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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 10:11

La première semaine a été donnée tout entière aux joies du retour de notre Emmanuel. Il nous est apparu pour ainsi dire à chaque heure, afin de nous rendre certains de sa résurrection. "Voyez, touchez ; c'est bien moi", nous a-t-il dit ; mais nous savons qu'il ne doit pas prolonger au delà de quarante jours sa présence visible au milieu de nous. Cette heureuse période avance peu à peu dans son cours ; les heures s'écoulent, et bientôt il aura disparu à nos regards, Celui vers lequel la terre a tant soupiré. "Ô vous, l'attente d'Israël et son Sauveur, s'écrie le Prophète, pourquoi vous montrez-vous ici-bas comme un voyageur a qui est refusé  de  faire  séjour ?   pourquoi  votre course est-elle semblable à celle de l'homme qui ne s'arrête jamais ?" Mais les moments sont d'autant plus chers. Pressons-nous autour de lui durant ces heures rapides ; suivons-le du regard, lorsque nous n'entendons plus sa voix ; mais recueillons surtout ses paroles, quand elles arrivent jusqu'à nous ; elles sont le testament de notre divin Chef.

 

 Durant ces quarante jours, il ne cesse d'apparaître à ses disciples, non  plus dans le but de rendre certaine à leurs yeux sa résurrection, dont ils ne peuvent plus douter ; mais, comme nous l'apprend  saint  Luc,   pour "les  entretenir  du Royaume de Dieu". Par son sang et par sa victoire les hommes sont désormais rachetés, le ciel et la terre sont pacifiés ; ce qui reste à consommer maintenant, c'est l'organisation de l'Eglise. L'Eglise  est le  royaume  de  Dieu ; car  c'est en elle et  par elle que  Dieu va régner  sur la terre. L'Eglise  est l'Epouse du   divin   ressuscité qui l'a tirée  de  la poussière ; il  est temps  qu'il  la dote, qu'il la pare pour le grand jour où l'Esprit-Saint descendant sur elle doit la proclamer, à la face de toutes les nations, Epouse du Verbe incarné et Mère des élus.

 

Trois choses sont nécessaires à la sainte Eglise pour l'exercice de sa mission : une constitution dressée de la main même du Fils de Dieu, et par laquelle elle va devenir une société visible et permanente ; le dépôt fait entre ses mains de toutes les vérités que son céleste Epoux est venu révéler ou confirmer ici-bas, ce qui renferme le droit d'enseigner, et d'enseigner avec infaillibilité ; enfin les moyens efficaces par lesquels les  fidèles du Christ seront mis en participation des grâces de salut et de sanctification qui sont le fruit du Sacrifice offert sur la croix. Hiérarchie, doctrine, sacrements : tels sont les graves objets sur lesquels Jésus donne à ses disciples, durant quarante jours, ses dernières et solennelles instructions.

 

 Avant de le suivre dans ce sublime travail par lequel il dispose et perfectionne son œuvre immortelle, considérons-le encore, toute cette semaine, dans son attitude de Fils de Dieu ressuscité, habitant parmi les hommes, et présentant à leur admiration et à leur amour tant de traits qu'il nous importe de recueillir. Nous l'avons contemplé dans les langes et sur la croix ; qu'il nous soit permis maintenant de le considérer dans sa gloire.

 

 Il est devant nous, "le plus beau des enfants des hommes !" Mais si déjà il méritait d'être appelé ainsi dès le temps où il voilait l'éclat de ses traits sous l'infirmité d'une chair mortelle, quelle n'est pas la splendeur de sa beauté aujourd'hui qu'il a vaincu la mort, et qu'il ne comprime plus comme autrefois les rayons de sa gloire ! Le voilà fixé pour l'éternité a l'âge de sa victoire, à cet âge où l'homme a pris tout son accroissement en force et en beauté, où rien n'annonce encore en lui la future décadence C'est à ce même âge qu'Adam, formé sur le type du Médiateur à venir, sortit des mains de Dieu, comme le chef-d'œuvre de la création terrestre ; c'est aussi à cet âge que les justes reprendront leurs corps à la résurrection générale, et qu'ils entreront pour jamais dans la gloire, étant fixés, comme dit l'Apôtre, "à la mesure de l'âge complet du Christ".

 

 Mais ce n'est pas seulement par l'ineffable harmonie de ses traits que le corps de notre divin ressuscité ravit les regards des heureux mortels auxquels il se laisse contempler ; des perfections que l'œil des trois Apôtres avait à peine entrevues un instant sur le Thabor, éclatent en lui, accrues de toute la magnificence de son triomphe. Dans la glorieuse transfiguration, l'humanité unie au Verbe divin resplendissait comme le soleil ; maintenant tout l'éclat de la victoire et de la royauté est venu s'unir à celui que projetait sur le corps non encore glorifié du Rédempteur la personne divine à laquelle l'incarnation l'a uni. Aujourd'hui, les astres du firmament ne sont plus dignes d'être mis en comparaison avec la splendeur de ce divin soleil, dont saint Jean nous dit qu'il éclaire à lui seul toute l'immensité de la Jérusalem céleste.

 

 A ce don que l'Apôtre des Gentils désigne sous le nom de clarté, se joint celui de l’impassibilité, par laquelle le corps de notre divin ressuscité a cessé d'être accessible à la souffrance et à la mort. La vie l'a pris pour siège ; l'immortalité éclate dans tous ses traits ; il est entré dans les conditions de l'éternité. Ce corps demeure matière, mais aucune diminution, aucun affaiblissement ne sauraient avoir prise sur lui ; on sent qu'il est en possession de la vie, et pour jamais. La troisième qualité du corps glorieux de notre Rédempteur est l'agilité, avec laquelle il se transporte d'un lieu dans un autre sans effort et dans un instant. La chair a perdu ce poids qui, dans notre état actuel, empêche le corps de suivre les mouvements et les volontés de l'âme. De Jérusalem à la Galilée il franchit l'espace avec la rapidité de l'éclair, et l'Epouse s'écrie avec transport : "J'entends la voix de mon bien-aimé ; il vient s'élançant des montagnes, laissant derrière lui les  collines".

 

Enfin, par une quatrième merveille, le corps de l'Emmanuel a revêtu cette qualité que l'Apôtre appelle la spiritualité ; c'est-à-dire que, sans changer cependant de nature, sa subtilité est devenue telle, qu'il pénètre tous les obstacles, avec plus d'énergie que la lumière n'en met à traverser le cristal. Nous l'avons vu, au moment où l'âme se réunissait à lui, franchir la pierre scellée du sépulcre ; maintenant, il entre dans le Cénacle dont les portes sont fermées, et paraît tout à coup aux regards de ses disciples éblouis.

 

 Tel est notre libérateur, affranchi des conditions de la mortalité. Ne nous étonnons plus que l'Eglise, cette petite famille qui l'entoure et dont nous sommes issus, soit ravie a sa vue, qu'elle lui dise dans son admiration et son amour : "Que vous êtes beau, ô mon bien-aimé !" Répétons-le à notre tour : Oui, vous êtes beau par-dessus tout, ô Jésus ! Nos yeux si affligés du spectacle de vos douleurs, lorsque naguère vous nous apparaissiez couvert de plaies et semblable à un lépreux, ne peuvent se lasser aujourd'hui de contempler l'éclat dont vous brillez, de se délecter dans vos charmes divins. Gloire à vous dans votre triomphe ! mais aussi gloire à vous dans votre munificence envers vos rachetés ! car vous avez décrété qu'un jour nos corps, purifiés par l'humiliation du tombeau, partageront avec le vôtre les sublimes prérogatives que nous célébrons en lui.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Apparition à Marie-Madeleine

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 17:00

C'est le souhait qu'il nous adresse à nous-mêmes dans la Pâque. En ces jours il rétablit partout la paix : la paix de l'homme avec Dieu, la paix dans la conscience du pécheur réconcilié, la paix fraternelle des hommes entre eux par le pardon et l'oubli des injures.

 

Recevons ce souhait de notre divin ressuscité, et gardons chèrement cette paix qu'il daigne nous apporter lui-même. Au moment de sa naissance en Bethléhem, les Anges annoncèrent cette paix aux hommes de bonne volonté ; aujourd'hui Jésus lui-même, ayant accompli son œuvre de pacification, vient en personne nous en apporter la conclusion. La Paix : c'est sa première parole à ces hommes qui nous représentaient tous. Acceptons avec amour cette heureuse parole, et montrons-nous désormais, en toutes choses, les enfants de la paix.

 

L'attitude des Apôtres dans cette grande scène doit aussi exciter notre attention. Ils connaissent la résurrection de leur maître ; ils se sont empressés de la proclamer à l'arrivée des deux disciples d'Emmaüs ; que leur foi est faible cependant ! La présence soudaine de Jésus les trouble ; s'il daigne leur donner ses membres à toucher, afin de les convaincre, cette expérience les émeut, les remplit de joie ; mais il reste encore en eux je ne sais quel fond d'incrédulité. Il faut que le Sauveur pousse la bonté jusqu'à manger devant eux, afin de les convaincre tout à fait que c'est bien lui et non un fantôme. Cependant ces hommes, avant la visite de Jésus, croyaient déjà et confessaient sa résurrection ! Quelle leçon nous donne ce fait de notre Evangile !

 

Il en est donc qui croient, mais d'une foi si faible que le moindre choc la ferait chanceler ; qui pensent avoir la foi, et qui l'ont à peine effleurée. Sans la foi cependant, sans une foi vive et énergique, que pouvons-nous faire, au milieu de cette  lutte que nous avons à soutenir constamment contre les démons, contre  le monde et contre nous-mêmes ? Pour lutter, la première condition est d'être sur un sol résistant ; l'athlète dont les pieds posent sur  le sable mouvant ne tardera pas d'être renversé.  Rien de  plus commun aujourd'hui que  cette foi vacillante,  qui croit jusqu'à ce qu'arrive l'épreuve de cette foi constamment minée en dessous par un naturalisme subtil, qu'il est  si difficile de  ne pas aspirer plus ou moins, dans l'atmosphère malheureuse qui nous entoure.

 

Demandons avec instance la foi, une foi invincible, surnaturelle, qui devienne le grand ressort de notre vie tout entière, qui ne cède jamais, qui triomphe toujours au dedans de nous-mêmes comme à l'extérieur ;  afin que nous puissions nous approprier en toute vérité cette forte parole de l'Apôtre saint  Jean : "La victoire qui met le monde tout entier sous  nos pieds, c'est notre foi." 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Christ Rédempteur

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 04:00

La conversation continuait entre ces hommes simples et droits, ces hommes si obscurs alors, et dont le monde entier devait plus tard connaître les  noms  immortels. Les portes  de la maison étaient fermées cependant ; car la petite troupe craignait une surprise. Les gardes du tombeau avaient fait leur rapport aux princes des prêtres dans la matinée ; ceux-ci avaient cherché à les suborner, et leur avaient même donné de l'argent pour les engager à dire que, pendant leur sommeil, les disciples de Jésus étaient venus dérober le corps. Ce système déloyal des autorités juives pouvait amener quelque réaction populaire contre les Apôtres, et ceux-ci avaient jugé devoir prendre des précautions. A ce moment, ils se trouvaient dix rassemblés ; car Thomas, qui avait été présent au moment de l'entrée des disciples d'Emmaüs, était sorti plus tard dans la ville, à la faveur des ténèbres.

 

 Au moment où les Apôtres repassaient entre eux les émotions de cette mémorable journée, voici Jésus qui paraît devant eux, et les portes ne se sont pas ouvertes pour lui donner passage.

 

  

C'est bien lui, ce sont bien ses traits ; c'est sa voix pleine de bonté. "La paix soit avec vous !" leur dit-il avec tendresse. Toutefois ils demeurent interdits ; cette entrée mystérieuse et inattendue les a bouleversés. Ils ignorent encore les prérogatives d'un corps glorieux ; et sans douter de la résurrection de leur maître, ils ne savent s'ils ne sont point en présence d'un fantôme. Jésus, qui, dans toute cette journée, semble avoir plus souci de témoigner son amour aux siens que de proclamer sa gloire, daigne leur donner à toucher ses membres divins ; il fait plus, et pour leur prouver la réalité de son corps, il leur demande à manger et mange devant eux.

 

Qui pourrait dire la joie dont leurs coeurs sont remplis à la vue de cette ineffable familiarité, les larmes d'attendrissement qui coulent de leurs veux ? Avec quelle allégresse naïve ils disent à Thomas, lorsque cet Apôtre est de retour auprès d'eux : "Nous avons vu le Seigneur !" Ainsi se passa la sixième apparition de Jésus ressuscité,en ce jour de Pâques. Elle nous est rapportée par saint Luc, dont la sainte Eglise nous donne à lire le récit à la Messe de l'un des jours de l'Octave.

 

 Soyez donc béni et glorifié, vainqueur de la mort, qui en ce seul jour avez daigné vous montrer aux hommes jusqu'à six fois, pour satisfaire votre amour et pour appuyer notre foi en votre divine Résurrection.

 

Soyez béni et glorifié d'avoir consolé, par votre chère présence et vos douces caresses, le cœur si oppressé de votre Mère et la nôtre.

 

Soyez béni et glorifié d'avoir calmé la désolation de la pauvre Madeleine par une seule parole de votre amour.

 

Soyez béni et glorifié d'avoir essuyé en un moment les larmes des saintes femmes par votre vue soudaine, et de leur avoir donné à baiser vos pieds sacrés.

 

Soyez béni et glorifié d'avoir donné à Pierre de votre propre bouche l'assurance de son pardon, et d'avoir confirmé en lui les dons de la Primauté, en lui révélant, à lui avant tous, le dogme fondamental de noire foi.

 

Soyez béni et glorifié d'avoir rassuré avec tant de douceur le cœur chancelant des deux disciples, sur la route d'Emmaüs, et d'avoir mis le comble à cette faveur, en vous dévoilant à eux.

 

Soyez béni et glorifié de n'avoir pas achevé cette journée sans visiter vos Apôtres, et sans leur avoir donné de si touchantes preuves de votre adorable condescendance à leur faiblesse.

 

Soyez enfin béni et glorifié, ô Jésus, de ce que vous daignez aujourd'hui, par l'organe de votre sainte Eglise, nous faire entrer en participation, après tant de siècles, des joies si pures et si enivrantes que goûtèrent à pareil jour et Marie, votre mère, et Madeleine avec ses compagnes, et Pierre, et les disciples d'Emmaüs, et les Apôtres rassemblés.

 

Rien ici n'est effacé ; tout est vivant, tout est renouvelé ; vous êtes le même, et notre Pâque aujourd'hui est aussi la même que celle qui vous vit sortir du tombeau. Tous les temps sont à vous ; et le monde des âmes vit par vos mystères, comme le monde matériel se soutient par votre pouvoir, depuis le moment où, à pareil jour, il vous plut de commencer votre œuvre, en créant la lumière visible qui doit éclairer ce monde, jusqu'à ce qu'elle pâlisse et s'efface devant l'éternelle clarté que vous nous avez conquise aujourd'hui.

 

 Célébrons en ce jour le premier des six jours de la création, celui qui vit la lumière sortir des ténèbres à l'appel souverain du Verbe de Dieu. Il est la lumière incréée du Père, et il a débuté dans son œuvre en produisant du néant cette image matérielle de sa propre splendeur ; et il a voulu que les justes fussent appelés enfants de la lumière, et les pécheurs enfants des ténèbres. Lorsqu'il s'est montré aux hommes dans la chair, il leur a dit : "Je suis la Lumière du monde : celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres ; mais il aura la lumière de vie".

 

Enfin, pour montrer la parfaite harmonie et le lien sacré de l'ordre de nature et de l'ordre de grâce, il s'est élancé des ombres du tombeau le jour même où il fit sortir du chaos la lumière visible qui nous éclaire, et qui est pour nous le premier des biens dans l'ordre matériel.

 

L'Eglise Gothique d'Espagne exprimait la reconnaissance de  l'humanité régénérée pour  le double bienfait qui se rattache à ce grand jour, dans cette belle prière que nous empruntons à son  Bréviaire : 

 

CAPITULA

 

Ô Dieu, à qui nous devons ce jour, le premier de tous, dans lequel vous avez voulu manifester à tous les êtres créés la lumière visible et celui qui est la forme de l'invisible lumière, faisant jaillir dans un même jour le flambeau qui éclaire le monde, et la splendeur divine qui illumine les âmes ; vous qui par un calcul céleste avez joint ensemble le dimanche, premier jour de votre labeur, et le moment de la résurrection, afin que le même mystère ouvrit et terminât la solennité pascale ; jetez un regard, dans ce temps favorable et dans ces jours de salut, sur vos serviteurs que vous avez rachetés.

 

Dans le désert de cette vie, daignez marcher devant nous, comme un nuage qui nous couvre de son ombre durant le jour, et tempère l'ardeur de nos tentations ; comme une colonne de feu qui, durant la nuit,  nous préserve  par sa lumière dès ténèbres du péché, ainsi vous serez notre Sauveur par votre présence, et vous nous conduirez au lieu de notre repos.

 

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

tableau de Duccio di Buoninsegna 

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 11:00

Le nom de la Pâque signifie en hébreu passage, et nous avons exposé hier comment ce grand jour est d'abord devenu sacré, à cause du Passage du Seigneur ; mais le terme hébraïque n'épuise pas là toute sa signification. Les anciens Pères, d'accord avec les docteurs juifs, nous enseignent que la Pâque est aussi pour le peuple de Dieu le Passage de l'Egypte dans la terre promise. En effet, ces trois grands faits s'unissent dans une même nuit : le festin religieux de l'agneau, l'extermination des premiers-nés des Egyptiens, et la sortie d'Egypte. Aujourd'hui reconnaissons une nouvelle figure de notre Pâque dans ce troisième fait qui continue le développement du mystère.

 

 Le moment où Israël sort de l'Egypte pour s'avancer vers la terre qui est pour lui la patrie prédestinée, est le plus solennel de son histoire ; mais ce départ et toutes les circonstances qui l'accompagnent forment un ensemble de figures qui ne se dévoile et ne s'épanouit que dans la Pâque chrétienne. Le peuple élu se retire du milieu d'un peuple idolâtre et oppresseur du faible ; dans notre Pâque, nous avons vu ceux qui sont maintenant nos néophytes sortir courageusement de l'empire de Satan qui les tenait captifs, et renoncer solennellement à cet orgueilleux Pharaon, à ses pompes et à ses œuvres. Sur la route qui conduit à la terre promise, Israël a rencontré l'eau ; et il lui a fallu traverser cet élément, tant pour se soustraire à la poursuite de l'armée de Pharaon, que pour pénétrer dans l'heureuse patrie où coulent le lait et le miel. Nos néophytes, après avoir renoncé au tyran qui les tenait asservis, se sont trouvés aussi en face de l'eau ; et ils ne pouvaient non plus échapper à la rage de leurs ennemis qu'en traversant cet élément protecteur, ni pénétrer dans la région de leurs espérances qu'après avoir mis derrière eux les flots comme un  rempart inexpugnable.

 

 Par la divine bonté, l'eau, qui arrête toujours la course de l'homme, devint pour Israël un allié secourable, et elle reçut ordre de suspendre ses lois et de servir à la délivrance du peuple de Dieu. De même aussi la fontaine sacrée, devenue l'auxiliaire de la divine grâce, comme l'Eglise nous l'a enseigné dans la solennité de l'Epiphanie, a été le refuge, le sûr asile de nos heureux transfuges, qui dans ses ondes n'ont plus eu à craindre les droits que Satan revendiquait sur eux.

 

 Debout et tranquille sur l'autre rive, Israël contemple les cadavres flottants de Pharaon et de ses guerriers, les chariots et les boucliers devenus le jouet des vagues. Sortis de la fontaine baptismale, nos néophytes ont plongé leur regard sur cette eau purifiante, et ils y ont vu leurs péchés, ennemis plus redoutables que Pharaon et son peuple, submergés pour jamais.

 

 Alors Israël s'est avancé joyeux vers cette terre bénie que Dieu a résolu de lui donner en héritage. Sur la route, il entendra la voix du Seigneur qui lui donnera lui-même sa loi ; il se désaltérera aux eaux pures et rafraîchissantes qui couleront du rocher à travers les sables du désert, et il recueillera pour se nourrir la manne que le ciel lui enverra chaque jour. De même, nos néophytes vont marcher d'un pas libre vers la patrie céleste qui est leur Terre promise. Le désert de ce monde qu'ils ont à traverser sera pour eux sans ennuis et sans périls ; car le divin Législateur les instruira lui-même de sa loi, non plus au bruit du tonnerre et à la lueur des éclairs, comme il fit pour Israël, mais cœur à cœur et d'une voix douce et compatissante, comme celle qui ravit les deux disciples sur le chemin d'Emmaüs.

 

Les eaux jaillissantes ne leur manqueront pas non plus ; il y a quelques semaines, nous entendions le Maître, parlant à la Samaritaine, promettre qu'il ouvrirait une source vive à ceux qui l'adoreraient en esprit et en vérité. Enfin une manne céleste, bien supérieure à celle d'Israël, car elle assure l'immortalité à ceux qui s'en nourrissent,  sera leur aliment délectable et fortifiant.

 

 C'est donc ici encore notre Pâque, le Passage à travers l'eau dans la Terre promise ; mais avec une réalité et une vérité que l'ancien Israël, sous ses grandes figures, n'a pas connue. Fêtons donc notre Passage de la mort originelle à la vie de la grâce par le saint Baptême ; et si l'anniversaire de notre régénération n'est pas aujourd'hui même, ne laissons pas pour cela de célébrer cette heureuse migration que nous avons faite de l’Egypte du monde dans l'Eglise chrétienne ; ratifions avec joie et reconnaissance notre renoncement solennel à Satan, à ses pompes et à ses œuvres, en échange duquel la bonté de Dieu nous a octroyé de tels bienfaits.

 

 L'Apôtre des Gentils nous révèle un autre mystère de l'eau baptismale qui complète celui-ci, et vient se fondre pareillement dans le mystère de la Pâque. Il nous enseigne que dans cette eau nous avons disparu comme le Christ dans son sépulcre, étant morts et ensevelis avec lui. C'était notre vie d'hommes pécheurs qui prenait fin ; pour vivre à Dieu, il nous fallait mourir au péché.

 

En contemplant les fonts sacrés sur lesquels nous avons été régénérés, pensons qu'ils sont le tombeau où nous avons laissé le vieil homme qui n'en doit plus remonter. Le baptême par immersion, qui fut longtemps en usage dans nos contrées, et qui s'administre encore en tant de lieux, était l'image sensible de cet ensevelissement ; le néophyte disparaissait complètement sous l'eau ; il paraissait mort à sa vie antérieure, comme le Christ à sa vie mortelle.

 

Mais de même que le Rédempteur n'est pas demeuré dans le tombeau, et qu'il est ressuscité à une vie nouvelle, de même aussi, selon la doctrine de l'Apôtre, les baptisés ressuscitent avec lui, au moment où ils sortent de l'eau, ayant les arrhes de l'immortalité et de la gloire, étant les membres vivants et véritables de ce Chef qui n'a plus rien de commun avec la mort. Et c'est encore ici la Pâque, c'est-à-dire le Passage de la mort à la vie.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Baptême des Néophytes

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 04:00

Ressuscité de grand matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d'abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s'affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent qu'il était vivant et qu'elle l'avait vu, ils refusèrent de croire.

 

Après cela, il se manifesta sous un aspect inhabituel à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l'annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.

 

Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table : il leur reprocha leur incrédulité et leur endurcissement parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité.

 

Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : " Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création."

 

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc

 

Le souper à Emmaüs

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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 08:00

L'Agneau est notre Pâque ; nous l'avons reconnu hier ; mais le mystère de la Pâque est loin d'être épuisé. Voici d'autres merveilles qui réclament notre attention. Le livre sacré nous dit : "La Pâque, c'est le passage du Seigneur" (Exode, XII, 12) ; et le Seigneur, parlant lui-même, ajoute : "Je passerai cette nuit-là par la terre d'Egypte ; je frapperai tous les premiers-nés dans l'Egypte, depuis l'homme jusqu'à la bête ; et j'exercerai mon jugement sur tous les dieux de l'Egypte, moi le Seigneur." La Pâque est donc un jour de justice, un jour terrible pour les ennemis du Seigneur ; mais il est en même temps et par là même le jour de la délivrance pour Israël. L'Agneau vient d'être immolé ; mais son immolation est le prélude de l'affranchissement du peuple saint.

 

 Israël est soumis à la plus affreuse captivité sous Pharaon. Un odieux esclavage pèse sur lui ; ses enfants mâles sont voués à la mort ; c'en est fait de la race d'Abraham, sur laquelle reposent les promesses du salut universel ; il est temps que le Seigneur intervienne ; il est temps qu'il se montre, le Lion de la tribu de Juda, à qui rien ne saurait résister. Mais Israël représente ici un peuple plus nombreux que lui. C'est le genre humain tout entier qui gémit captif sous la tyrannie de Satan, le plus cruel des Pharaons. Sa servitude est montée au comble ; courbé sous les plus abominables superstitions, il prodigue à la matière ses ignobles adorations. Dieu est chassé de la terre, où tout est devenu dieu, excepté Dieu ; le gouffre béant de l'enfer engloutit les générations presque entières. Dieu aura-t-il donc travaillé contre lui-même, en créant le genre humain ? Non ; mais il est temps que le Seigneur passe, et qu'il fasse sentir la force de son bras.

 

 Le vrai Israël, l'Homme véritable descendu du ciel, est captif à son tour. Ses ennemis ont prévalu contre lui ; et sa dépouille sanglante et inanimée a été enfermée dans le tombeau. Les meurtriers du Juste ont été jusqu'à sceller la pierre de son sépulcre ; ils y ont établi une garde. N'est-il pas temps que le Seigneur passe, et qu'il confonde ses ennemis par la rapidité victorieuse de son passage ?

 

 Et  d'abord, au  sein de  la profane Egypte, chaque famille israélite ayant immolé et mangé l'agneau pascal, lorsque le  milieu de la nuit fut venu, le Seigneur, selon sa promesse, passa comme  un  vengeur redoutable à travers  toute cette nation au  cœur endurci. L'ange exterminateur le suivait, et  frappa de son  glaive tous les premiers-nés de ce vaste empire, "depuis le premier-né de Pharaon qui s'asseyait sur le trône, jusqu'au  premier-né de la captive qui était  en prison, et jusqu'au premier-né de tous les animaux." Un  cri de  douleur  retentit de toutes parts dans Mesraïm ;  mais le Seigneur est juste, et son peuple fut délivré.

 

 La même victoire s'est renouvelée en ces jours, lorsque le Seigneur, à l'heure où les ténèbres luttaient encore avec les premiers rayons du soleil , a passé, à travers la pierre scellée du tombeau, à travers les gardes, frappant à mort le peuple premier-né, qui n'avait pas voulu "connaître le temps de sa visite". La synagogue avait hérité de la dureté de cœur de Pharaon ; elle voulait retenir captif celui dont le prophète avait dit qu'il serait "libre entre les morts". A ce coup, les cris d'une rage impuissante se sont fait entendre dans les conseils de Jérusalem ; mais le Seigneur est juste, et Jésus s'est délivré lui-même.

 

 Et le genre humain que Satan foulait aux pieds, combien a été heureux pour lui le passage du Seigneur ! Ce généreux triomphateur n'a pas voulu sortir seul de sa prison : il nous avait tous adoptés pour ses frères, et nous a tous ramenés à la lumière avec lui. Tous les premiers-nés de Satan sont abattus du coup, toute la force de l'enfer est brisée. Encore un peu de temps, et les autels des faux dieux seront renversés de toutes parts ; encore un peu de temps, et l'homme, régénéré par la prédication évangélique, reconnaîtra son créateur et abjurera les infâmes idoles. Car "c'est aujourd'hui la Pâque, c'est-à-dire le Passage du Seigneur".

 

 Mais voyez l'alliance qui réunit dans une même Pâque le mystère de l'Agneau au mystère du Passage. Le Seigneur passe, et il commande à l'Ange exterminateur de frapper le premier-né dans toute maison dont le seuil ne porte pas l'empreinte du sang de l'Agneau. C'est ce sang protecteur qui détourne le glaive ; c'est à cause de lui que la divine justice passe à côté de nous et ne nous touche pas.

 

 Pharaon et son peuple ne sont pas protégés par le sang de l'Agneau ; cependant ils ont vu de rares merveilles, ils ont éprouvé des châtiments inouïs ; ils ont pu voir que le Dieu d'Israël n'est pas sans force comme leurs dieux ; mais leur cœur est plus dur que la pierre, et les œuvres de Moïse pas plus que sa parole n'ont pu l'amollir. Le Seigneur les frappe donc, et délivre son peuple. L'ingrat Israël s'obstine à son tour ; et, passionné pour ses ombres grossières, il ne veut pas d'autre Agneau que l'agneau matériel. En vain ses Prophètes lui ont annoncé qu'un "Agneau roi du monde viendra du désert à la montagne de Sion". Israël ne consent pas à voir son Messie dans cet Agneau ; il l'égorge avec haine et fureur ; et il continue de mettre toute sa confiance dans le sang grossier d'une victime impuissante à le protéger désormais. Qu'il sera terrible le Passage du Seigneur dans Jérusalem, lorsque l'épée romaine le suivra, exterminant à droite et à gauche un peuple tout entier !

 

 Et les esprits de malice qui s'étaient joués de l'Agneau, qui l'avaient méprisé à cause de sa douceur et de son humilité, qui avaient rugi de leur joie infernale, en le voyant épuiser tout le sang de ses veines sur l'arbre de la croix, quelle déception pour leur orgueil de l'avoir vu, cet Agneau, descendre dans toute sa majesté de Lion jusqu'aux enfers, en arracher les justes de quatre mille ans, "captifs sous les ombres ; ensuite, sur la terre, appeler toute créature vivante à la liberté des enfants de Dieu !"

 

Que votre Passage est dur à vos ennemis, ô Christ ! mais qu'il est salutaire à vos fidèles ! Le premier Israël n'eut point à le redouter ; car il était protégé par le signe du sang figuratif qui marquait la porte de ses demeures. Notre sort est plus beau ; notre Agneau est l'Agneau de Dieu même ; et ce ne sont point nos portes qui sont marquées de son sang ; ce sont nos âmes qui en sont toutes teintes. Votre Prophète, expliquant plus clairement le mystère, annonça dans la suite que ceux-là seraient épargnés, au jour de votre juste vengeance sur Jérusalem, qui auraient au front la marque du Tau (Ezech. IX, 6.). Israël n'a pas voulu comprendre. Le signe du Tau est le signe de votre Croix ; c'est lui qui nous couvre, qui nous protège, qui nous transporte de joie, dans cette Pâque de votre Passage, où tous vos coups sont pour nos ennemis et toutes vos bénédictions pour nous.  

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Le Retable d'Issenheim à Colmar

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 08:00

La Bible nous répond que la Pâque est l'immolation de l'Agneau. Pour comprendre la Pâque, il faut avoir compris le mystère de l'Agneau. Dès les premiers siècles du christianisme, sur les mosaïques et sur les peintures murales des Basiliques, on représentait l'agneau comme le symbole qui réunissait l'idée du sacrifice du Christ et celle de sa victoire. Par sa pose pleine de douceur, l'Agneau exprimait le dévouement qui l'a porté à donner son sang pour l'homme ; mais il était peint debout sur une colline verdoyante, et les quatre fleuves du paradis sortaient à son commandement de dessous ses pieds, figurant les quatre Evangiles qui ont porté sa gloire aux quatre points du monde. Plus tard, on le peignit armé d'une croix de laquelle pendait une banderole triomphale . c'est la forme symbolique sous laquelle nous le révérons dans nos temps.

 

 Depuis le péché, l'homme ne pouvait plus se passer de l'Agneau ; sans l'Agneau, il se voyait déshérité pour jamais du ciel, et en butte éternellement au divin courroux. Aux premiers jours du monde, le juste  Abel sollicitait la clémence du Créateur irrité, en immolant sur un autel d'herbe le plus bel agneau de son troupeau, jusqu'à ce que, agneau lui-même, il tombât sous les coups d'un fratricide, devenant ainsi le type vivant de notre Agneau, que ses frères aussi ont mis à mort.

 

Dans la suite, Abraham, sur la montagne, consomma le sacrifice commencé par son héroïque obéissance, en immolant le Bélier dont la tête était entourée d'épines, et dont le sang arrosa l'autel dressé pour Isaac.

 

Plus tard, Dieu parla à Moïse ; il lui révéla la Pâque ; et cette Pâque consistait d'abord dans un agneau immolé et dans le festin de la chair de cet agneau. La sainte Eglise nous a donné à lire, ces derniers jours, dans le livre de l'Exode,  le commandement du Seigneur à ce sujet. L'agneau pascal devait  être sans aucune tache ; on devait répandre son sang et se nourrir de sa chair : telle est la première Pâque. Elle est pleine de figures, mais vide de réalités : cependant elle dut suffire au peuple de Dieu durant quinze siècles ; mais le Juif spirituel savait y reconnaître les traits mystérieux d'un autre Agneau.

 

 A l'époque des grands Prophètes, Isaïe implora, dans ses vers inspirés, l'accomplissement de la promesse divine faite au commencement du monde. Nous avons répété ses sublimes élans, nous nous sommes unis à ses vœux, lorsque la sainte Eglise, au temps de l'Avent, nous mettait sous les yeux les magnifiques oracles de cet envoyé de Dieu. Avec quelle ardeur nous disions avec lui : "Envoyez-nous, Seigneur, l'Agneau qui doit dominer sur la terre !" Ce Messie tant attendu, c'était donc l'Agneau ; quelle Pâque, disions-nous, que celle où un tel Agneau sera immolé ! quel festin que celui où il sera servi aux convives !

 

 Lorsque la plénitude des temps fut arrivée, et que Dieu eut envoyé son Fils sur la terre, ce Verbe incarné qui ne s'était pas encore manifesté aux hommes, marchait au bord du Jourdain, lorsque tout à coup Jean-Baptiste le montra à ses disciples, en leur disant : "Voici l'Agneau de Dieu, qui ôte les péchés du monde". Le saint Précurseur, à ce moment, annonçait la Pâque ; car il avertissait les hommes qu'enfin la terre possédait l'Agneau véritable, l'Agneau de Dieu, attendu depuis quatre mille ans.

 

Il était venu, cet Agneau plus pur que celui qui fut choisi de la main d'Abel, plus mystérieux que celui qu'Abraham trouva sur la montagne, plus exempt de taches que celui qu'offrirent en Egypte les Israélites. C'est véritablement l'Agneau imploré avec tant d'instance par Isaïe, un Agneau envoyé par Dieu lui-même, en un mot, l'Agneau de Dieu.

 

Encore un peu de temps, et il sera immolé. Le Vendredi saint nous avons assisté à son sacrifice ; nous avons vu sa patience, sa douceur sous le couteau qui l'égorgeait,  et nous avons été arrosés de son sang divin qui a lavé tous nos péchés.

 

 L'effusion de ce sang rédempteur était nécessaire à notre Pâque ; il fallait que nous en fussions marqués, pour échapper au glaive de l'Ange ; en même temps, ce sang nous communiquait la pureté de celui qui nous le donnait si libéralement. Nos néophytes sortaient de la fontaine dans laquelle il a mêlé sa vertu, plus blancs que la neige ; les pécheurs même qui avaient eu le malheur de perdre la grâce qu'ils puisèrent autrefois dans le bain sacré, ont retrouvé, par l'inépuisable énergie du sang divin, leur intégrité première. Toute l'assemblée des fidèles a revêtu la robe nuptiale ; et cette robe est d'un éclat éblouissant ; car c'est "dans le sang même de l'Agneau qu'elle a été blanchie".

 

 Or c'est pour un festin que cette robe a été préparée, et à ce festin nous retrouvons encore notre Agneau. C'est lui qui se donne en nourriture à ses heureux conviés ; et le festin, c'est la Pâque. Le grand Apôtre André l'exprima d'une manière sublime devant le gouverneur Egée, quand il confessa Jésus-Christ en présence de ce païen : "La chair de l'Agneau sans tache, lui dit-il, sert de nourriture, son sang sert de breuvage au peuple qui a foi dans le Christ ; et bien qu'immolé, cet Agneau est toujours entier et vivant".

 

Hier, par toute la terre, ce festin a eu lieu ; il se continue encore en ces jours, et nous y contractons une étroite union avec l'Agneau qui s'incorpore à nous par ce divin mets. Mais ce n'est pas tout sur l'Agneau. Isaïe demandait à Dieu de nous envoyer l'Agneau qui doit dominer sur la terre ; il ne vient donc pas  seulement pour  être  immolé, pour nous nourrir de sa  chair sacrée, cet Agneau ; il vient donc pour commander,  pour être Roi ? Oui, il en est ainsi ; et c'est là encore notre Pâque.

 

Pâques est la proclamation du règne de l'Agneau. C'est le cri des élus dans le ciel : il a vaincu, le Lion de la tribu de Juda,  le rejeton de David !" Mais s'il est Lion, comment est-il Agneau ? Entendons le mystère. Dans son amour pour l'homme qui avait besoin d'être racheté, d'être fortifié  par une nourriture céleste, il a  daigné se montrer Agneau ;  mais il fallait aussi qu'il triomphât de ses ennemis et des nôtres ; il fallait qu'il régnât ; car "toute puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre". Dans son  triomphe, dans sa force invincible, c'est un  Lion auquel rien ne résiste, et dont les  rugissements  de  victoire  ébranlent aujourd'hui l'univers.

 

Ecoutez  le  grand diacre d'Edesse, saint Ephrem : "A la douzième heure, on  le détacha  de la croix comme  un lion  endormi" (In Sanctam Parasceven, et in Crucem et latronem). Il dormait, notre Lion ; "son repos, en effet, a été si court, dit saint Léon, qu'on dirait un sommeil plutôt qu'une mort" (Sermo I. de Resurrectione).

 

Qu'était-ce donc alors,  sinon l'accomplissement de l'oracle du vieux Jacob sur son  lit de mort,  lorsque, annonçant deux mille  ans  à  l'avance  les grandeurs de son  noble et  divin rejeton,  il disait dans un saint enthousiasme : "Juda, c'est le jeune Lion ; tu t'es couché, mon fils, comme le lion ; tu t'es étendu comme la lionne : qui le réveillera ?" De lui-même il s'est réveillé aujourd'hui ; il s'est dressé sur ses pieds ; pour nous  Agneau,  Lion pour ses  ennemis ; unissant désormais la force à la douceur. C'est Le mystère complet de la Pâque : un Agneau triomphant, obéi, adoré. Rendons-lui nos hommages : que nous unissions nos voix à celles des millions d'Anges et des vingt-quatre vieillards, répétons avec eux dès aujourd'hui sur la terre : "Il est digne, l'Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance et la divinité, et la sagesse et la force, et l'honneur et la gloire, et la bénédiction".

 

 L'ancienne Eglise chômait tous les jours de cette semaine comme une seule fête ; et les travaux serviles demeuraient interrompus durant tout son cours. L'édit de Théodose, en 389, qui suspendait l'action des tribunaux durant le même intervalle, venait en aide à cette prescription liturgique que nous trouvons attestée dans les Sermons de saint Augustin (De Sermone Domini in Monte) et dans les Homélies de saint Jean Chrysostome. Ce dernier, parlant aux néophytes, s'exprimait ainsi : "Durant ces sept jours, vous jouissez de l'enseignement de la divine doctrine, l'assemblée des fidèles se réunit à cause de vous, nous vous admettons à la table spirituelle ; ainsi nous vous armons et nous vous exerçons aux combats contre le démon. Car c'est maintenant qu'il se prépare à vous attaquer avec plus de fureur ; plus grande est votre dignité, plus vive sera son attaque. Mettez donc à profit nos enseignements durant cet intervalle, et sachez y apprendre à lutter vaillamment. Reconnaissez aussi dans ces sept jours le cérémonial des noces spirituelles que vous avez eu la gloire de contracter. La solennité des noces dure sept jours ; nous avons voulu, durant le même temps, vous retenir dans la chambre nuptiale" (Homil. V. de Resurrectione).

 

 Tels étaient alors le zèle des fidèles, leur goût pour les saintes pompes de la Liturgie, l'intérêt qu'ils portaient aux nouvelles recrues qui réjouissaient l'Eglise en ces jours, qu'ils se prêtaient avec empressement à toutes les assiduités qui étaient exigées d'eux durant cette semaine. La joie de la Résurrection remplissait tous les cœurs et occupait tous les instants. Les conciles publièrent des canons qui érigeaient en loi cette pieuse coutume. Celui de Mâcon, en 585, formulait ainsi son décret : "Nous devons tous célébrer et fêter avec zèle notre Pâque, dans laquelle le souverain Prêtre et Pontife a été immolé pour nos péchés, et l'honorer par notre exactitude à garder les prescriptions qu'elle impose. Nul ne se permettra donc aucune œuvre servile durant ces six jours (qui suivaient le Dimanche) ; mais tous se réuniront pour chanter les hymnes de la Pâque, assistant avec assiduité aux sacrifices quotidiens, et se rassemblant pour louer notre créateur et régénérateur, le soir, le matin et à midi." Les conciles de Mayence (813) et de Meaux (845) établissent les mêmes prescriptions. Nous les retrouvons en Espagne, au VIIe siècle, dans les édits des rois Recesvinthe et Wamba. L'Eglise grecque les renouvela dans son concile in Trullo ; Charlemagne, Louis le Pieux, Charles le Chauve, les sanctionnèrent dans leurs capitulaires ; les canonistes des XIe et XIIe siècles, Burkard, saint Yves de Chartres, Gratien, nous les montrent en usage de leur temps ; enfin Grégoire IX essayait encore de leur donner force de loi dans une de ses Décrétales, au XIIIe siècle. Mais déjà, en beaucoup de lieux, cette observance avait faibli. Le concile tenu à Constance, en 1094, réduisait la solennité de la Pâque au lundi et au mardi qui suivent le grand Dimanche. Les liturgistes Jean Beleth, pour le XIIe siècle, et Durand, pour le XIIIe, atestent que, de leur temps, cette réduction était déjà en usage chez les Français. Elle ne tarda pas à s'étendre dans tout l'Occident, et forma le droit commun pour la célébration de la Pâque, jusqu'à ce que. le relâchement croissant toujours, on ait obtenu successivement du Siège Apostolique la dispense de l'obligation de férier le Mardi, et même le Lundi, en France, après le Concordat de 1801.

 

 Pour avoir l'intelligence de la Liturgie des jours qui vont se succéder jusqu'au dimanche in Albis, il est donc nécessaire de se souvenir constamment de nos néophytes toujours présents avec leurs robes blanches à la Messe et aux offices divins. Les allusions à leur récente régénération sont continuelles, et se montrent sans cesse dans les chants et dans les lectures que la sainte Église emploie durant tout le cours de cette solennelle Octave.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Retable d'Issenheim

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