Marcel Bigeard, qui s'est éteint vendredi matin à son domicile de Toul (Meurthe-et-Moselle) à l'âge de 94 ans, le jour du 70ème anniversaire de l'Appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, s'était évadé du camp où il était prisonnier en Allemagne, le 11 novembre 1941.
Paris le 18 juin 2010 - extraits de la dépêche AFP de Bernard Taverne :
Ancien deuxième classe devenu général, secrétaire d'Etat et député, Marcel Bigeard, mort à 94 ans vendredi, jour anniversaire de l'appel de de Gaulle, était l'une des figures les plus populaires de l'armée française.
Sorti du rang, ce parachutiste avait gagné ses galons au feu, à la manière d'un maréchal d'Empire, dont il avait le franc-parler et la verdeur de langage.
Héros de la Résistance, puis des guerres coloniales, son nom reste attaché à la bataille de Dien Bien Phu qui sonna le glas de la présence française en Indochine.
Commandant du 6ème bataillon de parachutistes coloniaux, le lieutenant-colonel Bigeard avait été parachuté deux fois sur Dien Bien Phu, encerclé par le Viet-Minh, où il avait résisté jusqu'à la chute du camp retranché, le 7 mai 1954.
Fils d'un aiguilleur des chemins de fer né à Toul (Meurthe-et-Moselle), il est employé de banque quand il est rappelé comme caporal-chef en 1939 sur la ligne Maginot.
Il s'engage dans les corps francs durant la "Drôle de guerre". Blessé, cité, il est fait prisonnier en juin 1940. A sa seconde tentative, il s'évade de son stalag et rejoint l'infanterie coloniale au Sénégal.
Parachuté dans l'Ariège en juillet 1944, il en coiffe les maquis et libère Foix, puis participe à tous les combats pour la Libération.
Prisonnier six mois du Viet-Minh après Dien Bien Phu, dans de dures conditions, il rentre en France en 1955.
Lors du conflit algérien, deux fois grièvement blessé, "Bruno" - son indicatif radio sur le terrain -, commande le 3ème régiment de parachutistes coloniaux.
Sous les ordres du général Massu, il participe à la bataille d'Alger en 1957, à un "travail de flics", comme il l'écrit.
Promu général de corps d'armée en décembre 1973, il commande la 4ème région militaire
de Bordeaux lorsque Valéry Giscard d'Estaing le nomme, en janvier 1975, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Défense.
Mais il démissionne six mois plus tard, après des propos virulents sur le malaise de l'armée et l'insuffisance de son budget.
Député de Meurthe-et-Moselle (1978-1988), Bigeard préside la commission de la Défense de l'Assemblée (1978-1981).
Cet homme de fidélité avait souhaité la dispersion de ses cendres sur Dien Bien Phu afin de "rejoindre ses camarades tombés au combat".
Au cours de l'été 1994, le vieux baroudeur était revenu pour la première fois sur le site de la terrible bataille. La voix brisée par l'émotion, il avait murmuré: "A bientôt".