Toutefois les pères Roger, Nau, etc., nomment quelques portes en arabe. Je commence par ces dernières :
Bab-el-Kzalil, la porte du Bien-Aimé
elle s’ouvre à l’ouest. On sort par cette porte pour aller à Bethléem, Hébron et Saint-Jean-du-Désert. Nau écrit Bab-el-Khalil, et traduit : porte d’Abraham : c’est la porte de Jaffa de Deshayes, la porte des Pèlerins et quelquefois la porte de Damas des autres voyageurs.
Bab-el-Nabi-Dahoud, la porte du prophète David
elle est au midi, sur le sommet de la montagne de Sion, presque en face du tombeau de David et du Saint-Cénacle. Nau écrit Bab-Sidi-Daod. Elle est nommée Porte de Sion par Deshayes, Doubdan, Roger, Cotovic, Bénard, etc.
Bab-el-Maugrarbé, la porte des Maugrabins ou des Barbaresques
elle se trouve entre le levant et le midi, sur la vallée d’Annon, presque au coin du Temple, et en regard du village de Siloan. Nau écrit Babel-Megarebe. C’est la porte Sterquilinaire ou des ordures, par où les Juifs amenèrent Jésus-Christ à Pilate, après l’avoir pris au jardin des Oliviers.
Bab-el-Darahie, la porte Dorée
elle est au levant et donne sur le parvis du Temple. Les Turcs l’ont murée : une prédiction leur annonce que les chrétiens prendront un jour la ville par cette porte ; on croit que Jésus-Christ entra à Jérusalem par cette même porte le jour des Rameaux.
Bab-el-Sidi-Mariam, la porte de la Sainte-Vierge
à l’orient, vis-à-vis la montagne des Oliviers. Nau l’appelle en arabe Heutta. Toutes les relations de la Terre Sainte la nomment porte de Saint-Etienne ou de Marie, parce qu’elle fut témoin du martyre de saint Etienne et qu’elle conduit au sépulcre de la Vierge. Du temps des Juifs elle se nommait la porte des Troupeaux.
Bab-el-Zahara, la porte de l’Aurore ou du Cerceau, Cerchiolino
elle regarde le septentrion, et conduit à la grotte des Lamentations de Jérémie. Les meilleurs plans de Jérusalem s’accordent à nommer cette porte porte d’Ephraïm ou d’Hérode. Cotovic la supprime et la confond avec la porte de Damas ; il écrit : Porta Damascena, sive Effraïm ; mais son plan, trop petit et très défectueux, ne se peut comparer à celui de Shaw. Le plan du Voyage espagnol de Vera est très beau, mais chargé et inexact. Nau ne donne point le nom arabe de la porte d’Ephraïm ; il est peut-être le seul voyageur qui l’appelle porte des Turcomans. La porte d’Ephraïm et la porte Sterquilinaire ou du fumier sont les deux petites portes de Jérusalem.
Bab-el-Hamond ou Bab-el-Cham, la porte de la Colonne ou de Damas
elle est tournée au nord-ouest, et mène aux sépulcres des rois, à Naplouse ou Sichem, à Saint-Jean-d’Acre et à Damas. Nau écrit Bab-el-Amond. Quand Simon le Cyrénéen rencontra Jésus-Christ chargé de la croix, il venait de la porte de Damas. Les pèlerins entraient anciennement par cette porte, maintenant ils entrent par celle de Jaffa ou de Bethléem : d’où il est arrivé qu’on a transporté le nom de la porte de Damas à la porte de Jaffa ou des Pèlerins. Cette observation n’a point encore été faite, et je la consigne ici pour expliquer une confusion de lieux qui embarrasse quelquefois dans les récits des voyageurs.
Venons maintenant au détail des rues.
Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem, Quatrième partie : Voyage de Jérusalem