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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 16:00
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14 janvier 2011 5 14 /01 /janvier /2011 06:45

Dans ce paralytique, c'est la totalité des païens qui est présentée au Christ pour être guérie.

 

Mais les termes même de la guérison doivent être étudiés : ce qu'il dit au paralytique n'est pas : "Sois guéri", ni : "Lève-toi et marche", mais : "Sois ferme, mon fils, tes péchés te sont remis". En un seul homme, Adam, les péchés avaient été transmis à toutes les nations. C'est pourquoi celui qui est appelé fils est présenté pour être guéri, parce qu'il est la première œuvre de Dieu ; maintenant il reçoit la miséricorde qui vient du pardon de la première désobéissance. Nous ne voyons pas en effet que ce paralytique ait commis de péché ; et ailleurs le Seigneur a dit que la cécité de naissance n'avait pas été contractée à la suite d'un péché personnel ou héréditaire.

 

Nul ne peut remettre les péchés hormis Dieu seul, donc celui qui les a remis est Dieu.

 

Et pour que l'on puisse comprendre qu'il avait pris notre chair pour remettre aux âmes leurs péchés et pour procurer aux corps la résurrection, il dit : "Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir de remettre les péchés sur la terre", et au paralytique : "Lève-toi et prends ton lit". Il aurait suffi de dire : "Lève-toi", mais il a ajouté : "Prends ton lit et va-t-en chez toi". D'abord, il a accordé la rémission des péchés, ensuite il a montré le pouvoir de la résurrection, puis il a enseigné, en faisant enlever le lit, que la faiblesse et la douleur n'atteindront plus les corps. Enfin, en renvoyant cet homme guéri à sa propre maison, il a montré que les croyants doivent retrouver le chemin conduisant au paradis, ce chemin qu'Adam, père de tous les hommes, avait quitté quand il a été brisé par la souillure du péché.

 

Saint Hilaire

commentaire du jour par Saint Hilaire, évêque de Poitiers et docteur de l'Église

> sur l'Evangile au Quotidien

 

Christ Rédempteur par Le Titien

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 20:00

Cletus fut enseveli dans la crypte Vaticane, près du corps de saint Pierre. En lui finirent les trois évêques qui avaient partagé l'honneur d'avoir été les vicaires du prince des apôtres, et dont les noms sont restés inséparables.

 

 Le successeur de Cletus fut Anaclet, que les catalogues rédigés hors de Rome confondent avec son prédécesseur. L'église romaine les a toujours distingués. Le catalogue de Libère qui, dans sa première partie, nous donne les traditions romaines précisées au troisième siècle, désigne par des consulats différents le commencement et la fin du pontificat de l'un et de l'autre. Les peintures de la basilique de Saint-Paul, accompagnées d'inscriptions et se rapportant à l'époque de saint Léon, les distinguent pareillement. La chronique de Félix IV et le Liber pontificalis consacrent à chacun une notice séparée. Enfin les martyrologes assignent le 26 avril à saint Cletus et le 13 juillet à saint Anaclet. L'église de Rome a donc constamment reconnu Cletus et Anaclet pour deux de ses évêques, et non pour un seul. Dans cette question, très secondaire d'ailleurs, les fastes locaux et officiels d'une église ont naturellement plus de valeur que le témoignage des étrangers, qui ont pu aisément prendre le change à raison de la similitude des noms.

 

 Anaclet était  né  à  Athènes,  et son père se nommait Antiochus. On ignore quelles circonstances l'amenèrent à Rome ; mais il y fut distingué par saint Pierre qui l'ordonna prêtre. Ce fait, rapporté par le Liber pontificalis, nous montre dans Anaclet le dernier des papes qui ait été sanctifié par l'imposition des mains du prince des apôtres.  Son pontificat, qui se termina au milieu de la tourmente d'une persécution, avait commencé  sous  des auspices  plus tranquilles ; mais quelque chose faisait craindre que Domitien, déjà trop porté à reprendre les errements de  Néron, n'en  vînt  un jour jusqu'à vouloir imiter sa fureur contre les chrétiens.

 

 Ce fut dans les premiers jours de l'épiscopat d'Anaclet que la chrétienté de Rome vit disparaître la noble femme que le monde appelait Pomponia Graecina, et que les fidèles nommaient Lucine. Les quarante années de son deuil, que Tacite a comptées, finissent vers l'an 83, et Lucine, après tant de saintes œuvres, avait droit au repos et aux joies de l'éternité. Elle laissait le christianisme en héritage à plus d'un patricien de Rome, ainsi qu'à la famille nouvelle des Flavii, et son nom demeurait attaché pour toujours à son cimetière de la voie Appienne.

 

 Nous avons mentionné dans notre récit les deux cryptes que cette illustre chrétienne avait déjà créées dans ses praedia : l'une sur la voie d'Ostie, pour y recueillir le corps de saint Paul, et l'autre sur la voie Aurélia, où elle ensevelit les martyrs Processus et Martinien. Lucine, dans ses dernières années, en ouvrit une nouvelle, après le premier mille sur la droite de la voie Appienne. Cette voie était, comme l'on sait, bordée de tombeaux à droite et à gauche jusqu'à Albe, et, grâce aux déblayements exécutés par la munificence de Pie IX, on en peut suivre encore aujourd'hui l'importante série. Derrière la ligne des tombeaux s'étendaient des terrains occupés par des villae appartenant d'ordinaire à la famille dont les monuments funéraires bordaient la voie. Lorsque les propriétaires du sol étaient chrétiens, il leur était facile d'entreprendre un autre mode de sépultures, en créant, sous le sol même, des hypogées destinés aux membres de la famille qui professaient la même foi.

 

 Le rapprochement des inscriptions tumulaires provenant des tombeaux qui bordaient la voie avec celles que l'on découvre à l'intérieur des cryptes chrétiennes qui s'étendent sous le même terrain, peut amener à constater qu'une même famille a occupé l'area extérieure et l'area souterraine. C'est grâce à une confrontation de ce genre que M. de Rossi a pu produire un nouvel argument en faveur de l'identité de Pomponia Graecina avec la pieuse et célèbre Lucine. D'un côté, les marbres païens des Pomponii ont été reconnus comme ayant eu leur place sur la voie ; d'autre part, les inscriptions des Pomponii chrétiens, parmi lesquels un Pomponius Grascinus, ont apparu dans l'intérieur du cimetière de Caliste qui, dans l'origine, n'était qu'une annexe de celui de Lucine.  La disposition  architectonique et les peintures classiques de ce dernier offrent d'ailleurs le caractère du premier siècle, tel qu'on peut le déterminer d'après les monuments de Pompéi. Tous ces motifs réunis donnaient le droit d'attribuer ces terrains funéraires aux Pomponii, unis d'ailleurs aux Caecilii. En même temps, il était constant que ce premier cimetière de la voie Appienne avait été dès l'origine désigné par le nom de Lucine ; la conclusion à tirer était que la matrone qui, dans la société romaine, se nommait Pomponia Graecina, n'était pas autre que la chrétienne connue des fidèles sous le nom béni de Lucine. Ainsi s'est résolu de lui-même ce problème qui, ayant pour point de départ le texte si précieux de Tacite, arrivait à sa solution,  à l'aide d'un monument contemporain que le temps, malgré ses ravages, a encore respecté jusqu'à nos jours.

 

 L'alliance des Pomponii avec les Caecilii vient encore ajouter une nouvelle démonstration à la thèse. La crypte de Lucine contient, ainsi que nous le verrons, de nombreuses inscriptions chrétiennes des Caecilii. Cette réunion avec les Pomponii, sous les auspices du nom de Lucine, dans ces souterrains, confirme avec une nouvelle précision tout ce que nous avons dit jusqu'ici du christianisme dans ces deux familles. Nous ajouterons, d'après Cicéron ( Tusc., I, sect. VII), que les Metelli avaient leurs tombeaux sur la voie Àppienne, à la distance de Rome où s'ouvre la crypte de Lucine, et qu'on a découvert en ce siècle même, dans la vigne Amendola, sur le sol extérieur de ce cimetière, un colombaire des affranchis de la gens Caecilia.

 

 Nous avons attendu jusqu'ici à parler de la nouvelle catacombe qui fut ouverte sur la voie Ardéatine, et est connue sous le nom de cimetière de Domitilla. Sa première origine paraît avoir été une propriété possédée par une des Flavia Domitilla sur le sol dans lequel elle est creusée. Tout porte à penser que ce dût être la propre fille de Vespasien, mère de Flavia Domitilla, qui fut chrétienne et femme du consul Flavius Clemens.  Un cippe découvert sur les terrains appelés aujourd'hui de Tor Morancia, près de la voie Ardéatine, est venu attester l'existence en ce lieu du praedium d'une Flavia Domitilla. On y lit cette inscription :

 

SCR. CORNELIO

IVLIANO. FRAT

PHSSIMO. ET

CALVISIAE. EIVS

P. CALVISIVS

PHILOTAS. ET.  SIBI

EX INDVLGENTIA

 

FLAVIAE DOMITILL

IN FR. P. XXXV

IN AGR. P. XXXX

 

Ainsi, Flavia Domitilla a bien voulu concéder sur son praedium à un Calvisius Philotas, pour y ensevelir les siens, une area de trente-cinq pieds de face et de quarante de profondeur. Un second marbre publié par Gruter nous révèle un autre don de terrain pour sépulture, fait par la fille de Flavia Domitilla en faveur de Glycera son affranchie. Sur l'inscription, cette Flavia Domitilla est qualifiée de petite-fille de Vespasien.

 

Un troisième marbre, recueilli au dix-huitième siècle dans une vigne attenante à Tor Marancia, attestait pareillement le don d'un terrain funéraire fait à un particulier par la même Flavia Domitilla, toujours qualifiée de petite-fille de Vespasien.

 

C'est donc un fait certain que, dès le règne de Vespasien, il existait sur la voie Ardéatine un terrain affecté à des sépultures, et ayant appartenu successivement aux deux illustres matrones, Flavia Domitilla, fille de Vespasien, et Flavia Domitilla, petite-fille de cet empereur. Or le cimetière chrétien qui porte le nom de Domitilla est situé sous ce même sol ; on est donc en droit de conclure qu'il doit son origine à l'une de ces deux princesses. Le christianisme de la première n'est pas démontré ; mais celui de la seconde est un fait historique incontestable. A quelle époque aura-t-on creusé l'hypogée de famille qui donna naissance au vaste cimetière de la voie Ardéatine ? L'année peut être douteuse, mais il est incontestable qu'un des deux Domitille avait ouvert de bonne heure en ce lieu une ou plusieurs salles funéraires, puisque c'est là que fut déposé le corps de la vierge Petronilla, disciple de saint Pierre, et qui mourut dans sa première jeunesse.

 

Nous serions encore aujourd'hui réduits à ces données, évidentes d'ailleurs, sur l'origine du grand cimetière de la voie Ardéatine, si des recherches, opérées aux frais de M. le comte Desbassayns de Richemont, ne nous avaient pas révélé tout à coup l'entrée imposante de l'hypogée des Flavii chrétiens. A la suite de fouilles intelligentes, on vit apparaître, en 1865, la façade solennelle d'un vestibule s'adossant à la colline, comme celui du tombeau des Nasons sur la voie Flaminia. Cette façade, construite correctement en briques, était ornée d'une corniche en terre cuite. Au-dessus de la porte, on reconnaissait encore la place de l'inscription. A droite et à gauche s'étendaient deux édifices attenants, quoique construits un peu plus tard. Celui de gauche est composé de petites chambres étroites revêtues d'un stuc rouge, sur lequel sont peints des oiseaux, à la manière de certaines fresques de Pompéi. On remarque là un puits, un réservoir d'eau, la vasque d'une fontaine et des bancs de pierre. L'édifice placé à droite offre une vaste salle, autour de laquelle règne un banc. Ce fut évidemment un triclinium, dans lequel les chrétiens se réunissaient pour leurs agapes.

Entrant maintenant par la porte qui ouvre sur le vestibule de l'hypogée, on descend quelques marches, auxquelles succède une pente douce, et l'on se trouve dans un vaste ambulacre, sur les parois duquel, à droite et à gauche, sont pratiquées des niches où furent établis de nombreux sarcophages dont les débris jonchent encore le sol. A partir du vestibule, la voûte est décorée dans toute sa longueur d'une fresque du goût le plus pur, représentant des branches de vigne au milieu desquelles se jouent des oiseaux et des génies. Ces rinceaux descendent le long des murailles, et sont interrompus par des paysages qui rappellent ceux de Pompéi. L'ambulacre, qui fut réservé au commencement pour un petit nombre de tombeaux, selon les intentions de Domitilla, se ramifie peu à peu, mais toujours dans de vastes proportions, pour recevoir un supplément de sépultures. Plus loin, il est mis en communication avec la vaste catacombe Ardéatine, dont le centre est le tombeau des saints Nérée et Achillée.

 

L'état de délabrement dans lequel a apparu le large corridor qui fut d'abord à lui seul tout le cimetière de Domitille,  ne permet plus de recueillir aujourd'hui autrement que par fragments les peintures des sujets chrétiens dont il abondait autrefois. On reconnaît encore cependant les débris d'une fresque classique représentant Daniel dans la fosse aux lions. Dans un cubiculum, trois peintures répètent le mythe de Psyché. Ailleurs on voit l'image d'un homme occupé à la pêche ; plus loin, une brebis paissant au pied d'un arbre. Au fond de l'ambulacre, deux personnages sont assis près d'une table élégante sur laquelle sont servis trois pains et un poisson. Un troisième personnage se tient debout près d'eux. Le dessin des figures, le style de l'ameublement, reportent aux fresques antiques les plus parfaites.

 

Tel fut le début du magnifique cimetière connu non seulement sous le nom de Domitille, mais sous ceux de Pétronilla et encore de Nérée et Achillée. Ce dernier nom se rapporte davantage au magnifique labyrinthe qui prend son point de départ à l'ambulacre de Domitille et s'étend sous les terrains de Tor Marancia, ayant eu pour centre historique le tombeau des deux martyrs. La beauté et l'importance des peintures que l'on remarque dans ses cubicula en font l'un des plus précieux monuments du christianisme dans Rome souterraine.

 

Nous aurons recours souvent aux précieux et primitifs sujets dont il est rempli, et dont le goût classique reporte les connaisseurs aux premières années du deuxième siècle.

 

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 220 à 228) 

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 05:00

À Milan, en 1497, la bienheureuse Véronique Negroni de Binasco, vierge, qui, entrée au monastère de Sainte Marthe, sous la Règle de saint Augustin, s’éleva jusqu’à la plus haute contemplation. 
Martyrologe romain sur Nominis

 

Véronique naquit dans un village peu éloigné de Milan. Ses parents, d'une condition vile aux yeux du monde, étaient entièrement dépourvus des biens de la fortune ; ils n'avaient que le travail de leurs mains pour faire subsister leur famille. Mais s'ils n'étaient pas riches, ils avaient en récompense la crainte de Dieu, qui est infiniment préférable à toutes les richesses. Les lois de la probité la plus exacte furent toujours la règle invariable de leur conduite, et ils portaient si loin l'horreur de la fraude, que quand le père de la sainte avait quelque chose à vendre, il en découvrait ingénument les défauts, afin de ne tromper personne.

 

La pauvreté dans laquelle ils vivaient ne leur permettant pas d'envoyer leur fille aux écoles, Véronique n'apprit point à lire ; cela ne l'empêcha pas de connaître et de servir Dieu, pour ainsi dire, dès le berceau. Elle avait continuellement sous les yeux des exemples domestiques qui gravèrent dans son cœur l'amour de la vertu. L'exercice de la prière était le plus cher objet de ses délices ; elle écoutait attentivement les instructions familières que l'on a coutume de faire aux enfants, et le Saint-Esprit lui en donnait l'intelligence. Les lumières intérieures que la grâce lui communiquait la mirent en état de méditer presque sans cesse les mystères et les principales vérités de notre sainte religion : c'était ainsi que son âme, nourrie d'une manne toute céleste, acquérait de jour en jour de nouvelles forces.

 

Les devoirs de la piété ne prenaient rien sur ceux de son état. Elle travaillait avec une ardeur infatigable, et obéissait à ses parents et à ses maîtres jusque dans les plus petites choses. Elle prévenait ses compagnes par mille manières obligeantes, et se regardait comme la dernière d'entre elles : sa soumission à leur égard était si entière, qu'on eût dit qu'elle n'avait point de volonté propre.

 

 Son recueillement avait quelque chose d'extraordinaire. Sa conversation était toujours dans le ciel, même au milieu des occupations extérieures ; elle ne remarquait rien de tout ce qui se passait parmi ceux qui travaillaient avec elle : était-on dans les champs, elle allait travailler à l'écart, afin d'être moins distraite, et de s'entretenir plus librement avec son divin époux. Cet amour de la solitude, qui faisait l'admiration de ceux qui en étaient les témoins, n'avait pourtant rien de sombre ni d'austère. Véronique n'avait pas plutôt rejoint sa compagnie, qu'une douce sérénité se répandait sur son visage ; ses yeux paraissaient souvent baignés de larmes, mais on n'en savait pas la cause, parce que la sainte cachait soigneusement ce qui se passait entre Dieu et elle.

 

 Cependant Véronique sentait un vif attrait pour la vie religieuse ; persuadée que Dieu l'appelait à cet état, elle prit la résolution d'entrer chez les Augustines de Sainte-Marthe de Milan, où l'on suivait une règle fort austère. Malheureusement elle ne savait ni lire ni écrire ; elle ne perdit pas pour cela courage. Comme elle était tous les jours occupée au travail, elle prenait sur la nuit pour apprendre à lire et à écrire, et elle y réussit sans le secours d'aucun maître. Qu'on imagine les difficultés qu'elle eut à surmonter. Un jour que la lenteur de ses progrès l'avait jetée dans une grande inquiétude, la Sainte Vierge, qu'elle avait toujours honorée avec une dévotion particulière, la consola dans une vision : "Bannissez cette inquiétude, lui dit-elle, il suffit que vous connaissiez trois lettres : la première, est cette pureté de cœur qui consiste à aimer Dieu par-dessus tout, et à n'aimer les créatures qu'en lui et pour lui ; la seconde est de ne murmurer jamais, et de ne point s'impatienter à la vue des défauts du prochain, mais de le supporter avec patience, et de prier pour lui ; la troisième est d'avoir chaque jour un temps marqué pour méditer sur la Passion de Jésus-Christ."

 

 Enfin, après une préparation de trois ans, notre sainte fut reçue dans le monastère de Sainte-Marthe. Elle s'y distingua bientôt par sa ferveur dans tous les exercices, et par son exactitude à observer tous les points de la règle. Sa fidélité embrassait les plus petites choses comme ïes plus importantes ; la volonté de ses supérieures était l'unique mobile de sa conduite. S'il lui arrivait de ne pas obtenir la permission de veiller dans l'église aussi longtemps qu'elle l'eût désiré, elle se soumettait humblement, dans la persuasion que l'obéissance est le plus agréable sacrifice que l'on puisse offrir à Dieu, puisque Jésus-Christ s'est rendu obéissant jusqu'à la mort pour accomplir la volonté de son Père.

 

Dieu permit que sa servante fut éprouvée par une maladie de langueur qui dura trois ans ; mais elle n'en fut pas moins exacte à l'observation de sa règle. On avait beau lui recommander d'avoir égard à sa mauvaise santé, elle répondait toujours : "Il faut que je travaille pendant que je le peux, et que j'en ai le temps". Elle n'avait jamais plus de plaisir que quand elle pouvait servir les autres et exercer les plus bas emplois ; elle ne voulait pour toute nourriture que du pain et de l'eau. On jugeait par son silence de la grandeur de son recueillement ; son cœur était continuellement à Dieu par la prière, et la vivacité de sa componction allait si loin, que ses larmes ne tarissaient presque jamais. Ce don des larmes et cet esprit d'oraison, elle les entretenait par des méditations fréquentes sur ses propres misères, sur l'amour de Dieu, sur la passion du Sauveur et sur les chastes délices du Paradis.

 

Quoique sa vie eût toujours été très pure et très innocente, elle la regardait pourtant comme fort criminelle, et elle n'en parlait qu'avec des sentiments de douleur et de pénitence. Ses discours avaient tant d'onction, que les pécheurs les plus endurcis en étaient vivement touchés. Tant de vertus réunie ne pouvaient manquer d'attirer sur Véronique les plus abondantes bénédictions du ciel. Elle mourut en 1497 à l'heure qu'elle l'avait prédit, étant âgée de cinquante-deux ans.

 

Sa sainteté fut aussitôt confirmée par plusieurs miracles. Le pape Léon X, après les informations nécessaires, donna une bulle par laquelle il permettait aux religieuses de Sainte-Marthe d'honorer Véronique avec le titre de Bienheureuse. Son nom a été inséré parmi ceux des saints de ce jour dans le Martyrologe romain que Benoît XIV publia en 1749.

 

Vie des Pères, Martyrs, et autres Saints, à l'usage des Séminaires et du Clergé, Paris, 1836  

 

 

Véronique de Milan par Navez (photo de l'article de La Tribune de l'Art)

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 20:00

La persécution de Domitien  n'était pas éloignée ; peut-être ce terrible symbole la désignait-il déjà ; à moins que l'on ne doive voir ici l'ensemble de toutes les persécutions qui s'étendirent de Néron à Dioclétien, et qui furent l'épreuve décisive de l'origine divine de l'Eglise.

 

 Clément était prédestiné à la gloire des martyrs, mais il devait attendre longtemps encore sa couronne. Vespasien laissa l'Eglise jouir de la paix durant tout son règne ; comme dit Eusèbe, "il n'eut pas même la pensée de nous nuire". (Hist. eccles., lib. III, cap. XVII.) Nous lisons néanmoins dans le Liber pontificalis que "Clément avait fait plusieurs écrits par zèle pour la foi chrétienne, et que ces écrits attirèrent sur lui une persécution qui aboutit au martyre". Il est certain que, sur la fin de son règne, Vespasien devint ombrageux à l'égard des philosophes. Ces hommes aux doctrines indépendantes constituaient une sorte d'opposition dans l'Etat, et cette opposition était plus gênante sous le régime d'un homme nouveau qui était venu occuper la place des Césars, profitant de la lassitude que les Césars avaient inspirée, pour fonder une nouvelle dynastie. Les philosophes discouraient volontiers sur le gouvernement, et Vespasien, qui ne voulait pas être sanguinaire, n'était pas non plus sans savoir que les stoïciens affectaient de ne pas craindre la mort. Une répression tempérée lui sembla nécessaire. Il était d'ailleurs sous l'influence de Titus, qui trouvait avantageux de couvrir du nom de son père les actes de rigueur qu'il jugeait utiles à sa politique, se réservant de devenir "les délices du genre humain", quand une fois il serait assis sur le trône impérial.

 

 On vit donc, sur les dernières années de Vespasien, partir pour l'exil, sous la prévention de regretter la république, Helvidius Priscus, Hostilius et Démétrius le Cynique. D'autres encore furent inquiétés, et plusieurs même mis à mort. Bientôt une sentence capitale, extorquée à Vespasien, vint atteindre Helvidius dans son exil. C'est au milieu de cette réaction impériale qu'eurent lieu l'exil de Clément et la fin de son pontificat qui ne dépassa pas l'année 76. Comment se fit-il qu'un prince résolu à n'inquiéter personne pour ce qui tenait aux questions purement religieuses, en vint à sévir contre le chef des chrétiens ? Comment le successeur de Pierre, oubliant les enseignements si formels de l'apôtre,  se serait-il immiscé dans la querelle politique, au point d'avoir partagé le sort des ennemis de Vespasien ?

 

 Pour la solution de ces questions, il est nécessaire de se souvenir qu'il s'était produit, autour du nouveau maître du monde, des faits capables d'éveiller la sollicitude pastorale de Clément et de l'obliger à élever la voix, afin d'écarter le scandale qui menaçait son troupeau. Nous avons constaté plus haut l'affectation avec laquelle les membres de la tribu Succusane avaient acclamé la Paix éternelle à l'avènement du nouvel empereur, et comment plusieurs chrétiens de cette tribu, notamment Cornélius Pudentianus, prévoyant que, sous ce nom, Rome allait s'enrichir d'une nouvelle divinité, avaient préféré offrir leur hommage à Vespasien, en substituant l'Hilarilas publica à la Pax aeterna. La nouvelle divinité inaugurée par les Flaviens prit en effet son rang parmi celles de Rome, et le temple de la Paix fut dédié solennellement en l'année 76.

 

Vespasien avait séjourné dans la Palestine, il était allé consulter les mystérieux oracles du mont Carmel, et sa vanité de vieux soldat un peu crédule avait été flattée des compliments que des gens intéressés, abusant de certains passages des prophéties de l'Ancien Testament, lui offraient comme à celui qu'on y désignait sous le nom de Prince de la Paix. Les juifs ne firent pas défaut dans cette occasion. Leur haine pour les chrétiens s'accommodait d'un procédé qui éloignait de Jésus de Nazareth un titre glorieux, pour le reporter à César. Dans son Histoire de la guerre des Juifs, livre hautement estimé de Titus, Josèphe ouvrait la voie à cette profanation des Ecritures sacrées, en les appliquant sans pudeur à Vespasien. (Lib. VII, cap. XII.) Beaucoup de païens dans Rome, chez lesquels, depuis longtemps, l'attente vague d'un prince et d'un empire fondé sur la paix était répandue,  comme on peut le voir dans Cicéron et dans Virgile, se laissaient volontiers persuader que le jour de ce monarque bienfaisant avait lui enfin. Le temple fut inauguré ayant à son fronton cette inscription solennelle : PACI AETERNAE. Parmi les médailles des sixième et septième consulats de Vespasien, plusieurs la reproduisent, et d'autres y font allusion.

 

 On n'a donc pas droit de s'étonner que Clément n'ait pu souffrir, sans protester, cette dérogation à la gloire du Fils de Dieu au profit de César ; qu'il ait parlé, qu'il ait même écrit pour venger l'honneur du Christ de l'indigne trahison de la Synagogue et des prétentions de la vanité impériale. Sans vouloir fronder le pouvoir de César, il a dû enseigner résolument que les prophéties regardaient un tout autre personnage que Vespasien, et les délations l'auront atteint auprès de Mucianus, l'un des agents autrefois de la tyrannie de Néron, maintenant chargé de la police de Rome, en ce qui concernait les proscriptions. Tel est le sentiment de Bianchini, auquel nous adhérons pleinement. Clément se vit donc à son tour frappé d'une sentence d'exil, Vespasien étant consul pour la septième fois, et Titus pour la cinquième ; ce qui donne l'an 76. C'était jusque dans la Chersonèse, sur le Pont-Euxin, qu'on le reléguait, et il ne devait plus revoir Rome. Le pieux pontife dont l'humilité avait décliné tout d'abord la succession de Pierre, et qui avait recommandé au clergé de Corinthe de ne pas tant s'attacher aux dignités de l'Eglise, joignit l'exemple au précepte, en abdiquant lui-même les honneurs du premier siège. Il avait occupé environ huit années la chaire de saint Pierre. Le Liber pontificalis dit qu'après Clément le siège apostolique vaqua vingt-deux jours ; preuve évidente de l'abdication du pontife, puisqu'il ne souffrit le martyre que vingt-cinq ans après, la chaire de saint Pierre étant occupée par Evariste.

 

Fidèle au plan que nous nous sommes imposé dans ces récits, de nous borner à la chronique locale de l'église romaine, nous ne suivrons pas Clément dans son exil en Chersonèse. Les Actes qui en détaillent les circonstances remontent à la plus haute antiquité ; mais nous n'avons pas à les discuter ici. Ils racontent que Clément trouva dans cette presqu'île un nombre considérable de chrétiens déportés avant lui, et employés à l'exploitation des carrières de marbre qui étaient riches et abondantes en Chersonèse. La déportation de ces chrétiens se rapportait sans aucun doute à la persécution de Néron, et la peine dont ils avaient été frappés était celle que la loi romaine appelait Ad metalla : terme par lequel on entendait les carrières aussi bien que les mines de métaux. La joie des chrétiens à la vue de Clément s'explique d'elle-même ; son zèle à propager la foi dans cette lointaine contrée et les succès de son apostolat n'ont rien qui doivent surprendre. Le miracle d'une fontaine jaillissant de la roche à la parole de Clément, pour désaltérer les confesseurs, est un fait analogue à cent autres que l'on rencontre dans les Actes les plus authentiques des saints. Enfin l'apparition d'un agneau mystérieux sur la montagne, où il marque de son pied le lieu d'où l'eau va jaillir, reporte la pensée vers les premières mosaïques chrétiennes sur lesquelles on voit encore le symbole de l'agneau debout sur un monticule verdoyant.

 

La mémoire de Clément se présente entourée d'une auréole particulière dans les origines de l'église de Rome.  A ce moment où les apôtres ont disparu, il semble éclipser Linus et Cletus, qui cependant avaient reçu avant lui l'honneur de l'épiscopat. On passe comme naturellement de Pierre à Clément, et les églises orientales ne célèbrent pas son souvenir avec moins d'honneur que l'église latine. Il fut bien véritablement le pontife universel, et l'on sent déjà que l'Eglise tout entière est attentive à ses actes comme à ses écrits. Cette haute réputation lui a fait attribuer tout un cycle d'écrits apocryphes, qu'il est aisé de démêler de ses écrits véritables ; mais il est à noter que les faussaires qui ont jugé à propos de lui prêter leurs propres oeuvres, ou de bâtir des romans à son sujet, s'accordent à le faire naître de race impériale.

 

Le successeur de Clément sur la chaire romaine fut Cletus. Dans le cours d'un pontificat de six années, il vit mourir Vespasien, Titus occuper deux ans le trône impérial et s'ouvrir le règne néfaste de Domitien. Durant cette période, Rome reçut d'importants embellissements. Le capitole fut réédifié après un incendie, les thermes de Titus furent construits ; le colosse de Néron fut consacré au Soleil, moyennant une nouvelle tête entourée de rayons d'or mise à la place de celle du tyran. Mais un monument qui intéresse à la fois Rome et l'Eglise chrétienne, est l'amphithéâtre de Vespasien, ce formidable et sublime colosse qui fut dédié par Titus. Dans les jeux qui signalèrent son inauguration, il périt dix mille hommes et cinq cents bêtes féroces. L'arène de cet amphithéâtre, ainsi que nous l'avons dit, fut celle où se livra la bataille entre le paganisme et le christianisme. Les ruines imposantes d'un tel monument sont encore aujourd'hui la plus complète et la plus grandiose manifestation de la Rome impériale.

 

Cletus songea à élever à vingt-cinq le nombre des prêtres employés dans le ministère sacré ; c'est la première origine des prêtres cardinaux de ce clergé romain que nous voyons, au temps de saint Cyprien, chargé du gouvernement de l'Eglise universelle durant la vacance du Siège apostolique, communiquant avec les évêques, et portant des règlements pour le maintien de la discipline générale. Il ne nous reste pas d'autres renseignements sur les actes du gouvernement de Cletus.

 

Il fut enseveli dans la crypte Vaticane, près du corps de saint Pierre. En lui finirent les trois évêques qui avaient partagé l'honneur d'avoir été les vicaires du prince des apôtres, et dont les noms sont restés inséparables.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 213 à 219) 

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 05:00

Au monastère de Rievaulx, en Northumbrie, en 1166, saint Aelred, abbé. Élevé à la cour du roi d’Écosse, il entra dans l’Ordre de Cîteaux et, maître éminent de la vie monastique, promut avec insistance et suavité, par son action et par ses écrits, la vie spirituelle et l’amitié en Christ.

Martyrologe romain sur nominis

  

Du sein du Père, le Très-Haut, Notre Seigneur est descendu pour venir jusqu’à nous. S’il est venu jusqu’à nous, c’est qu’il est devenu homme au milieu de nous. Et du moment qu’il est homme, il est fils de Marie. Si donc, frères, nous voulons monter là d’où il est descendu jusqu’à nous, c’est-à-dire jusqu’au Père, le Très-Haut, commençons ici-bas à monter. Où ? Par le fils de Marie, c’est-à-dire par l’humanité du Christ, montons jusqu’à sa divinité. Car lui-même est la voie, ainsi qu’il l’a dit lui-même. Sans emprunter ce chemin, personne ne peut parvenir jusqu’au Père, le Très-Haut.  

Ælred de Rievaulx

Sermons, Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, 24, 7-8

Abbaye de La Trappe




Madonna of Mercy

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11 janvier 2011 2 11 /01 /janvier /2011 20:00

Vespasien et Titus eurent connaissance des infractions que ces gardiennes du Palladium se permettaient à l'égard de leur premier devoir ; mais ils jugèrent que le niveau auquel étaient descendues les moeurs, ne permettait plus d'infliger à ces infidèles les pénalités antiques.

 

 Le moment devait cependant arriver bientôt où les empereurs, le sénat, Rome tout entière, allaient apprendre, en lisant la première apologie de saint Justin, les merveilles de pureté dont  l'enceinte  de Babylone  était  le  théâtre. "Parmi nous, en cette ville, leur disait l'apologiste, des hommes, des femmes, en nombre considérable,  ont atteint déjà l'âge de soixante à soixante-dix ans ; mais, élevés dès leur enfance sous la loi du Christ, ils ont persévéré jusqu'à cette heure dans l'état de virginité, et il n'est pas de pays dans lequel je n'en pourrais signaler de semblables". Àthénagore, dans son mémoire présenté à Marc-Aurèle peu d'années après, pouvait dire à son tour : "Vous trouverez parmi nous, tant chez les hommes que chez les femmes, une multitude de personnes qui ont passé leur vie jusqu'à la vieillesse dans l'état de virginité, n'ayant d'autre but que de s'unir à Dieu plus intimement."

 

 Clément fut à même d'entourer de ses soins une de ces existences angéliques. La jeune Flavia Domitilla, fille de Plautilla, avait été élue du ciel pour marcher sur les traces de Petronilla. Sa mère avait placé près d'elle, en qualité d'officiers chargés de sa personne, deux chrétiens nommés Nérée et Achillée ; l'un et l'autre avaient reçu le baptême des mains de saint Pierre. Les Actes que nous avons sur ces deux personnages disent qu'ils servaient leur jeune maîtresse en qualité d'eunuques ; mais ce document, trop mélangé de détails  apocryphes,  est réfuté sur ce point par saint Grégoire le Grand, qui, dans sa célèbre homélie pour la fête des deux martyrs, relève le courage avec lequel ils ont dédaigné les joies de ce monde et sacrifié jusqu'à l'espoir légitime d'une postérité,  afin de garder la fidélité qu'ils avaient promise à Dieu. Flavia Domitilla, qui fut de bonne heure privée de sa mère, demeura sous la garde de son oncle Flavius Clemens, qui, chrétien  lui-même, encouragea les soins que Nérée et Achillée lui prodiguaient pour en faire une fidèle disciple de l'Evangile.

 

 Cependant, elle était parvenue à l'âge nubile, qui arrivait de bonne heure pour les filles chez les Romains, et la petite-nièce de César ne pouvait manquer d'aspirants à sa main. Un parent d'Aurelius Fulvus, préfet de Rome, se mit sur les rangs ; mais la jeune fille ayant connu, dans ses entretiens avec ses deux officiers, la noblesse et le mérite de la virginité chrétienne, se dégagea des liens qui menaçaient sa liberté, et n'eut plus d'attrait que pour l'Epoux céleste. La tradition de l'église romaine est que Clément la consacra solennellement à Dieu, et lui donna le voile de virginité. Flavia Domitilla pouvait avoir quatorze ans. L'usage de consacrer les vierges, en imposant  le voile sur  leur tête, existait déjà au deuxième siècle, ainsi que nous le verrons, et rien n'empêche de le faire remonter au premier. La virginité consacrée au Christ était un mariage mystique ; il n'y a pas lieu de s'étonner que la liturgie chrétienne ait eu aussi dès lors son flammeum.

 

 Chaque pas que faisait l'Eglise développait au dehors ce fonds inépuisable de doctrine et d'esthétique dont l'Esprit-Saint, qui réside en elle, est la source ; et l'étude des monuments de son âge primitif nous la montre déjà si avancée dans ses rites et dans son enseignement, que, plus d'une fois, on a entendu les représentants du protestantisme en témoigner leur surprise. Ce progrès réglé, cette expansion si sûre et en même temps si aisée, ont toujours procédé dans le christianisme du principe vivifiant d'une autorité dirigée d'en haut. De là cette confiance des vrais fidèles dans l'Eglise, dépositaire de toute vérité révélée, comme de tout moyen de salut pour l'homme, sous la garantie de la promesse formelle du Christ.

 

Nous trouvons des images saisissantes de cette Eglise, appui tutélaire des fidèles, dans un opuscule qu'écrivit à Rome, sous le pontificat de Clément, un chrétien nommé Hermas, le même peut-être dont on lit le nom dans les salutations qu'envoie saint Paul à la fin de son Epître aux Romains. Cette composition forme la première partie d'un ensemble connu sous le titre de Livre du Pasteur, que l'on trouve déjà cité par saint Irénée,  Clément d'Alexandrie, Tertullien et Origène, et que quelques-uns auraient même voulu placer parmi les saintes Ecritures. Cette première partie, qui est intitulée Visions, est incontestablement du premier siècle, et elle porte d'ailleurs en elle-même sa date, comme nous le verrons tout à l'heure. Les deux autres, qui ont pour titre Préceptes et Similitudes, se rapportent à une époque postérieure, et nous en rencontrerons l'auteur  au deuxième siècle. De bonne heure, les trois opuscules furent fondus sous un même titre, lequel ne pourrait se rapporter au premier, puisqu'il n'y est pas question de Pasteur, tandis qu'un pasteur est mis en scène dès le début du second. En outre, le troisième opuscule (les Similitudes) contient, avec tous ses développements, la belle allégorie de la tour, déjà ébauchée dans le premier. Il n'est pas naturel qu'un même auteur traite deux fois et diversement le même sujet dans un même ouvrage. M. de Champagny, dans les Antonins (tome I), a très lucidement démêlé cette question, et nous ne faisons ici que développer la solution qu'il a proposée.

 

 Hermas raconte qu'il a vu une femme âgée, vêtue d'une robe éclatante et tenant dans sa main un livre. Elle était assise avec autorité dans une chaire ornée d'une tenture de laine blanche comme la neige. Hermas apprend que cette femme est l'Eglise,  et que, si elle paraît sous les traits de la vieillesse, "c'est qu'elle a été créée avant tout, et que le monde a été fait pour elle". Dieu, en effet, a conçu éternellement le plan de son Eglise, et l'a destinée à recueillir ses élus dans tous les siècles. Toujours elle a été la société des âmes qui veulent s'unir à Dieu ; mais, par le Christ, elle a reçu une forme et une organisation visibles et précises. Maintenant elle a une chaire, du haut de laquelle elle proclame ses enseignements.

 

 Hermas la vit encore sous d'autres aspects. La première fois, elle s'était montrée grave et sévère ; car elle avait des reproches à lui faire sur certains désordres qui régnaient dans sa famille, et dont sa conduite personnelle le rendait plus ou moins responsable.  Apaisée par la docilité d'Hermas, elle se fit voir à lui de nouveau, mais, cette fois, sous les traits de la jeunesse et avec un  visage  riant ; cependant, afin de  montrer qu'elle était la même,  elle  avait conservé ses cheveux blancs.  Une troisième fois,  elle apparut à son disciple ; mais les signes de la vieillesse avaient complètement disparu. Enfin, une quatrième fois,  Hermas la vit,  parée  comme une jeune épouse dans la pompe nuptiale. Toute sa mise,  jusqu'à la chaussure,  était d'une blancheur éblouissante. Elle était coiffée d'une sorte de diadème,  et ses longs cheveux flottants répandaient un éclat merveilleux. Cet ensemble plein de grâce marquait l'éternelle jeunesse de l'Eglise, qui n'a ni tache ni ride, comme dit l'Apôtre. (Ephes., V.) Elle est ancienne et ne vieillit pas ; mais, pour rendre ce double caractère, des apparitions diverses et successives avaient été nécessaires. On sent déjà se préparer ici le symbolisme des peintures murales des catacombes, sur lesquelles l'Eglise est si souvent représentée sous la forme d'une femme.

 

L'Eglise apparaît encore à Hermas sous la figure d'une tour que l'on bâtit ; mais ce bel apologue est traité de nouveau, et d'une façon bien supérieure, dans l'opuscule du deuxième siècle, dont nous aurons à parler en son temps.

 

L'institutrice d'Hermas lui ordonne de mettre par écrit ce qu'il a vu et entendu, et lui prescrit d'en faire deux copies, dont il remettra l'une à Clément, "afin qu'il l'envoie aux villes plus éloignées ; car, dit-elle, il le peut faire" ; et l'autre à Grapté, pour qu'elle la communique aux veuves et aux orphelins dont elle avait la charge. Origène pense avec raison que Grapté était une des diaconesses de l'église de Rome. Il est peut-être permis de reconnaître la trace de cette pieuse femme sur une inscription honorifique, trouvée dans un jardin de l'Esquilin et conservée dans le recueil de Muratori. Elle est ainsi conçue :

 

GRATTE C. F. DOMITILLAE
...LIAE. LENTINI. SABINI.

 

V. FORT. LEGT. ASCALON

COMVGI. SATRI. SILON

IS. V. RELIG. PROMAGIST

NEPTI. VESPASIANI. IM

 

Le nom féminin de Grapté se rencontre plusieurs fois dans Gruter : ici nous trouvons Gratte, probablement par suite d'une distraction  du graveur. Y voir, avec Muratori, l'altération du nom Gratae, est peu naturel : le graveur ne s'y serait pas trompé. En tout cas, cette femme portait le nom de Domitilla, et elle était nièce de Vespasien, dont la femme était aussi une Domitilla. Son père était un Sabinus, et son mari est qualifié de vir religiosus ; éloge rare et significatif. Rien de moins étonnant, après tout ce que nous avons vu, qu'un chrétien et une chrétienne de plus dans la famille Flavia. C'est le sentiment de Muratori et de Greppo touchant ces personnages.

 

La dernière partie du livre des Visions se rapporte à une grande persécution qui menaçait l'Eglise. Hermas a vu un immense dragon, à la gueule béante, d'où s'échappaient des sauterelles de feu. Cette bête s'avançait avec une rapidité capable de renverser les murailles d'une ville. La femme qui figurait l'Eglise dit à Hermas que ce monstre représentait la tribulation qui bientôt allait fondre sur les élus. La persécution de Domitien  n'était pas éloignée ; peut-être ce terrible symbole la désignait-il déjà ; à moins que l'on ne doive voir ici l'ensemble de toutes les persécutions qui s'étendirent de Néron à Dioclétien, et qui furent l'épreuve décisive de l'origine divine de l'Eglise.

 

DOM GUÉRANGER

SAINTE CÉCILE ET LA SOCIÉTÉ ROMAINE AUX DEUX PREMIERS SIÈCLES (pages 205 à 212) 

 

Cecilia

SAINTE CÉCILE - Santa Cecilia in Trastevere, Rome

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