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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

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Cathédrale de Cambrai

 

 

 

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Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

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BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

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SALVE REGINA

2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 05:00

André mourant sur la croix put dire après le Sauveur du monde : Vous n'avez plus voulu, Seigneur, de la chair et du sang des animaux ; mais vous m'avez formé un corps : les anciens holocaustes ont commencé à vous déplaire, ou du moins ont cessé de vous plaire, et alors j'ai dit : Me voici,  je viens,  je me présente ; recevez-moi comme votre victime : Tunc dixi : Ecce venio.

BOURDALOUE

 

 

Le saint usage des afflictions et des croix de cette vie, l'acceptation humble et soumise de celles que Dieu nous envoie, la résignation à celles que le monde nous suscite, notre patience dans les calamités ou publiques ou particulières, dans les pertes de biens, dans les maladies, tout cela prêchera pour nous, et nous prêcherons par tout cela. C'est ainsi que saint André a trouvé sur la croix l'accomplissement de son apostolat ; et voici encore comment il y a trouvé la consommation de son sacerdoce. Donnez, s'il vous plaît, une attention toute nouvelle à cette seconde partie.

 

Pouvoir présenter à Dieu le sacrifice du corps de Jésus-Christ, et avoir pour cela dans le christianisme un caractère particulier, c'est en quoi consiste l'essence du sacerdoce de la loi de grâce. Joindre au sacrifice adorable du corps de Jésus-Christ le sacrifice de soi-même, et s'immoler soi-même à Dieu au même temps qu'on lui offre ce divin agneau immolé pour le salut du monde, c'est dans la doctrine de saint Augustin, ce qui met le comble au sacerdoce de la loi de grâce, et ce qui lui donne sa dernière perfection. Sacerdoce de la loi de grâce dont je conviens que les prêtres seuls sont les premiers et les principaux ministres, mais auquel il est pourtant vrai que tous les chrétiens, en qualité de chrétiens, ont droit et même obligation de participer. Sacerdoce de la loi de grâce, qui, par cette raison, nous impose à tous, de quelque condition que nous soyons, l'indispensable devoir de nous offrir nous-mêmes à Dieu comme un supplément du sacrifice de Jésus-Christ : car voilà, encore une fois, ce qui fait devant Dieu la perfection du sacerdoce chrétien, dont l'Apôtre relevait si haut l'excellence et la dignité ; voilà par où ce sacerdoce lui paraissait si auguste, quand il le comparait au sacerdoce de l'ancienne loi ; et voilà ce qui nous le doit rendre vénérable : cet engagement où nous sommes, et ce pouvoir que nous avons d'être, comme le Sauveur, des hosties vivantes présentées à Dieu par l'union de notre sacrifice avec le sacrifice de l'Homme-Dieu. Or je prétends que saint André a su pleinement s'acquitter de ce devoir : et où ? sur la croix. D'où je conclus que c'est sur la croix, comme sur l'autel mystérieux que Dieu lui avait préparé, qu'il a heureusement trouvé la consommation de son sacerdoce. Ne perdez pas le fruit de cette vérité, qui, tout avantageuse qu'elle est au saint dont je vous fais l'éloge, sera encore plus utile et plus édifiante pour vous.

 

Je l'ai dit, mes chers auditeurs, et je le répète, il faut, pour nous rendre dignes de Dieu, que nous joignions le sacrifice de nous-mêmes au sacrifice du corps de Jésus-Christ : c'est le devoir essentiel à quoi le christianisme nous engage ; et je ne crains point de passer pour téméraire, ni de rien avancer qui ne soit conforme à la plus exacte théologie, quand je soutiens que sans cela notre sacerdoce n'a pas, selon Dieu, toute la perfection qu'il doit avoir ; car il est de la foi, qu'encore que le sacrifice de l'humanité de Jésus-Christ ait eu par lui-même une vertu infinie pour nous sanctifier et pour nous réconcilier avec Dieu, Dieu néanmoins, par une conduite particulière de sa providence, ne l'a accepté, pour nous accorder en effet la grâce de cette réconciliation et de cette sanctification, qu'autant qu'il a prévu que ce sacrifice devait être et serait accompagné de notre coopération. Il est de la foi qu'encore qu'il n'ait rien manqué au sacrifice de notre rédemption de la part de Jésus-Christ, qui l’a offert pour nous comme notre médiateur et le souverain prêtre, il peut y manquer quelque chose de notre part ; en sorte que ce sacrifice, tout divin qu'il est, par le défaut de notre correspondance, nous devienne infructueux, et ne soit pour nous de nulle efficace. Or, ce qui peut manquer de notre part au sacrifice de Jésus-Christ, c'est le sacrifice personnel que Dieu exige de nous, et que nous lui devons faire de nous-mêmes, mais que souvent nous ne lui faisons pas. De là vient que saint Paul, à qui ce mystère avait été spécialement révélé, se faisait une loi inviolable d'accomplir tous les jours dans sa chair ce qui manquait aux souffrances de Jésus-Christ : Adimpleo ea quœ desunt passionum Christi in carne mea (Coloss., I, 24.) . Il restait donc encore pour saint Paul quelque chose à ajouter au sacrifice du Fils de Dieu. Prenez garde : quelque chose par rapport à saint Paul même ; quelque chose d'où dépendait en un sens, pour saint Paul même, le mérite, ou plutôt l'application actuelle du sacrifice du Fils de Dieu ; quelque chose par où saint Paul même se croyait obligé de remplir la mesure des souffrances du Fils de Dieu. Or comment la remplissait-il, cette mesure ? Par la ferveur de sa pénitence, par l'austérité de sa vie, par la mortification de sa chair ; car c'étaient là, remarque saint Chrysostome, autant de sacrifices de lui-même qu'il unissait à ce grand sacrifice de la croix, et en vertu desquels il pouvait dire : Adimpleo ea quœ desunt passionem Christi in carne mea.

 

C'est de là même aussi que saint Augustin trouvait des liaisons si étroites entre ces demi sacrifices, je dis entre le sacrifice de Jésus-Christ et le sacrifice de nous-mêmes, qu'il ne voulait pas qu'on séparât jamais l'un de l'autre: tellement que comme Jésus-Christ, en qualité d'Homme-Dieu , a été notre victime, nous devons être la sienne en qualité de chrétiens. Ecoutez les paroles de ce saint docteur, que je ne dois pas omettre dans une matière si importante : Cujus Redemptoris ac Domini, et nos sacrificium esse debemus per ipsummet offerendi, qui in homine quem suscepit, sacrificium ipse pro nobis fieri dignatus est.

 

D'où il s'ensuit que toutes les fois que nous assistons aux divins mystères, nous devons faire état que ce n'est pas seulement pour y présenter l'agneau sans tache qui est immolé sur l'autel, mais pour y être nous-mêmes présentés et immolés. Et cela , reprend saint Augustin, non seulement par la raison de l'union intime qui est entre lui et nous, et qui fait qu'étant notre chef, et nous les membres de son corps, il ne peut ni ne doit jamais être sacrifié, que nous ne le soyons avec lui : Quia cum Ecclesia Christi sit corpus, et Christui Ecclesiœ caput, tam ipso per ipsum, quam ipse per ipsam debet offerri ; mais par la convenance même et le principe de nos plus justes et de nos plus indispensables obligations : car quel désordre, Seigneur, que je parusse devant vos autels dans une moindre disposition d'humilité que celle où vous y paraissez ; que vous y fussiez la victime de mon péché, et que l'expiation de ce péché ne me coûtât rien ? Il ne suffit donc pas, conclut saint Léon, pape, que nous offrions à Dieu le sacrifice du corps de Jésus-Christ, si, selon le précepte de l'Apôtre, nous ne nous offrons encore nous-mêmes ; comme il ne nous suffirait pas de lui offrir nos corps et même nos âmes, si nous n'avions à lui offrir le sacrifice du corps de Jésus-Christ. Notre sacrifice, sans celui de Jésus-Christ, serait un sacrifice indigne de Dieu : et celui de Jésus-Christ sans le nôtre serait, non pas insuffisant, mais inutile pour nous. L'un avec l'autre, c'est ce qui consomme le grand ouvrage de notre justification, et ce qui fait le vrai sacerdoce des chrétiens.

 

Or voilà, mes chers auditeurs, ce que nous voyons dans le glorieux apôtre dont nous honorons aujourd'hui la mémoire. Qu'est-ce que saint André, et sous quelle idée, nous attachant aux actes de son martyre, devons-nous le considérer ? sous l'idée d'un prêtre fervent, d'un prêtre zélé, d'un prêtre plein de religion, qui, tous les jours de sa vie, ne manqua jamais d'immoler sur l'autel l'agneau de Dieu, et qui, par sa mort, couronna son sacerdoce en s'immolant lui-même sur la croix : car ce sont là les deux principales actions que son histoire nous marque, et à quoi je réduis toute la sainteté de son ministère. Ecoutez ceci : André est conduit devant le tribunal d'un juge païen ; et ce juge, avant que de le condamner, entreprend de le pervertir, et le presse de racheter sa vie en sacrifiant aux idoles. Mais : Moi, lui répond l'homme de Dieu, sacrifier aux idoles ! Ne savez-vous pas qui je suis ? ignorez-vous la profession que je fais de servir le Dieu du ciel et de la terre, et l'honneur que j'ai de lui sacrifier chaque jour, non pas le sang des boucs ni des taureaux, mais l'agneau qui efface les péchés du monde ? Ego omnipotenti Deo immolo quotidie, non taurorum carnes, sed agnum immaculatum (Act. mart. S. Andr.). Oui, poursuit le généreux apôtre, c'est entre mes mains que cet agneau est tous les jours immolé ; mais la merveille que vous ne connaissez pas et que j'ai à vous découvrir, c'est qu'après l'immolation de cet agneau, il est toujours vivant, et que sa chair, quoique distribuée aux fidèles, demeure encore tout entière, parce qu'elle est désormais incorruptible : Cujus carnem postquam omnis plebs credentium manducaverit, agnus qui sanctificatus est, integer perseverat, et vivus (Ibid.). Témoignage invincible en faveur du sacrifice de la messe, et qui pourrait seul réfuter toutes les erreurs des  derniers hérésiarques touchant la divine Eucharistie, puisqu'il nous apprend comment Dieu, dès le premier âge de l'Eglise, a pris soin d'établir la tradition de ce mystère.

 

Mais sans m'arrêter à cette controverse, et pour profiter, en passant, d'un exemple si authentique, permettez-moi, mes Frères, une courte digression qui, toute bornée qu'elle est dans la morale qu'elle renferme, ne laissera pas d'avoir son utilité ; car ceci nous regarde, nous qui, revêtus de la dignité du sacerdoce, sommes spécialement les ministres de notre Dieu et de ses autels. Qu'est-ce qu'un prêtre de Jésus-Christ ? le voici. Un homme engagé par sa vocation à entrer tous les jours dans le sanctuaire ; un homme disposé, comme saint André, à offrir tous les jours à Dieu le sacrifice non sanglant du corps du Sauveur. Voilà à quoi nous sommes appelés. Mais être prêtre, et n'en faire que rarement la plus noble fonction ; être prêtre, et même, si vous voulez, grand prêtre, et ne paraître à l'autel qu'à certains jours de cérémonie, qu'en certaines occasions d'éclat, que lorsqu'on ne peut s'en dispenser, que quand on s'y trouve forcé par un respect humain et par un devoir de bienséance ; être prêtre, et s'abstenir des choses saintes pour mener une vie toute profane, pour entretenir dans le monde de vains commerces, pour se dissiper dans les divertissements du siècle, ou plutôt mener une vie dissipée, profane, mondaine, jusqu'à être malheureusement obligé de s'abstenir des choses saintes ; être prêtre, et se mettre par sa conduite hors d'état de célébrer les sacrés mystères, s'en rendre positivement indigne, et au lieu de se reprocher cette indignité volontaire comme un crime et un sujet de confusion, s'autoriser par là dans l'éloignement de Dieu où l'on vit, et s'en faire un faux prétexte de piété ; être prêtre de la sorte, ah ! mes Frères, s'écriait saint Chrysostome, est-il rien de plus opposé à la sainteté du sacerdoce, rien de plus injurieux à Jésus-Christ, rien de plus triste pour son épouse, qui est l'Eglise ? et moi j'ajoute, rien de plus contraire à l'exemple que Dieu nous propose dans la personne de saint André ?

 

Mais André en demeure-t-il là ? non, Chrétiens : comme il est prêtre de la loi nouvelle, après avoir immolé la chair de Jésus-Christ, et satisfait à ce qu'il y a de plus essentiel dans son ministère, il y joint ce qui en doit être la perfection en s'immolant soi-même ; et c'est ici que la croix lui servit de moyen pour parvenir à l'accomplissement de ses désirs, et à la gloire consommée de son sacerdoce. Je m'explique : sur le refus qu'il fait de sacrifier aux idoles, on lui présente l'instrument de son supplice ; et comment envisage-t-il cette croix ? comme un autre autel où il va présenter à Dieu le sacrifice de sa personne et de sa vie. Oui, Seigneur, dit-il, s'adressant à Jésus-Christ, c'est pour cela que je l'embrasse, cette croix, parce que c'est sur elle que je vais remplir dans toute son étendue mon sacerdoce. Assez longtemps, ô mon Dieu , j'ai fait l'office de sacrificateur à vos dépens ; il faut que je le fasse aux dépens de moi-même. Je vous ai mille fois sacrifié pour moi : il faut que je me sacrifie une fois pour vous, et que par cet effort de reconnaissance, vous rendant amour pour amour et sacrifice pour sacrifice, j'aie enfin la consolation d'être crucifié pour votre gloire, comme vous l'avez été pour mon salut. Ainsi parle-t-il ; et sans différer, il étend sur la croix son corps vénérable : il n'attend pas que les bourreaux l'y attachent, il prévient leur cruauté par sa ferveur, ne voulant pas devoir à un autre l'honneur de son crucifiement, mais regardant encore comme un précieux avantage d'être tout ensemble et la victime et le prêtre de son sacrifice : car c'est en cela, dit saint Augustin, qu'a particulièrement consisté l'excellence et le mérite du sacerdoce de Jésus-Christ. Dans l'ancienne loi, on n'avait rien vu de semblable ; les hommes les plus saints s'étaient contentés d'honorer Dieu par des victimes étrangères ; et parce que ce culte était imparfait, le Fils de Dieu, comme pontife, était venu faire à son Père cette pleine oblation où il voulut être tout à la fois le sacrificateur et l'hostie : Idem sacerdos et victima ; mais ce qui fut vrai de Jésus-Christ l'est encore de saint André, avec toute la proportion néanmoins et tout le rapport qu'il peut y avoir entre un homme et un Homme-Dieu. André mourant sur la croix put dire après le Sauveur du monde : Vous n'avez plus voulu, Seigneur, de la chair et du sang des animaux ; mais vous m'avez formé un corps : les anciens holocaustes ont commencé à vous déplaire, ou du moins ont cessé de vous plaire, et alors j'ai dit : Me voici, je viens, je me présente ; recevez-moi comme votre victime : Tunc dixi : Ecce venio (Psalm., XXXIX, 8.).

 

Voilà, mes chers auditeurs, le modèle que Dieu vous met à tous devant les yeux ; je dis, à tous sans différence ni de condition ni de rang. En quelque état que vous soyez, vous êtes , comme chrétiens, nécessairement associés au sacerdoce royal de Jésus-Christ ; et c'est à vous, quoique laïques, que parlait saint Pierre, quand il appelait les chrétiens race choisie, prêtres-rois, nation sainte, peuple conquis : Vos autem genus electum, regale sacerdotium, gens sancta (1 Petr., II, 9.). Il est de la foi que sans autre caractère que celui de chrétiens, par la seule onction du baptême, le Sauveur des hommes nous a fait rois et prêtres de Dieu son Père : Et fecisti nos Deo nostro regnum et sacerdotes (Apoc, V, 10.). Si je vous disais qu'en cette qualité il ne tient qu'à vous d'offrir tous les jours à Dieu le même agneau qu'immolait saint André, et qu'en effet vous l'offrez aussi bien que lui toutes les fois que vous assistez au sacrifice de votre religion, peut-être seriez-vous surpris de vous voir élevés par là à une si haute dignité. Mais vous devez l'être encore bien plus, ou d'avoir ignoré jusqu'à présent ce que vous êtes, ou de l'avoir su, et d'avoir manqué de zèle pour vous acquitter dignement d'une si glorieuse fonction : car puisque ce n'est pas en simples témoins, mais en ministres du Seigneur, que vous assistez à ce sacrifice, et que l'oblation du corps de Jésus-Christ ne s'y fait pas seulement en votre présence, mais en votre nom, quelle attention, quel respect, quelle ardeur de dévotion y devez-vous apporter ? C'est ce qui rend vos irrévérences si criminelles et même si abominables ; c'est ce qui en fait comme autant de sacrilèges. Ah ! Chrétiens, quelle indignité, que vous présentiez au Dieu immortel, avec un esprit égaré, un cœur froid, sans nul recueillement, sans nul sentiment, le même sacrifice où notre saint apôtre a épuisé tout le feu de sa charité ! Que dis-je ? quelle profanation, que vous y veniez pour y voir le monde et pour y être vus, pour y étaler tout le faste du monde et tout l'appareil de votre luxe, pour y contenter votre vanité, votre curiosité, et peut-être pour y entretenir vos plus honteuses passions ! Scandale digne de toute la colère de Dieu, et qui n'est devenu, par l'impiété de notre siècle, que trop commun.

 

Mais ce n'est pas à quoi je m'arrête : ce que je prétends que vous remportiez de ce discours, c'est une sincère et forte résolution d'offrir continuellement à Dieu, comme saint André, le sacrifice de vos corps, et de l'unir au sacrifice du corps de Jésus-Christ, puisque c'est par là que vous devez participer à l'honneur et à la perfection du sacerdoce de la loi de grâce, à quoi votre vocation vous engage indispensablement. Ce que je vous demande, c'est que vous vous appliquiez sans cesse ce que saint Paul recommandait si expressément aux Romains, quand il leur disait : Obsecro vos per misericordiam Dei (Rom., XII, 1.) ; je vous conjure, mes Frères , par la miséricorde de notre Dieu, et de quoi ? de lui offrir vos corps dans cet état de sainteté, dans cet état de pureté où ils puissent lui plaire, et où vous puissiez lui rendre un culte raisonnable et spirituel, ne vous conformant point au siècle présent, mais vous renouvelant chaque jour dans l'intérieur de l'esprit : paroles qui comprennent, en abrégé, tout le fonds de la vie chrétienne, et qui devraient être le plus ordinaire sujet de vos considérations. Mais dites-moi, mes chers auditeurs, vos corps ont-ils ces qualités nécessairement requises pour être la matière de ce sacrifice que saint Paul veut que vous présentiez à Dieu ? sont-ce des corps purs, des corps exempts de la corruption du péché  en un mot, des corps dignes d'être offerts avec le corps de Jésus-Christ, et de composer avec lui ce sacrifice complet dont je viens de vous parler ! S'ils ne sont pas tels, oserez-vous les offrir à Dieu ? et si vous n'osez les offrir à Dieu, comment pouvez-vous paraître vous-mêmes devant Dieu, et approcher de ses autels ? Ah ! Chrétiens, si l'on vous disait que vous devez absolument, et à la lettre, faire de vos corps le même sacrifice que saint André ; que vous devez être prêts, comme lui, à sacrifier votre vie par un long et cruel supplice ; que vous devez souffrir, comme lui, un rigoureux martyre ; que vous devez, comme lui, vous résoudre à mourir pour Dieu, et que, sans cela, il n'y a point de salut pour vous ; si, dis-je, Dieu mettait votre foi à une pareille épreuve, quoique vous fussiez obligés de vous y soumettre, du moins auriez-vous droit de craindre, et de vous délier de vous-mêmes. Mon zèle à vous animer, à vous encourager, à vous soutenir dans une si dangereuse conjoncture, quelque ardent qu'il put être, ne m'empêcherait pas de compatir à votre faiblesse, et de trembler le premier pour vous. Mais quand je vous dis que ce sacrifice de vos corps, dont il est aujourd'hui question, se réduit, dans la pratique, à les maintenir dans une pureté convenable, à leur faire porter le joug d'une salutaire tempérance, d'une exacte sobriété, d'une prudente austérité, d'une solide mortification ; à leur retrancher les débauches qui les détruisent, la mollesse qui les corrompt, l'oisiveté qui les appesantit ; a réprimer leurs révoltes, à ne pas vivre selon leurs cupidités, à les rendre souples à la loi de Dieu , à les assujettir aux observances de la religion, à les endurcir au travail, choses communes et praticables dans les états mêmes du monde les moins parfaits : qu'avez-vous à répondre ? quand cette régularité de vie, quand cette sévérité de mœurs, quand cette exactitude serait pour vous une espèce de croix, pourriez-vous justement vous en décharger, ou refuser de la prendre ? ne devriez-vous pas vous tenir heureux de la trouver dans des choses d'ailleurs si conformes à vos obligations, et rendre grâces à Dieu de ce qu'enfin vous avez appris quel est ce sacrifice de vos corps par où il veut être glorifié ?

 

Cependant, Chrétiens, voici le désordre, et si je l'ose dire, la honte et l'opprobre du christianisme : des hommes associés par le baptême au sacerdoce de Jésus-Christ, et qui, selon la règle de l'Apôtre, devraient offrir leurs corps comme des hosties pures devant Dieu, en font des victimes pour le démon, pour la sensualité, pour l'impureté, pour l'adultère. Saint Paul ne voulait pas que, parmi les fidèles, on prononçât même les noms de ces passions infâmes : mais le moyen de s'en taire, dans le honteux débordement des vices qui infectent l'Eglise de Dieu ? Pouvons-nous, disait saint Cyprien, cacher nos plaies, quand elles sont mortelles ; et ne vaut-il pas mieux les découvrir pour les guérir, que de les dissimuler pour nous perdre ? Ô mon Dieu, où en sommes-nous, et à quelle extrémité le péché nous a-t-il portés ? Vous , Seigneur , qui, dans l'ancienne loi, étiez si jaloux de la pureté des victimes qu'on vous présentait, et qui rejetiez celles où il paraissait la moindre souillure, comment pouvez-vous maintenant agréer les nôtres ? Le sacrifice d'un corps impur et esclave du péché, bien loin de vous plaire, ne doit-il pas plutôt vous offenser et vous irriter ? Mais enfin, me dira-t-on, quelque corrompus qu'aient été jusqu'à présent nos corps par le péché, ne peuvent-ils plus être offerts à Dieu ? Oui, Chrétiens, ils le peuvent, sinon par le sacrifice de la continence, au moins par celui de la pénitence : et c'est en ce sens que saint Paul nous avertit de les faire désormais servir, non plus au péché, mais à la justice. Dieu même tirera de vous alors une gloire particulière, et vous relèverez d'autant plus le triomphe de sa grâce, qu'elle aura eu dans vous de plus forts et de plus dangereux ennemis à surmonter. La pénitence vous tiendra lieu de croix, et cette croix sera l'autel où vous vous immolerez.

 

Ah ! Seigneur, répandez sur cet auditoire chrétien l'esprit de sainteté dont fut rempli le grand apôtre que nous honorons ; répandez sur cette église qui porte son nom, l'abondance de votre grâce ; donnez-nous cet amour de la croix, sans quoi il est impossible que nous vous fassions jamais le sacrifice de nous-mêmes ; inspirez-nous le même sentiment qu'eut saint André à la vue de la croix, lorsqu'il s'écria : Ô croix, source de mon bonheur ! O bona crux (Act. mart. S. Andr.) ! Faites que nous le disions comme lui, que nous le pensions comme lui, et que, par la voie de la croix, nous parvenions à la même gloire que lui, qui est la gloire éternelle. 

 

BOURDALOUE, SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT ANDRÉ 

 

 

SAINT ANDRÉ, François Duquesnoy, Basilica di San Pietro, Vatican

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 05:00

De la ville de Patras, où Dieu, par le ministère d'André, opère ces effets miraculeux, le bruit, disons mieux, le fruit s'en répand dans toutes les provinces voisines ; on voit avec étonnement les temples des idoles abandonnés, le culte des démons aboli, le règne de la superstition détruit, le nom de Jésus-Christ partout révéré. Le frère même du proconsul, jusque-là zélé défenseur des fausses divinités, rend hommage à la vérité. Entre les Eglises naissantes, celle d'Achaïe, où saint André a souffert, devient en peu de jours la plus nombreuse et la plus fervente.

BOURDALOUE

 

 

Ambulans Jesus juxta mare Galileœ, vidit duos fratres, Simonem qui vocatur Petrus, et Andream fratrem ejus ; et ait illis : Venite post me.

Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, aperçut deux frères, l'un Simon appelé Pierre, et l'autre André ; il leur dit : Suivez-moi. (Saint Matthieu, chap. IV, 19.)

 

Ces paroles de Jésus-Christ furent un ordre. Lien doux en apparence, et bien facile à exécuter ; mais au fond, et dans l'intention même du Sauveur des hommes, cet ordre devait être, pour ces deux frères de notre Evangile, un engagement à de rigoureuses épreuves ; car leur dire : Suivez-moi, c'était leur dire : Renoncez à vous-mêmes, préparez-vous à souffrir, soyez déterminés à mourir, ne vous regardez plus que comme des brebis destinées à la boucherie, que comme des victimes de la haine et de la persécution publique, que comme des hommes dévoués à la croix ; c'était, dis-je, par ces courtes paroles : Venite post me, leur faire entendre tout cela, puisqu'il est vrai que la croix était le chemin par où cet Homme-Dieu avait entrepris de marcher, et que, selon ses maximes, il est impossible de le suivre par toute autre voie. En effet, Chrétiens, c'est par là que ces bienheureux apôtres Pierre et André ont suivi leur divin Maître.


Tous deux ont mérité de mourir, comme Jésus-Christ, sur la croix : tous deux ont eu l'avantage de consommer sur la croix leur glorieux martyre ; et tous deux, à la lettre, ont ainsi répondu à leur vocation, et sont devenus les premiers sectateurs et les premiers disciples d'un Dieu crucifié. Voilà, dit saint Chrysostome, en quoi ils eurent, comme frères, une ressemblance parfaite ; mais, du reste, voici quelle différence il y eut entre l'un et l'autre dans leur crucifiement même : elle est digne de vos réflexions, et elle va servir d'ouverture a ce discours. C'est que le courage et la résolution de saint Pierre à suivre Jésus-Christ n'a pas empêché qu'il n'ait témoigné de la répugnance, et qu'il n'ait fait paraître dans sa conduite de l'éloignement pour la croix ; au lieu que saint André a toujours paru plein de zèle, et pénétré, non seulement d'estime et de vénération, mais d'amour et de tendresse pour la croix. Je m'explique : Quand Jésus-Christ dans l'Evangile parle de la croix à saint Pierre, saint Pierre s'en scandalise et s'en offense : je ne m'en étonne pas ; il n'en concevait pas encore le mystère, et il était trop peu versé dans les choses de Dieu. Mais après même qu'il a reçu le Saint-Esprit, tout confirmé qu'il est en grâce, il ne laisse pas, si nous en croyons la tradition, de fuir la croix qui lui est préparée ; il se sauve de sa prison, il sort de Rome, et il faut que Jésus-Christ lui apparaisse, le fortifie, le ranime, et l'engage à retourner au lieu où il doit être crucifié. C'est saint Ambroise qui le rapporte ; et cette tradition se trouve conforme à ce qu'avait prédit le même Sauveur, lorsqu'il déclara expressément à ce prince des Apôtres que, quand il serait dans un âge avancé, on l'obligerait à étendre les bras, et qu'un autre le mènerait où il ne voudrait pas aller ; lui marquant, ajoute l'Evangéliste, les circonstances de son martyre, et de quelle mort il devait un jour glorifier Dieu : Cum autem senueris, extendes manus tuas, et alius ducet te quo tu non vis (Joan., XI, 18. ). Voilà le caractère de saint Pierre : un homme crucifié, mais pour qui la croix semblait encore avoir quelque chose d'affreux. Au contraire, que vois-je dans saint André ? Un homme à qui la croix paraît aimable, qui en fait son bonheur et ses délices, qui soupire après elle, qui la salue avec respect, qui l'embrasse avec joie, et qui met le comble de ses désirs à s'y voir attaché et à y mourir. Tel est, chrétienne compagnie, le prodige qui se présente aujourd'hui à nos yeux, et que je puis appeler le miracle de l'Evangile. Mais sur quoi put être fondé cet amour de la croix, et par quels principes un amour aussi surprenant et aussi contraire à tous les sentiments de la nature que celui-là, put-il s'établir dans le cœur de notre apôtre ? Ah I mes chers auditeurs, c'est le grand mystère que j'ai à vous découvrir : car mon dessein est de vous montrer qu'en conséquence de la vocation divine à laquelle votre glorieux patron, saint André, se rendit si fidèle, l'amour qu'il témoigna pour la croix, quoique d'ailleurs surnaturel, fut parfaitement raisonnable. Quelque prodigieux que vous paraisse cet amour de la croix, j'entreprends de le justifier, et je veux même, avec la grâce de mon Dieu, tacher, autant qu'il m'est possible, de vous l'inspirer : j'ai besoin pour cela de toutes les lumières du ciel, et je les demande par l'intercession de Marie : Ave, Maria.

 

Il en est de la croix comme de la mort : quoique naturellement on ait horreur de l'une et de l'autre, on peut aimer l'une et l'autre par différents motifs ; et c'est par la diversité de ces motifs qu'il faut juger si cet amour est louable ou vicieux, raisonnable ou aveugle, méritoire ou vain. En effet, se procurer la mort par désespoir, c'est un crime ; la souhaiter par accablement de chagrin, c'est une faiblesse ; s'y exposer par zèle de son devoir, c'est une vertu ; s'y dévouer pour Dieu, c'est un acte héroïque de religion : de même, souffrir comme les esclaves du monde, parce qu'on se laisse dominer par ses passions ; souffrir comme les avares par une avide et insatiable cupidité ; souffrir comme les ambitieux par un attachement servile à sa fortune, c'est une bassesse, une misère, un désordre : mais souffrir pour être fidèle à Dieu, aimer la croix pour remplir les desseins de Dieu, pour suivre la vocation de Dieu, c'est ce qu'il y a dans le christianisme de plus saint et de plus divin, et par conséquent de plus conforme à la souveraine raison. Or, c'est ainsi, mes chers auditeurs, que saint André l'a aimée ; car il a aimé la croix, parce qu'éclairé des plus vives lumières de la foi, il a parfaitement compris combien la croix lui était avantageuse par rapport à sa vocation, et aux fins sublimes pour quoi Jésus-Christ lavait appelé. Appliquez-vous : voici le socle important de sa conduite et de votre religion. Le Sauveur du monde eut deux grands desseins sur ses apôtres, quand il leur commanda de le suivre : Venite post me. En ce moment-là, dit saint Chrysostome, il les choisit pour être les prédicateurs de son Evangile, et pour être les ministres de son sacerdoce : il les destina au ministère de sa parole, et il les engagea au service de ses autels ; il les établit sur la terre pour sanctifier les hommes par les vérités du salut qu'ils devaient leur annoncer, et pour honorer Dieu son Père par le sacrifice qu'ils devaient, comme prêtres de la loi de grâce, lui présenter. Voilà les deux vues principales qu'eut le Fils de Dieu, et c'est sous ces deux qualités que je prétends aujourd'hui considérer saint André : en premier lieu, comme prédicateur de l'Evangile et de la loi de Jésus-Christ ; en second lieu, comme prêtre, successeur légitime et immédiat du sacerdoce de Jésus-Christ : et je m'attache d'autant plus à cette pensée, que la qualité de prêtre de Jésus-Christ est celle dont ce saint apôtre se glorifia plus hautement, et dont il se rendit lui-même le témoignage, quand il parut devant le juge qui le condamna. Or, ces deux qualités jointes ensemble justifient admirablement l'amour et le zèle qu'eut saint André pour la croix ; car, s'il l'a tendrement aimée, c'est parce qu'il y a trouvé ce qui devait faire devant Dieu tout son mérite et toute sa gloire, savoir, l'accomplissement de son apostolat et la consommation de son sacerdoce. Expliquons-nous : André, à la vue de sa croix, est pénétré, ravi, transporté de joie : pourquoi ? parce que c'est sur la croix qu'il va dignement prêcher le nom de Jésus-Christ : ce sera la première partie ; et parce que c'est sur la croix qu'il va saintement s'immoler lui-même, et unir son sacrifice au sacrifice auguste et vénérable qu'il a tant de fois offert à Dieu en immolant l'Agneau sans tache, qui est Jésus-Christ : ce sera la seconde partie. En deux mots, la croix est la chaire où saint André a fait paraître tout le zèle d'un fervent prédicateur ; la croix est l'autel où saint André, comme prêtre et pontife de la loi nouvelle, a exercé dans toute la perfection possible l'office de sacrificateur : il ne faut donc pas s'étonner si la croix, quoique affreuse par elle-même, a eu pour lui tant de charmes. C'est tout le dessein et le partage de ce discours, pour lequel je vous demande une favorable attention.

 

Pour établir solidement la vérité de ma première proposition, et pour vous en donner d'abord la juste idée que vous en devez avoir, j'appelle dans les principes de l'Ecriture L'accomplissement de l'apostolat, prêcher un Dieu crucifié, et, malgré les contradictions de la prudence du siècle, proposer la croix aux hommes, comme la seule source de leur bonheur, comme le fondement unique de leur espérance, comme le mystère de leur rédemption, comme le moyen sûr et infaillible de leur salut : ainsi l'a entendu saint Paul quand il a dit : Nos autem prœdicamus Christum crucifixum (I, Cor., I, 23.). Voilà à quoi il a réduit toute la fonction du ministère évangélique; et telle est la fin pour quoi Dieu a suscité ces douze princes de l'Eglise ; ces premiers fondateurs du christianisme, ces hommes envoyés au monde pour y annoncer Jésus-Christ, dont ils étaient les ambassadeurs, et pour y publier sa loi, dont ils ont été par office les interprètes fidèles : Legatione pro Christo fungimur (2 Cor., V, 20.) ? Qu'ont-ils fait ? ils ont prêché la croix ; et au lieu que la croix n'avait été jusque-là qu'un sujet de malédiction et qu'un opprobre ; au lieu que la croix de Jésus-Christ était le scandale des Juifs, et paraissait une folie aux Gentils, à force d'en exalter la vertu ils l'ont rendue vénérable à toute la terre. Voilà, dis-je, à quoi s'est terminée leur vocation, et par où ils ont mérité le nom d'apôtres. Or il est évident, Chrétiens, que saint André s'est signalé entre tous les autres dans ce glorieux emploi, et qu'il a eu un droit particulier de prendre, si j'ose m'exprimer de la sorte, pour devise de son apostolat : Nos autem prœdicamus Christum crucifixum. Et il est encore évident qu'il n'a jamais mieux accompli ce qui est marqué dans ces paroles, que quand il a été lui-même attaché à la croix : pourquoi cela ? parce que c'est sur la croix qu'il a prêché Jésus-Christ crucifié, ou, si vous voulez, la loi de Jésus-Christ, avec plus d'autorité et de grâce, avec plus d'efficace et de conviction, avec plus de succès et de fruit : trois avantages que sa croix lui a procurés, et en quoi je fais consister la perfection d'un apôtre et d'un prédicateur de l'Evangile. Reprenons, et suivez-moi.

 

Non, mes chers auditeurs, jamais saint André n'a prêché le mystère de la croix, ou la loi de Jésus-Christ, avec tant d'autorité et tant de grâce, que quand il a été lui-même crucifié ; et ma pensée sur ce point n'a presque pas même besoin d'éclaircissement ; car pour vous la rendre en deux mots, non seulement intelligible, mais sensible, il n'appartient pas à toutes sortes de personnes de prêcher la croix. C'est une vérité éternelle qu'il faut porter sa croix ; et que, pour la porter en chrétien, il la faut porter volontairement jusqu'à l’aimer et jusqu'à s'en glorifier : Absit gloriari, nisi in cruce Domini nostri (Galat., VI, 14.). Mais cette vérité, quoique éternelle, n'a pas la même grâce dans la bouche de tout le monde : les hommes, pour être sauvés, ont intérêt de la bien comprendre ; mais en même temps ils ont une secrète opposition à en être instruits par ceux qui ne la pratiquent pas, et qui n'en font nulle épreuve ; et si quelquefois un mondain s'ingère de leur en faire des leçons, bien loin de s'y rendre dociles, ils se révoltent, et ne peuvent souffrir qu'un homme à qui rien ne manque, et qui jouit tranquillement des douceurs de la vie, ose leur prêcher la pénitence et la mortification. Aussi, comme remarque saint Chrysostome, Jésus-Christ, tout Dieu qu'il était, pour s'accommoder là-dessus à la disposition des hommes, ne vint annoncer au monde l'évangile de la croix qu'en se faisant lui-même un homme de douleurs, c'est-à-dire un homme dévoué à la souffrance et à la croix : Vir dolorum (Isa., LIII, 3.).Indépendamment de cette qualité, il avait toute l'autorité d'un Dieu , j'en conviens ; mais s'il n'avait été que le Fils de Dieu, ou s'il avait toujours été, comme fils de l'homme, dans la béatitude et dans la gloire, sans participer à nos peines, il lui eût manqué, par rapport à nous, une certaine autorité d'expérience et d'exemple, sur quoi est fondé le droit dont je parle, de prêcher aux autres la croix ; et de là vient qu'il se détermina à souffrir : car c'est ce que le grand Apôtre a prétendu nous déclarer, quand il a dit que la sagesse de ce divin Législateur avait paru, en ce qu'étant Fils de Dieu, il avait appris par lui-même, et par ce qu'il avait souffert comme homme, l'obéissance qu'il exigeait des hommes, et qu'il voulait les obliger de rendre à sa loi ; loi parfaite, mais sévère, dont toutes les maximes vont à nous faire comprendre la sainteté, l'utilité, la nécessité de la croix : Qui cum esset Filins Dei, didicit ex lis quœ passas est obedientiam (Hebr., V, 8. ).

 

En effet, il est aisé d'exhorter les autres à la pratique d'une vie austère, au retranchement des plaisirs, au crucifiement de la chair, tandis qu'il n'en coûte rien. Un homme bien nourri, disait saint Jérôme, n'a point de peine à discourir de l'abstinence et du jeûne ; un homme abondamment pourvu de tout, à qui rien ne manque, et qui est en possession de mener une vie agréable et commode, s'érige aisément en prédicateur de la plus exacte réforme. Mais, quelque éloquent et quelque zélé qu'il puisse être, on croit toujours avoir droit d'en appeler à son exemple, et de lui répondre que ce zèle de réforme ne lui convient pas, que ce langage lui sied mal, et que, s'il veut porter les choses à cette rigueur, il devrait chercher des auditeurs dont il fût un peu moins connu. Non pas dans le fond que ce reproché soit absolument légitime, puisque Jésus-Christ ordonnait qu'on obéît aux pharisiens, du moment qu'ils étaient assis sur la chaire de Moïse, et qu'on respectât leur doctrine, quoique leur conduite y fût toute contraire ; mais parce qu’il est vrai que cette contrariété entre la doctrine et la vie est au moins un spécieux prétexte dont notre malignité ne manque pas de se prévaloir contre les vérités dures qu'on nous prêche ; et parce que naturellement nous nous élevons contre quiconque entreprend de nous assujettir à toute la rigueur de nos devoirs, et n'est pas pour cela bien autorisé. Or là-dessus saint André a eu tout l'avantage que peut avoir un apôtre ; car il a prêché la croix dans un état où les censeurs les plus critiques et les ennemis de la croix les plus déclarés n'avaient rien à lui reprocher. Il ne l'a pas prêchée comme ces docteurs hypocrites dont saint Matthieu parle, qui mettent sur les épaules des autres des fardeaux pesants, et qui ne voudraient pas eux-mêmes les remuer du doigt ; il ne l'a pas prédit comme ceux dont saint Paul disait à Timothée, qu'il viendrait dans les derniers jours des hommes qui auraient l'apparence de la plus éclatante piété, mais qui seraient remplis de l'amour d'eux-mêmes, enflés d'orgueil et pervertis dans la foi ; c'est-à-dire il ne l'a pas prêchée comme ont fait presque dans tous les siècles certains prétendus réformateurs de l'Eglise, qui connus d'ailleurs pour des hommes sensuels, n'en étaient pas moins hardis a invectiver contre la mollesse ; déplorant les relâchements de la pénitence, tandis qu'ils en rejetaient les œuvres pénibles et laborieuses ; plus occupés peut-être de leurs personnes et du soin de leurs corps, que n'aurait été un mondain de profession. Non, Chrétiens, ce n'est pas ainsi que saint André a prêché la croix ; mais, pour la prêcher, il s'est mis lui-même sur la croix. Sa croix a été la chaire d'où il s'est fait entendre : c'est de là, comme nous lisons dans les Actes de sa vie, qu'il exhortait le peuple à embrasser ce moyen salutaire et nécessaire, dont dépend tout le bonheur des élus de Dieu ; et voilà non seulement ce qui l'autorisait, mais ce qui donnait de la force à sa parole, pour annoncer le mystère de la croix avec plus d'efficace et de conviction.

 

C'est le second avantage de son apostolat, dit saint Chrysostome, d'avoir montré par là jusqu'à quel point il était persuadé lui-même de la vérité qu'il prêchait, et d'avoir eu par là même le don d'en persuader si fortement les autres, que, tout infidèles qu'ils étaient, ils n'ont pu résister à la sagesse et à l'Esprit de Dieu qui parlait en lui. Il faut, ajoutait saint Bernard (et permettez-moi d'appliquer sa pensée à mon sujet), il faut que le prédicateur de l'Evangile, pour convertir les cœurs, fortifie sa voix ; et parce que sa voix n'est que faiblesse, il faut qu'elle soit accompagnée d'une autre voix puissante et pleine de force : Dabit voci suœ vocem virtutis (Psal., LXVII, 34.). Mais quelle est cette voix puissante et pleine de force ? La voix de l'action, cette voix infiniment plus éloquente, plus pénétrante, plus touchante que tous les discours : montrez-moi par vos exemples et par vos œuvres que vous êtes vous-mêmes persuadé, et alors votre voix me persuadera et me convertira : Dabis voci tuœ vocem virtutis, si quod mihi suades, prius tibi videaris persuasisse. Or, voilà par où saint André triompha, et de l'infidélité des païens, et de la dureté des pharisiens. Il veut que sa voix soit pour eux cette voix toute-puissante qui, selon le Prophète, abat les cèdres et brise les rochers ; il veut que sa voix ait la vertu d'amollir les cœurs les plus endurcis, et de soumettre les esprits les plus superbes : Vox Domini confringentis cedros, vox Domini concutientis desertum (Ibid., XXVIII, 5.). Que fait-il ? Il commence par les convaincre qu'il est lui-même parfaitement et solidement convaincu de ce qu'il leur prêche ; qu'il est, dis-je, convaincu de la nécessité d'embrasser la croix de Jésus-Christ, de s'attacher à elle par un esprit de foi, et de s'en appliquer les fruits par le long usage des souffrances de la vie.

 

Car quelle preuve plus authentique leur peut-il donner sur cela de la persuasion où il est, que l'empressement et l'ardeur qu'il témoigne pour souffrir ? On lui prononce son arrêt, et tout à coup il est saisi d'un mouvement de joie qui va jusques à l'extase et au ravissement ; le peuple veut s'opposer à l'exécution de cet arrêt, et André s'en tient offensé ; on le conduit au supplice, et d'aussi loin qu'il envisage la croix qui lui est préparée, il la salue dans des ternies pleins d'amour et de tendresse ; il se fait une émotion populaire pour le délivrer : Eh quoi ! mes Frères, leur dit-il, êtes-vous donc jaloux de mon bonheur ? faut-il qu'en vous intéressant pour moi, vous conspiriez contre moi, et que, par une fausse compassion, vous me lassiez perdre le mérite d'une mort si précieuse ? Le juge intimidé s'offre à l'élargir, et André le rassure ; le juge commande qu'on le détache de la croix, et André proteste que c'est en vain, parce qu'il y est attaché par des liens invisibles que l'enfer même ne peut rompre, qui sont les liens de sa foi et de sa charité : s'il n'était en effet persuadé, penserait-il, parlerait-il, agirait-il, souffrirait-il de la sorte ? et, pour marquer que ses sentiments sont sincères, persisterait-il deux jours entiers dans le tourment le plus cruel : Biduo pendens (Act. mart. S. Andr.) ; publiant toujours que Jésus-Christ est le seul Dieu qu'il faut adorer, et que toute la sainteté, toute la prédestination des hommes est renfermée dans la croix ? Mais supposé le témoignage que saint André rendit à cette vérité, quelle conséquence les spectateurs de son martyre n'étaient-ils pas forcés de tirer en faveur de Jésus-Christ et de sa religion ? Considérant cet homme, d'ailleurs vénérable par l'intégrité de sa vie, illustre par les miracles qu'il avait faits au milieu d'eux, et qui, par sa conduite pleine de sagesse, s'était attiré le respect des ennemis mêmes de son Dieu ; le voyant, non pas mépriser ni braver la mort par une vaine philosophie, mais la désirer par un pur zèle de se conformer à son Sauveur crucifié ; aimer, par ce motif de christianisme, les deux choses que le monde abhorre le plus, savoir l'ignominie et la douleur ; et, malgré les révoltes de la nature, faire de la croix l'objet de son ambition et ses plus chères délices : tout païens qu'ils étaient, que pouvaient-ils conclure de là, sinon qu'il y avait dans cet apôtre quelque chose de surhumain, et que la chair et le sang n'ayant pu former en lui des sentiments si élevés au-dessus de l'homme, il fallait qu'ils lui vinssent de plus haut ? A moins qu'ils ne voulussent s'aveugler eux-mêmes et s'obstiner dans leur aveuglement, pouvaient-ils ne pas reconnaître qu'il n'y a que Dieu qui puisse inspirer à un homme mortel un amour de la croix si héroïque, et à moins qu'ils n'eussent des cœurs de pierre, quoique païens et infidèles, pouvaient-ils n'être pas touchés, n'être pas ébranlés, n'être pas changés par la vue d'un spectacle si surprenant et si nouveau ?

 

De là même aussi, mes chers auditeurs, suivit le succès prodigieux de la prédication de saint André, et la bénédiction que Dieu donna à son apostolat. Si nous en croyons les Actes de son martyre, de tout le peuple attentif à l'écouter prêchant sur la croix, à peine resta-t-il un païen qui, éclairé des lumières de la grâce et cédant à la force d'un tel exemple, ne renonçât à l'idolâtrie et ne confessât Jésus-Christ ; au lieu que Jésus-Christ crucifié avait pu dire ce que Dieu, par la bouche d'un prophète, disait à Israël : Tota die expandi manus meas ad populum non credentem (Isa., LXV, 2.) : J'ai tendu mes bras à un peuple rebelle et incrédule ; saint André eut au contraire la consolation de tendre les bras à un peuple docile, qui reçut sa parole avec respect, et qui s'y soumit avec joie, pour accomplir, ce semble, dès lors ce qu'avait dit le Fils de Dieu, que celui qui croirait en lui ferait non-seulement les mêmes œuvres, mais encore de plus grandes œuvres que lui : Qui credit in me, opera quœ ego facio, et ipse faciet, et majora horum faciet (Joan., XIV, 12.). Des milliers d'infidèles, que le supplice de cet apôtre avait rassemblés autour de sa croix, convertis par ce qu'ils ont vu et parce qu'ils ont entendu, s'en retournent glorifiant Dieu. De la ville de Patras, où Dieu, par le ministère d'André, opère ces effets miraculeux, le bruit, disons mieux, le fruit s'en répand dans toutes les provinces voisines ; on voit avec étonnement les temples des idoles abandonnés, le culte des démons aboli, le règne de la superstition détruit, le nom de Jésus-Christ partout révéré. Le frère même du proconsul, jusque-là zélé défenseur des fausses divinités, rend hommage à la vérité. Entre les Eglises naissantes, celle d'Achaïe, où saint André a souffert, devient en peu de jours la plus nombreuse et la plus fervente. Qui fait tout cela ? la foi d'un Dieu crucifié, prêchée par un apôtre crucifié ; je veux dire, le zèle d'un apôtre qui, à l'exemple de son maître, prêche la croix du haut de la croix, et qui, selon la belle expression de saint Jérôme, confirme, par son amour pour la croix, tout ce qu'il enseigne de l'obligation rigoureuse, mais indispensable, de porter la croix : Omnem doctrinam suam crucis disciplina roborans. En effet, donnez-moi un prédicateur de l'Evangile parfaitement mort à lui-même, sincère amateur de la croix, et qui dise de bonne foi avec saint Paul : Mihi mundus crucifixus est, et ego mundo (Galat., VI, 14.) ; Le monde est crucifié pour moi, et je suis crucifié pour le monde ; rien ne lui résistera : avec cela, il triomphera de l'erreur, il confondra l'impiété, il exterminera le vice, il convertira les villes entières ; avec cela, les pécheurs les plus endurcis l'écouteront et le croiront, les libertins et les impies se soumettront à lui, les sensuels et les voluptueux subiront le joug de la pénitence : pourquoi ? parce que telle est, dit saint Jérôme, la vertu de la croix prêchée par un homme souffrant lui-même et mourant sur la croix : Omnem doctrinam suam crucis disciplina roborans.

 

Voilà donc, Chrétiens, le prédicateur que Dieu a suscité pour votre instruction : et qui peut dire à la lettre qu'il n'a point employé, en vous prêchant, les discours persuasifs de la sagesse humaine, mais les effets sensibles de l'Esprit et de la vertu de Dieu ? Et sermo meus et prœdicatio mea, non in persuasibilibus humanœ sapientiœ verbis , sed in ostensione Spiritus et virtutis (1 Cor., II, 4.). Voilà celui que Dieu veut que vous écoutiez : c'est saint André sur la croix. Ne me considérez point, n'ayez nul égard ni à mes paroles ni à mon zèle, oubliez la sainteté de mon ministère ; je ne suis aujourd'hui, si vous voulez, qu'un airain sonnant et qu'une cymbale retentissante, et ce n'est point à moi de vous prêcher un Dieu crucifié ; c'est à cet apôtre, c'est à cet homme crucifié, dont la prédication, plus pathétique et plus efficace que la mienne, se fait encore entendre dans toutes les Eglises du monde chrétien, le voilà, dis-je, ce ministre irrépréhensible, ce prédicateur contre lequel vous n'avez rien à répliquer : mais que n'a-t-il pas à vous reprocher ? Il vous prêche encore maintenant le même Dieu qu'il a prêché aux Juifs et aux païens, un Dieu qui vous a sauvés par la croix. Le croyez-vous ? la vie que vous menez le fait-elle voir ? cet amour-propre qui vous domine, ces recherches de vous-mêmes, cet attachement servile à votre corps, cette attention à le ménager, à le flatter, à ne lui rien refuser ; ces commodités étudiées et affectées, cette horreur des souffrances et de la vraie pénitence ; en un mot, cette vie des sens, si opposée à l'esprit chrétien, cette vie molle et voluptueuse dont vous vous êtes fait une habitude : tout cela marque-t-il que vous êtes bien convaincus de la prédication de saint André ?

 

Ah ! mes chers auditeurs, si saint André nous avait prêché un autre Jésus-Christ et un autre Sauveur ; si dans le conseil de la sagesse éternelle il avait plu à notre Dieu de nous sauver par la joie, aussi bien qu'il lui a plu de nous sauver par la peine, et que saint André nous eût annoncé cet Evangile, ce nouvel Evangile ne s'accorderait-il pas parfaitement avec notre conduite ? Figurons-nous que cet apôtre vient aujourd'hui nous déclarer que ce n'est plus par la croix, mais par les plaisirs, que nous devons opérer notre salut ; figurons-nous que ce que je dis cesse d'être une supposition, et devient une vérité : y aurait-il en nous quelque chose à corriger et à réformer ? Répondez, mondains, répondez ; c'est à vous que je parle : interrogez votre cœur, et reconnaissez jusqu'où l'esprit du monde corrompu vous a porté : ce système de christianisme ne vous serait-il pas avantageux, et ne se rapporterait-il pas entièrement à votre goût et à vos idées ? Il faut donc de deux choses l'une, ou que votre vie soit un monstre dans l'ordre de la grâce, ou que saint André, avec toute la vertu et toute la force de son apostolat, ne vous ait pas encore persuadés ; que votre vie soit un monstre dans l'ordre de la grâce, si, croyant d'une façon, vous vivez de l'autre ; si, chrétiens de profession, vous êtes pharisiens d'esprit et de cœur ; si, reconnaissant que votre salut est attaché à la croix, vous ne laissez pas de fuir et d'abhorrer la croix : car qu'y a-t-il de plus monstrueux que cette contradiction ? Cependant, mes Frères, disait saint Bernard, tel est le caractère de mille chrétiens, disciples de la croix de Jésus-Christ, et tout ensemble ennemis de la croix de Jésus-Christ. Ou bien, mon cher auditeur, si vous vous piquez d'être de ces génies prétendus sages, qui agissent conséquemment, il faut que saint André, ni par l'autorité de son exemple, ni par l'efficace de sa parole, ne vous ait pas encore touché, puisque vous êtes toujours sensuel et idolâtre de votre corps. Ainsi je pourrais vous appliquer, au sujet de la croix de saint André, ce que saint Paul, en gémissant, disait aux Galates de celle du Sauveur : Ergo evacuatum est scandalum crucis (Galat., V, 11.). Malheur à vous, mon Frère, qui, par votre infidélité, vous êtes rendu inutile l'exemple de ce glorieux apôtre, et pour qui le scandale, c'est-à-dire le mystère de la croix , est anéanti ! Ergo evacuatum est scandalum crucis. Ou vous a dit cent fois, et il est vrai qu'au jugement de Dieu , la croix de Jésus-Christ paraîtra pour vous être confrontée ; l'Evangile même nous l'apprend : Et tunc parebit signum Filii Hominis (Matth., XXIV, 30.) ; mais outre la croix de Jésus-Christ, on vous en confrontera une autre, c'est celle de saint André. Oui, la croix de cet homme apostolique, après lui avoir servi de chaire pour nous instruire, lui servira de tribunal pour nous condamner. Voyez-vous ces infidèles ? nous dira-t-il : la vue de ma croix les a convertis ; de païens qu'ils étaient, j'en ai fait des chrétiens, et de parfaits chrétiens. Voilà ce qui nous confondra : et ne vaut-il pas mieux dès aujourd'hui commencer à nous confondre nous-mêmes, et par cette confusion salutaire et volontaire prévenir une confusion forcée, qui ne nous sera pas seulement inutile, mais très funeste ? Il faut, Chrétiens, qu'à l'exemple de saint André, nous soyons et les sectateurs et les prédicateurs mêmes de la croix. Je dis les prédicateurs ; et comment ? en portant sur nos corps la mortification de Jésus-Christ : Semper mortificationem Jesu Christi in corpore nostro circumferentes (2 Cor., IV, 10.). Car en la portant sur nos corps, nous en ferons connaître aux hommes le mérite et la vertu : Ut et vita Jesu manifestetur in corporibus nostris.

 

Ne concevez point ceci comme impossible, ni même comme difficile. Je vous l'ai dit : le saint usage des afflictions et des croix de cette vie, l'acceptation humble et soumise de celles que Dieu nous envoie, la résignation à celles que le monde nous suscite, notre patience dans les calamités ou publiques ou particulières, dans les pertes de biens, dans les maladies, tout cela prêchera pour nous, et nous prêcherons par tout cela. C'est ainsi que saint André a trouvé sur la croix l'accomplissement de son apostolat.

 

BOURDALOUE, SERMON POUR LA FÊTE DE SAINT ANDRÉ

 

 

Saint André

SAINT ANDRÉ, Le Greco

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 05:00

Comme Jésus marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c'étaient des pêcheurs.


Jésus leur dit : « Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.


Plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans leur barque avec leur père, en train de préparer leurs filets.

 

Il les appela.
Aussitôt, laissant leur barque et leur père, ils le suivirent.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 

Calling of the Apostles Peter and Andrew

Calling of the Apostles Peter and Andrew by Lorenzo Veneziano

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 05:00

Mémoire de sainte Catherine, qui fut vierge et martyre à Alexandrie, aussi remplie d’acuité d’esprit et de sagesse que de force d’âme.  
Martyrologe romain

 

Catherine d'Alexandrie devant l'Empereur Maxence

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 05:00

Mémoire des saints André Dung Lac, prêtre, et ses compagnons, Martyrs.

Une célébration commune honore cent-dix-sept martyrs mis à mort entre 1745 et 1862 dans diverses régions du Viet Nam : le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine.

Parmi eux, huit évêques, un grand nombre de prêtres et une foule considérable de laïcs chrétiens des deux sexes, de toute condition, de tout âge, qui ont tous préféré souffrir l’exil, la prison, les tortures et enfin les derniers supplices plutôt que de fouler aux pieds la croix et faillir à la foi chrétienne. 
Martyrologe romain

 

Notre-Dame de Saïgon

Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Saïgon

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 05:00

Eglise Saint-Séverin Déambulatoire

Eglise Saint-Séverin, déambulatoire 

 

À Paris, au VIe siècle, saint Séverin, qui vécut reclus dans une cellule, tout entier occupé à la contemplation de Dieu.
Martyrologe romain

 

Saint Séverin ouest

 

Prier à Saint-Séverin - Saint Nicolas

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 05:00

Depuis l’antiquité, à Rome, un titre d’église au Transtévère porte son nom, sa tombe est vénérée au cimetière de Calliste sur la voie Appienne et son culte s’est répandu dans toute l’Église grâce au récit de sa Passion, montrant en elle un exemple parfait de femme chrétienne qui a embrassé la virginité et subi le martyre pour l’amour du Christ.
Martyrologe romain

 

Sainte Cécile

Photographie de la statue du tombeau de Sainte Cécile, musée Gustave Moreau

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