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"Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres.

 

Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

 

Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres."

 

Evangile de Jésus-Christ selon  saint Jean 

   

 

Pentecôte

" Le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit."

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  

 

   

 

 El Papa es argentino. Jorge Bergoglio                 

Saint Père François

 

 

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1er mai 2011 Béatification de Jean-Paul II

Béatification du Serviteur de Dieu Jean-Paul II

 

 

  Béatification du Père Popieluszko

beatification Mass, in Warsaw, Poland

à Varsovie, 6 juin 2010, Dimanche du Corps et du Sang du Christ

 

 

presidential palace in Warsaw

Varsovie 2010

 

 

Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique et de la Miséricorde Divine

La miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
(Saint Curé d'Ars)
 

 


Le côté du Christ a été transpercé et tout le mystère de Dieu sort de là. C’est tout le mystère de Dieu qui aime, qui se livre jusqu’au bout, qui se donne jusqu’au bout. C’est le don le plus absolu qui soit. Le don du mystère trinitaire est le cœur ouvert. Ce n’est pas une image, c’est une réalité. C’est la réalité la plus profonde qui soit, la réalité de l’amour.
Père Marie-Joseph Le Guillou




Dans le cœur transpercé
de Jésus sont unis
le Royaume du Ciel
et la terre d'ici-bas
la source de la vie
pour nous se trouve là.

Ce cœur est cœur divin
Cœur de la Trinité
centre de convergence
de tous les cœur humains
il nous donne la vie
de la Divinité.


Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix
(Edith Stein)



Le Sacré-Cœur représente toutes les puissances d'aimer, divines et humaines, qui sont en Notre-Seigneur.
Père Marie-Eugène de l'Enfant Jésus

 



feuille d'annonces de la Basilique du Sacré-Coeur de Montmartre

 

 

 

 

 

 

 

     

The Cambrai Madonna

Notre Dame de Grâce

Cathédrale de Cambrai

 

 

 

Cathédrale Notre Dame de Paris 

   

Ordinations du samedi 27 juin 2009 à Notre Dame de Paris


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Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie à Notre-Dame de Paris


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... ma vocation, enfin je l’ai trouvée, ma vocation, c’est l’Amour !

 

 

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Voyages de Benoît XVI

 

SAINT PIERRE ET SAINT ANDRÉ

Saint Pierre et Saint André

 

BENOÎT XVI à CHYPRE 

 

Benedict XVI and Cypriot Archbishop Chrysostomos, Church of 

Salutation avec l'Archevêque Chrysostomos à l'église d' Agia Kyriaki Chrysopolitissa de Paphos, le vendredi 4 juin 2010

 

     

 

Benoît XVI en Terre Sainte  


 

Visite au chef de l'Etat, M. Shimon Peres
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Visite au mémorial de la Shoah, Yad Vashem




 






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SALVE REGINA

7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 11:30

Les dimensions de cet ouvrage ne nous permettent pas de développer davantage ces considérations, en même temps qu'elles nous ont contraint de nous restreindre au plus strict laconisme dans le tableau que nous avons tracé de la situation respective des diverses Liturgies de l’Orient.

 

 Nous finirons ce qui regarde celle de l'Église grecque par la réflexion suivante.

 

Supposons que dès la paix de l'Église, le Siège apostolique eût pu librement et avec discrétion amener toutes les Églises de l'Orient à la pratique de la Liturgie romaine, à l'usage de la langue latine ; que les souverains pontifes eussent, comme dans l'Occident, réglé avec le plus minutieux détail toutes les particularités de l'office divin, reçu toutes les consultations des Églises d'Orient à ce sujet, dirimé toutes les questions relatives aux formules sacrées ou aux cérémonies ; qu'ils eussent prévenu ou arrêté le danger des innovations dans la doctrine ou dans la discipline, par l'établissement de fêtes nouvelles, par la promulgation de formules de prières obligatoires, en un mot, par tous ces moyens qui ont fait du calendrier du Bréviaire romain une sorte de tableau des nécessités dans lesquelles l'Église s'est trouvée et auxquelles le Saint-Siège a satisfait : supposons, disons-nous, qu'il en eût été ainsi ; qu'auraient pu faire Photius et Michel Cérulaire, contre la simple résistance passive que leur eût opposée tout cet ensemble à la fois populaire et sacerdotal ? Il est grandement probable que le schisme n'eût pas si aisément remporté une victoire qui, d'ailleurs, lui a été longtemps disputée, quoique déjà tant de causes d'isolement tirées de la langue, de la nature des institutions patriarcales, semblassent la lui avoir préparée.

 

Oui, nous le disons avec conviction, Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem, seraient encore catholiques aujourd'hui, s'il eût été possible d'astreindre ces Églises au rite et à la langue des Latins ; et si ces Églises fussent restées unies de fraternité à celles de l'Occident, il est probable encore que l'islamisme n'eût point asservi les heureuses contrées qu'elles éclairèrent longtemps de la vraie lumière ; la civilisation n'y eût point péri, la race humaine n'eût point vu s'éteindre sa dignité sous le joug du plus ignoble esclavage ; en un mot, les destinées de l'Europe et de l'Asie, compromises et retardées de mille ans par le schisme, se seraient accomplies, et nul ne sait ce qui serait résulté de tant de gloire et de tant de force réunies à tant de vérité et tant d'amour.

 

Mais des obstacles invincibles s'opposaient à cette union : tant de bonheur n'était pas de la terre. Nous, du moins, catholiques de l'Occident, apprenons de là à estimer l'unité liturgique dans toutes ses conséquences, cette unité qui sera toujours pour nous, tant que nous y serons fidèles, le premier moyen de l'orthodoxie, et, partant, le plus fort lien de la nationalité catholique. Si elle existe, ne soyons pas assez malheureux pour la briser : si elle a existé, plaignons ceux qui ont été assez téméraires pour lever la main contre elle.

 

La plupart des considérations que nous venons de faire sur la Liturgie de l'Église grecque melchite s'appliquent naturellement aux Liturgies des Églises copte, éthiopienne, syrienne, arménienne et chaldéenne. Ajoutons que l'isolement dans lequel vit, à l'égard des autres, chacune de ces familles d'un christianisme dégénéré, les a mises de bonne heure en danger de voir, chez elles, la Liturgie se corrompre et devenir l'expression des dogmes hérétiques. Sous ce rapport, ces malheureuses Églises présentent les traces d'une dégradation qui les met incontestablement au-dessous de l'Église melchite. Du moins, si les diverses provinces de celle-ci, tant qu'elles restent à l'état d'Églises unies à un centre ecclésiastique, gardent les anciennes formes du culte ; les erreurs qui les paralysent n'ont pas même une expression affirmative dans la Liturgie.

 

Les monophysites et les nestoriens, au contraire, portent de honteuses traces de leur défection de la vraie foi, et les noms de Dioscore, de Philoxène, de Jacques d'Édesse, de Théodore de Mopsueste, et enfin de Nestorius, souillent jusqu'aux livres de l'autel. De là résulte une sorte d'impossibilité de revenir à l'orthodoxie ; car, pour cela, il faudrait changer la Liturgie, et la Liturgie est de sa nature une chose immuable, qui a sa racine dans les habitudes les plus sacrées. L'histoire confirme cette induction de la manière la plus lamentable. On a vu souvent des réunions partielles de ces diverses Églises au Siège apostolique : mais elles ont toujours échoué contre le préjugé, si louable en lui-même, qui poursuit tout changement dans la Liturgie. Cependant Rome ne pouvait recevoir ces familles séparées à une réelle et durable unité, qu'après avoir pris les moyens d'arrêter le règne de l'hérésie, en réformant le texte de la Liturgie dans les endroits où il était impur. Depuis trois siècles, les souverains Pontifes ont établi à Rome une Congrégation spéciale pour la correction des livres de l'Eglise orientale : mais ces Liturgies, ainsi expurgées, ont été souvent une pierre de scandale, le texte de déclamations furieuses pour les sectaires opiniâtres, l'occasion de rechute pour plusieurs de ceux qui avaient momentanément ouvert les yeux à la lueur de l'orthodoxie.

 

Concluons de l'ensemble des faits énoncés dans ce chapitre, que l'unité et l'immutabilité de la Liturgie sont un si grand bien, que les sectes séparées de l'Orient lui doivent absolument ce qu'elles ont conservé de christianisme ;

 

Que cette unité ne peut avoir de résultats importants qu'autant qu'elle provient de la conformité des usages liturgiques des diverses Eglises, avec ceux d'une Église mère et principale ;

 

Que cette conformité étant détruite, une Église, qui s'est ainsi isolée, court les plus grands risques, puisqu'elle demeure sans contrôle et ne peut plus avoir qu'une orthodoxie de fait, qui n'est même pas assurée pour le lendemain ;

 

Que la Liturgie tombe au pouvoir du prince, en proportion de ce qu'elle se sépare de l'autorité du chef majeur ecclésiastique ;

 

Que la Liturgie, même d'une grande Église, se trouvant être distincte de celle que promulgue l'Eglise mère, devient par là même étrangère aux perfectionnements qui s'opèrent dans celle-ci ;

 

Que la Liturgie qui est destinée à sceller la foi des peuples, puisqu'elle en est la plus haute et la plus sainte expression, devient quelquefois l'instrument maudit qui déracine cette foi, et en empêche le retour ;

 

Qu'enfin les Églises de l'Occident doivent, en considérant les malheurs du christianisme en Orient, s'attacher fortement à l'unité liturgique qui, à elle seule, eût pu non seulement détourner, mais même rendre à jamais impossibles le schisme et l'hérésie qui les ont préparés.

 

DOM GUÉRANGER  

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE IX : AUTRE DIGRESSION SUR L'HISTOIRE DES LITURGIES ORIENTALES : — LITURGIES APOSTOLIQUES ; — GRECQUE MELCHITE ; — COPTE, ÉTHIOPIENNE, SYRIENNE, ARMÉNIENNE, POUR LA SECTE MONOPHYSITE ; — COPTE, SYRIENNE, ARMÉNIENNE UNIES ; — MARONITE ; — ET CHALDEENNE, POUR LA SECTE NESTORIENNE.

 

Ascension THEOPHANES the Cretan

The Ascension by Theophanes the Cretan, Stavronikita Monastery, Mount Athos

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7 septembre 2011 3 07 /09 /septembre /2011 04:00

À Nogent sur le territoire de Paris, en 560, saint Cloud, prêtre. Il était le plus jeune des fils du roi Clodomir et, après le meurtre de son père et de ses frères, il fut recueilli par son aïeule sainte Clotilde et, méprisant un royaume terrestre, il se consacra au Seigneur en se coupant les cheveux de sa propre main pour faire partie du clergé.
Martyrologe romain 

 

Saint Clodoald coupe ses cheveux Durupt (1831

Saint Cloud renonçant au trône, par Charles Durupt, 1831, Eglise Saint Clodoald à Saint Cloud 

 

Saint Cloud ou Clodoald (520-560), petit-fils de Clovis et de sainte Clotilde. A l’âge de 5 ans, il échappe au massacre perpétré par ses propres oncles, grâce au dévouement de quelques fidèles qui le cachent dans un monastère. Quelques années plus tard il prend de lui-même l’habit monastique.

Cloud fut ordonné prêtre à Paris et fut le premier des princes de France qui gravit les degrés de l’autel. A la fin de sa vie il devint ermite sur une colline proche de Paris et y fit bâtir un monastère.

Les vertus de saint Cloud avaient attiré vers lui de nombreux disciples ; ses miracles firent accourir des foules immenses à son tombeau, autour duquel se forma la ville de Saint-Cloud. Il est le patron des cloutiers.

Diocèse de Nanterre 

 

 Eglise Saint-Clodoald de Saint-Cloud, Nef

Eglise Saint Clodoald à Saint Cloud

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 11:30

Telle est la statistique générale des Liturgies de l'Orient.

 

 Nous ajouterons à ce tableau les considérations suivantes :

 

D'abord, on a dû remarquer le principe de l'unité liturgique consacré dans l'Église melchite de Constantinople, Alexandrie, Antioche, Jérusalem, etc. Ce fait a une grande portée. En premier lieu, il explique le maintien de l'union de foi et de discipline entre les différentes familles du schisme grec. Il y a longtemps qu'elles se fussent scindées entre elles, si ce lien ne les eût pas retenues. Mais comment s'isoler du siège de Constantinople, quand on est astreint à suivre la Liturgie de Constantinople ? L'autorité du patriarche de cette église ne repose-t-elle pas sur le texte même des prières sacrées dans lesquelles on lit son nom, la grandeur et la suprématie de son siège ? Le peuple, aussi bien que le clergé, ne connaît-il pas de cette manière les droits de l’Évêque œcuménique, qui confirme les patriarches, comme ceux-ci confirment les métropolitains et les évêques ? Voilà pour le lien de discipline et de subordination.

 

L'unité de foi s'est gardée aussi par la Liturgie. Sans aucun doute, si l'Église melchite a conservé jusqu'à présent la foi primitive, à l'exception de quelques articles, elle le doit à l'inviolabilité des formules saintes, qui ne sont inviolables que parce qu'étant universelles, on ne pourrait les changer sans réclamation. On doit se rappeler le soulèvement qu'excita en 1622, dans l'Église melchite, le patriarche Cyrille Lucaris, qui avait embrassé, sur l'Eucharistie, la doctrine calviniste. Les autres patriarches, dans leur concile de Jérusalem, l'anathématisèrent comme le violateur des saintes traditions, un novateur qui renversait l'autorité des Pères.

 

En second lieu, on doit observer ce qui est arrivé à cette grande province de l'Église melchite qui se nomme l'Église russe. C'est que, dans son sein, l'unité de foi est constamment menacée, depuis qu'elle a été violemment soustraite par Pierre le Grand au lien qui l'unissait au patriarche de Constantinople, et par là même à sa Liturgie. Il est vrai que cette Liturgie existe encore de fait dans les Églises russes ; mais quelle autorité empêchera le saint Synode, responsable seulement devant l'Autocrate, d'introduire dans cette Liturgie, désormais sans défense, tels dogmes, telles pratiques que bon lui semblera ? Et comme la Liturgie est la plus populaire et en même temps la plus haute prédication, qui retiendra les Églises de la Russie entraînées d'erreurs en erreurs, par l'ascendant toujours irrésistible des formes liturgiques ? C'est bien ici le lieu de reconnaître que l'unité entretenue par l'autorité du patriarche de la Nouvelle Rome, ne pouvait durer qu'un temps. C'est la retraite d'une armée en déroute. Tant que les Grecs ont vécu sous le sceptre de l'islamisme, leur orthodoxie n'a couru aucun risque : ni le Grand Seigneur, ni ses pachas ne pouvaient rien prétendre sur la forme à donner aux mystères d'une religion qu'ils avaient en horreur. Mais pour les Grecs soumis à un prince chrétien, il en est tout autrement. Leur Église n'ayant qu'une autorité humaine, puisque le centre sur lequel elle repose n'a point de sanction divine, le prince en question trouvera, tôt ou tard, que son autorité humaine à lui vaut bien celle de ses prélats, et il ordonnera dans l'Église ce qu'il entendra. C'est ce que ne manquèrent pas de faire les empereurs de l'ancienne Byzance ; c'est ce qu'ont fait en Russie empereurs et impératrices; c'est ce que l’on a déjà commencé de voir, dans le petit royaume de Grèce, que son roi Othon vient de détacher de l'obéissance du patriarche de Constantinople.

 

En troisième lieu, sans parler même de l'époque de dissolution proprement dite, qui doit infailliblement arriver pour toute Église séparée, il est encore une considération importante à faire sur le genre d'unité conservé par l'Église grecque dans sa Liturgie. Sans doute les efforts de l'autorité patriarcale pour maintenir cette unité et les avantages qu'elle a produits en retardant la ruine entière du Christianisme en Orient, sont louables, en même temps qu'ils sont un hommage rendu à la sainte politique du Siège apostolique dans l'Occident ; mais d'où vient que l'unité qui donne la vie dans l'Église latine est impuissante à la ranimer en Orient ? C'est que l'unité, qui est la condition d'existence de toute société, n'est vraiment constituante qu'autant qu'elle résulte de l'adhérence des membres divers à leur centre véritable et naturel. Rome est la force vitale de l'Église catholique, parce que Rome est inamovible dans la foi, parce qu'elle est le fondement posé, non par l'homme, mais par Jésus-Christ. Une Liturgie conforme à celle de Constantinople peut donc être orthodoxe de fait ; une Liturgie conforme à celle de Rome est à la fois orthodoxe de fait et de droit. Il est vrai que jusqu'ici la Liturgie des Églises melchites ne renferme pas d'erreurs par affirmation, mais elle en renferme par négation, le nom du Pape ne se récitant plus dans les Diptyques, comme aux premiers siècles, et les points convenus entre les deux Églises à Lyon et à Florence, n'étant l'objet d'aucune confession expresse dans les prières de l'office, en même temps qu'ils sont expressément niés par les pasteurs et leurs fidèles.

 

Toutefois, il est un fait curieux à observer dans les mœurs liturgiques de l'Église grecque, c'est que, tout en demeurant séparée violemment du Siège de Rome, tout en niant expressément sa principauté sur toutes les Églises, dans plusieurs endroits de sa Liturgie, elle rend un hommage à cette principauté. Joseph de Maistre, dans l'admirable livre du Pape, a recueilli ces passages, que tout le monde y a lus avec étonnement (Du Pape, liv. I, chap. x. ), et qui retentissent à la fois en langue slavonne sous les dômes de Kiev et de Moscou, et en langue grecque dans les églises de Constantinople. Que prouve cette inconcevable contradiction ? Deux choses, à notre avis. D'abord, l'intention de la divine Providence, qui a voulu donner l'Église grecque en spectacle aux nations, comme un nouveau peuple juif, afin que, dépositaire des témoignages de l'antiquité, elle attestât, par le fait même de ses croyances et de ses usages, l'antiquité des croyances et des usages de l'Église latine, à laquelle on ne peut la soupçonner d'avoir emprunté quoi que ce soit. Nous, nous voyons, en outre, dans ce fait, une preuve de plus du sentiment inné dans toutes les Églises et fondé sur la nature des choses, du sentiment, disons-nous, de la nécessité d'une Liturgie immuable, du moment que les formes du culte ont été fixées solennellement. Les Grecs ont préféré garder ces textes qui les condamnent, plutôt que de scandaliser les peuples par des changements, ou de porter atteinte à l'unité de leur Église en attaquant, par un funeste exemple, l'intégrité de la Liturgie qui maintient seule cette unité.

 

En quatrième lieu, on doit remarquer dans la Liturgie grecque un caractère particulier qui dénote admirablement la dégradation de l'Église qui l'emploie. Ce caractère, opposé à la marche de toute véritable orthodoxie, est une immobilité brute qui la rend inaccessible à tout progrès. Dans l'Église latine, en même temps que les hérésies successives ont fourni matière aux développements du dogme, les développements du dogme eux-mêmes ont cherché leur expression dans la Liturgie. De nouvelles fêtes sont devenues nécessaires ; de nouveaux rites, de nouveaux offices sont venus tour à tour enrichir l'année chrétienne de leurs pompes, sanctifier le peuple fidèle par l'application des grâces dont ils sont la source. En outre, non moins féconde que dans ses anciens jours, l'Église a produit en chaque siècle de nouveaux apôtres, de nouveaux martyrs, de nouveaux docteurs : des pontifes, des confesseurs, des vierges sont venus ajouter leurs noms à la liste triomphante de ces héros que nous avaient légués les premiers âges du christianisme. La Liturgie latine réfléchit l'éclat de ces brillantes constellations dont le ciel s'embellit de siècle en siècle.

 

En vain chercherait-on leurs traces dans les Menées des Grecs : et non seulement on n'y rencontre pas les saints de l'Église latine, mais l'Église grecque est devenue comme impuissante à en proclamer de nouveaux, dans son propre sein, du moment que le schisme et l'hérésie sont paralysée au coeur. Depuis huit siècles, son calendrier n’a pas fait un pas ; depuis huit siècles, pas une fête nouvelle n'est venue attester ou l'amour, ou l'espérance, ou la reconnaissance de cette Église envers celui qui l'avait autrefois pour épouse. Elle ignore la solennité du saint Sacrement, les pompes de ce grand jour à la fois si magnifiques et si touchantes. Elle ignore tout ce qui s'est passé dans le monde chrétien depuis qu'elle est morte à la grande Unité romaine. Encore une fois, ces livres liturgiques, rédigés à l'âge de la foi et de la vie, maintenant muets, incompris, immobiles aux mains des pontifes grecs, ne rappellent-ils pas la Bible conservée, lue, récitée par les Juifs avec un respect aussi stérile qu'il est inviolable ? Aussi, cette Liturgie qui porte les noms révérés des Basile, des Chrysostome, des Jean Damascène, a été impuissante à garantir de l'abrutissement le malheureux clergé qui la célèbre : et si, dans quelques lieux, cet abrutissement n'est pas synonyme d'ignorance crasse, si la Russie, par exemple, offre un clergé de jour en jour plus éclairé, on sait à quoi s'en tenir sur la moralité de ces prêtres et de ces pontifes qui ont cessé de voir le Chef du Christianisme dans l'évêque de Byzance, pour le vénérer dans un Pierre dit le Grand, dans une Catherine II, dans un Nicolas Ier.

 

Les dimensions de cet ouvrage ne nous permettent pas de développer davantage ces considérations, en même temps qu'elles nous ont contraint de nous restreindre au plus strict laconisme dans le tableau que nous avons tracé de la situation respective des diverses Liturgies de l’Orient.

 

DOM GUÉRANGER  

INSTITUTIONS LITURGIQUES

CHAPITRE IX : AUTRE DIGRESSION SUR L'HISTOIRE DES LITURGIES ORIENTALES : — LITURGIES APOSTOLIQUES ; — GRECQUE MELCHITE ; — COPTE, ÉTHIOPIENNE, SYRIENNE, ARMÉNIENNE, POUR LA SECTE MONOPHYSITE ; — COPTE, SYRIENNE, ARMÉNIENNE UNIES ; — MARONITE ; — ET CHALDEENNE, POUR LA SECTE NESTORIENNE.

 

Great Patriarch Crucifix

Great Patriarch Crucifix

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6 septembre 2011 2 06 /09 /septembre /2011 04:00

À Rome, au VIe siècle, le trépas de saint Éleuthère, abbé du monastère de Saint-Marc à Spolète, qui vécut avec saint Grégoire le Grand dans son monastère du Coelius et dont le pape loue la simplicité de cœur et la componction.
Martyrologe romain

 

" Un jour, étant dans mon abbaye, je souffrais tellement d'un mal d'estomac, que je me croyais sur le point de mourir. Or le samedi saint, jour pendant lequel tout le monde doit jeûner, ma maladie ne me le permettant pas, je fis appeler Éleuthère dans mon oratoire, le priant de m'obtenir, par son intercession, de pouvoir jeûner ce jour-là. Le saint se mit aussitôt en prières ; lorsqu'il m'eût donné sa bénédiction, je sentis que mon mal et mon appétit avaient disparu, et que mes forces me permettraient de prolonger mon abstinence jusqu'au lendemain. " 

Saint Grégoire le Grand 

 

Saint Grégoire dit encore de lui : " Il a longtemps demeuré à Rome, dans mon abbaye, où il mourut. Ses disciples disent qu'il avait ressuscité un mort. Or c'était un homme si simple et d'une pénitence si grande, qu'il ne faut pas douter que Dieu tout-puissant n'ait beaucoup accordé à ses pleurs et à son humilité ! "

 

Registre des lettres

Sources Chrétiennes - Editions du Cerf

 

 

View of the fresco cycle, Duomo, Prato

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 19:00
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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 11:30

En cinquième lieu, que dans toutes les églises, la Liturgie a toujours été considérée comme une chose capitale, à laquelle le clergé et le peuple prenaient le plus ardent intérêt ; en sorte qu'on n'y pouvait toucher sans exciter des troubles considérables.

 

Les Liturgies des Églises de l'Orient offrent à l'observateur un spectacle bien différent de celui que lui présentent les Liturgies de l'Occident. Déjà notre histoire est arrivée au IXe siècle, et les progrès de la Liturgie dans l'Église latine, loin de s'arrêter, promettent de s'étendre et de se développer dans les siècles suivants : dans l'Église orientale, au contraire, dès le IXe siècle, tout s'apprête à finir pour la Liturgie, comme pour l'unité et la dignité du christianisme.

 

Cependant le point de départ de la Liturgie dans l'Orient fut imposant : elle commença, comme Liturgie chrétienne, à Jérusalem, non seulement par les actes et les paroles du Rédempteur des hommes, mais encore par les ordonnances des Apôtres qui fixèrent, ainsi que nous l'avons dit, la forme dans laquelle devaient être célébrés les mystères chrétiens.

 

Devant traiter, dans une des divisions spéciales de cet ouvrage, tout ce qui a rapport aux livres liturgiques de toutes les Églises, nous ne ferons ici qu'une brève énumération des diverses formes usitées dans les Églises orientales, pour les offices divins.

 

D'abord, viennent les Liturgies apostoliques. Celle attribuée à saint Jacques est la principale et la plus authentique, au moins dans la généralité de sa teneur. Elle fut longtemps suivie dans l'Église de Jérusalem, à l'exclusion de toute autre, et l'on voit assez clairement que c'est cette Liturgie que saint Cyrille explique dans ses Catéchèses. Il paraît démontré que l'Église de Jérusalem la gardait encore au IXe siècle, puisque Charles le Chauve, dans une lettre au clergé de Ravenne, atteste avoir fait célébrer en sa présence les saints mystères, suivant la Liturgie de Jérusalem, composée par l'apôtre saint Jacques. Depuis lors, l'autorité du patriarche de Constantinople a interdit, même à Jérusalem, l'usage de cette Liturgie, hors le 23 d'octobre, jour où cette Église célèbre la fête de saint Jacques. Tous les autres jours de l'année, on doit employer les Liturgies usitées à Constantinople, et dont nous allons parler bientôt.

 

L'Église d'Antioche, dans l'origine, dut se servir d'une forme liturgique instituée par saint Pierre, puisque le Prince des apôtres fut le premier évêque de cette ville ! Cette Liturgie de saint Pierre n'était-elle point la même que celle de saint Jacques ? si elle en différait, quelle était sa forme ? Ces questions sont aujourd'hui devenues à peu près insolubles. Il est vrai que les jacobites de Syrie, qui ' ont dans leurs livres un grand nombre de Liturgies ou Anaphores, en ont une qui porte le nom de saint Pierre : mais l'autorité de ces sectaires est complètement nulle en matière de critique.

 

Quoi qu'il en soit, le patriarche melchite d'Antioche, ainsi que tout le clergé de son ressort, est contraint de suivre, comme celui de Jérusalem, la Liturgie de Constantinople, au moins depuis le XIIe siècle. Nous rappellerons ici l'origine du nom de melchite. Après la condamnation de Dioscore, patron du monophysisme, dans le concile de Chalcédoine, il s'éleva entre les catholiques d'Alexandrie et d'Antioche et les disciples d'Eutychès, un schisme violent qui dure encore. Les monophysites donnèrent aux catholiques le nom de melchites, formé de l'arabe melek, qui signifie partisans du Prince, parce qu'ils se conformaient à l'édit de l'empereur Marcien pour la publication et la réception du concile de Chalcédoine. Longtemps, ce nom de melchite a été le synonyme d'orthodoxe : depuis le schisme grec, il ne désigne plus que les Grecs qui sont unis au patriarche de Constantinople. Aujourd'hui, la ville d'Antioche ayant été presque entièrement détruite, soit par les guerres, soit par les tremblements de terre, le patriarche melchite a transféré son siège à Damas. Mais telle est l'ignorance et la dégradation du clergé de ce patriarcat, que l'on est obligé de traduire la Liturgie du grec en arabe, non seulement pour l'usage du peuple, mais afin que les clercs puissent en lire et en comprendre les paroles.

 

L'Église d'Alexandrie, fondée par saint Marc, s'est servie, dans l'antiquité, d'une Liturgie qui porte le nom de cet évangéliste, et qui a été complétée par saint Cyrille. Depuis le XIIe siècle, l'usage de cette Liturgie est entièrement aboli dans les églises qui dépendent du patriarche melchite d'Alexandrie. Ce patriarche, qui réside au Grand-Caire, est astreint, ainsi que tout son clergé, à la Liturgie de Constantinople.

 

Enfin, le siège principal de l'Église grecque melchite, la Nouvelle Rome, Constantinople, qui fait subir le joug de sa Liturgie aux églises qui lui sont restées fidèles, ne connaît que deux Liturgies, au moyen desquelles elle célèbre le service divin toute l'année. La première, appelée la Liturgie de saint Jean Chrysostome, sert tous les jours, sauf les exceptions ci-après ; c'est la seule qui contienne l'ordre de la messe et les rubriques. La seconde, qui est celle de saint Basile, est en usage seulement la vigile de Noël, la vigile des Lumières ou de l'Épiphanie, les dimanches du Carême, sauf le dimanche des Rameaux ; la sainte et grande Férie ou le jeudi saint ; le samedi saint, et enfin le jour de la fête de saint Basile. Elle est plus longue que la première ; mais elle ne contient pas l'ordre de la messe et les rubriques : on les prend dans la Liturgie de saint Chrysostome. Ce saint docteur n'est point l'auteur de la Liturgie qui porte son nom : il paraît même qu'on l'a appelée, jusque dans le VIe siècle, la Liturgie des Apôtres. Quant à celle qui est connue sous le nom de saint Basile, il est mieux prouvé qu'elle appartient à ce saint docteur.

 

Le premier monument dans lequel on trouve la manifestation du pouvoir du patriarche de Constantinople sur la Liturgie des autres Églises patriarcales melchites, est un passage de Théodore Balsamon, cité par Leunclavius au livre cinquième de son Droit gréco-romain. Ce jurisconsulte, membre distingué de l'Église de Constantinople, fut promu au siège d'Antioche en 1186. Il raconte que Marc, patriarche d'Alexandrie, étant venu à Constantinople, prétendit célébrer les saints mystères suivant une Liturgie particulière, et que lui, Balsamon, en présence de l'empereur, disputa contre Marc, et soutint comme une vérité incontestable : "Que toutes les Églises de Dieu devaient suivre la coutume de la nouvelle Rome, et célébrer le sacrifice suivant la tradition des grands docteurs et luminaires de là piété, saint Jean Chrysostome et saint Basile."

 

Non seulement la Liturgie proprement dite, c'est-à-dire la forme et les prières de la messe, à l'usage de l'Église de Constantinople, est suivie dans toutes les Églises melchites, mais encore les livres des offices divins dont on se sert à Constantinople pour la célébration des fêtes de l'année chrétienne, sont les seuls qui soient en usage dans les patriarcats d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusalem. L'influence de la Liturgie de Constantinople s'est même étendue au-delà des limites trop restreintes de ces Églises. C'est elle que suivent toutes les Églises du rite grec uni ou non uni qui se rencontrent en Occident, à Rome même, à Venise, dans la Pouille, la Calabre, la Sicile, la Corse, etc.

 

La Liturgie de Constantinople a eu une extension plus grande encore sous une forme nouvelle que lui donnèrent, au IXe siècle, les saints Cyrille et Méthodius. Ces deux vaillants missionnaires, frères par le zèle comme par le sang et la profession monastique, commencèrent l'apostolat des Slaves sur les bords du Danube ; et pour faciliter leurs conquêtes, ils jugèrent utile d'adopter dans le service divin l'usage de la langue slavonne. Tous les livres de la Liturgie de Constantinople furent traduits dans cet idiome par eux ou par leurs disciples ; et sous cette forme, ils sont encore en usage dans la Bulgarie, la Serbie, l'Albanie, la Dalmatie, l'Esclavonie et la Hongrie. Ils étaient de même seuls employés dans l'immense métropole de Kiev, fondée au Xe siècle et séparée de l'unité catholique vers le XIIIe.

 

Cette province ecclésiastique, la plus vaste de la chrétienté, comprenait la Ruthénie et la Moscovie. Au XIVe siècle, à la suite des invasions mongoles, la Ruthénie fut incorporée à la Pologne ; et, grâce à cette union avec un État catholique, les Églises ruthènes, c'est-à-dire la métropole même de Kiev et ses plus anciennes suffragantes, rentrèrent aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles dans le sein de l'unité catholique. Les Églises de Moscovie, au contraire, s'entêtèrent de plus en plus dans le schisme et en subirent les conséquences les plus humiliantes.

 

Elles eurent un instant l'honneur éphémère d'un patriarcat établi à Moscou en 1588 par le patriarche de Constantinople ; mais Pierre le Grand le supprima et obligea les évêques de ses États à ne plus relever que d'un synode de prélats nommés par lui. L'Église moscovite, devenue l'Église russe, lorsque Catherine II substitua le nom de Russie au titre ancien de son empire, n'a aucun lien de subordination à l'égard de Constantinople, mais elle garde fidèlement sa liturgie. Il en était de même des Églises uniates de Pologne. Nous verrons dans la suite comment cette conformité de rites avec les schismatiques de Russie leur a été funeste. Aujourd'hui toutes les Églises uniates des anciennes provinces polonaises soumises à la Russie ont été successivement absorbées par l'Église schismatique ; il n'en subsiste plus que deux qui, situées en Galicie, dans le territoire occupé par l'Autriche, n'ont pas eu à subir la persécution. Elles suivent encore, comme leurs soeurs infortunées, la Liturgie de Constantinople.

 

Les livres de cette Église ont encore été traduits en géorgien et postérieurement en roumain. Dans le premier idiome, ils n'ont servi qu'à un petit peuple du Caucase, réduit aujourd'hui à quelques centaines de mille âmes ; dans le second, ils sont usités aujourd'hui en Moldavie et en Valachie, et tendent même à y prévaloir complètement sur les textes originaux en langue grecque.

 

Si nous en venons maintenant à rechercher les Liturgies des Églises d'Orient qui ne reconnaissent point l'autorité des patriarches melchites, nous trouvons d'abord celles dont se servent les Coptes, qui vivent sous la juridiction du patriarche jacobite d'Alexandrie. On sait que l'Église copte est un débris encore considérable de l'hérésie des monophysites. Ces Liturgies sont : celle dite de saint Grégoire de Nazianze, dont ils se servent aux fêtes de Notre-Seigneur et dans les jours les plus solennels ; celle de saint Cyrille, qui est en usage durant le Carême et l'Avent, et pour la Commémoration des Défunts ; celle enfin de saint Basile, qu'ils emploient aux autres jours de l'année. Ces Liturgies sont traduites en langue copte, et telle est l'ignorance du clergé jacobite, que les livres qui les contiennent, pour l'usage de l'autel, ont une version arabe en regard du texte copte, qui n'est presque jamais entendu des prêtres.

 

L'Église éthiopienne, ou abyssinienne, fondée au IVe siècle, par saint Frumence, envoyé d'Alexandrie par saint Athanase, après s'être préservée de l'arianisme, eut, au Ve siècle, le malheur de tomber dans le monophysisme, et depuis lors, elle y est restée plongée. Elle n'a qu'un seul évêque qui a le titre de métropolitain, et reçoit son institution du patriarche jacobite d'Alexandrie, résidant au Grand-Caire. Outre les trois Liturgies des Coptes dont nous venons de parler, les Éthiopiens en emploient dix autres, savoir celles de saint Jean l'Évangéliste, de saint Matthieu, des trois cent dix-huit Pères orthodoxes, de saint Épiphane, de Jacques de Sarug, de saint Jean Chrysostome, une intitulée de Notre Seigneur Jésus-Christ, des saints Apôtres, de Cyriaque, enfin de l'impie Dioscore. Ces Liturgies sont en langue éthiopienne, dialecte qui diffère de l'arabe vulgaire.

 

Outre les Coptes et leur patriarcat jacobite d'Alexandrie, la secte monophysite compte encore de nombreux adhérents en Syrie, et y vit sous la juridiction d'un prétendu patriarche d'Antioche qui réside dans un monastère nommé Saphran, à deux journées de Diarbékir. Cette branche d'eutychiens se sert principalement de la Liturgie de saint Jacques : mais on trouve dans leurs livres un bien plus grand nombre d'autres Liturgies. On en compte au-delà de trente, la plupart composées par les coryphées du monophysisme, tels que Jacques d'Édesse et Philoxène. Ces Liturgies sont généralement en langue syriaque.

 

La troisième Église infectée de l'eutychianisme, après celle des Coptes et celle des Syriens, est l'Église des Arméniens. Elle est présidée par un patriarche qui porte le titre de catholique et réside à Edchmiatsin, près d'Érivan. Trois autres patriarches inférieurs viennent après lui, savoir ceux de Sys en Cilicie, de Cachabar et d'Achtamar dans l'Asie Mineure. L'Église arménienne a une Liturgie qui lui est particulière. C'est un composé, en langue arménienne, de diverses prières extraites des Liturgies grecques, et qui sont même restées sous les noms de saint Basile, de saint Athanase et de saint Jean Chrysostome. Le reste appartient exclusivement à l'Église arménienne, et l'on ne peut disconvenir que cette Liturgie, qui est écrite dans la langue nationale, ne soit d'une grande beauté.

 

Parmi les Coptes, les Syriens et les Arméniens, on compte un certain nombre de catholiques qui reconnaissent la distinction des deux natures en Jésus-Christ et sont soumis à l'autorité du Siège apostolique. Ils observent la Liturgie en usage dans leur nation, sauf les changements qui ont été ordonnés à Rome, pour assurer l'orthodoxie.

 

Nous ne devons pas non plus passer sous silence la petite nation des Maronites, paisibles habitants du mont Liban, qui, après avoir suivi les erreurs du monophysisme et du monothélisme, les abjurèrent, au XIIe siècle, pour embrasser la foi de l'Église romaine, à laquelle depuis lors ils sont restés inviolablement attachés. Ils sont régis par un patriarche qui reçoit de Rome le pallium. Leurs Liturgies qui sont en langue syriaque, ont été imprimées à Rome pour leur usage et sont au nombre de quatorze, savoir : de saint Xyste, pape de Rome, de saint Jean Chrysostome, de saint Jean l'Évangéliste, de saint Pierre, prince des apôtres, des douze Apôtres, de saint Denys, disciple de saint Paul, de saint Cyrille, de saint Matthieu, pasteur, de Jean Barsusan, de saint Eustache, de saint Maruthas, de saint Jacques, frère du Seigneur, de saint Marc, et une seconde de saint Pierre.

 

Outre les Liturgies qui sont, à proprement parler, les prières de l'autel, les diverses Églises que nous venons de nommer ont d'autres livres pour les offices divins et la célébration des fêtes, lesquels s'écartent en beaucoup de choses de ceux de l'Église melchite, bien qu'ils conservent avec ces derniers certains rapports dans le style et la forme des prières.

 

Il nous reste encore à parler des nestoriens et de leurs Liturgies. Ces tristes débris d'une malheureuse secte non moins subversive du mystère fondamental du christianisme que le monophysisme qui lui succéda sans la détruire, portent vulgairement le nom de Chaldéens ou Chrétiens orientaux. Leur patriarche prend le titre de Catholique, et réside à Bagdad. L'Église nestorienne, qui s'est étendue autrefois jusqu'aux Indes, et qui est aujourd'hui considérablement réduite, a trois Liturgies : celle de Théodore de Mopsueste, qui sert de l'Avent jusqu'à Pâques ; celle des douze Apôtres, qui sert de Pâques jusqu'à l'Avent; et celle de Nestorius, qui n'est en usage que cinq jours dans l'année. Au XVIe siècle, les Portugais ayant formé d'importants établissements dans les Indes Orientales, et fondé le siège archiépiscopal de Goa, Menezès, archevêque de cette ville, s'appliqua sérieusement à la conversion des chrétiens nestoriens du Malabar, et pour garantir l'orthodoxie de ceux qu'il avait ramenés à la vraie foi, il corrigea la Liturgie des douze Apôtres, comme la plus usitée : il fit même traduire le Missel romain en syriaque, qui est la langue de la Liturgie nestorienne ; mais on ne voit pas que de grands résultats aient été produits par Ces mesures, qui annonçaient peut-être plus de zèle que de discernement.

 

Telle est la statistique générale des Liturgies de l'Orient.

 

DOM GUÉRANGER

INSTITUTIONS LITURGIQUES : CHAPITRE IX : AUTRE DIGRESSION SUR L'HISTOIRE DES LITURGIES ORIENTALES : — LITURGIES APOSTOLIQUES ; — GRECQUE MELCHITE ; — COPTE, ÉTHIOPIENNE, SYRIENNE, ARMÉNIENNE, POUR LA SECTE MONOPHYSITE ; — COPTE, SYRIENNE, ARMÉNIENNE UNIES ; — MARONITE ; — ET CHALDEENNE, POUR LA SECTE NESTORIENNE.

 

The Congregation of the Archangels

The Congregation of the Archangel, by Angelos Akotantos, Vatopediou Monastery, Mount Athos

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 04:00

" Venez, vous tous que sollicite l'attrait du bien immuable, et qui vainement le demandez à ce siècle qui passe ; je vous dirai ce que le ciel a fait pour moi. Comme vous jadis je cherchais fiévreusement ; et ce monde extérieur ne donnait point satisfaction à mon désir brûlant. Mais, par la divine grâce qui nourrissait mon angoisse, enfin m'est apparue, plus belle que le soleil, plus suave que le baume, Celle dont alors le nom m'était ignoré. Venant à moi, combien son visage, était doux ! combien pacifiante était sa voix, me disant : "Ô toi dont la jeunesse est toute pleine de l'amour que je t'inspire, pourquoi répandre ainsi ton cœur ? La paix que tu cherches par tant de sentiers divers est avec moi ; ton désir sera comblé, je t'en donne ma foi : si, cependant, tu veux de moi pour épouse". J'avoue qu'à ces mots défaillit mon cœur ; mon âme fut transpercée du trait de son amour. Comme toutefois je désirais savoir son nom, sa dignité, son origine, Elle me dit qu'elle se nommait la Sagesse de Dieu, laquelle, invisible d'abord au sein du Père, avait pris d'une Mère une nature visible pour être plus facilement aimée. Alors, en grande allégresse, je lui donnai consentement ; et elle, me donnant le baiser, se retira joyeuse.

" Depuis, la flamme de son amour a été croissant, absorbant mes pensées. Ses délices durent toujours ; c'est mon épouse bien-aimée, mon inséparable compagne. Par elle, la paix que je cherchais fait maintenant ma joie. Aussi, écoutez-moi, vous tous : allez à elle de même ; car elle met son bonheur à ne rebuter personne. " 

(Laurent. Justinian. Fasciculus amoris, cap. XVI.)

 

Lisons l'histoire de celui qui vient de nous livrer dans ces lignes le secret du ressort de sa vie : 

Laurent naquit à Venise de l'illustre famille des Justiniani. Il montra dès l'enfance une gravité rare. Son adolescence se passait dans les exercices de la piété, lorsque, invité par la Sagesse divine aux noces très pures du Verbe et de l'âme, il conçut la pensée d'embrasser l'état religieux. C'est pourquoi, préludant secrètement à cette milice nouvelle, il affligeait son corps en différentes manières et couchait sur la planche nue. Puis, comme un arbitre appelé à prononcer, il prenait séance entre, d'une part, les austérités du cloître, de l'autre, les douceurs du siècle et le mariage que lui préparait sa mère ; alors, tournant les yeux vers la croix du Christ souffrant : "C'est vous, disait-il, Seigneur, qui êtes mon espérance ; c'est là que vous avez placé pour moi votre asile très sûr."

 

Ce fut vers la  congrégation  des chanoines  de  Saint-Georges in Alga que le porta sa ferveur. On l'y vit inventer de nouveaux tourments pour sévir plus durement contre lui-même, se déclarant une guerre d'ennemi  acharné, ne  se permettant aucun plaisir. Plus jamais il n'entra dans le  jardin de sa famille, ni  dans la maison paternelle, si ce n'est pour rendre les derniers devoirs à sa  mère  mourante, ce qu'il fit sans une larme. Non moindre était son zèle pour l'obéissance,  la  douceur, l'humilité  surtout : il allait au-devant des offices les plus abjects du monastère ; il se plaisait à  mendier par les lieux les plus fréquentés de la ville, cherchant moins la nourriture que l'opprobre ; les injures, les calomnies  ne  pouvaient l'émouvoir ni lui faire rompre le silence. Son  grand secours était dans  la  prière  continuelle ; souvent l'extase le ravissait en Dieu ; telle était l'ardeur dont brûlait son âme, qu'elle embrasait ses compagnons, les prémunissant contre la défaillance, les affermissant dans la persévérance et  l'amour  de Jésus-Christ.

 

Elevé par Eugène IV à l'épiscopat de sa patrie, l'effort qu'il fit pour décliner  l'honneur ne fut  dépassé que par le mérite avec lequel il s'acquitta de la charge. Il ne changea en rien sa manière de vivre, gardant jusqu'à la fin pour la table, le lit, l'ameublement, la pauvreté qu'il avait toujours pratiquée. Il ne retenait à ses gages qu'un personnel réduit de familiers, disant qu'il avait une autre grande famille, par laquelle il entendait les pauvres du Christ. Quelle que fût l'heure, on le trouvait toujours abordable ; sa paternelle charité se donnait a tous, n'hésitant pas à s'endetter pour soulager la misère. Comme on lui demandait sur quelles ressources il comptait, ce faisant, il répondait : "Sur celles de mon Seigneur, qui pourra facilement payer pour moi". Et toujours, par les secours les plus inattendus, la Providence divine justifiait sa confiance. Il bâtit plusieurs monastères de vierges, et forma diligemment leurs habitantes à marcher dans les voies de la vie parfaite. Son zèle s'employa à détourner les matrones vénitiennes des pompes du siècle et des vaines parures, comme à réformer la discipline ecclésiastique et les mœurs. Aussi fût-ce à bon droit que le même Eugène IV l'appela, en présence des cardinaux, la gloire et l'honneurde la prélature.  Ce  fut également pour reconnaître son mérite, que le successeur d'Eugène, Nicolas V, ayant transféré le titre patriarcal de Grado à Venise, l'institua premier patriarche de cette ville.

 

Honoré du don des larmes, il offrait tous les jours au Dieu tout-puissant l'hostie d'expiation. C'est en s'en acquittant une fois dans la nuit de la Nativité du Seigneur, qu'il mérita  de voir sous l'aspect d'un très bel enfant le Christ Jésus. Efficace était sa garde autour du bercail à lui confié ; un jour, on sut du ciel que l'intercession et les mérites du Pontife avaient sauvé la république. Eclairé de l'esprit de prophétie, il annonça d'avance plusieurs événements que nul homme ne pouvait  prévoir. Maintes fois ses  prières mirent en fuite maladies et démons. Bien qu'il n'eût presque point étudié la grammaire, il a laissé des livres remplis d'une céleste doctrine  et respirant l'amour.

 

Cependant la maladie qui devait l'enlever de  ce  monde venait de l'atteindre ; ses gens lui préparaient un lit plus commode pour sa vieillesse et son infirmité ; mais lui, manifestant  sa  répulsion pour des délices trop peu en rapport avec  la dure croix de son  Seigneur, mourant, voulut qu'on le déposât sur sa couche ordinaire. Sentant venue la fin de sa vie : "Je viens à vous, ô bon Jésus !" dit-il, les yeux levés au ciel. Ce fut le huit janvier qu'il s'endormit dans le Seigneur.

 

Combien sa mort avait été précieuse, c'est ce qu'attestèrent les concerts angéliques entendus par plusieurs Chartreux, et la conservation de son saint corps qui , pendant plus de deux mois que la sépulture en fut différée, demeura sans corruption, avec les couleurs de la vie et exhalant un suave parfum. D'autres miracles suivirent aussi cette mort, lesquels amenèrent le Souverain Pontife Alexandre VIII à l'inscrire au nombre des Saints. Innocent XII désigna pour sa fête le cinquième jour de septembre, où il avait été d'abord élevé sur la chaire des pontifes.

 

 

" Ô Sagesse qui résidez sur votre trône sublime, Verbe par qui tout fut fait, soyez-moi propice dans la manifestation des secrets de votre saint amour". C'était, Laurent, votre prière, lorsque craignant d'avoir à répondre du talent caché si vous gardiez pour vous seul ce qui pouvait profitera plusieurs, vous résolûtes de divulguer d'augustes mystères. Soyez béni d'avoir voulu nous faire partager le secret des cieux.

 

Par la lecture de vos dévots ouvrages, par votre intercession près de Dieu, attirez-nous vers les hauteurs comme la flamme purifiée qui ne sait plus que monter toujours. Pour l'homme, c'est déchoir de sa noblesse native que de chercher son repos ailleurs qu'en Celui dont il est l'image. Tout ici-bas n'est que pour nous traduire l'éternelle beauté, nous apprendre à l'aimer, chanter avec nous notre amour.

 

Quelles délices ne furent pas les vôtres, à ces sommets de la charité, voisins du ciel, où conduisent les sentiers de la vérité qui sont les vertus ! C'est bien de vous-même en cette vie mortelle que vous faites le portrait, quand vous dites de l'âme admise à l'ineffable intimité de la Sagesse du Père : "Tout lui profite ; où qu'elle se tourne, elle n'aperçoit qu'étincelles d'amour ; au-dessous d'elle, le monde qu'elle a méprisé se dépense à servir sa flamme ; sons, spectacles, suavités, parfums, aliments délectables, concerts de la terre et rayonnement des cieux, elle n'entend plus, elle ne voit plus dans la nature entière qu'une harmonie d'épithalame et le décor de la fête où le Verbe l'a épousée." (De castoconnubio Verbi et animae, cap. I.)

 

Oh ! puissions-nous marcher comme vous à la divine lumière, vivre d'union et de désir, aimer plus toujours, pour toujours être aimé davantage.

 

DOM GUÉRANGER
L'Année Liturgique

 

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