Pour marquer l’ouverture sur l’Europe de la partie de sa programmation dédiée à la Renaissance, le musée du Luxembourg rouvre ses
portes avec une exposition consacrée à Lucas Cranach (vers 1472-1553), l’un des artistes majeurs de la Renaissance germanique. Ce peintre fécond et polyvalent, dont la carrière couvre toute la
première moitié du XVIe siècle, est encore méconnu du public français qui n’a pas eu la chance de découvrir récemment dans une exposition l’étendue de son oeuvre. Présentée au musée du
Luxembourg, l’exposition Cranach et son temps contribue à faire comprendre la place de cet artiste dans l’histoire de l’art et son implication dans la société de son temps, touchée alors par de
profonds bouleversements politiques et religieux.
L’exposition insiste surtout sur la richesse et
l’originalité du parcours de Cranach, un parcours jalonné de rencontres déterminantes avec des représentants majeurs de la vie politique et religieuse de l’époque, alors agitée par le vent de la
Réforme protestante. A Wittenberg, il côtoie notamment Martin Luther que protège Frédéric le Sage. Portraitiste de talent, il nous a transmis les effigies des principaux acteurs de ce moment fort
dans l’histoire de la chrétienté. Bientôt lui-même partisan de la Réforme, Cranach participe aussi pleinement à la diffusion de la nouvelle doctrine, en mettant son art au service d’une
propagande visuelle, largement diffusée par la gravure. Ainsi, il a contribué à élaborer une nouvelle iconographie protestante, sans pour autant renoncer aux commandes de l’Eglise
catholique.
Sa notoriété de peintre, sa position dans la société des puissants, sa proximité avec les cercles intellectuels, font de Lucas
Cranach une des personnalités parmi les plus originales et les plus étonnantes du XVIe siècle européen.
extrait de la présentation de l'exposition sur le site du musée :
Musée du Luxembourg
19 rue de Vaugirard
75006 Paris
Tous les jours de 10h00 à 20h00
Les vendredi et samedi jusqu’à 22h00
du 9 février au 23 mai 2011
The Crucifixion by CRANACH, Lucas the
Elder
La Crucifixion des Ecossais
Ce tableau, sans date, ni signature, est presque unanimement considéré comme la plus ancienne œuvre de Cranach. On sait qu’il a
été peint vers 1500 à Vienne, où le peintre franconien a vécu provisoirement, jusqu’à ce qu’il rejoigne la cour du prince-électeur de Saxe à Wittenberg. A Vienne, l’artiste fréquente les milieux
humanistes réunis autour de Conrad Celtes, qu’il met en scène dans plusieurs tableaux. Sans doute le commanditaire de cette toile faisait-il partie de cette sphère. Le tableau tire son nom du
Schottenkloster de Vienne, 'Monastère des Ecossais', où il est aujourd’hui conservé.
The Martyrdom of St Catherine by CRANACH, Lucas the
Elder
Le Martyre de Sainte Catherine, vers 1508-09, Budapest, église réformée, collection Ráday
Ce tableau, qui fait partie des œuvres les plus impressionnantes et les plus accomplies de Cranach, n’est connu des spécialistes
que depuis 1955.
Madonna and Child
La Madonne à la Grappe
Parmi les nombreuses Madones de Cranach, peu jouissent d’une aussi grande popularité que ce tableau de Munich, qui bénéficie en
outre d’une illustre provenance. En effet, d’après l’étiquette au dos du tableau, la « Madone aux raisins » se trouvait vers 1550 en possession de Raymund Fugger. Cranach a donc pu peindre ce
tableau à la demande d’un membre de la célèbre famille de marchands d’Augsbourg. Tout comme les deux anges en mouvement, qui soutiennent la draperie en arrière-plan, les vêtements richement
plissés et les cheveux de Marie semblent être remplis de vie. Ces détails soulignent encore davantage la relation poétique et intime entre la mère et l’enfant.
Selon les représentations du Christianisme ancien, la Vierge est assimilée à la vigne, qui permet à l’enfant Jésus de mûrir en
tant que raisin divin. Les références au Christ sont multiples : le raisin renvoie au Sacrement de l’Eucharistie, mais aussi au pressoir, qui symbolise la mort du Christ en martyr. Le regard
légèrement nostalgique de Marie, qui veille sur l’enfant Jésus, peut être interprété comme une preuve de la détermination du Christ.
Self-Portrait by CRANACH, Lucas the Elder