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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

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SALVE REGINA

19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 03:00
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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 12:30

Si les livres liturgiques ont, d'après la tradition, un style, une forme de rédaction qui leur est propre, c'est un fait non moins réel qu'ils ne sont point écrits en toute langue.

 

Doit-on attribuer ce fait au hasard, ou à une intention ? L'Église, en maintenant le principe d'une langue liturgique et non vulgaire, dans le service divin, a-t-elle manqué à ses devoirs envers le peuple fidèle ? Le présent chapitre a pour but de répondre à la première de ces questions ; quant à la seconde, elle a été résolue par l'Église elle-même, au concile de Trente, où elle s'exprime ainsi :

" Si quelqu'un dit que la messe ne doit être célébrée qu'en langue vulgaire, qu'il soit anathème ! "

Si quis dixerit lingua tantum vulgari missam celebrari debere, anathema sit. (Sess. XXII, Can. IX.)

 

Le calvinisme mitigé, qui a produit tant de maux en France sous le nom de jansénisme, ayant ramené sur cette matière les mêmes principes qui avaient été foudroyés à Trente, l'Église, dans la Constitution Unigenitus, a condamné cette doucereuse proposition de Quesnel : " Arracher au simple peuple la consolation de joindre sa voix à celle de toute l'Église, c'est un usage contraire à la pratique des apôtres et à l'intention de Dieu." Propositio 86. Eripere simplici populo hoc solarium jungendi vocem suam voci totius Ecclesiœ, est usus contrarius praxi apostolicae et intentioni Dei.

 

Nous laissons donc aux controversistes le soin d'établir théologiquement la légitimité des motifs qui ont porté l'Église à adopter des langues liturgiques, et à exclure les langues vulgaires du service divin. La question est jugée et décidée par l'Eglise ; c'est à la science des théologiens à déduire les motifs de la sentence, et cette tâche d'ailleurs est facile, en marchant sur les traces des Bellarmin, des du Perron et de leurs successeurs.

 

Le droit des langues liturgiques étant admis, nous avons à examiner, au point de vue de ces Institutions, l'origine de cette loi et les motifs qui ont fait exclure les langues vulgaires du service divin ; cette question se présentait tout naturellement dans la partie de notre travail où nous traitons des livres liturgiques.

 

Nous dirons en premier lieu qu'il est complètement faux que la Liturgie ait été célébrée dans la langue vulgaire de tous les peuples chez lesquels la foi a été annoncée, même à l'origine du Christianisme. Nous n'entendons pas cependant embrasser l'opinion de Jean Eckius, qui soutenait gravement contre les luthériens, que les Apôtres et leurs successeurs, jusqu'à l'empereur Adrien, avaient célébré la Liturgie en hébreu, après quoi on avait adopté la langue grecque dans le service divin. Ce sentiment n'est pas sérieux, et nous ne perdrons pas le temps à le discuter. Nous ne dirons pas non plus que la Liturgie n'a jamais été célébrée que dans les trois langues qui parurent sur la Croix du Sauveur, hébreu ou syriaque, grec et latin ; car il y a plus de mille ans qu'on la célèbre dans des Idiomes différents de ces trois langues privilégiées. Mais nous oserons affirmer que, jusqu'au quatrième siècle du christianisme, ces trois langues, syriaque, grecque et latine, ont été les seules dont on se soit servi à l'autel ; ce qui leur donne une dignité liturgique toute particulière, et confirme merveilleusement le principe des langues sacrées et non vulgaires dans ja Liturgie.

 

L'importance et l'existence même de ce fait ont été contestées par plusieurs écrivains des XVIIe et XVIIIe siècles, qui ont semblé ne regarder l'interdiction des langues vulgaires dans la Liturgie que comme un usage ecclésiastique auquel on doit se soumettre, mais non comme une loi fondée sur l'esprit même de l'Église catholique. Dans l'impuissance de changer cette institution qu'ils respectaient d'ailleurs, ils en entreprirent l'apologie savante, mais timide. Sur ce point comme sur un grand nombre d'autres, ils se bornèrent à faire de la polémique, et perdirent de vue les hautes considérations qui donnent la raison suprême des lois de l'Église. On est frappé de cette remarque, en lisant l'excellente dissertation du P. Le Brun(Explication de la Messe, tom. IV, pag. 201-243.) sur la question qui nous occupe ; il justifie l'Église, mais il ne cache pas son désir de voir les chrétiens chinois dispensés de la langue latine. Nous verrons bientôt le P. Papebrok témoigner la même indifférence, et fournir son autorité au P. Le Brun. Dom Martène est plus désespérant encore, et ne paraît avoir eu d'autre but que de réunir des arguments contre la pratique de l'Église en ce point (De antiquis Ecclesiœ ritibus, tom. I, cap. III, art. 2.). Renaudot traite la matière avec assez de solidité, mais sans rattacher ses conclusions à aucun principe général, et il se donne le tort de s'amuser doctement aux dépens de ceux qui ont prétendu, dans leur innocente exagération, que la Liturgie n'avait jamais été, et ne pouvait être célébrée que dans les trois langues du titre de la Croix (Liturgiœ orientales, tom. I, dissertat, praelimin., pag. 40.). Bocquillot discute la question sans élévation, comme toujours, et au point de vue d'un homme qui a devant lui un auditoire protestant auquel il veut surtout fermer la bouche (Liturgie sacrée, livre I, chap. XI, pag. 246-270.).

 

Cependant l'enseignement haut et ferme de Bellarmin et des graves théologiens du XVIe siècle, celui de la Sorbonne, dans sa remarquable censure d'Érasme, en 1526, ne laissait pas de recueillir de temps en temps le suffrage de quelques hommes aussi doctes qu'énergiques. Le grand Cardinal Bona soutint toujours en principe la pratique de l'Église, comme un point de doctrine qui doit être enseigné par affirmation, et non simplement défendu. Sala suivit courageusement son maître dans cette voie. De Merbes appuya sa thèse sur l'esprit même de l'Église, et sur la nature des mystères que renferme et protège la Liturgie. Le P. Honoré de Sainte-Marie se montra intrépide sur ce point, comme sur beaucoup d'autres. Son confrère, Chérubin de Sainte-Marie, ne faillit pas non plus au devoir qu'il s'était imposé d'expliquer franchement la pensée de l'Église sur cette grande question ; mais il faut bien reconnaître que, à partir d'une certaine époque, les auteurs qui ont traité la matière avec une complète aisance, deviennent rares de plus en plus.

 

Il eût été cependant facile de se rendre compte des motifs de l'Église dans l'usage des langues sacrées à l'autel, en se rappelant l'ancienne discipline du secret des mystères. Sans doute, l'Église a modifié ses usages sur ce point ; mais elle ne pouvait abandonner le principe. Elle n'a plus de catéchumènes à instruire graduellement, pour les disposer au baptême ; le même jour peut nous voir naître à la vie naturelle, du sein de nos mères, et à la vie de la grâce sur les fonts baptismaux. Il n'y a plus de pénitents publics à expulser de l'église, au moment où va commencer la célébration du sacrifice ; mais il y a toujours la même profondeur dans les mystères, la même faiblesse, et les mêmes dangers dans le cœur de l'homme courbé vers la terre. C'est un spectacle étrange que celui de ces sectaires qui rêvaient de rendre à l'Église les pénitents publics, le rideau qui voilait l'autel au moment suprême ; qui aspiraient à abolir l'exposition de la divine Eucharistie aux regards des fidèles prosternés, jaloux qu'ils étaient des bénédictions que le Sauveur des hommes répand sur eux, du milieu d'un nuage d'encens ; et qui, en même temps, auraient voulu que le prêtre prononçât à voix haute les redoutables paroles du Canon, et qu'il le fit dans la langue du vulgaire. Contradiction qui n'a pas droit de surprendre dans des hommes voués à la plus obstinée de toutes les erreurs, et qui ne rougissaient pas de s'allier par leurs sympathies à peine dissimulées aux prétendus réformateurs du XVIe siècle. Et les orthodoxes ont tremblé devant eux, et on cherchait à répondre à leurs perfides insinuations, en donnant à l'Église de Dieu l'attitude d'une accusée devant ses juges.

 

Qu'il eût été bien plus à propos de les mettre en face de ces puissants docteurs de l'Église primitive dont ils se prétendaient si faussement les disciples, et dont les oracles les condamnent ! On eût dû rappeler la doctrine de ce savant maître, le fils du martyr Léonide, le grand Origène qui disait, au IIIe siècle, en expliquant un passage du livre des Nombres : "Quand le moment était venu pour les enfants d'Israël de lever le camp, on défaisait le tabernacle. Aaron et les prêtres ses fils, pénétrant dans le Saint des saints, couvraient chaque chose de ses voiles, et la laissant ainsi couverte en la place qu'elle occupait, ils introduisaient les fils de Caath, députés pour cet office, et leur mettaient sur les épaules ce que la main sacerdotale avait voilé. Si vous comprenez le fait historique, élevez-vous maintenant à la splendeur du mystère, et si l'œil de votre âme est pur, contemplez la lumière de la loi spirituelle. Que celui à qui les mystères sont confiés, sache qu'il n'est pas sûr pour lui de les découvrir à ceux auxquels ils ne doivent pas être dévoilés ; mais qu'il les couvre, et les ayant couverts, qu'il les place sur les épaules de ceux qui n'étant pas capables de les contempler, doivent simplement les porter. Or, dans les observances de l'Église, il est beaucoup de choses de cette nature, qu'il faut faire, mais dont la raison n'est pas manifestée à tous. Ces rites couverts et voilés, nous les portons sur nos épaules ; en les accomplissant, nous les recevons du grand Pontife et de ses fils. Ils nous demeurent cachés, à moins que nous n'ayons au milieu de nous Aaron, ou les fils d'Aaron, auxquels seuls il est accordé de les contempler à nu et sans voiles."

 

On aurait bien dû aussi leur rappeler l'enseignement de saint Basile qui, dans son livre du Saint-Esprit, formule si énergiquement la pensée de l'Église sur la nécessité d'environner de mystère les choses saintes : "Moïse, dans sa sagesse, dit-il, savait que les choses familières et faciles à découvrir, sont exposées au mépris ; que celles qui sont rares et isolées du contact, excitent comme naturellement l'admiration et le zèle. A son imitation, les Apôtres et les Pères ont établi, dès le commencement, certains rites de l'Église, et ont conservé la dignité aux mystères, par le secret et le silence ; car ce qui est porté aux oreilles du vulgaire n'est déjà plus un mystère."

 

Pour nous qui acceptons les institutions de l'Église comme l'œuvre d'une sagesse surhumaine, nous n'avons garde de descendre à l'excuse sur ses intentions dans les mesures qu'elle a prises pour isoler du vulgaire les prières de la Liturgie. Nous partons donc hardiment de ce fait qu'il y a des langues sacrées et séparées des autres par un choix divin, pour servir d'intermédiaire entre le ciel et la terre. La dignité des trois qui proclamèrent sur le calvaire la royauté du crucifié n'a pas seulement frappé les auteurs mystiques du moyen âge. Joseph de Maistre reconnaît cette consécration (Soirées de Saint-Pétersbourg, tom. II, VIIe entretien.), tout aussi bien que le dévot Honorius d'Autun (Gemma animae, lib. I, cap. XCII.), et l'un et l'autre n'ont fait que répéter ce qu'avait dit, dès le IVe siècle, saint Hilaire de Poitiers. "C'est principalement dans ces trois langues (hébraïque, grecque et latine), dit le saint évêque, que le mystère de la volonté de Dieu est manifesté ; et le ministère de Pilate fut d'écrire par avance, en ces trois langues, que le Seigneur Jésus-Christ est le Roi des Juifs". Dieu avait donc conduit la main du gouverneur romain dans le choix des langues qui parurent sur l'inscription, aussi bien que pour les termes dans lesquels elle était conçue, et son divin Esprit, parlant aux hommes dans les saintes Écritures, devait aussi consacrer trois langues, les mêmes que le peuple juif, réuni des quatre vents du ciel pour la fête de Pâques, put lire sur le titre arboré au-dessus de la tête du Rédempteur.

 

La langue hébraïque, après la captivité de Babylone, se perdit dans le chaldéen qui est une des formes du syriaque. Le même corps d'Écritures sacrées réunit les livres de Moïse, de Samuel, de David, de Salomon et des prophètes, et les livres de Daniel et d'Esdras ; les premiers parlant le pur hébreu ; les seconds donnant une partie de leurs écrits en syro-chaldéen. Le Christ, annoncé par les prophètes, vint enfin, et c'est dans la langue que parlait alors son peuple, dans l'hébreu devenu syro-chaldéen, qu'il prêcha sa doctrine.

 

Mais déjà, avant l'accomplissement des oracles prophétiques, une seconde langue avait été sanctifiée et admise à servir d'organe à l'Esprit-Saint. Non seulement la langue grecque avait été élevée au rang d'interprète de la parole divine, dans la fameuse version des Septante, mais l'Esprit-Saint annonçant déjà l'écoulement futur de la grâce d'adoption vers la gentilité, dictait en grec le livre même de la Sagesse, et le second des Machabées.

 

Le Christ étant descendu pour nous racheter, et son testament en notre faveur étant ouvert par sa mort, selon la pensée de l'Apôtre, le divin Esprit, inspirateur des Écritures, donna dans les trois langues du titre de la Croix les livres de la nouvelle alliance. Saint Matthieu écrivit son Évangile en syriaque, l'hébreu vulgaire de son temps ; Papias, disciple des Apôtres, saint Irénée, saint Pantène, Origène, Eusèbe, saint Athanase, saint Épiphane, saint Jérôme, saint Augustin, nous l'attestent.

 

La langue grecque eut l'honneur de recevoir dans son idiome les Évangiles de saint Luc et de saint Jean, les Actes et les Épîtres des Apôtres, sauf peut-être l'Épître de saint Paul aux Hébreux, qui aurait été écrite dans leur langue. Le christianisme, après avoir été prêché dans Jérusalem, et dans la langue d'Israël, devait s'étendre d'abord aux gentils de la langue grecque.

 

Mais comme le siège du Prince des Apôtres allait être bientôt transféré dans la capitale de la langue latine, et que cette langue était celle de l'empire romain, et destinée à exercer la principauté sur les autres langues sacrées, et par son étendue, et par son usage dans les décisions de la foi, elle ne fut pas non plus dédaignée par l'Esprit-Saint, dans ces jours où les écrivains du Nouveau Testament rédigeaient sous sa dictée la vie et la doctrine du Verbe incarné. Le Liber pontificalis enseigne positivement que saint Marc, composant son Évangile à Rome, sous les yeux de saint Pierre qui le confirma, au rapport d'Eusèbe et de saint Jérôme, l'écrivit dans la langue latine. Saint Grégoire de Nazianze déclare expressément que saint Marc rédigea son Évangile pour les latins (Poema XII, XXI. ) ; n'est-ce pas dire assez clairement qu'il l'écrivit dans leur langue ? C'est aussi la tradition de l'Orient,comme l'atteste la suscription des versions syriaque et arabe.

 

On a objecté que le texte latin de saint Marc ne se trouve plus. Si cet argument avait de la valeur, on devrait nier par là même que saint Matthieu ait écrit son Évangile en hébreu, ou syro-chaldéen, puisque nous ne le possédons plus qu'en grec, depuis bien des siècles, et que la version syriaque de cet Évangile a elle-même été faite sur le grec.

 

Nous croyons donc pouvoir maintenir notre assertion, au moins sous forme de grande probabilité ; mais, quand nous n'aurions aucune preuve que la langue latine ait figuré primitivement dans les Écritures inspirées du Nouveau Testament, il lui resterait encore la gloire d'avoir reçu la première traduction chrétienne des livres saints, dans cette vénérable version Italique qui fut composée au temps des Apôtres, et reçut l'approbation de saint Pierre, comme chef de l'Église ; version qui servit de base à la traduction de saint Jérôme, et qui figure encore d'une manière notable dans la Vulgate actuelle, proclamée par le concile de Trente comme contenant la pure parole de Dieu, pour l'Ancien et le Nouveau Testament.

 

Mais les trois langues sacrées rendues ainsi dépositaires des oracles divins, à l'origine du christianisme, ne s'enrichirent que successivement, au moyen des versions, de la totalité de cet incomparable trésor.

 

La langue grecque si répandue dans tout l'empire romain, fut probablement la première à posséder une traduction complète. Déjà elle avait tous les livres de l'Ancien Testament, et, parmi ces livres, celui de la Sagesse et le second des Machabées lui appartenaient en propre. D'un autre côté, les auteurs sacrés du Nouveau Testament, l'avaient dotée de la presque universalité de leurs écrits divins. Restait à traduire du syro-chaldéen l'Évangile de saint Matthieu, et peut-être l’Epître aux Hébreux ; ce travail ne dut pas se faire longtemps attendre.

 

La langue latine eut de bonne heure sa version Italique, comme nous venons de le remarquer, et si l'Évangile latin de saint Marc disparut bientôt, de même que l'Évangile hébreu ou syro-chaldéen de saint Matthieu, il fut facile de le suppléer, en traduisant sur la version grecque.

 

Quant à la langue des Juifs, ou plutôt de la Syrie, qui se lisait la première sur le titre de la Croix, comme celle de la nation au milieu de laquelle le Fils de l'homme était arboré sur l'arbre du salut, elle ne tarda pas longtemps à jouir d'une traduction des saintes Écritures. La version latine faite au premier siècle étant surtout destinée à l'Occident, la version grecque, quoique composée dans une langue très répandue même en Orient, n'étant pas d'un usage assez général, il devenait nécessaire de traduire les livres saints dans la langue syriaque, dont le syro-chaldéen n'était d'ailleurs qu'une branche assez peu étendue. Pour les livres de l'ancien Testament, les plus savants exégètes, tels que Walton, Leusden, Kennicott, Jahn, en placent la version dès le premier, ou au plus tard dès le second siècle ; il est naturel de rapporter à la même époque la traduction du nouveau Testament. Les Églises avaient plus besoin encore des saints Évangiles et des autres écrits apostoliques que des livres de l'ancienne Alliance. Cette version était propre à tous les pays de la langue syriaque, dont le règne s'étendait depuis la Méditerranée et la Judée, jusqu'à la Médie, la Suziane et le golfe Persique.

 

Voilà donc les trois premières versions des saintes Écritures, syriaque, grecque et latine, en possession des Églises de tous les pays auxquels le christianisme fut primitivement annoncé.

 

Mais rien n'arrête la marche de l'Évangile ; la prédication étend bientôt à d'autres peuples la bonne nouvelle du salut.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : DEUXIÈME PARTIE : LES LIVRES DE LA LITURGIE ; CHAPITRE III : DE LA LANGUE DES LIVRES LITURGIQUES. 

 

Evangéliaire d'Henri le Lion

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 05:00

Près de Bude en Hongrie, l’an 1270, sainte Marguerite, vierge, fille du roi Béla IV, elle fut vouée à Dieu par ses parents pour la libération de la patrie du pouvoir des Tartares et donnée enfant aux moniales de l’Ordre des Prêcheurs. Elle fit profession à douze ans et se livra si complètement au Seigneur qu’elle s’appliqua sans hésitation à ressembler au Christ crucifié.
Martyrologe romain 

 

Sainte Marguerite de Hongrie

Canonisée par Pie XII le 19 novembre 1943

 

Couronne Funéraire d'une Princesse Hongroise 

This funeral crown comes from a tomb of a Hungarian princess who was buried in the convent built on an island in the Danube for St Margaret of Hungary, daughter of King Béla IV.

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 05:00

Le 29 septembre 2012, en la Cathédrale Notre Dame de Paris, à la fin de la célébration d’action de grâce à l’occasion de ses 75 ans, Monseigneur Michel Pollien prononçait ces quelques mots :

 

Le 25 juin 1966, l’Église m’appelait à être prêtre, dans cette Cathédrale. Le 11 octobre 1996, ici-même, je recevais l’ordination épiscopale par le Cardinal Lustiger, avec Éric Aumonier. A la fin de cette ordination, il convenait que je dise un mot. Je cherchais à conclure et dans l’émotion qui m’envahissait, je me souviens de n’avoir pu dire que ces quatre mots : Je vous aime tous.

 

Je lis dans le Cantique d’Isaïe, au chapître 40 : Comme un berger qui fait paître son troupeau, ses bras le rassemblent. Il porte ses agneaux sur son cœur. Il mène au repos ses brebis. C’est bien dans cette conviction que j’ai vécu mon ministère épiscopal.

 

Monseigneur Michel POLLIEN 

 

 

 

Notre-Dame de Paris : Obsèques de Monseigneur Michel Pollien 

 

 

 

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 12:30

Jesse Antonio Fernández - Jésus Fernandez, de son vrai nom-  est né à La Havane en 1925 et mort à Paris en 1986.

 

A dix-sept ans, Jesse Fernandez renonce à ses études d’ingénieur électronique commencées aux Etats-Unis, rentre à Cuba où il décide de se consacrer à la peinture. En 1959, désenchanté par la révolution cubaine, il fuit Cuba, vit aux Etat-Unis puis s'installe en France.

 

Jesse Fernández : Exposition de photographies à la Maison de l'Amérique Latine

jusqu'au 28 février 2013 (entrée libre), 217 boulevard Saint-Germain, Paris VIIe

 

L’exposition, qui suit un dispositif chronologique, comporte 150 photographies : tirages d’époque et réalisés pour l’essentiel par l’auteur. Elle est complétée par une sélection de tableaux, dessins et diverses créations graphiques qui éclairera le contexte artistique de cette œuvre en noir et blanc parce que la photo noir et blanc est, pour cet admirateur de Walker Evans et Henri Cartier-Bresson "plus réaliste et plus abstraite".

 

" La photographie nous donne une information qui n’est pas interchangeable avec les autres sources d’information. C’est pour cela que Nadar m’enchante ; à travers son portrait de Nerval, on peut sentir le pouls d’une époque, entrer en échange profond avec le personnage, recevoir un stimulant pour lire son œuvre. C’est un stimulant très fort car il informe par le biais du symbolique."

Jesse A. Fernández

 

Carlos Fuentes Mexico 1957

Carlos Fuentes, Mexico, 1957 

 

 

Jesse A Fernandez Duchamp

Marcel Duchamp 

 

jesse A Fernandez lezama lima

José Lezama Lima

 

Ronald B. Kitaj, Londres, 1978 

Ronald B. Kitaj, Londres, 1978

 

 

Hemingway

 

Ernest Hemingway, Cuba, 1957 

 

Hemingway 1958

 

 

Jesse Fernández : Exposition de photographies

217 boulevard Saint-Germain, Paris VIIe

métro : Rue du Bac (ligne 12)

jusqu'au 28 février 2013 (entrée libre) 

Maison de l'Amérique Latine

 

expo 

 

 

  Jesse Fernandez

Jesse A. Fernández photographié dans les années 50 (auteur inconnu)

photo du hall d'exposition : kwarkito

 

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15 janvier 2013 2 15 /01 /janvier /2013 12:30

Mais considérons la question dans sa réalité

 

Nous n'avons point envie d'ébranler un fait acquis à la science, et reconnu même par de savants protestants, bien qu'il pèse sur eux de tout son poids, à raison des conséquences qu'en tirent les docteurs catholiques. La discipline du secret a existé dans l'âge primitif du christianisme; on en trouve encore la preuve jusque dans le Ve siècle, par des passages évidents de saint Jean Chrysostome, de saint Augustin, de Théodoret, de saint Cyrille d'Alexandrie ; mais ce serait une grave erreur de penser que l'arcane fut toujours si absolu qu'il n'y fut jamais dérogé. Le motif de cette discipline est admirablement rendu par saint -Cyrille de Jérusalem : "C'est, dit-il, dans la crainte que ceux qui ne comprennent pas ne soient blessés par les mystères, ou qu'ils ne les tournent en dérision". Cependant cette loi n'a pas empêché, au IIe siècle, saint Justin, écrivant sous les yeux du Pontife romain, d'exposer dans sa première Apologie, adressée aux empereurs, les mystères du Baptême, de l'Eucharistie et du Sacrifice chrétien, avec une clarté et une étendue qui l'emportent sur ce que nous trouvons de plus complet dans les écrits de cette époque destinés aux fidèles.

 

Saint Cyrille monta sur le siège de Jérusalem en 350, époque à laquelle la discipline du secret était dans toute sa vigueur. Étant encore simple prêtre et préposé à l'instruction des catéchumènes, il prononça dans l'église ses célèbres Catéchèses. Tout le monde sait que les dix-huit premières de ces Catéchèses sont adressées aux non baptisés ; cependant saint Cyrille, sans doute d'après l'ordre de son évêque, explique les mystères et le Symbole lui-même à ses auditeurs avec une plénitude qui aurait droit de surprendre, si l'on ne savait qu'il n'est pas de loi si générale qu'on n'y puisse trouver des dérogations.

 

Maintenant, s'agit-il même d'une dérogation à la loi de l'arcane, dans le fait de l'existence des livres liturgiques ? A la réflexion, on n'y verra qu'une confirmation du fait même de cette loi. Ces livres existaient ; mais ils étaient secrets. Nous pouvons même accorder, si on l'exige, qu'ils ne paraissaient pas toujours à l'autel ; ils servaient à appuyer la mémoire du prêtre, à conserver pur le dépôt de la tradition, à prévenir les altérations auxquelles il pouvait être exposé sans ce secours. Il n'était pas nécessaire que les exemplaires en fussent nombreux, le vulgaire ne les lisait pas ; ils n'étaient pas écrits pour lui. Comment les Pères eussent-ils invoqué le témoignage de livres qui n'avaient pas cours ? Il nous semble que tout se concilie sans difficulté à ce point de vue.

 

Généralement, les critiques d'une certaine époque ont trop souvent perdu de vue les bibliothèques et archives qui existaient auprès des églises et dans lesquelles se conservaient les titres de ces églises, leurs annales, les actes des martyrs, les formules des mystères. On supposait donc la civilisation chrétienne bien peu avancée, si on croyait que cette nouvelle société, dont le passé était déjà si glorieux, n'avait rien fait pour en conserver la mémoire. Les traditions écrites se gardaient dans ces asiles sacrés, et la magnifique confession de foi de l'Église de Néocésarée n'était pas le seul monument confié au secret fidèle et conservateur de ces merveilleuses archives. Lorsque le travail de nos confrères, sur les écrits de saint Denys l'Aréopagite sera en état de voir le jour, nous espérons que la question des bibliothèques des églises sous les persécutions, en recevra quelques développements.

 

Les PP. Le Brun et Pien pensent trouver un argument contre notre thèse dans les édits des empereurs païens qui condamnaient au feu les livres saints. S'il eût existé dans les églises d'autres livres que les saintes Ecritures, il en eût été fait mention, disent-ils, soit dans les édits, soit dans les monuments qui nous restent des persécutions.

 

La faiblesse de cette objection est évidente. Les livres liturgiques étaient peu nombreux, leur existence était secrète ; quelle nécessité d'en faire mention expresse dans les édits ? D'autre part, nous avons la preuve que les Actes des martyrs conservés dans les archives des Eglises furent brûlés en grand nombre sous la persécution de Dioclétien ; cependant saint Augustin ne parle que des Ecritures saintes dans le passage cité par nos adversaires, et ne fait aucune mention de ces documents comme ayant été livrés par les évêques traditeurs. Il n'est donc pas étonnant que, dans les quelques lignes citées, il ne soit pas question des Liturgies. Quant aux preuves du fait de la destruction violente des livres différents des saintes Écritures et conservés cependant dans les bibliothèques des Églises, on peut consulter Baronius, dans ses notes sur le Martyrologe romain, François Bianchini, dans la préface de sa belle édition d'Anastase, et le VIIIe chapitre du premier volume de nos Origines de l'Église romaine.

 

Une autre objection qu'on nous oppose est que les Liturgies les plus anciennes, et qui portent les noms de saint Jacques, de saint Marc et de saint Basile, ne contiennent pas les prières pour les pénitents, ni le renvoi qu'on avait coutume de faire de ces pénitents, à un certain moment de la Messe. Elles n'ont donc été écrites qu'après l'abrogation de la pénitence publique par Nectaire, patriarche de Constantinople, qui mourut en 397. Si le renvoi des pénitents eût été dans les Liturgies, on l'y verrait encore, comme on y voit celui des catéchumènes.

 

Nous observerons d'abord que le renvoi des pénitents, précédé de la prière qu'on faisait sur eux, se trouve en toutes lettres dans la Liturgie contenue au livre VIII des Constitutions apostoliques, qui étaient déjà compilées en 325, ainsi que nous l'avons prouvé tout à l'heure par les plus imposantes autorités. Comme nous convenons volontiers que le texte précis de la plupart des Liturgies des quatre premiers siècles n'est pas parvenu jusqu'à nous, nous ne voyons pas qu'on puisse arguer, contre notre sentiment, des choses qui se trouvent ou ne se trouvent pas dans les Liturgies de saint Jacques, de saint Marc et saint Basile. Si le renvoi des pénitents ne s'y trouve plus, quoiqu'on y lise encore celui des catéchumènes, il n'y a pas lieu de s'en étonner, puisque nous savons par un grand nombre de sermons et de traités des Pères, que la séparation et le renvoi de ces derniers avait encore lieu, fort avant dans le Ve siècle, et peut-être jusqu'au VIe. L'ordonnance de Nectaire sur la pénitence publique a donc peu de portée dans la question.

 

Enfin, on nous oppose la Décrétale de saint Innocent Ier, adressée à Decentius, évêque d'Eugubium, en 416. Entre autres questions que cet évêque avait posées au Pape, il y en avait une relative à l'endroit de la Messe où l'on doit placer le baiser de paix. Saint Innocent répond catégoriquement aux autres questions ; mais, sur celle-ci, il s'excuse de donner des détails circonstanciés, à cause du secret des mystères, et remet ses explications au temps où il pourra conférer de vive voix avec le prélat. On voudrait en conclure que le Canon de la Messe n'était pas encore écrit à Rome en 416.

 

Il était cependant facile de comprendre que cette Décrétale étant destinée à être rendue publique, à raison des autres dispositions qu'elle contenait, le Pontife ne jugeât pas à propos d'y insérer des choses qui étaient alors réservées à la connaissance des prêtres seuls. Les livres liturgiques étaient sans doute écrits au IXe siècle, puisque l'on consent à les faire remonter jusqu'au Ve. Or voici qu'en 866, le pape saint Nicolas Ier, dans une réponse aux évêques de Bulgarie, leur déclare qu'il ne leur enverra le Missel que par les mains d'un évêque, ne jugeant pas convenable que des laïques en soient porteurs.

 

La Décrétale de saint Innocent fournit sans doute un argument en faveur de la loi. de l'arcane ; mais elle n'établit en aucune façon que les Églises de cette époque ne possédassent pas, dans leurs archives secrètes, les livres contenant les prières du sacrifice et celles des sacrements. Quand il n'y eût eu au monde qu'une seule Église obligée à conserver certaines et inviolables les formules sacrées, cette Église devait être, sans contredit, celle de Rome, puisqu'elle était consultée de toutes parts, et qu'un si grand nombre d'autres, principalement dans l'Occident, étaient les filles de son apostolat, et les sujettes de sa juridiction patriarcale. Dom Mabillon a prouvé que l'Église gallicane, avant l'introduction des livres grégoriens, n'avait pas d'autre Canon de la messe que celui de l'Église romaine. La communication d'une prière aussi longue et aussi importante avait-elle pu se faire autrement que par la voie de l'écriture ?

 

Nous croyons donc avoir établi solidement notre proposition, et nous regardons comme un fait acquis à la science l'existence des livres liturgiques dans l'âge primitif de l'Église, au moins à partir du IIe siècle. Il suit de là que les formes du style liturgique, si importantes pour les mystères qu'elles expriment et qu'elles contiennent, ont été fixées dans un temps voisin de celui des Apôtres ; que les obsécrations, les oraisons, les postulations et les actions de grâces que prescrit saint Paul ont été déterminées de bonne heure, et sont arrivées jusqu'à nous, au moyen de simples additions, ou de légères modifications qui n'en ont pas altéré substantiellement le sens et la forme. Dans l'Église romaine, par exemple, saint Pie V a fait le moins de changements qu'il a été possible à l'œuvre de saint Grégoire : saint Grégoire ne fit guère qu'abréger le Sacramentaire de saint Gélase ; le Liber pontificalis réduit le travail liturgique de saint Gélase à l'addition de nouvelles oraisons et de nouvelles préfaces au fonds ancien. Saint Léon composa quelques pièces qui manquaient au Sacramentaire, et ajouta quatre mots au Canon. Au delà nous entrevoyons vaguement une action de saint Damase sur la Liturgie, dans le IVe siècle, sans qu'on puisse la préciser par des témoignages tant soit peu clairs et autorisés ; il faut donc descendre au delà du IVe siècle, sans qu'un seul nom arrive jusqu'à nous qui assume l'honneur d'avoir rédigé soit le Canon de la messe, soit le corps immense de ces oraisons et de ces préfaces dont quelques-unes, comme nous l'avons vu, attestent l'âge des martyrs. Pourrait-on ne pas comprendre la valeur imposante de cette voix qui traverse les siècles, plus forte, plus nourrie à mesure qu'elle approche de nous, mais proclamant, dès le premier âge, les mêmes dogmes, les mêmes espérances, la même confession, sous des termes analogues ?

 

Ce que nous disons de la Liturgie romaine peut se dire pareillement de la Liturgie ambrosienne. On ne peut douter que saint Ambroise n'ait travaillé aux livres de l'Église de Milan; mais il est tout aussi certain que ces livres existaient avant lui, et qu'il n'a fait que les corriger et les compléter pour son temps. La Liturgie de saint Jacques, qui est la plus ancienne de celles de l'Orient, et dont le fond appartient très probablement à cet apôtre, se trouve pour le style, pour l'esprit et souvent pour les expressions, former le fond de celles qui furent rédigées plus tard dans ces contrées.

 

La conséquence de tous les faits établis dans ce chapitre est donc favorable à l'autorité des formules liturgiques sur lesquelles, comme nous l'avons prouvé, repose la science de la Liturgie.

 

Écrite de bonne heure, la tradition nous est arrivée plus sûrement ; rédigées en regard des formules antiques, les formules plus récentes nous en reproduisent les traits et souvent la teneur même.

 

C'est ce que nous avons voulu établir.

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : DEUXIÈME PARTIE : LES LIVRES DE LA LITURGIE ; CHAPITRE II : DE L'ANTIQUITÉ DES LIVRES LITURGIQUES

 

Tympanum (detail) by ROMANESQUE SCULPTOR, French

Tympanum, Abbaye Sainte-Marie d'Arles-sur-Tech

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 12:30

Nous voici donc arrivés, en descendant, jusqu'au IIIe siècle, et nous avons encore d'autres arguments à produire.

 

En 261, Paul de Samosate, évêque d'Antioche, ennemi de la divinité du Verbe, est condamné par un concile tenu dans sa ville épiscopale. Entre autres charges qui pèsent sur lui, et qui sont énumérées dans la lettre synodale dont Eusèbe rapporte des fragments, on lui reproche d'avoir "aboli les Cantiques qu'on avait coutume de chanter en l'honneur du Seigneur Jésus-Christ, sous prétexte qu'ils étaient nouveaux, et composés par des hommes qui avaient vécu à une époque récente". Ces chants liturgiques n'étaient-ils donc écrits nulle part ? et si le peuple les exécutait en choeur avec les prêtres, faut-il croire que défense était faite de les avoir par écrit ?

 

Saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néocésarée, assistait à ce concile d'Antioche, et mourut peu après. Il gouvernait son Eglise depuis l'an 232, et il avait composé pour elle une Liturgie. L'Église de Néocésarée conserva si fidèlement les formules sacrées que son saint évêque avait rédigées, que, dans le IVe siècle, saint Basile en appelait aux paroles de cette Liturgie, pour attester la foi de saint Grégoire dans la divinité du Saint-Esprit. "Les Églises de cette contrée, dit-il, n'ont voulu ajouter ni une seule action, ni une seule parole, ni un seul rite mystique, à la forme qu'il leur a laissée. C'est ce qui fait que beaucoup de leurs usages semblent imparfaits aujourd'hui, par suite de l'ancienneté de leur institution. Les évêques qui lui ont succédé dans le gouvernement de ces Églises, n'ont voulu admettre jusqu'ici aucune des formes qui ont été instituées depuis lui". Or, comment cette Liturgie eût-elle pu se maintenir ainsi sans alliage, dans plusieurs Églises de Cappadoce, pendant un siècle, si elle n'eût pas été écrite ? Cette exemption de toute addition, comme de toute altération, ne montre-t-elle pas jusqu'à l'évidence que le saint évêque avait confié son œuvre à l'écriture, et que ce texte était souvent consulté, pour arrêter l'esprit de changement et de nouveauté ?

 

Il en est donc de la Liturgie de saint Grégoire le Thaumaturge, comme de cette célèbre exposition de foi qu'il reçut dans une vision, des mains de saint Jean l'Évangéliste, qui lui était apparu avec la sainte Vierge. Cette exposition de foi, trop oubliée aujourd'hui, était écrite aussi, et se gardait dans le trésor de l'Église de Néocésarée ; cependant il y a bien des siècles que le souvenir s'en fût perdu, si saint Grégoire de Nysse n'eût pris la peine de nous en transmettre une copie.

 

Vers 220, florissait le grand docteur saint Hippolyte, évêque et martyr. Sur la liste imposante de ses écrits, que porte encore gravée sa chaire de marbre, contemporaine, que l'on conserve dans la bibliothèque du Vatican, on lit ces paroles qu'on a traduit de Donis, ou Muneribus ecclesiasticis apostolica traditio. Il suffit en effet de se rappeler le sens donné au mot Xapismata dans saint Paul, et dans les auteurs de la plus haute tradition, pour comprendre qu'il est ici question d'un livre sur les mystères, dans lequel se trouvaient rassemblées les traditions apostoliques qui en concernent la célébration. C'est ce qui a porté plusieurs érudits à regarder saint Hippolyte comme le collecteur des Constitutions apostoliques dont nous avons parlé plus haut. Albert Fabricius n'a pas fait difficulté d'insérer ces Constitutions, dont le VIIe et le VIIIe livre ne sont pour ainsi dire qu'un recueil de formules liturgiques, dans son édition de saint Hippolyte. Il l'a fait d'après un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Vienne, et d'après un autre d'Oxford. Quoi qu'il en soit, que saint Hippolyte ait rédigé lui-même des formules pour l'administration des dons célestes, ou qu'il les ait seulement compilées d'après la tradition apostolique, nous lisons sur le même marbre qui nous a fourni l'indication que nous venons de recueillir, la désignation d'un autre travail qui semble aussi appartenir à la Liturgie, paroles qu'on explique ainsi : Odœ in diversas Scripturae partes. Ces chants ne semblent-ils pas assez clairement destinés au service divin ?

 

Au milieu du second siècle vivait le philosophe Celse, qui écrivit contre le christianisme, et fut réfuté dans la suite, avec tant de logique et de vigueur, par Origène. Il existait des livres liturgiques écrits, dès le temps de l'astucieux épicurien dont nous ne possédons plus l'ouvrage que par fragments. En effet, il dit "avoir vu entre les mains de certains prêtres chrétiens des livres barbares, dans lesquels il était question des noms et des prestiges des démons" (Origenes contra Celsum, lib. VI, n. 40.). Il est évident que le philosophe fait ici allusion aux formules d'exorcismes employées sur les catéchumènes et sur les possédés. Origène, dans sa réponse, ne conteste pas l'existence de ces livres entre les mains des prêtres, mais se contente de répondre que, protégés par leurs prières, les chrétiens sont plus forts que les magiciens et les démons (Ibid.).

 

Nous approchons maintenant de l'époque apostolique, et nous convenons volontiers que les arguments positifs nous manquent désormais pour démontrer l'existence de livres liturgiques ; mais la pénurie des monuments se fait sentir pour d'autres questions bien autrement importantes que celles dont nous traitons en ce moment.

 

Nous voici du moins fort loin du Ve siècle et fort près des Apôtres ; c'est tout ce que nous avons prétendu dans cette excursion. Toutefois, nous enregistrerons encore trois témoignages dont la valeur n'est sans doute qu'indirecte, mais qui ne laissent pas d'avoir quelque poids dans ces temps primitifs : ils prouvent du moins qu'il y avait dès lors des prières fixes pour la Liturgie.

 

Le premier de ces témoins que nous produirons est le philosophe Lucien, qui vivait au IIe siècle. Dans le dialogue Philopatris qu'on lui a quelquefois contesté, mais pour le remonter jusqu'au premier siècle du christianisme, entre autres diatribes sur la nouvelle religion, l'auteur lance ses sarcasmes sur les prières liturgiques. Un des interlocuteurs décrit une assemblée chrétienne, et, après divers détails, il mentionne une des prières qu'on y prononçait. Cette prière commençait par le nom du Père, et finissait par un chant dans lequel on récitait un grand nombre de noms : Precationem incipientem a Patre, et in hymno multorum nominum finientem (paroles de Tryphon,vers la fin du dialogue.). Il est facile de reconnaître dans ces paroles une allusion aux formes de la Liturgie primitive, qui s'ouvrait par l'Oraison dominicale, et se terminait par ces longues prières dans lesquelles on récitait les noms de ceux pour lesquels on offrait. Voilà bien, sans doute, un ordre fixe, une stabilité de formules, une publicité de rites dont la première condition était de reposer sur un texte précis.

 

Dans les premières années du IIe siècle, Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie, écrit à Trajan pour l'engager à modérer la persécution. Décrivant les réunions religieuses des chrétiens, il dit à l'empereur qu'ils ont coutume de s'assembler à jour fixe, avant le lever du jour, et qu'ils chantent ensemble des hymnes au Christ, comme à un Dieu : Soliti statuto die ante lucem convenire, carmenque Christo, quasi Deo, dicere secum invicem (Lib. X, ep. XCVII.). Cette expression carmen dicere, au jugement de Vossius et de Brisson qui en citent de nombreux exemples, signifie des chants solennels et exécutés avec ordre. Ainsi, la gravité des prières qui se récitaient dans les assemblées chrétiennes était arrivée à la connaissance de Pline. Ne devons-nous pas voir encore dans ce fait l'existence de formes positives, selon lesquelles ces prières étaient composées et exécutées ?

 

Enfin, le plus illustre martyr de la persécution que Pline engageait Trajan à modérer, saint Ignace, second successeur de saint Pierre sur le siège d'Antioche, dans sa lettre à l'Église de Magnésie, parle des assemblées saintes de manière à faire comprendre que de bonne heure toutes les mesures ont dû être prises par les évêques, pour donner aux prières de l'Église l'ordre et la décence qu'elles exigent : "Ne jugez conforme à la raison, dit-il, que ce qui aura été ordonné par l'évêque. Réunissez-vous pour prier dans le même lieu ; que la prière soit commune : Ne quidquam videatur vobis rationi consentaneum, praeter episcopi judicium. Omnes ad orandum in eumdem convenite : sit una communis precatio. (Ad Magnesianos, n. VII.). Et comment cette prière eût-elle pu être commune, si sa composition eût été remise aux hasards plus ou moins surnaturels de l'improvisation du pontife ou du prêtre ?

 

Tout le monde est en état de comprendre qu'il n'y a pas loin d'une forme liturgique déterminée à une forme liturgique écrite ; nous arrêterons donc ici nos investigations pour la recherche des livres liturgiques dans les quatre premiers siècles : c'est au lecteur à juger de leur résultat. Nous lui devons maintenant l'exposé des objections de nos adversaires, en observant toutefois préalablement que des difficultés négatives ne peuvent rien contre des faits.

 

Le P. Le Brun et le P. Pien se fondent sur ce que Tertullien, dans le livre de Corona militis, affirme que nous ne connaissons que par une tradition non écrite les formules des sacrements et la manière de les administrer. Il énumère divers rites, et conclut ainsi : "Si vous de mandez une loi écrite pour ces pratiques, et pour plusieurs autres, vous n'en trouverez point : c'est la tradition qui vous fournit ce supplément, la coutume qui le confirme, la foi qui le fait observer". Donc, concluent ces deux savants auteurs, il n'y avait pas de livres liturgiques écrits ; autrement Tertullien les aurait cités.

 

A cela nous répondons que le terme de loi écrite, employé ici par Tertullien n'a point le sens de formules liturgiques consignées sur le papier. Toute son argumentation nous prouve évidemment qu'il traite, dans ce passage, de la tradition par comparaison avec l’Écriture sainte. La Liturgie écrite ou non écrite est toujours la simple tradition, ses formules ne sont pas inspirées, et le raisonnement de Tertullien reste debout, quand bien même les Liturgies de cette époque eussent été écrites.

 

Nos adversaires ajoutent : " Saint Cyprien voulant prouver contre les Aquariens que l'on doit employer du vin et non de l'eau seulement pour le saint Sacrifice, mais que le vin doit être mêlé d'eau dans le calice, n'invoque d'autre autorité que la loi évangélique et la tradition du Seigneur. S'il eût existé une Liturgie écrite, assurément saint Cyprien l'eût appelée en témoignage". Cette difficulté ne saurait être sérieuse. Saint Cyprien en appelle, il est vrai, à la tradition ; mais il ne dit pas que cette tradition ne fût pas écrite. Eût-elle été consignée dans quelque livre liturgique conservé dans l'archive de l'Église de Carthage, elle ne perdait pas pour cela sa qualité de tradition, et pouvait tout aussi légitimement être alléguée que si elle fût restée purement orale.

 

L'argument tiré de saint Basile n'est pas plus redoutable, quoiqu'il offre une apparence plus spécieuse. Voici les paroles du saint Docteur : "Quel est celui des Saints qui nous a laissé par écrit les paroles d'invocation qui se prononcent quand on offre le pain de l'eucharistie et le calice de bénédiction ? Nous ne nous contentons pas de ce que rapporte l’Apôtre ou l'Évangile; mais nous récitons, avant et après, d'autres paroles, comme ayant beaucoup d'importance pour le mystère, et ces paroles, nous les avons reçues de la tradition, sans écriture. Nous consacrons l'eau du baptême, l'huile de l'onction, et celui-là même qui vient d'être baptisé : où est-ce écrit ? Ces rites ne viennent-ils pas d'une tradition silencieuse et secrète ? L'onction avec l'huile, quel passage écrit nous l'a enseigné ? De faire trois immersions, dans quel endroit de l'Ecriture l'avons-nous appris ? Les autres choses qui se font au baptême , comme de renoncer à Satan et à ses anges, où trouvons-nous cela écrit ? Ne le tenons-nous pas de cette tradition non publiée et secrète, de cette doctrine que nos pères ont garantie par le silence et la discrétion ?"

 

Nous convenons volontiers que ce passage de saint Basile est admirable pour prouver l'existence d'une tradition divine et apostolique qui complète l'enseignement des Écritures sur le Sacrifice et les Sacrements ; mais il ne prouve aucunement que ces traditions, qui ne nous ont point été laissées écrites par les Saints, c'est-à-dire par les écrivains sacrés, n'aient pas été écrites depuis, et cela sans perdre leur qualité traditionnelle. Aujourd'hui que les missels et les rituels existent imprimés de toutes parts, nous sommes à même de tenir le même langage. Quant au secret qui environnait du temps de saint Basile les formules liturgiques et les isolait du contact vulgaire, il existait encore en France, il y a trois siècles. Jusqu'à cette époque le Canon de la messe n'était jamais mis entre les mains des simples fidèles ; bien moins encore eût-on osé le traduire en langue vulgaire. Saint Basile eût pu dire alors au milieu de nous ce qu'il disait dans Césarée. Cependant, il y avait plus de mille ans, de l'aveu des Pères Pien et Le Brun, que les Liturgies étaient écrites, et cent ans qu'elles étaient imprimées.

 

Comment les Liturgies auraient-elles été écrites, disent encore nos savants adversaires, quand le Symbole des Apôtres lui-même ne l'était pas encore ? Saint Jérôme l'atteste positivement quand il dit : "Le Symbole de notre foi et de notre espérance, qui nous a été donné par les Apôtres, ne s'écrit point par l'encre et sur le papier ; mais c'est sur les tablettes vivantes de notre cœur que se trouve consignée cette formule dans laquelle tout le mystère du dogme, qui commence par la confession de la Trinité et vient ensuite à l'unité de l'Église, se conclut par la Résurrection de la chair". Saint Augustin s'exprime avec non moins de force : "Chaque jour récitez le Symbole en votre particulier : personne ne l'écrit pour le lire ; on ne l'écrit que pour le repasser, dans la crainte que l'oubli n'efface ce que l'application a fait retenir. Que votre mémoire vous serve donc de livre."

 

On pourrait d'abord faire observer que la brièveté du Symbole des Apôtres n'a aucune proportion avec la longueur des formules liturgiques de la messe et des Sacrements. Le premier pouvait être simplement confié à la mémoire, sans qu'il s'ensuive pour cela que les secondes dussent absolument demeurer soumises au même péril d'altération. Mais si on examine la portée des paroles de ces deux saints docteurs, on y trouve tout autre chose que ce que nos deux savants liturgistes y ont vu. Il est évident que saint Jérôme fait allusion aux paroles de saint Paul dans la seconde Épître aux Corinthiens (II Cor., III, 3.), où l'Apôtre a pour but de mettre en parallèle la dignité des deux lois, la judaïque écrite sur la pierre, la chrétienne reçue et conservée au fond des cœurs. Quant à saint Augustin, il ne saurait nous être objecté, puisqu'il accorde positivement que l'on peut écrire le Symbole, pour aider la mémoire. Il n'y avait donc pas de loi absolue qui le défendît.

 

Nous convenons volontiers que, dans les premiers siècles, le Symbole se donnait d'une manière orale ; mais cette règle générale n'était pas absolue. Les Pères eux-mêmes, sur les témoignages desquels nous établissons l'existence de la discipline du secret ou de l'arcane, nous fournissent d'incontestables exceptions ; les circonstances décidaient de tout en cette matière. Parmi les Pères qui citent en totalité ou en partie le Symbole dans leurs écrits publics, nous citerons Tertullien, de virginibus velandis ; saint Cyrille de Jérusalem, dans ses Catéchèses ; saint Basile, dans son livre de fidei confessione ; Rufin d'Aquilée, dans son commentaire spécial sur le Symbole lui-même, etc.

 

S'il eût existé, dans les quatre premiers siècles, des livres liturgiques écrits, comment se fait-il, disent encore les Pères Pien et Le Brun, que les saints Docteurs n'y aient pas fait appel en réfutant les hérétiques ; tandis qu'à partir du Ve siècle, ces livres sont allégués si fréquemment dans les controverses, quand on veut constater la foi de l'Église ? Nous répondrons d'abord que les auteurs de cette époque, lorsqu'ils en appellent à la tradition et à la coutume sur les saints mystères, entendent toujours, comme en conviennent nos adversaires, la coutume et la tradition liturgiques. Mais pourquoi ne citent-ils aucun texte précis ? D'abord, nous accorderons qu'à l'époque où régnait la discipline du secret, les livres liturgiques étaient rares, qu'on les tenait cachés avec soin ; que, destinés seulement à aider la mémoire des prêtres et des pontifes, leur teneur était peu connue des fidèles ; elle ne pouvait donc être révélée sans inconvénient dans des écrits publics.

 

Mais il y a plus. On doit reconnaître que s'il existait à cette époque des livres liturgiques écrits, comme nous croyons l'avoir démontré, ces livres appartenaient plutôt à chaque Église particulière qu'ils n'étaient d'usage universel. L'anglican Bingham, qui cependant est favorable à la thèse de nos adversaires, reconnaît ce fait quand il dit : "La liberté que chaque Évêque avait de former sa liturgie pour son Église, est l'unique raison pour laquelle aucune de ces liturgies n'est arrivée jusqu'à nous complète et entière, n'ayant été composées que pour l'usage de ces Églises particulières. Destinées au service de ces Églises, on ne se mettait pas beaucoup en peine de les communiquer et de les faire parvenir à la connaissance des autres Églises, non plus que de les conserver entières, ou de les faire passer à la postérité, puisque leur usage n'était pas strictement obligatoire, et qu'on avait la liberté d'en composer d'autres à volonté". (Bingham, Orig. Eccles., Iib. XIII, cap. V, de orig. et usu Liturg. in statis prec. formulis, § 3.)

 

Comment alors les Pères en eussent-ils appelé à des textes qui ne réunissaient pas au moins des fractions considérables de l'Église dans une même profession littérale ? Il était donc plus naturel d'en appeler à la tradition et à la coutume, dont ces livres étaient l'expression variée. Mais, à la paix de l'Église, on sentit la nécessité de donner plus de corps à l'argument de tradition et de coutume, en exigeant, comme nous l'avons prouvé ailleurs, l'approbation des conciles pour les prières liturgiques ; on astreignit les Églises d'une même province à la profession des mêmes rites et des mêmes formules, et peu à peu les prélats des grands sièges arrivèrent à ranger sous les lois de la liturgie de leur Église toutes celles qu'ils tenaient sous leur juridiction. C'est la raison pour laquelle les textes positifs de la Liturgie ont été depuis lors si fréquemment allégués dans les controverses ; ils avaient une plus grande publicité, et régnaient sur un plus grand nombre d'Églises.

 

Mais, disent encore nos illustres contradicteurs, que faites-vous de l'arcane, du secret des mystères, si les formules sacrées étaient confiées à l'écriture ? Nous serions peut-être en droit de répondre : Que faites-vous de la tradition, si, lorsqu'elle est d'une nature aussi délicate que le sont les rites pour la célébration du Sacrifice et pour l'administration des Sacrements, vous pensez qu'elle n'a pas dû avoir d'autre asile que la mémoire des hommes exposés à la routine, aux infirmités de l'intelligence, aux caprices de l'esprit particulier, aux séductions de tant d'hérésies séduisantes et subtiles ?

 

Mais considérons la question dans sa réalité

 

DOM GUÉRANGER INSTITUTIONS LITURGIQUES : DEUXIÈME PARTIE : LES LIVRES DE LA LITURGIE ; CHAPITRE II : DE L'ANTIQUITÉ DES LIVRES LITURGIQUES.

 

Cathédrale de Naumburg

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