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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


la vidéo sur KTO


Magnificat

     



Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


NOTRE DAME DES VICTOIRES

Notre-Dame des Victoires




... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






Yahad-In Unum

   

Vicariat hébréhophone en Israël

 


 

Mgr Fouad Twal

Patriarcat latin de Jérusalem

 

               


Vierge de Vladimir  

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SALVE REGINA

15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 11:00

Au moment où le chef gaulois fut mis à mort après le triomphe de César (51 avant l'ère chrétienne), aucune comparaison n'était possible entre la civilisation romaine et cette pauvre civilisation gauloise, qui ne connaissait même pas l'écriture, dont la religion était restée aux sacrifices humains. À cette conquête, nous devons presque tout. JACQUES BAINVILLE, HISTOIRE DE FRANCE (Chapitre 1)

 

Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César

Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César, Lionel Royer (1899), Musée Crozatier au Puy-en-Velay

 

Jamais colonisation n'a été plus heureuse, n'a porté plus de beaux fruits, que celle des Romains en Gaule. D'autres colonisateurs ont détruit les peuples conquis. Ou bien les vaincus, repliés sur eux-mêmes, ont vécu à l'écart des vainqueurs. Cent ans après César, la fusion était presque accomplie et des Gaulois entraient au Sénat romain. JACQUES BAINVILLE, HISTOIRE DE FRANCE (Chapitre 1)

  

Lionel Royer est né à Château-du-Loir dans la Sarthe le 25 décembre 1852. Engagé volontaire à moins de 18 ans dans les Volontaires de l’Ouest, il fait la guerre de 1870 et participe notamment à la bataille de Loigny le 2 décembre 1870 avec le général Athanase de Charette de la Contrie. Celui-ci, ayant remarqué qu’il dessine bien, lui fait offrir une bourse d'étude aux Beaux-Arts de Paris. Il y est élève d’Alexandre Cabanel et de Bouguereau.

Ses oeuvres les plus connues sont Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César (1899) et la décoration de la basilique de Domrémy dédiée à Jeanne d’Arc.
Lionel Royer

LIONEL ROYER (1852-1926)

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 04:00

À qui devons-nous notre civilisation ? À quoi devons-nous d'être ce que nous sommes ? À la conquête des Romains. Et cette conquête, elle eût échoué, elle se fût faite plus tard, dans des conditions différentes, peut-être moins bonnes, si les Gaulois n'avaient été divisés entre eux et perdus par leur anarchie. Les campagnes de César furent grandement facilitées par les jalousies et les rivalités des tribus. Et ces tribus étaient nombreuses : plus tard, l'administration d'Auguste ne reconnut pas moins de soixante nations ou cités. À aucun moment, même sous le noble Vercingétorix, la Gaule ne parvint à présenter un front vraiment uni, mais seulement des coalitions. Rome trouva toujours, par exemple chez les Rèmes (de Reims) et chez les Eduens de la Saône, des sympathies ou des intelligences. La guerre civile, le grand vice gaulois, livra le pays aux Romains. Un gouvernement informe, instable, une organisation politique primitive, balancée entre la démocratie et l'oligarchie : ainsi furent rendus vains les efforts de la Gaule pour défendre son indépendance.

 

Les Français n'ont jamais renié l'alouette gauloise et le soulèvement national dont Vercingétorix fut l'âme nous donne encore de la fierté. Les Gaulois avaient le tempérament militaire. Jadis, leurs expéditions et leurs migrations les avaient conduits à travers l'Europe, jusqu'en Asie Mineure. Ils avaient fait trembler Rome, où ils étaient entrés en vainqueurs. Sans vertus militaires, un peuple ne subsiste pas ; elles ne suffisent pas à le faire subsister. Les Gaulois ont transmis ces vertus à leurs successeurs. L'héroïsme de Vercingétorix et de ses alliés n'a pas été perdu : il a été comme une semence. Mais il était impossible que Vercingétorix triomphât et c'eût été un malheur s'il avait triomphé.

 

Au moment où le chef gaulois fut mis à mort après le triomphe de César (51 avant l'ère chrétienne), aucune comparaison n'était possible entre la civilisation romaine et cette pauvre civilisation gauloise, qui ne connaissait même pas l'écriture, dont la religion était restée aux sacrifices humains. À cette conquête, nous devons presque tout. Elle fut rude : César avait été cruel, impitoyable. La civilisation a été imposée à nos ancêtres par le fer et par le feu et elle a été payée par beaucoup de sang. Elle nous a été apportée par la violence. Si nous sommes devenus des civilisés supérieurs, si nous avons eu, sur les autres peuples, une avance considérable, c'est à la force que nous le devons.

 

Les Gaulois ne devaient pas tarder à reconnaître que cette force avait été bienfaisante. Ils avaient le don de l'assimilation, une aptitude naturelle à recevoir la civilisation gréco-latine qui, par Marseille et le Narbonnais, avait commencé à les pénétrer. Jamais colonisation n'a été plus heureuse, n'a porté plus de beaux fruits, que celle des Romains en Gaule. D'autres colonisateurs ont détruit les peuples conquis. Ou bien les vaincus, repliés sur eux-mêmes, ont vécu à l'écart des vainqueurs.

 

Cent ans après César, la fusion était presque accomplie et des Gaulois entraient au Sénat romain.

 

JACQUES BAINVILLE, HISTOIRE DE FRANCE, Chapitre I : Pendant 500 ans, la Gaule partage la vie de Rome

  

HISTOIRE DE FRANCE

ÉDITIONS PERRIN, nouvelle réédition 2011

" Une histoire de France des origines à la fin de la Grande Guerre par un styliste à la plume incomparable.
Voici enfin une histoire de France qui fait aimer la France. "
 

 

Jacques Bainville

JACQUES BAINVILLE

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 11:00

" Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation. "

(Bainville, Histoire de France) 

Carte de France par satellite

" Unique en Europe, la conformation de la France se prêtait à tous les échanges de courants, ceux du sang, ceux des idées. La France est un isthme, une voie de grande communication entre le Nord et le Midi. Il y avait, avant la conquête romaine, de prodigieuses différences entre la colonie grecque de Marseille et les Cimbres d'entre Seine et Loire ou les Belges d'entre Meuse et Seine. D'autres éléments, au cours des siècles, se sont ajoutés en grand nombre à ceux-là. Le mélange s'est formé peu à peu, ne laissant qu'une heureuse diversité. De là viennent la richesse intellectuelle et morale de la France, son équilibre, son génie.  " 

JACQUES BAINVILLE, HISTOIRE DE FRANCE (Chapitre 1)

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14 juillet 2011 4 14 /07 /juillet /2011 04:00

Il y a probablement des centaines de siècles que l'Homme s'est répandu sur la terre. Au-delà de 2500 ans, les origines de la France se perdent dans les conjectures et dans la nuit. Une vaste période ténébreuse précède notre histoire. Déjà, sur le sol de notre pays, des migrations et des conquêtes s'étaient succédées, jusqu'au moment où les Gaëls et Gaulois devinrent les maîtres, chassant les occupants qu'ils avaient trouvés ou se mêlant à eux. Ces occupants étaient les Ligures et les Ibères, bruns et de stature moyenne, qui constituent encore le fond de la population française. La tradition des druides enseignait qu'une partie des Gaulois était indigène, l'autre venue du Nord et d'outre-Rhin, car le Rhin a toujours paru la limite des Gaules. Ainsi, la fusion des races a commencé dès les âges préhistoriques. Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation.

  

Unique en Europe, la conformation de la France se prêtait à tous les échanges de courants, ceux du sang, ceux des idées. La France est un isthme, une voie de grande communication entre le Nord et le Midi. Il y avait, avant la conquête romaine, de prodigieuses différences entre la colonie grecque de Marseille et les Cimbres d'entre Seine et Loire ou les Belges d'entre Meuse et Seine. D'autres éléments, au cours des siècles, se sont ajoutés en grand nombre à ceux-là. Le mélange s'est formé peu à peu, ne laissant qu'une heureuse diversité. De là viennent la richesse intellectuelle et morale de la France, son équilibre, son génie.

  

On dit communément que, dans cette contrée fertile, sur ce territoire si bien dessiné, il devait y avoir un grand peuple. On prend l'effet pour la cause. Nous sommes habitués à voir à cet endroit de la carte un État dont l'unité et la solidité sont presque sans exemple. Cet État ne s'est pas fait tout seul. Il ne s'est pas fait sans peine. Il s'est fait de main d'homme. Plusieurs fois, il s'est écroulé mais il a été rebâti. La combinaison France nous paraît naturelle. Il y a eu, il aurait pu y avoir bien d'autres combinaisons.

 

Harmonieuse à l'œil, la figure de notre pays est fort défectueuse à d'autres égards. Du côté du Nord et de l'Est, la France a une mauvaise frontière terrestre qui l'expose aux invasions d'un dangereux voisin. De plus, Flandres, Allemagne, Italie, Espagne, l'inquiètent, la sollicitent, l'écartèlent presque. Si elle possède l'avantage unique de communiquer avec toutes les mers européennes, elle a, en revanche, des frontières maritimes trop étendues, difficiles à garder et qui exigent un effort considérable ou un choix pénible, l'Océan voulant une flotte et la Méditerranée une autre.

 

Si la France n'est pas dirigée par des hommes d'un très grand bon sens, elle risque de négliger la mer pour la terre et inversement, ou bien elle se laisse entraîner trop loin, ce qui lui arrivera à maintes reprises. Si elle n'a soin d'être forte sur mer, elle est à la merci d'une puissance maritime qui met alors obstacle à ses autres desseins. Si elle veut y être forte, la même puissance maritime prend ombrage de ses progrès et c'est un nouveau genre de conflit. Près de mille ans d'une histoire qui n'est pas finie seront partagés entre la mer et la terre, entre l'Angleterre et l'Allemagne.

 

Ainsi l'histoire de la France, c'est celle de l'élaboration et de la conservation de notre pays à travers des accidents, des difficultés, des orages, venus de l'intérieur comme de l'extérieur, qui ont failli vingt fois renverser la maison et après lesquels il a fallu la reconstruire. La France est une œuvre de l'intelligence et de la volonté.

 

JACQUES BAINVILLE, HISTOIRE DE FRANCE, Chapitre I : Pendant 500 ans, la Gaule partage la vie de Rome

  

HISTOIRE DE FRANCE

ÉDITIONS PERRIN, nouvelle réédition 2011

" Une histoire de France des origines à la fin de la Grande Guerre par un styliste à la plume incomparable.
Voici enfin une histoire de France qui fait aimer la France. "
 

 

Jacques Bainville

JACQUES BAINVILLE

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 04:00

À Gênes en Ligurie, en 1298, le bienheureux Jacques de Voragine, évêque, de l’Ordre des Prêcheurs.

Pour promouvoir dans le peuple la vie chrétienne, il proposa dans ses écrits les vertus des saints.
Martyrologe romain 

 

Prologue sur les Légendes des Saints recueillies par Jacques de Voragine du pays Génois, de l'ordre des Frères Prêcheurs : 

Tout le temps de la vie présente se divise en quatre parties :

Le temps de la déviation, de la rénovation ou du retour, de la réconciliation et du pèlerinage.

 

Le temps de la Déviation, commencé à Adam après son éloignement de Dieu, a duré jusqu'à Moïse. Il est représenté par l'Eglise depuis la Septuagésime, jusqu'à Pâques. Aussi alors récite-t-on le livre de la Genèse où est racontée la déviation de nos premiers parents.

 

Le temps de la Rénovation ou du retour, commencé à Moïse, a duré jusqu'à la naissance de Jésus Christ. Dans cet intervalle les hommes ont été rappelés et renouvelés à la Foi par les Prophètes. L'Eglise le reproduit de l'Avent à la Nativité de Jésus Christ ; pendant cette période on lit Isaïe qui traite évidemment de cette rénovation.

 

Le temps de la Réconciliation est celui dans lequel nous avons été réconciliés par le Christ. L'Église le reproduit de Pâques à la Pentecôte pendant lequel se lit l'Apocalypse qui traite pleinement du mystère de la réconciliation.

 

Le temps du Pèlerinage est celui de la vie présente, dans laquelle nous voyageons et nous combattons toujours. Ce temps est déterminé par l'Église de l'Octave de la Pentecôte à l'Avent du Seigneur. Elle lit alors les livres des Rois et des Macchabées, où sont racontés une foule de combats, emblèmes de notre combat spirituel.

 

Pour le temps qui s'écoule de la Nativité de Notre Seigneur à la septuagésime, il est en' partie renfermé sous le temps de la Réconciliation, époque de joie, qui dure depuis la Nativité jusqu'à l'octave de l'Épiphanie, et en partie sous le temps du Pèlerinage, à compter de l'Octave de l'Épiphanie jusqu'à la Septuagésime.

 

Cette, quadruple variété de temps peut encore s'expliquer comme il suit : Premièrement par la différence des quatre saisons. L'hiver se rapporte au premier temps, le printemps au second, l'été au troisième et l'automne au quatrième ; la raison de ces rapports est assez évidente. Secondement par les quatre parties du jour à la nuit correspond le premier temps, au matin le second, à midi le troisième, au soir le quatrième. Et quoique la déviation ait précédé la rénovation, cependant l'Église préfère commencer tous ses offices plutôt au temps de la rénovation qu'à celui de la déviation, c'est-à-dire à l'Avent plutôt qu'à la Septuagésime, pour deux motifs. Le premier, afin de ne paraître pas commencer dans le temps de l'erreur. Elle tient au fait, sans s'astreindre à suivre l'ordre du temps dans lequel il s'est passé ; les évangélistes procèdent eux-mêmes ainsi. La seconde, parce que par l'Avènement de Jésus Christ, tout a été renouvelé, et c'est le motif qui a fait donner à ce temps le nom de rénovation. Voilà que je fais tout nouveau (Apocalyp., XXI). C'est donc avec raison que l'Église commence alors tous ses offices.

 

Or, afin de conserver l'ordre établi par l'Église, nous traiterons : I° des fêtes qui tombent entre le temps de la Rénovation que l'Église-célèbre de l'Avent à Noël ; II° des fêtes qui arrivent pendant le temps de la Réconciliation d'une part et du Pèlerinage d'autre part, honorées par l'Église de Noël à la Septuagésime ; III° des fêtes qui se célèbrent dans la Déviation, c'est-à-dire de la Septuagésime jusqu'à Pâques ; IV° des fêtes du temps de la Réconciliation, de Pâques à la Pentecôte ; V° de celles qui arrivent dans le temps du Pèlerinage célébré par l'Église de la Pentecôte à l'Avent du Seigneur.

 

JACQUES DE VORAGINE

LA LÉGENDE DORÉE 

 

Codex of St George, Biblioteca Apostolica Vaticana, Rome

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12 juillet 2011 2 12 /07 /juillet /2011 04:00

Depuis le jour où Simon le Mage se fit baptiser à Samarie, jamais l'enfer ne s'était vu si près d'être maître dans l'Eglise qu'au temps où nous ramène à l'occasion de la fête présente le Cycle sacré. Repoussé par Pierre avec malédiction, Simon, s'adressant aux princes, leur avait dit comme autrefois aux Apôtres : "Donnez-moi pour argent ce pouvoir qu'à quiconque j'imposerai les mains, celui-là ait le Saint-Esprit" (Act. VIII.). Et les princes, heureux à la fois de supplanter Pierre et d'augmenter leurs trésors, s'étaient arrogé le droit d'investir les élus de leur choix du gouvernement des Eglises ; et les évêques à leur tour avaient vendu au plus offrant les divers ordres de la sainte hiérarchie ; et s'introduisant à la suite de la concupiscence des yeux, la concupiscence de la chair avait rempli le sanctuaire d'opprobres sans nom.

 

Le dixième siècle avait assisté à l'humiliation même du pontificat souverain ; le onzième, au tiers de son cours, voyait le débordement du fleuve maudit changer en marais les derniers pâturages encore saufs des brebis du Seigneur. L'œuvre du salut s'élaborait à l'ombre du cloître; mais l'éloquence de Pierre Damien n'avait point jusque-là franchi le désert, et la rencontre d'Hugues de Cluny, de Léon IX et d'Hildebrand devait se faire attendre plus encore. Or voici que dans le silence de mort qui planait sur la chrétienté, un cri d'alarme a retenti soudain, secouant la léthargie des peuples : cri d'un moine, vaillant homme d'armes jadis, vers qui s'est penchée la tête du Christ en croix pour reconnaître l'héroïsme avec lequel un jour il sut épargner un ennemi. Chassé par le flot montant de la simonie qui vient d'atteindre son monastère de San-Miniato, Jean Gualbert est entré dans Florence, et trouvant là encore le bâton pastoral aux mains d'un mercenaire, il a senti le zèle de la maison de Dieu dévorer son cœur ; en pleine place publique, il a dénoncé l'ignominie de l'évêque et de son propre abbé, voulant ainsi du moins délivrer son âme.

 

A la vue de ce moine qui, dans son isolement, se dressait ainsi contre la honte universelle, il y eut un moment de stupeur au sein de la foule assemblée. Bientôt les multiples complicités qui trouvaient leur compte au présent état de choses regimbèrent sous l'attaque, et se retournèrent furieuses contre le censeur importun qui se permettait de troubler la bonne foi des simples. Jean n'échappa qu'à grand'peine à la mort ; mais, dès ce jour, sa vocation spéciale était fixée : les justes qui n'avaient point cessé d'espérer, saluèrent en lui le vengeur d'Israël ; leur attente ne devait pas être confondue.

 

Comme toujours cependant pour les œuvres authentiquement marquées du sceau divin, l'Esprit-Saint devra mettre un long temps à former l'élu de sa droite. L'athlète a jeté le gant aux puissances de ce monde ; la guerre sainte est ouverte : ne semble-t-il pas que dès lors il faille avant tout donner suite à la déclaration des hostilités, tenir campagne sans trêve ni repos jusqu'à pleine défaite de l'ennemi ? Et néanmoins le soldat des combats du Seigneur, allant au plus pressé, se retirera dans la solitude pour y améliorer sa vie, selon l'expression si fortement chrétienne de la charte même qui fonda Vallombreuse. Les tenants du désordre, un instant effrayés de la soudaineté de l'attaque et voyant sitôt disparaître l'agresseur, se riront de ce qui ne sera plus à leurs yeux qu'une fausse entrée dans l'arène ; quoi qu'il en coûte au brillant cavalier d'autrefois, il attendra humble et soumis, pour reprendre l'assaut, ce que le Psalmiste appelle le temps du bon plaisir de Dieu ( Psalm. LXVIII, 14.).

 

Peu à peu, de toutes les âmes que révolte la pourriture de cet ordre social en décomposition qu'il a démasqué, se recrute autour de lui l'armée de la prière et de la pénitence. Des gorges des Apennins elle étend ses positions dans la Toscane entière, en attendant qu'elle couvre l'Italie et passe les monts. Septime à sept milles de Florence, Saint-Sauve aux portes de la ville, forment les postes avancés où, en 1063, reprend l'effort de la guerre sainte. Un autre simoniaque, Pierre de Pavie, vient d'occuper par droit d'achat le siège des pontifes. Jean et ses moines ont résolu de plutôt mourir que de porter en silence l'affront nouveau fait à l'Eglise de Dieu. Mais le temps n'est plus où la violence et les huées d'une foule séduite accueillaient seules la protestation courageuse du moine fugitif de San-Miniato. Le fondateur de Vallombreuse est devenu, par le crédit que donnent les miracles et la sainteté, l'oracle des peuples. A sa voix retentissant de nouveau dans Florence, une telle émotion s'empare du troupeau, que l'indigne pasteur, sentant qu'il n'a plus à dissimuler, rejette au loin sa peau de brebis et montre en lui le voleur qui n'est venu que pour voler, pour égorger et pour perdre. Une troupe armée à ses ordres fond sur Saint-Sauve ; elle met le feu au monastère, et se jette sur les moines qui, surpris au milieu de l'Office de la nuit, tombent sous le glaive, sans interrompre la psalmodie jusqu'au coup qui les frappe. De Vallombreuse, à la nouvelle du martyre ennoblissant ses fils, Jean Gualbert entonne un chant de triomphe. Florence, saisie d'horreur, rejette la communion de l'évêque assassin, Pourtant quatre années encore séparaient ce peuple de la délivrance, et les grandes douleurs pour Jean n'étaient pas commencées.

 

L'illustre ennemi de tous les désordres de son temps, saint Pierre Damien, venait d'arriver de la Ville éternelle. Investi de l'autorité du Pontife suprême, on était assuré d'avance qu'il ne pactiserait point avec la simonie, et l'on pouvait croire qu'il ramènerait la paix dans cette Eglise désolée. Ce fut le contraire qui eut lieu. Les plus grands saints peuvent se tromper, et, dans leurs erreurs, devenir les uns pour les autres un sujet d'épreuve d'autant plus acerbe que leur volonté, moins sujette aux changements capricieux des autres hommes, reste plus ferme dans la voie qu'ils se sont une fois tracée en vue des intérêts de Dieu et de son Eglise. Peut-être le grand évêque d'Ostie ne se rendit pas assez compte de la situation toute d'exception que faisaient aux victimes de Pierre de Pavie sa simonie notoire, et la violence avec laquelle il massacrait lui-même sans autre forme de procès les contradicteurs. Partant de l'incontestable principe que ce n'est point aux inférieurs à déposer leurs chefs, le légat réprouva la conduite de ceux qui s'étaient séparés de l'évêque ; et, arguant de certaines paroles extrêmes échappées à quelques-uns dans une indignation trop peu contenue, il retourna sur ceux qu'il appelait "ses confrères les moines" l'accusation d'hérésie portée par eux contre le prélat simoniaque.

 

L'accès du Siège apostolique restait ouvert aux accusés ; ils y portèrent intrépidement leur cause. Cette fois du moins, on ne pouvait soulever d'argument d'exception contre la canonicité de leur procédure. Mais là, dit l'historien, beaucoup craignant pour eux-mêmes se mirent à s'élever contre eux; et lorsque presque tous, exhalant leur fureur, jugeaient dignes de mort ces moines dont la témérité osait faire la guerre aux prélats de l'Eglise, alors derechef, en plein concile romain, Pierre Damien prenant la parole alla jusqu'à dire au Pontife suprême : "Seigneur et Père saint, ce sont là les sauterelles qui dévorent la verdure de la sainte Eglise; que le vent du midi se lève et les emporte à la mer Rouge !" Mais le saint et très glorieux Pape Alexandre II, répondant avec douceur à ces excès de langage, prenait les moines en sa défense et rendait hommage à la droiture de leurs intentions. Cependant il n'osa donner suite à leur demande de passer outre, parce que la plus grande partie des évêques favorisait Pierre de Pavie, et que seul l'archidiacre Hildebrand soutenait en tout l'abbé de Vallombreuse.

 

L'heure néanmoins allait venir où Dieu même prononcerait ce jugement qu'on ne pouvait obtenir de la terre. Assaillis de menaces, traités comme des agneaux au milieu des loups, Jean Gualbert et  ses  fils criaient  au ciel avec le Psalmiste : "Levez-vous, Seigneur, aidez-nous ; levez-vous, pourquoi dormez-vous,  Seigneur ? levez-vous, ô Dieu : jugez votre cause" (Psalm. XLIII, LXXIII.). A Florence, les sévices continuaient. Saint-Sauveur de Septime était devenu le refuge des clercs que la persécution bannissait  de  la ville ; le fondateur de Vallombreuse,  qui résidait alors en ce lieu, multipliait pour eux les ressources de sa charité. Mais la situation devint telle enfin, qu'un jour du Carême de l'année 1067, le reste du clergé et la ville entière, laissant le simoniaque à la solitude de son palais désert, accourut à Septime. Ni la longueur du chemin détrempé par les pluies, ni la rigueur du jeûne observé par tous, dit la relation adressée dans les jours mêmes au Pontife souverain par le peuple et le clergé de Florence, ne purent arrêter les matrones les plus délicates, les femmes prêtes d'être mères ou les enfants. L'Esprit-Saint planait visiblement sur cette foule ; elle demandait le jugement de Dieu. Jean Gualbert, sous l'impulsion du même Esprit divin, permit l'épreuve ; et en témoignage de la vérité de l'accusation portée par lui contre l'évêque de Florence, Pierre, un de ses moines, nommé depuis Pierre Ignée, traversa lentement sous les yeux de la multitude un brasier immense qui ne lui fit aucun mal. Le ciel avait parlé ; l'évêque fut déposé par Rome, et termina ses jours, heureux pénitent, dans ce même monastère de Septime.

 

En 1073, année de l'élévation d'Hildebrand son ami au Siège apostolique, Jean s'en allait à Dieu. Son action contre la simonie s'était étendue bien au delà de la Toscane. La république Florentine ordonna de chômer le jour de sa fête ; et l'on grava sur la pierre qui protégeait ses reliques sacrées :

A JEAN GUALBERT, CITOYEN DE FLORENCE, LIBÉRATEUR DE L'ITALIE.

 

 

Lisons la notice consacrée avec quelques différences de détail à sa mémoire sainte : 

Jean  Gualbert  naquit à Florence de noble race. Pour répondre aux  désirs de son père, il s'adonna aux armes.  Or  il arriva  que Hugues, son unique frère, fut tué par un parent. Jean, armé  et  accompagné  de soldats, rencontra le meurtrier seul et sans armes dans un endroit où  ils ne pouvaient s'éviter : c'était le Vendredi saint, et par respect  pour  la sainte  Croix que celui-ci près de mourir représentait par ses bras étendus, Jean lui  accorda la vie. S'étant ainsi fait bénignement de  son  ennemi un  frère,  il entra  pour y prier dans l'Eglise de San-Miniato qui  était  voisine ; là, adorant l'image du Christ en croix,  il  le vit pencher vers lui la tête.  Emu du miracle, Jean décide qu'il ne militera plus désormais que pour Dieu ; et, au lieu même, malgré son père, il se coupe les cheveux de ses propres mains et se revêt de l'habit monastique. Bientôt sa  piété, ses vertus religieuses jettent un tel éclat, qu'il devient pour beaucoup un modèle et une règle de perfection. L'Abbé du monastère étant  mort,  il  est désigné d'un vote unanime comme  supérieur.  Mais  le serviteur de Dieu  désirait plus obéir que commander, et la divine volonté le réservait pour de plus grandes choses : il s'en alla au désert de Camaldoli, où Romuald qui l'habitait lui transmit du ciel l'annonce de ce qu'il devait faire ; en suite de quoi il fonda son Ordre sous la règle de saint Benoît à Vallombreuse.

 

La renommée de sa sainteté faisait qu'on accourait à lui de toutes  parts. En  la compagnie de ses nombreux disciples, il  déclara une guerre d'extermination à l'hérésie et à  la lèpre  simoniaque,  mettant tout son zèle à propager la foi apostolique. Sans nombre furent les épreuves qu'il attira ainsi  sur lui  et  les siens. Pour le perdre lui et ses compagnons, ses adversaires envahissent de nuit à l'improviste le monastère de Saint-Sauve, brûlent l'église, renversent les édifices, et blessent à mort tous les moines, que l'homme de Dieu guérit aussitôt d'un seul signe de croix. Pierre, un de ses moines, traversa miraculeusement sans aucun mal un brasier immense, et ainsi fut acquise pour Jean et les siens la tranquillité : la pourriture simoniaque fut extirpée de Toscane, et toute l'Italie rendue à l'intégrité de la foi primitive.

 

Il bâtit depuis les fondements de nombreux monastères, répara en d'autres les édifices et l'observance régulière, et leur donna à tous le rempart de saintes lois. Il aliéna pour nourrir les indigents les trésors des églises. Il vit les éléments à son service pour la répression des méchants ; la croix lui était comme une épée pour repousser les démons. Epuisé enfin d'abstinences, de veilles, de jeûnes, de macérations autant que de vieillesse, il répétait sans cesse sous le poids de la maladie ces paroles de David : "Mon âme a soif du Dieu fort et vivant : quand viendrai-je et apparaîtrai-je devant la face de Dieu ?" Déjà proche de la mort, ayant rassemblé ses disciples, il les exhorta  à la concorde fraternelle ; puis, sur un billet avec lequel il voulut être enseveli  il fit écrire ces mots : "Moi Jean, je crois et confesse la foi que les saints Apôtres  ont prêchée, et les saints Pères confirmée  en quatre conciles". Il fut honoré trois jours durant de l'assistance des Anges, et passa au Seigneur dans sa soixante-dix-huitième année, à Passignano, où il est entouré de la vénération la plus grande. C'était l'an du  salut mil soixante-treize, le quatre des ides de juillet. Il éclata par d'innombrables miracles, et Célestin III le mit au nombre des Saints.

 

 

Vous avez été un vrai disciple de la loi nouvelle, ô vous qui sûtes épargner un ennemi en considération de la Croix sainte. Apprenez-nous à conformer comme vous nos actes aux leçons que nous donne l'instrument du salut et il deviendra pour nous, comme il le fut pour vous, une arme toujours  victorieuse  contre l'enfer. Pourrions-nous, à sa vue, refuser d'oublier une injure venant de nos frères, quand c'est un Dieu qui, non content d'oublier nos offenses autrement criminelles à sa souveraine  Majesté, se dévoue sur ce bois pour les expier lui-même ? Si  généreux  qu'il puisse être jamais, le pardon de la créature n'est qu'une ombre lointaine de celui que nous octroie chaque jour  le  Père qui est aux cieux.  A bon droit pourtant l'Evangile que l'Eglise chante à votre  honneur nous  montre,  dans l'amour des ennemis, le caractère de ressemblance qui nous rapproche le plus de la perfection de ce Père céleste, et le signe même de la filiation divine en nos âmes.

 

Vous l'avez eu, ô Jean, ce caractère de ressemblance auguste ; Celui qui en vertu de sa génération éternelle est le propre Fils de Dieu par nature, a reconnu en vous ce cachet d'une incomparable noblesse qui vous faisait son frère. En inclinant vers vous sa tête sacrée, il saluait la race divine qui venait de se déclarer dans ce fils de la terre et allait éclipser mille fois l'illustration que vous teniez des aïeux d'ici-bas. Quel germe puissant l'Esprit-Saint alors déposait en vous ; et combien Dieu parfois récompense la générosité d'un seul acte ! Votre sainteté, la part glorieuse qui fut la vôtre dans la victoire de l'Eglise, et cette fécondité qui vous donne de revivre jusqu'à nos jours dans l'Ordre illustre qui plonge en vous ses racines : toutes ces grâces de choix pour votre âme et tant d'autres âmes, ont dépendu de l'accueil que vous alliez faire au malheureux que sa fatalité ou la justice du ciel, auraient dit vos contemporains, jetait sur vos pas. Il était digne de mort ; et dans ces temps où chacun plus ou moins se faisait justice lui-même, votre bonne renommée n'aurait point souffert, elle n'eût fait que grandir, en lui infligeant le châtiment qu'il avait mérité. Mais si l'estime de vos contemporains vous restait acquise, la seule gloire qui compte devant Dieu, la seule qui dure devant les hommes eux-mêmes, n'eût point été votre partage. Qui maintenant vous connaîtrait ? qui surtout prononcerait votre nom avec l'admiration et la reconnaissance qu'il excite aujourd'hui parmi les enfants de l'Eglise ?

 

Le Fils de Dieu, voyant vos dispositions conformes aux sentiments de son cœur sacré, a versé dans le vôtre son amour jaloux pour la cité sainte au rachat de laquelle il a voué tout son sang. Ô zélateur de la beauté de l'Epouse, veillez sur elle toujours ; éloignez d'elle les mercenaires qui prétendraient tenir de l'homme le droit de représenter l'Epoux à la tête des Eglises.  Que l'odieuse vénalité de vos temps ne se transforme point dans les nôtres en  compromissions d'aucune sorte à l'égard des pouvoirs de la terre. La simonie la plus dangereuse n'est point celle qui s'escompte à prix d'or ; il est des obséquiosités, des hommages, des avances, des engagements implicites, qui ne tombent pas moins  sous l'anathème des saints canons que les transactions pécuniaires : et qu'importerait, de fait, l'objet ou la forme adoucie du contrat simoniaque,  si la complicité achetée du pastorat laissait les princes charger l'Eglise à nouveau des chaînes que vous avez tant contribué à briser ? Ne permettez pas, ô Jean Gualbert, un tel malheur qui serait l'annonce de désastres terribles. Que la Mère commune continue de sentir l'appui de votre bras puissant. Sauvez une seconde fois en dépit d'elle-même votre patrie de la terre. Protégez, dans nos temps malheureux, le saint Ordre dont vous êtes la gloire et le père ; que sa vitalité  résiste aux confiscations, aux violences de cette même Italie qui vous proclama autrefois son libérateur. Obtenez aux chrétiens de toute condition le courage nécessaire pour soutenir la lutte qui s'offre à tout homme ici-bas.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

Saint Michel et Saint Jean Gualbert par Andrea del Sarto

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 11:00

Bref Pacis nuntius de S. S. Paul VI

 

PAUL VI, PAPE

 

En perpétuelle mémoire 

 

Messager de paix, artisan d'union, maître die civilisation, et, avant tout, hérault de la religion du Christ et fondateur de la vie monastique en Occident, tels sont les titres qui justifient la glorification de saint Benoît, Abbé.

 

Alors que s'écroulait l'Empire romain désormais à son terme, que des régions de l'Europe s'enfonçaient dans les ténèbres et que d'autres ne connaissaient pas encore la civilisation et les valeurs spirituelles, ce fut lui qui, par son effort constant et assidu, fit se lever sur notre continent l'aurore d'une ère nouvelle. C'est lui principalement et ses fils qui, avec la croix, le livre et la charrue, apporteront le progrès chrétien aux populations s'étendant de la Méditerranée à la Scandinavie, de l'Irlande aux plaines de Pologne.

  

Avec la croix, c'est-à-dire avec la loi du Christ, il affermit et développa l'organisation de la vie publique et privée. Il convient de rappeler qu'il enseigna aux hommes la primauté du culte divin avec l'Opus Dei, c'est-à-dire la prière liturgique et assidue. C'est ainsi qu'il cimenta cette unité spirituelle de l'Europe grâce à laquelle des peuples de langues, de races et de cultures diverses prirent conscience de constituer l'insigne peuple de Dieu ; unité qui, grâce à l'effort constant de ces moines qui se mettaient à la suite d'un maître si remarquable, devint la caractéristique du Moyen Age. Cette unité, ainsi que l'affirme saint Augustin, est le modèle de toute beauté. Elle a malheureusement été brisée par les vicissitudes de l'histoire, et aujourd'hui, tous les hommes de bonne volonté travaillent à la rétablir.

  

Avec le livre, ensuite, c'est-à-dire avec la culture, au moment où le patrimoine humaniste allait se perdre, saint Benoît, en donnant à tant de monastères renommée et autorité, a sauvé avec une sollicitude providentielle la tradition classique des anciens en la transmettant intacte à la postérité et en restaurant le culte du savoir.

  

Et enfin avec la charrue, c'est-à-dire avec l'agriculture et d'autres initiatives analogues, il réussit à transformer des terres désertiques et incultes en champs très fertiles et en gracieux jardins. En unissant la prière au travail matériel, selon son mot fameux : Ora et labora, il ennoblit et éleva le travail de l'homme.

 

Aussi, Pie XII salua-t-il à juste titre, dans saint Benoît, le père de l'Europe pour avoir inspiré aux peuples de ce continent ce souci et cet amour de l'ordre et de la justice, comme base de la vraie vie sociale ; et Notre Prédécesseur désirait que Dieu, par les mérites de ce grand Saint, seconde les efforts de tous ceux qui s'efforcent d'établir les liens d'une véritable fraternité entre les nations européennes.

 

Jean XXIII, lui aussi, dans sa paternelle sollicitude, désirait vivement qu'il en soit ainsi.

 

Il est donc naturel que Nous aussi Nous donnions Notre plein assentiment à ce mouvement qui tend à réaliser l'unité de l'Europe. C'est pourquoi Nous avons accueilli volontiers les instances de nombreux cardinaux, archevêques, évêques, supérieurs généraux d'ordres religieux, recteurs d'universités et d'autres insignes représentants du laïcat des diverses nations européennes, demandant que saint Benoît soit déclaré patron de l'Europe. Et l'occasion de cette proclamation Nous a été donnée aujourd'hui avec la cérémonie de reconsécration à Dieu, en l'honneur de la Très Sainte Vierge et de saint Benoît, de ce temple du mont Cassin qui, détruit en 1944, durant le terrible conflit mondial, a été reconstruit par la ténacité de la piété chrétienne. Nous le faisons bien volontiers en répétant le geste de certains de Nos Prédécesseurs qui, au cours des siècles, voulurent procéder personnellement à la dédicace de ce centre de spiritualité monastique rendu fameux par le tombeau de saint Benoît.

 

Que ce Saint si insigne daigne donc exaucer nos vœux, et, de même qu'autrefois il parvint, avec la lumière de la civilisation chrétienne, à chasser les ténèbres et à faire rayonner le don de la paix, qu'ainsi maintenant il préside à toute la vie de l'Europe, et, par son intercession, la développe et l'accroisse toujours davantage.

 

C'est pourquoi, sur la proposition de la sacrée congrégation des Rites, après avoir mûrement réfléchi et de science certaine, en vertu de la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par le présent Bref et pour toujours, Nous constituons et proclamons saint Benoît, Abbé, patron principal de toute l'Europe, lui concédant tous les honneurs et privilèges liturgiques qui reviennent de droit aux patrons principaux. Nonobstant toute chose contraire.

 

C'est ce que Nous édictons et statuons par les présentes lettres qui doivent demeurer et rester toujours en vigueur, valides et avec tous leurs pouvoirs, ayant et gardant leurs effets pleins et entiers pour le bien présent et futur de tous ceux qu'elles concernent ou pourront concerner, et qu'ainsi il en soit jugé et défini selon les règles, devenant désormais vain et sans effet tout ce qui serait tenté sciemment ou non à l'encontre de ces lettres, par quelque autorité que ce soit.

 

 

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, sous l'anneau du Pécheur, le 24 octobre de l'an 1964, second de Notre pontificat. 

PAULUS PP. VI.

 

 

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