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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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SALVE REGINA

30 décembre 2009 3 30 /12 /décembre /2009 05:20

Nous donnons le nom de Temps de Noël à l'intervalle de quarante jours qui s'étend depuis la Nativité de notre Seigneur, le 25 décembre, jusqu'à la Purification de la sainte Vierge, le 2 février. Cette période forme, dans l'Année Liturgique, un ensemble spécial, comme l'Avent, le Carême, le Temps Pascal, etc. ; la célébration d'un même mystère y domine tout, et ni les fêtes des Saints qui se pressent dans cette saison, ni l'occurrence encore assez fréquente de la Septuagésime, avec ses sombres couleurs, ne paraissent distraire l'Eglise de la joie immense que lui ont évangélisée les Anges, dans cette nuit radieuse attendue par le genre humain durant quatre mille ans, et dont la commémoration liturgique a été précédée du deuil des quatre semaines qui forment l'Avent.

Le coutume de célébrer par quarante jours de fête ou  de  mémoire  spéciale la  solennité de la
Naissance du Sauveur, est fondée sur le saint Evangile lui-même, qui nous apprend que la très pure Marie, après quarante jours passés dans la contemplation du doux fruit de sa glorieuse maternité, se rendit au Temple pour y accomplir, dans une humilité parfaite, tout ce que la loi prescrivait au commun des femmes d'Israël, quand elles étaient devenues mères.

La commémoration de la Purification de Marie est donc indissolublement liée à celle de la Naissance même du Sauveur ; et l'usage de célébrer cette sainte et joyeuse quarantaine parait être d'une haute antiquité dans l'Eglise romaine. D'abord, pour ce qui est de la Nativité du Sauveur au 25 décembre, saint Jean Chrysostome, dans son Homélie sur cette Fête, nous apprend que les Occidentaux l'avaient dès l'origine célébrée en ce jour. Il s'arrête même à justifier cette tradition, en faisant observer que l'Eglise romaine avait eu tous les moyens de connaître le véritable jour de la naissance du Sauveur, puisque les actes du dénombrement exécuté par l'ordre d'Auguste en Judée se conservaient dans les archives publiques de Rome. Le saint Docteur propose un second argument tiré de l'Evangile de saint Luc, en faisant remarquer que, d'après l'écrivain sacré, ce dut être au jeûne du mois de septembre que le Prêtre Zacharie eut dans le Temple la vision, à la suite de laquelle son épouse Elisabeth conçut saint Jean-Baptiste : d'où il suit que la très sainte Vierge Marie ayant elle-même, suivant le récit du même saint Luc, reçu la visite de l'Archange Gabriel et conçu le Sauveur du monde au sixième mois de la grossesse d'Elisabeth, c'est-à-dire en mars, elle devait l'enfanter au mois de décembre.


Les Eglises d'Orient, néanmoins, ne commencèrent
qu'au quatrième siècle à célébrer la Nativité de notre Seigneur au mois de décembre. Jusqu'alors elles l'avaient solennisée, tantôt au six de janvier, en la confondant, sous le nom générique d'Epiphanie, avec la Manifestation du Sauveur aux Gentils, en la personne des Mages ; tantôt, si l'on en croit Clément d'Alexandrie, au  25 du mois Pachon (15 de mai), ou au 25 du mois Pharmuth (20 avril). Saint Jean Chrysostome dans l'Homélie que nous venons de citer, et qu'il prononça en 386, atteste que l'usage de célébrer avec l'Eglise romaine la Naissance du Sauveur au 25 décembre, ne datait encore que de dix ans dans l'Eglise d'Antioche. Ce changement paraît avoir été intimé par l'autorité du Siège Apostolique, à laquelle vint se joindre, vers la fin du quatrième siècle, un édit des Empereurs Théodose et Valentinien, qui décrétait la distinction des deux fêtes de la Nativité et de l'Epiphanie. La seule Eglise d'Arménie a gardé l'usage de célébrer au 6 janvier ce double mystère ; sans doute parce que ce pays était indépendant de l'autorité des Empereurs, et qu'il fut d'ailleurs soustrait de bonne heure par le schisme et l'hérésie aux influences de l'Eglise romaine.

La fête de la Purification de la sainte Vierge, qui clôt les quarante jours de Noël, paraît remonter dans l'Eglise latine à une si haute antiquité, qu'il est impossible d'assigner l'époque précise de son institution. Tous les liturgistes conviennent qu'elle est la plus ancienne des fêtes de la sainte Vierge, et qu'ayant son principe dans le récit même de l'Evangile, il est naturel qu'elle ait été célébrée dès les premiers siècles du Christianisme. Ceci doit s'entendre de l'Eglise romaine : car, pour ce qui est de l’Eglise  orientale,  nous  n'y
voyons cette fête définitivement établie au 2 février que sous l'empire de Justinien, au VIe siècle. Il est vrai qu'antérieurement à cette époque, la commémoration du mystère lui-même semblé n'avoir pas été totalement inconnue aux Orientaux ; mais elle n'était pas d'un usage aussi universel ; et, pour l'ordinaire, on la célébrait peu après la fête de Noël, et non au propre jour auquel la Mère de Dieu monta au Temple pour accomplir la loi.

Si maintenant nous venons à considérer le caractère du Temps de Noël dans la Liturgie latine, nous sommes à même de reconnaître que ce temps est spécialement voué à la jubilation qu'excite dans toute l'Eglise l'avènement du Verbe divin dans la chair, et particulièrement consacré aux félicitations qui sont dues à la très pure Marie pour l'honneur de sa maternité. Cette double pensée d'un Dieu enfant et d'une Mère vierge se trouve exprimée à chaque instant dans les prières et dans les usages de la Liturgie.



Les Grecs font aussi, dans leurs Offices, de fréquentes Mémoires de la maternité de Marie, dans toute cette saison ; mais ils ont surtout une vénération spéciale pour les douze jours qui s'écoulent de la fête de Noël à celle de l'Epiphanie : intervalle désigné dans leur Liturgie sous le nom de Dodécaméron. Durant ce temps, ils ne gardent aucune abstinence de viande ; et les Empereurs d'Orient avaient même statué que, pour le respect d'un si grand mystère, les œuvres serviles seraient interdites, et que les tribunaux eux-mêmes vaqueraient jusqu'après le 6 janvier.
Telles sont les particularités historiques et les faits positifs qui servent à déterminer le caractère spécial de cette seconde partition de l'Année liturgique que nous désignons sous le nom de Temps de Noël.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique


Haghiosoritissa - The Madonna as Advocate

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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 20:05
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An Iraqi Chaldean Catholic resident holds a rosary as he attends a Christmas mass at Virgin Mary Church in Baghdad, December 24, 2009

IRAK
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An Iraqi Catholic priest performs Christmas mass at Sacred Heart Catholic church in Baghdad December 25, 2009
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Iraqis attend mass during Christmas at Sacred Heart Catholic church in Baghdad December 25, 2009


JORDANIE
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Iraqi Father Raymond Moussalli attends a Christmas mass at Chaldean Catholic church in Amman December 23, 2009.


PALESTINE
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A Palestinian nun lights candles around the Christmas grotto to prepare for Christmas, in a Roman Catholic church in the northern West Bank village of Al-Zababedah near Jenin city, Tuesday Dec. 22, 2009

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Catholic priests pray at a statue of the baby Jesus inside in the Grotto where Christians believe the Virgin Mary gave birth to Jesus, following the Christmas midnight mass at the Church of the Nativity in the West Bank town of Bethlehem December 25, 2009

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Latin Patriarch of Jerusalem Fouad Twal, center, stops next to a section of Israel's separation barrier between the West Bank town of Bethlehem and Jerusalem on his way to the Church of Nativity, Thursday, Dec. 24, 2009

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A Palestinian Orthodox Christian attends a prayer for Saint Sryridon on Christmas day in the Saint Porfirios church in Gaza December 25, 2009
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A Greek Orthodox priest conducts a prayer for Saint Sryridon on Christmas day in the Saint Porfirios church in Gaza December 25, 2009

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A Greek Orthodox priest lights a candle inside the Church of Nativity, traditionally believed by Christians to be the birthplace of Jesus Christ, in the West Bank town of Bethlehem, Thursday, Dec. 24, 2009


TURQUIE
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Midnight mass : Catholic people light candles at the St. Esprit Church during the Christmas mass at midnight, in Harbiye, downtown Istanbul

Greek Orthodox Ecumenical Patriarch Bartholomew I (R) conducts ...
Greek Orthodox Ecumenical Patriarch Bartholomew I conducts Christmas mass in Aya Yorgi (St. George) church at Fener Greek Orthodox Patriarchate in Istanbul December 25, 2009.

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Ecumenical Orthodox Patriarch Bartholomew I, conducts the Christmas Mass in the Patriarchate's St. George (Aya Yorgi) Church, in Istanbul, Turkey, Friday, Dec. 25, 2009


BULGARIE
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A woman attends a Christmas mass at a the Golden domed Alexander Nevski cathedral in the Bulgarian capital Sofia, Friday, Dec. 25, 2009
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People light candles during a Christmas Eve mass in Alexander Nevski cathedral in Sofia, December 24, 2009


ROUMANIE
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A woman prays in an Orthodox church in Bucharest, Romania, following the St Stephen religious service, Sunday. Dec. 27, 2009




INDE
A Christian priest holds a chalice at a prayer session in a ...
A Christian priest holds a chalice at a prayer session in a Catholic church during Christmas celebrations in Srinagar
December 25, 2009
Christians pray at a Catholic church during Christmas celebrations ...
Christians pray at a Catholic church during Christmas celebrations in Srinagar December 25, 2009


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An Indian Catholic nun at a church service in Mumbai. Indian Kashmir's tiny Christian community Friday prayed for the return of peace to the revolt-hit region as Muslims joined them in festivities


BANGLADESH
A girl attends confession in the Holy Rosary Catholic church ...
A girl attends confession in the Holy Rosary Catholic church before Christmas in Dhaka November 23, 2009
Father Patrick hears confession from a girl in the Holy Rosary ...
Father Patrick hears confession from a girl in the Holy Rosary Catholic church before Christmas in Dhaka November 23, 2009


CHINE
Children dressed as angels stand waiting during Christmas Eve ...
Children dressed as angels stand waiting during Christmas Eve mass at a Catholic church in Chengdu, in southwest China's Sichuan province, Thursday, Dec. 24, 2009

Faithful from Zhujiajiao Catholic Church take part in a Christmas ...
Faithful from Zhujiajiao Catholic Church take part in a Christmas parade on a street on the outskirts of Shanghai December 24, 2009
Faithfuls from Zhujiajiao Catholic Church take part in a Chirstmas ...
Faithfuls from Zhujiajiao Catholic Church take part in a Chirstmas parade on a street in the outskirts of Shanghai December 24, 2009


A faithful from Zhujiajiao Catholic Church prays during a Christmas ...
A faithful from Zhujiajiao Catholic Church prays during a Christmas eve mass on the outskirts of Shanghai December 24, 2009


Worshippers crowd a Catholic church for a Christmas Eve mass ...
Worshippers crowd a Catholic church for a Christmas Eve mass in Beijing, Thursday, Dec. 24, 2009
A priest sits in a confession box as worshippers kneel next ...
A priest sits in a confession box as worshippers kneel next to him during a Christmas mass at a Catholic church in Beijing December 24, 2009


A faithful from Nantiangong Catholic Church prays during a Christmas ...
A faithful from Nantiangong Catholic Church prays during a Christmas Eve mass in Changzhi, Shanxi province December 24, 2009



BELARUS (Biélorussie)
Homeless people have a free Christmas lunch at the Catholic ...
Homeless people have a free Christmas lunch at the Catholic monastery in Grodno, some 260 km west of Minsk, December 23, 2009.
Homeless people have a free Christmas lunch at the Catholic ...
Homeless people stand in a line to enter the Catholic monastery ...
Homeless people stand in a line to enter the Catholic monastery for a free Christmas lunch in Grodno, some 260 km west of Minsk, December 23, 2009
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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 12:00

Tout est mystérieux dans les jours où nous sommes. Le Verbe de Dieu, dont la génération est avant l'aurore, prend naissance dans le temps ; un Enfant est un Dieu ; une Vierge devient Mère et reste Vierge ; les choses divines sont mêlées avec les choses humaines, et la sublime et ineffable antithèse exprimée par le disciple bien-aimé dans ce mot de son Evangile : LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, s'entend répétée sur tous les tons et sous toutes les formes dans les prières de l'Eglise : car elle résume admirablement le grand événement qui vient d'unir dans une seule personne divine la nature de l'homme et la nature de Dieu.

Mystère éblouissant pour l'intelligence, mais suave au cœur des fidèles, il est la consommation des desseins de Dieu dans le temps, l'objet de l'admiration et de l'étonnement des Anges et des Saints dans leur éternité, en même temps que le principe et le moyen de leur béatitude. Voyons en quelle manière la sainte Eglise le propose à ses enfants, sous les symboliques enveloppes de la Liturgie.

Après l'attente des quatre semaines de préparation, image des quatre millénaires de l'ancien monde, nous voici arrivés au vingt-cinquième jour du mois de décembre, comme en une
station désirée ; et tout d'abord il nous est naturel d'éprouver quelque étonnement en voyant ce jour garder à lui seul l'immuable prérogative de célébrer la Nativité du Sauveur ; tandis que le Cycle liturgique tout entier paraît en travail, chaque année, pour enfanter cet autre jour sans cesse variable auquel est attachée la mémoire du mystère de la Résurrection.

Dès le quatrième siècle, saint Augustin se trouvait amené à rendre raison de cette différence, dans sa fameuse Epître ad Januarium ; et il en donne ce motif, que nous ne célébrons le jour de la Naissance du Sauveur que pour nous remettre en mémoire cette Naissance opérée pour notre salut, sans que le jour même auquel elle a eu lieu renferme en soi quelque signification mystérieuse ; tandis que le propre jour de la semaine auquel s'est accomplie la Résurrection a été choisi dans les décrets éternels, pour exprimer un mystère dont il doit être fait une commémoration expresse jusqu'à la fin des siècles. Saint Isidore de Séville et l'ancien interprète des rites sacrés, qu'on a longtemps cru être le savant Alcuin, adoptent, sur cette matière, la doctrine de l'évêque d'Hippone ; et leurs paroles sont développées par Durand, dans son Rational.


Ces auteurs observent donc que, suivant les traditions ecclésiastiques, la création de l'homme ayant eu lieu le vendredi, et le Sauveur ayant souffert la mort en ce même jour pour réparer le péché de l'homme ; d'autre part, la résurrection de Jésus-Christ s'étant accomplie le troisième jour après, c'est-à-dire le Dimanche, jour auquel la Genèse assigne la création de la lumière, "les solennités de la Passion et de la Résurrection, comme dit saint Augustin, n'ont pas seulement
pour but de remettre en mémoire les faits qui se sont accomplis ; mais par-dessus cela, elles représentent et signifient quelque autre chose de mystérieux et de saint."

Gardons-nous de croire cependant que, pour n'être attachée à aucun des jours de la semaine en particulier, la célébration de la fête de Noël au 25 décembre ait été complètement déshéritée de l'honneur d'une signification mystérieuse. D'abord, nous pourrions déjà dire, avec les anciens liturgistes, que la fête de Noël parcourt successivement les divers jours de la semaine, pour les purifier tous et les dégager de la malédiction que le péché d'Adam avait déversée sur chacun d'eux. Mais nous avons un bien plus sublime mystère à déclarer dans le choix du jour de cette solennité : mystère qui, s'il ne se rapporte pas à la division du temps dans les limites de cet ensemble que Dieu s'est tracé lui-même, et qu'on nomme la Semaine, vient se lier de la manière la plus expressive au cours du grand astre par le moyen duquel la lumière et la chaleur, c'est-à-dire la vie, renaissent et s'entretiennent sur la terre. Jésus-Christ, notre Sauveur, la Lumière du monde, est né au moment où la nuit de l'idolâtrie et du crime s'épaississait le plus profondément en ce monde. Et voici que le jour de cette nativité, vingt-cinq décembre, se trouve être précisément celui où le soleil matériel, dans sa lutte avec les ombres, prêt à s'éteindre, se ranime tout à coup et prépare son triomphe.


Dans l’Avent, nous avons signalé, avec les saints Pères, la décroissance de la lumière physique comme le triste emblème de ces jours de
l'attente universelle ; nous avons crié avec l'Eglise vers le divin Orient, le Soleil de Justice, qui seul peut nous arracher aux horreurs de la mort du corps et de l'âme. Dieu nous a entendus ; et c'est au jour même du solstice d'hiver, fameux par les terreurs et les réjouissances de l'ancien monde, qu'il nous donne à la fois la lumière matérielle et le flambeau des intelligences.

Saint Grégoire de Nysse, saint Ambroise, saint Maxime de Turin, saint Léon, saint Bernard, et les plus illustres liturgistes, se complaisent en ce profond mystère que le Créateur de l'univers a empreint d'un seul coup dans son œuvre à la fois naturelle et surnaturelle ; et nous verrons les prières de l'Eglise continuer d'y faire allusion au Temps de Noël, comme au Temps de l'Avent.
 

" En ce jour que le Seigneur a fait, dit saint Grégoire de Nysse, dans son Homélie sur la Nativité, les ténèbres commencent à diminuer, et la lumière prenant accroissement, la nuit est refoulée au delà de ses frontières. Certes, mes Frères, ceci n'arrive ni par hasard, ni au gré d'une volonté étrangère, en ce jour même où resplendit Celui qui est la vie divine de l'humanité. C'est la nature qui, sous ce symbole, révèle un arcane à ceux dont l'œil est pénétrant, et qui sont capables de comprendre cette circonstance de l'avènement du Seigneur. Il me semble l'entendre dire : O homme, sache que sous les choses que tu vois, te sont révélés des mystères cachés. La nuit, tu l'as vu, était parvenue à sa plus longue durée, et tout à coup elle s'arrête. Songe à la funeste nuit du péché qui était arrivée au comble par la réunion de tous les artifices coupables : c'est aujourd'hui que son cours a été tranché. A  partir  de  ce jour,
elle est réduite, et bientôt anéantie. Vois maintenant les rayons du soleil plus vifs, l'astre lui-même plus élevé dans le ciel, et contemple en même temps la vraie lumière de l'Evangile qui se lève sur l'univers entier." 

" Réjouissons-nous, mes Frères, s'écrie à son tour saint Augustin : car ce jour est sacré, non à cause du soleil visible, mais par la naissance de l'invisible créateur du soleil. Le Fils de Dieu a choisi ce jour pour naître, comme il s'est choisi une Mère, lui créateur à la fois et du Jour et de la Mère. Ce jour, en effet, auquel la lumière reprend accroissement, était propre à signifier l'œuvre du Christ qui, par sa grâce, renouvelle sans cesse notre homme intérieur. L'éternel Créateur ayant résolu de naître dans le temps, il fallait que le jour de sa naissance fût en harmonie avec la création temporelle."

Dans un autre Sermon sur la même fête, l'évêque d'Hippone nous donne la clef d'une parole mystérieuse de saint Jean-Baptiste qui confirme merveilleusement la pensée traditionnelle de l'Eglise. Cet admirable Précurseur avait dit, en parlant du Christ : Il faut qu'il croisse, et il faut que moi-même je diminue. Sentence prophétique qui, dans son sens littéral, signifiait que la mission de saint Jean-Baptiste touchait à sa fin, du moment que le Sauveur lui-même entrait dans l'exercice de la sienne ; mais voyons-y aussi, avec saint Augustin, un second mystère : "Jean est venu en ce monde dans le temps où les jours commencent à diminuer ; le Christ est né au moment où les jours commencent à croître."

Ainsi, tout est mystique : et le lever de l'astre du Précurseur au solstice d'été, et l'apparition du divin Soleil en la saison des ombres.


La science courte et déjà surannée des Dupuis et des Volney pensait avoir grandement ébranlé les bases de la superstition religieuse, pour avoir constaté, chez les peuples anciens, l'existence d'une fête du soleil au solstice d'hiver ; il leur semblait qu'une religion ne pouvait plus passer pour divine, du moment que les usages de son culte eussent offert des analogies avec les phénomènes d'un monde que, suivant la Révélation, Dieu n'a cependant créé que pour le Christ et pour son Eglise. Nous, catholiques, nous trouvons la confirmation de notre foi, là même où ces hommes crurent un moment apercevoir sa ruine. A
insi donc nous avons expliqué le mystère fondamental de notre joyeuse quarantaine, en dévoilant le grand secret caché dans la prédestination éternelle du vingt-cinquième jour de décembre à devenir le jour de la Naissance d'un Dieu sur la terre. Scrutons maintenant avec respect un second mystère, celui du lieu où s'accomplit cette Naissance.

Ce lieu est Bethléhem. C'est de Bethléhem que doit sortir le chef d'Israël. Le Prophète l'a prédit ; les Pontifes juifs le savent et sauront bien le déclarer, sous peu de jours, à Hérode. Mais par quelle raison cette ville obscure a-t-elle été choisie de préférence à toute autre, pour devenir le théâtre d'un si sublime événement ? Soyez attentifs, ô chrétiens ! Le nom de cette cité de David signifie maison du Pain : voilà pourquoi le Pain vivant descendu du ciel l'a choisie pour s'y
manifester. Nos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts ; mais voici le Sauveur du monde qui vient soutenir la vie du genre humain, au moyen de sa chair qui est vraiment nourriture. Jusqu'ici Dieu était loin de l'homme; désormais, ils ne feront plus qu'une même chose. L'Arche d'Alliance qui ne renfermait que la manne des corps est remplacée par l'Arche d'une Alliance nouvelle ; Arche plus pure, plus incorruptible que l'ancienne : l'incomparable Vierge Marie, qui nous présente le Pain des Anges, l'aliment qui transforme l'homme en Dieu ; car le Christ a dit : Celui qui mange ma chair demeure en moi, et moi en lui.

C'est là cette divine transformation que le monde attendait depuis quatre mille ans, vers laquelle l'Eglise a soupiré durant les quatre semaines du Temps de l’Avent. L'heure est enfin venue, et le Christ va entrer en nous, si nous voulons le recevoir. Il demande à s'unir à chacun de nous, comme il s'est uni à la nature humaine en général, et pour cela il se veut faire notre Pain, notre nourriture spirituelle. Son avènement dans les âmes, en cette saison mystique, n'a pas d'autre but. Il ne vient pas juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui, pour que tous aient la vie, et une vie toujours plus abondante. Il n'aura donc point de repos, ce divin ami de nos âmes, qu'il ne se soit substitué lui-même à nous, en sorte que nous ne vivions plus nous-mêmes en nous, mais lui en nous-mêmes ; et pour que ce mystère s'exécute avec plus de suavité, c'est d'abord sous la forme d'un enfant qu'il se dispose, ce
doux fruit de Bethléhem, à pénétrer en nous, pour y croître ensuite en âge et en sagesse, devant Dieu et devant les hommes.

Et lorsque, nous ayant ainsi visité par sa grâce et par l'aliment d'amour, il nous aura changés en lui-même, alors s'accomplira un nouveau mystère. Devenus une même chair, un même cœur avec Jésus, Fils du Père céleste, nous deviendrons par là même les fils de ce même Père ; en sorte que le Disciple bien aimé s'écrie : O mes petits enfants ! voyez quelle charité nous a donnée le Père, que nous soyons les fils de Dieu, non pas seulement de nom, mais en réalité ! Mais nous parlerons ailleurs, et à loisir, de cette suprême félicité de l'âme chrétienne, et des moyens qui lui sont offerts pour la maintenir et l'accroître.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



St Columba Altarpiece by Rogier van der Weyden

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 05:00
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 23:50
Stille Nacht, heilige Nacht in der Herz-Jesu-Kirche zu Augsburg-Pfersee wärend der Christmette (24/12/2007)  
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 12:00

Les fidèles doivent savoir que, dans les premiers siècles de l'Eglise, on ne célébrait pas de fête solennelle sans s'y préparer par une Veille laborieuse, durant laquelle le peuple chrétien, renonçant au sommeil, remplissait l'église, et suivait avec ferveur la psalmodie et les lectures dont l'ensemble formait dès lors ce que nous appelons aujourd'hui l'Office des Matines. La nuit était divisée en trois parties, désignées sous le nom de Nocturnes ; et au point du jour, on reprenait les chants avec plus de solennité encore dans l'Office des Louanges qui a retenu le nom de Laudes. Ce divin service, qui remplissait la meilleure partie de la nuit, se célèbre encore chaque jour, quoique à des heures moins pénibles, dans les Chapitres et les Monastères, et il est récité dans le particulier par tous les clercs astreints à l'Office divin, dont il forme la portion la plus considérable. Le relâchement des habitudes liturgiques a peu à peu désaccoutumé les peuples de prendre part à la célébration des Matines ; et dans la plupart des églises paroissiales de France, on a fini par ne les plus chanter que quatre fois par an : savoir, les trois derniers jours de la Semaine Sainte ; encore sont-elles anticipées à la veille dans l'après-midi, sous le nom de Ténèbres ; et enfin, le jour de Noël, où du moins on les solennise à peu près à la même heure qu'on le faisait dans l'antiquité.

L'Office de la nuit de Noël a toujours été célèbre entre tous ceux de l'année, et solennise avec une dévotion spéciale : d'abord à raison de l'heure à laquelle la très sainte Vierge enfanta le Sauveur,
et qu'il convient d'attendre dans les prières et les vœux les plus ardents ; ensuite, parce que l'Eglise ne se contente pas de célébrer en cette nuit l'Office des Matines à l'ordinaire, mais elle y joint, par une exception unique, et pour mieux honorer la divine Naissance,  l'offrande  du saint Sacrifice de la Messe à l'heure même de minuit, qui est celle où Marie donna  son  auguste fruit à la terre.  Aussi voyons-nous que dans beaucoup de lieux, dans les Gaules principalement, selon le témoignage de saint Césaire d'Arles, les fidèles passaient la nuit entière à l'Eglise.

A Rome, durant plusieurs siècles, au moins du septième au onzième, il y avait deux Matines dans la nuit de Noël. Les premières se chantaient dans la Basilique de  Sainte-Marie-Majeure ;  on les commençait aussitôt après le soleil couché ; il n'y avait pas d'Invitatoire, et ce premier Office de la nuit était suivi de la première Messe de Noël que le Pape célébrait à minuit. Aussitôt après, il se rendait avec le peuple à l'Eglise de Sainte-Anastasie, où il célébrait la Messe de l'Aurore. Le pieux cortège se transportait ensuite, et toujours avec le Pontife, à la  Basilique  de Saint-Pierre,  où commençaient tout aussitôt les secondes Matines. Elles avaient un Invitatoire, et étaient suivies des Laudes ; lesquelles étant chantées, ainsi que les Offices suivants, aux heures convenables, le Pape célébrait la troisième et dernière Messe, à l'heure de  Tierce. Amalaire  et l'ancien  liturgiste du XIIe siècle qu'on a publié sous le nom d'Alcuin nous ont conservé ces détails, qui sont d'ailleurs rendus  sensibles par le texte même des anciens Antiphonaires de l'Eglise Romaine qui  ont été publiés par le Bienheureux Joseph-Marie Tommasi et par Gallicioli.

La Foi était vive dans ces temps ; le sentiment de la prière étant le lien le plus puissant pour les peuples nourris sans cesse des mystères divins, les heures passaient vite pour eux dans la maison de Dieu. On comprenait alors les prières de l'Eglise ; les cérémonies de la Liturgie, qui en sont l'indispensable complément, n'étaient point comme aujourd'hui un spectacle muet, ou tout au plus empreint d'une vague poésie : les masses croyaient et sentaient comme les individus. Qui nous rendra cette compréhension des choses surnaturelles, sans laquelle tant de gens aujourd'hui encore se flattent d'être chrétiens et catholiques ?

Mais pourtant, grâces à Dieu, cette foi pratique n'est pas encore tout à fait éteinte chez nous ; espérons même qu'elle reprendra un jour son ancienne vie. Que de fois nous nous sommes plu à en rechercher et à en contempler les traces au sein de ces familles patriarcales, encore nombreuses aujourd'hui dans nos petites villes et nos campagnes des provinces éloignées de la capitale de la France ! C'est là que nous avons vu, et nul souvenir d'enfance ne nous est plus cher, toute une famille, après la frugale et sévère collation du soir, se ranger autour d'un vaste foyer, n'attendant que le signal pour se lever comme un seul homme, et se rendre à la Messe de Minuit. Les mets qui devaient être servis au retour, et dont la recherche simple, mais succulente, devait ajouter à la joie d'une si sainte nuit, étaient là préparés d'avance ; et au centre du foyer, un vigoureux tronc d'arbre, décoré du nom de bûche de Noël, ardait vivement, et dispensait une puissante chaleur dans toute la salle. Sa destinée était de se consumer lentement durant les longues heures de l'Office, afin d'offrir au retour un brasier salutaire pour
réchauffer les  membres des vieillards et des enfants engourdis par la froidure.

Cependant on s'entretenait avec une vive allégresse du mystère de la grande nuit ; on compatissait à Marie et à son doux Enfant exposés dans une  étable abandonnée à toutes les rigueurs de l'hiver ; puis bientôt, on entonnait quelqu'un de ces beaux Noëls, au chant desquels on avait passé déjà de si touchantes veillées dans tout le cours de l'Avent. Les voix et les cœurs étaient d'accord, en exécutant ces mélodies champêtres composées dans des jours meilleurs. Ces naïfs cantiques redisaient la visite de l'Ange Gabriel à Marie, et l'annonce d'une maternité divine faite à la noble pucelle ; les fatigues de Marie et de Joseph parcourant les rues de Bethléhem, alors qu'ils cherchaient en vain un gîte dans les hôtelleries de cette ville ingrate ; l'enfantement miraculeux de la Reine du ciel ; les charmes du Nouveau-Né dans son humble berceau ; l'arrivée des bergers, avec leurs présents rustiques, leur musique un peu rude, et la foi simple de leurs cœurs. On s'animait en passant d'un Noël à l'autre ; tous soucis de la vie étaient suspendus, toute douleur était charmée, toute âme épanouie ; mais soudain la voix des cloches retentissant  dans la nuit  venait mettre fin à de si bruyants et si aimables  concerts. On se mettait en marche vers l'Eglise ; heureux alors les enfants que leur âge un peu moins tendre permettait d'associer pour la première fois aux ineffables joies de cette nuit solennelle, dont les saintes et fortes impressions devaient durer toute la vie !


Mais où nous entraîne le charme de ces souvenirs trop  personnels et d'une  nature inconnue peut-être à la plupart de nos lecteurs ? Toutefois, s'il ne nous est pas possible de faire revivre ces
chères et touchantes habitudes qui confondaient les saintes émotions de la religion avec les plus intimes jouissances de la famille, nous nous efforcerons de suggérer à ceux qui veulent bien nous lire, afin de remplir utilement les dernier instants qui précèdent le départ pour la maison de Dieu, quelques considérations à l'aide desquelles ils pourront entrer plus avant encore dans l'esprit de l'Eglise, fixant leur cœur et leur imagination sur des objets réels et consacrés par les mystères de cette auguste nuit.

Or donc, il est trois lieux dans le monde que notre pensée doit rechercher principalement à cette heure. Bethléhem est le premier de ces trois lieux, et dans Bethléhem, c'est la grotte de la Nativité qui nous réclame. Approchons-nous avec un saint respect, et contemplons l'humble asile que le Fils de l'Eternel descendu du ciel a choisi pour sa première résidence. Cette étable, creusée dans le roc, est située hors la ville ; elle a environ quarante pieds de longueur sur douze de largeur. Le bœuf et l'âne annoncés par le prophète sont là près de la crèche, muets témoins du divin mystère que la demeure de l'homme a refusé d'abriter.
Joseph et Marie sont descendus dans cette humble retraite ; le silence et la nuit les environnent ; mais leur cœur s'épanche en louanges et en adorations envers le Dieu qui daigne réparer si complètement l'orgueil de l'homme. La très pure Marie dispose les langes qui doivent envelopper les membres du céleste Enfant, et attend avec une ineffable patience l'instant où ses yeux verront enfin le fruit béni de ses chastes entrailles, où elle pourra le couvrir de ses baisers et de ses caresses, l'allaiter de son lait virginal.

Cependant, le divin Sauveur, près de franchir la barrière du sein maternel, et de faire son entrée visible en ce monde de péché, s'incline devant son Père céleste, et, suivant la révélation du Psalmiste expliquée par le grand Apôtre dans l'Epître aux Hébreux, il dit : O mon Père ! vous ne voulez plus des hosties grossières que l'on vous offre selon la Loi ; ces oblations vaines n'ont point apaisé votre justice ; mais vous m'avez donné un corps ; me voici, je viens m'offrir ;  je viens accomplir votre volonté."

Tout ceci se passait vers l'heure où nous sommes, dans l'étable de Bethléhem, et les Anges du Seigneur étaient ravis d'admiration pour une si grande miséricorde d'un Dieu envers des créatures révoltées, en même temps qu'ils considéraient avec délices les nobles et gracieux attraits de la Vierge sans tache, attendant, eux aussi, l'instant où la Rose mystique allait s'épanouir enfin et répandre son divin parfum.


Heureuse grotte de Bethléhem qui fut témoin de semblables merveilles ! qui de nous, à cette heure, n'y enverrait pas son cœur ? Qui de nous ne la préférerait aux plus somptueux palais des rois ? Dès les premiers jours du christianisme, la vénération des fidèles l'environna des plus tendres hommages, jusqu'à ce que la grande sainte Hélène, suscitée de Dieu pour reconnaître et honorer sur la terre les traces du passage de l'Homme-Dieu, fit bâtir à Bethléhem la magnifique Basilique qui devait garder dans son enceinte ce trophée de l'amour d'un Dieu pour sa créature.


Transportons-nous par la pensée dans cette Eglise encore subsistante ; voyons-y, au milieu des infidèles et des hérétiques, les religieux qui desservent ce sanctuaire, s'apprêtant aussi à chanter,
dans notre langue latine, les mêmes cantiques que bientôt nous allons entendre. Ces religieux sont des enfants de saint François, des héros de la pauvreté, des disciples de l'Enfant de Bethléhem ; et c'est parce qu'ils sont petits et faibles, que, depuis plus de cinq siècles, ils soutiennent seuls les combats du Seigneur, en ces lieux sacrés de la Terre-Sainte que l'épée des Croisés s'était lassée de défendre. Prions en union avec eux, cette nuit ; et baisons avec eux la terre à cet endroit de la grotte où on lit en lettres d'or ces paroles : HIC DE VIRGINE MARIA JESUS CHRISTUS NATUS EST.

Toutefois, c'est en vain que nous demanderions aujourd'hui à Bethléhem l'heureuse Crèche qui reçut l'Enfant divin. Depuis douze siècles, elle a fui ces contrées frappées de malédiction ; elle est venue chercher un asile au centre de la catholicité, à Rome, l'Epouse favorisée du Rédempteur.


Rome est donc le second lieu du monde que notre cœur doit rechercher en cette nuit fortunée. Mais dans la ville sainte, il est un sanctuaire qui réclame en ce moment toute notre vénération et tout notre amour. C'est la Basilique de la Crèche, la splendide et radieuse Eglise de Sainte-Marie-Majeure. Reine de toutes les nombreuses Eglises que la dévotion romaine a dédiées à la Mère de Dieu, elle s'élève avec magnificence sur l'Esquilin, toute resplendissante de marbre et d'or, mais surtout heureuse de posséder en son sein, avec le portrait de la Vierge Mère peint par saint Luc, l'humble et glorieuse Crèche que les impénétrables décrets du Seigneur ont enlevée à Bethléhem pour la confier à sa garde. Un peuple immense se presse dans la Basilique, attendant l'heureux instant où ce touchant monument de l'amour et des abaissements d'un Dieu apparaîtra porté
sur les épaules des ministres sacrés, comme une arche de nouvelle alliance, dont la vue tant désirée rassure le pécheur et fait palpiter le cœur du juste. Dieu a donc voulu que Rome, qui devait être la nouvelle Jérusalem, fût aussi la Bethléhem nouvelle, et que les enfants de son Eglise trouvassent dans ce centre immuable de leur foi l'aliment multiple et inépuisable de leur amour.

Mais la Basilique de la Crèche n'est pas le seul sanctuaire de Rome qui nous réclame cette nuit. Un mystère profond et imposant s'accomplit à l'heure même où nous sommes, près du sépulcre du Prince des Apôtres, dans l'auguste palais du Vatican. Si l'âge et les forces du Souverain Pontife lui permettent de se rendre cette nuit à Sainte-Marie-Majeure, la cérémonie dont nous allons parler a lieu dans la vaste sacristie de la Basilique.

L'Enfant divin qui va naître est le Dieu fort, le Prince de la Paix ; il porte la marque de la royauté sur son épaule, comme nous le chanterons demain avec l'Eglise. Pour honorer cette puissance de l'Emmanuel, déjà, ainsi que nous l'avons vu, le Seigneur des armées a amené aux pieds de la Crèche les deux grands chefs de la nation franque, Clovis et Charlemagne ; et voici que le Pontife suprême, le Vicaire de l'Emmanuel, bénit en son nom, dans cette nuit même, une épée et un casque destinés à quelque guerrier catholique dont le bras victorieux a bien mérité de la république chrétienne. Cette épée, dit le grand Cardinal Polus expliquant ce rite dans une lettre célèbre adressée à Philippe II et à la reine Marie, son épouse, est remise à un prince que le Vicaire du Christ veut honorer, au nom du Christ lui-même qui est Roi ; car l'Ange dit à
Marie : Dieu lui donnera le trône de David son père. C'est de lui seul que vient la puissance du glaive ; car Dieu dit à Cyrus : Je t'ai ceint de l’épée ; et le Psalmiste dit au Christ : Ceignez-vous du glaive, ô prince très vaillant ! Mais le glaive ne doit se tirer que pour la justice ; et c'est pour cela qu'on le bénit en cette nuit, au milieu de laquelle se lève le divin Soleil de justice. Sur le casque, ornement et protection de la tête, est représentée par un travail de perles l'image de l'Esprit-Saint, afin que le prince connaisse que ce n'est point d'après le mouvement de ses passions, ni pour son ambition, qu'il doit faire usage du glaive, mais uniquement dans la sagesse du divin Esprit et pour étendre le royaume du Christ sur la terre.

Ineffable mélange d'idées et de sentiments forts et tendres, dont on ne retrouve l'expression et en même temps l'harmonie que dans cette Rome chrétienne qui est notre Mère, et qui seule a reçu avec plénitude la lumière et l'amour ! Cette cérémonie s'est conservée jusqu'aujourd'hui ; et ce serait une liste glorieuse que celle des grands capitaines de la chrétienté que le Pontife romain, depuis déjà de longs siècles, a armés ainsi Chevaliers de l'Eglise et des nations, dans cette nuit où le Messie descend pour soumettre notre ennemi. En nous inclinant avec amour devant son berceau, rendons aussi gloire à sa royauté ; prions-le d'humilier tous les ennemis de son Eglise, et de terrasser ceux de notre salut et de notre perfection.


Il est temps maintenant de visiter le troisième des sanctuaires où se doit accomplir durant cette nuit le mystère de la naissance du divin Fils de Marie. Or, ce troisième sanctuaire est tout près
de nous ; il est en nous : c'est notre cœur. Notre cœur est la Bethléhem que Jésus veut visiter, dans laquelle il veut naître, pour s'y établir et y croître jusqu'à l’homme parfait, comme parle l'Apôtre. S'il visite l'étable de la Cité de David, ce n'est que pour parvenir plus sûrement à notre cœur qu'il a aimé d'un amour éternel, jusqu'à descendre du ciel pour le venir habiter. Le sein virginal de Marie ne l'a conservé que neuf mois ; il veut éternellement résider dans notre cœur.

O cœur du Chrétien, Bethléhem vivante, prépare-toi, et sois dans l'allégresse ! Déjà, tu t'es disposé par l'aveu de tes fautes, par la contrition de tes offenses, par la pénitence de tes méfaits, à cette union que le divin Enfant désire contracter avec toi. Maintenant, sois attentif ; il va venir au milieu de la nuit. Qu'il te trouve donc prêt, comme il trouva l'étable et la crèche et les langes. Tu ne peux lui offrir les pures et maternelles caresses de Marie, les tendres soins de Joseph : présente-lui les adorations et l'amour simple des bergers.

Semblable à la Bethléhem des temps actuels, tu habites au milieu des infidèles, de ceux qui ignorent le divin mystère d'amour : que tes vœux soient secrets et sincères comme ceux qui monteront cette nuit, vers le ciel, du fond de la glorieuse et sainte grotte qui réunit autour des fils de saint François les rares fidèles que la céleste miséricorde trouve à glaner encore au sein d'une contrée abrutie par plus de mille ans de servitude. Dans la pompe de cette sainte nuit, deviens semblable à la radieuse Basilique qui garde dans Rome le dépôt de la sainte Crèche et le doux portrait de la Vierge Mère. Que tes affections soient pures comme le marbre blanc de ses colonnes ; ta
charité resplendissante comme l'or qui brille à ses lambris ; tes œuvres lumineuses comme les mille cierges qui, dans son heureuse enceinte, illuminent la nuit de toutes les splendeurs du jour. Enfin, ô soldat du Christ ! apprends qu'il faut combattre pour mériter d'approcher de l'Enfant divin ; combattre pour conserver en soi sa présence pleine d'amour; combattre pour arriver à l'heureuse consommation qui te fera tout un avec lui dans l'éternité. Conserve donc chèrement ces impressions ; qu'elles te nourrissent, te consolent et te sanctifient, jusqu'au moment où l'Emmanuel va descendre en toi. O Bethléhem vivante ! répète sans cesse cette douce parole de l'Epouse : Venez, Seigneur Jésus ! venez.

Oui, le voici qui vient, et il est temps d'aller à lui. Levons-nous et nous acheminons vers le saint temple. Avançons-nous à travers la nuit ; le silence est interrompu par le résonnement des cloches, dont la mélodie est si solennelle à cette heure inaccoutumée. Leur son un peu voilé, moins éclatant qu'il ne l'est pendant le jour, annonce l'approche mystérieuse d'un Dieu. C'est dans un berceau, sous les traits de l'enfance, et non à travers l'épaisse fumée d'un nuage terrible comme au Sinaï, qu'il se manifeste. On n'entend pas de foudres mugir; les éclairs ne sillonnent pas les nuages ; la lune, symbole de la suave beauté que Marie emprunte au divin Soleil, répand au loin sa mystérieuse clarté sur notre route. L'armée des astres scintille au firmament ; et tout à l'heure se lèvera l'Etoile qui doit conduire, d'ici à peu de jours, les Mages à la Crèche de l'Enfant-Dieu.


Nous touchons enfin le seuil de l'Eglise. La lumière des lampes et des flambeaux qui l'éclairent
déborde jusque sous le portique. A la vue de ces feux qui rendent plus splendide encore la décoration de la maison de Dieu, nous nous rappelons le mot de Clovis entrant le même jour, à cette même heure, dans la Basilique de Reims où il devait être régénéré : "Mon Père, s'écria le Sicambre ébloui , et agité d'une émotion inconnue, est-ce là le royaume que vous m'avez « promis?" — "Non, mon Fils, répondit l'apôtre des Francs, ce n'est que l'entrée du chemin qui doit t'y conduire".


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique



Nativité par Altdorfer

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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 05:00

Jésus-Christ naît à Bethléem de Juda. Quelle faveur pour cette cité ! Ce n'est point à Jérusalem, la ville des rois de Juda, mais à Bethléem, la moindre de toutes les villes de Juda. O Bethléem, tu es bien petite, mais le Seigneur t'a bien grandie maintenant !

Oui, celui qui, de grand qu'il est, a voulu naître petit dans tes murs, t'a comblée de gloire. Réjouis-toi donc, ô Bethléem, et que l'Alléluia de fête retentisse dans tes carrefours aujourd'hui. Quelle cité au monde, en apprenant cette nouvelle, ne t'enviera point cette précieuse étable, et la gloire de ta crèche ? Déjà ton nom est célèbre dans toute la terre ; toutes les nations te proclament bienheureuse. On dit de toi des choses glorieuses, ô cité de Dieu. Partout on chante ces paroles : Un homme est né dans cette ville, et le Très-Haut lui-même l'a fondée. Oui, partout on dit, partout on répète : "Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est né à Bethléem de Juda."

Il ne faut pas regarder comme inutile ce mot même, de Juda ; car il nous fait souvenir de la promesse faite aux patriarches - "Le sceptre ne sortira point de Juda, ni le prince de la postérité, jusqu'à ce que celui qui doit être envoyé et qui sera l'attente des nations, soit venu." En effet, le salut doit venir des Juifs et, de chez eux, se répandre au bout du monde. "Juda, dit le Patriarche, tes frères te loueront, et ta main fera peser le joug sur tes ennemis", et le reste, qui ne s'est jamais accompli en Juda, mais qui l'est sous nos yeux, un Jésus-Christ.

C'est lui, en effet, qui est ce Lion de la tribu de Juda, dont il a été dit : "Juda est un jeune lion ; tu t'es levé, mon fils, pour saisir ta proie." Ce grand ravisseur, "qui se charge des dépouilles de la Samarie, avant même de savoir nommer son père et sa mère" n'est autre que le Christ, car c'est lui qui, en s'élevant en l'air, a emmené avec lui, comme en triomphe, une grande multitude de captifs ; ou plutôt non, il ne nous a rien ravi, tout au contraire, il a comblé les hommes de ses dons. Ces mots "Bethléem de Juda" me rappellent donc à l'esprit ces prophéties et plusieurs autres semblables qui se sont accomplies en Jésus-Christ à qui elles se rapportaient ; aussi n'y a-t-il pas à rechercher pour nous s'il peut venir quelque chose de bon de Bethléem.
 

Remarquez donc bien que le Christ naît à Bethléem, de Juda, et efforcez-vous de devenir une autre Bethléem, de Juda, si vous voulez qu'il vous fasse la grâce de le recevoir aussi en vous. Or, Bethléem signifie la maison du pain, et Juda, la confession. Pour vous donc, si vous nourrissez votre âme du pain de la parole divine ; si, tout indignes que vous soyez, vous recevez avec toute la foi et la piété dont vous êtes capables ce pain qui est descendu du ciel et donne la vie au monde, je veux dire le corps du Seigneur Jésus, en sorte que cette nouvelle chair de résurrection répare et fortifie la vieille outre de votre corps, en resserre le tissu et la rende capable de supporter le vin nouveau dont elle est remplie ; si enfin vous vivez de la foi et ne gémissez point pour avoir oublié de manger votre pain, vous êtes une autre Bethléem, et il ne vous manque plus que la confession pour être tout à fait digne de recevoir le Sauveur. Que la Judée soit donc votre sanctification.

Revêtez-vous de la confession et de la beauté, qui sont le plus beau vêtement que le Christ recherche avant tout dans ses ministres. D'ailleurs l'Apôtre vous les recommande l'une et l'autre en deux mots, quand il dit : "On croit de coeur pour obtenir la justice, et on confesse de bouche pour obtenir le salut." Or, la justice dans le coeur, c'est du pain dans la main ; car la justice est un pain selon ces paroles : "Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu'ils seront rassasiés."

Que votre coeur possède donc la justice, mais cette justice qui vient de la foi, car il n'y a que celle-là qui soit en honneur auprès de Dieu. Mais en même temps que votre bouche la confesse pour obtenir le salut, après cela vous pouvez en toute sécurité recevoir celui qui naît à Bethléem de Juda, c'est-à-dire Jésus-Christ, le Fils de Dieu.



SAINT BERNARD


PREMIER SERMON POUR LA VEILLE DE NOËL. Sur ces paroles du martyrologe : Jésus-Christ, fils de Dieu, naît à Bethléem de Juda

Œuvres complètes de Saint Bernard



Nativité par Rogier van den Weyden

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