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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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18 janvier 2012 3 18 /01 /janvier /2012 05:00

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Saint-Germain l’Auxerrois-copie-1

Saint Germain l'Auxerrois, Place du Louvre, Paris Ier   

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 12:30

Si la parole de l'Église peut légitimement trouver place dans les hymnes et les oraisons, en vertu de quel principe l'exclura-t-on des antiennes et des répons ? Voilà le grand problème qu'on n'a jamais résolu qu'en disant : La chose doit être ainsi, parce qu'elle doit être ainsi.

 

La lettre pastorale parle ensuite du soin avec lequel les leçons des saints Pères ont été choisies et les légendes des saints rédigées. Nous en dirons bientôt quelque chose. On a retenu les collectes des bréviaires précédents, et même plusieurs hymnes anciennes. Mais voici quelque chose de capital :

" Pour nous conformer au pieux désir d'un grand nombre de personnes, nous avons, d'après l'exemple donné déjà par plusieurs églises, divisé le Psautier, afin de pouvoir assigner des psaumes propres à chaque jour de la semaine et même à chaque heure du jour, en coupant ceux qui étaient trop longs. Par ce partage, nous avons fait disparaître l'inégalité des offices et fait en sorte de moins fatiguer l'esprit et l'attention de ceux qui chantent l'office. Saint Basile assure avoir supporté lui-même avec peine les inconvénients de cette trop grande prolixité. C'était afin de diminuer cette fatigue qu'un concile de Narbonne avait statué, dans l'antiquité, que les psaumes plus longs seraient divisés en plusieurs doxologies ; c'est ce que prescrit aussi la Règle de saint Benoît. On récitera les psaumes de la férié à toutes les fêtes, à l'exception de ceux qui sont consacrés aux mystères, ou à la sainte Vierge. Il résultera de là que le Psautier sera presque toujours lu en entier dans l'espace d'une semaine."

 

C'était là une grande mesure et qui devait faire taire bien des répugnances. Foinard avait promis, en tête de son projet, que le bréviaire futur serait très court ; le grand moyen d'abréviation, admis aussi par Grancolas, était de faire disparaître l'inégalité des offices. La lettre pastorale adopte le même système. On n'y dit pas, il est vrai, comme ces docteurs, que le but est de faire qu'on ait plus de plaisir à réciter l'office de la férié que celui des saints; mais ce sera pourtant le résultat inévitable, surtout s'il s'agit des saints dont l'office sera resté à neuf leçons.

 

La psalmodie que saint Basile trouvait excessive, était bien autre que celle du Psautier romain ; on en peut voir le détail dans les vies des Pères des déserts d'Orient ; et si saint Benoît divise les Psaumes en plusieurs sections, il fallait dire aussi que les matines de son office se composent de douze psaumes, trois cantiques, douze leçons, douze répons, l'évangile du jour tout entier, etc. Certes, c'est un avantage réel de pouvoir parcourir le psautier chaque semaine ; mais, encore une fois, le Bréviaire de Paris n'aurait pas obtenu un si brillant succès, si cette division des psaumes ne l'eût en même temps rendu le plus court de tous.

 

" On a conservé au dimanche sa prérogative d'exclure toutes sortes de fêtes, si ce n'est celles qui ont dans l'Église le premier degré de solennité".

Nous sommes ici encore à la remorque des docteurs Foinard et Grancolas, qui avaient suivi eux-mêmes dom de Vert et Le Tourneux, dans leur Bréviaire de Cluny. Le but avoué de cette rubrique est de diminuer le culte des saints, sous le prétexte de défendre les intérêts de Dieu, auquel seul appartient le dimanche, trop souvent occupé par la commémoration de quelqu'un de ses serviteurs : il est juste de leur faire céder la place à leur Maître.

 

" Afin d'assigner à l'office de chaque jour un but, et aussi pour les distinguer les uns des autres, le dimanche, qui est le jour de la création de la lumière, de la résurrection de Jésus-Christ et de la promulgation de la Loi nouvelle, on excite dans le cœur des fidèles l'amour de Dieu et de la loi divine. Le lundi, on célèbre la charité de Dieu et sa munificence envers les hommes. Les trois jours suivants, on recommande l'amour du prochain, l'espérance et la foi. Le vendredi, qui est le jour de la Passion de Jésus-Christ, l'office a rapport à la patience que l'on doit avoir dans les labeurs et les tribulations de cette vie. Enfin, le samedi, on rend grâces à Dieu pour les bonnes œuvres accomplies par les fidèles et pour la récompense qui leur est assignée".

C'est ici le seul endroit des nouvelles Liturgies dans lequel on ait voulu faire du symbolisme ; mais pour faire du symbolisme, il faudrait autre chose que de la bonne volonté. On pourrait dire d'abord qu'il faudrait avoir vécu, il y a dix siècles, surtout s'il s'agit de symbolisme sur une matière aussi fondamentale que la signification des jours de la semaine. Il faudrait, en outre, que le fond prêtât à ce symbolisme ; car il ne suffit pas d'attacher par ordonnance une idée à un fait ; ce fait doit être par lui-même une forme plus ou moins complète de l'idée. Certes, les fidèles du diocèse de Paris ignorent profondément que le lundi soit consacré à la bonté de Dieu, le mardi à la charité fraternelle, le mercredi à l'espérance, etc. On ne s'occupe guère de le leur enseigner, et s'ils veulent eux-mêmes consulter les anciens Liturgistes sur les mystères de la semaine, ils y trouveront tout autre chose. L'Église, comme nous le dirons ailleurs, a attaché aux divers jours de la semaine la commémoration de certains faits, parce qu'elle procède toujours par les faits et jamais par les abstractions. Nous reviendrons sur ce sujet ; continuons la lecture de la lettre pastorale.

 

" Pour le rite de l'office quadragésimal, nous avons jugé équitable de rappeler l'ancienne coutume de l'Église, qui ne jugeait pas que la solennité joyeuse des fêtes s'accordât assez avec le jeûne et la salutaire tristesse de la pénitence. Beaucoup de diocèses nous avaient déjà précédé en cette voie ; c'est à leur exemple que nous avons ôté du carême toutes les fêtes, à l'exception de celles dans lesquelles on s'abstient d'oeuvres serviles".

Ici, nous ne ferons qu'une réflexion. Ou le Bréviaire de Paris a atteint par cette mesure le véritable esprit de l'Église dans la célébration du carême, ou ses rédacteurs se sont trompés sur cette grave matière. Dans le premier cas, l'Église romaine, qui jusqu'ici avait la mission de corriger les autres églises, reçoit ici la leçon sur une matière importante, les convenances quadragésimales,de sa fille l'Église de Paris. Dans le second cas, y a-t-il donc si grand mal à supposer que Vigier et Mésenguy, bien qu'appuyés de Foinard et de Grancolas, enfin de Le Tourneux et D. de Vert, aient failli quelque peu dans une occasion où ils avaient contre eux l'autorité de la Liturgie romaine ? Quoi qu'il en soit, Paris s'est déjà relâché quelque peu de cette sévérité, et Rome, de son côté, a jugé à propos, depuis 1736, d'ajouter encore de nouveaux saints dans la partie de son calendrier qui correspond au carême.

 

Rendons grâces toutefois aux rédacteurs du Bréviaire de Paris de n'avoir pas suivi en tout l'idée de Foinard ; ce docteur voulait transférer l'Annonciation au mois de décembre, et, franchement, c'est un peu loin du jour auquel ce grand mystère s'est accompli. Il n'est pas besoin, sans doute, de remarquer ici combien la suppression des fêtes qui tombent dans le cours du carême dut changer la physionomie de ce temps de l'année, et quelle froide monotonie en est résultée. On sait bien qu'il en était ainsi dans les premiers siècles ; mais si Dieu, dans les siècles suivants, a donné de nouveaux saints à son Église, ce n'est pas, sans doute, pour que nous allions systématiquement fixer la fête à un jour autre que celui de leur mort, dans le but étrange de maintenir libres les fériés qui étaient vacantes au calendrier avant qu'ils vinssent au monde.

 

La lettre pastorale parle ensuite des canons insérés dans l'office de prime ; mesure louable, mais que le jansénisme, comme nous allons le voir, avait trouvé moyen de faire servir à ses fins. Elle dit ensuite un mot du calendrier et des rubriques, après quoi, elle proclame l'obligation absolue pour toutes les églises, monastères, collèges, communautés, ordres, et généralement tous les clercs qui sont tenus à l'office divin, d'user de ce nouveau bréviaire, à l'exclusion de tout autre, tant en public qu'en particulier. C'est la clause que François de Harlay avait mise en tête de son bréviaire et qui se trouve répétée, presque mot pour mot, dans toutes les lettres pastorales qu'on lit dans tous les bréviaires français depuis cette époque. Nous ne connaissons qu'une seule exception ; elle se trouve dans la lettre pastorale de l'évêque Poncet de la Rivière, en tête du Bréviaire d'Angers de 1716. On y remarque ces paroles qui se trouvent aussi dans le Missel du même Prélat, excepto romano Breviario ou Missali, pro reverentia primœ Sedi debita. C'eût été bien le moins, cependant, après avoir expulsé des livres liturgiques tout l'élément romain, de laisser aux clercs, que le désir d'un bréviaire plus court ne séduisait pas autant, la liberté de répéter encore ces vénérables prières, auxquelles personne ne saurait enlever le caractère sacré que leur donnent l'antiquité, l'universalité ; ces prières que l'Assemblée du Clergé de 1605 regardait encore comme la Liturgie de la France.

 

Tel était donc le plan du nouveau bréviaire expliqué par l'archevêque de Vintimille. L'exécution ne démentait pas les promesses que nous venons de lire. Tout, ou presque tout était nouveau.

 

Mais la nouveauté seule ne faisait pas le caractère de cette Liturgie. Elle donnait prise aux plus légitimes réclamations, et se montrait véritablement digne de ses auteurs. D'abord, toutes les hardiesses que nous avons signalées dans le Bréviaire de Harlay s'y retrouvaient fidèlement ; puis, on avait enchéri sur l'œuvre de la commission de 1680. Si les auteurs de la correction du Bréviaire de Harlay s'étaient proposé de diminuer le culte et la vénération des saints, de restreindre principalement la dévotion envers la sainte Vierge, d'affaiblir l'autorité du Pontife romain, ce plan avait  été fidèlement continué dans le Bréviaire de 1736 ; mais, de plus, on avait cherché à infiltrer les erreurs du temps sur les matières de la grâce et autres questions attenantes à celles-ci. Nous avons dit que le Bréviaire de François de Harlay avait, du moins, sur ce point, résisté à l'envahissement des nouveautés, et fortifié même, en plusieurs endroits, les dogmes de l'Église attaqués à cette époque.

 

1° Sur les questions soulevées par Baïus, Jansénius et Quesnel, et dirimées par l'Église, le Bréviaire de 1736 insinuait souvent, en paroles couvertes, la doctrine de Vigier, de Mésenguy et de Coffin. De nombreux retranchements avaient eu également lieu dans le but de se débarrasser d'autorités importunes.

 

Ainsi, pour infirmer le dogme de la mort de Jésus-Christ pour tous les hommes, on avait retranché de l'office du vendredi saint l'antienne tirée de saint Paul : Proprio filio suo non pepercit Deus, sed pro nobis omnibus tradidit illum. On avait fait disparaître d'une leçon du lundi de la Passion ces paroles : Magnum enim facinus erat cujus consideratio illos faceret desperare, sed non debebant desperare pro quibus in Cruce pendens Dominus est dignatus orare.

 

Pour favoriser le damnable système qui prétend que les commandements ne sont pas toujours possibles, et que l'on ne résiste jamais à la grâce intérieure, on avait fait disparaître de l'office de saint Jacques le Majeur une homélie de saint Jean Chrysostome, parce qu'elle contenait ces paroles : Christus ita locutus est ut indicaret non ipsius esse solius dare, sed eorum qui decertant accipere. Nam si solius esset ipsius, omnes hommes salvi fierent, et ad agnitionem veritatis venirent.

 

A la fête de sainte Agathe, une autre homélie du même saint docteur avait pareillement disparu, parce qu'on y lisait ces mots : Quod ideo dixit, ut ostenderet superiore nobis auxilio opus esse (quod quidem omnibus illud petentibus paratum est) si volumus in hac luctatione superiores evadere.

 

On avait retranché pareillement la deuxième leçon du lundi de la Pentecôte, qui renfermait ces paroles : Ergo quantum in medico est sanare venit œgrotum (Christus). Ipse se interimit qui prœcepta medici servare non vult. Salvari non vis ab ipso : ex te judicaberis.

 

Dans la deuxième leçon de l'office de saint Léon, des paroles de ce saint docteur, qui semblaient mises là tout exprès pour commander l'acceptation du formulaire et la soumission à la Bulle, avaient été effacées. Mais aussi combien elles étaient expressives ! Damnent (hœretici) apertis professionibus sui superbi erroris auctores, et quidquid in doctrina eorum universalis Ecclesia exhorruit detestentur; omniaque decreta synodalia quœ ad excisionem hujns haereseos Apostolicœ Sedis confirmavit auctoritas, amplecti se et in omnibus approbare, plenis et apertis ac propria manu subscriptis protestationibus eloquantur.

 

Un passage de la troisième leçon de saint Martin, pape et martyr, avait également disparu. On en devinait sans peine la raison, quand on se rappelait qu'il y était parlé de l'édit de l'empereur Constant, qui prescrivait le silence sur les questions de la foi, et de la résistance du saint pape à une mesure qui compromettait si gravement les intérêts de l'orthodoxie. Les partisans du Silence respectueux avaient donc retranché les paroles suivantes : Interim Constans ut suo Typo ab omnibus subscriberetur, silentiumque in eo de quœstione Catholicos inter et Mono-thelitas agitata indictum observaretur, primum Olympium Exarchum Ravennatem Romain misit; tum Calliopam Olympii successorem, a quo Martinus cum edicto impio juxta Lateranense concilium resisteret, Roma vi abductus est, etc.

 

C'était dans le même esprit que l'on avait supprimé, au 26 novembre, l'office de sainte Geneviève du Miracle des Ardents, à cause de certaines leçons tirées de saint Irénée, et dans lesquelles étaient données les règles pour discerner les miracles des hérétiques d'avec ceux de l'Eglise catholique ; ce qui devenait par trop embarrassant, si on en voulait faire l'application aux prodiges du Bienheureux Diacre.

 

Les additions et insertions faites au nouveau Bréviaire parisien, dans un but janséniste, étaient nombreuses : mais, en général, elles étaient prudentes, et les précautions avaient été prises, au moins d'une certaine façon, contre les réclamations des catholiques. C'est le propre de l'hérésie de procéder par équivoques, de se retrancher dans les sinuosités d'un langage captieux. Languet, dans sa discussion avec l'évêque de Troyes, a trop bien démasqué les artifices liturgiques du jansénisme pour que nous ayons besoin de faire ici autre chose que citer des exemples tirés du Bréviaire de Vigier et Mésenguy.

 

On sait que durant la première moitié du XVIIIe siècle, les jansénistes, déconcertés de leur petit nombre comparativement au reste de l'Église qui avait accepté la Bulle, imaginèrent de se faire un mérite de ce petit nombre, prétendant que la visibilité de l'Église s'était obscurcie, que la Vérité, c'est le nom consacré par lequel ils désignaient tout leur système, ne triompherait qu'à l'arrivée d'Élie qui était prochaine, et qui devait amener la conversion des Juifs et la régénération de l'Église, par ce renfort considérable. Les plus habiles de la secte entreprirent même de grands travaux sur l'Écriture sainte, pour appuyer ce système. Le nouveau bréviaire avait consacré tout le corps des répons du VIIe Dimanche après la Pentecôte, à célébrer de si belles espérances. Comme toutes les paroles de ces répons étaient tirées de l'Écriture sainte, on se sentait inexpugnable. Voici cette composition :

1er R/. Surrexit Elias Propheta quasi ignis, et verbum ejus quasi facula ardebat : * Verbo Dei continitit ccelum. V/. Elias honto eral similis nobis, passibilis : et oravit nt non plueret, et nonpluit; et rursumoravit,et ccelum dedit pluviam. * Verbo Dei, etc.

Ce répons est le debut de l'oeuvre tout entiere : il n'y faut pas chercher d'autre intention.

 

Voici maintenant la mission du prophete vers une veuve desolee :

2e R/. Factus est sermo Domini ad Eliam, dicens : Surge et vade in Sarepta Sidoniorum, et manebis ibi; praecepi enim ibi mulieri viduae, ut pascat te : * Surrexit et abiit in Sarepla. V/. Multae viduae erant in diebus Elice in lsrael, cum facta esset fames magna in omni terra; et ad nullam illarum missus est Elias, nisi in Sarepta Sidoniae, ad mulierem viduam. * Surrexit.

Cette grande famine qui ravageait toute la terre, est cette famine spirituelle dont la secte prétendait que l’Eglise était travaillée.

 

Aussi le prophète s'adressant au peuple, lui reproche-t-il de balancer entre la vraie et la fausse doctrine : 

3e R/. Accedens Eliasad omnem populum, ait :Usquequo claudicatis in duas partes? * Si Dominus est Deus, sequimini eum. f. Nemo potest duobus dominis servire. * Si.

 

Apres ce prélude, viennent les répons du second nocturne, dans lesquels le but des rédacteurs, toujours cachés derrière le prophète, devient de plus en plus manifeste. C’est Israël même qui a rompu le pacte avec Dieu ; Elie se plaint d'être seul reste fidèle, et encore ses jours sont menacés. 

4e R/. Ecce vox Domini ad Eliam; et ille respondit: Zelo zelatus sum pro Domino Deo exercituum, quia dereliquerunt pactum tuum filii Israel : * Prophetas tuos occiderunt gladio, derelictus sum ego solus, et quaerunt animam meam ut auferant eam. V/. An nescitis in Elia quid dicit Scriptura, quemadmodum interpellat Deum adversum Israel? * Prophetas.

 

Cependant Elie n'est pas seul, Israel renferme encore sept mille hommes fidèles. Le nombre n'est pas considérable, mais aujourd'hui encore, ne voit-on pas que l’élection gratuite opère dans la même proportion, jusqu'a ce que vienne la prédication d'Elie ?

5e R/. Quid dicit Eliae divinum responsum? Reliqui mihi septem millia virorum qui non curvaverunt genua ante Baal. * Sic ergo et in hoc Qempore reliquice secundum electionem gratice salvce factce sunt. V/. Antequam veniat diesDomini magnus, convertet Elias cor patrum adfilios, et cor filiorum ad patres eorum * Sic ergo.

 

Maintenant, que fera Elie ? II restituera les tribus de Jacob ; il rétablira toutes choses, et ces merveilles auront lieu bientôt, car le prophète est sur le point de paraître.

6e R/. Elia, quis potest similiter sic gloriari tibi? Qui receptus es in turbine ignis,in curru equorum igneorum: qui scriptus es injudiciis temporum * Lenire iracundiam Domini, conciliare cor patris ad filium, et restituere tribus Jacob. V/. Elias quidem venturus est et restituet omnia : dico autemvobis, quia Elias jam venit. * Lenire.

 

Le langage devient plus expressif, au troisième nocturne. On y dénonce les faux prophètes. Ce sont d'abord les docteurs qui enseignent de faux dogmes : ceux qu'on cherche à flétrir du nom de Molinistes.

7e R/. Attendite a falsis prophetis, qui * Veniunt ad vos in vestimentis ovium, intrinsecus autem sunt lupi rapaces. V/. Non misi eos, et ipsi prophetant in nomine meo mendaciter, ut pereatis. * Veniunt.

 

En second lieu, ces faux prophetes sont les docteurs de la morale relâchée ; le lecteur sait quelle école on désigne ainsi dans le parti.

8e R/. Prophetant de corde suo: * Consuunt pulvillos sub omni cubito manus, et faciunt cervicalia sub capite ad capiendas animas. V/. A fructibus eorum cognoscetis eos. * Consuunt.

 

En troisième lieu, ces faux prophètes sont des hommes vertueux à l'extérieur, témoin celui que les Molinistes appellent saint Vincent de Paul et que la secte persiste à vouloir toujours nommer Monsieur Vincent. Il importe donc de se prémunir contre cette troisième classe de séducteurs.

9e R/. Non omnis qui dicit mihi, Domine, Domine, intrabit in.regnum cœlorum; sed * Qui facit voluntatem Patris met, ipse intrabit in regnum cœlorum. V/. Qui custodit mandatum, custodit animant suam. * Qui.

 

Voilà un échantillon du savoir-faire de nos liturgistes.

 

Que si quelques-uns de nos lecteurs trouvaient nos défiances exagérées ou injustes, nous leur conseillerons de lire les livres du parti, les ouvrages de Duguet, par exemple, les Nouvelles ecclésiastiques, etc., ils ne tarderont pas à devenir familiers à ce langage biblique de la secte. A force de rencontrer, dans les diatribes du parti contre le Pape, les évêques constitutionnaires, les jésuites, etc., les textes que nous venons de citer, ils les reconnaîtront aisément dans les répons du VIIe Dimanche après la Pentecôte, et dans plusieurs autres endroits du bréviaire.

 

Certes, nous ne nous donnerons pas la peine et nous ne causerons pas au lecteur l'ennui d'une complète énumération des passages scabreux du Bréviaire de Vintimille : cependant nous en signalerons encore quelques-uns.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XIX : SUITE DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE. — PROJETS DE BREVIAIRE A PRIORI. — GRANCOLAS, FOINARD. — BREVIAIRES DE SENS, AUXERRE, ROUEN, ORLÉANS, LYON, ETC. — BRÉVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DU CARDINAL DE NOAILLES. — BREVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DE L'ARCHEVÊQUE VINTIMILLE. — AUTEURS DE CETTE LITURGIE. VIGIER. MÉSENGUY. COFFIN. — SYSTEME SUIVI DANS LES LIVRES DE VINTIMILLE. — RÉCLAMATIONS DU CLERGÉ. — VIOLENCES DU PARLEMENT DE PARIS. — TRIOMPHE DE LA LITURGIE DE VINTIMILLE.

 

Bréviaire parisien, dit de Vintimille

Bréviaire parisien, dit de Vintimille, édité sous l'épiscopat de Monseigneur de Vintimille

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 12:30

On doit convenir qu'il était difficile de gouverner un diocèse comme celui de Paris, inondé de jansénistes, dans la Sorbonne, dans les cures, dans les maisons religieuses, dans le parlement, et qui, durant les trente années de l'épiscopat du cardinal de Noailles, avait été le théâtre des saturnales de l'hérésie triomphante.

 

Aussi les actes par lesquels l'archevêque de Vintimille avait signalé le commencement de son gouvernement, bien qu'ils fussent compensés par une grande douceur sur d'autres points, lui avaient aliéné promptement les jansénistes : il eut le malheur, en 1736, de les entendre chanter ses louanges, et faire l'ardente apologie d'une de ces œuvres. Cette œuvre était l'adoption solennelle du fameux bréviaire.

 

Charles de Vintimille s'était laissé persuader que l'Église de Paris ne devait pas rester en retard des autres qui, en si grand nombre, par toute la France, avaient convolé à une liturgie nouvelle. Il avait entendu parler des travaux du P. Vigier ; il y avait souri, et, décidément, cet oratorien avait été choisi pour doter l'Église d'un nouveau corps d'offices. On lui avait seulement associé deux hommes dont les noms seuls rappellent les plus grands scandales de cette époque. Le premier, François-Philippe Mésenguy, était notoirement en révolte contre les décisions de l'Église. Revêtu de l'ordre d'acolyte, et, à l'exemple de Le Brun Desmarettes, n'ayant jamais voulu prendre le sous-diaconat, il fut un des plus ardents, en 1739, à s'opposer à la révocation de l'appel par la Faculté des arts. Son Exposition de la doctrine chrétienne, qui avait été mise à l'Index dès 1757, fut condamnée par un bref solennel de Clément XIII, en date du 14 juin 1761. Ses écrits contre la bulle et en faveur de l'appel en faisaient l'un des plus célèbres champions du parti.

 

Le second des collaborateurs de Vigier était un simple laïque. Charles Coffin, successeur de Rollin dans l'administration du collège de Beauvais, à Paris, et appelant comme son prédécesseur, s'était chargé de composer les hymnes nécessaires pour le nouveau bréviaire. Nous mettons, certes, son mérite, comme hymnographe beaucoup au-dessus de celui de Santeul ; il est d'autant plus triste pour nous d'avoir à raconter jusqu'à quel point il le prostitua. Mais si l'hymnographe du nouveau bréviaire était supérieur à Santeul pour le véritable génie de la poésie sacrée, sous le rapport de l'orthodoxie, il offrait moins de garanties encore. Le poète Victorin, homme léger et sans conséquence, était, il est vrai, ami et fauteur d'hérétiques ; Coffin, personnage grave et recueilli, était hérétique notoire. C'était donc d'un homme étranger à l'Église catholique, que l'Église de Paris, et tant d'autres après elle, allaient recevoir leurs cantiques sacrés. Les poésies d'un janséniste contumace allaient remplacer les hymnes de l'Église romaine, que François de Harlay et le cardinal de Noailles avaient du moins retenues presque en totalité.

 

Ce fait unique dans les fastes de l'histoire ecclésiastique, et qui témoigne d'un renversement d'idées sans exemple, est d'autant plus inexplicable que l'Église de Paris elle-même, quand son hymnographe fut sur le point de mourir, en 1749, lui refusa le baiser de sa communion. Coffin mourut sans sacrements, et le refus que fit le curé de Saint-Étienne-du-Mont de les lui administrer, fut approuvé par l'archevêque Christophe de Beaumont. Et l'Église de Paris continua de chanter et chante encore les hymnes de Coffin, cette même Église qui, comme toutes les autres, n'admet point dans son bréviaire une seule leçon de Tertullien, d'Origène, ou d'Eusèbe de Césarée, même tirée de leurs  ouvrages orthodoxes, parce que la pureté de la foi et la sainteté des offices divins ne le pourraient souffrir, parce que tous les siècles chrétiens déposeraient contre une semblable témérité ! Quoi donc ? Charles Coffin est-il plus que Tertullien, dont  presque tous les écrits sont un miroir de doctrine ; plus qu'Origène, dont les intentions paraissent avoir  été  toujours pures ; plus qu'Eusèbe de Césarée, dont la parole est presque toujours si lumineuse et si éloquente ? Pour nous, Dieu sait à quel prix  nous désirerions, pour la  gloire  et pour l'entière pureté de l'Église de France qui nous a élevé, voir disparaître  jusqu'au   souvenir  de   ces   désolantes  traces  des influences de l'hérésie la plus méprisable qui ait jamais insulté le  corps mystique  de Jésus-Christ.

 

Nous nous sentons cruellement humilié, quand nous lisons, dans le journal de la secte, ces dures paroles auxquelles il nous est impossible de répondre autrement qu'en baissant la tête : "On chante tous les jours dans l'Église de Paris la foi que  professait M.   Coffin, contenue dans des hymnes que  feu M. de Vintimille lui-même l'avait chargé de composer. M. de Beaumont, successeur de M. de Vintimille  dans cet archevêché, les autorise par l'usage qu'il en  fait, et par l'approbation qu'il est censé donner au Bréviaire de son diocèse. Le P. Bouettin (Génovéfain, curé de Saint-Etienne-du-Mont) les chante lui-même, malgré qu'il en ait ; et les sacrements sont refusés  à la mort à  celui qui les a composées !  Le curé fait  le  refus,   l'archevêque  l'autorise !" ( Nouvelles ecclésiastiques, 10 juillet 1749)

 

Ce n'est pas tout encore. Le parlement  de  Paris  fut saisi de cette affaire.  On entendit le conseiller Angran dénoncer aux chambres assemblées le refus de sacrements fait à Charles Coffin, comme un acte de schisme. Il partait de ce principe, que c'est un acte de schisme que de refuser la communion à ceux qui sont dans l'Église, aussi bien que de communiquer avec ceux qui en sont séparés ; d'autre part, disait-il, on ne pouvait pas raisonnablement admettre que l'Église de Paris eût été demander à un excommunié de lui composer des hymnes. C'est pourtant ce qui était arrivé ! Angran disait en outre que "les refus de sacrements étaient sagement établis à l'égard des protestants,  des déistes, etc. ; mais que ce serait en faire un abus  manifeste que de s'en servir à l'égard des fidèles dont  la vertu et la catholicité sont connues de tout le monde  et justifiées depuis si longtemps (par rapport à M. Coffin  en particulier), par la confiance du public et par celle  de M. de Vintimille lui-même, qui l'avait chargé de  composer les hymnes du Bréviaire de Paris". (Nouvelles ecclésiastiques, 18 septembre 1749.)

 

Notre devoir d'historien nous a contraint de ne pas omettre ces détails vraiment pénibles : mais si nous ne les produisions pas avec cette étendue qui, aujourd'hui, croirait à nos assertions ?

 

La commission désignée par Charles de Vintimille pour donner à l'Église de Paris un bréviaire digne d'elle, était donc composée de ces trois personnages, Vigier, Mésenguy et Coffin. Ce choix avait été suggéré à l'archevêque par Louis-Abraham d'Harcourt, doyen du chapitre de Notre-Dame ; il doit nous éclairer sur l'esprit et les principes de cet ecclésiastique. Toutefois, nous ne passerons pas outre, sans faire remarquer au lecteur le contraste frappant qui règne entre la commission chargée par l'archevêque de Vintimille de renouveler de fond en comble la Liturgie parisienne, et celle qui avait opéré la simple correction du bréviaire et du missel, au temps de François de Harlay. Dans cette dernière, presque tous les membres occupent un rang distingué dans l'Église de Paris. Ils sont au nombre de douze et tous revêtus du sacerdoce. La commission de Vintimille n'était plus composée que de trois membres; un seul était prêtre, des deux autres, l'un était simple acolyte, l'autre laïque. Beaucoup de conséquences ressortent de ce fait. Nous avons déjà parlé de l'envahissement du presbytérianisme et du laïcisme dans les choses capitales de la religion : nous dirons, de plus, qu'une si étrange commission pour une œuvre majeure comme la refonte universelle de la Liturgie, montre clairement que la Liturgie elle-même avait grandement baissé d'importance aux yeux du prélat qui choisit les commissaires, du clergé qui accepta le fameux bréviaire après quelques réclamations, du siècle enfin qui vit une pareille révolution, et ne l'a pas mise à la tête des plus grands événements qui signalèrent son cours. Nous le répétons, ce n'est pas ainsi que saint Pie V, Clément VIII et Urbain VIII avaient procédé pour la simple révision des livres romains.

 

Ainsi, l'Église de Paris attendait patiemment que nos trois commissaires eussent enfanté leur œuvre. Une année avant que cette œuvre fût en état de paraître au jour, Mésenguy, voulant pressentir l'opinion publique, fit imprimer trois Lettres écrites de Paris à un chanoine de l'église cathédrale de ***, contenant quelques réflexions sur les nouveaux bréviaires (1735. In-12 de 80 pages). Ce petit écrit, tout imprégné des maximes modernes sur la Liturgie, avait pour but de faire valoir le nouveau bréviaire ; mais, comme l'observe judicieusement l'Ami de la Religion, dans l'article cité, Mésenguy aurait dû laisser à un autre le soin de louer d'avance son propre travail.

 

Enfin, l'année 1736 vit l'apparition de la nouvelle Liturgie. Le bréviaire, qui avait été annoncé à tout le diocèse par un mandement de l'archevêque de Vintimille, portait en tête une lettre pastorale du prélat, sous la date du 3 décembre 1735. Nous parcourrons avec le lecteur ce monument d'une si haute importance pour notre histoire.

 

L'archevêque commence par recommander la nécessité de la prière en général, et le mérite spécial de la prière publique :

" L'Église, dit-il, cette chaste colombe dont les  pieux et continuels gémissements sont toujours exaucés  de Dieu, s'est réservée le soin de régler l'ordre des prières  de ses ministres, et de disposer les diverses parties de  ce très saint ministère. Dans l'office divin qui renferme  toute la matière du culte public, elle embrasse les plus  augustes mystères de Dieu et de la religion, les règles  incorruptibles de la foi et des mœurs, la doctrine de la  tradition consignée dans les écrits des saints Pères et  dans les décrets des conciles. Elle y propose les plus  illustres exemples de toutes les vertus dans la vie et la  mort des saints et des martyrs qu'elle vénère d'un culte  public, afin de nourrir la piété des fidèles, d'éclairer leur  foi, d'allumer leur ferveur. Elle enseigne que le culte  de Dieu consiste dans l'esprit, c'est-à-dire dans l'obéissance religieuse de l'esprit et du cœur, et dans l'adoration ; que les saints doivent être honorés, non par une  stérile admiration, mais par une imitation fidèle des  vertus qui ont brillé en eux."

 

Rien de plus incontestable en soi qu'une telle doctrine ; mais si l'office divin est, de la part de l'Église, l'objet d'une si juste sollicitude, si c'est à elle de le régler, il devrait être inviolable comme elle ; on ne devrait point, après tant de siècles, dans un diocèse particulier, bouleverser, renouveler une Liturgie fixée par l'Eglise dans l'antiquité, et pratiquée en tous lieux.  Si l'office divin doit contenir la doctrine de la   Tradition, il ne faudrait donc pas remplacer les formules séculaires dans lesquelles s'exprime si solennellement cette Tradition, par des versets de l'Écriture choisis par de simples particuliers suspects dans la foi.  Si l'Église, qui nous propose dans le bréviaire les exemples des  saints,   a  intention  de   nourrir la piété, d'éclairer la foi, d'allumer la ferveur, et non d'exciter en nous une stérile admiration, il faudrait cependant se souvenir que l’admiration est le principe de la louange, et que la louange  est  une des  parties  essentielles de la Liturgie.

 

Ainsi, par exemple, en supprimant dans le Bréviaire de Paris jusqu'à la simple mention des stigmates de saint François, Charles de Vintimille diminue assurément la somme des motifs de l’admiration que nous serions tentés d'avoir pour cet ami du Christ; mais si, par cette suppression, il a l'avantage de mettre saint François plus à portée de notre imitation, il se sépare avec éclat, non seulement de François de Harlayet du cardinal de Noailles, qui avaient laissé le récit des stigmates dans la Légende de   saint   François, mais   bien plus   encore de l'Église romaine, qui, non contente d'en parler dans l'office du patriarche séraphique, au 4 octobre, en a institué une fête spéciale du rite double, pour toute l'Église, au 17 septembre. Il est vrai que l'Église romaine a fort à cœur de nous inspirer l’ admiration des saints ; car elle trouve que déjà ce sentiment est un hommage envers  Dieu, qui se glorifie d'être admirable dans ses serviteurs.

 

" Les premiers pasteurs, continue la lettre pastorale,  ayant considéré toutes ces choses, se sont proposé  spécialement de réunir dans l'ensemble de l'office ecclésiastique les matériaux nécessaires aux prêtres pour «instruire plus facilement dans la science du salut les  peuples qui leur sont confiés. Tel est le service qu'ont rendu les trois illustres prélats, nos prédécesseurs immédiats; à leur exemple, un grand nombre d'évêques  de ce royaume ont publié de nouveaux bréviaires avec  un succès digne d'éloges". Ainsi les trois archevêques, de Péréfixe, de Harlay et de Noailles, doivent être considérés comme les auteurs de la révolution liturgique. C'est donc à Paris qu'est née cette idée de ne plus faire du bréviaire qu'un livre d'études sacerdotales, d'ôter à ce livre son caractère populaire, de n'y plus voir le répertoire des formules consacrées par la tradition. Jusqu'alors on l'avait considéré comme l'ensemble des prières et des lectures qui doivent retentir dans l'assemblée des fidèles ; tout ce qu'il contenait était ordonné pour le culte divin ; maintenant il ne sera plus qu'un livre de cabinet, parsemé de psaumes et d'oraisons ; et à cette époque de controverses, on s'en va choisir de préférence pour le rédiger des gens naturellement disposés à l'adapter aux maximes de leur parti,tant par ce qu'ils y inséreront de suspect, que parce qu'ils trouveront moyen d'en ôter.

 

" Nous donc, aussitôt que, par le don de la divine Providence, nous avons eu pris le gouvernement de cette  Église métropolitaine, ayant été averti par des hommes  sages et érudits, nous avons reconnu la nécessité d'un  nouveau bréviaire. En effet, l'ordre admirable et le goût  excellent de solide piété et doctrine qui brille dans plusieurs des offices des dernières éditions du bréviaire,  nous a fait désirer ardemment de voir introduire dans  le reste des offices une dignité et une pureté semblables.  C'est dans ce but qu'on a travaillé, pour rendre ce  bréviaire digne de la majesté du culte divin et conforme  à nos vœux, qui ont pour objet la sanctification de  tous". Le prélat ne désigna point les auteurs du bréviaire, elaboratum est ; à moins qu'on ne veuille appliquer à Vigier, Mésenguy et Coffin, la qualification d'hommes sages et érudits ! Il est remarquable aussi que le prélat ne convient pas franchement du renouvellement entier de la Liturgie opéré par la publication du nouveau bréviaire. Il n'a voulu autre chose, dit-il, que procurer dans le reste des offices le même ordre, le même goût de piété et de doctrine, la même dignité, la même pureté qui brillaient dans plusieurs de ceux du bréviaire précédent. Cependant, si l'on en excepte un très petit nombre d'offices, celui de sainte Marie Égyptienne, par exemple, qui fut rédigé dans le Bréviaire de Harlay par Nicolas Le Tourneux, tout est nouveau dans le Bréviaire de Vintimille, soit pour le propre du temps, soit pour celui des saints, les communs, etc. Remarquons, en outre, que les parties sacrifiées formaient principalement ce vaste ensemble que le Bréviaire de Harlay avait retenu du Bréviaire romain ; ainsi le reproche indirect de manquer d'ordre, de piété, de doctrine, de dignité, d’élégance, s'adresse à la Liturgie de saint Grégoire et de saint Pie V.

 

Venant ensuite au détail des améliorations que présente le nouveau bréviaire, la lettre pastorale s'exprime ainsi :

" Dans l'arrangement de cet ouvrage, à l'exception des  hymnes, des oraisons, des canons et d'un certain nombre  de leçons, nous avonscru devoir tirer de l'Écriture sainte  toutes les parties de l'office ; persuadés, avec les saints  Pères, que ces prières seront plus agréables à la majesté  divine, qui reproduisent non seulement les pensées,  mais la parole même de Dieu". Les saints Pères dont il est ici question se réduisent à saint Cyprien, qui, du reste, ne dit pas le moins du monde ce qu'on lui fait dire ici. Les saints Pères relèvent sans cesse l'autorité de la tradition, et l'on ne citerait pas un seul passage de leurs écrits dans lesquels ils aient dit ou insinué qu'il serait à propos d'effacer dans les offices divins les formules de style ecclésiastique, pour les remplacer par des versets de l'Écriture.

 

Si la parole de l'Église peut légitimement trouver place dans les hymnes et les oraisons, en vertu de quel principe l'exclura-t-on des antiennes et des répons ? Voilà le grand problème qu'on n'a jamais résolu qu'en disant : La chose doit être ainsi, parce qu'elle doit être ainsi.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XIX : SUITE DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE. — PROJETS DE BREVIAIRE A PRIORI. — GRANCOLAS, FOINARD. — BREVIAIRES DE SENS, AUXERRE, ROUEN, ORLÉANS, LYON, ETC. — BRÉVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DU CARDINAL DE NOAILLES. — BREVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DE L'ARCHEVÊQUE VINTIMILLE. — AUTEURS DE CETTE LITURGIE. VIGIER. MÉSENGUY. COFFIN. — SYSTEME SUIVI DANS LES LIVRES DE VINTIMILLE. — RÉCLAMATIONS DU CLERGÉ. — VIOLENCES DU PARLEMENT DE PARIS. — TRIOMPHE DE LA LITURGIE DE VINTIMILLE. 

 

Charles Coffin

Charles Coffin, Recteur de l'Université de Paris (1676-1749)

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15 janvier 2012 7 15 /01 /janvier /2012 05:00

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :

" Voici l'Agneau de Dieu. "

 
Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus.

Celui-ci se retourna, vit qu'ils le suivaient, et leur dit : " Que cherchez-vous ? "
Ils lui répondirent : " Rabbi (c'est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? "
Il leur dit : " Venez, et vous verrez. " 
Ils l'accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.

C'était vers quatre heures du soir.

 
André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : " Nous avons trouvé le Messie" (autrement dit : le Christ).

 
André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit :

" Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képha " (ce qui veut dire : pierre).


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 

Calling of the Apostles, Domenico Ghirlandaio, Cappella Sistina, Vatican

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 20:00
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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 12:30

Enfin, si l'Église de Lyon ne se voyait pas privée dans une proportion plus considérable du trésor de ses vénérables prières, c'est que, fort heureusement, le prélat qui lui donnait le nouveau bréviaire avait été retenu par l'inconvénient qu'il y aurait eu de déroger à cet usage de Lyon, en vertu duquel on chantait encore sans livre les heures canoniales. Nous verrons bientôt un archevêque de Lyon que cette considération n'arrêtera pas.

 

L'Église de Paris et son nouveau Bréviaire vont donc nous occuper maintenant, la même Église de Paris qui, au moyen âge, communiquait à un si grand nombre d'autres les poétiques et harmonieuses richesses de sa Liturgie romaine-française. Nous allons la voir recueillant, dans une œuvre trop fameuse, tout ce que renfermaient de nouveautés suspectes, de formes audacieuses, et le Bréviaire de François de Harlay, et celui de Cluny, et les Projets de Foinard et Grancolas, et les essais tentés à Sens, à Auxerre, à Rouen, à Nevers, à Orléans, etc.

 

Toutefois, il y eut une transition de la Liturgie de Harlay à celle de Vintimille. Le cardinal de Noailles, le même qui, durant sa longue occupation du siège de Paris, fatigua si longtemps de sa mesquine et opiniâtre rébellion le Siège apostolique et la cour de France, ne pouvait manquer de laisser dans les livres parisiens quelques traces de son passage. Nous trouvons deux éditions du Bréviaire de Paris données par son autorité, celle de 1698 et celle de 1714, et une du Missel en 1706. L'édition du Missel paraît avoir été dirigée par François Vivant, pénitencier de Notre-Dame et grand vicaire du cardinal, auquel on doit attribuer la plupart des proses qui s'y trouvent. Les lettres pastorales placées en tête du Bréviaire et du Missel portent expressément que l'on n'a voulu faire aucuns changements graves aux livres de François de Harlay dont on vante la perfection, et, en effet, il y a très peu de différences entre les bréviaires et missels de ces deux archevêques.

 

Cependant, nous citerons quelques traits fortement caractéristiques. François de Harlay avait répudié les traditions de l'Église romaine et celles de l'Église de Paris, sur sainte Marie-Magdeleine, et dans l'office de cette sainte, il avait professé expressément la distinction de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, d'avec l'illustre pécheresse, amante du Christ. Il y avait quelque chose de mieux à faire encore : c'était, en continuant de célébrer la fête de sainte Marie-Magdeleine, le 22 juillet, de consacrer un autre jour à la mémoire de Marie de Béthanie. Les fidèles ne seraient plus exposés à s'y méprendre et à retomber dans les préjugés insoutenables de l'Église romaine. Il est vrai que si, pourtant, Marie de Béthanie et Marie-Magdeleine sont une seule et même personne, l'acte souverain de Louis-Antoine de Noailles, pour les scinder en deux, ne pouvait avoir d'effet que dans le bréviaire ; car Dieu même ne pourrait faire qu'une personne unique durant sa vie, en puisse jamais former deux après sa mort. Toutefois, comme le gallicanisme, qui refuse à l'Église le pouvoir sur les choses terrestres, n'a pas si généreusement renoncé à l'empire sur les choses célestes, comme nous le verrons encore ailleurs, le Bréviaire du cardinal portait, sur le calendrier, au 19 janvier, ces mots :

Mariœ Bethanidis, sororis Lazari et Marthœ, en même temps qu'au 22 juillet, ceux-ci : Mariœ Magdalenœ.

 

En si beau chemin, il était difficile de s'arrêter. François de Harlay, dans ses livres liturgiques, avait vilipendé, les glorieuses traditions de l'Église de Paris sur l'Aréopagitisme de son saint apôtre ; mais il n'en était cependant pas venu jusqu'à inaugurer à un jour spécial la fête d'un saint Denys l'Aréopagite qui ne fût pas l'évêque de Paris. Le cardinal de Noailles le fit. Son calendrier portait, au 3 octobre, ces mots : Dionysii Areopagitœ, Athenarum Episcopi et Martyris, et plus bas, au 9 du même mois, ceux-ci : Dionysii, primi Parisiorum Episcopi, et Sociorum ejus Martyrum. Il n'est pas nécessaire d'être profondément versé dans les antiquités ecclésiastiques pour savoir que plusieurs anciens martyrologes portent en effet le nom de saint Denys au 3 octobre ; mais, outre que les partisans de l'Aréopagitisme de saint Denys de Paris satisfont à cette objection, était-ce au Bréviaire de Paris de rétracter et de flétrir d'une manière aussi humiliante ses propres traditions, tandis que la presque universalité des Églises, tant de l'Orient que de l'Occident, s'unit encore pour la féliciter de ce qu'elle a reçu la foi par le ministère de l'illustre disciple de saint Paul ? C'est une triste condition que celle de ces liturgies locales, et, par là même, mobiles, d'être condamnées à ressentir le contrecoup des révolutions que la mode introduit et que le retour à des idées plus saines peut anéantir. L'un des oracles de la critique moderne a dit : "L'opinion qui  identifie saint Denys l'Aréopagite avec saint Denys de Paris, née du temps de Louis le Débonnaire, est beaucoup moins ancienne que celle qui a rendu saint Denys  l'Aréopagite auteur de divers ouvrages qui ont commencé à paraître sous son nom plus de quatre cents ans  après sa mort. Mais elle ne vivra point apparemment  plus longtemps, et l'on peut attribuer au siècle de Louis le Grand la gloire de les avoir ensevelis dans le même  tombeau". (Baillet, Vies des Saints. Tome X, au 3 octobre, page 72.) Ainsi parlait Adrien Bailler, en 1701 ; mais si le XIXe siècle voit ressusciter ces deux opinions, qui sont du nombre des opinions de l'Église romaine, que deviendra le calendrier actuel de Paris ? Quels cartons ne faudra-t-il pas pour le Missel et le Bréviaire de cette Église ?

 

Quoique les changements faits au missel de Harlay par le cardinal de Noailles fussent assez légers, on remarqua néanmoins qu'on avait fait quelques additions. Nous en signalerons une entre autres dans la fameuse postcommunion de saint Damase, au 11 décembre, laquelle est entrée de plain-pied au Missel de Vintimille, et de là dans la presque totalité des missels français. La voici : Nullum primum nisi Christum sequentes, et Cathedra Petri communione consociatos, da nos, Deus, Agnum semper in ea domo comedere in qua beatus Damasus successor piscatoris et discipulus crucis meruit appellari.

 

Ceux de nos lecteurs qui connaissent la fameuse lettre de saint Jérôme au pape saint Damase reconnaîtront tout d'abord que cette postcommunion est entièrement composée de paroles tirées de cette lettre ; mais en quel sens ont-elles été détournées ! D'abord ces mots Nullum primuni nisi Christum sequentes, séparés du reste de cette magnifique épître dans laquelle saint Jérôme célèbre si éloquemment la principauté apostolique, qu'expriment-ils, dans leur isolement du contexte, sinon que les fidèles n'ont point d'autre Chef que Jésus-Christ ? Certes, si saint Jérôme eût vécu au temps de Luther ou de Jansénius,  il eût marqué avec son énergie ordinaire que s'il n'entendait suivre d'autre chef que Jésus-Christ,  il ne voulait parler que du chef invisible, sans préjudice de cet autre premier, de ce chef visible qui est le Pontife romain. Et ces paroles, Cathedrœ Petri Communions consociatos, signifiaient-elles uniquement dans la bouche de saint Jérôme un simple lien extérieur, sans dépendance sous le double rapport de la foi et de la discipline ? C'est ainsi, on le sait, que l'entendent les jansénistes, témoin les évêques de l'Église d'Utrecht et ceux de l'Église constitutionnelle de France, leurs disciples. Mais ce n'est pas là le sens de saint Jérôme qui, dans la même épître, inquiet de savoir, s'il faut une hypostase ou trois hypostases, demande au Pape de décider souverainement sur cette question : Decernite, et non timebo tres hypostases dicere ; de saint Jérôme, disons-nous, qui ne se borne pas à dire qu'il est uni de communion à la Chaire de Pierre, mais qui entend cette communion d'un lien tellement fort, d'une union tellement intime, qu'il ne craint pas d'appliquer au Pape ces paroles que Jésus-Christ dit de lui-même : Qui tecum non colligit, dispergit.

 

La dernière partie de la postcommunion, moins importante, il est vrai, offre encore matière à observation. On voit que l'auteur profite des paroles de saint Jérôme, pour flétrir, à propos de l'humilité de saint Damase, ce que la secte appelle le faste et l'orgueil de la cour romaine. On y demande à Dieu la grâce de manger l'Agneau dans cette maison où Damase a mérité d'être appelé le successeur du pêcheur et le disciple de la Croix. Cependant on pourrait, avec vérité, faire observer à François Vivant que Clément XI fut le digne successeur du pêcheur, et un sincère disciple de la Croix, bien qu'il ait cru devoir écraser l'hydre janséniste par la Bulle Unigenitus, et condamner comme hérétiques ceux qui ne se soumettraient pas aux décisions (decernite) apostoliques, malgré qu'on les entendît crier de toutes parts qu'ils étaient et voulaient être toujours unis de communion avec l'Église de Rome.

 

Mais il ne s'agit plus maintenant de quelques altérations faites aux livres liturgiques de Paris, qui, comme nous l'avons remarqué, sont encore demeurés conformes, pour la plus grande partie, à ceux de Rome, en dépit des innovations de François de Harlay, et même de son successeur. L'Église de Paris va voir substituer en masse, aux offices grégoriens qu'elle chante depuis le VIe siècle, un corps d'offices nouveaux, inconnus, inouïs, fabriqués à neuf par de simples particuliers, un prêtre, un acolyte, un laïque, et cet événement va entraîner, dans la plus grande partie de la France la ruine complète de l'œuvre de Charlemagne et des pontifes romains.

 

Vers l'année 1725, François-Nicolas Vigier, prêtre de l'Oratoire et successeur de Duguet en la charge de supérieur du séminaire de Saint-Magloire, s'étant livré aussi à la composition d'un bréviaire, suivant les idées nouvelles, se trouvait en mesure de faire jouir le public du fruit de ses labeurs. Ce personnage obscur devait être l'instrument de la plus grande révolution liturgique que l'Église de France ait vue depuis le VIIIe siècle. Il avait enfanté le Bréviaire de Paris. Cependant, ce n'était point à cette Église en particulier qu'il avait destiné son chef-d'œuvre. Le Cardinal de Noailles, qui mourut en 1728, avait refusé de l'adopter. François-Armand de Lorraine, évêque de Bayeux, avait paru mieux disposé ; mais son chapitre s'était retranché dans une si courageuse opposition, que le prélat s'était vu contraint de se désister dans son entreprise.

 

Il n'est pas difficile de comprendre les motifs de cette résistance ; c'était le sentiment de la foi qui se révoltait contre une œuvre suspecte. On savait que le P. Vigier appartenait à un corps profondément gangrené par l'hérésie janséniste, et, quant à lui-même, bien qu'il n'eût pas appelé de la bulle, sa réputation n'en était pas moins celle d'un homme rebelle dans le fond de son cœur. Au reste, il le fit bien voir lorsque, ayant été élu assistant de son général, le P. de la Valette, en 1746, il composa, pour aider à la pacification des esprits dans sa congrégation, sur le sujet des controverses du temps, un mémoire dans lequel il écartait de la bulle le caractère et la dénomination de règle de foi, la qualifiant simplement de règlement provisoire de police qui n'obligeait qu'à une soumission extérieure. Le Bréviaire du P. Vigier ne démentait pas trop, comme on va le voir, une pareille manière de penser dans son auteur : mais il fallait un patron à ce livre.

 

Dieu permit, dans son impénétrable conduite, qu'il trouvât ce patron dans Charles-Gaspard de Vintimille, qui venait de succéder au cardinal de Noailles sur le siège de la capitale. Ce prélat, qui avait occupé successivement les sièges de Marseille et d'Aix, parvint à celui de Paris vers sa soixante-quinzième année. Homme de ménagements et de tolérance, il essaya de tenir le milieu entre les appelants et les partisans de la bulle. Toutefois, il fit fermer le cimetière de Saint-Médard, profané par les honteux miracles du diacre Paris ; il eut même l'honneur de voir condamner, par le parlement de Paris, un mandement qu'il avait publié contre les Nouvelles ecclésiastiques ; mais, en même temps, on savait qu'il avait écrit, sous la date du 22 mai 1731, au cardinal de Fleury, une lettre fameuse ainsi conçue : "Ma foi, Monseigneur, je perds  la tête dans toutes ces malheureuses affaires qui affligent  l'Église. J'en ai le cœur flétri, et je ne vois nul jour de  soutenir cette bulle en France, que par un moyen qui  est de nous dire, à la franquette, les uns aux autres, ce  que nous entendons par chacune des propositions, quel  est le sens, le bien que nous approuvons, le mal que  nous rejetons, et après, frapper brutalement sur les uns  et sur les autres qui ne voudront point nous suivre : et si  Rome ne veut pas se rendre facile à ce que nous avons  fait, lui renvoyer sa constitution. Ce projet, je l'avoue,  que  j'ai fait plus d'une  fois, et que mon  chagrin  me fait faire, mérite quelque attention : mais en vérité on  se lasse de battre l'air et l'eau inutilement."

 

On doit convenir qu'il était difficile de gouverner un diocèse comme celui de Paris, inondé de jansénistes, dans la Sorbonne, dans les cures, dans les maisons religieuses, dans le parlement, et qui, durant les trente années de l'épiscopat du cardinal de Noailles, avait été le théâtre des saturnales de l'hérésie triomphante.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE XIX : SUITE DE L'HISTOIRE DE LA LITURGIE, DURANT LA PREMIERE MOITIÉ DU XVIIIe SIÈCLE. — PROJETS DE BREVIAIRE A PRIORI. — GRANCOLAS, FOINARD. — BREVIAIRES DE SENS, AUXERRE, ROUEN, ORLÉANS, LYON, ETC. — BRÉVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DU CARDINAL DE NOAILLES. — BREVIAIRE ET MISSEL DE PARIS, DE L'ARCHEVÊQUE VINTIMILLE. — AUTEURS DE CETTE LITURGIE. VIGIER. MÉSENGUY. COFFIN. — SYSTEME SUIVI DANS LES LIVRES DE VINTIMILLE. — RÉCLAMATIONS DU CLERGÉ. — VIOLENCES DU PARLEMENT DE PARIS. — TRIOMPHE DE LA LITURGIE DE VINTIMILLE. 

 

Charles-Gaspard de Vintimille

Charles Gaspard-Guillaume de Vintimille, Archevêque de Paris

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 22:28
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