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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 08:00

Et comme on ne sait pas quand une année est belle
Ce qu’on aime le mieux, si c’est les giboulées
Ou si c’est le retour de la noire hirondelle
Ou si c’est le réseau des peines déroulées,

Et comme on ne sait pas quand le choix est ouvert
Ce qu’on aime le mieux, si c’est le doux avril
Ou le lourd fructidor, si c’est le grave hiver
Ou la feuille d’automne ou les rêves d’exil,

Et comme on ne sait pas quand une année est belle
Ce qu’on aime le mieux parmi tant de beauté,
Ou du printemps volage, ou de l’été fidèle,
Ou des graves hivers ou des graves étés,


Et comme on ne sait pas dans l’immense univers
Ce qu’on aime le mieux, si c’est le dur été,
Ou le sévère automne ou les graves hivers,
Et comme on ne sait pas dans cette éternité,

Et comme on ne sait pas parmi tant de bonheurs
Ce qu’on aime le mieux, si c’est un bel orage,
Ou si c’est la saison du profond labourage,
Ou le balancement des vastes moissonneurs,

Et comme on ne sait pas entre tous ces honneurs
Ce qu’on aime le mieux, si c’est un beau verglas,
Ou la neige étendue au loin des pays plats,
Ou le ramassement des débiles glaneurs.

Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours
Ce qu’il aime le mieux, si c’est le doux printemps,
Ou la sévérité de plus fermes amours,
Ou la déclivité de plus obliques temps.

Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux temps
Ce qu’il aime le mieux, si c’est le doux avril
Ou la feuille d’automne et le rêve d’exil,
Ou le mélancolique et volage printemps.


Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours
Ce qu’il aime le mieux, si c’est la douce enfance
Et si c’est la modeste et simple obéissance
Ou la gratuité des parfaites amours.

Ainsi Dieu ne sait pas, ainsi Dieu ne sait plus
Ce qu’il aime le mieux dans une belle vie,
Si c’est cette âpre pente incessamment gravie
Ou la gratuité des amours absolus.

Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours
Ce qu’il aime le mieux, si c’est la jeune enfance
Et si c’est le travail ou les jeux de la danse
Ou la fidélité des terrestres amours.

Ainsi Dieu ne sait pas dans une belle vie
Ce qu’il aime le mieux entre tant de beaux jours.
Il regarde, il refait la route poursuivie.
L’anticipation des célestes amours.

Dans une belle vie il n’est que de beaux jours.
Dans une belle vie il fait toujours beau temps.
Dieu la déroule toute et regarde longtemps
Quel amour est plus cher entre tous ces amours.


Ainsi Dieu ne sait pas, ainsi le divin maître
Ne sait quel retenir et placer hors du lieu,
Et pour lequel tenir et s’il faut vraiment mettre
L’amour de la patrie après l’amour de Dieu.

Ainsi Dieu ne sait pas entre tant de beaux jours,
De la plus belle enfant à la plus belle aïeule,
Quel il aime le mieux de ces propres amours,
Et s’il n’aime pas mieux une âme errante et seule.

Et s’il n’aime pas mieux une souple jeunesse.
Et s’il n’aime pas mieux les dures fermetés.
Et s’il n’aime pas mieux une belle vieillesse.
Et s’il n’aimes pas mieux les dures pauvretés.

Depuis les cheveux blonds jusques aux cheveux blancs.
Et depuis l’escabeau jusqu’aux bras du fauteuil.
Jusqu’au bord du tombeau, jusqu’au ras du cercueil.
Depuis les premiers pas jusqu’aux pas chancelants.

Et des premiers genoux jusqu’aux genoux tremblants.
Du premier tabouret jusqu’au dernier fauteuil.
Du premier pas de porte au ras du dernier seuil.
Et des beaux cheveux blonds aux plus beaux chevaux blancs.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale de Chartres, Portail Royal, Tympan de la Vierge à l'Enfant

Cathédrale de Chartres, Portail Royal, Tympan de la Vierge à l'Enfant

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3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 08:00

Et la terre est chargée, et c’est la son office,
De découper les bords de notre âge réel,
Sans aucun appareil, sans aucun artifice,
Du premier jour des Rois jusqu’au dernier Noël.

Et la vie est chargée, et c’est là son affaire,
De marcher tout le long de notre âge réel.
Et nul ne peut changer, et nul ne peut défaire
La courbe qu’elle inscrit jusqu’au dernier Noël.

Et la vie est chargée, et c’est là son affaire
D’enregistrer l’ampleur de notre âge réel.
Nul ne peut altérer, nul ne peut redéfaire
Le tracé qu’elle inscrit jusqu’au dernier Noël.


C’est la terre qui gagne et la terre qui plaide
Et qui fait le procès de nos vieillissements
Et qui fait une belle et qui fait une laide
Et qui fait le tracé de nos bannissements.

C’est la terre qui gagne et la terre qui compte
Et qui fait le procès de nos inscriptions
Et qui fait le mémoire et qui fait le décompte
Et qui fait le tracé de nos descriptions.

C’est la terre qui gagne et la terre qui compte
Et qui fait le procès de nos endossements
Et qui fait le sommaire et qui règle le compte
Et qui fait le tracé de nos efforcements.

C’est la terre qui mord et la terre qui compte
Et qui fait le procès de nos consomptions
Et qui règle l’histoire et qui règle le conte
Et qui fait le tracé de nos rédemptions.

C’est la terre qui gagne et la terre qui marque
Et qui fait le procès de nos morcellements
Et qui nous introduit près du plus grand monarque
Et qui fait le tracé de nos nivellements.


C’est la terre qui gagne, qui mord, et qui accroît
Et qui fait le procès de nos accroissements
Et qui nous introduit auprès du plus grand roi
Et qui fait le tracé de nos dépassements.

Et la terre enregistre et fait le relevé.
Elle inscrit pour toujours la creuse inscription.
Du pain spirituel, du grain de sénevé
Elle fait l’inventaire et la description.

Et la terre enregistre et c’est elle qui toise
Et qui fait la grandeur ou l’inepte bassesse
Et Lutèce et Paris et Nanterre et Pontoise
Et la dame d’atour et la jeune princesse.

Et la terre mesure et c’est elle qui trace
La courbe et le graphique et l’enregistrement.
Et qui fait un orgueil et qui fait une race
Et qui fait une assise et un effondrement.

Et la terre mesure et c’est elle qui trace
La courbe et le graphique et l’enregistrement.
Et qui fait une ligne et qui fait une race
Et qui fait un royaume et un démembrement.


C’est la terre qui gagne et c’est elle qui fait
Un établissement et qui fait un débris
Et c’est elle en principe et c’est elle en effet
Qui fait les cheveux blonds et fait les cheveux gris.

C’est la terre qui gagne et c’est elle en effet
Avant les cheveux blancs qui fait les cheveux gris
Et c’est elle qui marque et c’est elle qui fait
Fleurir les cheveux d’or et notre beau Paris.

C’est la terre qui note et c’est elle en effet
Après les cheveux blonds qui fait les cheveux gris
Et c’est elle qui cote et c’est elle qui fait
Neiger les cheveux blancs de notre vieux Paris.

C’est elle qui découpe un immense parvis
Sous les pas de Dieu même et devant Notre Dame.
C’est elle qui recule aux horizons de l’âme
L’immense espacement de notre grand Paris.

C’est elle qui déroule un immense tapis
Sous les pieds de Dieu même et devant Notre Dame.
C’est elle qui recule aux horizons de l’âme
Les immenses destins du temporel Paris.


Rien ne peut suppléer cet enregistrement
Et cette inscription et cette expérience.
Rien ne peut remplacer le jour de l’échéance
Et la procession et le dénombrement.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Chartres depuis les champs de Beauce (carte postale sans date)

Chartres depuis les champs de Beauce (carte postale sans date)

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2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 08:00

Et ce ne sera pas ces pauvres frénétiques
Qui viendront nous chercher sous les myrtes épais.
Et ce ne sera pas leurs faces fanatiques
Qui viendront nous donner notre baiser de paix.

Et ce ne sera pas ces aristotéliques
Qui viendront nous chercher sous les lauriers épais.
Et ce ne sera pas leurs lèvres faméliques
Qui viendront nous donner notre baiser de paix.

Une autre, une autre lèvre un peu plus catholique
Mettra sur nos deux yeux notre baiser de paix.
Une main moins aveugle et plus apostolique
Saura nous retrouver sous les hêtres épais


Et ce n’est pas ces dents et ces lèvres flétries
Qui viendront nous donner notre baiser de paix.
Et ce ne sera pas ces enquêteurs épais
Qui viendront nous chercher jusque dans notre patrie.

Et ce n’est pas leurs dents et leur lèvre flétrie
Qui viendra nous donner notre baiser de paix.
Et ce ne sera pas ces malfaiteurs épais
Qui viendront nous chercher jusqu’en notre patrie.

Et ce ne sera pas leurs faces exécrées
Qui viendront nous chercher sous les trembles épais.
Et ce ne sera pas à leurs lèvres sucrées
Que nous demanderons notre baiser de paix.

Et ce ne sera pas leurs faces échancrées
Qui viendront nous chercher sous les ormes épais.
Et ce n’est pas leurs dents et leurs lèvres nacrées
Qui viendront nous donner notre baiser de paix.

Une autre, une autre lèvre et un peu plus sacrée
Mettra sur nos deux yeux notre baiser de paix.
Une main moins aveugle un peu plus consacrée
Saura nous retrouver sous les chastes cyprès.


Une main diligente ensemble que sacré
Saura nous retrouver dans la forêt épaisse.
Une peine indulgente et pourtant consacrée
Saura se retrouver dans le genre et l’espèce.

Et ce ne sera pas ces pâles muscadins
Qui nous soulèverons nos nuques soulagées.
Et ce ne sera pas ces inertes gandins
Qui nous délaveront nos faces ravagées.

Et ce ne sera pas leurs faces abhorrées
Qui viendront nous chercher sous les pommiers épais.
Et ce ne sera pas leurs lèvres déflorées
Qui viendront nous donner notre baiser de paix.

Et ce ne sera pas ces fades galantins
Qui viendront nous chercher dans notre pourriture.
Et ce ne sera pas ces maussades pantins
Qui nous retourneront dans l’outrage et l’ordure.

Et ce ne sera pas ces fades plaisantins
Qui viendront nous chercher dans notre turpitude.
Et ce ne sera pas ces aimables pantins
Qui nous ramasseront notre décrépitude.


Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui viendront nous lever les portes de nos geôles.
Et ce ne sera pas par dessus leurs épaules
Que nous contemplerons un immense horizon.

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui viendront nous nommer au seuil de nos geôles.
Et ce ne sera pas par dessus leur épaule
Que nous nous heurterons au mur de l’horizon.

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui nous appelleront au seuil de notre geôle.
Et ce ne sera pas par dessus leur épaule
Que nous contemplerons un immense horizon.

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui viendront nous cueillir au seuil de notre geôle.
Et ce ne sera pas par-dessus leur épaule
Que nous regardons les bords de l’horizon

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui viendront nous lever nos registres d’écrous.
Et qui feront peser sur la peau de nos cous
L’immense écrasement de ce morne horizon.


Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui viendront nous lever de nos pâles écrous.
Et qui feront peser sur la peau de nos cous
Le plat écrasement d’un immense horizon.

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui nous appelleront par nos noms de baptême.
Et qui révoqueront l’implacable anathème
Suspendu par dessus les bords de l’horizon.

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui nous appelleront par nos noms de baptême.
Du nom des saints patrons qui font tous notre thème
Et qui tiendront le coup aux bords de l’horizon.

Et ce ne sera pas ces gardiens de prison
Qui nous appelleront par nos noms de famille.
Du nom de notre père et du fil en aiguille
Du nom de notre aïeul et jusqu’à l’horizon.

Du nom de notre race et de notre paroisse.
Du nom de notre Christ et notre rédempteur.
Du nom de votre grâce et du premier auteur.
Du nom de notre peine et notre morne angoisse.


Il n’iront pas chercher dans la dernière alcôve
Le nom qui nous distingue et le nom qui nous perd.
Le nom qui nous assemble et le nom qui nous sert.
Le nom qui nous contente et le nom qui nous sauve.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Chartres en arrivant par la route d'Ablis - carte postale Greff, sans date

Chartres en arrivant par la route d'Ablis - carte postale Greff, sans date

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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 04:00

Et ce ne sera pas ces maîtres de tactiques
Qui nous emporteront dans un dernier abord.
Ce n’est pas ces frileux et ces antipathiques
Qui nous feront sauter par un dernier sabord.


Ce n’est point leur tableaux, fussent-ils synoptiques,
Qui nous assembleront comme un pauvre troupeau.
Ce n’est point leurs terreurs, fussent-elles optiques,
Qui nous feront trembler la laine sur la peau.

Et nous serons conduits par une autre houlette.
Et nos bergers seront de bien autres bergères.
Et nous nous délierons d’une autre bandelette.
Et nous serons menés par des mains plus légères.

Et nous serons conduits par une autre houlette
Et nos bergers seront deux antiques bergères.
Et nous serons liés d’une autre bandelette.
Et nous serons liés par des mains plus légères.

Et nous autres Français nous en suivrons une autre.
Et nous filerons doux nous autres les malins.
Et le plus déluré fera le bon apôtre.
Et nos derniers soleils seront sur leurs déclins.

Et nous Parisiens nous en suivrons une autre.
Et nous filerons doux nous autres les malins.
Et le plus coquebin fera le bon apôtre.
Et les soleils d’hiver seront sur leurs déclins.


Et nous autres Français nous en suivrons la nôtre.
Et nous filerons doux nous autres les malins.
Et le plus assuré fera le bon apôtre.
Et nos derniers soleils seront sur leurs déclins.

Et nous Parisiens nous en suivront la nôtre.
Et nous filerons doux nous autres les malins.
Et le plus épuré fera le bon apôtre.
Et les pâles soleils seront sur leurs déclins.

Et nous gens de Paris nous en suivront la nôtre.
Et nous filerons doux nous autres les malins.
Et le plus mesuré fera le bon apôtre.
Et les soleils d’hiver seront sur leurs déclins.

Et nous gens d’ici nous en suivrons la nôtre.
Et nous filerons doux nous autres les malins.
Et le plus assuré fera le bon apôtre.
Et nos derniers soleils seront sur leurs déclins.

Et nos bergers seront deux uniques bergères.
Et nous filerons doux par devant ces houlettes.
Et nous serons menés par des mains plus légères.
Et nous écarterons nos pâles bandelette.


L’une est morte au milieu des pâles citoyens,
Pieusement couchée en un lieu de parade.
Soigneusement dressée en une haute estrade
L’autre est morte au milieu des pâles citoyens.

 

L’une est morte au milieu de tous les citoyens,
Pieusement couchée en un lit de tendresse.
Soigneusement dressée en un lit de détresse,
L’autre est morte au milieu de tous les citoyens.

Parmi les jeunes clercs et les curés-doyens
L’une est morte au milieu d’un immense concours.
Parmi les hommes d’arme et les curés-doyens
L’autre est morte au milieu d’un immense concours.

Les yeux sur une croix, sans hâte et sans discours,
L’une est morte au milieu d’une vieille paroisse.
Les yeux sur une croix, après quelques discours,
L’autre est morte au milieu d’une vieille paroisse.

Les yeux sur une croix sans hâte et sans faiblesse,
L’une est morte au milieu d’un immense appareil.
Les yeux sur une croix sans honte et sans faiblesse
L’autre est morte au milieu d’un immense appareil.


Sous un dais garanti des rayons de soleil,
L’une est morte au milieu d’une simple noblesse.
À la face de Dieu liée en plein soleil
L’autre est morte au milieu d’une simple noblesse.

Pieusement couchée en un lit d’échafaud,
L’une est morte au milieu d’un immense diocèse.
Soigneusement dressée en un dur échafaud
L’autre est morte au milieu d’un immense diocèse.

Aïeule sans reproche, aïeule sans défaut,
L’une est morte au milieu d’une foule française.
Captive sans reproche et prise par défaut
L’autre est morte au milieu d’une foule française.

Les yeux levés au ciel, sans hâte et sans angoisse,
L’une est morte au milieu d’un peuple convoqué.
Les yeux levés au ciel, non sans un peu d’angoisse,
L’autre est morte au milieu d’un peuple convoqué.

Ses beaux doigts joints levés vers la miséricorde,
L’une est morte au milieu d’un peuple interloqué.
Ses deux poignets liés aux nœuds d’une âpre corde,
L’autre est morte au milieu d’un peuple interloqué.


Ses beaux cheveux noués le long de son sarrau,
L’une est morte au milieu d’un peuple de fidèles.
Ses beaux cheveux noués par la main du bourreau,
L’autre est morte au milieu d’un peuple de fidèles.

Ces yeux qui tant avaient guetté les hirondelles
Ne guettèrent plus rien que les dons de l’Esprit.
Ces yeux qui tant avaient guetté les hirondelles
Ne guettèrent plus rien que de voir Jésus-Christ.

Diligente bergère, inlassable gardienne,
L’une est morte au milieu de toute chrétienté.
Diligente bergère, inlassable gardienne,
L’autre est morte au milieu de toute chrétienté.

Vigilante bergère, aïeule et paroissienne,
L’une est morte au milieu de toute chrétienté.
Vigilante bergère, aïeule et paroissienne
L’autre est morte au milieu de toute chrétienté.

D’un cœur sans défaillance et d’un cœur indompté,
L’une est morte au milieu de la race chrétienne.
D’un cœur sans défaillance et d’un cœur indompté,
L’autre est morte au milieu de la race chrétienne.


Et nous autres Français nous en suivrons la nôtre,
La plus appareillée aux dons du Saint-Esprit,
La plus appareillée au livre de l’apôtre,
La plus appareillée au cœur de Jésus-Christ.

Et nous autres Français nous en suivrons la nôtre.
C’est la plus attachée aux dons du Saint-Esprit.
Et la plus affichée au livre de l’apôtre.
Et la plus approchée au cœur de Jésus-Christ.

Et nous autres Français nous en suivrons la nôtre.
C’est la plus accointée aux dons du Saint-Esprit.
Et la plus attestée au livre de l’apôtre.
Et la plus imitée au cœur de Jésus-Christ.

Dans un vallon semé de bouleaux et de hêtres
L’une est morte au milieu d’un peuple prosterné.
Sur un haut échafaud de bouleaux et de hêtres
L’autre est morte au milieu d’un peuple consterné.

Au milieu des bourgeois, des manants et des prêtres,
L’une est morte au milieu d’un peuple nouveau-né.
Au milieu des soldats, des bourreaux et des prêtres,
L’autre est morte au milieu d’un peuple abandonné.


Dans le propre pays de ses simples ancêtres
L’une est morte au milieu d’un peuple couronné.
Au milieu des docteurs, des savants et des traitres
L’autre est morte au milieu d’un peuple rançonné.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Vitrail de Sainte Jeanne d'Arc, (1920), Église Saint-Jean-Baptiste, Manerbe, Basse-Normandie, Calvados, "Fille au grand cœur, va en France"

Vitrail de Sainte Jeanne d'Arc, (1920), Église Saint-Jean-Baptiste, Manerbe, Basse-Normandie, Calvados, "Fille au grand cœur, va en France"

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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 16:00

Et ce ne sera pas ces gens d’extrêmes goûts
Qui viendront nous chercher dans notre inconsistance.
Ce n’est pas leur jactance et leur belle prestance
Qui viendra nous chercher dans le fond des égouts.

Et ce ne sera pas leurs vieux fonds de citerne
Qui nous remplaceront une source profonde.
Et ce ne sera pas ces premiers rois du monde
Qui nous feront passer la dernière poterne.

Et ce ne sera pas ces restants de citerne
Qui nous remplaceront une source d’eau vive.
Et ce ne sera pas leur pâle défensive
Qui nous fera passer la dernière poterne.

Et ce ne sera pas ces égouts de citerne
Qui nous remplaceront une source profonde.
Et ce ne sera pas ces illustres du monde
Qui nous feront passer la dernière poterne.

Seule, nous le savons, une dure offensive
Nous livrera la porte, et le pont, et la herse.
Seule, nous le savons, une rude lessive
Lavera les effets de ce double commerce.

Seule, nous le savons, une dure offensive
Nous livrera la porte et le pont du fossé.
Seule, nous le savons, une rude lessive
Lavera le restant de ce double passé.

Seule, nous le savons, une dure offensive
Nous livrera la porte et le pont du fossé.
Seule, nous le savons, une rude lessive
Effacera les pas de l’ombre du passé.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Colonnade du Portail de la Cathédrale de Chartres, André Kertész, 1928

Colonnade du Portail de la Cathédrale de Chartres, André Kertész, 1928

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 08:00

Et ce ne sera pas ces parfais nettoyeurs
Qui viendront nous chercher parmi les détritus.
Et ce ne sera pas ces maîtres fossoyeurs
Qui nous réciteront notre dernier Agnus.

Et ce ne sera pas ces auteurs délicats
Qui viendront nous chercher dans nos derniers humus.
Et ce ne sera pas ces savants candidats
Qui nous réciteront notre dernier Deus.

Et ce ne sera pas ces robes d’avocats
Qui viendront nous chercher dans nos derniers humus.
Et ce ne sera pas ces parfaits renégats
Qui forceront pour nous les portes du blocus.

Ce n’est pas ces penseurs et ces hommes d’États
Qui viendront nous chercher dans notre insuffisance.
Et ce ne sera pas ces hardis potentats
Qui nous mettront jamais au chemin de plaisance.


Et ce ne sera pas ces courtauds de boutiques
Qui viendront nous chercher dans notre négligence.
Et ce ne sera pas ces marquis authentiques
Qui nous mettront jamais au chemin d’allégeance.

Et ce ne sera pas ces maîtres parfumeurs
Qui viendront nous trier d’entre nos immondices.
Et ce ne sera pas ces chercheurs de blandices
Qui viendront nous tirer de nos mauvaises mœurs.

Et ce ne sera pas ces maigres chiffonniers
Qui viendront nous trier les déchets de nos corps.
Et ce ne sera pas ces grêles nautonniers
Qui viendront nous tirer d’entre les pâles morts.

Et ce ne sera pas ces hommes d’importance
Qui viendront ramasser notre dernier débris.
Ce n’est pas leur jactance et leur intermittence
Qui viendra nous chercher dans notre vieux Paris.

Et ce ne sera pas ces gens de conséquence
Qui viendront ramasser notre corps et notre âme.
Et ce ne sera pas ces maîtres d’éloquence
Qui viendront nous chercher aux pieds de Notre Dame.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Jardin de la Cathédrale de Chartres, André Kertész, 1928

Jardin de la Cathédrale de Chartres, André Kertész, 1928

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27 mai 2014 2 27 /05 /mai /2014 08:00

Et ce n’est pas parmi leur Caucasie
Que nous irons chercher un temple de la gloire.
Mais c’est beaucoup plus près et dans notre Austrasie
Que nous avons connu nos temples de mémoire.

Et ce ne sera pas parmi leur Malaisie
Que nous irons chercher une âme plus profonde.
Et ce ne sera pas parmi leur Silésie
Que nous irons placer la flèche unique au monde.


Mais c’est beaucoup plus près, dans notre plate Beauce,
Que nous avons dressé la flèche inimitable.
Et c’est ici tout près, dans une étroite fosse,
Que viendra nous chercher notre grand connétable.

Et ce ne sera pas parmi leurs hérésies
Que nous rechercherons notre dernier destin.
Et ce ne sera pas dans leurs Mélanaisies
Que nous verrons lever notre dernier matin.

Et ce ne sera pas dans leur Micronésie
Qu’on nous convoquera pour un dernier festin.
Mais c’est beaucoup plus près, dans notre Tunisie,
Que nous avons connu le grand saint Augustin.

Et ce ne sera pas dans une île lointaine
Qu’on sonnera pour nous notre suprême glas.
Mais c’est beaucoup plus près, et dans notre Lorraine,
Que nous avons connu le grand saint Nicolas.

Et ce ne sera pas ces faussement paternes
Qui nous remplaceront un père paternel
Et ce ne sera pas leurs antiques lanternes
Qui nous remplaceront le soleil éternel.


Et ce ne sera pas leurs lampadaires ternes
Qui nous remplaceront un soleil solennel.
Et ce ne sera pas leurs grimaces paternes
Qui nous remplaceront notre père éternel.

Et ce ne sera pas ces simili faux frères
Qui nous remplaceront un frère fraternel.
Et ce ne sera pas leurs simili misères
Qui nous remplaceront un ventre maternel.

Et ce ne sera pas leurs simili misères
Qui nous introduiront aux siècles absolus.
Et ce ne sera pas ces simili faux frères
Qui nous remplaceront notre frère Jésus.

Et ce ne sera pas ces simili baigneurs
Qui nous introduiront aux climats absolus.
Et ce ne sera pas ces simili seigneurs
Qui nous remplaceront notre seigneur Jésus.

Et ce ne sont pas ces simili fraudeurs
Qui nous introduiront aux sources résolues.
Et ce ne seront pas ces simili grandeurs
Qui nous introduiront aux grandeurs absolues.


Et ce ne sera pas leurs simili tendresses
Qui nous remplaceront un mot de notre mère.
Et ce ne sera pas leurs simili détresses
Qui nous remplaceront une auguste misère.

Et ce ne sera pas leurs simili caresses
Qui nous remplaceront les yeux de notre mère.
Et ce ne sera pas leurs simili détresses
Qui nous remplaceront une juste misère.

Et ce ne sera pas leurs savants aqueducs
Qui nous remplaceront une source tarie.
Et ce ne sera pas leurs miracles caducs
Qui nous remplaceront notre mère Marie.

Et ce ne sera pas dans leurs bateaux-lavoirs
Qu’on nous effacera la tache originelle.
Et ce ne sera pas parmi leurs abreuvoirs
Que nous étancherons notre fièvre charnelle.

Seule vous le savez nos soirs du mois de mai
Ne valent pas le quart de vos plus durs décembres.
Et notre plus beau soir et le plus embaumé
N’est qu’un pâle reflet de vos mornes novembres.

 

 

Charles PÉGUY, Ève

Cahiers de la Quinzaine, 1914

 

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, 1913

Cathédrale Notre-Dame de Chartres, 1913

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