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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 12:00

C’est généralement sur les préaux ou sur les cours, dans des corps de logis situés au rez-de-chaussée, que s’ouvrent la pharmacie, les magasins, les celliers, les cuisines.

 

Celles-ci sont toujours très amples, sablées de sable jaune, très claires et baignées dans une atmosphère insupportable de chaleur. Les vases de cuivre bouillonnant sur le fourneau noir reluisent comme de la vaisselle d’or ; les marmites portatives à compartiments sont rangées sur des étagères, chacune devant une étiquette portant le nom de la salle qu’elle doit desservir. La nourriture est très saine : de la viande, du poisson frais, des légumes, du bouillon qui m’a paru savoureux.

 

Les malades, selon leur état sanitaire, ont une part, deux, trois et même quatre parts ; c’est là qu’on s’arrête, car c’est la pitance d’un homme bien portant. Dans les hôpitaux, comme dans les prisons, comme dans tous les grands établissements où la cuisine est située loin du lieu de distribution des vivres, où il faut monter des escaliers, traverser des corridors et diviser préalablement la nourriture avant de la donner à ceux qui l’attendent, on mange froid, ou, ce qui vaut encore moins, refroidi ; la graisse est à demi figée, la viande a perdu de sa saveur et la friture du poisson est déjà flétrie. C’est un inconvénient auquel il serait possible de remédier, en employant au transport des cantines contenant les vivres ces boites intérieurement capitonnées qu’on nomme des cuisines norvégiennes et qui facilement conservent pendant plusieurs heures aux aliments une chaleur de soixante degrés.

 

Autrefois on évitait ce désagrément, mais pour en créer un beaucoup plus grave. Au milieu de chaque salle s’élevait un fourneau sur lequel on faisait habituellement chauffer les tisanes et les cataplasmes ; quand l’heure des repas sonnait, il servait à raccommoder le diner : c’était le mot consacré. Sous prétexte de raccommoder le bouillon, les infirmiers, les religieuses elles-mêmes ne se gênaient guère pour faire cuire toutes sortes de ragoûts, et l’atmosphère déjà très chargée de la salle ne tardait pas à devenir intolérable. Il a fallu des années de lutte pour arriver à déraciner ce vieil abus, que les maladreries du moyen âge nous avaient légué ; encore aujourd’hui une surveillance incessante est nécessaire pour l’empêcher de se reproduire.

 

Quant au vin distribué aux malades, il est très bon et en quantité suffisante. Pour un homme qui est aux quatre parts de nourriture, on donne quarante-huit centilitres de vin pur, ce qui équivaut à trois grands verres ordinaires. Lorsqu’un médecin juge qu’un malade a besoin d’une nourriture spéciale, il lui suffit de faire un bon pour l’obtenir immédiatement.

 

Sous ce rapport, l’alimentation des opérés et des femmes en couches est toujours particulièrement recommandée et soignée.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Les cuisines de Hôpital Janson de Sailly, photographie de l'agence Rol, Paris, 1914

Les cuisines de Hôpital Janson de Sailly, photographie de l'agence Rol, Paris, 1914

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12 décembre 2014 5 12 /12 /décembre /2014 12:00

À tout hôpital il faut des endroits réservés pour la promenade de malades ; c’est ce que l’on appelle les préaux.

 

Ceux de l’Hôtel-Dieu sont nuls, ceux de La Riboisière trop étroits, dominés en partie par de hautes murailles et insuffisants ; les plus beaux sont ceux de Saint-Antoine, de Saint-Louis et de Necker. Un vaste espace couvert de grands arbres permet aux convalescents de se baigner dans les effluves d’un air vivifié. Les préaux de Necker surtout sont charmants : il y a des berceaux de clématites, de beaux gazons, des plates bandes de fleurs. Cet hôpital du reste est bien connu, il est presque célèbre dans la population parisienne. Ses hautes salles, son calme parfait, l’espèce de petit parc qui l’avoisine le font rechercher par les malades. Aussi les lits y sont-ils rarement libres, car c’est à qui demandera à y être admis.

 

Dans ces préaux, les malades qui sont en état de se lever se réunissent quand ils veulent, une fois que la visite médicale est terminée. Vêtus de leur longue houppelande, coiffés de l’affreux bonnet blanc, ils s’assoient au pied des marronniers, causent entre eux, jouent aux dames, aux dominos, et, s’ils ont quelques centimes, vont à la cantine acheter du tabac à fumer ou quelques unes des rares denrées dont la vente n’est pas interdite, mais dont le prix est tarifé par l’administration.

 

C’est le concierge qui remplit les fonctions de cantinier, place fort enviée dans le monde des employés subalternes des hôpitaux, car elle rapporte de gros bénéfices. Dans certaines maisons, comme Beaujon, comme la Charité surtout, fréquentées par les domestiques du faubourg Saint-Honoré et du faubourg Saint-Germain, auxquels leurs maîtres envoient volontiers de l’argent, un cantinier gagne sans effort de 3 500 à 4 000 francs par an. On débite là aussi de menus objets, plumes et papier, aiguilles et coton pour les femmes : mais pourquoi n’est-il pas permis d’y vendre de la laine en écheveau et du fil ?

 

Craint-on que les convalescentes ne travaillent pour leur propre compte, et ne devrait-on pas plutôt les y encourager, car peut-être pourraient-elles gagner quelques sous qui les aideraient à vivre lorsqu’elles sortiront de l’hôpital ?

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Hôpital de la Pitié-Salpétrière, façade sur cour, photographie d'Eugène Atget, Paris, 1909

Hôpital de la Pitié-Salpétrière, façade sur cour, photographie d'Eugène Atget, Paris, 1909

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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 12:00

Autrefois, pour ventiler les salles, on se contentait, en ouvrant la porte et la fenêtre, de mettre les malades dans un courant d’air ; mais, comme ceux qui sont dans un milieu infect n’en peuvent que bien rarement reconnaître la fétidité par eux-mêmes, les malades regimbaient, criaient qu’ils avaient froid, et mettaient la tête sous la couverture pour éviter l’oxygène qui leur arrivait d’une façon trop aiguë.

 

Aujourd’hui et avec raison on donne à la ventilation une importance extrême. C’est du reste une science relativement nouvelle. Le premier essai sérieux fut fait à Londres en 1715 dans la salle du parlement par le docteur Desaguliers, qui appliqua en partie les idées émises par le cardinal de Polignac en 1712 dans son livre de la Mécanique du feu. En France, on ne s’en est vraiment occupé avec succès que dans ce siècle-ci, et grâce aux travaux de MM. Darcet, Chevreul, Dumas, Boussingault, Gavarret, on est arrivé à des applications pratiques qui semblent ne laisser rien à désirer.

 

Tous nos hôpitaux sont pourvus actuellement d’une machine à vapeur qui chasse dans les salles de l’air froid ou de l’air attiédi, selon la saison, pendant que de hautes cheminées d’appel, douées d’un tirage considérable, enlèvent l’air vicié et le repoussent vers le ciel. On a dit que l’air rejeté ainsi dans la circulation générale constituait une sorte de pluie méotide chargée d’insectes, de miasmes, de pellicules qui pouvaient répandre la contagion et la mort. Il serait facile, à l’aide d’un appareil incandescent, de brûler au sommet du long tuyau d’aspiration, de griller tous ces miasmes délétères, réellement matériels et que le microscope reconnaît avec certitude. Pour parvenir à ce résultat, il faudrait obtenir la température dite le rouge sombre, c’est-à-dire 700 degrés. C’est une dépense de 2 000 francs par vingt-quatre heures et par chaque cheminée de ventilateur. Les quinze hôpitaux de Paris en ont chacun quatre en moyenne, ce qui fait soixante ; or le total des frais entraînés par cette seule combustion s’élèverait annuellement à 43 800 000 francs.

 

Il est fort probable que tant qu’on n’aura pas trouvé un moyen moins dispendieux de neutraliser un véhicule d’épidémie qui paraît encore très problématique, on s’en fiera aux coups de vent et à la grâce de Dieu.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Hôpital Janson de Sailly, salle n° 4,  photographie de l'agence Rol, Paris, 1914 - le lycée Janson de Sailly transformé en hôpital -

Hôpital Janson de Sailly, salle n° 4, photographie de l'agence Rol, Paris, 1914 - le lycée Janson de Sailly transformé en hôpital -

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10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 12:00

Quelques salles, malgré des dimensions considérables, sont trop peuplées ; celle de Sainte-Marthe, qui a pris la place de la salle du Légat, détruite en 1772, et que le cardinal Duprat avait fait élever dans le seizième siècle, à trois rangées de lits ; avant l’incendie, elle renfermait cent couchettes, aujourd’hui elle en contient encore quatre-vingt-huit.

 

Les salles du nouvel Hôtel-Dieu, que l’on termine en ce moment, n’auront au maximum que vingt-six lits ; c’est assez dire que, sans les nécessités imposées par la disposition même du bâtiment, cette salle serait divisée en quatre et n’offrirait point un encombrement qui est aussi contraire à la régularité du service qu’à la rapide guérison des malades. À mon avis, l’idéal de la salle hospitalière se trouve à Saint-Antoine, au rez-de-chaussée : un seul rang de lits placés en face d’immenses croisées qui laissent entrer l’air et le soleil ; le malade respire à l’aise, il est dans une solitude relative, il jouit de l’aspect du ciel et des grands arbres qui semblent lui promettre la santé.

 

Toutes les salles, qui pour la majeure partie sont parquetées en point de Hongrie, sont tenues avec une propreté merveilleuse. Cela est indispensable dans de pareils endroits, je le sais ; mais on ne reste pas moins frappé d’un certain étonnement à la vue des rideaux éblouissants de blancheur, des vitres transparentes, des boiseries lavées, des parquets cirés à outrance. Au fond de toute salle d’hôpital desservi par une communauté religieuse s’élève une sorte d’autel portant généralement une statue de la Vierge, enguirlandée de fleurs et placée entre deux chandeliers ; ce sont les sœurs qui s’amusent à faire de petites chapelles comme les enfants au jour de la Fête-Dieu. En feuilletant le registre des délibérations du conseil général des hospices, on pourrait se convaincre que plusieurs fois et avec insistance les protestants ont demandé que ces emblèmes «des superstitions du papisme» fussent enlevés, parce que de telles images étaient un scandale pour les puritains de la réforme. Sagement, on n’a tenu aucun compte de leurs observations, et l’on a laissé les religieuses hospitalières se livrer aux innocentes distractions où elles se complaisent.

 

Non seulement les salles sont nettoyées et frottées tous les jours, non seulement les objets de literie sont changés toutes les fois que cela est nécessaire, mais deux fois par an tous les matelas sont enlevés, envoyés au magasin central, où ils sont dépecés, passés à l’étuve et cardés à nouveau. De plus, de temps en temps, surtout lorsqu’une maladie épidémique s’est développée, on purifie les salles, absolument comme on désinfecte un navire qui a eu la peste. On procède avec cette méthode précise et méticuleuse qui fait sourire beaucoup d’esprits forts, mais dont nos diverses administrations se sont toujours bien trouvées. À l’aide de vapeurs nitreuses, de l’hyperchlorate de soude, du permanganate de potasse, on détruit rapidement tous les germes morbides qui peuvent s’être accumulés dans une salle ; après quelques jours d’aération complète, on la livre aux ouvriers qui rabotent le parquet, brûlent et détachent les peintures, enlèvent l’enduit des murailles et le mastic des vitres ; puis tout est refait à neuf et l’on met à la disposition des malades un emplacement aussi sain que s’il n’avait jamais été visité par la maladie.

 

Ces précautions ne semblent pas encore suffisantes, car les hôpitaux ont, spécialement dans les services d’accouchement, des salles dites d’alternance, qu’on vide, qu’on laisse reposer pendant quelque temps, afin d’éviter, autant que possible, les mauvaises chances de la contagion.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Chapelle de Hôpital Cochin, photographie de Georges Estève, Paris, 1951

Chapelle de Hôpital Cochin, photographie de Georges Estève, Paris, 1951

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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 12:00

Au montant de chaque lit est fixé un cadre in-octavo dans lequel on glisse une feuille formulée, qui est le bulletin particulier du malade. D’un coup d’œil on y voit son nom, son état civil, la date de l’entrée, s’il a été vacciné et revacciné avec ou sans succès, le nom, l’état, le siège, les variétés, la date de la maladie ; plus tard, et selon les circonstances, on inscrira sur ce même bulletin la date de la guérison ou de la mort, celle de l’autopsie si elle a été pratiquée, et les observations particulières qu’on aura trouvé intéressant de recueillir.

 

Ces feuilles, signées par le chef de service, sont précieusement conservées, et servent à dresser une statistique très curieuse où l’on pourrait retrouver la constatation quotidienne de la situation sanitaire de Paris. On m’a dit que certains médecins, fatigués d’avoir à remplir ces méticuleuses formalités administratives et n’en comprenant pas l’importance scientifique, s’amusaient à donner des diagnostics erronés ; on m’a dit que d’autres, cherchant à diminuer la nécrologie de leurs salles, se hâtaient de renvoyer les malades désespérés, afin que, mourant à domicile, ceux-ci ne figurassent point sur les états particuliers de leur service. Ce sont là sans doute de ces médisances puériles auxquelles le Parisien se livre volontiers, et dont il faut se contenter de sourire.

 

Les dispositions prises pour soigner un malade ont été imposées par un règlement général et sont analogues dans tous les hôpitaux : c’est la même literie, ce sont les mêmes vêtements, les mêmes ustensiles, mais par malheur ce ne sont pas partout les mêmes salles. Forcée de tirer parti des bâtiments souvent bien vieux, presque toujours mal distribués qu’on lui livrait, l’Assistance publique n’a pu encore donner à toutes ses infirmeries une ampleur désirable. Si les salles de La Riboisière sont vastes, aérées, éclairées par de larges fenêtres, quelques salles de l’Hôtel-Dieu, de la Pitié, de la Charité, sont trop étroites, ouvertes sous les combles, trop chaudes en été, trop froides en hiver, mal disposées pour le service, sans dégagements, et juchées en haut d’escaliers plus roides que l’échelle de Jacob.

 

À l’Hôtel-Dieu, on peut voir combien le système des agrandissements successifs et des adjonctions est déplorable. Le corps principal s’étend sur le parvis Notre-Dame ; pour le faire communiquer avec l’annexe du bureau central, on a creusé un tunnel qui passe sous la place, et pour le mettre en rapport avec le corps de logis situé sur le quai de Montebello, on a construit le pont Saint-Charles, pont couvert en bois, qu’une allumette mettrait en feu ; or ces deux couloirs formés par le pont et par le tunnel dégagent un courant d’air permanent tellement insupportable qu’on est forcé d’y tenir constamment allumé, en toute saison, un calorifère dont les tuyaux, serpentant le long des murailles, donnent un peu de chaleur à cette glaciale atmosphère.

 

De plus, pour se rendre du bureau d’admission aux bâtiments assis de l’autre côté de l’eau, à la salle d’accouchement par exemple, il faut gravir cent soixante-quatorze marches.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Hôtel-Dieu, vue d'ensemble prise de la place du Parvis Notre-Dame, Paris, 1925

Hôtel-Dieu, vue d'ensemble prise de la place du Parvis Notre-Dame, Paris, 1925

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6 décembre 2014 6 06 /12 /décembre /2014 12:00

Lorsqu’un homme est admis dans un hôpital, il est inscrit sur le registre des entrées et il est conduit dans une salle qui, sauf de bien rares exceptions, est placée sous le vocable d’un saint.

 

Là le malade est déshabillé par les infirmiers et couché sur un fort bon lit en fer, entouré de rideaux blancs sur toutes les faces, et composé d’un sommier élastique, d’un matelas, d’un traversin, d’un oreiller. De l’impériale pend une forte corde, munie à l’extrémité inférieure d’un morceau de bois en forme de manche de vrille, qui, tombant à la portée du malade, lui permet de prendre un point d’appui, de se hâler, c’est le mot, lorsqu’il veut se soulever. Au-dessus de sa tête s’allonge une planche qui sert de vide-poche ; à côté du lit une table de nuit supporte l’écuelle, le pot à tisane et divers autres ustensiles en vaisselle d’étain.

 

Dés qu’un individu, homme ou femme, est entré dans la salle qui lui a été désignée, il quitte son linge, ses vêtements, et jusqu’à l’heure de sa sortie il ne doit plus porter que la livrée de l’hôpital ; s’il meurt, celui-ci hérite de ses hardes, à moins qu’elles ne soient réclamées par sa famille ; comme on l’a vu plus haut, elles serviront à habiller un indigent.

 

Tous ces vêtements, qui bien souvent ne sont que des guenilles, sont réunis dans un vestiaire spécial ou empaquetés isolément dans des serpillières ; ils sont étiquetés après avoir été secoués, lavés, savonnés, soufrés, désinfectés de tout germe de contagion et purgés des parasites qui les habitaient. Cet usage hygiénique est fort ancien et remonte peut-être aux origines mêmes de l’Hôtel-Dieu. Le vestiaire s’appelait autrefois la pouillerie, du latin pullum, avec le sens de vêtement. Dans le Livre de la Vie active, dont j’ai rappelé une miniature, on lit : Et adoncques Pénitence hucha une de ses seurs nommée Desplaisance, pouillère de la Maison-Dieu, qui les malades despouille de leurs vielz et salles vestements et les porte à Compunction, maistresse de la grant lavenderie, qui les blanchit et nettoye en lexive.

 

Le costume réglementaire est fort simple : une capote en drap bleu et le classique bonnet de coton ; les femmes ont un jupon, une casaque de molleton, et portent une coiffe de cotonnade blanche ornée d’une petite garniture plissée. Certes, c’est là une bien modeste coiffure, mais lorsqu’elles se savent ou se croient jolies, elles trouvent moyen, surtout à Lourcine, de donner à cette espèce de cornette toutes les formes imaginables, dont quelques-unes sont vraiment charmantes de crânerie et d’imprévu.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Les malades sur la terrasse de l'Hôtel-Dieu, Paul Renouard, Paris, 1897, Musée du Louvre

Les malades sur la terrasse de l'Hôtel-Dieu, Paul Renouard, Paris, 1897, Musée du Louvre

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 12:00

Des bulletins portant le nombre des lits vacants dans chaque hôpital sont remis aux chirurgiens et aux médecins qui donnent les consultations au bureau central ; ceux-ci savent donc toujours à combien de malades ils peuvent accorder l’hospitalité.

 

Parmi les individus qui se sont adressés à eux, ils font un premier choix, et réservent pour un examen ultérieur ceux qui leur paraissent le plus gravement atteints. C’est là le groupe privilégié de la souffrance ; lorsque la consultation est terminée, il s’agit de faire une sélection définitive, car la proportion de ces malheureux dépasse invariablement celle des lits dont on peut disposer. On désigne alors ceux qui sans danger pour eux-mêmes, sans péril pour la santé publique, ne peuvent attendre. Selon le mal dont ils souffrent, selon les vacances indiquées, on les dirige sur tel ou tel hôpital. Ils ont parfois des sourires d’une joie navrante : enfin ils vont donc pouvoir étendre leurs pauvres membres endoloris et dormir à leur aise ! Les autres sont mécontents, ils se plaignent, ils sont injustes. On les remet au lendemain, on leur dit que la place seule et non pas la bonne volonté fait défaut ; mais on ne réussit guère à les calmer, et la plupart se retirent en maugréant. Ce spectacle est très-pénible. On a beau comprendre que le possible a été fait, que les hôpitaux, si vastes qu’ils soient, ne peuvent recevoir tous les malades qui se présentent, on a beau savoir que l’encombrement deviendrait promptement un danger redoutable, on se sent ému de pitié, et l’on voudrait pouvoir, d’un coup de baguette, centupler les ressources dont dispose notre organisation hospitalière.

 

Il est intéressant de constater quel a été le mouvement des nombreux services du bureau central, qu’on nomme aussi le dispensaire des hôpitaux. Du 1er mai 1869 au 1er mai 1870, on y a dirigé 16 128 malades sur les hôpitaux, et l’on en a ajourné 1 801, qui tous ont été placés peu de jours après, ou du moins ont été soignés à domicile ; le traitement général a compris 6 592 consultations, 14 093 pansements et 12 030 délivrances de médicaments ; les traitements spéciaux se sont trouvés en présence de 10 350 cas particuliers se groupant en six catégories distinctes : maladies des yeux, 2 823 ; maladies de femmes, 2 592 ; maladies du larynx, 738 ; teigne, 1 628 ; orthopédie, 1 590 ; maladies des dents, 879. Les diverses opérations des services particuliers s’élèvent à 19 017 et se divisent ainsi : consultations pour les aveugles et les paralytiques, 355 ; délivrances de certificats pour l’admission dans les maisons de retraite, 1 281 ; vaccinations et revaccinations, 1 078 ; bains, 6 778 ; applications de ventouses et électrisations, 1 304 ; soupes et bouillons, 1 086 ; enfin délivrances d’appareils, 6 235.

 

On parait fort large dans la distribution des appareils, car dans la nomenclature détaillée qui note tous ceux qui ont été donnés, on a indiqué des voitures mécaniques, des fausses dents et des yeux artificiels. Si dans la première année de son installation le bureau central a fait une pareille besogne, si ses services réunis totalisent 78 210 opérations de toute nature, on peut présumer dès à présent quel énorme et fécond développement une telle institution est appelée à recevoir sous l’impulsion de l’Assistance publique et avec l’aide du corps médical.

 

 

Maxime Du Camp, Les Hôpitaux de Paris et le nouvel Hôtel-Dieu, Revue des Deux Mondes, 1870

 

Consultation à l'Hôpital Bretonneau, tableau de Georges Chicotot, peintre et médecin radiologue, Musée de l'Assistance Publique, Paris, 1904 - pendant ses études à l’Ecole des Beaux-Arts, Georges Chicotot s’est passionné pour l’anatomie au point d’entreprendre des études de médecine tout en poursuivant son activité de peintre -

Consultation à l'Hôpital Bretonneau, tableau de Georges Chicotot, peintre et médecin radiologue, Musée de l'Assistance Publique, Paris, 1904 - pendant ses études à l’Ecole des Beaux-Arts, Georges Chicotot s’est passionné pour l’anatomie au point d’entreprendre des études de médecine tout en poursuivant son activité de peintre -

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