C’est ainsi que marche l’humanité exsangue sur cette autoroute large et spacieuse qui descend de Jérusalem, qui déchoit de la capitale et s’engouffre dans l’ombre vespérale. Tels sont bien nos deux disciples d’Emmaüs, naufragés de l’espérance, incapables de reconnaître la Lumière qui marche avec eux.
Ils allaient tête basse sans vœu et sans prière
Pèlerins de nulle part rejoints par le Chemin
Pèlerins hospitaliers qui hébergent le Pain.
Pèlerins du jour défait que hante la Lumière
Ils s’engouffraient dans l’ombre, pèlerins du crépuscule
Routiers des Écritures rejoints par la Parole
Pauvres cœurs de foi lente et d’espérance molle
Ignorant de quel feu ils s’embrasent et ils brûlent.
Qu’il est beau le contre-jour si bien rendu dans les tableaux de Rembrandt. A l’extérieur l’obscurité se fait peu à peu, mais dans l’âme des deux disciples un feu couve et se réveille attisé par les dires du Maître, ce pyromane des cœurs ! Plus leur mystérieux compagnon parle, plus les lueurs se lèvent et les embrasent intérieurement. Ils le reconnaîtront plus tard : « “Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ?” »(Luc 24,32). Heureuse brûlure du cœur qui prépare en chacun l’incendie de la grâce !
Conférence de carême à Notre-Dame de Paris du Dimanche 24 mars 2019 : https://www.paris.catholique.fr/texte-de-la-conference-de-careme-a-47041.html

Le Christ se révélant aux pèlerins d'Emmaüs
REMBRANDT
au Louvre, Département des Peintures : Peinture hollandaise
Aile Richelieu
2e étage
Hollande, XVIIe siècle
Salle 844