Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s'apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l'allégresse de l'Eglise, qu'elle semblera déjà se croire en possession de l'éternité. Aujourd'hui pourtant, c'est sous les livrées de la pénitence qu'elle se montre à nos yeux, confessant bien qu'elle n'est qu'une exilée. Avec elle, jeûnons et prions.
Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir ?
D'années en années, la solennité qui va s'ouvrir compte parmi nos compagnons d'autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d'espérance. D'années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l'hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes ; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d'une terre étrangère : il n'est pour l'exilé d'autre souci que celui de son bannissement, d'autre joie que celle où il trouve l'avant-goût de la patrie.
Dans ces pensées, disons avec l'Eglise en ce jour de Vigile :
Seigneur notre Dieu, faites couler abondamment sur nous votre grâce ; et, comme nous prévenons la glorieuse solennité de vos Saints, puissions-nous mériter par une sainte vie de les suivre au bonheur.
Par Jésus-Christ
DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique