Crist-Pantocrator.jpg

"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

La Manif Pour Tous 

La Manif Pour Tous photo C de Kermadec

La Manif Pour Tous Facebook 

 

 

Les Veilleurs Twitter 

Les Veilleurs

Les Veilleurs Facebook

 

 

 

papa%20GP%20II

1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

Rechercher

Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
capt_51c4ca241.jpg

Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

Archives

    

 

SALVE REGINA

11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 06:00



SAINT MARTIN
(bois polychrome de 
Gregorio FERNÁNDEZ)

Trois mille six cent soixante églises dédiées à Saint Martin au seul pays de France, presque autant dans le reste du monde, attestent l'immense popularité du grand thaumaturge. Dans les campagnes, sur les montagnes, au fond des forêts, arbres, rochers, fontaines, objets d'un culte superstitieux quand l'idolâtrie décevait nos pères, reçurent en maints endroits et gardent toujours le nom de celui qui les arracha au domaine des puissances de l'abîme pour les rendre au vrai Dieu. Aux fausses divinités, romaines, celtiques ou germaniques, enfin dépossédées, le Christ, seul adoré par tous désormais, substituait dans la mémoire reconnaissante des peuples l'humble soldat qui les avait vaincues.

C'est qu'en effet, la mission de Martin fut d'achever la déroute du paganisme, chassé des villes par les Martyrs, mais jusqu'à lui resté maître des vastes territoires où ne pénétrait pas l'influence des cités.
Aussi, à l'encontre des divines complaisances, quelle haine n'essuya-t-il point de la part de l'enfer ! Dès le début, Satan et Martin s'étaient rencontrés : "Tu me trouveras partout sur ta route" avait dit Satan ; et il tint parole. Il l'a tenue jusqu'à nos jours : de siècle en siècle, accumulant les ruines sur le glorieux tombeau qui attirait vers Tours le monde entier ; dans le XVIe, livrant aux flammes, par la main des huguenots, les restes vénérés du protecteur de la France ; au XIXe enfin, amenant des hommes à ce degré de folie que de détruire eux-mêmes, en pleine paix, la splendide basilique qui faisait la richesse et l'honneur de leur ville. Reconnaissance du Christ roi, rage de Satan, se révélant à de tels signes, nous disent assez les incomparables travaux du Pontife apôtre et moine que fut saint Martin.

Moine, il le fut d'aspiration et de fait jusqu'à son dernier jour. "Dès sa première enfance, il ne soupire qu'après le service de Dieu. Catéchumène à dix ans, il veut à douze s'en aller au désert ; toutes ses pensées sont portées vers les monastères et les églises. Soldat à quinze ans, il vit de telle sorte qu'on le prendrait déjà pour un moine. Après un premier essai en Italie de la vie religieuse, Martin est enfin amené par Hilaire dans cette solitude de Ligugé qui fut, grâce à lui, le berceau de la vie monastique dans les Gaules. Et, à vrai dire, Martin, durant tout le cours de sa carrière mortelle, se sentit étranger partout hormis à Ligugé. Moine serait, il n'avait été soldat que par force ; il ne devint évêque que par violence ; et alors, il ne quitta point ses habitudes monastiques. Il satisfaisait à la dignité de l'évêque, nous dit son historien, sans abandonner la règle et la
vie du moine ; s'étant fait tout d'abord une cellule auprès de son église de Tours ; bientôt se créant à quelque distance de la ville un second Ligugé sous le nom de Marmoutier ou de grand monastère."
(Cardinal Pie, Homélie prononcée à l'occasion du rétablissement de l'Ordre de saint Benoît à Ligugé, 25 novembre 1853)

C'est à la direction reçue de l'ange qui présidait alors aux destinées de l'Eglise de Poitiers, que la sainte Liturgie renvoie l'honneur des merveilleuses vertus manifestées par Martin dans la suite. Quelles furent les raisons de saint Hilaire pour conduire par des voies si peu connues encore de l'Occident l'admirable disciple que lui adressait le ciel, c'est ce qu'à défaut d'Hilaire même, il convient de demander à l'héritier le plus autorisé de sa doctrine aussi bien que de son éloquence : 

"
C'a été, dit le Cardinal Pie, la pensée dominante de tous les Saints, dans tous les temps, qu'à côté du ministère ordinaire des pasteurs, obligés par leurs fonctions de vivre mêlés au siècle, il fallait dans l'Eglise une milice séparée du siècle et enrôlée sous le drapeau de la perfection évangélique, vivant de renoncement et d'obéissance, accomplissant nuit et jour la noble et incomparable fonction de la prière publique. C'a été la pensée des plus illustres pontifes et des plus grands docteurs, que le clergé séculier lui-même ne serait jamais plus apte à répandre et à populariser dans le monde les pures doctrines de l'Evangile, que quand il se serait préparé aux fonctions pastorales en vivant de la vie monastique ou en s'en rapprochant le plus possible. Lisez la vie des plus grands hommes de l'épiscopat, dans l'Orient comme dans l'Occident, dans les temps qui ont immédiatement précédé ou suivi la paix de l'Eglise comme au moyen âge ; tous, ils ont professé quelque temps la vie  religieuse, ou vécu en contact ordinaire avec ceux qui la pratiquaient. Hilaire, le grand Hilaire, de son coup d'œil sûr et exercé, avait aperçu ce besoin ; il avait vu quelle place devait occuper l'ordre monastique dans le christianisme, et le clergé régulier dans l'Eglise. Au milieu de ses combats, de ses luttes, de ses exils, témoin oculaire de l'importance des monastères en Orient, il appelait de tous ses vœux le moment où, de retour dans les Gaules, il pourrait jeter enfin auprès de lui les fondements de la vie religieuse. La Providence ne tarda pas à lui envoyer ce qui convenait pour une telle entreprise : un disciple digne du maître,un moine digne de l'évêque."

On ne saurait présumer d'essayer mieux dire ; pour le plus grand honneur de Saint Martin, l'autorité de l'Evêque de  Poitiers, sans égale en un tel sujet, nous fait un devoir de lui laisser la parole. Comparant donc ailleurs Martin, et ceux qui le précédèrent, et  Hilaire lui-même, dans leur œuvre commune d'apostolat des Gaules :

« Loin de moi, s'écrie le Cardinal, que  je méconnaisse tout ce que la religion de Jésus-Christ possédait déjà de vitalité et de puissance dans nos diverses provinces, grâce à  la prédication  des premiers apôtres,  des  premiers martyrs ,  des premiers évêques, dont la série remonte aux temps les plus rapprochés du Calvaire. Toutefois, je ne crains pas de le dire, l'apôtre populaire de la Gaule, le convertisseur des  campagnes restées en grande
partie païennes jusque-là, le fondateur du christianisme national, a été principalement Saint Martin. Et d'où vint à Martin, sur tant d'autres grands évêques et serviteurs de Dieu, cette prééminence d'apostolat ? Placerons-nous Martin au-dessus de son maître Hilaire ? S'il s'agit de la doctrine, non pas assurément ; s'il s'agit du zèle, du courage, de la sainteté, il ne m'appartient pas de dire qui fut plus grand du maître ou du disciple ; mais ce que je puis dire, c'est qu'Hilaire fut surtout un docteur, et que Martin fut surtout un thaumaturge. Or, pour la conversion des peuples, le thaumaturge a plus de puissance que le docteur ; et, par suite, dans le souvenir et dans le culte des peuples, le docteur est éclipsé, il est effacé par le thaumaturge.

« On parle beaucoup aujourd'hui de raisonnement pour persuader les choses divines : c'est oublier l'Ecriture et l'histoire ; et, de plus, c'est déroger. Dieu n'a pas jugé qu'il lui convînt de raisonner avec nous. Il a affirmé, il a dit ce qui est et ce qui n'est pas ; et, comme il exigeait la Foi à Sa Parole, il a autorisé Sa Parole. Mais comment l'a-t-il autorisée ? En Dieu, non point en homme ; par des œuvres, non par des raisons : non in sermone, sed in virtute ; non par les arguments d'une philosophie humainement persuasive : non in persuasibilibus humanae sapientiae verbis, mais par le déploiement d'une puissance toute divine : sed in ostensione spiritus et virtutis. Et pourquoi ? En voici la raison profonde : Ut fides non sit in sapientia hominum, sed in virtute Dei : afin que la Foi soit fondée non sur la sagesse de l'homme, mais sur la force de Dieu. (I Cor. II, 4.)

«
On ne le 
veut plus ainsi aujourd'hui ;  on nous dit qu'en Jésus-Christ le théurge fait tort au moraliste, que le miracle est  une tache dans ce sublime idéal. Mais on n'abolira point cet ordre, on n'abolira ni l'Evangile ni l'histoire. N'en déplaise aux lettrés de notre siècle, n'en déplaise aux pusillanimes qui se font  leurs  complaisants,  non seulement le Christ a fait des miracles, mais il a fondé la Foi sur des  miracles ; et le même Christ,  non pas pour confirmer ses propres miracles qui sont l'appui des autres,  mais par pitié pour nous  qui sommes prompts à l'oubli, et qui  sommes plus impressionnés de ce que  nous voyons que de ce que nous entendons, le même Jésus-Christ a mis dans l'Eglise, et pour jusqu'à la fin, la vertu des miracles. Notre siècle en a vu, il en verra encore ; le quatrième siècle eut principalement ceux de Martin.

«
Opérer des prodiges semblait un jeu pour lui ; la nature entière pliait à son commandement. Les animaux lui étaient soumis : "Hélas ! s'écriait un jour le Saint, les serpents m'écoutent, et les hommes refusent de m'entendre."  Cependant les hommes l'entendaient souvent. Pour sa part, la Gaule entière l'entendit ; non seulement l'Aquitaine, mais la Gaule Celtique, mais la Gaule Belgique. Comment résister à une parole autorisée par tant de prodiges ? Dans toutes ces provinces, il renversa l'une après l'autre toutes les idoles, il réduisit les statues en poudre, brûla et démolit tous les temples, détruisit tous les bois sacrés, tous les repaires de l'idolâtrie. Etait-ce légal, me demandez-vous ? Si j'étudie la législation de Constantin et de Constance, cela l'était peut-être. Mais ce que je puis dire, c'est que Martin, dévoré du zèle de la maison du Seigneur, n'obéissait en 
cela qu'à l'Esprit de Dieu. Et ce que je dois dire, c'est que Martin, contre la fureur de la population païenne, n'avait d'autres armes que les miracles qu'il opérait, le concours visible des anges qui lui était parfois accordé, et enfin, et surtout, les prières et les larmes qu'il répandait devant Dieu lorsque l'endurcissement de la multitude résistait à la puissance de sa parole et de ses prodiges. Mais, avec ces moyens, Martin changea la face de notre pays. Là où il y avait à peine un chrétien avant son passage, à peine restait-il un infidèle après son départ. Les temples du Dieu vivant succédaient aussitôt aux temples des idoles ; car, dit Sulpice Sévère, aussitôt qu'il avait renversé les asiles de la superstition, il construisait des églises et des monastères. C'est ainsi que l'Europe entière est couverte de temples qui ont pris le nom de Martin.»
Cardinal Pie, Sermon prêché dans la cathédrale de Tours le dimanche de la solennité patronale de saint Martin, 14 novembre 1858.

La mort ne suspendit pas ses bienfaits ; eux seuls expliquent le concours ininterrompu des peuples à sa tombe bénie. Ses nombreuses fêtes au cours de l'année, Déposition ou Natal, Ordination, Subvention, Réversion, ne parvenaient point à lasser la piété des fidèles. Chômée en tous lieux, favorisée par le retour momentané des beaux jours que nos aïeux nommaient l'été de la Saint-Martin, la solennité du XI novembre rivalisait avec la Saint-Jean pour les réjouissances dont elle était l'occasion dans la chrétienté latine. Martin était la joie et le recours universels.

Aussi Grégoire de Tours n'hésite pas à voir dans  son  bienheureux prédécesseur  le  patron
spécial du monde entier ! Cependant moines et clercs, soldats, cavaliers, voyageurs et hôteliers en mémoire de ses longues pérégrinations, associations de charité sous toutes formes en souvenir du manteau d'Amiens, n'ont point cessé de faire valoir leurs titres à la plus particulière bienveillance du grand Pontife. La Hongrie, terre magnanime qui nous le donna sans épuiser ses réserves d'avenir, le range à bon droit parmi ses puissants protecteurs. Mais notre pays l'eut pour père : en la manière que l'unité de la foi fut chez nous son œuvre, il présida à la formation de l'unité nationale ; il veille sur  sa durée ; comme le pèlerinage de Tours précéda celui de Compostelle en l'Eglise, la chape de Saint Martin conduisit avant l'oriflamme de Saint Denis nos armées au combat. Or donc, disait Clovis, "où sera l'espérance de la victoire, si l'on offense le bienheureux Martin ?" 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique





Saint Martin rend son âme à Dieu
(par Simone Martini)





SAINT MARTIN
(marbre du Bernin)

Partager cet article
Repost0
10 novembre 2009 2 10 /11 /novembre /2009 08:06



Le Pape Léon le Grand subjuguant Attila
Basilique Saint Pierre de Rome


L’un des plus grands noms des fastes de l'Eglise apparaît aujourd'hui sur le Cycle. Léon, Pontife et Docteur, vient attirer notre admiration et notre amour. Son nom seul appelle déjà l'enthousiasme. Il est le Lion, selon la signification de son nom, le Lion de la sainte Eglise, reproduisant ainsi en sa personne l'un des plus nobles titres de notre divin Ressuscité.

Déjà, dans la suite des siècles, treize pontifes ont porté ce même nom, et cinq d'entre eux sont inscrits au catalogue des Saints ; mais nul ne l'a rendu plus glorieux que l'illustre personnage que nous fêtons aujourd'hui : aussi est-il appelé Léon le Grand.

Il a mérité ce titre par ses nobles travaux pour éclairer la foi des peuples sur le sublime mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. La sainte Eglise avait triomphé des hérésies qui s'étaient attaquées au dogme de la Trinité ; les efforts de l'enfer se portèrent alors contre le dogme du Dieu fait homme. Un évêque de Constantinople, Nestorius, osa nier l'unité de personne en Jésus-Christ, et séparer en lui le Dieu de l'homme. Le concile d'Ephèse foudroya cette erreur qui anéantissait la Rédemption.

Une nouvelle hérésie, opposée à
la première, mais non moins destructive du christianisme, ne tarda pas à s'élever. Le moine Eutychès soutint que dans l'Incarnation la nature humaine avait été absorbée par la nature divine, et cette erreur s'étendait avec une effrayante rapidité. L'Eglise sentit le besoin d'un docteur qui résumât avec précision et autorité le dogme qui fait le fondement de nos espérances. Léon se leva alors, et du haut de la chaire apostolique où l'Esprit-Saint l'avait fait asseoir et proclama avec une éloquence et une clarté sans égales la formule de la foi antique, toujours la même, mais resplendissante d'un éclat nouveau. Un cri d'admiration partit du sein même du Concile œcuménique de Chalcédoine, rassemblé pour condamner le système impie d'Eutychès. "Pierre a parlé par la bouche de Léon !" s'écrièrent les Pères ; et quatorze siècles n'ont pas effacé dans l'Eglise d'Orient l'enthousiasme qu'excitèrent les enseignements préparés par Léon pour l'Eglise entière.

L'Occident, en proie à toutes les calamités de l'invasion des barbares, voyait s'écrouler les derniers débris de l'empire, et Attila, le Fléau de Dieu, était déjà aux portes de Rome. La barbarie recula devant la majesté de Léon, comme l'hérésie se dissipait devant l'autorité de sa parole. Le chef des Huns, qui avait fait céder les plus formidables remparts, conféra avec le Pontife sur les bords du Mincio, et il prit l'engagement de ne pas entrer dans Rome. Le calme et la dignité de Léon, qui affrontait sans défense le plus redoutable des vainqueurs de l'Empire, et exposait sa vie pour son troupeau, avaient ébranlé le barbare. En même temps son œil apercevait dans les airs l'apôtre Pierre, sous les traits d'un auguste personnage qui protégeait l'intercesseur de Rome. Dans le cœur d'Attila la terreur vint en aide à l'admiration. Moment sublime, où tout un monde nouveau se révèle ! le Pontife désarmé affrontant les violences du barbare, le barbare ému à la vue d'un dévouement qu'il ne comprend pas encore, le ciel intervenant pour aider cette nature féroce à s'incliner devant la force morale. L'acte de dévouement accompli par Léon exprime dans un seul trait ce que plusieurs siècles virent s'opérer dans l'Europe entière ; mais l'auréole du Pontife n'en est que plus éclatante.

Afin qu'aucun genre de gloire ne manquât à Léon, l'Esprit-Saint l'avait doué d'une éloquence que l'on pourrait appeler papale, tant elle est empreinte de majesté et de plénitude. La langue latine expirante y retrouve des accents et un tour qui rappellent parfois l'âge de sa vigueur ; et le dogme chrétien, formulé dans un style pompeux et nourri de la plus pure sève apostolique, y resplendit d'un merveilleux éclat.


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique 






Partager cet article
Repost0
8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 16:00



Nous osons aujourd'hui présenter au monde cette religieuse cloîtrée qui mena une vie cachée en Dieu avec Jésus-Christ car elle est un témoin éclatant de la joie d'être enraciné et fondé dans l'amour.

Elle célèbre la splendeur de Dieu, parce qu'elle se sait habitée au plus intime d'elle-même par la présence du Père, du Fils et de l'Esprit en qui elle reconnaît la réalité de l'amour infiniment vivant.

Élisabeth a connu elle aussi la souffrance physique et morale. Unie au Christ crucifié, elle s'est totalement offerte, achevant dans sa chair la passion du Seigneur, toujours assurée d'être aimée et de pouvoir aimer.

Elle fait dans la paix le don de sa vie blessée.

A notre humanité désorientée qui ne sait plus trouver Dieu ou qui le défigure, qui cherche sur quelle parole fonder son espérance, Élisabeth donne le témoignage d'une ouverture parfaite à la Parole de Dieu qu'elle a assimilée au point d'en nourrir véritablement sa réflexion et sa prière, au point d'y trouver toutes ses raisons de vivre et de se consacrer à la louange de sa gloire.


Jean-Paul II
Homélie de la Béatification d'Elisabeth de la Trinité
à Saint Pierre de Rome, le 25 novembre 1984



Ma nacelle, à son gré, voguant en pleines eaux
O bonne Mère, a fait voyage des plus beaux :
Par une nuit paisible, en un profond silence
Je glissais doucement sur l'océan immense.
Tout était en repos sous la voûte du ciel
Et semblait écouter la voix de l'Éternel.

Mais survinrent soudain quelques lames profondes
et le léger esquif disparut sous leurs ondes...
C'était laTrinité qui m'entrouvait son sein
Et j'ai trouvé mon centre en l'abîme divin.

On ne me verra plus sur le bord du rivage
Je plonge en l'infini, c'est là mon héritage
mon âme se repose en cette Immensité
Et vit avec ses « Trois » comme en l'éternité.



Elisabeth de la Trinité
Partager cet article
Repost0
1 octobre 2009 4 01 /10 /octobre /2009 04:00



Marie-Françoise-Thérèse Martin, née à Alençon, en Normandie, entra à 15 ans chez les Carmélites de Lisieux, où elle reçut le nom de Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Ses progrès spirituels étaient si importants, qu'elle assuma le rôle de maîtresse des novices dès l'âge de 20 ans. Elle mourut quatre ans plus tard. Dans sa brève vie, elle se distingua par son humilité, sa simplicité et sa patience héroïque dans la souffrance.

Après sa mort, les manuscrits autobiographiques qu'elle avait écrits pour ses prieures furent publiés sous le titre Histoire d'une âme. Entre autre, Thérèse y décrit sa "petite voie" autour de deux maîtres-mots qui résume toute sa spiritualité : la confiance et l'amour.

L'une de ses lettres, le Manuscrit B, dans sa brièveté, est un chef-d'œuvre de la spiritualité chrétienne contemporaine. Thérèse a aussi laissé huit pièces de théatre, 54 poèmes, quelques prières et une abondante correspondance.

Son Acte d'Offrande à l'Amour Miséricordieux contribua largement à la faire connaître.

Son culte se répandit dans le monde entier et d'innombrables miracles furent rapportés grâce à son intercession.

Canonisée par Pie XI en 1925, elle fut déclarée patronne des missions, avec saint François-Xavier, puis, en 1944, patronne secondaire de la France, au même titre que sainte Jeanne d'Arc.

Thérèse de l'Enfant-Jésus fut déclarée Docteur de l'Église par Jean-Paul II, le 19 octobre 1997.

Le Carmel en France


Partager cet article
Repost0
30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 04:00

SAINT JERÔME par Joachim Patenier

" Vital m'est inconnu, je ne veux point de Mélèce, et Paulin, je l'ignore ; celui-là est mien qui adhère à la chaire de Pierre." Ainsi, vers l'an 376, des solitudes de Syrie troublées par les compétitions épiscopales qui d'Antioche agitaient tout l'Orient, un moine inconnu s'adressait au pontife Damase, implorant lumière pour son âme rachetée du sang du Seigneur. C'était Jérôme, originaire de Dalmatie.

Loin de Stridon, terre à demi barbare de sa naissance, dont il gardait l'âpreté comme la sève vigoureuse ; loin de Rome, où l'étude des belles-lettres et de la philosophie s'était montrée impuissante à le préserver des plus tristes chutes : la crainte des jugements de Dieu l'avait conduit au désert de Chalcis. Sous un ciel de feu, en la compagnie des fauves, il y devait, quatre années durant, mater son corps par d'effrayantes macérations ; remède plus efficace, plus méritante austérité pour son âme passionnée des beautés classiques, il entreprit d'y sacrifier ses goûts cicéroniens à l'étude de la langue primitive des saints Livres. Labeur autrement dur que de nos jours, en lesquels
lexiques, grammaires, travaux de toute sorte, ont aplani les voies de la science. Que de fois, rebuté, Jérôme désespéra du succès ! Mais il avait éprouvé la vérité de cette sentence qu'il formulait plus tard : "Aimez la science des Ecritures, et vous n'aimerez pas les vices de la chair."

Revenant donc à l'alphabet hébreu, il épelait sans fin ces syllabes sifflantes et haletantes dont l'héroïque conquête rappela toujours le prix qu'elles lui avaient coûté, par la rugosité imprimée depuis lors, disait-il, à sa prononciation du latin lui-même. Toute l'énergie de sa fougueuse nature était passée dans cette œuvre ; elle s'y consacra, s'y endigua pour la vie.

Dieu reconnut magnifiquement l'hommage ainsi rendu à sa divine parole : du simple assainissement moral que Jérôme en avait espéré, il était parvenu à la sainteté supérieure que nous honorons aujourd'hui en lui ; de ces luttes du désert, en apparence stériles pour d'autres, sortait un de ceux auxquels il est dit : Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. Et cette lumière, Dieu la plaçait sur le chandelier à son heure, pour éclairer tous ceux qui sont dans la maison.

Rome revoyait, mais combien transformé, le brillant étudiant d'autrefois ; sainteté, science, humilité le faisaient proclamer par tous digne du suprême sacerdoce. Damase, docteur vierge de l'Eglise vierge, le chargeait de répondre en son
nom aux consultations de l'Orient comme de l'Occident, et obtenait qu'il commençât par la revision du Nouveau Testament latin, sur le texte grec original, les grands travaux scripturaires qui devaient immortaliser son nom dans la reconnaissance du peuple chrétien.

Sur ces entrefaites, la réfutation d'Helvidius, qui osait mettre en doute la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu, révéla en Jérôme le polémiste incomparable dont Jovinien, Vigilance, Pelage, d'autres encore, par la suite, auraient à éprouver la vigueur. Récompense cependant de son honneur vengé, Marie amenait à lui toutes les nobles âmes : il les conduirait dans la voie des vertus qui sont l'honneur de la terre ; par le sel des Ecritures, il les préserverait de la corruption dont mourait l'empire.


Etrange phénomène pour l'historien sans foi : voici qu'autour de ce Dalmate, à l'heure où la Rome des Césars agonise, rayonnent soudain les plus beaux noms de Rome antique. On les croyait éteints depuis le jour où s'assombrit entre les mains des parvenus la gloire de la cité reine ; au temps critique où, purifiée par les flammes qu'allumeront les Barbares, la capitale qu'ils donnèrent au monde va reprendre ses destinées, ils reparaissent comme par le droit de leur naissance pour la fonder à nouveau dans sa véritable éternité. Autre est devenue la lutte ; mais leur place demeure en tête de l'armée qui sauvera le monde. Rares sont parmi nous les sages, les puissants, les nobles, disait l'Apôtre quatre siècles plus tôt : nombreux ils sont en nos temps, proteste Jérôme, nombreux parmi les moines.

La phalange patricienne constitue le meilleur de l'armée monastique en ces temps de son origine occidentale ; elle lui laissera pour toujours son caractère d'antique grandeur ; mais dans ses rangs, à titre égal à celui de leurs pères et de leurs frères, se voient aussi la vierge et la veuve, parfois l'épouse en même temps que l'époux. C'est Marcella, qui la première, de son palais de l'Aventin, lève l'étendard monastique sur les sept collines, et en retour obtient que la direction de Jérôme ne soit pas refusée au sexe qu'honore pareille initiative ; Marcella qui, le maître disparu, sera, quoi qu'en ait son humilité, l'oracle consulté par tous dans les difficultés des Ecritures. C'est comme elle Furia, Fabiola, Paula, rappelant leurs grands aïeux les Camille, les Fabii, les Scipions. C'en est trop pour le prince du monde, Satan, qui croyait siennes à jamais les gloires de la vieille cité de Romulus ; les heures du Saint à Rome sont comptées.


Fille de Paula, Eustochium a mérité de se voir adresser le manifeste sublime, mais plein de tempêtes, où Jérôme, exaltant la virginité, ne craint pas de soulever contre lui par sa verve mordante la conjuration des faux moines, des vierges folles et des clercs indignes.

Vainement la prudente Marcella prédit l'orage ; Jérôme écarte le doigt filial qui voudrait se poser sur sa bouche, et prétend oser dire ce que d'autres peuvent bien oser faire. Il a compté sans la mort de Damase
survenue à l'heure même, sans la faction des ignorants jaloux qui, pareillement, n'attendaient que cette mort pour changer en morsures de vipères leurs hypocrites démonstrations d'autrefois.

Emporté par le tourbillon, le justicier retourne au désert : non plus Chalcis, mais la paisible Bethléhem, où les souvenirs de l'enfance du Sauveur attirent ce fort entre les forts ; où Paula et sa fille viennent elles-mêmes se fixer pour ne point perdre ses leçons qu'elles préfèrent à tout le reste au monde, pour adoucir son amertume, panser les blessures du lion dont la puissante voix ne cessera point de tenir en éveil les échos de l'Occident.

Honneur à ces vaillantes ! leur fidélité, leur ambition de savoir, leurs pieuses importunités vaudront au monde un trésor sans prix : la traduction authentique des Livres saints, que l'imperfection de l'ancienne version Italique, et ses variantes devenues sans nombre, ont nécessitée en face des Juifs traitant l'Eglise de faussaire.

" Paula et Eustochium, puisse le travail de ma pauvre vie vous être agréable, utile aussi à l'Eglise, et digne de la postérité ; quant aux contemporains, leur jugement me touche peu." Ainsi disait le solitaire ; mais les attaques envieuses d'irréductibles ennemis l'émeuvent plus qu'il ne se l'avoue : "Servantes du Christ, insiste-t-il, opposez le bouclier de vos prières à mes aboyeurs."

Or, chaque livre nouvellement traduit amenait critique nouvelle, et non toujours haineuse : réserves des craintifs, qui s'alarmaient  pour l'au
torité des Septante, si grande dans la Synagogue et dans l'Eglise ; retours intéressés des possesseurs de manuscrits aux pages de pourpre, aux splendides onciales, aux lettres d'argent et d'or, qu'il faudrait donc voir déprécier maintenant. "Eh ! qu'ils gardent leur métallurgie, et nous laissent nos pauvres cahiers", s'écrie Jérôme exaspéré. "C'est pourtant vous qui me forcez à subir tant d'inepties comme tant d'injures, dit-il aux inspiratrices de ses travaux ; pour couper court au mal, mieux vaudrait m'imposer silence."

Ni la mère, ni la fille ne l'entendaient ainsi ; et Jérôme se laissait contraindre. Ayant observé qu'une première révision faite par lui du Psautier sur le grec des Septante n'avait pas suffi à fixer le texte, elles en obtinrent une seconde, celle-là même que devait adopter notre Vulgate, au même titre que sa version des autres livres de l'Ancien Testament sur l'hébreu ou le chaldéen. Nobles auxiliaires, à la science desquelles lui-même en appelait comme garantie de son exactitude, et qu'il priait de collationner ses traductions mot par mot avec l'original.


SAINT JERÔME par Matteo di Giovanni

Toutes les saintes amitiés de jadis gardaient de loin leur part dans ce commerce studieux. Jérôme ne refusait à personne le concours de sa science, et il s'excusait agréablement de ce qu'une moitié du genre humain y semblât plus privilégiée : "Principia, ma fille  en Jésus-Christ, je
sais que plusieurs trouvent mauvais qu'il m'arrive parfois d'écrire aux femmes ; qu'on me laisse donc dire à mes détracteurs : Si les hommes m'interrogeaient sur l'Ecriture, ce n'est point à celles-là que je répondrais."

Mais voici qu'un message d'allégresse fait tressaillir les monastères fondés en Ephrata : d'un frère d'Eustochium, et de Lœta, fille chrétienne du pontife des faux dieux Albinus, une autre Paule est née dans Rome. Vouée à l'Epoux dès avant sa naissance, elle balbutie au cou du prêtre de Jupiter l'Alleluia des chrétiens ; elle sait que par delà les monts et les flots, elle a une autre aïeule, une tante elle aussi toute à Dieu ; de sa mutine voix la promise du Seigneur menace d'aller les trouver bientôt. "Envoyez-la, écrit Jérôme à la mère dans son ravissement ; je me ferai son maître et son nourricier. Je la porterai sur mes vieilles épaules ; j'aiderai sa bouche bégayante à former ses mots, plus fier en cela qu'Aristote ; car lui n'élevait qu'un roi de Macédoine ; mais moi je préparerai au Christ une servante, une épouse, une reine destinée à siéger dans les cieux."

Bethléhem vit, en effet, la douce enfant. Elle devait, bien jeune encore, assumer la responsabilité d'y continuer l'œuvre des siens. Elle fut, près du vieillard mourant, l'ange du passage de ce monde à l'éternité.
L'heure des profonds déchirements avait précédé pour lui le moment suprême. Ce fut Paula l'ancienne qui partit la première, chantant : J'ai mieux aimé être humble en la maison de Dieu, que d'habiter les pavillons des pécheurs.

Devant
l'affaissement mortel où Jérôme parut devoir s'annihiler pour toujours, Eustochium brisée refoula ses larmes. Sur les instances de la fille, il se reprit à vivre afin de dégager ses promesses à la mère. C'est ainsi que nous le voyons achever alors ses traductions reprendre aussi ses commentaires du texte ; il va passer d'Isaïe au prophète Ezéchiel, quand fond soudain sur le monde et sur lui l'inexprimable douleur de ces temps : "Rome est tombée ; elle est éteinte la lumière de la terre ; dans une seule ville, tout l'univers a succombé. Que faire, que se taire et penser aux morts ?"

Il fallait penser de plus aux innombrables fugitifs qui affluaient, dénués de tout, vers les saints Lieux ; et Jérôme, l'implacable lutteur, ne savait refuser à aucun malheureux son cœur et ses larmes. Aimant encore mieux pratiquer qu'enseigner l'Ecriture, il donnait aux devoirs de l'hospitalité ses journées. La nuit seule restait pour l'étude à ses yeux presque aveugles. Etudes pourtant demeurées bien chères, où il oubliait les misères du jour, et se réjouissait de répondre aux désirs de la fille que Dieu lui avait donnée. Qu'on lise l'avant-propos de chacun des quatorze Livres sur Ezéchiel, et l'on verra quelle part fut celle de la vierge du Christ en cette œuvre disputée aux angoisses du temps, aux infirmités de Jérôme, à ses luttes dernières contre l'hérésie.


Car on eût dit que l'hérésie prenait du bouleversement du monde l'occasion de nouvelles audaces. Forts de l'appui que leur prêtait l'évêque Jean de Jérusalem, les Pélagiens s'armèrent une nuit de la torche et du glaive ; ils se jetèrent, promenant le meurtre et l'incendie, sur le monastère de Jérôme et sur ceux des vierges qui, depuis la mort de Paula, reconnaissaient Eustochium pour mère. Virilement secondée par sa nièce Paule la jeune, la sainte rallia ses filles et parvint à se frayer passage au milieu des flammes. Mais l'anxiété de cette nuit terrible avait achevé de consumer ses forces épuisées. Jérôme l'ensevelit près de la crèche de l'Enfant-Dieu comme il avait fait de la mère, et, laissant inachevé son commentaire sur Jérémie, se disposa lui-même à mourir.
 

Vous complétez, illustre Saint, la brillante constellation des Docteurs au ciel de la sainte Eglise. Voici que se lèvent, au Cycle sacré, les derniers astres manquant encore à sa gloire. Déjà s'annonce l'aurore du jour éternel ; le Soleil de justice apparaîtra bientôt sur la vallée du jugement. Modèle de pénitence, enseignez-nous la crainte qui préserve ou répare, dirigez-nous dans les voies austères de l'expiation. Moine, historien de grands moines père des solitaires attirés comme vous en Ephrata par les parfums de la divine Enfance, maintenez l'esprit de travail et de prière en cet Ordre monastique dont plusieurs familles ont pris de vous leur nom. Fléau des hérétiques, attachez-nous à la foi Romaine ; zélateur du troupeau, préservez-nous des loups et des mercenaires ; vengeur de Marie, obtenez que fleurisse toujours plus sur terre l'angélique vertu.


O Jérôme, votre gloire participe surtout de la gloire de l'Agneau ouvrant pour les habitants des cieux le livre plein de mystères. La clef de David vous fut aussi donnée pour ouvrir les sceaux multiples des Ecritures, et nous montrer Jésus enfermé sous la lettre. C'est pourquoi l'Eglise de la terre chante aujourd'hui vos louanges, et vous présente à ses fils comme l'interprète officiel du Livre inspiré qui la conduit à ses destinées.

En même temps que l'hommage de  l'Epouse et
de la Mère, daignez agréer notre personnelle gratitude. Puisse le Seigneur, à votre prière, nous renouveler dans le respect et l'amour que mérite sa divine parole. Par vos mérites, puissent, autour du dépôt sacré, se multiplier les doctes et leurs recherches savantes. Mais que nul ne l'oublie : c'est à genoux qu'on doit écouter Dieu, si l'on veut le comprendre. Il s'impose, et ne se discute pas : bien qu'entre les interprétations diverses auxquelles peuvent donner lieu ses divins messages, il soit permis de chercher, sous le contrôle de son Eglise, à dégager la vraie ; bien qu'il soit louable d'en scruter sans fin les augustes profondeurs. Heureux qui vous suit dans ces études saintes ! Vous le disiez : "vivre au milieu de pareils trésors, s'y absorber, ne savoir, ne chercher rien autre, n'est-ce pas habiter déjà plus aux cieux qu'en terre ? Apprenons dans le temps ce dont la science doit nous demeurer toujours."



DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique 





SAINT JERÔME au désert par Giovanni Bellini

Partager cet article
Repost0
29 septembre 2009 2 29 /09 /septembre /2009 04:00

C’est à la tête de sa glorieuse armée qu'apparaît aujourd'hui l'Archange : Il y  eut un grand combat dans le ciel ; Michel et ses Anges combattaient le dragon, et le dragon et ses anges combattaient contre lui.


LES TROIS ARCHANGES par Marco d'Oggiono

Au VIe siècle, la dédicace des églises du mont Gargan et du Cirque romain sous le nom de saint Michel accrut la gloire de ce jour ; mais il ne fut choisi pour cet honneur, dont il garde à jamais le souvenir, qu'en raison de la fête plus ancienne déjà consacrée par Rome à cette date aux Vertus des cieux.

L'Orient, qui célèbre au six du présent mois l'apparition personnelle du vainqueur de Satan à Chône en Phrygie, renvoie au huit novembre, sous le titre qui suit, la solennité plus générale correspondant à la fête de ce jour : Synaxe de Michel, le prince de la milice, et des autres puissances incorporelles. Or, bien que ce terme de synaxe s'applique d'ordinaire aux assemblées liturgiques d'ici-bas, nous sommes avertis que, dans la circonstance, il exprime encore le ralliement des Anges fidèles au cri de leur chef, leur union pour toujours affermie par la victoire.


La Congrégation des Archanges par Angelos Akotantos au monastère de Vatopedi du Mont Athos

Quelles sont  donc  ces puissances des  cieux, 
dont la lutte mystérieuse ouvre l'histoire ? Les traditions de tous les peuples, aussi bien que l'autorité de nos Ecritures révélées, attestent leur existence. Si, en effet, nous interrogeons l'Eglise, elle nous enseigne qu'au commencement Dieu créa simultanément deux natures, la spirituelle et la corporelle, puis l'homme, unissant l'une et l'autre. Ordre grandiose, graduant l'être et la vie du voisinage de la cause suprême aux confins du néant. De ces lointaines frontières, la création remonte vers Dieu par ces mêmes degrés.

Dieu, infini : sans limitation aucune, intelligence et amour. La créature, à jamais finie : mais s'élevant dans l'homme jusqu'à la raison discursive, dans l'ange jusqu'à l'intuition directe de la vérité ; dans chacun d'eux, reculant par la purification incessante de son être initial les bornes provenant de l'imperfection de sa nature, pour arriver par plus de lumière à la perfection d'un plus grand amour.

Car Dieu seul est simple, de cette simplicité immuable et féconde qui est la perfection absolue excluant tout progrès : acte pur, en qui substance, puissance, opération, ne diffèrent pas. L'ange, si dégagé qu'il soit de la matière, n'échappe pas à la faiblesse native résultant pour tout être créé de la composition qui nous montre en lui l'action distincte de la puissance, et celle-ci de l'essence. Autre encore est chez l'homme l'infirmité de sa nature mixte, avec les sens pour introducteurs obligés aux régions de l'intelligible !

Près de la nôtre, dit un des plus lumineux frères du Docteur angélique, "comme elle est tranquille 
et lumineuse la science des purs esprits !  Ils ne sont pas condamnés à ces pénibles chevauchées de la raison qui court après  la vérité, compose, divise, et arrache péniblement les conclusions aux principes. Ils saisissent d'un seul coup d'œil toute la portée des vérités premières. Leur intuition est si prompte, si vive, si profonde qu'il leur est impossible d'être, comme nous, surpris par l'erreur. S'ils  se trompent, c'est qu'ils le veulent bien. La perfection de la volonté est en eux égale à la perfection de l'intelligence. Ils  ne savent pas ce que c'est que d'être  troublés par la violence des appétits. Leur amour ne les agite point. Tranquille et sagement mesurée comme leur amour est leur haine du mal. Une volonté ainsi dégagée ne peut connaître ni la perplexité des desseins, ni l'inconstance des résolutions. Tandis  qu'il nous faut de longues et  anxieuses méditations avant de nous décider, le propre des anges est de se fixer par un seul acte à l'objet de leur choix. Dieu leur a  proposé comme à nous une béatitude infinie dans la vision de son essence, et pour les égaler à une si grande fin il leur a donné la grâce en même temps qu'il leur donnait l'être. En un instant ils ont dit oui ou non, en un instant ils ont librement déterminé leur sort." (Jacques-Marie-Louis Monsabré o.p.)


L'Archange Michel à la basilique Saint Marc de Venise

Ne soyons point envieux. Par sa nature, l'ange nous est supérieur. A qui des anges pourtant fut-il dit jamais : Vous êtes mon fils ? Le premier-né n'a point choisi pour lui la nature des anges. Sur terre, lui-même reconnut la subordination qui soumet dans le temps l'humaine faiblesse à ces purs esprits ;  il  reçut d'eux,  comme ses frères 
dans la chair et le sang, notification des décrets divins, secours et réconfort ; mais ce n'est point aux anges qu'est soumis le monde de l'éternité, dit l'Apôtre. Attrait de Dieu pour ce qu'il y a de plus faible, comment vous comprendre, sans l'humble acquiescement de la foi s'inclinant dans l'amour ? Vous fûtes, au jour du grand combat, l'écueil de Lucifer. Mais se relevant de leur adoration joyeuse aux pieds de l'Enfant-Dieu, qui d'avance leur était montré sur le trône des genoux de Marie, les Anges fidèles chantèrent : Gloire à Dieu au plus haut des deux, et, sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté.

O Christ, mon Christ, ainsi vous nomme l'Aigle d'Athènes : l'Eglise, ravie, vous proclame en cette fête la beauté des saints Anges. Vous êtes l'humain et divin sommet d'où pureté, lumière, amour, s'épanchent sur la triple hiérarchie des neuf chœurs. Hiérarque suprême, unité des mondes, vous présidez aux  mystères déifiants de la fête éternelle.

Séraphins embrasés, étincelants Chérubins, inébranlables Trônes ; noble cour du Très-Haut, possesseurs de la meilleure part : au témoignage du sublime Aréopagite, c'est dans une communion plus immédiate aux vertus du Sauveur que s'alimentent votre justice, vos splendeurs et vos feux. De lui, par vous, déborde toute grâce sur la cité sainte.

Dominations, Vertus, Puissances ; ordonnateurs souverains, moteurs premiers, régulateurs des mondes : pour qui gouvernez-vous cet univers ?

Pour celui, sans nul doute, dont il est l'apanage : le Roi de gloire, l'Homme-Dieu, le Seigneur fort et puissant, le Seigneur des vertus.

Anges, Archanges, Principautés ; messagers, ambassadeurs, surintendants du ciel ici-bas : tous aussi, n'êtes-vous pas, au dire de l'Apôtre, les ministres du salut accompli sur terre par Jésus le Pontife des cieux ?


Le Jugement Dernier par Rogier van der Weyden

Nous aussi, par ce même Jésus, Trinité sainte, nous vous glorifions avec ces trois augustes hiérarchies dont les neuf cercles immatériels entourent votre  Majesté comme un multiple rempart. Tendre à vous et vous ramener toutes choses est leur  commune  loi. Purification,  illumination, union : voies successives ou simultanées, par lesquelles leurs  nobles essences, attirées vers Dieu, attirent celles qui les suivent. Sublimes  esprits, c'est le regard en haut que vous agissez au-dessous de vous  comme à  l'entour. Pour vous et pour nous, puisez largement au foyer divin :  purifiez-nous, non point seulement, hélas ! de l'involontaire défectuosité de notre nature ; éclairez-nous ; embrasez-nous des célestes  flammes. Pour la même raison que Satan nous déteste, vous nous aimez; protégez contre l'ennemi commun la race du Verbe fait chair. Gardez-nous dignes d'occuper parmi vous les places laissées vides par ceux que perdit l'orgueil.
 


Saint Michel combattant les démons

Adam de Saint-Victor chante dans sa plénitude le mystère de ce jour :
 

Empressée soit la louange ; que notre chœur chante en présence des citoyens des cieux : agréée sera-t-elle et convenable, cette louange, si la pureté des âmes qui chantent est à l'unisson de la mélodie.
 

Que Michaël soit célébré par tous ; que nul ne s'excommunie de la joie de ce jour : fortuné jour, où des saints Anges est rappelée la solennelle victoire !
 

L'ancien dragon est chassé, et son odieuse légion mise en fuite avec lui ; le troubleur est troublé à son tour, l'accusateur est précipité du sommet du ciel.
 

Sous l'égide de Michel, paix sur la terre,paix dans les cieux, allégresse et louange ; puissant et fort, il s'est levé pour le salut de tous, il sort triomphant du combat.
 

Banni des éternelles collines, le conseiller du crime parcourt les airs, dressant ses pièges, dardant ses poisons ; mais les Anges qui nous gardent réduisent à néant ses embûches.

Leurs trois distinctes hiérarchies sans cesse contemplent Dieu et sans cesse le célèbrent en leurs chants ; ni cette contemplation, ni cette perpétuelle harmonie ne font tort à leur incessant ministère.
 

O combien admirable est dans la céleste cité la charité des neuf chœurs ! Ils nous aiment et ils nous défendent, comme destinés à remplir leurs vides.

 

Entre les hommes, diverse est la grâce ici-bas ; entre les justes, divers seront les ordres dans la gloire au jour de la récompense. Autre est la beauté du soleil, autre celle de la lune ; et les étoiles diffèrent en leur clarté : ainsi sera la résurrection. 

Que le vieil homme se renouvelle, que terrestre il s'adapte à la pureté des habitants des cieux : il doit leur être égal un jour ; bien que non pleinement pur encore, qu'il envisage ce qui l'attend.
 

Pour mériter le secours de ces glorieux esprits, vénérons-les dévotement, multipliant envers eux nos hommages ; un culte sincère rend Dieu favorable et associe aux Anges.
 

Taisons-nous des secrets du ciel, en haut cependant élevons et nos mains et nos âmes purifiées.

Ainsi daigne l'auguste sénat voir en nous ses cohéritiers ; ainsi puisse la divine grâce être célébrée par le concert de l'angélique et de l'humaine nature.
 

Au chef soit la gloire, aux membres l'harmonie !

Amen.



DOM GUÉRANGER
L'année Liturgique



ARCHANGE au fronton d'une église à La Lonja, Palma de Majorca

Partager cet article
Repost0
26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 04:00


Saints Côme et Damien soignant et guérissant par Fra Angelico


" Honorez le médecin ; car sa mission n'est pas superflue. Le Très-Haut l'a créé ; il a créé les médicaments : les repousser n'est pas d'un sage."

" Les plantes ont leurs vertus ; l'homme à qui la science en est donnée glorifie Dieu, admirable en ce qu'il fait. La douleur est par elles adoucie; l'art en fait des compositions sans nombre, où réside la santé."

" Malade, ô mon fils, ne te néglige pas. Prie le Seigneur qu'il te guérisse ; éloigne-toi du péché, purifie ton cœur ; offre tes dons à l'autel ; puis, au médecin d'agir. Son intervention s'impose ; à une heure ou à l'autre, ne compte pas l'éviter.
Mais lui aussi doit prier le Seigneur de diriger ses soins pour apaiser la souffrance, écarter le mal, rendre les forces à celui qui l'appelle."

Paroles de la Sagesse, qu'il était bon de citer en cette fête.

Fidèle la première au précepte divin, l'Eglise honore aujourd'hui dans Côme et Damien cette carrière médicale où beaucoup d'autres acquirent la sainteté, où nul cependant ne personnifia comme eux la grandeur du rôle qui s'offre au médecin dans la société baptisée.

Chrétiens dès l'enfance, l'étude d'Hippocrate et de Galien développa en eux l'amour du Dieu qui
  révèle ses perfections invisibles dans les magnificences de la création, dans ce palais surtout, dans ce temple du corps de l'homme qu'il se propose d'habiter à jamais.

Leur science fut un hymne à la gloire du Créateur, leur art un ministère sacré : service de Dieu dans leurs frères souffrants ; rôle du gardien veillant sur le sanctuaire pour éloigner tout désordre de ses abords, pour au besoin en réparer les ruines. Vie de religion comme de charité, que ces deux reines des vertus amenèrent dans nos Saints jusqu'au martyre, sommet privilégié de l'une et de l'autre, consommation du sacrifice et de l'amour.


L'Orient et l'Occident rivalisèrent d'hommages envers les Anargyres ("qui ne reçoit pas  d'argent") ; appellation que leur avait value la gratuité de leurs soins. Partout des églises s'élevèrent sous leurs noms. Dans sa vénération pour eux, l'empereur Justinicn embellissait et fortifiait l'obscure ville de Cyre, qui renfermait leurs reliques sacrées.

En plein forum romain, dans le même temps, le Souverain Pontife Félix IV substituait la mémoire sainte des Martyrs jumeaux au souvenir moins heureusement fraternel que rappelait l'ancien temple de Romulus et de Rémus.

Peu d'années s'étaient écoulées depuis le jour où Benoît, inaugurant sa mission de patriarche des moines, dédiait aux saints Côme et Damien le premier des monastères qu'il fondait à l'entour de sa grotte bénie de Sublac, celui-là même qui, sous le nom de sainte Scholastique, a subsisté jusqu'à nous.

Mais, une fois de plus véritablement Maîtresse et Mère universelle, combien l'Eglise Romaine n'a-t-elle pas dépassé ces honneurs en
inscrivant les deux saints frères arabes, de préférence à tant de milliers de ses propres héros, dans ses Litanies solennelles et au diptyque sacré des Mystères !

On sait comment, au moyen âge, médecins et chirurgiens s'organisèrent en confréries chargées de promouvoir la sanctification de leurs membres par la prière commune, la charité envers les délaissés, l'accomplissement de tous les devoirs de leur importante vocation pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand bien de l'humanité souffrante.

Aux applaudissements de la société chrétienne, après un siècle d'interruption, la Société de Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien a pris chez nous à tâche de rattacher le présent aux traditions du passé.

 


DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique





Retable de Saint Marc dédié à Saint Côme et Saint Damien (agenouillés au premier plan) par Fra Angelico


En 1163, il y avait, dans l'église abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, un autel béni sous le nom de Saint Côme et de Saint Damien ; vers 1210, sur un terrain nouvellement compris dans l'enceinte de Paris, l'Abbé de Saint-Germain-des-Prés fit construire sous leur patronage, une église paroissiale où l'on montrait un grand reliquaire en bois doré contenant une mâchoire et quelques ossements de saint Côme.

Cette église fut détruite en 1836.

Chaque 27 septembre, le clergé de Notre-Dame de Paris faisait, dans la Cité, une procession des reliques de saint Côme et de saint Damien que possédait la cathédrale.

Partager cet article
Repost0