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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

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Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 05:00

André mourant sur la croix put dire après le Sauveur du monde : Vous n'avez plus voulu, Seigneur, de la chair et du sang des animaux ; mais vous m'avez formé un corps : les anciens holocaustes ont commencé à vous déplaire, ou du moins ont cessé de vous plaire, et alors j'ai dit : Me voici,  je viens,  je me présente ; recevez-moi comme votre victime : Tunc dixi : Ecce venio.

BOURDALOUE

 

 

Le saint usage des afflictions et des croix de cette vie, l'acceptation humble et soumise de celles que Dieu nous envoie, la résignation à celles que le monde nous suscite, notre patience dans les calamités ou publiques ou particulières, dans les pertes de biens, dans les maladies, tout cela prêchera pour nous, et nous prêcherons par tout cela. C'est ainsi que saint André a trouvé sur la croix l'accomplissement de son apostolat ; et voici encore comment il y a trouvé la consommation de son sacerdoce. Donnez, s'il vous plaît, une attention toute nouvelle à cette seconde partie.

 

Pouvoir présenter à Dieu le sacrifice du corps de Jésus-Christ, et avoir pour cela dans le christianisme un caractère particulier, c'est en quoi consiste l'essence du sacerdoce de la loi de grâce. Joindre au sacrifice adorable du corps de Jésus-Christ le sacrifice de soi-même, et s'immoler soi-même à Dieu au même temps qu'on lui offre ce divin agneau immolé pour le salut du monde, c'est dans la doctrine de saint Augustin, ce qui met le comble au sacerdoce de la loi de grâce, et ce qui lui donne sa dernière perfection. Sacerdoce de la loi de grâce dont je conviens que les prêtres seuls sont les premiers et les principaux ministres, mais auquel il est pourtant vrai que tous les chrétiens, en qualité de chrétiens, ont droit et même obligation de participer. Sacerdoce de la loi de grâce, qui, par cette raison, nous impose à tous, de quelque condition que nous soyons, l'indispensable devoir de nous offrir nous-mêmes à Dieu comme un supplément du sacrifice de Jésus-Christ : car voilà, encore une fois, ce qui fait devant Dieu la perfection du sacerdoce chrétien, dont l'Apôtre relevait si haut l'excellence et la dignité ; voilà par où ce sacerdoce lui paraissait si auguste, quand il le comparait au sacerdoce de l'ancienne loi ; et voilà ce qui nous le doit rendre vénérable : cet engagement où nous sommes, et ce pouvoir que nous avons d'être, comme le Sauveur, des hosties vivantes présentées à Dieu par l'union de notre sacrifice avec le sacrifice de l'Homme-Dieu. Or je prétends que saint André a su pleinement s'acquitter de ce devoir : et où ? sur la croix. D'où je conclus que c'est sur la croix, comme sur l'autel mystérieux que Dieu lui avait préparé, qu'il a heureusement trouvé la consommation de son sacerdoce. Ne perdez pas le fruit de cette vérité, qui, tout avantageuse qu'elle est au saint dont je vous fais l'éloge, sera encore plus utile et plus édifiante pour vous.

 

Je l'ai dit, mes chers auditeurs, et je le répète, il faut, pour nous rendre dignes de Dieu, que nous joignions le sacrifice de nous-mêmes au sacrifice du corps de Jésus-Christ : c'est le devoir essentiel à quoi le christianisme nous engage ; et je ne crains point de passer pour téméraire, ni de rien avancer qui ne soit conforme à la plus exacte théologie, quand je soutiens que sans cela notre sacerdoce n'a pas, selon Dieu, toute la perfection qu'il doit avoir ; car il est de la foi, qu'encore que le sacrifice de l'humanité de Jésus-Christ ait eu par lui-même une vertu infinie pour nous sanctifier et pour nous réconcilier avec Dieu, Dieu néanmoins, par une conduite particulière de sa providence, ne l'a accepté, pour nous accorder en effet la grâce de cette réconciliation et de cette sanctification, qu'autant qu'il a prévu que ce sacrifice devait être et serait accompagné de notre coopération. Il est de la foi qu'encore qu'il n'ait rien manqué au sacrifice de notre rédemption de la part de Jésus-Christ, qui l’a offert pour nous comme notre médiateur et le souverain prêtre, il peut y manquer quelque chose de notre part ; en sorte que ce sacrifice, tout divin qu'il est, par le défaut de notre correspondance, nous devienne infructueux, et ne soit pour nous de nulle efficace. Or, ce qui peut manquer de notre part au sacrifice de Jésus-Christ, c'est le sacrifice personnel que Dieu exige de nous, et que nous lui devons faire de nous-mêmes, mais que souvent nous ne lui faisons pas. De là vient que saint Paul, à qui ce mystère avait été spécialement révélé, se faisait une loi inviolable d'accomplir tous les jours dans sa chair ce qui manquait aux souffrances de Jésus-Christ : Adimpleo ea quœ desunt passionum Christi in carne mea (Coloss., I, 24.) . Il restait donc encore pour saint Paul quelque chose à ajouter au sacrifice du Fils de Dieu. Prenez garde : quelque chose par rapport à saint Paul même ; quelque chose d'où dépendait en un sens, pour saint Paul même, le mérite, ou plutôt l'application actuelle du sacrifice du Fils de Dieu ; quelque chose par où saint Paul même se croyait obligé de remplir la mesure des souffrances du Fils de Dieu. Or comment la remplissait-il, cette mesure ? Par la ferveur de sa pénitence, par l'austérité de sa vie, par la mortification de sa chair ; car c'étaient là, remarque saint Chrysostome, autant de sacrifices de lui-même qu'il unissait à ce grand sacrifice de la croix, et en vertu desquels il pouvait dire : Adimpleo ea quœ desunt passionem Christi in carne mea.

 

C'est de là même aussi que saint Augustin trouvait des liaisons si étroites entre ces demi sacrifices, je dis entre le sacrifice de Jésus-Christ et le sacrifice de nous-mêmes, qu'il ne voulait pas qu'on séparât jamais l'un de l'autre: tellement que comme Jésus-Christ, en qualité d'Homme-Dieu , a été notre victime, nous devons être la sienne en qualité de chrétiens. Ecoutez les paroles de ce saint docteur, que je ne dois pas omettre dans une matière si importante : Cujus Redemptoris ac Domini, et nos sacrificium esse debemus per ipsummet offerendi, qui in homine quem suscepit, sacrificium ipse pro nobis fieri dignatus est.

 

D'où il s'ensuit que toutes les fois que nous assistons aux divins mystères, nous devons faire état que ce n'est pas seulement pour y présenter l'agneau sans tache qui est immolé sur l'autel, mais pour y être nous-mêmes présentés et immolés. Et cela , reprend saint Augustin, non seulement par la raison de l'union intime qui est entre lui et nous, et qui fait qu'étant notre chef, et nous les membres de son corps, il ne peut ni ne doit jamais être sacrifié, que nous ne le soyons avec lui : Quia cum Ecclesia Christi sit corpus, et Christui Ecclesiœ caput, tam ipso per ipsum, quam ipse per ipsam debet offerri ; mais par la convenance même et le principe de nos plus justes et de nos plus indispensables obligations : car quel désordre, Seigneur, que je parusse devant vos autels dans une moindre disposition d'humilité que celle où vous y paraissez ; que vous y fussiez la victime de mon péché, et que l'expiation de ce péché ne me coûtât rien ? Il ne suffit donc pas, conclut saint Léon, pape, que nous offrions à Dieu le sacrifice du corps de Jésus-Christ, si, selon le précepte de l'Apôtre, nous ne nous offrons encore nous-mêmes ; comme il ne nous suffirait pas de lui offrir nos corps et même nos âmes, si nous n'avions à lui offrir le sacrifice du corps de Jésus-Christ. Notre sacrifice, sans celui de Jésus-Christ, serait un sacrifice indigne de Dieu : et celui de Jésus-Christ sans le nôtre serait, non pas insuffisant, mais inutile pour nous. L'un avec l'autre, c'est ce qui consomme le grand ouvrage de notre justification, et ce qui fait le vrai sacerdoce des chrétiens.

 

Or voilà, mes chers auditeurs, ce que nous voyons dans le glorieux apôtre dont nous honorons aujourd'hui la mémoire. Qu'est-ce que saint André, et sous quelle idée, nous attachant aux actes de son martyre, devons-nous le considérer ? sous l'idée d'un prêtre fervent, d'un prêtre zélé, d'un prêtre plein de religion, qui, tous les jours de sa vie, ne manqua jamais d'immoler sur l'autel l'agneau de Dieu, et qui, par sa mort, couronna son sacerdoce en s'immolant lui-même sur la croix : car ce sont là les deux principales actions que son histoire nous marque, et à quoi je réduis toute la sainteté de son ministère. Ecoutez ceci : André est conduit devant le tribunal d'un juge païen ; et ce juge, avant que de le condamner, entreprend de le pervertir, et le presse de racheter sa vie en sacrifiant aux idoles. Mais : Moi, lui répond l'homme de Dieu, sacrifier aux idoles ! Ne savez-vous pas qui je suis ? ignorez-vous la profession que je fais de servir le Dieu du ciel et de la terre, et l'honneur que j'ai de lui sacrifier chaque jour, non pas le sang des boucs ni des taureaux, mais l'agneau qui efface les péchés du monde ? Ego omnipotenti Deo immolo quotidie, non taurorum carnes, sed agnum immaculatum (Act. mart. S. Andr.). Oui, poursuit le généreux apôtre, c'est entre mes mains que cet agneau est tous les jours immolé ; mais la merveille que vous ne connaissez pas et que j'ai à vous découvrir, c'est qu'après l'immolation de cet agneau, il est toujours vivant, et que sa chair, quoique distribuée aux fidèles, demeure encore tout entière, parce qu'elle est désormais incorruptible : Cujus carnem postquam omnis plebs credentium manducaverit, agnus qui sanctificatus est, integer perseverat, et vivus (Ibid.). Témoignage invincible en faveur du sacrifice de la messe, et qui pourrait seul réfuter toutes les erreurs des  derniers hérésiarques touchant la divine Eucharistie, puisqu'il nous apprend comment Dieu, dès le premier âge de l'Eglise, a pris soin d'établir la tradition de ce mystère.

 

Mais sans m'arrêter à cette controverse, et pour profiter, en passant, d'un exemple si authentique, permettez-moi, mes Frères, une courte digression qui, toute bornée qu'elle est dans la morale qu'elle renferme, ne laissera pas d'avoir son utilité ; car ceci nous regarde, nous qui, revêtus de la dignité du sacerdoce, sommes spécialement les ministres de notre Dieu et de ses autels. Qu'est-ce qu'un prêtre de Jésus-Christ ? le voici. Un homme engagé par sa vocation à entrer tous les jours dans le sanctuaire ; un homme disposé, comme saint André, à offrir tous les jours à Dieu le sacrifice non sanglant du corps du Sauveur. Voilà à quoi nous sommes appelés. Mais être prêtre, et n'en faire que rarement la plus noble fonction ; être prêtre, et même, si vous voulez, grand prêtre, et ne paraître à l'autel qu'à certains jours de cérémonie, qu'en certaines occasions d'éclat, que lorsqu'on ne peut s'en dispenser, que quand on s'y trouve forcé par un respect humain et par un devoir de bienséance ; être prêtre, et s'abstenir des choses saintes pour mener une vie toute profane, pour entretenir dans le monde de vains commerces, pour se dissiper dans les divertissements du siècle, ou plutôt mener une vie dissipée, profane, mondaine, jusqu'à être malheureusement obligé de s'abstenir des choses saintes ; être prêtre, et se mettre par sa conduite hors d'état de célébrer les sacrés mystères, s'en rendre positivement indigne, et au lieu de se reprocher cette indignité volontaire comme un crime et un sujet de confusion, s'autoriser par là dans l'éloignement de Dieu où l'on vit, et s'en faire un faux prétexte de piété ; être prêtre de la sorte, ah ! mes Frères, s'écriait saint Chrysostome, est-il rien de plus opposé à la sainteté du sacerdoce, rien de plus injurieux à Jésus-Christ, rien de plus triste pour son épouse, qui est l'Eglise ? et moi j'ajoute, rien de plus contraire à l'exemple que Dieu nous propose dans la personne de saint André ?

 

Mais André en demeure-t-il là ? non, Chrétiens : comme il est prêtre de la loi nouvelle, après avoir immolé la chair de Jésus-Christ, et satisfait à ce qu'il y a de plus essentiel dans son ministère, il y joint ce qui en doit être la perfection en s'immolant soi-même ; et c'est ici que la croix lui servit de moyen pour parvenir à l'accomplissement de ses désirs, et à la gloire consommée de son sacerdoce. Je m'explique : sur le refus qu'il fait de sacrifier aux idoles, on lui présente l'instrument de son supplice ; et comment envisage-t-il cette croix ? comme un autre autel où il va présenter à Dieu le sacrifice de sa personne et de sa vie. Oui, Seigneur, dit-il, s'adressant à Jésus-Christ, c'est pour cela que je l'embrasse, cette croix, parce que c'est sur elle que je vais remplir dans toute son étendue mon sacerdoce. Assez longtemps, ô mon Dieu , j'ai fait l'office de sacrificateur à vos dépens ; il faut que je le fasse aux dépens de moi-même. Je vous ai mille fois sacrifié pour moi : il faut que je me sacrifie une fois pour vous, et que par cet effort de reconnaissance, vous rendant amour pour amour et sacrifice pour sacrifice, j'aie enfin la consolation d'être crucifié pour votre gloire, comme vous l'avez été pour mon salut. Ainsi parle-t-il ; et sans différer, il étend sur la croix son corps vénérable : il n'attend pas que les bourreaux l'y attachent, il prévient leur cruauté par sa ferveur, ne voulant pas devoir à un autre l'honneur de son crucifiement, mais regardant encore comme un précieux avantage d'être tout ensemble et la victime et le prêtre de son sacrifice : car c'est en cela, dit saint Augustin, qu'a particulièrement consisté l'excellence et le mérite du sacerdoce de Jésus-Christ. Dans l'ancienne loi, on n'avait rien vu de semblable ; les hommes les plus saints s'étaient contentés d'honorer Dieu par des victimes étrangères ; et parce que ce culte était imparfait, le Fils de Dieu, comme pontife, était venu faire à son Père cette pleine oblation où il voulut être tout à la fois le sacrificateur et l'hostie : Idem sacerdos et victima ; mais ce qui fut vrai de Jésus-Christ l'est encore de saint André, avec toute la proportion néanmoins et tout le rapport qu'il peut y avoir entre un homme et un Homme-Dieu. André mourant sur la croix put dire après le Sauveur du monde : Vous n'avez plus voulu, Seigneur, de la chair et du sang des animaux ; mais vous m'avez formé un corps : les anciens holocaustes ont commencé à vous déplaire, ou du moins ont cessé de vous plaire, et alors j'ai dit : Me voici, je viens, je me présente ; recevez-moi comme votre victime : Tunc dixi : Ecce venio (Psalm., XXXIX, 8.).

 

Voilà, mes chers auditeurs, le modèle que Dieu vous met à tous devant les yeux ; je dis, à tous sans différence ni de condition ni de rang. En quelque état que vous soyez, vous êtes , comme chrétiens, nécessairement associés au sacerdoce royal de Jésus-Christ ; et c'est à vous, quoique laïques, que parlait saint Pierre, quand il appelait les chrétiens race choisie, prêtres-rois, nation sainte, peuple conquis : Vos autem genus electum, regale sacerdotium, gens sancta (1 Petr., II, 9.). Il est de la foi que sans autre caractère que celui de chrétiens, par la seule onction du baptême, le Sauveur des hommes nous a fait rois et prêtres de Dieu son Père : Et fecisti nos Deo nostro regnum et sacerdotes (Apoc, V, 10.). Si je vous disais qu'en cette qualité il ne tient qu'à vous d'offrir tous les jours à Dieu le même agneau qu'immolait saint André, et qu'en effet vous l'offrez aussi bien que lui toutes les fois que vous assistez au sacrifice de votre religion, peut-être seriez-vous surpris de vous voir élevés par là à une si haute dignité. Mais vous devez l'être encore bien plus, ou d'avoir ignoré jusqu'à présent ce que vous êtes, ou de l'avoir su, et d'avoir manqué de zèle pour vous acquitter dignement d'une si glorieuse fonction : car puisque ce n'est pas en simples témoins, mais en ministres du Seigneur, que vous assistez à ce sacrifice, et que l'oblation du corps de Jésus-Christ ne s'y fait pas seulement en votre présence, mais en votre nom, quelle attention, quel respect, quelle ardeur de dévotion y devez-vous apporter ? C'est ce qui rend vos irrévérences si criminelles et même si abominables ; c'est ce qui en fait comme autant de sacrilèges. Ah ! Chrétiens, quelle indignité, que vous présentiez au Dieu immortel, avec un esprit égaré, un cœur froid, sans nul recueillement, sans nul sentiment, le même sacrifice où notre saint apôtre a épuisé tout le feu de sa charité ! Que dis-je ? quelle profanation, que vous y veniez pour y voir le monde et pour y être vus, pour y étaler tout le faste du monde et tout l'appareil de votre luxe, pour y contenter votre vanité, votre curiosité, et peut-être pour y entretenir vos plus honteuses passions ! Scandale digne de toute la colère de Dieu, et qui n'est devenu, par l'impiété de notre siècle, que trop commun.

 

Mais ce n'est pas à quoi je m'arrête : ce que je prétends que vous remportiez de ce discours, c'est une sincère et forte résolution d'offrir continuellement à Dieu, comme saint André, le sacrifice de vos corps, et de l'unir au sacrifice du corps de Jésus-Christ, puisque c'est par là que vous devez participer à l'honneur et à la perfection du sacerdoce de la loi de grâce, à quoi votre vocation vous engage indispensablement. Ce que je vous demande, c'est que vous vous appliquiez sans cesse ce que saint Paul recommandait si expressément aux Romains, quand il leur disait : Obsecro vos per misericordiam Dei (Rom., XII, 1.) ; je vous conjure, mes Frères , par la miséricorde de notre Dieu, et de quoi ? de lui offrir vos corps dans cet état de sainteté, dans cet état de pureté où ils puissent lui plaire, et où vous puissiez lui rendre un culte raisonnable et spirituel, ne vous conformant point au siècle présent, mais vous renouvelant chaque jour dans l'intérieur de l'esprit : paroles qui comprennent, en abrégé, tout le fonds de la vie chrétienne, et qui devraient être le plus ordinaire sujet de vos considérations. Mais dites-moi, mes chers auditeurs, vos corps ont-ils ces qualités nécessairement requises pour être la matière de ce sacrifice que saint Paul veut que vous présentiez à Dieu ? sont-ce des corps purs, des corps exempts de la corruption du péché  en un mot, des corps dignes d'être offerts avec le corps de Jésus-Christ, et de composer avec lui ce sacrifice complet dont je viens de vous parler ! S'ils ne sont pas tels, oserez-vous les offrir à Dieu ? et si vous n'osez les offrir à Dieu, comment pouvez-vous paraître vous-mêmes devant Dieu, et approcher de ses autels ? Ah ! Chrétiens, si l'on vous disait que vous devez absolument, et à la lettre, faire de vos corps le même sacrifice que saint André ; que vous devez être prêts, comme lui, à sacrifier votre vie par un long et cruel supplice ; que vous devez souffrir, comme lui, un rigoureux martyre ; que vous devez, comme lui, vous résoudre à mourir pour Dieu, et que, sans cela, il n'y a point de salut pour vous ; si, dis-je, Dieu mettait votre foi à une pareille épreuve, quoique vous fussiez obligés de vous y soumettre, du moins auriez-vous droit de craindre, et de vous délier de vous-mêmes. Mon zèle à vous animer, à vous encourager, à vous soutenir dans une si dangereuse conjoncture, quelque ardent qu'il put être, ne m'empêcherait pas de compatir à votre faiblesse, et de trembler le premier pour vous. Mais quand je vous dis que ce sacrifice de vos corps, dont il est aujourd'hui question, se réduit, dans la pratique, à les maintenir dans une pureté convenable, à leur faire porter le joug d'une salutaire tempérance, d'une exacte sobriété, d'une prudente austérité, d'une solide mortification ; à leur retrancher les débauches qui les détruisent, la mollesse qui les corrompt, l'oisiveté qui les appesantit ; a réprimer leurs révoltes, à ne pas vivre selon leurs cupidités, à les rendre souples à la loi de Dieu , à les assujettir aux observances de la religion, à les endurcir au travail, choses communes et praticables dans les états mêmes du monde les moins parfaits : qu'avez-vous à répondre ? quand cette régularité de vie, quand cette sévérité de mœurs, quand cette exactitude serait pour vous une espèce de croix, pourriez-vous justement vous en décharger, ou refuser de la prendre ? ne devriez-vous pas vous tenir heureux de la trouver dans des choses d'ailleurs si conformes à vos obligations, et rendre grâces à Dieu de ce qu'enfin vous avez appris quel est ce sacrifice de vos corps par où il veut être glorifié ?

 

Cependant, Chrétiens, voici le désordre, et si je l'ose dire, la honte et l'opprobre du christianisme : des hommes associés par le baptême au sacerdoce de Jésus-Christ, et qui, selon la règle de l'Apôtre, devraient offrir leurs corps comme des hosties pures devant Dieu, en font des victimes pour le démon, pour la sensualité, pour l'impureté, pour l'adultère. Saint Paul ne voulait pas que, parmi les fidèles, on prononçât même les noms de ces passions infâmes : mais le moyen de s'en taire, dans le honteux débordement des vices qui infectent l'Eglise de Dieu ? Pouvons-nous, disait saint Cyprien, cacher nos plaies, quand elles sont mortelles ; et ne vaut-il pas mieux les découvrir pour les guérir, que de les dissimuler pour nous perdre ? Ô mon Dieu, où en sommes-nous, et à quelle extrémité le péché nous a-t-il portés ? Vous , Seigneur , qui, dans l'ancienne loi, étiez si jaloux de la pureté des victimes qu'on vous présentait, et qui rejetiez celles où il paraissait la moindre souillure, comment pouvez-vous maintenant agréer les nôtres ? Le sacrifice d'un corps impur et esclave du péché, bien loin de vous plaire, ne doit-il pas plutôt vous offenser et vous irriter ? Mais enfin, me dira-t-on, quelque corrompus qu'aient été jusqu'à présent nos corps par le péché, ne peuvent-ils plus être offerts à Dieu ? Oui, Chrétiens, ils le peuvent, sinon par le sacrifice de la continence, au moins par celui de la pénitence : et c'est en ce sens que saint Paul nous avertit de les faire désormais servir, non plus au péché, mais à la justice. Dieu même tirera de vous alors une gloire particulière, et vous relèverez d'autant plus le triomphe de sa grâce, qu'elle aura eu dans vous de plus forts et de plus dangereux ennemis à surmonter. La pénitence vous tiendra lieu de croix, et cette croix sera l'autel où vous vous immolerez.

 

Ah ! Seigneur, répandez sur cet auditoire chrétien l'esprit de sainteté dont fut rempli le grand apôtre que nous honorons ; répandez sur cette église qui porte son nom, l'abondance de votre grâce ; donnez-nous cet amour de la croix, sans quoi il est impossible que nous vous fassions jamais le sacrifice de nous-mêmes ; inspirez-nous le même sentiment qu'eut saint André à la vue de la croix, lorsqu'il s'écria : Ô croix, source de mon bonheur ! O bona crux (Act. mart. S. Andr.) ! Faites que nous le disions comme lui, que nous le pensions comme lui, et que, par la voie de la croix, nous parvenions à la même gloire que lui, qui est la gloire éternelle. 

 

BOURDALOUE, SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT ANDRÉ 

 

 

SAINT ANDRÉ, François Duquesnoy, Basilica di San Pietro, Vatican

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