donc plus seule à imposer comme un devoir aux moines de Solesmes une publication nouvelle et intégrale des œuvres de leur père ; c'est une dette que l'Eglise leur réclame et qu'ils ont à cœur de payer le plus promptement possible.

 

L'Année liturgique et la Vie de sainte Cécile, les deux œuvres de prédilection du vénérable Abbé, ont été éditées déjà, ainsi que  l'Essai sur la médaille de saint Benoît ; aujourd'hui, nous annonçons quatre volumes comprenant les Institutions liturgiques, la Lettre sur le droit de la Liturgie, les deux Défenses des Institutions liturgiques, l'ensemble en un mot des écrits polémiques de Dom Guéranger sur la Liturgie. Nous n'avons plus besoin d'en expliquer l'importance, depuis que le Souverain Pontife a daigné dire de notre père : "L'objet principal de ses travaux et de ses pensées a été de rétablir la Liturgie romaine dans ses anciens droits. Il a si bien conduit cette entreprise, que c'est à ses écrits, et en même temps à sa constance et à son habileté singulière, plus qu'à toute autre influence, qu'on doit d'avoir vu, avant sa mort, tous les diocèses de France embrasser les  rites  de l'Église romaine." (Bref Ecclesiasticis viris)

 

Après ces paroles apostoliques, tout éloge des ouvrages que nous offrons de nouveau au public est assurément superflu ; mais sans anticiper sur une biographie, dont la rédaction est déjà commencée, il est nécessaire de rappeler brièvement au lecteur   les principales circonstances qui ont marqué l'apparition de ces écrits. Cette courte exposition est indispensable pour en donner la pleine intelligence.

 

En possession depuis des années déjà longues du bienfait de l'unité romaine, la jeune génération cléricale ne peut elle-même se faire l'idée de l'anarchie liturgique à laquelle Dom Guéranger a arraché notre pays. Vingt bréviaires et vingt missels différents étaient en usage dans nos églises, se partageant la France de la manière la plus capricieuse ; deux diocèses limitrophes avaient rarement la même liturgie ; souvent on en   trouvait deux et trois, quelquefois même jusqu'à cinq dans le même diocèse ; tel était en particulier le cas du diocèse de Carcassonne, qui à son ancien territoire avait ajouté tout ou partie de ceux de Narbonne, Saint-Papoul, Alet et Mirepoix, ces cinq diocèses avaient chacun leur Liturgie avant la Révolution, elles furent toutes conservées jusqu'en 1842).

 

Ignorant d'ordinaire l'origine suspecte du plus grand nombre de ces bréviaires et de ces missels, le clergé les regardait volontiers comme des monuments vénérables de l'antiquité, dès qu'il ne les avait pas vu fabriquer sous ses yeux. Dans chaque diocèse on professait, pour la liturgie locale, une  admiration naïve, égalée   seulement par   le suprême dédain avec lequel on traitait le bréviaire et le missel romain. Par une étrange contradiction, ces œuvres tant vantées étaient remaniées sans cesse pour arriver à une perfection plus grande, dont le type même variait selon le goût des compositeurs à la mode  dans chaque pays.

 

Au XVIIIe siècle, les rédacteurs des nouveaux bréviaires, trop souvent suspects dans la doctrine, étaient au  moins des hommes versés dans  la   science des  Écritures et de la tradition ; on ne pouvait plus en dire autant des faiseurs du  XIXe siècle ; et  des élèves de rhétorique suppléaient comme hymnographes   Santeuil et   Coffin.   Cette anarchie  et ces variations  perpétuelles avaient  fait perdre au   clergé le sens traditionnel et aux fidèles l'amour  et l'intelligence des   offices de  l'Église. Les  sacrements  et toutes  les choses saintes étaient exposés à mille profanations, par l'absence de règles  fixes et suffisamment autorisées. Le devoir de la prière publique était négligé ; et la foi elle-même souffrait de ces désordres sans remède.

 

Choisi par la divine Providence pour arrêter le cours de ces abus lamentables, Dom Guéranger naquit liturgiste. Dès sa plus petite enfance, il aima avec passion les offices de l'Eglise ; il les suivait avec une attention peu ordinaire à son âge, et de retour à la maison paternelle, son plus grand plaisir était d'imiter les cérémonies qui s'étaient déroulées sous ses yeux. Ce goût inné ou, pour mieux dire, cette grâce reçue au saint baptême se développa graduellement avec l'intelligence et l'instruction de Prosper Guéranger. Écolier, il savait par cœur tous les chants qu'on exécutait dans sa paroisse de Sablé et sentait déjà cette poésie divine de la Liturgie, dont il devait révéler à notre siècle le secret presque ignoré. Élève des classes supérieures au collège royal d'Angers, il conservait les goûts et les préoccupations de son enfance au milieu du scepticisme et de la corruption précoces d'un trop grand nombre de ses contemporains, et fortifiait par des études de plus en plus sérieuses le don mystérieux que le ciel lui avait départi.

 

Au sortir de sa rhétorique, quand il entra au séminaire du Mans, le jeune Guéranger était un clerc tout formé, qui, à une érudition ecclésiastique déjà surprenante, joignait le goût d'une piété virile, nourrie de l'Écriture Sainte et puisée dans les offices de l'Église. A cette époque, cependant, le jeune élève du sanctuaire partageait tous les préjugés de ses contemporains ; il admirait sincèrement les liturgies qui régnaient en France, et méprisait, sur la foi d'autrui, celle de Rome, qu'il ne connaissait pas. Sa joie fut grande quand il se vit appelé par le sous-diaconat à payer chaque jour au nom de l'Église le tribut de l'office canonial à la Majesté divine, et il récita avec une foi vive son Bréviaire manceau de Mgr de Froullay et du docteur Robinet, sans se défier le moins du monde qu'il dénoncerait un jour ce livre et ses pareils comme radicalement   impuissants  à remplir leur but.

 

L'abbé Guéranger était déjà prêtre, quand la Providence mit entre ses mains le Missel romain, pour la célébration du saint Sacrifice. L'étude   de l'histoire ecclésiastique et des Pères  lui avait donné le goût de l'antiquité et le sens du langage de l'Église primitive. Quelle ne fut pas sa surprise d'entendre dans le Missel romain, les mêmes accents qui charmaient ses oreilles dans les monuments des premiers âges du christianisme !

 

Il goûta immédiatement "l'onction ravissante, l'ineffable mélancolie, la tendresse incommunicable de ces formules, les unes si simples, les autres si solennelles, dans lesquelles apparaît tantôt la douce et tendre confiance d'une royale épouse envers le monarque qui l'a choisie et couronnée, tantôt la sollicitude empressée d'un cœur de mère qui s'alarme pour des enfants bien-aimés ; mais toujours cette science des choses d'une autre vie, si profonde et si distincte, soit qu'elle confesse la vérité, soit qu'elle désire en goûter les fruits, que nul sentiment ne saurait être comparé au sien, nul langage rapproché de son langage" (Institutions liturgiques, c. I, p. 3.). Le jeune prêtre avait entendu la véritable prière de l'Église,qu'il ne connaissait pas encore. A mesure que cette perception devenait plus distincte et plus parfaite, il saisissait en même temps "le goût de terroir et l'odeur de nouveauté" de ces liturgies gallicanes, qu'il avait jusqu'alors admirées sans réserve, Elles ne lui donnaient que la pensée et la prière d'hommes privés, dépourvus de mission pour parler et intercéder au nom de l'Église.

 

Avec la netteté d'esprit et la franchise de détermination qui devaient l'accompagner dans toute sa carrière, l'abbé Guéranger se résolut aussitôt à adopter pour son usage personnel la Liturgie romaine. Il ne voulut pas cependant exécuter ce grave dessein, sans le consentement de Mgr de la Myre,évêque du Mans, à la personne duquel il était attaché en qualité de secrétaire particulier. Le vénérable prélat avait visité autrefois Rome, l'Italie et l'Allemagne ; et quoique imbu des doctrines de l'ancienne Sorbonne, il avait vu trop de choses et il était trop grand seigneur pour partager les étroits préjugés des gallicans de la dernière heure. Il ne fit aucune difficulté d'accorder à l'abbé l'autorisation qu'il lui demandait, et, privé par ses infirmités de l'honneur de monter à l'autel, le vieil évêque assistait chaque matin à la messe que son secrétaire célébrait dans sa chapelle selon le rite romain. On  était  alors   en 1828.

 

Deux ans après, l'abbé Guéranger commençait sa carrière d'écrivain dans le Mémorial catholique, revue dont l'inspirateur était M. de Lamennais, les principaux rédacteurs MM. de Salinis et Gerbet, et dont l'influence fut considérable pour le retour de la France aux doctrines romaines. Le nouveau collaborateur donna à ce recueil quatre articles intitulés Considérations sur la Liturgie. Il essayait d'y rendre ce qu'il éprouvait de respect et d'affection pour la Liturgie romaine, et il établissait la nécessité pour la Liturgie d'être antique, universelle, autorisée et pieuse. Ces principes allaient droit au renversement des bréviaires et des missels français ; mais l'auteur n'en tirait pas les conclusions et ne s'attaquait pas directement à un abus, qu'il croyait trop enraciné pour être détruit. Son but était surtout de compromettre une fois de plus l'école gallicane, en montrant que ses fausses doctrines et ses hardiesses à l'égard de l'autorité apostolique l'avaient conduite, sur ce terrain comme sur tant d'autres, à deux pas de l'hérésie et l'avaient aveuglée, au point qu'elle s'était fermé la source principale de la tradition et ôté des mains les armes les plus sûres de l'orthodoxie et les plus puissants moyens d'action sur les âmes.

 

Cette première attaque n'était qu'une escarmouche, mais elle suffit pour donner l'éveil à l'ennemi. L'organe officiel du gallicanisme était alors L’ Ami de la Religion : son rédacteur en chef, Picot, prit l'alarme et essaya de réfuter l'abbé Guéranger. Celui-ci riposta avec la verve un peu audacieuse de la jeunesse, et, sentant l'insuffisance de son esprit et de son érudition, Picot battit en retraite devant celui qu'il appelait déjà "un rude jouteur". Quels cris de désespoir n'eût pas poussés le journaliste gallican, s'il avait pu prévoir que ce jeune débutant devait porter le coup de mort, non seulement aux liturgies, mais aux doctrines françaises du XVIIIe siècle, objet de sa sénile admiration !

 

Cette querelle passa inaperçue au milieu des ardentes controverses du moment. Les ultramontains, absorbés par les questions philosophiques et sociales agitées par M. de Lamennais, les directeurs eux-mêmes du Mémorial catholique toujours armés pour défendre contre les gallicans les bases mêmes de la constitution de l'Église, avaient peine à comprendre la portée d'une question si secondaire en apparence ; et les articles de l'abbé Guéranger étaient pour eux une fantaisie de spécialiste, qu'on pardonnait à sa jeunesse dans l'espoir de meilleurs services pour l'avenir.

 

L'heure de la lutte décisive n'était pas venue et, à vrai dire, le champion de la Liturgie romaine n'était pas encore prêt.

 

DOM ALPHONSE GUÉPIN, M. B.
Abbaye de Solesmes, 1er novembre 1877.

Préface à la nouvelle édition de 1878 des INSTITUTIONS  LITURGIQUES de DOM GUÉRANGER 

 

T. R. P. Dom Guéranger

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